Mais qu'est-ce que je fais là ? Le regard rivé sur la porte de l'immeuble d'Hayden, à quelques dizaines de mètres de l'autre côté de la rue, j'étais incapable d'avancer d'un seul pas de plus. Qu'est-ce que je foutais là, hein ? Si j'avais pu, j'aurais arraché une feuille de ce calepin qui ne me quitte jamais pour lui écrire à quel point je pouvais être désolée de ne pas l'avoir contacté après être revenue de Berlin, et surtout... surtout, je voulais qu'il oublie le bébé, qu'il oublie mon mensonge. J'étais déjà bien assez torturée par le fait d'avoir perdu le petit, je ne voulais pas qu'il le soit lui aussi, je... Je tenais toujours trop à lui pour ça. Et pourtant, ses paroles continuaient de retentir dans mon esprit. Pas faits l'un pour l'autre, nous ? Je ne peux tout simplement pas y croire. Et pourtant, je sais que tout ce qui arrive est de ma faute, j'aurais dû lui dire la vérité, j'aurais dû l'appeler en revenant, ou mieux, j'aurais dû lui dire au moment où j'ai perdu notre enfant. Encore mieux... J'aurais dû ne pas partir. J'aurais dû être là pour le soutenir dans sa recherche pour retrouver Lucy, peu importe à quel point je peux trouver ça dérisoire et masochiste, j'aurais dû être là pour lui comme il l'avait été pour moi depuis qu'on s'était rencontrés. Je dois trouver le courage de sonner à son interphone, de taper à sa porte, mais j'ai peur de devenir complètement muette en face de lui ; oui, maintenant, il m'intimide. C'est plutôt idiot à dire, mais quand on était ensemble... Je pouvais lui dire ce que je voulais, parce que je savais qu'il m'aimait quoiqu'il arrive. Maintenant... Maintenant, j'étais définitivement indésirable, et me racheter n'allait pas être chose facile. Alors oui, j'aurais pu choisir la voie de la facilité et faire comme si rien n'était arrivé, continuer ma vie dans ce petit appartement, toute seule, aller à la fac, aller travailler, mais... Mais je n'étais pas comme ça, j'avais besoin de revoir Hayden et de m'excuser, quitte à m'en reprendre plein la tête d'accusations. Peut-être bien que je les méritais vraiment, tiens.

Pestant contre mon incapacité à affronter Hayden, ma main plonge dans ma poche ; bien vite, mes doigts se referment sur le joint que j'ai roulé avant de quitter mon appartement, « juste au cas où ». Bah voilà, le cas est arrivé. Je reste un long moment à l'observer, niché dans la paume de ma main, avant de jeter un regard alentours pour m'assurer que personne ne peut me voir & que je le porte à mes lèvres pour l'allumer presque instantanément. La première bouffée est une délivrance, et mes yeux roulent vers le ciel avant que mes paupières ne se ferment au moment où je laisse s'échapper la fumée. Le goût reste dans ma bouche un instant mais, bien vite, j'ai besoin de plus, et j'enchaîne les taffes suivantes avec rapidité et profondeur, laissant mon esprit s'évader pour un instant. Enfin, s'évader... pas tant que ça. Mon regard reste indéniablement attiré vers cette porte que je me sens incapable de franchir. « Bah alors ma jolie, on est perdue ? » La voix de l'inconnu me sort de mes pensées et je manque de m'étouffer avec la fumée qui traverse toujours mon gosier. Il ne suffit que d'un bref regard pour que je me rende compte que l'homme qui m'a interpellé n'inspire absolument pas confiance ; est-ce qu'il est bourré ? Quoiqu'il en soit, il en a clairement l'air. Je fais d'abord mine de l'ignorer et tire une nouvelle taffe en détournant les yeux, prétendant être particulièrement absorbée dans la contemplation du bitume. « Eh fais pas ta timide, faut pas avoir peur de moi. » Je ne suis pas sûre de comprendre ce qu'il entend par là, mais j'éprouve tout à fait le contraire, particulièrement lorsqu'il s'empare de mon bras en le serrant avec insistance, m'entraînant loin du refuge que je m'étais trouvée. « Lâchez-moi ! » m'exclamai-je alors que j'étais fondamentalement incapable de me défendre avec ma force de moineau.

« “Would 'sorry' have made any difference? Does it ever? It's just a word. One word against a thousand actions.” - Sarah Ockler ».

Les journées se suivent, mais ne se ressemblent plus. Depuis que j’ai revu Anna, ma vie a complètement changé. Je dors moins qu’avant, travaille davantage et il m’arrive tout un tas de choses plus abracadabrantesques les unes que les autres. Pas plus tard qu’hier, j’ai trouvé un billet de 100$ dans le bas de mon immeuble et un de mes mannequins m’a proposé de passer la nuit avec elle. Mais ce n’est rien à côté de ce gérant de cirque qui voulait faire de moi sa principale attraction. Je pose mes fesses dans le métro et laisse échapper un long soupir. La journée a été longue. Les shootings se sont succédé, j’ai déjeuné sur le pouce et passé le reste de la journée à faire des recherches sur le dossier que Kennedy m’a confié - dossier qui ressemble étrangement au cas de Lucy d‘ailleurs... Tout ça pour dire que je ne sens plus mon dos, que j’ai la tête comme une citrouille et que je n’ai qu’une envie: rentrer chez moi et me faire couler un bon bain chaud. Le trajet me paraît plus long que d’habitude, mais j’imagine que cela est dû à la fatigue, au brouhaha ambiant, à l’odeur infecte de sueur qui empeste l’appareil ou bien à un mixe de ces trois choses - car j'arrive à destination, à peine dix minutes plus tard.

Un vent froid se lève et je resserre le col de ma veste. Encore cinq cent mètres et je serais chez moi, je constate plein d’espoir en bravant le froid. La nuit tombe et les premiers réverbères s’illuminent déjà. Les oiseaux ne chantent plus, la circulation est plus dense, une connaissance croisée au détour d’une ruelle me salue tandis que je progresse en direction de mon but. Mais alors que je m’apprête à entrer dans mon immeuble, un cri retient mon attention. Je relève la tête et crois reconnaître une silhouette familière. Mon cœur ne fait qu’un bond et je me précipite vers l’agresseur. Une fois à sa hauteur, je le saisis par les épaules et le plaque contre le mur opposé. Je n’ai peut-être pas un grand gabarie et je serais même plutôt du genre à prôner la non violence, mais s’il y a bien une chose que je ne supporte pas: c’est qu’on s’en prenne à des jeunes femmes sans défenses. Et quand la jeune femme en question n’est autre que l’amour de ma vie, je ne réponds plus de rien. « Alors écoutes-moi bien petite merde » je lâche les dents serrées « Dans deux secondes je vais te lâcher et si tu es malin, tu vas bien sagement faire demi-tour et faire comme si rien ne s’était passé. Mais je te préviens » j’ajoute en faisant pression sur son cou. « Si je te revois traîner dans les parages ou autour de ma copine, j’appelle les flics, c’est clair? » Je lâche cette petite racaille et me précipite vers Anna. « Ça va aller? » je demande en la serrant tout contre moi. « Tu n’as rien? » Je ne lui laisse pas le temps de répondre et l’attrape par le bras. Composant le code d’accès du bâtiment, je l’entraîne à l’intérieur et l’installe dans mon sofa.

Cinq bonnes minutes se sont écoulées depuis que je l’ai emmené chez moi. Elle n’a toujours pas décroché un mot, mais est restée prostrée dans le canapé. Inquiet, je fais une halte à la cuisine et lui rapporte un verre d’eau. « Tiens, bois ça… » Je passe mon bras derrière son cou et elle pose sa tête sur mon épaule. « C’est bon ma belle… il est parti. Tu n’as plus rien à craindre désormais » j’ajoute en lui baisant le front. Cette expérience a dû raviver de mauvais souvenirs et j’essaie de la rassurer un tant soit peu - après tout, cela a longtemps été mon rôle, je commence à avoir l’habitude. D’ailleurs, Anna me répétait souvent que j’étais le seul à pouvoir la calmer lorsqu’elle était terrifiée - c’est le moment où jamais de vérifier tout ça. « Je sais bien que ce n’est pas le moment idéal, mais… qu’est-ce que tu faisais dans les parages? Tu voulais me voir » je demande sans vraiment y croire.

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Lorsqu'elle était plus jeune, Anna avait été battue par son père : elle reconnaissait très bien la lueur dans le regard d'un homme qui n'était pas prêt à s'arrêter avant de commettre l'irréparable. Et dans le regard de l'homme qui l'agrippait, elle la discernait avec exactitude. La jeune femme sentit son cœur faire un bon dans sa poitrine et, n'abandonnant pas l'idée de se libérer, continua d'essayer de détacher son corps de celui de son agresseur avec toute la maigre force qu'elle possédait. C'était bien la première fois que ce genre de choses lui arrivait, et pourtant elle n'avait pas manqué de petites ruelles sombres où se fumer un petit joint ces derniers mois. Et il fallait que ça se passe maintenant ! Si ça se trouvait, elle allait mourir, peut-être que le mec était un psychopathe, elle avait tellement lu de bouquins sur le sujet pour un cours de littérature le semestre dernier qu'elle imaginait très bien comment son corps pouvait être retrouvé. Alors oui, elle continuait d'espérer qu'elle pourrait s'enfuir avant qu'il ne la transforme en pâtée pour rats.

A peine s'était-elle fait cette réflexion qu'elle sentit le poids exercé sur ses bras s'arrêter d'un coup alors que l'homme était tiré en arrière et plaquer au mur par une silhouette qu'Anna reconnut dès qu'elle posa son regard dessus. Hayden. Le jeune homme avait l'air de n'avoir aucune chance face au gros gabarit qu'était son agresseur, et pourtant Anna ne ressentait plus aucune peur : elle avait confiance en Hayden, une confiance qui malgré le temps, malgré la distance, ne changerait probablement jamais. Elle savait qu'il ferait ce qu'il fallait pour la protéger, même si elle ne pouvait pas non plus s'empêcher de s'inquiéter pour celui qu'elle aimait. « Alors écoutes-moi bien petite merde » l'entendit-elle dire à l'attention de son agresseur. « Dans deux secondes je vais te lâcher et si tu es malin, tu vas bien sagement faire demi-tour et faire comme si rien ne s’était passé. Mais je te préviens, si je te revois traîner dans les parages ou autour de ma copine, j’appelle les flics, c’est clair? » Pour le coup, Anna était bien contente que la pénombre les entoure : elle souriait ! Sa copine... Elle n'avait pas pu s'empêcher de ne retenir que cette phrase, étais-ce parce qu'elle était défoncée ? Elle l'ignorait, mais pendant un instant, toute inquiétude la quitta alors qu'elle se disait que malgré tout, il subsistait une connexion entre eux qui ne s'atténuerait jamais. « Ça va aller? Tu n’as rien? » lui demanda Hayden en se tournant vers elle pendant que son agresseur déguerpissait sans demander son reste. Reprenant pleinement conscience de ce qu'il venait de se passer, et surtout de ce qui aurait pu se passer, la jeune femme reprit immédiatement son sérieux mais voulut rassurer l'anglais en hochant la tête, maugréant un « hm hm » qui fut tout ce qu'elle put trouver de plus convaincant avant de se laisser entraîner vers l'immeuble de Hayden.

Son appartement est cosy, confortable, mais il ne suffit pas à faire parler la jeune femme qui s'est tout simplement assise sur le canapé quand Hayden le lui a proposé & qui n'a pas bougé depuis. Son esprit, en revanche, fourmillait d'idées, d'images et de questions. Une petite pensée lui souffla qu'elle devait absolument empêcher Hayden de voir qu'elle avait consommé de la drogue, une autre caressa l'idée de retourner dans les bras du jeune homme où, elle l'espérait, sa panique intérieure se calmerait. « Tiens, bois ça… » … Et elle ne tarda pas à choisir la seconde option. Buvant une gorgée du verre d'eau que lui tendait Hayden, elle accueilli son bras et ne tarda pas à poser sa tête contre l'épaule du jeune homme, y retrouvant immédiatement la place qu'elle y avait eu pendant des années. « C’est bon ma belle… il est parti. Tu n’as plus rien à craindre désormais » Dans un sens, Anna le savait déjà, c'était juste dû au choc, mais elle savait qu'elle était en sécurité dans l'appartement de son ex petit-ami, probablement plus que dans sa propre chambre. Elle se contenta de soupirer dans le cou du jeune homme et s'abstint de toute réponse, s'autorisant à se calmer totalement d'abord – et elle ne savait pas si les gestes tendres de son petit-ami y aidaient ou le contraire, tellement elle n'y était plus habituée. « Je sais bien que ce n’est pas le moment idéal, mais… qu’est-ce que tu faisais dans les parages? Tu voulais me voir » Anna resta silencieuse un instant, profitant du moment, avant de redresser doucement la tête. Son regard se perdit vers le bas un instant avant qu'elle ne se reprenne : elle ne devait pas lui mentir. Les mensonges avaient mené à leur dernière conversation, et Anna ne voulait pas entériner les choses. Elle soupira, relâcha la pression de ses épaules et releva les yeux, les plantant dans ceux de Hayden. « En fait... oui. » souffla-t-elle avant de détourner les yeux, gênée. « Je sais pas, je voulais... te voir. M'excuser. » reprit-elle avant de revenir sur Hayden, le regard perçant de sincérité. « Je voulais pas te cacher mon retour, j'avais juste... trop honte, et trop peur. » souffla-t-elle, les doigts entortillés de stress en avouant ça à son ex petit-ami.

« “Would 'sorry' have made any difference? Does it ever? It's just a word. One word against a thousand actions.” - Sarah Ockler ».

A la voir blottie tout contre moi, on pourrait croire qu’elle n’est jamais partie. Sa tête est posée sur mon épaule et je passe ma main dans ses cheveux dans un geste destiné à l’apaiser. Cette scène a comme un goût de déjà-vu et je pense qu’elle s’en est rendue compte elle aussi, puisqu’elle finit par se détacher de moi. Mon regard s’assombrit et je pousse un léger soupir. Même si je sais que ce petit moment de tendresse n’était qu’une parenthèse, je suis déçu de la voir s’éloigner. Quelque part, je lui en veux d’avoir édifié cette fichue barrière. Tout a pourtant l’air tellement naturel quand on est tous les deux. Un peu trop, peut-être? Au bout de sept ans de vie commune, c’est difficile de faire comme si l’autre n’était qu’un étranger. En froid ou pas, c’est quasiment impossible d’effacer les bons moments partagés. Mais je suis conscient que nous traversons une crise et que nous abandonner l’un à l’autre n’est pas la solution. Il faut à tout prix que nous dialoguions tous les deux de manière à régler nos conflits. J’ai beau aimer Anna plus que de raison, ça ne change rien au fait qu’elle m’a menti et m’a complètement évincé de sa vie. Qu’elle mette un terme à notre relation est une chose, mais qu’elle décide de ‘tuer’ notre enfant en est une autre. A mon sens, elle n’avait pas le droit de statuer du sort de ce bébé sans m’en parler. Je sais, je peux paraître incroyablement misogyne quand je dis ça, mais c’est pourtant la vérité.

Je lui demande donc ce qu’elle faisait dans le quartier -et après avoir hésité quelques secondes, elle se décide enfin à me répondre. « Je sais pas, je voulais... te voir. M'excuser. Je voulais pas te cacher mon retour, j'avais juste... trop honte, et trop peur. » L’entendre se confondre en excuses devrait me faire jubiler, n’est-ce pas? Si j’étais aussi insensible et colérique que ce que j'ai bien voulu lui faire croire l'autre jour, je devrais être ravi de la voir s’écraser devant moi? J’aimerais bien. Honnêtement, j’aimerais être cette bête sans cœur, cet homme insensible et fort que l’on voit dans toutes les mauvaises comédies romantiques, mais j’en suis incapable. J’aime cette femme et je l’aimerais probablement toute ma vie - le voilà le nœud du problème, je ne suis rien sans elle. Elle me manipule comme un pantin, je lui appartiens. Anna Logan a tous les droits sur moi, est-ce qu'elle le sait au moins? « Il fut un temps où on pouvait tout se dire toi et moi. Il fut un temps où tu n’étais pas effrayée à l’idée de venir me parler. De quoi as-tu réellement peur Anna? Que je te juge? Ou que je me mettes en colère contre toi? » Je lui lance un regard interrogateur, mais la jolie blonde choisit de rester silencieuse. « Tu sais… » je reprends en tâchant de modérer le ton de ma voix. « Ce n’est pas tant le fait que tu m’aies caché ton retour ou que tu aies pris cette décision toute seule qui me dérange. Ce qui me chagrine, c’est que tu aies préféré m’évincer de ta vie, que tu ne m’aies donné aucune explication. Tu avais pourtant promis de me revenir une fois que tu aurais fait le point. C’est écrit là Anna, je n'invente rien» Je me lève et sort une feuille de la poche arrière de mon jean. « C’est écrit noir sur blanc. Ces lettres ont été tracées de ta main. ‘Quant tout ira mieux, je te reviendrai’. Tu ne devrais pas faire des promesses que tu ne comptes pas tenir » je conclus en posant sa lettre sur ses genoux. Je n’ai vraiment pas envie d’envenimer les choses, mais je n’arrive pas à faire comme si de rien n’était. Je ne peux pas accepter ses excuses et faire table rase du passé. J'ai trop souffert. « J’aurais donné ma vie pour toi. Avec ou sans Lucy, j’aurais tout fait… suffisait de le demander je… Bon Dieu, mais je t’aime Anna! Tu ne comprends pas ça?! Je t’aime! » Mon discours est parfaitement incohérent, j'en ai conscience, mais je ne sais plus quoi faire pour lui faire entendre raison. Si seulement on pouvait revenir un an en arrière, rien qu'un an - alors, peut-être que je pourrais sauver notre couple. Malheureusement, j'ai bien peur que ce soit trop tard pour nous.

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Anna se souvenait parfaitement des premiers temps qui avaient caractérisé sa relation avec Hayden, cette complicité qu'ils avaient, cette facilité qu'elle avait à se confier à lui, la confiance qu'elle lui accordait et la crédibilité qu'elle donnait à tous les conseils qu'il pouvait lui donner, les papillons dans son ventre lorsqu'il prenait l'initiative de venir poser ses lèvres sur les siennes... Dans quelle douce innocence elle avait vécu, à cette période ! A vrai dire, depuis qu'elle avait rencontré Hayden, elle avait en quelque sorte trouvé une nouvelle raison de vivre, de supporter son père violent et alcoolique, Hayden était la personne qu'elle s'attendait à voir à la porte du lycée, à côté d'elle en classe, avec qui elle traînerait ou chez qui elle irait après les cours, pour ne pas avoir à retourner trop tôt chez son père... le soutien qu'il lui avait apporté pour qu'elle se fasse émanciper avait été sans failles, et sans lui... elle se demandait bien où elle en serait aujourd'hui. Il était devenu sa bouée de sauvetage alors qu'elle était encore une adolescente, et elle avait toujours pensé que l'amour qu'elle éprouvait pour lui & la relation qu'ils avaient faisait partie de ce genre de choses qui n'arrivaient qu'une fois dans une vie et que, forcément, comme ils avaient rapidement eu la chance de se trouver, ils auraient une vie remplie l'une de l'autre. Pourtant, c'était elle qui avait mis le bordel dans tout ça, qui les avaient séparés, elle pouvait bien rejeter la faute sur l'obsession de Hayden pour sa jumelle Lucy, c'était elle qui avait posé son ultimatum et, pendant à tort que Hayden ne l'outrepasserait jamais, elle avait quitté cette vie qu'ils avaient partagé pendant sept ans. Et voilà où ils en étaient rendus maintenant, à agir un instant comme s'ils se connaissaient par cœur, l'instant d'après comme des ennemis jurés, c'était sans queue ni tête et pourtant, Anna ne voyait pas les choses arriver autrement, bien qu'elle ignore parfaitement la suite des évènements.

Pourtant, lorsqu'elle avoua à Hayden les raisons de sa présence dans son quartier, même si elle n'espérait pas tellement qu'il passe soudainement l'éponge sur les mois qui venaient de s'écouler, elle ne s'était pas attendu à ce que le jeune homme soit immédiatement si offensif. «  Il fut un temps où on pouvait tout se dire toi et moi. Il fut un temps où tu n’étais pas effrayée à l’idée de venir me parler. De quoi as-tu réellement peur Anna? Que je te juge? Ou que je me mettes en colère contre toi? » Hayden était peut-être un peu différent de ce qu'il était lorsqu'elle l'avait quitté, mais c'était définitivement Anna qui avait changé. De quoi elle avait peur ? Avant, de presque rien. Maintenant, de presque tout. «  Ce n’est pas tant le fait que tu m’aies caché ton retour ou que tu aies pris cette décision toute seule qui me dérange. Ce qui me chagrine, c’est que tu aies préféré m’évincer de ta vie, que tu ne m’aies donné aucune explication. Tu avais pourtant promis de me revenir une fois que tu aurais fait le point. C’est écrit là Anna, je n'invente rien » Anna était incapable de lui répondre, elle avait l'impression d'être revenue quelques semaines en arrière, lorsqu'ils s'étaient revus à la librairie où elle travaillait et où il l'avait blessée comme jamais après qu'elle lui ai menti à propos du sort du bébé. Elle fut néanmoins surprise de voir Hayden sortir de sa poche la lettre qu'elle lui avait écrite avant de quitter l'appartement. Alors, il se baladait avec sa lettre ? «  C’est écrit noir sur blanc. Ces lettres ont été tracées de ta main. ‘Quant tout ira mieux, je te reviendrai’. Tu ne devrais pas faire des promesses que tu ne comptes pas tenir » Anna avait tout simplement envie de fondre de nouveau en larmes. Bon sang ! D'ordinaire, même si elle était douce, la jeune femme ne se laissait pas faire, mais face à Hayden... elle était tout simplement incapable de faire face à ses reproches et à sa rancune, sa culpabilité décuplait à chacun des mots qui tranchaient ses tympans de leur acidité. Pourtant, elle ne pouvait pas non plus se résigner à faire face et à lui avouer toute la vérité, elle venait de s'enfoncer dans un mensonge en lui disant qu'elle s'était fait avorter et même si elle savait que de garder le secret ne le rendrait que plus gros, elle ne voulait pas qu'il sache qu'elle avait été trop faible pour porter leur enfant, et qu'au moins une fois par jour, elle versait une larme en pensant à ce bébé qu'elle voulait tant & qu'elle avait perdu. La lettre qu'elle avait écrite tomba sur ses genoux et, lorsqu'elle toucha sa peau, ses paupières se fermèrent un instant. «  J’aurais donné ma vie pour toi. Avec ou sans Lucy, j’aurais tout fait… suffisait de le demander je… Bon Dieu, mais je t’aime Anna! Tu ne comprends pas ça?! Je t’aime! » Elle n'était pas sûre du point qu'il tentait d'atteindre avec ce raisonnement, mais ses paroles suffirent à la faire rouvrir les yeux, bien qu'elle se garda de les relever vers Hayden. Plus il élevait la voix, et plus elle se sentait mal à l'aise, même si un coin de son esprit se réjouissait qu'il l'aime toujours – et alors quoi ? L'amour ne faisait pas tout, sinon ils ne se seraient jamais séparés en premier lieu. « Arrête, s'il te plaît... » souffla-t-elle en prenant la lettre dans sa main pour se lever, la tête toujours rivée vers le bas. Elle déglutit avant de continuer, serrant la feuille pour masquer son tremblement. « Tu crois que tout va mieux, là ? Tu crois que ma vie est flamboyante de plaisirs, que je suis heureuse, sans toi ? » Elle voulait faire passer un message, mais sans être capable de pouvoir en raconter la moitié, elle savait qu'elle sonnait particulièrement égoïste et idiote. « Tu crois que je l'ai pas imaginé, ce bébé ? Que je l'ai jamais voulu ? J'y pense... tous les jours. » déclara-t-elle, la voix poignante d'émotion. « Je voulais pas t'évincer de ma vie, Hayden ! Je t'ai demandé ! C'est toi qui a choisi Lucy... » reprit-elle un peu plus fort, osant enfin relever les yeux vers Hayden. C'était une dispute qui semblait ne jamais terminer, le « sujet Lucy ». « Alors non, quand je suis revenue, j'ai vraiment pas eu la force de venir te voir... » Constamment sous l'effet de drogues, à trimer – même si elle aimait la librarie où elle travaillait et que ses grands-parents l'avaient aidée financièrement au début – pour à peine assez d'argent pour vivre correctement, hébergée dans un minuscule studio, plus solitaire que jamais... Non, Anna n'était définitivement plus la même depuis qu'elle avait quitté Hayden, et encore plus depuis la perte de leur bébé. « Mais je suis là, maintenant, et je m'excuse. Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ? » demanda-t-elle, la voix brisée, en levant les mains en signe d'impuissance. « Je peux pas ramener le bébé, je peux pas ramener Lucy... » Elle avait peur qu'il parle encore du bébé, qu'il lui pose des questions auxquelles elle ne pourrait pas trouver de mensonge assez rapidement, ou juste trop personnelle pour qu'elle ne fonde pas en larmes et en confessions. « Mais maintenant qu'on s'est revus, je... enfin je pensais que, peut-être... » Elle voulait le retrouver, plus que tout. Lorsqu'il avait prononcé son nom, dans la librairie, Anna avait senti son cœur bondir dans sa poitrine et il n'avait suffi que de ça pour qu'elle retrouve tous les sentiments qu'elle avait éprouvé pour lui lorsqu'ils étaient ensemble, encore plus accentués par le fait qu'elle ne pouvait justement pas s'y abandonner. Cependant, l'attitude d'Hayden ne semblait pas très encline à tourner la page, et Anna s'interrompu avant d'avoir terminé. « C'était une mauvaise idée, je devrais peut-être... y aller, désolée. » souffla la jeune femme en se sentant de nouveau perdue, baissant les yeux pour chercher son sac et se diriger vers la porte d'entrée, les épaules courbées par sa culpabilité.

« “Would 'sorry' have made any difference? Does it ever? It's just a word. One word against a thousand actions.” - Sarah Ockler ».

Je n’ai pas toujours été aussi dur avec elle. Au contraire, j’avais même tendance à me faire tout petit lorsqu’on se disputait -ce qui était vraiment très rare. Anna avait toujours le dernier mot. Bien que d’un naturel rancunier, j’étais le premier à baisser les armes. La seule grosse dispute que nous ayons eu remonte au tout début de notre relation si j’ai bonne mémoire: nous étions en soirée et Anna a eu la mauvaise idée de danser sur un morceau assez osé avec un autre garçon. Jaloux comme un poux, j’ai naturellement pété les plombs. Résultat des courses? Une énorme scène de ménage et une main dans le plâtre. Aies-je oublié de préciser que je n’ai jamais été très bon lorsqu’il s’agissait de me battre? Tout ça pour dire que ce n’est pas dans mes habitudes d’élever la voix. Je suis peut-être impulsif, mais j’essaie de me tempérer un minimum. Pour moi, la communication est primordiale. C’est même le fondement de toute relation. Comment voulez-vous régler vos problèmes si vous refusez d’en discuter? Prendre la fuite ne fait que repousser l’échéance. D’ailleurs, nous n’en serions probablement pas là aujourd’hui si Anna n’avait pas choisi la solution de facilité. Je suis tout à fait disposé à me remettre en question et j’admets avoir ma part de responsabilité dans notre ‘rupture’, mais force est de constater qu’elle n’a pas réagi de la meilleure façon qui soit en s’enfuyant à l’autre bout du monde. Pourtant, je sais pertinemment que lui renvoyer sa lâcheté au visage ne va rien changer. Je sais que lui crier dessus ne règlera rien -mais j’ai besoin d’évacuer toutes les émotions négatives que son départ a pu m’inspirer, j’ai besoin qu’elle comprenne qu’elle m’a blessé. Quelque part, je sais qu’elle a souffert autant que moi et qu’elle n’a pas pris cette décision de gaieté de cœur, mais je ressens aussi ce besoin maladif de me venger, de lui faire payer. Et ce sentiment n’a fait que croître depuis qu’elle m’a annoncé qu’elle avait avorté.

D’un autre côté, je donnerai ma vie pour elle. « Arrête, s'il te plaît... » dit-elle en saisissant la lettre froissée. Qu‘est-ce que j‘espérais? Cette conversation n‘a aucun sens, c‘est un dialogue de sourd. A quoi bon m‘obstiner à lui dire que je l‘aime, puisqu‘apparemment ce n‘est pas suffisant. « Tu crois que tout va mieux, là ? Tu crois que ma vie est flamboyante de plaisirs, que je suis heureuse, sans toi ? » Comment le saurais-je? Il y a une semaine encore, j’ignorais qu’elle était là. « Tu crois que je l'ai pas imaginé, ce bébé ? Que je l'ai jamais voulu ? J'y pense... tous les jours. Je voulais pas t'évincer de ma vie, Hayden ! Je t'ai demandé ! C'est toi qui a choisi Lucy... » Elle relève la tête et nos regards se croisent -ses yeux comme les miens dépeignent une tristesse sans fin. « Alors non, quand je suis revenue, j'ai vraiment pas eu la force de venir te voir... » Nous voilà revenus au point de départ. Elle va s’excuser, je vais jouer les entêtés et nous allons nous disputer -encore une fois. C’est dans des moments comme celui-ci que je regrette la candeur et la simplicité de l’adolescence, à l'époque où nous étions bien trop insouciants pour nous quereller. « Mais je suis là, maintenant, et je m'excuse. Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ? Je peux pas ramener le bébé, je peux pas ramener Lucy... » Si seulement quelqu’un le pouvait, je songe attristé. « Mais maintenant qu'on s'est revus, je... enfin je pensais que, peut-être... » Encore fou de rage il y a quelques secondes, je me surprends à espérer qu’elle propose qu’on reparte de zéro -mais mon sourire se fane lorsqu’elle choisit de partir.

Je reste quelques minutes à la fixer sans rien dire. Un tas de scénarios me viennent à l’esprit. Dans le premier, je la supplie de rester et de me pardonner mes erreurs passées. Dans le second, mes lèvres se plaquent sur les siennes et nous finissons par nous réconcilier. Dans le troisième et le plus horrible qui soit, je mets fin à notre relation en lui intimant l’ordre de couper les ponts. Bien que ce dernier cas de figure se serait probablement avéré plus simple, je décide de la retenir. « Attends! » je m’exclame presque malgré moi. « Je voulais que tu saches que… malgré tout ce qui s’est passé, je suis content de te voir. C’est un peu difficile à concevoir après toutes les horreurs que j’ai pu te balancer ou la manière dont je t’ai traité à la librairie l’autre jour, mais… je suis toujours amoureux de toi Anna. Mes sentiments pour toi n’ont pas changé. Et c’est bien ça le problème… » je lâche en faisant un pas vers elle. Toujours dos à moi, je la force à se retourner en la prenant par les épaules. « Je ne cesserai jamais de t’aimer » j’ajoute en passant mon pouce sur sa joue. « Mais je suis en colère contre toi. Même si j’en meurs d’envie, j’arrive pas à te pardonner de m’avoir quitté, je n’arrive pas à concevoir que tu aies pu… » Comment dire les choses? Elle a l’air bien plus touchée par cette avortement que ce qu'elle voudrait bien me faire croire. « Je ne te juge pas, seulement, je crois qu’il va me falloir du temps pour encaisser tout ça. » J’esquisse un sourire timide et retourne m’asseoir dans le canapé. « Quant à Lucy, on en a parlé des centaines de fois et crois-moi, si je pouvais arrêter tout ça, je le ferai sur-le-champ. J’ai essayé Anna, je te jure que j’ai essayé, mais… abandonner reviendrai à admettre que je ne la reverrai jamais et je ne suis pas prêt à faire face à cette réalité. Je sais que cette situation t'a fait énormément souffrir, j'ai conscience de m'être parfois montré égoïste, mais je ne suis pas prêt à tourner la page. Même par amour pour toi, c'est quelque chose que je ne suis pas capable de faire à l'heure l'actuelle. Je suis désolé… »

CODE TOXIC GLAM

Chloe regrettait désormais d'être venue voir Hayden ; qu'est-ce que ça lui avait apporté, hein ? Encore une fois, ils n'avaient pas pu s'empêcher de s'énerver l'un contre l'autre, se reprochant encore et toujours les mêmes choses. Et puis, qu'est-ce qu'elle espérait de toute façon ? Elle n'allait pas résoudre tous leurs problèmes en un jour, et elle doutait désormais d'être capable de les résoudre tout court. Elle aimait Hayden, ça... Ça, ce n'était même pas à discuter. Depuis la première fois qu'elle l'avait vu, dans sa salle de classe, un rang devant elle, la jeune femme était tombée sous son charme, et ça n'était allé que crescendo depuis ; il l'avait aidé plus que personne, avait donné un sens à sa vie, il lui avait offert un toit, une oreille, une épaule, mais surtout tout son amour, et Anna n'avait eu aucun mal à le lui rendre. Il n'y avait pas un jour où elle ne regrettait pas d'avoir quitté le jeune homme ; tout était allé de travers depuis cet instant. Et voilà qu'elle se prenait ses accusations en pleine tête ! Elle ne voulait même pas répliquer, que pouvait-elle lui dire ? Désormais, elle était une menteuse, il méritait mieux qu'elle, mieux que ce qu'elle était devenue depuis qu'elle avait perdu leur bébé. « Attends!  » reprit pourtant subitement Hayden, surprenant tellement la jeune américano-allemande qu'elle s'exécuta immédiatement, s'arrêtant en plein geste. « Je voulais que tu saches que… malgré tout ce qui s’est passé, je suis content de te voir. C’est un peu difficile à concevoir après toutes les horreurs que j’ai pu te balancer ou la manière dont je t’ai traité à la librairie l’autre jour, mais… je suis toujours amoureux de toi Anna. Mes sentiments pour toi n’ont pas changé. Et c’est bien ça le problème…  » déclara-t-il doucement alors qu'elle entendait au son de sa voix qu'il s'approchait d'elle. La jeune femme baissa la tête, ressentant chacun des mots que son ex petit-ami lui disait au plus profond de son cœur. Soudainement, elle sentit une pression sur ses épaules et, l'instant d'après, il la forçait à se retourner pour lui faire face. « Je ne cesserai jamais de t’aimer  » Alors qu'elle tentait de se retenir du mieux qu'elle put, croiser le regard de Hayden humidifia immédiatement ses yeux. Elle ferma les paupières un instant, à la fois honteuse de pleurer et essayant de ne concentrer pour s'empêcher de frissonner lorsque le pouce du jeune homme s'égara sur sa joue. « Mais je suis en colère contre toi. Même si j’en meurs d’envie, j’arrive pas à te pardonner de m’avoir quitté, je n’arrive pas à concevoir que tu aies pu… » Elle était incapable de rouvrir les yeux, de faire face à ce mensonge qu'elle lui avait dit, au fait qu'elle avait avorté. Ca n'avait sûrement pas été une bonne idée de lui mentir, mais Anna avait également tellement de mal à faire face à la vérité ! « Je ne te juge pas, seulement, je crois qu’il va me falloir du temps pour encaisser tout ça.  » Il n'avait pas besoin de la juger, elle le faisait bien toute seule, elle avait d'ailleurs du mal à encaisser sa propre opinion d'elle. Il s'éloigna d'elle, et ce ne fut que lorsqu'il lui tourna le dos qu'elle se permit de rouvrir les yeux. « Quant à Lucy, on en a parlé des centaines de fois et crois-moi, si je pouvais arrêter tout ça, je le ferai sur-le-champ. J’ai essayé Anna, je te jure que j’ai essayé, mais… abandonner reviendrai à admettre que je ne la reverrai jamais et je ne suis pas prêt à faire face à cette réalité. Je sais que cette situation t'a fait énormément souffrir, j'ai conscience de m'être parfois montré égoïste, mais je ne suis pas prêt à tourner la page. Même par amour pour toi, c'est quelque chose que je ne suis pas capable de faire à l'heure l'actuelle. Je suis désolé…   » Anna baissa la tête ; finalement, ce n'était plus tellement le fait que sa recherche de Lucy avait pris le pas sur leur relation qui la dérangeait le plus, c'était le fait que Hayden continue de se leurrer de la sorte. En refusant de faire face à l'évidence, il se détruisait, et elle ne supportait pas de voir ça en étant incapable de faire quoique ce soit ; mais dans la position où elle était aujourd'hui, et il l'avait particulièrement bien décrite quelques instants auparavant, elle n'était absolument pas en mesure de lui dire quoique ce soit. Alors, après avoir brièvement hésité à fuir aussi vite qu'elle pouvait par la porte, la jeune femme franchit à son tour la distance qui la séparait d'Hayden. « Je comprends... et je suis désolée aussi. » souffla-t-elle avait de se pencher pour déposer un bref baiser sur la joue de l'anglais, faisant cette fois-ci rapidement volte-face en se relevant pour quitter l'appartement du jeune homme, le cœur serré.

the end.