sora & enzo

❝ i'm the other one, keep going ❞

Tapant du pied sur le rythme de la musique, Enzo se balançait ici et là en grattant les cordes de sa guitare et en chantant. Seul dans son salon, le jeune homme essayait de composer une nouvelle chanson et il en arrivait au point où il corrigeait les petites erreurs en jouant la chanson encore, et encore, et encore, jusqu'à ce qu'elle l’insupporte tellement qu'il la déclare « assez bonne comme ça ». Surtout que là, la chanson était presque « physique » tellement il chantait vite. C'était ça, la petite patte d'Enzo, ces mots assemblés parfaitement sur une mélodie entraînante, des jeux de mots, des figures de style, des rimes improbables, mais qui finissaient par s'assembler pour former une chanson tellement rythmée que même lui avouait kiffer ses propres sons. Dérangé dans son ouvrage par un étrange bruit, comme une vibration, Enzo n'avait pas tenu plus de cinq minutes avant de s'arrêter de jouer, agacé. Son téléphone se trouvait sur sa table basse, juste à côté des paroles et des notes qu'il ne quittait presque jamais des yeux, il était donc impossible que ce soit lui qui fasse du bruit. Il glissa sa guitare près du canapé et commença donc sa recherche, qui devint bien vite effrénée ; enfin, il trouva le coupable, qu'il reconnut rapidement comme étant le téléphone de son jumeau, qu'il avait probablement fait tomber sous le canapé. Dès qu'il l'eut en main, il se remit à vibrer, et Enzo remarqua que c'était la fiancée de son frère qui était en train d'essayer de l'appeler ; malheureusement, il n'eut pas le temps de répondre que déjà, l'appel s'arrêtait. Ensuite, il ne reçut qu'un message, lui demandant – enfin, demandant à Danjel – de venir le plus vite possible, que c'était vraiment urgent. Urgent ? Enzo savait sa future belle-soeur enceinte, est-ce que ça pouvait avoir un rapport avec ça ? Depuis qu'une femme avait décidé d'accoucher durant l'un de ces concerts, trois mois précédents, c'était forcément la première chose qui lui venait à l'esprit. Alors, n'hésitant pas, le jeune homme sauta sur ses pieds et attrapa sa veste avant de sortir rapidement dans le froid new-yorkais pour se rendre à l'appartement de Sora, faute de savoir où pouvait se trouver son frère pour l'avertir qu'elle avait besoin de lui mais tout de même vraiment content que celui-ci l'ai amené chez elle pour la lui présenter, si bien qu'il se souvenait à peu près du chemin. Il monta donc dans sa voiture et, passant par les bords de l'East River par Brooklyn pour éviter les embouteillages, fila jusqu'au Bronx et Co-op City, où vivait Sora. Il gara négligemment sa voiture et sortit rapidement de l'habitacle pour se laisser guider par ses souvenirs jusqu'à l'immeuble de Sora, puis son appartement à la porte duquel il toqua. N'obtenant cependant pas de réponse, le jeune homme grimaça avant de tourner la poignée, qui ouvrit la porte. « Euh... y'a quelqu'un ? Sora ? » demanda le jeune homme en avançant d'un pas timide vers l'intérieur.

Assise en tailleur sur son lit, cheveux blonds attachés rapidement en un chignon, la jeune femme mordillait d’un air absent le haut de son stylo tandis qu’elle relisait certaines des notes qu’elle avait prises lors de ses derniers cours – pour le peu qu’elle allait à l’université. Les examens arrivant à grand pas et la jeune femme voulant tout essayer pour avoir son année malgré tout ce par quoi elle passait, elle était parvenue à trouver un moyen d’obtenir tous les cours qui lui manquaient et les avait complété à l’aider ses propres notes. Fatiguée par sa grossesse, ce que le médecin ne cessait de lui dire être normal malgré son passé lié à la drogue, la Guatémaltèque faisait ce qui lui paraissait le plus judicieux ces derniers jours et passait donc une grande partie de son temps dans son appartement penchée au-dessus de ses cours, à lire certains des livres obligatoires si elle souhaitait réellement avoir son année, tout en dormant quelques fois lorsque vraiment l’épuisement était plus fort qu’elle. Comme bien souvent, Sora ne vit pas le temps passer, si bien que ce fut une douleur dans le haut de son dos et qui se propagea dans ses épaules qui la força à se redresser mais également à quitter son lit pour se dégourdir les jambes. Les yeux irrités de s’être focalisés sur la lecture aussi longtemps, la jeune femme les massa doucement tout en se dirigeant vers la cuisine de son appartement tristement vide depuis le départ de sa colocataire et une fois devant le réfrigérateur elle resta un long moment à juger chaque chose présente à l’intérieur à la recherche de ce qui conviendrait le mieux à son estomac cette fois-ci.

Malheureusement, alors qu’elle se penchait pour attraper la dernière crème dessert à la vanille, une douleur vint barrer le bas de son ventre, éveillant une grimace sur le visage de Sora qui s’arrêta brusquement dans son geste. Main portée sur son ventre de plus en plus arrondi par les mois de grossesse, elle le massa et pensa avoir réussi à faire disparaître la douleur jusqu’à ce qu’une fois redressée cette dernière revienne à l’attaque, lui faisant perdre l’équilibre. Se rattrapant de justesse au plan de travail derrière elle, un cri de douleur lui échappa tandis que la Guatémaltèque se pliait en deux dans l’espoir d’atténuer cette souffrance qui ne semblait pas vouloir se dissiper et qui, au contraire, ne faisait que grandir de seconde en seconde forçant la jeune femme à tomber à genoux. Il lui fallut deux longues et douloureuses minutes avant de parvenir à se traîner – voire ramper – jusqu’au salon de son appartement où elle attrapa son portable et composa le numéro de son fiancé qu’elle connaissait par cœur, menant ensuite le téléphone à son oreille. Les douleurs, quant elles, ne cessèrent pas, arrachant larmes et cris à la jeune femme qui sentait la panique l’envahir de seconde en seconde. Et si elle était en train de perdre son bébé ? Et si elle était en train de faire une fausse couche malgré toute la prudence dont elle faisait preuve depuis qu’elle savait être enceinte ? Serait-elle capable de s’en remettre si jamais c’était le cas ?

Et pour rajouter à sa panique, son petit ami refusait de répondre même si l’idée qu’il soit en cours ne lui traversa même pas l’esprit, si bien qu’elle s’empressa de lui envoyer un message pour le faire rappliquer au plus vite avant de laisser tomber le portable sur la table basse pour ensuite se recroqueviller sur le sol de son salon, les larmes coulant le long de ses joues tandis qu’elle priait en silence pour que les douleurs s’arrêtent et qu’elle ne soit pas en train de perdre son enfant. Elle ignorait combien de temps s’était écoulé entre le temps où elle avait envoyé le message à Danjel et celui où la porte de son appartement s’ouvrit. Couchée par terre, elle avait été tellement focalisée sur sa douleur et sur sa peur, qu’en réalité elle n’avait même pas entendu la porte s’ouvrir et ne bougea pas d’un millimètre. « Euh... y'a quelqu'un ? Sora ? » Ramenée à la réalité par cette voix familière mais qu’elle avait appris à distinguer par un miracle qui encore aujourd’hui lui échappait, Sora fronça ses sourcils et se redressa comme elle le put avant qu’une nouvelle douleur ne se propage dans tout son corps lui arrachant un cri tandis qu’elle retombait sur le sol, à bout de force. « Je suis là Enzo … » Parvint-elle à lancer malgré tout, une main de nouveau portée à son ventre tout en essayant une fois de plus de se relever, sans succès, ne parvenant qu’à réanimer une fois de plus la douleur.

Enzo se disait que Danjel ne pourrait évidemment pas lui en vouloir qu'il soit allé à sa place voir Sora, il se disait que ça avait l'air important, peut-être que quelque chose était en train de mal tourner et de toute façon, le jeune homme n'allait pas rester à se tourner les pouces en sachant que sa future belle-soeur était peut-être quelque part en mauvaise position. Du coup, lorsqu'il ne reçut aucune réponse en tapant à la porte de l'appartement de la jeune femme, Enzo n'avait pas vraiment hésité avant de s'inviter à l'intérieur, surtout lorsqu'il se rendit compte qu'il le pouvait et qu'elle n'avait pas verrouillé. Il entra donc dans l'appartement, et ne tarda pas à appeler la blonde sans être capable de la trouver. « Je suis là Enzo … » entendit-il finalement vers le salon. Il ne prit pas le temps d'être surpris par le fait qu'elle l'avait reconnu alors qu'il avait à peine prononcé quelques mots et se précipita jusqu'au salon, où il la trouva recroquevillée sur le sol, à tenir son ventre, une grimace de douleur gravée sur le visage. Aussitôt, il se dit qu'il avait eu raison, qu'il y avait vraiment un problème avec son bébé, et il se bénit presque d'avoir trouvé le téléphone de son frère et de n'être pas sorti comme prévu initialement, comme ça il avait pu le trouver et venir au secours de Sora lorsqu'elle avait appelé à l'aide. Seulement, serais-ce suffisant ? Se précipitant à ses côtés, il s'agenouilla près d'elle et tenta d'appuyer le dos de la jeune femme contre ses cuisses, ne sachant pas vraiment quoi faire mais se rappelant de ce qu'avaient fait les spectateurs de son show lorsque la femme avait accouché pendant son concert ; même si il espérait que Sora n'accouche pas maintenant, ça semblait bien trop tôt ! « Qu'est-ce qui t'arrive ? Le bébé ? » demanda-t-il, crevant un ballon déjà percé en lui posant une question dont la réponse était évidente. Quoi, il paniquait ! Même si il réussissait toujours à se sortir des pires situations, ça ne voulait pas dire qu'il avait tendance à paniquer plutôt facilement. « Est-ce que, est-ce que je dois t'emmener à l'hôpital ? » reprit-il d'une voix plus aiguë avant de hocher la tête. « Oui, je dois t'emmener à l'hôpital. » se répondit-il à lui même. Il se redressa en tentant de brusquer aussi peu que possible la blonde et réfléchit un instant avant de se baisser de nouveau pour passer une main sous ses genoux et l'autre sous son dos. « Ok, je sais pas si ça va faire mal... arrête moi si c'est le cas. » déclara-t-il, doutant qu'elle puisse marcher de toute façon. Il la souleva donc, grimaçant sûrement autant qu'elle, avant de la caler enfin dans ses bras et de faire volte-face pour sortir de l'appartement, refermer la porte avec l'aide de la jeune femme et emprunter doucement, laborieusement mais sûrement les escaliers jusqu'à sa voiture garée non loin. « Ca va ? » lui demanda-t-il en la déposant près de sa voiture, incapable d'attraper ses clefs autrement.

Putain le RP trop angoissant quoi XD du coup j'ai répondu de la merde et je suis partie pour l'hôpital, j'ai suivi Enzo quoi x)
EH EH EH j'en ai une autre. Enzo & Sora. Enzo essora ; celle là non plus t'y avais pas pensé. Badum tss ! & de trois (a) plus que la moitié & j'ai refait le portrait de tous tes persos XD

Les crampes étaient à la limite du soutenable. En réalité, elles ne l’étaient pas du tout et Sora aurait tout donné pour être assommée sous l’effet de la douleur pour ainsi ne plus avoir l’impression d’être torturée. Les larmes coulaient le long de ses joues sans qu’elle ne parvienne à les arrêter. La douleur était si intense que, de toute manière, elle concentrait toute son énergie sur le fait de tenter de se calmer, d’évacuer la panique qui la gagnait bien que ce soit sans grand succès si bien que ses larmes étaient le cadet de ses soucis. Elle était physiquement – parfois même psychologiquement – fragile, la jeune femme le savait parfaitement, et le fait d’être sujette à une douleur dont elle ne parvenait pas à déterminer la source la faisait d’autant plus paniquer. Si elle avait eu peur à l’annonce de sa grossesse, si elle avait craint de ne pas être capable de gérer un enfant si jeune – et ce d’autant plus quand Danjel avait pris la fuite quelques temps – désormais elle ne pouvait pas se faire à l’idée de perdre son bébé bien qu’une partie d’elle-même semblait vouloir lui faire comprendre que ce n’était pas le cas, mais la Guatémaltèque n’écoutait pas. Puisqu’il s’agissait de sa première grossesse et que peu de personne dans son entourage avait eu un enfant récemment, elle ne savait pas à quoi s’attendre, elle ne savait pas quoi penser de ces douleurs abdominales si bien qu’elle ne parvenait qu’à imaginer le pire en malchanceuse qu’elle avait pu être ces derniers mois.

Toutefois, l’arrivée d’Enzo fut une douce consolation pour la jeune femme. Elle avait été incapable de joindre son fiancé et avait craint de rester à se tordre de douleur sur le sol de l’appartement jusqu’à ce qu’il vienne la voir, mais le jumeau de ce dernier était désormais son sauveur et le soulagement que la jeune femme ressenti parvint à faire diminuer la peur qui lui retournait l’estomac et faisait accélérer son rythme cardiaque. Evidemment, la voir dans un tel état de détresse n’aida pas Enzo à rester calme et Sora ne pouvait pas le blâmer, pas avec la grimace qu’elle faisait et le fait qu’elle était incapable de se relever sans pousser un cri de douleur. « Qu'est-ce qui t'arrive ? Le bébé ? » D’un simple mouvement de la tête, elle confirma la source de son problème tandis que de nouvelles larmes l’assaillaient. Elle ne voulait pas perdre son bébé, surtout pas car elle savait pertinemment qu’elle ne pourrait pas s’en relever, pas en ayant déjà tellement perdu. « Est-ce que, est-ce que je dois t'emmener à l'hôpital ? Oui, je dois t'emmener à l'hôpital. » L’hôpital … Elle n’avait même pas envisagé de si rendre. Elle imaginait déjà la tête de ses parents qui travaillaient au Lenox Hill et qui, selon sa mémoire, étaient de garde à cette heure-ci. Elle allait encore éveiller un vent de panique chez eux alors que depuis sa dernière overdose, tout avait été assez calme au niveau de sa santé.

Cependant, elle n’alla pas contre l’idée de l’Espagnol, pas en sachant que c’était exactement l’endroit où elle devait aller dans son état. « Ok, je sais pas si ça va faire mal... arrête-moi si c'est le cas. » Une nouvelle grimace de douleur déforma le visage de Sora lorsqu’Enzo la prit contre lui. Elle serra les dents de toutes ses forces pour essayer de contenir la douleur et enfonça ses ongles dans la paume de ses mains comme pour la déplacer à ce niveau plutôt qu’au bas de son ventre. L’appartement quitté, la porte fermée, quasiment arrivés à la voiture du jeune homme et une fois les pieds au sol, Sora due se poser contre la carrosserie afin de garder un minimum d’équilibre et ainsi éviter une collision avec le béton de la rue. « Ça va ? » La Guatémaltèque leva un regard baigné de larmes vers l’Espagnol et se mordit la lèvre inférieure pour contenir un sanglot pour ensuite secouer faiblement la tête. « Je tiens le coup. » Lâcha-t-elle faiblement. « Comment … » Sora due cesser de parler lorsqu’une nouvelle crampe la gagna. Levant la tête en direction du ciel, elle expira en humidifiant ses lèvres le temps que la douleur s’estompe un tant soit peu, puis elle reporta son regard sur Enzo. « Comment ça se fait que tu sois là ? » Parvint-elle à lui demander, les sourcils froncés afin d’exprimer sa curiosité tandis qu’il fouillait dans ses poches à la recherche des clés de sa voiture.

Enzo avait toujours eu le don de se mettre dans les pires situations, et il avait appris avec le temps qu'il n'était pas le genre de personne à gérer particulièrement bien le stress. Bien sûr, il arrivait à faire « ce qu'il fallait », comme il l'avait fait lorsqu'un fan s'était introduit dans son studio et les avait pourchassés, Tallulah et lui, en leur flanquant la frayeur de leur vie ! Mais plus généralement... Enzo était du genre à paniquer. Il était touche à tout mais avait l'impression de ne rien connaître en profondeur, par conséquent il savait que les douleurs de Sora n'annonçaient rien de bon mais il n'en connaissait pas assez pour pouvoir vraiment lui tenir assistance. Tout ce qu'il espérait, c'était que la jeune femme puisse tenir jusqu'à ce qu'il l'emmène à l'hôpital, où là les gens seraient plus à même de savoir ce qui clochait et, au besoin, de leur sauver la vie.

« Je tiens le coup. » lui répondit Sora alors qu'Enzo cherchait ses cles de voiture dans ses poches et lui avait demandé si elle supportait la douleur. A voir son visage baigné de larmes et ses yeux complètement inondés d'eau salée, Enzo se doutait qu'elle tenait à peine le coup. Et c'était exactement le moment qu'avait choisi ses clefs pour jouer à cache-cache ! « Comment... Comment ça se fait que tu sois là ? » reprit-elle alors qu'enfin, il sortait victorieusement ses clefs de sa poche. Il ouvrit la portière arrière et aida du mieux qu'il put Sora à s'installer aussi confortablement que possible sur la banquette arrière. « Dan a oublié son portable chez moi, enfin il l'a fait tomber, je sais pas trop. Du coup quand j'ai reçu ton message par erreur, je me suis dit que c'était important, puis comme je savais pas comment joindre Danjel... je pense que j'ai eu raison. » maugréa-t-il, ne cachant pas son inquiétude pour la fiancée de son frère jumeau. Il se retira de la voiture pour refermer doucement la porte et se précipita jusqu'à la place passager. « Bon, je vais vraiment faire mon possible pour que ça bouge pas trop. » déclara-t-il d'une voix chevrotante en mettant le contact et en démarrant sa voiture. Il n'avait jamais trouvé son 4x4, aux roues pourtant parfaitement amorties, aussi difficile à conduire. Il avait l'impression de rouler à Bagdad, alors que les rues étaient parfaitement bien bétonnées – ou presque.

Enzo eut l'impression que le trajet jusqu'à l'hôpital fut interminable. Il tentait tant bien que mal de faire la conversation à Sora, de lui changer les idées, mais il savait que c'était peine perdue et de toute façon, le ton de sa voix ne laissait aucun doute sur le fait que lui aussi ne se sentait pas très bien. « On y est presque ! » s'exclama-t-il en tournant dans la rue de l'hôpital pour s'arrêter juste devant la porte des urgences. Dès qu'il sortit de la voiture, deux urgentistes coururent vers lui, un brancard prêt à être déployé. « Ma belle-soeur a des douleurs abdominales très fortes, elle est enceinte... » expliqua-t-il en ouvrant la porte arrière pour permettre aux urgentistes de la mettre sur le brancard alors qu'il restait près d'elle, bien décidé à ne pas la lâcher.

Elle allait mourir si ces douleurs ne cessaient pas bientôt. Sora avait connu de mauvaises périodes, elle avait connu des moments douloureux - autant physique que psychologique - mais celui-là remportait haut la main la palme d'or des pires situations. Même sa dernière overdose lui semblait avoir été plus douce, probablement parce qu'elle s'était assommée contre le coin de la baignoire lorsque ses jambes avaient refusé de la porter et que, de cette manière, elle avait perdu connaissance au beau milieu de la salle de bain de son appartement. Seulement cette fois, que la douleur soit insupportable ou non, la jeune femme refusait de tourner de l'œil pas en ignorant si oui ou non cette probable perte de connaissance aurait un effet quelconque sur ce qui lui arrivait. Mais, même si elle s'efforçait de se rassurer, de s'affirmer mentalement que ce qui était en train de se passer n'était rien de grave, elle ne parvenait pas à chasser la crainte de perdre son bébé dans son esprit. Ce serait là la pire chose qui pourrait lui arriver surtout maintenant qu'elle s'était autant attachée à cet enfant quand bien même ignorait-elle toujours le sexe de ce dernier. Elle ne pouvait pas envisager l'idée de le perdre, pas une seule seconde et pas alors qu'elle faisait de son mieux pour avoir une vie saine et posée, bien plus que par la passé en tout cas.

Malheureusement, il semblerait que sa santé fragile vienne tirer la sonnette d'alarme pour lui rappeler qu'elle était bien plus en "danger" qu'une grande partie de la population et que c'était d'autant plus le cas en étant enceinte, ce que son médecin lui avait déjà souligné sans jamais lui faire part des risques de fausse couche, ce qu'elle avait considéré comme pas plus mal à l'époque. Toutefois, debout près de la voiture d'Enzo alors que ce dernier fouillait désespérément dans ses poches à la recherche de ses clés, Sora aimé être mieux informée pour - peut-être - se sentir plus rassurée et ne pas paniquer comme elle était en train de le faire à chaque fois que les crampes se réveillaient. « Dan a oublié son portable chez moi, enfin il l'a fait tomber, je sais pas trop. Du coup quand j'ai reçu ton message par erreur, je me suis dit que c'était important, puis comme je savais pas comment joindre Danjel... je pense que j'ai eu raison. » Se rappelant sa question posée précédemment, Sora ne put qu'opiner du chef à l'entente de la réponse de l'Espagnol. Même si elle aurait préféré que Danjel soit celui venant lui porter secours - pour une énième fois - elle était tout de même bien heureuse qu'Enzo soit là et qu'il ait suivi son instinct. Toujours silencieuse, elle remercia le jeune homme d'un léger sourire - plus une grimace en réalité - lorsqu'il l'aida à monter dans le véhicule avant qu'il ne ferme la porte et prenne place face au volant. « Bon, je vais vraiment faire mon possible pour que ça bouge pas trop. » Ne pouvant s'empêcher de légèrement pouffer, Sora tenta de trouver une position plus confortable pour le voyage et s'efforça de répondre aux paroles de l'Espagnol à chaque fois qu'il s'adressa à elle afin de se changer les idées jusqu'à ce que l'hôpital soit en vue. La voiture à peine garée devant les urgences, elle vit plusieurs médecins et une civière arriver à toute vitesse, à croire qu'ils avaient été prévenus de leur arrivée par un moyen qui lui échappait totalement.

« Ma belle-soeur a des douleurs abdominales très fortes, elle est enceinte... » Sortie de la voiture, une nouvelle grimace déforma son visage alors que les urgentistes la posaient sur la civière avec autant de douceur que possible avant d'entrer dans le bâtiment. « Vous en êtes à combien de semaines ? » Blanc. Les sourcils de la Guatémaltèque se froncèrent quelque peu alors qu'elle réfléchissait à la question tout en voyant le plafond défiler sous ses yeux. « Hm ... dix-neuf semaines je crois ... » En réalité elle ne s'était pas amusée à compter le nombre de semaines ayant eu d'autres préoccupations ces derniers mois. Son regard alla alors se poser sur Enzo qui continuait de suivre les urgentistes et la civière sur laquelle elle se trouvait. « Il faudrait réussir à appeler Danjel. » Lâcha-t-elle en serrant les dents, une main posée sur son ventre alors que les urgentistes s'arrêtèrent au niveau du guichet d'accueil des lieux afin d'annoncer l'arrivée de la jeune femme. « Il risque de paniquer étant donné la raison de ma dernière hospitalisation. » Sora pencha sa tête en arrière pour s'assurer que seul Enzo l'avait entendu alors que les médecins ne tarderaient pas à avoir son dossier entre leurs mains et ainsi savoir que sa dernière hospitalisation était due à une overdose. « Je suis désolée de t'avoir dérangé pour un moment si joyeux. » S'excusa-t-elle en levant les yeux au ciel avant de lui adresser un petit sourire qu'elle voulait sincère. Son beau-frère (ça me fait sourire à chaque fois que j'écris ça ->) avait probablement mieux à faire que de la retrouver dans un état pas possible et que de l'emmener aux urgences quand bien même était-elle bien contente d'avoir Enzo près d'elle.

Même si Enzo ne connaissait pas vraiment Sora, il ne comptait pas le moins du monde l'abandonner alors qu'elle était en si mauvaise position. Après avoir réussi à la soutenir jusqu'à la voiture & conduite jusqu'à l'hôpital le plus proche, la jeune femme était maintenant entre les mains des urgentistes qui commencèrent à poser des questions à Sora concernant sa grossesse. « Hm ... dix-neuf semaines je crois ... » Enzo, lui, se contentait simplement de suivre le mouvement. « Il faudrait réussir à appeler Danjel. Il risque de paniquer étant donné la raison de ma dernière hospitalisation » lui fit remarquer Sora, l'expression douloureuse. Enzo hocha la tête ; il ne savait pas le détail de l'hospitalisation de Sora mais il savait que ça avait un rapport avec la drogue. Enzo était bien la dernière personne à pouvoir juger la blonde, le jeune homme connaissait des gens dans une situation similaire et ça ne l'empêchait pas de vouloir simplement les aider. « Je suis désolée de t'avoir dérangé pour un moment si joyeux. » déclara la jeune femme ; le musicien se contenta d'abord de hausser les épaules. « T'excuses pas, Sora, je suis juste soulagé d'avoir pu t'amener ici... » souffla le jeune homme chez qui la pression commençait tout juste à redescendre. Voir les médecins s'agiter autour d'eux, les urgentistes prendre le contrôle de la situation, était plutôt rassurant et tout ce qu'il pouvait espérer maintenant était qu'ils soient arrivés à temps pour stopper peu importe ce qui était en train d'arriver. « Monsieur, vous ne pouvez pas passer cette porte. Un médecin viendra vous tenir au courant dès qu'on en saura plus. » déclara une infirmière en stoppant Enzo alors qu'ils avançaient à travers les urgences. Aussitôt, Enzo dut s'arrêter et lança un regard qu'il voulut aussi rassurant que possible à la jeune femme. « J'essaie d'appeler Dan ! » s'exclama-t-il alors qu'un autre médecin lui faisait remarquer que sa voiture était toujours garée devant les urgences et qu'il n'allait pas tarder à gêner d'éventuelles ambulances. Rendant les armes, Enzo fit volte-face lorsque les portes se furent refermées sur Sora et se dirigea vers l'entrée des urgences pour monter de nouveau dans sa voiture. Pendant qu'il cherchait un endroit à se garer, il réfléchit à un moyen de contacter Danjel ; il ne servait à rien qu'Enzo parte à l'exploration de New York, il ne savait pas du tout où pouvait se trouver son frère maintenant puisque le musicien avait quitté le pays pendant plusieurs mois & venait tout juste de rentrer, si bien qu'il ne savait pas vraiment à quoi son jumeau occupait son quotidien. Dès qu'il fut garé, cependant, une idée lui vint à l'esprit ; ou plutôt, une personne. Enfin, deux. Les jumeaux O'Maley ; Enzo ne les connaissait pas plus que ça, mais elle savait qu'ils étaient proches de Dan pour les avoir rencontré quelques fois – en plus de ça, ils étaient également les frère & sœur de Tallulah, sa meilleure amie. Aussitôt, il envoya donc un message à l'africaine pour lui demander le numéro de téléphone des jumeaux, qu'il reçut à peine un instant plus tard. Le numéro de Ben résultait en un échec de réseau et, malheureusement, il fut redirigé vers la messagerie de Kat après deux tonalités à peine. Fronçant les sourcils, il décida tout de même de laisser un message, puisqu'il n'avait de toute façon pas d'autre idée brillante pour retrouver son jumeau. « Kat, bonjour, c'est Enzo... Donovan, le frère de Dan. Il a oublié son portable chez moi et il est arrivé quelque chose à Sora, je sais pas du tout comment le joindre et j'espérais que tu saurais où il est. Enfin, voilà, c'est plutôt urgent, c'est à propos du bébé... On est au Lenox Hill, si t'arrives à joindre Dan. Merci ! » Enzo soupira en raccrochant mais ne s'attarda pas avant de retourner à l'hôpital, retournant devant la porte dont il s'était vu refusé l'accès un peu plus tôt.


BON. Je savais plus à quel hôpital j'avais dit qu'ils étaient allés, je suis sûre que c'est pas le Lenox mais t'en as parlé so, peut-être que tu pourras l'utiliser XD

Kat avait l'impression que la danse n'avait jamais été aussi stressante pour elle de toute sa vie. Alignée avec une vingtaine d'autres jeunes dans une grande salle aux murs couverts de miroirs, la jeune femme avait plus envie de disparaître sous terre que de se mettre à sautiller comme elle en avait l'habitude. C'était la première fois qu'elle passait un casting en bonne et due forme, et le stress était doublé par le fait que cette fois, de sa réussite dépendait en partie ce qu'elle allait manger pour la fin du mois. Après quelques semaines de découragement, Kat avait finalement décidé d'abandonner définitivement ses études de médecine, dont sa famille n'avait de toute façon pas payé le dernier semestre, pour se consacrer à la danse. Après tout, pourquoi pas ? Elle devait gagner son propre argent et elle se disait que la danse était sa passion, ce dans quoi elle excellait. Cependant, une fois devant le fait accompli, Kat n'en menait pas large ; elle avait vraiment peur de perdre ses moyens, parce qu'avant, si elle se trompait, si elle chutait, ça ne mettait pas en jeu son futur. Et plus elle approchait du moment où ce serait à elle de danser, plus elle prenait conscience. Soudainement, la sonnerie de son portable la sortit de ses pensées et elle sentit son sang se glacer alors que tous les regards se tournaient vers elle. Elle se précipita jusqu'à son sac pour presser le bouton « ignorer » et se tourna vers le jury, qui lui lança un regard condescendant avant que l'un d'entre eux ne lève brièvement les mains en l'air, lui laissant le choix de rester ou de partir pour son coup de téléphone. Kat baissa les yeux vers son portable : elle venait de recevoir un message d'un numéro qu'elle ne connaissait pas. Et si c'était important ? Et si son frère avait changé de numéro mais avait besoin d'elle ? Et si c'était Jazz – dont elle n'aurait JAMAIS le numéro de téléphone dans son répertoire – qui voulait l'avertir qu'il était arrivé quelque chose à son jumeau ? Soupirant, Kat ferma brièvement les yeux mais elle avait déjà fait son choix ; elle prit son sac, le glissa sur ses épaules et prit son manteau en sortant de la salle. Alors qu'elle descendait les escaliers du bâtiment, elle pressa son téléphone contre son oreille pour écouter le message. « Kat, bonjour, c'est Enzo... Donovan, le frère de Dan. Il a oublié son portable chez moi et il est arrivé quelque chose à Sora, je sais pas du tout comment le joindre et j'espérais que tu saurais où il est. Enfin, voilà, c'est plutôt urgent, c'est à propos du bébé... On est au Lenox Hill, si t'arrives à joindre Dan. Merci ! » Elle crut d'abord reconnaître la voix de son meilleur ami, Danjel, lorsqu'on l'interpella par son prénom, mais finalement, c'était son frère jumeau, Enzo. Mais plus important, la situation semblait être grave. Ne réfléchissant pas deux fois, elle dévala les escaliers quatre à quatre en vérifiant l'heure ; Danjel était forcément en cours à cette heure. Dès qu'elle sortit dans la rue, elle fut interrompue par le trafic dans l'avenue qui était à en faire pâlir les conducteurs les plus aguerris. Pestant, elle abandonna l'idée de récupérer sa voiture et s'engouffra dans une bouche de métro pour rejoindre l'université de Danjel. Kat ne connaissait pas vraiment Sora, et elle savait surtout que cette dernière ne l'aimait pas vraiment. Comment l'en blâmer ? Kat & Danjel étaient bien sortis ensemble pendant un temps et, plus récemment, Kat s'était laissée emporter par l'alcool & ils avaient failli déraper avant qu'ils ne réalisent que, cette fois comme la précédente, ils ne partageaient qu'une profonde et sincère amitié. Enfin, Kat ne s'en formalisait pas trop non plus, si Danjel l'aimait, c'était qu'elle devait avoir un bon fond, elle comprenait que la blonde se sente en danger mais elle savait aussi qu'elle n'avait aucune raison de l'être. Après tout, Kat était mariée, heureuse en ménage et même si elle ne l'était pas, ils avaient assez échoué avec Dan pour ne pas se reprendre à faire les mêmes bêtises. Après avoir fait les deux premiers étages du département où étudiait Danjel, Kat le vit enfin à travers la vitre de l'une des portes de classe. Sans cérémonie, la jeune femme entra, interrompant ainsi le cours, tentant de ne pas sourire en se disant qu'elle était ravie de ne plus être étudiante et de pouvoir faire ça sans n'en avoir rien à faire – et puis, en réalisant l'importance de la chose, Danjel ne pourrait pas lui en vouloir. « Important ! Sora à l'hôpital, bébé, Enzo, portable perdu, en route ! » s'exclama-t-elle en se plantant devant Danjel pour ranger d'office ce qui se trouvait devant lui.

Je viens de réaliser que Kat/Enzo c'est un OTP manqué, ils auraient été trop adorables -> c'était l'intervention du jour bonjour !

Kat n'avait pas pris le temps de réfléchir lorsqu'elle avait reçu l'appel d'Enzo et elle n'avait pas hésité avant d'abandonner tout ce qu'elle était en train de faire pour aller retrouver son meilleur ami. Peut-être aurait-elle décroché un job, si elle était restée au studio, qu'elle avait dansé comme elle savait si bien le faire ? Peut-être, oui. Elle savait qu'elle ne pouvait pas vraiment jouer avec ça, que maintenant, l'aspect financier entrait dans la balance et que si elle attendait trop avant de décrocher un job, si elle se permettait d'envoyer balader des opportunités tous les deux jours, elle allait bien vite finir sur la paille, et elle ne voulait vraiment pas être dans la position où sa famille pourrait la regarder de haut et prouverait leur point que, sans eux et avec Chris, elle était incapable de prendre soin d'elle et de garder sa tête hors de l'eau. Seulement, là, le cas avait été majeur et Kat ne pouvait vraiment pas faire autrement que de faire l'intermédiaire entre Danjel et son frère jumeau. « Qu’est-ce que tu fous ici ? » s'était d'ailleurs exclamé Danjel lorsque la jeune femme s'était présentée devant lui, ne lui demandant pas son avis avant de ranger tout ce qui se trouvait devant lui. Elle ne trouva d'ailleurs pas le temps de mettre en place une explication cohérente avant de balancer des mots à son ami qui, dès qu'il prit conscience que sa petite amie était en danger, l'aida à ranger. A cet instant, elle ne pouvait pas se foutre moins des regards braqués sur eux, et ce fut sans un regard en arrière qu'elle entraîna Danjel à sa suite à l'extérieur de l'université, puis dans les dédales du métro. « J'ai pensé que ce serait plus rapide qu'en voiture. » expliqua-t-elle simplement pour justifier le fait qu'elle ai laissé sa voiture devant le studio de danse où elle avait passé son audition.

Pendant tout le trajet, Kat avait tenté de rassurer son ami, même si elle ne savait pas vraiment quoi lui dire vu qu'elle n'avait aucune information concernant l'état de sa fiancée. Enzo avait été plutôt bref, et sous le coup de l'angoisse, elle n'avait de toute façon pas pensé à le rappeler pour lui demander plus de précisions. Danjel était tendu, ça se voyait parfaitement, et Kat ne savait pas vraiment quoi faire pour le détendre, finissant par rendre les armes en retrouvant le silence, se contentant de poser sa main sur l'avant bras du jeune homme dans un signe de compassion. Lorsqu'ils arrivèrent devant l'hôpital, Kat prit à peine le temps de l'arrêter, comprenant l'urgence dans laquelle il était. « Vas-y, et appelle-moi si tu as besoin de quoique ce soit ! » s'exclama-t-elle avant de le laisser s'engouffrer dans l'hôpital, préférant ne pas le suivre. Pas qu'elle ne soit pas heureuse qu'il soit sur le point d'être papa ou qu'elle ne soit pas inquiète de ce qui avait pu amener Sora à l'hôpital, mais vu les circonstances, elle ne pensait pas que ce soit une très bonne idée de rester à son chevet. Sora & elle ne s'étaient jamais vraiment parlées, et pour cause, aucune n'avait été particulièrement avenante. Il était naturel pour Kat de juger un peu les prétendantes de son jumeau ou de son meilleur ami, mais le fait que Kat soit l'ex de Danjel et qu'ils aient, en l'occurrence, failli coucher ensemble quelques mois auparavant, n'avait pas aidé Sora à être gentille, ce qui avait amené directement un froid entre elles. Clairement, ce n'était pas le jour pour arranger ça. La jeune femme fit donc finalement volte-face une fois qu'elle fut sûre de savoir Danjel à destination, et retourna dans les tréfonds du métro pour aller récupérer sa voiture.

Enzo était complètement paniqué ; depuis qu'il avait été séparé de Sora, le jeune homme n'avait eu absolument aucune information concernant l'état de la fiancée de son frère jumeau, et il commençait vraiment à prendre racine. Pour le coup, il en était venu à se blâmer pour tout, pour être parti plusieurs mois en tournée alors qu'il venait à peine d'apprendre l'existence de Danjel et qu'il avait eu la possibilité de lier un véritable lien fraternel avec lui ; à cause de ça, il était aujourd'hui incapable de connaître l'emploi du temps de son jumeau et maintenant, Sora était peut-être en danger, leur enfant était peut-être en danger et Enzo était complètement impuissant face à tout ça, il était même incapable de mettre le père au courant ! En désespoir de cause, il avait fait marcher ses relations, bénissant le monde d'être un espace si petit pour avoir fait en sorte que sa meilleure amie, Tallulah, s'avère également être la demi-soeur de Kat & Ben, qui eux-mêmes étaient les meilleurs amis de Danjel. Beaucoup plus à l'aise avec le garçon, qu'il avait eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois, Enzo avait tenté de le contacter mais avait été incapable de l'avoir au téléphone, ou même de laisser un message ; c'était donc vers Kat qu'il s'était dirigé. Contrairement à leurs jumeaux (à lui et à elle, finalement →), Enzo ne connaissait pas vraiment la jeune femme, qui était rentrée d'un été en Namibie au moment où lui-même partait pour sa tournée et, avant ça, le fait qu'il y ai des histoires internes entre Kat & Benjamin avait fait en sorte qu'Enzo n'avait pas vraiment été amené à faire vraiment sa connaissance plus que ça. Du coup, il ne savait pas du tout ce qu'elle faisait elle non plus, et avait vraiment tiré un long coup en espérant qu'elle serait disponible et qu'elle recevrait et écouterait son message à assez vite. Il fut donc particulièrement soulagé lorsqu'il reçut une brève réponse de Kat, un simple « i'm on it » qui le rassura tellement que, si elle avait été dans les parages, il l'aurait sûrement serré dans ses bras jusqu'à ce qu'elle en perde son souffle !

Du coup, il avait attendu, et espéré, pendant un long moment. Le regard tantôt rivé sur son téléphone, tantôt sur le carrelage du couloir, tantôt sur la porte irrémédiablement fermée qui menait aux couloirs seulement accessibles par le personnel, le jeune homme était vraiment en train de devenir fou. Finalement, il avait décidé de sortir, espérant que son frère arrive bientôt, en vain. Et il attendit... D'ailleurs, lorsqu'il entendit son prénom prononcé de vive voix par une voix très similaire à la sienne, il sursauta et se redressa immédiatement tellement il était surpris. « Enzo ! » En apercevant Danjel, Enzo sentit déjà un grand poids quitter ses épaules. Il eut à peine le temps de saluer la jeune femme qui avait déjà disparu dans la bouche du métro, comme un ange gardien venu... de l'Enfer ? « Où est-ce qu’elle est ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Comment elle va ? » l'assaillit Danjel de questions dès qu'il fut en face de lui. Penaud, Enzo haussa les épaules, la mine défaite. « Je sais pas, Dan... Je suis désolé, je savais pas comment te joindre, elle... » commença-t-il avant de soupirer de nouveau pour se calmer. « Elle a essayé de t'appeler mais t'as oublié ton portable chez moi... Comme un con, je l'ai oublié aussi, alors j'ai galéré à trouver un moyen de te contacter, mais... elle était par terre, et elle avait vraiment mal. Je l'ai juste emmenée ici aussi vite que j'ai pu et depuis, on ne m'a rien dit... » avoua-t-il.

Plus les minutes s'écoulaient et plus la jeune femme s'angoissait. Peut-être était-ce pour rien ? C'était du moins ce qu'elle espérait sincèrement, ce pour quoi elle priait en silence tandis qu'elle voyait le plafond du couloir défiler sous ses yeux. Il y avait des journées où rester sous la couette était parfois la meilleure chose à faire et ce jour-là Sora aurait préféré l'éviter et se réveiller directement le lendemain bien que rien ne lui garantissait qu'elle échapperait à ce qui lui arrivait. Désormais elle n'était plus que spectatrice de son propre sort. Elle n'avait plus qu'à attendre et voir ce que les médecins avaient à lui dire, de toute manière que pouvait-elle faire d'autre ? Pour le coup, elle était aussi impuissante qu'Enzo avait pu l'être en l'amenant au Lenox Hill. Une partie d'elle regrettait même qu'il n'ait pas été autorisé à la suivre dans la partie des urgences réservée aux médecins et aux patients car, toute seule, la Guatémaltèque avait tendance à paniquer d'autant plus. Cependant, elle se devait de rester calme, autant pour elle que pour le bébé en espérant que ce dernier soit toujours en bonne santé ce dont elle n'arrivait pas à se convaincre.

S'efforçant de ne pas trop bouger sur le brancard, elle fut placée dans un box vide tandis que l'infirmière lui demandait de patienter, comme si elle pouvait faire autre chose dans cet état alors que les douleurs ne cessaient de faire des allers et retours qui lui coupaient à chaque fois le souffle. Le temps lui paraissait extrêmement long à attendre sans bouger bien qu'elle ne put s'empêcher de se plier en deux lorsqu'une douleur la gagna pour se dissiper doucement bien que la jeune femme ne desserra pas les dents pour autant. Elle attendit l'arrivée d'un médecin pour le faire, écoutant chacune de ses paroles, répondant à ses questions le plus précisément possible avant qu'il ne fasse la première auscultation soit une échographie pour s'assurer que tout allait bien et tâcher de trouver le problème qui la touchait. « Est-ce que le père attend en salle d'attente ? » Alors qu'elle tentait de voir ce que son médecin voyait, Sora abandonna et posa les yeux sur l'homme en faisant une légère moue. Enzo lui avait dit qu'il tenterait d'appeler Danjel mais étant partie en même temps que son beau-frère le lui disait elle ignorait s'il était parvenu à contacter son frère. « En principe, il doit être là. Son nom est Danjel, Danjel De Roca. » Répondit-elle d'une petite voix, espérant sincèrement dire vrai. Le médecin lui adressa alors un sourire qu'il souhaitait probablement rassurant et qui n'eut aucun effet sur Sora, puis il se leva.

« Je vais aller le chercher dans ce cas. Ça ne devrait prendre qu'un instant, mais si vous avez besoin une infirmière sera là pour vous aider. » Et sur ces mots il s'éloigna et quitta les urgences pour rejoindre l'entrée du service et gagner la salle d'attente. Une fois sur place, son regard balaya la pièce comme si de cette façon il parviendrait à trouver le compagnon de sa patiente tout seul. « Monsieur De Roca ? » Finit-il par appeler, attirant le regard de deux jeunes hommes, des jumeaux, à qui il fit signe de venir avant de s'éloigner un peu de la salle d'attente. Son regard voyagea alors d'un jeune homme à l'autre et vice versa & au final il décida de s'adresser aux deux pour aller plus vite. « Bien, votre compagne va bien. Les douleurs devraient diminuer dans les heures à venir. Quant au bébé, il va bien aussi ceci dit j'aimerais que vous veniez avec moi, j'aurais quelque chose à vous montrer et à vous expliquer. » Enchaîna-t-il tandis que son regard continuait de faire le même voyage. Peut-être aurait-il mieux fait de demander qui était le petit ami de sa patiente afin de proposer à la bonne personne d'accompagner son frère, mais ne l'ayant pas fait, il préféra rester silencieux et attendre la réaction d’un des jumeaux, ce qui lui permettrait de savoir lequel était Danjel sans même avoir à le demander.

Même si il savait que sa ne résolvait en rien le problème, Enzo était vraiment rassuré de savoir Danjel avec lui, enfin présent à l'hôpital. Même si il était son jumeau, il ne connaissait vraiment pas Sora et, bien sûr, si ça avait été nécessaire pour des questions de papiers ou quoi, il se serait bien sûr fait passer pour lui si ça pouvait aider Sora, mais il n'aimait pas vraiment prendre de décisions vitales comme ça, surtout que finalement, il ne connaissait pas son frère depuis si longtemps que ça non plus. Il tenta donc de lui expliquer la situation aussi bien que possible, mais il devait faire face au fait qu'il n'avait vraiment pas grand chose à lui dire pour le rassurer. « C’est pas vrai… » souffla Danjel comme pour appuyer ses pensées. Grimaçant, Enzo ne put qu'être spectateur de la mine défaite de son jumeau et, lorsque celui-ci lui serra brièvement l'épaule, il lui adressa un sourire désolé. « Merci… » murmura-t-il encore. Tout naturellement, Enzo hocha la tête et fit une moue une nouvelle fois désolée. « Je t'en prie, j'aurais voulu pouvoir faire plus ou avoir plus à te dire... » avoua-t-il.

L'attente qui s'en suivit fut un vrai calvaire, sûrement plus pour Danjel que pour Enzo mais celui-ci, en le voyant si anéanti, ne pouvait pas s'empêcher de se blâmer pour son impuissance. En même temps, lui aussi avait été idiot d'oublier le portable de Danjel chez lui, trop pressé qu'il avait été de vouloir secourir Sora, il aurait pu contacter son frère plus tôt et peut-être... quoi ? Il ne savait pas. « Monsieur de Roca ? » demanda finalement un médecin après un temps d'attente interminable. Côté à côte, Enzo & Danjel attendaient le verdict du médecin sans se préoccuper d'à qui il devait parler en particulier. « Bien, votre compagne va bien. Les douleurs devraient diminuer dans les heures à venir. Quant au bébé, il va bien aussi ceci dit j’aimerais que vous veniez avec moi, j’aurais quelque chose à vous montrer et à vous expliquer. » C'était quoi, un film d'action ? Le suspense était insoutenable et, si il avait été à la place de son frère, il n'aurait sûrement pas tenu avant de lui demander plus d'explications. Cependant, Enzo s'effaça devant son frère lorsque le médecin l'invita à le suivre. « Je vous suis… » déclara-t-il, apparemment encore sonné par ce que le docteur venait de lui dire. Puis, contre toute attente, son jumeau se tourna de nouveau vers lui. « Tu veux venir ou… ? » Surpris, Enzo n'hésita pas longtemps avant de hocher la tête pour suivre son frère.

Là où elle se trouvait Sora n'avait pas la moindre idée de ce qu'il se passait. Le médecin l'ayant laissé seule pour aller retrouver Danjel et Enzo, elle ne pouvait que s'occuper en regardant les infirmières passer durant le laps de temps au cours duquel elle due rester allonger, légèrement droguée à la morphine tout en étant surveillée quasiment tous les deux secondes à cause de son ancienne addiction à la drogue. A vrai dire, le fait de planer était le cadet de ses soucis. La seule chose à laquelle la Sud-Américaine ne cessait de penser était son bébé. Pourquoi fallait-il absolument que ce genre de souci lui tombe dessus ? Qu’avait-elle bien pu faire pour mériter un tel traitement ? Elle ne cessait de penser également à son beau-frère. Pauvre Enzo, il avait dû assister à sa douleur et à sa panique sans savoir quoi faire et pourtant l'Espagnol s'en était merveilleusement bien sorti ou alors il était bien plus doué qu'elle pour cacher sa panique. Toujours est-il que sans lui Sora ignorait ce qu'elle serait devenue, elle comme son bébé. Elle lui devait une fière chandelle même si elle aurait largement préféré ne pas avoir à lui faire subir une telle chose. Tous les deux ne se connaissaient que très peu, la personne qui les liait étant Danjel et pourtant il avait été plongé malgré lui dans cette histoire sérieuse et plutôt personnelle, mais après tout n'était-il pas de la famille ? Sora cessa bien vite de penser à tout cela lorsque le visage du médecin apparu dans son champ de vision, ce dernier étant suivi de très près par les jumeaux. La présence de Danjel eu immédiatement le don de la rassurer, de faire disparaître un tant soit peu la peur qui la rongeait depuis que les crampes l'avaient assailli mais à en voir la tête d'enterrement qu'il pouvait faire - tout comme Enzo - la peur la gagna une nouvelle fois.

« Wouah … vous en faites des têtes, qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que vous leur avez dit que moi j’ignore ? » Et voilà la preuve qu'elle paniquait totalement. Toujours allongée sur le lit alors que les jumeaux et le médecin s'approchaient, Sora laissa sa peur parler pour elle et imagina le pire, comme le fait qu'il leur avait confié une information horrible pour les préparer avant de la lui annoncer. « Absolument rien, restez calme. » Facile à dire ! Ce n'était pas lui qui ne cessait de se poser un millier de questions en même temps concernant sa santé et celle de son enfant. Cependant, la Guatémaltèque s'efforça de l'écouter tandis qu'il faisait signe à Danjel et Enzo de prendre place sur deux chaises près d'elle. Son regard voyagea alors d'Enzo à Danjel et vice versa. Leur présence avait tout de même quelque chose de rassurant. Avec eux deux près d'elle, elle se sentait moins seule et plus en sécurité si bien qu'elle fit de son mieux pour leur adresser un sourire aussi crispé qu'il fut. « Bien … tous les examens sont plutôt bons et seule votre pression artérielle confirme ce que nous avons vu à l’échographie. » Aussitôt Sora tourna la tête en direction du médecin, arquant un sourcil en tâchant tout d'abord de deviner par elle-même ce dont il était question, mais sans succès. Prenant conscience des trois paires d'yeux rivés sur lui et qui ne voyaient absolument pas où il voulait en venir, le médecin tourna son moniteur et commença à leur montrer un endroit précis sur l'image bien que cela ne donna pas plus de sens à ses paroles pour elle. « Là … Habituellement le placenta se trouve en haut de l’utérus ce qui n’est pas votre cas. Vous avez ce que l’on appelle un placenta prævia, ce qui se traduit par le fait que le placenta se trouve dans une position anormale. Dans plusieurs cas ce n’est pas dangereux mais dans le vôtre … et bien je ne vais pas vous cacher que votre grossesse sera plus dangereuse. Il y a des risques d’hémorragies sévères qui pourraient coûter la vie à vous comme à votre fils, c’est pour cela qu’il serait peut-être à envisager de mettre un terme à la grossesse. » Fils ... un garçon ? C'était bien ce qu'il venait de dire ? Elle attendait un petit garçon.

C'était un fils qu'elle allait mettre au monde dans les mois qui allaient venir ? Aussi heureuse qu'elle pouvait être face à cette nouvelle la joie disparue, éclipsée par une vague de colère qui l'assailli sans crier gare. Mettre un terme à sa grossesse ? Il plaisantait ? Ça ne pouvait être qu'une blague de mauvais goût. Ses iris se posa alors sur Danjel et Enzo mais tout dans leur regard semblait lui affirmer qu'elle n'avait pas mal compris les propos du médecin. « Pardon ?! Vous n’êtes pas supposé avoir prêté serment, celui de sauver des vies ? Vous nous parler de mon fils – dont jusque-là j’ignorais le sexe – et maintenant vous nous parler d’avortement ? Vous êtes malade ? Retenez-moi avant que je le tue ! » Hurla-t-elle en se redressant avec une telle vitesse sur le lit que le monde se mit à tourner autour d'elle. Le regard noir, elle due se rendre à l'évidence que le médecin était bien chanceux qu'elle soit sous antidouleurs car dans le cas contraire elle lui aurait déjà sauté à la gorge pour avoir menacé la vie de son fils. « Je veux partir ... maintenant ! » Grogna-t-elle en luttant pour quitter le lit en essayant de faire disparaitre les vertiges qui la gagnaient. Oh oui elle voulait partir, quitter cet hôpital au plus vite et pouvoir prétendre qu'elle n'avait pas entendu les propos du médecin seulement ils étaient trois avec lui, trois personnes à avoir entendu la même chose et des trois elle était la seule à devenir complètement hystérique à cet instant, la seule des trois à lancer un regard suppliant aux deux autres personnes pour leur demander silencieusement de l'aider à fuir cet endroit.