❝ Ashton & Charles ❞

Depuis combien de temps se trouvait-il là ? Des minutes ? Des heures ? Il n’en avait pas la moindre idée, tout ce qu’il savait était qu’il était incapable de bouger, comme pétrifié par sa peur qui lui rongeait l’estomac depuis qu’il savait. Comment était-il parvenu à rouler jusqu’ici alors que son esprit était loin ? C’était une excellente question à laquelle il n’avait pas la moindre réponse, il était là, voilà tout. Il s’était promis de venir ici puisqu’après tout c’était de cette base militaire dont il dépendait depuis son installation à New York. Il se devait de faire quelque chose ou tout du moins de tenter de faire quelque chose car malgré sa persévérance et son besoin changer les choses il savait très bien qu’il allait devoir affronter un mur. Il n’obtiendrait jamais ce pour quoi il était là, mais après tout qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas ? Tout ce qu’il souhaitait était de retarder un peu l’échéance, de repousser la date de son départ ne serait-ce que pour faire taire la sensation que le temps allait bien vite lui manquer et qu’il ne pourrait jamais faire tout ce qu’il voulait. Il devait avant tout s’occuper d’Omisha, c’était elle qui allait le plus souffrir de ce départ si brusque qu’il ne parvenait pas à se pardonner. Il devait faire en sorte qu’elle n’ait pas à s’inquiéter – même si c’était mission impossible – et qu’elle ne manquerait de rien durant son absence. Sur ce dernier point, le jeune homme n’avait rien à craindre, ce n’était pas l’argent qui allait manquer, pas avec lui, pas avec sa famille. Il avait prévenu les membres de cette dernière, son père et son frère avant tout qui avaient promis d’être présents si sa jeune protégée en avait besoin. Le plus difficile avait été la suite, l’appel qu’il avait dû passer à sa mère qui n’aimait que très peu le fait de savoir son fils au beau milieu des conflits – enfin lui comme son frère aîné – et ce surtout depuis le décès de Bethany, mais elle savait qu’elle n’avait guère le choix et elle aussi avait promis de subvenir aux besoins d’Omisha, même d’aussi loin.

Pourtant, malgré le fait qu’il ait tout mis en place pour s’assurer que l’adolescente n’allait manquer de rien, la sensation qu’il oubliait quelque chose ne cessait de persister et l’avait pousser à se rendre sur la base de Fort Hamilton pour tenter le tout pour le tout même s’il connaissait très bien le dénouement de cette tentative avant même de s’être lancé. Ils n’allaient pas repousser la date du départ … Pourquoi le feraient-ils pour lui ? Ils n’allaient pas non plus le mettre sur le prochain départ, c’était comme ça et pas autrement seulement il ne pouvait pas s’empêcher de vouloir essayer. Assis au volant de sa voiture depuis près d’une bonne demi-heure à fixer l’entrée de la base militaire, il fallut encore quelques minutes de plus à Charles pour parvenir à quitter l’habitacle du véhicule et se rendre dans l‘un des bâtiments. Le jeune homme avait beau aimé l’armée autant qu’il aimait la médecine, aujourd’hui il n’était pas aussi fier qu’il avait pu l’être auparavant, pas même en voyant tous ces soldats s’entrainer dont certains qui seraient sans doute sous son commandement dans les mois à venir. Tête haute malgré tout, il s’avança dans les couloirs en saluant quelques recrus et s’arrêta devant la porte du Général de cette base. Charles resta quelques instants, debout face à la porte jusqu’à ce que cette dernière ne s’ouvre et laisse sortir une charmante jeune femme d’apparence fragile, mais qu’il savait posséder un caractère tout aussi fort que le sien. « Major Sutherland. ». La jeune femme lui adressa un petit signe de tête, un léger sourire amical aux lèvres qu’il ne tarda pas à lui rendre en effectuant le même geste de la tête. « Lieutenant Duke. ». Sur ces formules de politesse, la jeune femme s’en alla et disparu bien vite de son champ de vision lorsqu’il fut appelé par leur supérieur pour entrer dans le bureau.

Comme il s’en était douté, sa demande avait été refusée, mais Charles avait eu le droit à une belle et grande explication sur le pourquoi du comment avant que son supérieur ne termine sur le fait qu’il comprenait sa demande et son angoisse de laisser Omisha seule après tout ce qu’elle avait vécu. Ce fut donc après des remerciements tout ce qu’il y avait de plus poli que le Major quitta le bureau bien déçu malgré le fait qu’il s’y était attendu. Tête basse – tout le contraire de son arrivée – Charles arpenta les couloirs du bâtiment au hasard le temps de se vider la tête avant de rejoindre sa voiture. « Je veux voir un responsable, tout de suite ! ». Ses mots éveillèrent sa curiosité au détour d’un couloir et pourtant il hésita un long moment avant d’aller voir ce qui pouvait bien se passer au point de s’arrêter au beau milieu du couloir désert dans lequel il se trouvait. « Je veux voir le lieutenant Duke, LOAN ! LOAAN ! ». L’évocation du prénom du Lieutenant qu’il avait croisé plusieurs minutes auparavant fut ce qui le poussa définitivement à aller voir ce qui se passait. Retournant donc sur ses pas, Charles prit un autre couloir et fut tout d’abord surpris par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Une jeune femme frêle et enceinte jusqu’aux yeux tentait de se débattre du mieux qu’elle le pouvait contre deux autres militaires bien plus forts qu’elle. Toutefois, ce ne fut pas ce qui le frappa le plus. En tant qu’infirmier, Charles savait reconnaître certaines choses que d’autres ne pouvaient remarquer. En plus de lire la détresse, la douleur et la tristesse dans le regard de cette jeune femme, il put deviner aisément que tous ceci combinés venaient de déclencher quelque chose dont elle-même n’avait pas confiance. « Posez-la tout de suite sur le sol ! ». Les deux hommes cherchèrent brièvement qui leur avait donné un tel ordre et lorsqu’ils posèrent les yeux sur Charles, tous deux eurent un moment d’hésitation. « C’est un ordre ! ». Ni une, ni deux, les deux soldats posèrent la jeune femme délicatement sur le sol tandis qu’il les rejoignait et prenait place au-dessus d’elle en l’auscultant rapidement d’un coup d’œil.

« Elle est en train d’accoucher. Vous allez écouter très attentivement ce que je vais vous dire et allez chercher ce que je vais vous demander. ». Le regard posé sur les deux soldats, Charles agrippa au préalable la main de la jeune inconnue près de lui et énuméra tout ce dont il allait avoir besoin car la déplacer vers l’infirmerie était inenvisageable. Ceci fait, les deux hommes furent aussi actifs que des statuts ne faisant que doubler l’agacement du jeune homme. « Bordel, mais c’est quoi votre problème avec les ordres d’un supérieur ? Allez-y maintenant ! ». Sa voix résonna dans tout le couloir et eu l’effet attendu. Charles les regarda s’éloigner puis disparaitre avant de reporter son attention sur la jeune femme près de lui. « Je m’appelle Charles. Je vais avoir besoin que vous restiez calme, d’accord ? Et hm … pourquoi pas de votre prénom. ». Un léger sourire étira ses lèvres. Aider une jeune femme à accoucher un plein milieu d’un couloir n’était pas ce à quoi il s’était attendu en se levant ce matin, mais au moins ça lui permis de faire disparaitre la frustration qui l’avait gagné en quittant le bureau du général.

Il était partagé plus que jamais. D’un côté il refusait de laisser la jeune adolescente seule, il voulait continuer d’être là pour elle tous les jours, de l’écouter même si la fatigue le tiraillait et de tenter de lui donner les meilleurs conseils. Il voulait s’assurer d’être prêt d’elle pour chacune des crises d’angoisses qui allaient s’emparer d’elle, mais d’un autre coté il jubilait à l’idée de repartir. Bien entendu, certaines images de sa dernière mission dans ce pays continuaient de le hanter et il craignait d’être de nouveau confronté à des visions d’horreur, mais aider et sauver des vies faisaient partie de lui. En réalité, partir n’était pas le problème, c’était la date mais malheureusement personne ne pouvait ni voulait y changer quoi que ce soit, c’était ainsi et pas autrement, c’était à prendre mais pas à laisser. Toutefois, le jeune homme ne s’en voulait pas. Il avait tenté le tout pour le tout dans l’espoir d’avoir une faveur de son supérieur sans l’obtenir, mais au moins il avait essayé et c’était ce à quoi il pensait lorsqu’il entendit la jeune femme hurler pour tenter de voir un responsable. Lui-même ne l’était pas, il n’était qu’un simple Major seulement ses cris à la limite de l’hystérie – si ce n’était pas totalement le cas – éveillèrent sa curiosité. Curieux, Charles l‘était par nature et lorsqu’il la vit se débattre du mieux qu’elle le pouvait contre les deux autres miliaires il se sentit obligé d’intervenir. Le problème lorsqu’on se trouve que très peu sur une base militaire malgré le grade c’est que certains soldats ne parviennent pas à savoir qui possède le plus d’autorité et dans ce cas précis c’était Charles.

L’infirmier aurait pu être conciliant avec eux sur ce point, mais ce qu’il venait de remarquer le poussait être bien moins patient que d’ordinaire et ça se sentait largement dans le ton froid qu’il ne put s’empêcher d’employer contre les deux hommes qui finirent par s’exécuter. Il se devait de prendre les choses en main et, finalement, il était plutôt heureux d’avoir cédé à sa curiosité et de pouvoir lui venir en aide, pas forcément pour ce pour quoi elle était là, mais il allait lui venir en aide malgré tout. L’idée de procéder à un accouchement dans un couloir ne l’enchantait pas plus que ça, mais la déplacer était trop risqué, autant pour elle que pour les bébés qu’elle allait mettre au monde, chose qu’il devina assez aisément. Toutefois, cette idée semblait surprendre les deux soldats autour d’eux qui mirent du temps à saisir l’impact des paroles de Charles qui sentait l’agacement l’envahir un peu plus au fur et à mesure que le temps s’écoulait et que ces deux idiots restaient plantés là à les regarder sans être capable de faire le moindre mouvement avant que le Major n’en donne l’ordre en leur criant dessus comme s’il s’agissait d’un entraînement … au moins il se préparait pour les jours à venir. Son attention de nouveau porté sur la jeune femme qu’il n’avait jamais croisé jusqu’alors, Charles vérifia de son mieux si tout allait bien avant de prendre la parole, après tout il aurait été gênant qu’elle tourne de l’œil à ce moment précis. « J'ai rien contre vous, Charles, mais il est hors de question que j'accouche ici, aujourd'hui. ». La voyant tenter de se redresser, Charles posa rapidement sa main encore libre sur l’une des épaules de la jeune femme pour la maintenir dans la même position, pour elle il était peut-être hors de question qu’elle accouche aujourd’hui dans ce couloir mais pour lui il était hors de question qu’elle se déplace d’où le regard sévère qu’il posa sur elle.

« Je n’ai rien contre vous non plus, mais vous allez me faire le plaisir de rester là … A moins que vous préféreriez que les deux idiots qui ne vont pas tardé à revenir vous maintienne de force ? ». Il était tout ce qu’il y avait de plus sérieux. Charles était prêt à tout pour la garder là où elle était et la forcer à mettre ses enfants au monde ici même. Ce n’était sûrement pas l‘endroit idéal pour ça, mais il ne pouvait décemment pas la déplacer, même avec sa force il le refusait catégoriquement bien que l’idée de faire venir l’un des brancards de l’infirmerie lui traversa l’esprit avant qu’il ne chasse cette dernière en se rappelant que ça ne serait pas assez rapide. « Et si vous croyez pouvoir faire ça tout seul, laissez-moi en douter ! Ce sont des jumeaux, & j'ai le cœur fragile ! ». Charles avait brièvement détourné son attention en direction du couloir par lequel les deux soldats avaient disparu et par lequel ils étaient censés réapparaitre. Mais qu’est-ce qui leur prenait autant de temps ? Est-ce qu’au moins ils connaissaient le mot « courir ? Il en doutait sincèrement et le jeune homme en vint même à prier pour ne pas les avoir sous ses ordres. Son regard se posa de nouveau sur elle lorsqu’elle prit la parole pour lui énoncer ses doutes et deux petits détails importants dont un dont il avait déjà connaissance. « C’est sûr que tout seul je vais avoir du mal, je ne vais pas m’amuser à aller les chercher, ça c’est votre travail. Et merci de la précision, je m’en doutais bien que pour ce qui est de votre cœur … et bien rassurez-vous l’accouchement ne vous tuera pas. ». Enfin, il allait tout de même s’assurer qu’elle ne tombe pas dans le coma à cause de son cœur même s’il n’avait pas la moindre idée du problème que ce dernier avait, mais il n’avait pas le temps de faire venir son dossier jusqu’à lui.

Travailler sans connaitre son patient il avait l’habitude, sur le terrain il était difficile de s’amuser à faire le diagnostic entier du patient avant d’enfin tenter de lui sauver la vie. Là-bas, il devait voir tous les détails en quelques secondes et se mettre au travail dans la minute qui suivait l’arrivée de la personne, c’était ainsi et pas autrement. « De toute façon je sens plus rien, tout va bien ! Par contre, pendant que vous êtes là, allez donc me chercher un haut gradé, j'ai un problème à régler. ». Charles leva les yeux au ciel avant que ces derniers ne soient attirés par la lettre qu’elle lui tendait. Il hésita quelques instants, sourcils froncés et la curiosité l’emporta de nouveau. Ainsi, tandis qu’il s’assurait tout de même qu’elle ne bougeait pas, il déplia rapidement le papier et en lu son contenu. Immédiatement, son estomac se noua douloureusement. C’était le genre de lettre que sa mère craignait de recevoir un jour, soit pour Henry soit pour lui. « Choc émotionnel … ». Ces mots c’était pour lui qu’il les prononçait, c’était l’explication du fait que l’accouchement semblait s’être déclenché avant la date butoir. Son regard bleu se posa sur le visage de la jeune femme dont il ne connaissait toujours pas le prénom tandis qu’un soupire lui échappait. « Je suis sincèrement désolé pour votre perte, vraiment mais il n’y a rien que vous puissiez y faire, ou moi ou l’un de nos supérieurs. Personne ne contrôle ces évènements aussi douloureux que ça puisse être … en revanche, pour ce qui est de l’accouchement là c’est moi qui contrôle, enfin eux et croyez-moi quand je vous dis que les contractions que vous avez eu jusque-là c’était une promenade de santé ! ». Bon on faisait plus rassurant, mais ce n’était pas ce qu’il tentait de faire, lui il voulait juste qu’elle arrête de vouloir chercher à partir et qu’elle accepte le fait que c’était le moment et qu’elle n’avait pas vraiment le choix.

Jusqu’alors il n’avait pas connu plus têtu que cette jeune femme. En temps normal le jeune homme aurait probablement vite perdu patience. En temps normal il ne lui aurait pas laissé le choix bien longtemps et aurait trouvé le moyen de l’attacher pour qu’elle cesse de bouger. Oui enfin sauf qu’en temps normal il n’avait pas pour habitude de voir une jeune femme sur le point de mettre ses enfants au monde dans les couloirs d’une base militaire. En temps normal il n’était pas aussi pensif, mais – quelque part – elle le touchait. Sa force de caractère et son refus catégorique d’accoucher ici et maintenant faisait qu’il éprouvait une pointe de respect à son égard même si ce n’était pas ça qui allait le faire céder. Lui aussi était têtu, bien plus que ce que la jeune femme pouvait bien penser. Il allait continuer d’insister encore longtemps en usant du fait qu’il savait avoir réponse à tout, ce qui parfois pouvait être agaçant, mais il espérait sincèrement qu’elle baisserait les bras. Pourtant, dans un sens il aurait souhaité qu’elle puisse se déplacer et qu’ils puissent ainsi gagner l’infirmerie de Fort Hamilton. Il savait que là-bas se trouvaient des médecins bien plus doués que lui qui feraient qu’elle serait entre de bonnes mains et pourtant il savait aussi que même s’ils avaient pu se rendre là-bas il aurait catégoriquement refusé que quelqu’un d’autre que lui se charge d’elle. Elle était à présent sa patiente. Certes, il ne connaissait toujours pas son prénom et ne la connaissait pas tout court, mais ce n’était pas bien différent de certains patients qui entraient dans sa vie pour en sortir quasiment aussi rapidement lorsqu’il était aux urgences. Sans bien comprendre pourquoi, l’infirmier se refusait à ce que quelqu’un d’autre s’occupe d’elle.

Il n’était pas histoire de compétition pour savoir qui s’occupait du plus de patients, c’était juste que … à vrai dire il ne savait pas, elle le touchait sans savoir pour quelles raisons. Peut-être était-ce ce côté fragile qu’il avait deviné caché en elle derrière ce masque de la jeune femme sûre d’elle et particulièrement têtue ? Peut-être était-ce le fait qu’elle lui tenait tête sans pour autant être si mauvaise que ça avec lui ? Charles n’en avait pas la moindre idée, tout ce qu’il savait était que maintenant c’était sa patiente et qu’elle le veuille ou non elle allait accoucher dans ce couloir avec son aide. Étrangement, les couloirs semblaient bien déserts aujourd’hui. Le jeune homme savait qu’à cette heure-ci la plupart des soldats étaient à l’entraînement, que certains étaient même en train de courir en groupe dans le coin, mais il s’attendait tout de même à un peu plus de présence ici, à croire que tous étaient dotés d’un sixième sens et qu’ils avaient senti le fait qu’il valait mieux pour eux de ne pas se trouver dans le coin. Un soupire lui échappa. Charles posa son regard sur la jeune femme qui ne semblait toujours pas enclin à lui obéir, mais après tout elle ne faisait pas partie de l’armée – pas de ce qu’il savait en tout cas – et elle n’avait aucun ordre à recevoir de lui. L’infirmier continua donc de faire pression sur l’une de ses épaules pour la garder là où elle était même s’il lui suffisait de le contourner bien qu’il serait sans aucun doute plus rapide qu’elle. Toutefois, lorsqu’elle se dégagea d’un coup, Charles la laissa passer. Il ne baissait pas les bras, il savait simplement qu’elle n’irait pas loin et surtout qu’il fallait qu’elle réalise par elle-même que, malheureusement, personne ne serait en mesure de l’aider pour ce qui concernait le contenu de la lettre qu’elle avait reçu.

« C'est une erreur, une simple erreur... ». Charles resta muet. Lui dire le contraire n’aurait servi à rien hormis à la braquer plus qu’elle ne l’était déjà et ce n’était pas ce qu’il cherchait. Ses yeux se contentèrent donc de la suivre en silence, une moue quelque peu douloureuse sur le visage. Il avait mal pour elle. Il pouvait imaginer un tant soit peu ce qu’elle ressentait pour avoir lui aussi perdu un proche lorsqu’il était plus jeune. Il n’y avait pas pire comme douleur et répéter sans cesse que tout allait bien se passer ne servait à rien à part énerver encore plus la personne qui souffrait puisque, non, tout n’allait pas bien se passer, pas pendant un temps en tout cas. « Comme votre foutu diagnostic d'ailleurs. Si vous voulez pas m'aider, restez pas sur mon chemin. ». Le jeune homme cessa de vouloir avoir toujours le dernier mot. Il resta au même endroit sans bouger. Il la regardait continuer de se débattre contre la vérité, contre la perte de cet homme que Charles pensait connaître que brièvement et contre le fait qu’elle était en travail. Il ne fit pas même un pas vers elle pour s’assurer qu’en cas de chute il serait là pour la réceptionner. Il resta silencieux, le regard posé sur elle tandis qu’elle avançait puis s’arrêtait. Oui, elle le touchait. Sa détresse il la connaissait quelque peu et c’était sans doute la raison que le poussait à tant s’acharner pour rester auprès d’elle et l’aider. Elle le touchait au plus profond de son être parce qu’elle lui rappelait Piper, parce que quelque part elle avait ce petit côté qu’avait son ex-femme lorsqu’elle n’avait pas changé radicalement de caractère qui faisait qu’il voulait à tout prix la protéger voire même la prendre dans ses bras et lui assurer qu’elle serait à jamais en sécurité et heureuse, mais il ne prononça aucun mot et ne fit aucun mouvement.

« Fais chier... ». Enfin elle semblait réaliser qu’il avait raison et qu’elle n’avait pas le choix. Charles la regarda en arquant un sourcil comme pour lui demander silencieusement si elle avait enfin fini de vouloir jouer à la plus forte, puis il lut dans son regard qu’elle lui demandait son aide, qu’elle voulait savoir ce qu’elle devait faire. Ce fut ce moment que choisi les deux soldats pour revenir avec ce que Charles leur avait demandé un peu plus tôt et après leur avoir demandé de posé le tout par terre, il les congédia n’ayant que très peu envie d’eux dans le coin. « Je sais qu’il y a mieux qu’un couloir pour mettre des enfants au monde et que le sol c’est pas ce qu’il y a de plus confortable, mais même avec toute la force du monde je serais incapable de vous porter jusqu’à l’infirmerie et j’ai pas spécialement envie que vous mettiez vos enfants au monde dans mes bras. ». Charles s’approcha enfin de la jeune femme et croisa son regard l’espace d’un instant pour s’assurer qu’elle n’allait pas de nouveau le repousser froidement et tenter de trouver un supérieur qui allait surtout assister à un accouchement plutôt qu’à sa fureur. « Je ne vous connais pas et vous ne me connaissez pas. Seulement, aujourd’hui je vais avoir besoin que vous me fassiez confiance et surtout que vous me considéreriez comme votre héros. ». Pour la dernière partie il plaisantait, quoi qu’elle le fasse aurait assez plu à son égo. Sourire qui se voulait rassurant dessiné sur ses lèvres, Charles lui tendit sa main comme une invitation à approuver ce qu’il venait de lui dire. Elle n’était pas la personne la plus heureuse du monde à cet instant. Elle souffrait de la perte d’un être cher, mais le jeune homme allait s’évertuer à faire en sorte que dans les prochaines heures cette sensation change et qu’elle puisse au moins goûter à la joie d’avoir ses enfants près d’elle.

Intérieurement il était paniqué. Extérieurement il ne laissait rien paraître. Il avait appris à se contrôler avec les années, mais avant tout avec l’expérience. Sur le terrain il n’avait pas le droit de céder à la panique puisque de nombreuses vies passaient entre ses mains. Bien sûr, il ne pouvait pas sauver tout le monde, il le savait néanmoins ce n’était pas cette pensée qui faisait taire la frustration qui l’envahissait à chaque fois qu’il perdait un patient. Il n’était pas Dieu, il en avait bien conscience, mais il jouait tout de même avec des vies et par moment il était difficile de garder les pieds sur terre. Lui le faisait au maximum. Il n’était pas parfait, loin de là seulement il s’évertuait à rester lui-même quoi qu’il arrive et l’armée l’y aidait beaucoup. L’infirmier ne comptait plus le nombre de soldats qu’il n’avait pas pu sauver. Rien que lors de son dernier déploiement nombreux étaient ce qui n’avaient pas survécu et il fallait dire que la puissance de l’embuscade lui avait même donné la sensation que lui-même n’allait jamais s’en sortir, mais aussi paniqué qu’il avait pu l’être ce jour-là, il avait pris sur lui et avait fait en sorte de sauver le maximum d’hommes possible et si possible lui aussi. Aujourd’hui il se devait de faire preuve du même calme que lorsqu’il était au front. Un accouchement n’était pas une menace de mort, il n’y avait pas à craindre de se prendre une balle dans le dos pendant qu’il aiderait la jeune femme à mettre ses enfants au monde, le jeune homme le savait et pourtant il restait tout de même plus stressé que jamais. Ce n’était pas le genre d’opération auxquelles il était le plus souvent confronté, pas même lorsqu’il faisait ses études. Lui voulait être en traumato et surtout avoir un poste aux urgences, là où il était certain d’être occupé même si le plus souvent il ne s’agissait que de blessures minimes.

Les accouchements jamais il n’aurait pensé y être confronté et pourtant ça avait été déjà le cas même si à cette époque il était bien moins protagoniste qu’aujourd’hui. Toutefois, il ne devait rien laisser paraître pour ne pas qu’elle ne panique plus qu’elle ne pouvait déjà l’être. C’était avant tout pour elle qu’il était à la fois neutre et agréable. Pas une seule pointe de panique dans sa voix, pas une trace d’angoisse dans son regard, l’infirmier se contrôlait mieux que jamais poussé par le besoin de lui être du plus grand soutien possible. Il ne voulait pas qu’elle tente à nouveau de fuir même s’il comprenait parfaitement la raison qui la forçait à se retrancher dans l’hystérie. Perdre quelqu’un que l’on aime n’est pas facile, encore moins lorsqu’il s’agit du père de ses enfants, ce qu’il n’avait eu aucune difficulté à deviner. Toutefois, la jeune femme ne semblait plus vouloir s’en aller. Elle avait saisi le fait que les paroles prononcer par Charles étaient vraies, qu’il ne les prononçait pas simplement pour qu’elle reste là, mais bien parce que dans les minutes qui allaient suivre elle n’aurait d’autre choix que de s’effondrer sur le sol du couloir, pliée sous la douleur d’une nouvelle contraction bien plus difficile à supporter. Ravi de la voir enfin accepter l’une de ses requêtes, Charles se pencha vers elle pour l’aider à s’assoir sur le sol … ce n’était pas le moment de paniquer, vraiment pas. « Ashton. ». Le jeune homme posa les yeux sur elle sans parvenir à savoir de quoi elle parlait. Ses sourcils se froncèrent de sorte à faire comprendre qu’il s’interrogeait sur le sens du mot qu’elle venait prononcer sans lui-même parler. « Vous m'avez demandé mon prénom, tout à l'heure... C'est Ashton. ». Un petit sourire naquit au coin de ses lèvres. Charles hocha brièvement la tête et se focalisa sur le travail qui l’attendait tandis qu’il priait intérieurement pour que tout se passe aussi bien que possible.



Il se tenait en retrait tandis que des médecins bien plus expérimentés – et qui n’avaient eu aucun problème à le lui faire remarquer jusqu’à ce que son supérieur prenne sa défense – continuaient d’examiner les deux enfants qu’il avait aidé à mettre au monde. Un garçon et une fille. Wyatt et Rose, c’étaient les prénoms que la jeune mère avait décidé de leur donner malgré l’épuisement qui l’accaparait après une telle épreuve. Tout s’était déroulé aussi bien qu’il avait pu l’espérer même si pendant un temps il avait l’impression de ne jamais en voir le bout, mais ce devait sans doute être pire pour Ashton et ce fut en ne cessant de penser ceci qu’il tint le coup. A présent, il tenait à tout prix à s’assurer que les deux bébés, prématurés de quelques jours, allaient bien et ce ne serait qu’une fois sûr de cela qu’il irait voir la mère même si l’envie d’y aller dès maintenant le rongeait. Lorsqu’enfin l’un des médecins daigna porter son attention sur le jeune infirmier et lui donna l’information qu’il attendait tant, Charles partit rejoindre la jeune femme se trouvant dans une autre partie de la grande infirmerie de Fort Hamilton. La retrouver une fois dans la pièce ne fut pas d’une grande difficulté, elle était l’une des rares résidentes de l’infirmerie. Un léger sourire étira une nouvelle fois ses lèvres tandis qu’il restait quelques instants près de la porte.

Charles avait encore un peu de mal à réaliser le fait qu’il venait d’aider cette jeune femme encore quelque peu inconnue à mettre ses jumeaux au monde, pourtant il se sentait – aussi étrange que ça puisse paraître – lié à elle. Le jeune homme brisa doucement la distance qui les séparait et vint se mettre au pied du lit de la jeune femme où il prit le temps de vérifier ses constantes – la force de l’habitude – avant de lui porter toute son attention. « Les petits vont bien, ils devront rester sous couveuse quelques jours et dès que l’on pourra, vous serez tous les trois transférés dans l’hôpital le plus proche … ça sera toujours mieux qu’ici. ». Petit sourire. Ça c’était pour le discours totalement professionnel et détaché. Charles contourna le lit pour aller prendre place sur l’une des chaises près de la tête de lit sur lequel se trouvait Ashton – les fauteuils aussi étaient mieux à l’hôpital – et la regarda quelques instants en silence avant de reprendre. « Et vous ? Ça va ? Vous avez besoin de quelque chose en particulier ? Que j’appelle quelqu’un ? Ou peut-être que j’arrête de parler ? ». Il ne pouvait pas s’empêcher de plaisanter pour tenter de détendre l’atmosphère et pourtant il se préoccupait réellement du bien-être de la jeune femme. Ce besoin qu’il avait ressenti de l’aider et de la protéger comme ça avait pu être le cas pour son ex-femme ne l’avait pas quitté. Il y avait quelque chose chez Ashton qui le poussait à rester là, cloué sur sa chaise pour s’assurer qu’elle allait bien. Il refusait de partir tant qu’il n’était pas certain qu’elle allait bien … qu’elle allait mieux et encore, il n’était pas sûr d’avoir envie de partir du tout en réalité.

Dès qu’il s’était décidé à l’aider vis-à-vis de son accouchement, il s’était fait la promesse de ne pas partir de Fort Hamilton tant qu’il ne serait pas certain que tous les trois allaient bien. Le jeune homme voyait ça comme étant son rôle puisqu’il avait aidé à la jeune femme à mettre ses deux enfants au monde et même s’il se doutait qu’ils seraient entre de très bonnes mains, les médecins de la base militaires n’avaient rien de très amical – voire de rassurant – et donnaient plus envie de fuir les lieux plutôt que de rester au lit. Lui ne voulait pas que la demoiselle tente de partir même s’il doutait que dans son état cette idée lui ait traversé l’esprit. Elle était probablement épuisée et lui aussi l’était, mais il tenait le coup parce qu’il avait eu bien moins d’efforts à donner précédemment et que surtout il refusait de partir sans être allé la voir. Toutefois, il resta près de deux enfants pendant un long moment et surveilla de loin les moindres faits et gestes des médecins qui leur tournaient autour. Eux non plus ne semblaient pas très ravis, mais pour des raisons différentes et même s’il parvenait à les comprendre ce n’était pas pour autant qu’il s’en sentait moins agacé. Qu’une jeune femme accouche sur la base – et plus particulièrement dans l’un des couloirs de cette dernière – n’était pas courant et il savait que ces médecins n’étaient pas bien ravis de la présence de bébés dans leur infirmerie, mais que voulaient-ils qu’il fasse ? Peut-être aurait-il préféré qu’il la porte jusqu’à sa voiture et l’amène jusqu’à l’hôpital même si elle aurait eu largement le temps d’accoucher sur la banquette arrière avant même d’atteindre le parking des urgences ?

C’était hors de question ! Charles avait peut-être arrêté ses études de médecine pour se contenter du poste d’infirmier et de l’armée, mais ce n’était pas pour autant qu’il en savait moins qu’eux et il avait refusé de lui faire courir le moindre risque, à elle comme à ses bébés. Oui, le jeune homme s’énervait tout seul alors que personne ne s’adressait à lui, mais il sentait bien que sa présence n’était que très peu appréciée si bien qu’il fut heureux de partir une fois certain que Wyatt et Rose se portaient bien. Apercevoir Ashton un peu plus loin dans l’infirmerie le calma d’un coup. C’était comme si la simple vision de la jeune femme l’apaisait et faisait disparaitre toute sa frustration. C’était assez déroutant d’ailleurs au point que Charles ne savait pas bien ce qu’il devait penser de tout ça, toutefois il mit le tout sur le dos de la fatigue qui l’assaillait depuis quelques jours et les émotions qui l’avaient pas mal secoué depuis qu’il avait mis les pieds à Fort Hamilton aujourd’hui. Lui assurer que ses enfants allaient bien lui sembla être la première bonne chose à faire bien qu’il vérifia ses constantes avant tout, sait-on jamais si les médecins avaient manqué quelque chose tant il ne les portait pas dans son cœur. Charles voulait s’assurer qu’elle se sente le mieux possible, pas uniquement à cause de ce qu’elle venait de traverser avec cet accouchement, mais aussi par rapport à ce qu’il avait appris grâce au contenu de la lettre qu’elle lui avait fait lire un peu plus tôt. « Le plus vite sera le mieux... Cet endroit me déprime. ». Sur ce point, l’infirmier la croyait sur parole. Ca ne devait pas être facile pour elle, pas avec ce qu’elle avait appris au travers de paroles et de mots qui ne reflétaient pas la moindre émotion humaine … pour ça on pouvait remercier l’armée.

Il y avait mieux que se trouver seule le jour d’une naissance, enfin de deux plus exactement et même s’il appréciait se trouver en sa compagnie, lui proposer de faire venir quelqu’un de proche lui semblait être une bien meilleure idée. « Eh bien... Il y a ma cousine, lieutenant Loan Duke-Whiteland ? Elle travaille ici, elle saura qui appeler... ». Charles hocha tout d’abord la tête puis la regarda avec surprise, comme quoi il était véritablement fatigué vu le temps que l’information mis à parvenir jusqu’à son cerveau, mais tandis qu’il s’apprêtait à répondre il remarqua qu’Ashton n’avait pas terminé et resta silencieux. « Est-ce que ce serait possible aussi... d'amener les bébés ici ? Je suppose qu'un bon Big Mac, c'est trop demander aussi... ? ». Un sourire amusé lui étira les lèvres bien qu’il le cacha en baissant légèrement la tête, une habitude qu’il avait depuis petit lorsqu’il n’aimait pas montrer son sourire aux autres, mais il ne tarda pas à poser de nouveau les yeux sur la jeune femme. « J’ignorais que Loan était votre cousine, je l’aurais su je pense que je l’aurais forcé à rester lorsque je l’ai croisé, mais je lui ferais passer l’information. », dit-il en ajoutant un bref mouvement de tête juste avant de reprendre la parole. « Pour les petits je vais faire de mon mieux surtout si ça me permets de chercher les adorables militaires en blouse blanche … par contre pour le Big Mac ça va être difficile. ». Cette fois, son sourire il ne le cacha pas et se retint de prononcer la dernière pensée qui venait de lui traverser l’esprit.

Sans lui laisser le temps de répondre, Charles se leva et lui fit comprendre qu’il revenait et déjà il repartait vers l’autre aile de l’infirmerie où il passa bien cinq minutes à batailler avec les médecins avant d’obtenir gain de cause et ainsi pour ramener Wyatt et Rose auprès d’Ashton avec l’aide d’une infirmière qui s’éclipsa quasiment aussitôt. « Mon adorable supérieur au sein de l’infirmerie me fait vous dire qu’ils essayent encore d’obtenir la venue d’une ambulance ici, mais il y aurait eu un accident à la sortie de New York … ». Charles leva les yeux au ciel et approcha au maximum les lits des enfants de celui de leur mère, un léger sourire au coin des lèvres tandis que son regard ne se décrochait pas de ces deux petits êtres si fragiles. « Ils sont vraiment adorables … oh ! Et … ». Le jeune homme leva les yeux vers Ashton avant de terminer sa phrase tout en restant près des enfants avant de finalement faire le choix de retourner s’assoir et de reprendre sa phrase en suspens. « Pour le Big Mac, une fois sortie de l’hôpital je m’engage à vous l’offrir … peut-être plus à domicile avec les deux petits comme ça je pourrais m’assurer que tout va bien pour les enfants et pour la maman. ». Il était très sérieux. Malgré le sourire qui étirait ses lèvres et lui donnait l’air d’être amusé, Charles était sincère. De toute manière il se connaissait assez pour savoir qu’il aurait trouvé le moyen d’avoir des informations sur Ashton pour ensuite s’assurer qu’elle allait bien. Ce n’était ni un psychopathe, ni un pervers juste une personne qui s’intéressait au bien-être d’autrui et plus particulièrement à celui des personnes qui éveillaient en lui ce petit quelque chose qui lui permettait de se sentir bien et … intéressé.

Il avait toujours eu un bon feeling avec les enfants sans bien savoir pourquoi. Peut-être était-ce le fait que, quelque part, il essayait de se rattraper auprès de ces enfants qui lui étaient parfaitement inconnus parce qu’il n’avait pas été assez présent pour sa sœur ? Il en doutait. Hormis ses fréquentations, Bethany avait toujours été proche de lui bien plus qu’elle n’avait pu l’être d’Henry. Sa petite sœur s’était toujours confiée à lui lorsqu’elle en avait ressenti le besoin et même si adolescent il passait la plus grande partie de son temps à lire sans se préoccuper du monde extérieur, il avait toujours su trouver du temps pour elle car à ses yeux sa petite sœur était tout ce qui comptait le plus au monde. Ce « don » qu’il avait avec les enfants venait peut-être justement du fait qu’il avait eu une petite sœur avant qu’elle celle-ci ne disparaisse que trop brusquement. Il avait eu le temps de s’entraîner en quelque sorte et de voir à quel point il appréciait les enfants même les plus turbulents. Ses deux petites nièces – des jumelles de quatre ans – faisaient parties de ces enfants turbulents et défiant l’autorité de leurs parents uniquement pour savoir où se trouvaient leurs limites, mais avec lui elles n’avaient jamais cherché à le défier, elles étaient deux petites princesses particulièrement adorables qui étaient toujours ravies de voir leur oncle lorsqu’il n’était pas trop pris par son travail. Omisha ne faisait pas exception à la règle.

Il se souvenait que lorsqu’elle était petite, la demoiselle le considérait déjà comme son oncle et appréciait vraiment beaucoup ces petites visites surprises qu’il faisait alors que l’Egypte n’était pas la porte à côté par rapport aux Etats-Unis, mais pour les enfants il ne comptait pas. C’était d’ailleurs pour cet amour pour les enfants qu’il avait refusé l’idée de se spécialiser en pédiatrie. Les voir souffrir ou sur le point de mourir, Charles savait qu’il serait incapable de le supporter. Certes, dans cette spécialité il aurait pu tenter de faire quelque chose pour les aider, après tout ça aurait été son rôle, mais très peu pour lui … Lui préférait la traumatologie parce qu’à ses yeux ça se rapprochait de beaucoup de ce qu’il faisait au front. Toutefois, ça expliquait néanmoins son air ébahi devant les jumeaux qu’Ashton avait mis au monde avec son aide. Ils semblaient si fragiles – et l’étaient d’ailleurs – et tout innocents, de quoi donner l’envie immédiate de les protéger du reste du monde et de faire en sorte que ce dernier soit meilleur pour eux. Il ne savait pas d’où il tirait cette certitude, mais Charles savait que la jeune femme serait une mère parfaite pour eux, qu’elle leur donnerait tout l’amour du monde. Peut-être était-ce le regard qu’elle posait sur ces deux petits anges ou le fait qu’il savait qu’elle allait devoir combler l’absence de leur père ? La présence de Wyatt et de Rose dans l’infirmerie avait quelque chose d’apaisant, comme si le simple fait de les avoir là permettait d’oublier qu’ils se trouvaient sur une base militaire, là où des hommes et des femmes s’entraînaient chaque jour dans l’idée d’aller défendre leur pays alors que là … ils baignaient en pleine innocence.

Charles était incapable de faire disparaître le petit sourire émerveillé qui étirait ses lèvres alors que ce n’était pas la première fois qu’il voyait des bébés, ce n’était pas non plus la première fois qu’il aidait à mettre des enfants au monde, toutefois il y avait quelque chose de différent aujourd’hui, mais l’infirmier était incapable de mettre le doigt dessus et, à bien y réfléchir, ça n’avait pas tellement d’importance. « Urh, chez moi... ». Le jeune homme cessa de regarder les jumeaux pour poser son regard sur leur mère. La surprise se lu sur son visage et disparu dès qu’il se rappela du fait qu’elle venait d’apprendre la disparition du père de ses enfants, non pas que ça ne soit qu’un détail à ses yeux, mais ébahi comme il pouvait l’être par moment il lui arrivait d’oublier des choses. « Je venais de déménager, et cette maison c'était vraiment... notre maison... J'ai pas vraiment hâte d'y remettre les pieds. ». Charles fronça le nez en lui adressant un petit sourire désolé. Il la comprenait, ça n’allait pas être une partie de plaisir pour elle et des tas de souvenirs avec cet homme allaient sans doute se bousculer dans son esprit une fois dans cette maison. Il avait vécu ça, mais c’était bien moins insupportable que ce qu’elle allait devoir encaisser. « Mais à part ça, le Big Mac n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde, je ne trouverais pas le repos tant qu'il ne sera pas dans mon estomac. ». Charles pouffa légèrement, sourire toujours aux lèvres … à croire qu’en présence de la jeune femme ce dernier refusait de s’effacer totalement. Le jeune homme approuva ses paroles d’un mouvement de la tête juste avant que leur attention ne se porte sur la petite Rose qui venait de gazouiller forçant ainsi l’infirmier à sourire de plus belle.

« Si c’est au point de troubler votre repos, je ne vais pas m’amuser à oublier même si dans tous les cas je n’aurais pas pu oublier en fait. ». Par contre il aurait pu se taire pour la fin, mais Charles était ainsi : ce qu’il pensait il se devait de le dire même si ça révélait parfois des choses qu’il aurait mieux valu pour lui de garder secrets. Il n’y avait que pour des situations difficiles ou complexes qu’il savait tenir sa langue, comme lorsqu’il devait rassurer quelqu’un, mais en tout cas il était incapable de mentir à qui que ce soit. « Ils ont les yeux tellement clairs... ». Son regard dévia d’Ashton aux petits puis des petits à Ashton bien qu’il garda le silence encore quelques instants. Il trouvait la scène bien trop attendrissante pour venir la briser trop vite avec ses paroles, alors il resta silencieux juste le temps qu’elle admire ses enfants, ce qu’il fit également en posant par moment le regard sur elle. « Les votre le sont aussi … je suis certain qu’ils sont déjà de grands chanceux et qu’ils tiennent de leur mère. ». Un nouveau petit sourire naquit au coin de ses lèvres … oui il était véritablement incapable de mentir et ces paroles avaient donc tout de sincères, mais bien vite il détourna le regard vers l’entrée de l’infirmerie où se trouvait l’un des médecins et malgré le fait qu’il soit son supérieur, Charles se contenta d’un bref signe de tête. « L’ambulance sera ici d’une vingt minutes. Vous partez avec eux Sutherland. ». Aussitôt dit, aussitôt reparti. Pourtant, tous les soldats n’étaient pas comme ça, le jeune homme était bien placé pour le savoir, mais celui-là … c’était à croire qu’il n’était qu’un robot uniquement bon à faire son travail et à donner des ordres sans la moindre trace d’émotion humaine.

Heureusement que pour ta défense il était tard parce que "dans l'oreille d'un soupe" XDD Tu m'as tué là Anyway ... ouais tu m'as percé à jour, je suis fourbe *maggle* naan c'est pas vrai, de toute façon Charles il est trop rangé pour Loan XD