Les paupières de ses yeux peinaient à se soutenir tant l’intensité de son écran d’ordinateur lui brulait les yeux. Mais c’était une sorte de contrat, un serment qu’elle avait passé avec elle-même pour son avenir professionnel. Eternelle insatisfaite, Ana ne faisait que lire, relire, corriger et recorriger. La version de base était pourtant très bonne, à ‘image de son statut de major de promo à l’époque de la fac. Seulement voilà, les travaux qu’elle devait jadis rendre étaient bien moins conséquents que ceux que l’on tend à une excellente avocate diplômée et spécialisée en droit de la famille. Une nuit blanche touchait à sa fin, mais ce n’était ni la première, ni la dernière. S’efforçant de rester un tant soit peu attentive pour la cliente qu’elle devrait représenter le lendemain matin devant un parterre de magistrats, Ana resta éveillée jusqu’aux alentours de cinq heures et demi du matin. Coup de chance, son dossier était clos et elle avait déjà répété maintes fois sa plaidoirie. C’est une chose qu’elle faisait parfois, en souvenir du bon vieux temps et des concours juridiques et des soutenances orales. Evidemment, les choses ne se passaient jamais comme prévues, mais c’était une sorte d’autosatisfaction de gérer parfaitement le cas qu’elle avait sous les yeux. Aussi, quand elle vit au lever du jour les cernes violacés qui arboraient fièrement son visage, elle se dit que certes, c’était un boulot bien payé, mais Dieu que ça se méritait !
Aux alentours de quinze heures de l'après midi, Ana était enfin libre, et les quelques heures passées au tribunal s’étaient plutôt bien passé, mais la réponse des juges n’avaient pas été la meilleure espérée. C’est donc légèrement dépitée que la jolie Argentine sortit du tribunal et sortit son téléphone de sa poche. Appeler sa meilleure amie pour un peu de réconfort semblait indispensable. Aussi, quand elle appela Hazel pour lui proposer de manger un bout ensemble dans l’heure qui suivait, elle fut ravie de l’entendre accepter. Ana et Hazel se connaissaient depuis plusieurs années, et la timidité de la belle océanienne n’avait pas entamé la volonté d’Ana de découvrir sa nouvelle amie, qui devint vite sa meilleure amie. Lui vouant une confiance sans faille, elle eut les larmes aux yeux –pour ne pas dire qu’elle a pleuré pendant cinq minutes- quand elle lui proposa tout naturellement d’être la marraine de sa fille. C’était sans doute un des moments les plus beaux de sa vie et évidemment, elle accepta avec grande joie. Depuis, leur lien s’est davantage fortifié et dès qu’une des deux a le malheur d’avoir un problème, l’autre accourt. Une amitié sincère, qu’Ana était fière de partager avec elle, cette jeune femme qui la touchait tant. « Pourvu qu’elle vienne avec Lexie.. » se dit intérieurement Ana. Lexie n’était autre que le surnom qu’elle donnait à sa filleule, une bouille d’ange. Il faut avouer que l’argentine ne rêvait que d’une chose : attendre un enfant, devenir mère. C’était réellement son objectif, mais encore fallait-il que son fiancé soit d’accord (elle comptait lui en parler sous peu) et que l’horloge biologique soit bien à l’heure. Toujours est-il qu’en attendant, Ana rêvait d’avoir la relation qu’Hazel avait avec sa petite fille, qu’elle adorait. Une relation cependant teintée d’une meilleure parentalité au sens que si Hazel était une excellente maman, l’absence du papa devait forcément se ressentir bien plus qu’elle n’osait le montrer. Une situation difficile, qu’Ana évitait d’aborder, préférant laisser son amie en parler si elle le souhaitait et auquel cas, être une oreille attentive, une épaule et une amie de bon conseil. Mais aujourd’hui, c’était bel et bien Ana qui comptait se plaindre de ces foutus magistrats ! Aussi, elle arriva dans le salon de thé prévu pour le rendez-vous, avant de s’asseoir dans un de ces canapés moelleux et confortables. Elle regarda sa montre : Hazel ne devrait pas trop tarder, et en attendant, elle lirait la carte tant son ventre criait famine.

Cela faisait maintenant plusieurs semaines que la chirurgienne en pédiatrie du New York Presbyterian Hospital avait repris du service, mais cette fois-ci en tant que responsable de crèche et bien que l’angoisse avait été présente dès les premiers jours, Hazel commençait doucement à apprécier sa nouvelle condition. Cela ne changeait pas totalement de son ancien poste parce qu’en plus de toujours travailler au sein de l’hôpital, elle restait au contact des enfants. Les parents de ces derniers semblaient d’autant plus rassurés de savoir qu’une spécialiste en pédiatrie veillait sur leurs chères têtes blondes, mais s’occuper d’enfant à longueur de journée n’était pas non plus de tout repos et, une fois le soir venu, Hazel regagnait son appartement totalement lessivée.

Pour son jour de repos, l’australienne aurait bien voulu lézarder dans son lit quelques heures supplémentaires, mais les pleurs de Lexie n’avaient pas tardé de rappeler la jeune maman à l’ordre en l’obligeant ainsi à quitter la chaleur réconfortante de sa couette pour s’occuper de sa fille. On pouvait croire qu’Hazel avait programmé tout un tas de choses à faire, mais ce n’était absolument pas le cas. Depuis qu’Alexis avait pointé le bout de son nez et que Scott s’en était allé, une véritable monotonie s’était installée dans la vie de l’australienne. Bien sûr, la jeune femme pouvait toujours compter sur le soutien d’Ana Lucia et de Rafael, mais tous deux étaient pris par leur carrière respective qui ne leur laissait pas toujours l’occasion de se retrouver. Pourtant, avec la chute des hormones, Hazel avait un grand besoin de parler : elle s’était même défoulée sur le Dr Ioannis lorsque celui-ci était venu déposer sa fille à la crèche avant d’intégrer son tout nouveau poste de médecin légiste. Le pauvre avait dû la prendre pour une folle à lier ! Enfin, elle se confortait dans l’idée qu’il lui avait tout de même confié sa fille. Malheureusement, la journée ne s’annonçait guère prometteuse. La jeune maman commença – entre deux soins de puériculture - par un nettoyage de l’appartement ainsi que d’autres tâches ménagères qu’elle avait quelque peu négligé dernièrement et lorsqu’Hazel eut terminée, elle fut surprise de voir que l’horloge de la salle à manger affichait fièrement les trois heures de l’après-midi comme pour la narguer. L’australienne soupira et grimaça lorsque les gargouillis de son ventre se manifestèrent, lui rappelant ainsi qu’elle n’avait pas mangé depuis la veille, mais - tandis qu’elle s’apprêtait à se faire chauffer quelques restes – la sonnerie de son cellulaire l’interrompit et un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle vit la photo d’Ana Lucia s’afficher à l’écran.

Quelques minutes plus tard après cet appel inespéré qui venait de la faire sortir de sa routine, Hazel pénétra à l’intérieur du salon de thé où elles s’étaient donné rendez-vous – non sans s’être démenée comme une diablesse pour faire entrer la poussette de sa fille – puis balaya les tables d’un regard circulaire à la recherche d’Ana Lucia. Un sourire se dessina instantanément sur ses lèvres lorsqu’elle la vit plongée dans la lecture de la carte et elle ne tarda pas à la rejoindre. Hazel s’empressa alors de prendre sa fille pour la débarrasser de son manteau, puis se posta à côté d’Ana Lucia. « Coucou Marraine ! » s’exclama-t-elle pour attirer l’attention de l’argentine qui semblait avoir les traits tirés par la fatigue. Amusée par la réaction d'Ana et des sourires que lui adressaient Lexie, la jeune maman ne put s’empêcher de rire avant de faire la bise à sa meilleure amie et de lui tendre sa filleule pour qu’elle puisse la prendre dans ses bras. « Si tu savais comme ton appel est tombé à point nommé. ». Hazel soupira bruyamment, puis se laissant tomber sur le fauteuil d’en face. « Comment vas-tu ? » s’enquit-elle aussitôt, même si la question avait déjà été posée quelques minutes plus tôt par téléphone.

Parcourant la carte en long, en large et en travers, Ana Lucia ne savait que prendre. Par affection,, et si la carte regorgeait de boissons encore inexplorées dans cette grande ville qu'est New York, son choix se serait tout naturellement porté sur un maté. Le maté ?! Peu de personnes connaissaient en réalité ce nom. Appelé aussi chimarrão, le maté est une infusion traditionnelle issue de la culture des Amérindiens Guaranis et surtout ... consommée en Argentine, le pays natal d'Ana. Autant dire que pour l'argentine de souche, boire cette boisson chaude mettait ses papilles gustatives en éveil et réveillait un nombre incalculable de souvenirs.. tel qu'un moment passé avec ses deux parents adoptifs, un soir où ils étaient allés camper à la belle étoile et où le seul confort de la soirée résultait dans cet élixir des rois du pays. Un souvenir ancré en elle, qu'elle serait ravie de reparcourir intimement. Mais ce ne serait pas pour aujourd'hui, puisque même ce salon de thé ne s'ouvrait pas sur sa culture native, c'était plutôt difficile de trouver des denrées proprement argentines ici, quand bien même le pays se situait sur le même continent américain.

Souhaitant ainsi opter pour quelque chose de plus adéquate, elle remit en marche son esprit investigateur dans le but de faire une trouvaille aussi originale qu'appréciable. Mais elle fut tirée de sa sérieuse lecture par la sensation d'un poids s'enfonçant légèrement sur la banquette du canapé qu'elle occupait. « Coucou Marraine ! » Dans un oh! de surprise, elle arbora immédiatement un sourire des plus lumineux et abandonna l'objet qui retenait toute son attention depuis quelques minutes pour tendre les bras à Lexie. « Ma puce ! Oh ma chérie, comment tu es coiffée .. C'est encore maman qui a fait des siennes hein ? » dit-t-elle d'un rire enjoué, en replaçant les quelques pauvres cheveux qui partaient dans tous les sens depuis que sa maman lui avait retiré son manteau. « Si tu savais comme ton appel est tombé à point nommé. » Ana posa sa filleule sur ses genoux, face à elle pour lui parler et lui faire de grands sourires, avant de reposer son regard sur sa meilleure amie. « Ah oui ? Que se passe-t-il ? » eut-elle à peine le temps de répondre quand Hazel reprit la parole pour lui demander si tout allait bien. « C'est compliqué .. Tu as le temps ? » dit-elle sans intime conviction. Avant d'entamer sa plainte sans fin, il fallait qu'elle ait le feu vert de sa meilleure amie, qui devait par conséquence se montrer attentive et pleine de bons conseils pour répondre au "pourquoi ça ne va pas aussi bien que cela y parait". Evidemment, Ana Lucia avait une belle vie, que nombre de gens rêveraient d'avoir.. Mais il lui manquait quelque chose. De plus en plus, elle se demandait si dans les choix qu'elle avait fait au cours de sa vie, il n'y avait pas quelque chose qui clochait. Quelque chose, ou quelqu'un, mais un point ne correspondait pas à ce qu'elle désirerait.
Néanmoins, avant même d'entamer ce monologue psychologique qu'elle avait pour habitude d'entendre elle-même de la part des clients qu'elle défendait -et qui en passant, n'était pas son instant préféré- elle se résigna à retourner la question à sa meilleure amie. « Mais dis moi d'abord, tout n'a pas l'air d'aller comme sur des roulettes ? » Elle avait employé sans s'en rendre compte des mots à connotation enfantine et ce, avec une voix plus naïve que d'habitude et pour cause : elle s'amusait avec les petites mains de sa filleule. Tout en valsant entre un jeu avec l'attendrissante Lexie et le dialogue avec Hazel, elle attendait patiemment la réponse de cette dernière. A vrai dire, l'australienne paraissait fatiguée et affichait des traits tirés : cela inquiétait fortement sa meilleure amie, qui ne manquait pourtant pas de lui proposer son aide dès qu'elle en avait besoin, et que cela était possible au regard de leurs situations professionnelles. Apparemment, les deux femmes avaient un grand besoin de parler et c'était un endroit assez chaleureux et propice à la détente pour reprendre une bouffée d'air frais, en bonne compagnie.

Installée face à sa meilleure amie, Hazel observa la scène entre Ana Lucia et sa fille, un grand sourire peint sur les lèvres. « Ma puce ! Oh ma chérie, comment tu es coiffée… C’est encore maman qui a fait des siennes, hein ? ». L’australienne joignit son rire à celui de l’argentine et la regarda faire en penchant légèrement la tête sur le côté. Ana Lucia était une personne formidable. Lorsqu’elle voyait la manière donc elle se comportait avec Lexie, elle ne regrettait pas un seul instant de l’avoir choisi pour tenir un tel rôle auprès de sa fille. L’argentine n’avait pas encore d’enfant à charge, mais Hazel restait intimement convaincue qu’Ana ferait une mère formidable lorsque l’occasion se présenterait. La jeune femme n’était pas si différente de la chirurgienne : toutes deux avaient longtemps été accaparée par leur travail à un tel point que leur vie personnelle était passée entre parenthèses. Bien entendu, Scott lui avait donné Lexie, mais Ana Lucia, quant à elle, était toujours célibataire et n’avait d’autre passe-temps qu’une vie professionnelle bien chargée. Hazel espérait qu’au contact de sa filleule, Ana Lucia déciderait de prendre sa vie en main et de penser un peu à elle. Trouver un homme digne d’elle ne devait pas être trop compliqué car en plus d’avoir une beauté à couper le souffle, l’argentine était très intelligente et généreuse. « Ah oui ? Que se passe-t-il ? ». Arrachée de ses pensées par la question d’Ana Lucia, Hazel esquissa un sourire qui se voulait rassurant et haussa légèrement les épaules avant de lui répondre : « Oh, tu le sais bien… Avec tout ce travail j’ai rarement l’occasion de prendre l’air donc ça me change un peu les idées. » affirma-t-elle à son tour. « C’est compliqué… Tu as le temps ? ». Intriguée par une telle réponse, Hazel s’installa correctement sur son fauteuil, toute ouïe. « Je suis en repos, j’ai toute la journée. Tu peux y aller, je t’écoute. » dit-elle en posant sa tête en appuie sur sa main. Cependant, l’argentine semblait totalement absorbée par la présence de sa filleule et Hazel ne put s’empêcher d’en être captivée à son tour. Non seulement l’alchimie entre ceux-là l’avaient toujours amusé, mais surtout les sourires de sa fille lui mettaient constamment du baume au cœur. « Mais dis moi d’abord, tout n’a pas l’air d’aller comme sur des roulettes ? » reprit Ana Lucia sur un ton enfantin qui ne manqua pas de l’amuser. « Je ne sais pas trop, en ce moment je suis épuisée pour un rien. C’est peut-être la reprise, le nouveau poste que j’occupe ou alors je couve quelque chose. Je suis sûre que ce n’est rien de bien méchant, j’irais voir le médecin si ça persiste. » la rassura-t-elle. Cependant, elle omit volontairement de lui parler de Scott. Ce dernier accaparait ses pensées dernièrement et Hazel se demandait si elle avait eu raison de le pousser à partir. Un serveur les interrompit soudain pour prendre leur commande et après un rapide coup d’œil à la carte, Hazel opta pour un thé et un délicieux cupcake. Lorsqu’il s’éloigna enfin, elle reposa sa propre carte et s’intéressa de nouveau à l’argentine. « Alors dis-moi, qu’y a-t-il de si compliqué ? ». Elle plissa légèrement les yeux en se donnant un air mystérieux comme si la chose qu’Ana s’apprêtait à lui dire relevait d’un secret classé top défense.

Louchant sur les gourmandes patisseries qu'avaient soigneusement choisies leurs voisins de table, Ana Lucia hésitait encore plus quant à son choix culinaire. Une crêpe sucrée à la confiture ? Des pancakes au sirop d'érable ? Non, elle suivrait le choix de sa meilleure amie dans celui d'un cupcake coloré et un thé au jasmin. Un "excellent choix" lui déclara commercialement la serveuse. Ana Lucia ne put s'empêcher qu'elle n'était pas en position de dire le contraire, et que malgré sa gentillesse exacerbée, elle peinait à accomplir toutes les tâches qu'on lui avait confié. Mais trêve de bavardage intime, elle reposa son regard sur Hazel. « Oh, tu le sais bien… Avec tout ce travail j’ai rarement l’occasion de prendre l’air donc ça me change un peu les idées. » Chose que l'Argentine ne pouvait qu'acquiescer, tant elle se retrouvait dans cet aveu. « Je ne sais pas trop, en ce moment je suis épuisée pour un rien. C’est peut-être la reprise, le nouveau poste que j’occupe ou alors je couve quelque chose. Je suis sûre que ce n’est rien de bien méchant, j’irais voir le médecin si ça persiste. » Dans les cas où un proche d'Ana Lucia déclarait être un peu fatigué, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter constamment, jusqu'à ce que diagnostic s'en suive. Déformation professionnelle oblige, la médecine prenait une place réellement conséquente autant dans son métier que dans sa vie privée. « Tu ne devrais pas laisser trainer ça.. Vas voir le médecin demain. Et si tu refuses, je t'organise moi-même un rendez-vous et je t'y amène personnellement ! » allégua la belle métissée, prête à tout pour que son amie aille mieux, et aussi qu'elle évite de transmettre un petit virus à la jolie Lexie, qui semblait captivée par la couleur du haut d'Ana Lucia.
« Alors dis-moi, qu’y a-t-il de si compliqué ? » Elle ne savait pas à quoi elle s'exposait en lui donnant le feu vert qu'elle attendait.. Mais elle saurait être une oreille attentive et une amie de bon conseil, comme à son habitude. Attendant sagement leurs commandes, la belle brune prit une profonde respiration et commença à déblatérer ce qui lui pesait sur le coeur : « Je.. J'ai l'impression d'étouffer parfois. J'aimerais faire quelque chose là où personne ne m'attend, quelque chose de différent que le carcan dans lequel on m'a enfermée. Cet équilibre parfait : métro-boulot-dodo me lasse .. Et surtout.. je ne suis plus si sûre de mes fiançailles. On est trop similaires.. Je l'aime, mais je pense m'être réveillée et avoir compris qu'il ne serait qu'une belle période de ma vie. Une période qui approche de la fin. Tout ce que j'aimerais c'est quelque chose de nouveau, une bouffée d'oxygène ! » elle termina en baissant la tête, comme si elle ressentait une immense gène. Les yeux dans le vide, elle se pinça les lèvres et retint quelques larmes qui lui montaient au visage. « Et puis, il ne veut pas d'enfant. » C'était une discussion qu'elle n'avait pas eu besoin d'amener, tant il s'était permis de faire de désagréables allusions y faisant référence. Pas envie d'être lié, avait-il déclaré à un de ses potes, alors qu'Ana Lucia était non loin de lui et l'avait malencontreusement entendu. Cela avait fait l'effet d'une bombe et l'idée avait fait son cheminement dans l'esprit de l'Argentine. Désormais, seul le courage de dire les choses à son fiancé serait bienvenue. Lui qui ne s'attendait à rien de tout cela, allait se trouver en bien mauvaise posture. Mais pour une fois, il fallait qu'Ana Lucia pense à elle et elle espérait grandement que sa meilleure amie la comprenne. Il fallait qu'elle la comprenne, sinon cela remettrait tout en question. Elle releva doucement la tête dans sa direction, dans l'espoir d'y découvrir un peu de compassion. Que dis-je ? De soutien. Oui, elle en avait vraiment, vraiment besoin et ce, malgré les apparences enjouées qu'elle affichait sur son visage fin.