«  Nam-Kyu ? Nam-Kyu !? Qu'est-ce qui t'arrive, réveil toi ! ». Levant lentement la tête tout en me frottant les yeux, je me rendai compte que je m'étais endormi dans la bibliothèque de l'université, une habitude que je m'étais faites il y a trois mois de celà, lorsque j'avais commencé à épuiser de mes forces. J'étais fatigué et avais grand besoin de sommeil. Travailler la nuit me faisait plus de mal que de bien, mais je ne pouvais pas faire autrement. Mes muscles, mes jambes, mes bras, ma tête me faisaient tous mal. J'avais mal partout, comme un vieux patchar. Même que certains patchars étaient mieux équipés physiquement que moi donc ne se fatiguaient pas aussi vite que moi. Passé 22 ans sans travailler et se donner à fond tout d'un coup pour gagner de l'argent n'était pas vraiment la meilleure des choses à faire, mais ce n'était pas vraiment mon choix. J'avais été obligé de vivre cette vie sinon je pouvais oublier l'entreprise familiale. J'aurais sûrement été mis à la porte jusqu'a la fin de ma vie si je n'avais pas accepté de passer ce petit test d'une durée de trois ans pour hériter de Byeon Group. Mes parents détestaient les enfants capricieux. Ils avaient toujours prié pour que je n'en sois pas un et avaient essayés de m'éduquer du mieux qu'ils pouvaient. Ils avaient réussi, oui. J'étais parfait, je restais calme, souriais toujours comme un débile, parlait soutenu.. Juste devant eux, car quand ils n'étaient pas dans les parages, je devenais un coureur de jupons imbattable. Les journaux et les magasines écrivaient beaucoup sur moi lorsque j'étais encore chez mes parents, à Séoul, comme quoi j'étais le casanova du siècle. Mes parents ne le croyaient pas, bien évidemment, pensant que ce n'étaient que des rumeurs inventés par nos ennemis et les entreprises concurrents.. Moi, cette doublure de personnalité ne me dérangeait pas du tout. De toute façon, depuis mon arrivée à New York, je n'avais pas eu affaire à des paparazzis. Tant mieux pour moi.. Si l'on apprenait que je vis chez une japonaise complètement malade, je serai foutu ! Poussant la main de Joshua pour l'empêcher de me toucher la tête une deuxieme fois, je regardai autour de moi. C'était calme.. Normale pour une bibliothèque. « Tu t'es pas présenté au test de Mathématique, tu vas faire quoi ? », me demanda-t-il en s'assayant à côté de moi. Le test.. Je l'avais complètement zappé. Me levant d'un bond, j'emballai toutes mes affaires avant de lui faire signe de la main. « Tant pis. », dis-je en tournant les talons pour rentrer chez moi. Je ne voulais pas rester là et parler avec lui de ses amours, je m'en foutais complètement. Il passait son temps à m'expliquer son premier baisé avec Céleste. Un baisé c'est un baisé, deux langues et une échange de salive, un point c'est tout. Il parlait de ça comme s'il récitait un poème, comment ne pas s'énerver ? Le premier test de Mathématique de l'année, je l'avais loupé. Comment allais-je expliquer ça à mes parents ? Je n'avais même pas la force de me sentir mal de l'avoir raté.. Mais passons, la journée était loin d'être terminée et je ne devais pas me gâcher le morale pour ça.

Rentré très vite à l'appartement, je dormis quelques heures avant d'avaler les restes de la veille qui risquaient sûrement d'aller à la poubelle si personne ne les mangeait. Mei cuisinait tellement bien qu'a chaque fois que je mangeais ses plats, mon palet faisait la danse de la pluie. Elle était sûrement à la danse maintenant.. Ou je ne sais où. Elle sortait toujours sans me prévenir, de toute façon. Mais pourquoi je me préoccupais de ses sorties d'abord ? Penser à elle était un pécher énorme pour mon côté casanova destructeur, même si je devais l'avouer, sa voix me manquait. Je voulais l'entendre crier bakaaaaaaaaaaaaaaa à travers tout l'appartement. La chassant de mes pensées, je pris une douche et me sechai enfin les cheveux avant de m'habiller et sortir. Les rues de New York étaient toujours bondées de monde, sauf à mon retour du boulot. A quatres heures du matin, il n'y avait pas beaucoup de gens et ça me faisait presque flipper. Ici, on pouvait se faire agresser n'importe où, alors mieux vaut être vigilent ! Entrouvrant la porte des vestiaires, je vis alors l'un de mes collèges. Tournant la tête vers moi, il me regarda un moment avant de regarder sa montre. « T'es en retard de quinzes minutes. ». Comme si ça branlait quelqu'un ! Désolé mais, même le patron s'en fichait alors je ne voyais pas du tout pourquoi ce débile me faisait la morale ! M'avançant vers mon casier, je sorti les clés de ma poche avant de l'ouvrir et y déposer mes affaires personnelles. Enlevant ma veste, je l'accrochai à la ceintre avant de faire de même pour mon pull. Enfilant alors la chemise de boulot, je le boutonnai. Prenant ensuite mon tablier, je l'attachai à ma taille avant de me retourner vers Chris. J'étais beau même en serveur. Lui par contre ne ressemblait à rien. Qu'est-ce qu'il avait utilisé pour fixer ses cheveux ? De la bave de vache ? C'était horrible en tout cas. « Occupe toi de tes affaires. », dis-je en le regardant de travers. Entendant quelqu'un toquer à la porte, je lançai un regard à celle-ci. « Naoki ! T'es en retard de vingts minutes. », dis-je avec un sourire aux lèvres juste pour énerver l'autre. J'adorais faire chier mon monde, j'étais né pour ça ! Attendant qu'il se prépare pour aller dans la salle de bar ensemble, je ne dis pas un seul mot. J'étais trop fatigué pour ça. On pouvait le voir grâce à mes cernes. Dos contre le mur, je regardais Chris faire les cents pas dans le vestiaire. Il avait l'air un peu irrité et perdu dans ses pensées aussi. « Sempai ! T'as fini ? T'es lent.. », dis-je en soupirant, tout en me grattant la tête, m'adressant à Naoki. C'était grâce à moi qu'il avait commencé à travailler ici. J'avais fais croire au patron que c'était un ami que je connaissais depuis bien longtemps alors qu'enfaite, je ne le connaissais pas du tout ! Je voulais juste avoir moins de boulot. Passer mes soirées à servir les gens tout seul n'était pas très amusant.. Et j'avais choisi Naoki comme brave bête pour qu'il fasse mon boulot à ma place lorsque je n'en aurai pas envie. Je l'avoue, je suis un connard.

S'en était trop, mais vraiment trop. Même s'il y avait des gens que j'appreciais, à New York – très peu de gens, rassurez-vous – je voulais quitter cette ville. J'en avais marre de l'université, du boulot, des corvées que Mei me demandait de faire. Jamais de la vie, non jamais, je n'avais fais le ménage auparavant. A quoi bon ? J'avais une vingtaine de bonne à Séoul que je payais pour qu'elles fassent tous à la maison. C'est à ça que servait une bonne, de toute façon. Je n'avais jamais fais la vaisselle ou pris la poussière, ni même cuisiné, sauf pour de rares occasions. Mais depuis que j'habitais chez Mei, elle me prenait pour son chien et me faisait tout faire. Je passais la serpillière, nettoyais les fenêtres, passais l'aspirateur. Il est vrai que je devais le faire aussi, des fois, puisque je vivais avec elle, mais quand même ! J'étais aussi loin d'être un pro dans ce milieu et faisais plus de dégâts que de bien, mais pourtant cette fille ne se lassait pas de continuer à me prendre pour son esclave. En plus de ça, elle se permettait de me faire des remarques. Mais s'en était trop maintenant, je n'allais plus l'écouter. Qu'elle me frappe, cette sorcière ! Qu'elle me tue si elle le veut ! Je ne me laisserai plus faire. Si mes amis me voyaient nettoyer, ce serait la honte totale.. Sérieusement, si le F4 me voyait faire le ménage, qu'est-ce qu'ils en penseraient ? Ils riront sûrement.. Il fallait que je me reprenne en main, et vite. Même au boulot, je ne faisais rien et laissais tout le travail pour Naoki, alors pourquoi avec Mei ce n'était pas pareil, hein ? Je devais l'avouer, j'avais peur. Peur de sa famille de Yakuza ou je ne sais plus trop quoi.. C'était sûrement la raison pour laquelle je ne lui disais plus rien, ne me moquais plus d'elle, gardais mes distances même si au fond, quelque chose me poussait vers elle. J'étais trop tenté de lui attraper ses lèvres et l'embrasser mais je ne pouvais plus me le permettre. Je ne voulais pas perdre ma vie juste pour pouvoir jouer avec une fille. Il y en avait tellement, de son genre, dans ce monde, j'allais me trouver meilleure qu'elle, plus belle, plus intelligente. La seule chose que j'avais à faire était attendre de rentrer à Séoul. Je ne sais pour quelle raison, mes rendez-vous arrangés me manquaient énormément depuis mon arrivée ici et je voulais aussi voir So Hyun.. Si j'avais su depuis le début que Mei avait une famille de fous, je ne me serai jamais approché d'elle, n'aurais jamais dormi dans son lit et même goûté à ses lèvres. Maintenant qu'il est trop tard pour faire demi-tour, je vais sûrement me faire tuer, massacrer, tronçonner, découper en 32. Si elle parlait de toutes les conneries que je lui ai faites à son frère, j'allais rendre l'âme pour sûre. Qu'est-ce qui me retenait chez elle ? Étant au courant du fait que les Yakuzas ont la plus grande organisation de crime organisé du monde, je préferais quand même rester à ses côtés, tout en ayant peur.. Pourquoi je ne faisais pas ma valise pour partir ? Ce n'est pas comme ci l'argent me manquait. J'avais demandé à Il Kwon de m'envoyer un peu pour l'anniversaire de Meitsuya.. Si je n'avais pas fais l'effort de lui acheter des cadeaux pour faire pardonner mes actes, je serais peut-être déjà parti de chez elle, à l'heure qu'il est. Elle m'avait retenu, m'avait supplié de rester et j'avais accepté comme un con. Elle m'aimait à ce point alors ? Au point de me prendre dans ses bras et me supplier de rester en ravalant sa fierté ? En tout cas, pour la deuxième fois de la vie, j'étais content de savoir qu'une fille m'aimait. Les autres avec lesquelles je passais mes nuits n'étaient pas dingue de moi ; elles aimaient seulement ce que j'ai dans le pantalon.. Mais je devais quand même rester sur mes gardes. Je ne comptais pas avoir mal au coeur une deuxième fois, je ne le supporterai sûrement pas, ce pourquoi j'essayais de prendre mes distances d'elle et faisais de mon mieux pour ne pas craquer. D'autre part, Meitsuya m'avait rendu le sourire. J'étais quelque peu heureux avec elle, même si elle était dure avec moi. Mais de toute façon, si les choses se compliqueraient trop et que je risquerai ma vie, je partirai loin d'ici. Voir même, je rentrerai à Séoul. Mes parents me laisseraient tranquille si je leur dis que des Yakuzas me courent après haha. J'imagine bien la tête qu'ils feront.. En tout cas, demain matin, je vais me faire trucider. Comment allais-je leur expliquer que j'avais raté mon test de mathématique sans même l'avoir fait ? Mais ce n'était pas non plus ma faute, alors tant pis ! Ils n'ont qu'a m'envoyer de l'argent au lieu de me demander de travailler.. Ce n'est pas ce qui leur manque ! Je n'ai même pas le temps de dormir la nuit, alors comment veulent-ils que j'etudie et passe des examens ? Mes yeux se fermaient tous seul dans la bibliothèque, je n'y pouvais rien.. Si personne ne me reveillait, j'y passais des heures à ronfler sans même me soucier des cours et des tests. Le boulot non plus, ce n'était pas de tout repos. De sept heures du soir jusque quatre heures du matin, j'étais debout et servais des gens aussi bizarres les uns que les autres. De plus, je devais supporter mes collègues. L'un, Chris, se permettait toujours de faire des remarques pour les retards et autres choses sans importances, comme s'il était le patron ! L'autre, à qui je ne connaissais même pas le nom, n'était pas souvent là mais ne se faisait quand même pas renvoyer. Sois-disant, c'est le neveu du patron où je ne sais quoi.. Le troisième, c'est le nouveau bridé là. Le plus beau d'entre ces débiles et surtout, le plus serviable. A vrai dire, ce Naoki, je l'aimais bien. Comme il était un peu plus agé que moi, j'essayais de le respecter assez même si je lui laissais faire tout mon boulot à ma place. D'ailleurs, je ne savais pas trop s'il avait remarqué mon habitude de tout lui laisser. Peut-être qu'il trouvait ça normal, lui, vu qu'il faisait tout sans rien me dire ? Trop bon, trop con mon pote... Pendant qu'il travaillait, moi j'allais fumer dehors car si je ne fumais pas, je risquais de frapper des clients. Ils étaient chiant comme pas possible.. C'était aussi la raison pour laquelle je n'aimais pas les servir et laissait faire Naoki. Mais je passais quand même du temps au bar, hein ! Au moins, je faisais mon plus gros boulot. Ce sont les petites tâches que je lui laissais, genre faire la vaisselle pendant le temps que je ramasse les crasses dans la salle et passe le balais. Mais je devais l'avouer, je le trouvais assez lent. D'ailleurs, je ne me retenais pas de le lui dire tout comme je venais de le faire.. Assez énervé à cause de ce test de mathématique, je m'étais appuyé contre le mur du vestiaire, attendant depuis plus de cinq minutes que Naoki termine de se changer. Me grattant la tête, je regardais Chris tourner en rond dans la pièce, me demandant ce qui pouvait autant le tracasser. Il était bizarre, depuis quelques temps.. A mon arrivée ici, il y a plus de 6 mois de celà, il était sympathique et souriant même si je voyais à ses yeux qu'il en avait marre de la vie. Du moins, c'était ce que je pouvais comprendre à ses propos. Mais depuis, il était devenu agressif et incontrolable au point de nous insulter. Moi aussi j'étais agressif et avais ''la grosse tête '' comme le disaient si bien mes connaissances mais ce n'est pas pour autant que je traitais les gens de tous les noms.. Il m'avait même insulté de pd ! haha Moi ? Pd ? Un casanova pd, ça existe d'abord ? Entendant Naoki claquer la porte du casier, je tournai mon regard vers lui, me redressant alors pour enfin sortir de là, mais resta bloqué quelques secondes avant de me faire percuter violemment. C'était quoi ce regard qu'il m'avait lançé ? On aurait dit que des foudres lui sortaient par les yeux, ayant presque réussi à me faire peur. «Reste pas planté là, t’es dans le passage.» Ok, ok.. Qu'est-ce qui lui prenait tous d'un coup ? Plissant les yeux tout en me tournant pour le regarder, je le vis sortir de la pièce avant de faire de même. « A vos ordres votre altesse. »,dis-je d'un ton un peu moqueur alors que je le suivais pour aller dans la salle. Descendant les escaliers qui menaient au bar, je fis un tour dans la salle pour vérifier s'il manquait quelque chose avant de revenir derrière le comptoir. On ouvrait à huit heures et avait donc le temps de faire nos mélanges et cocktails. Je connaissais tout par coeur maintenant, à force de refaire les boissons tous les soirs.. Par contre, comme j'avais été en retard, je devais me grouiller pour les faire. Passant ma main dans la poche de mon pantalon, j'en sorti une pince avant de fixer ma mèche qui me dérangeait. Lançant un coup d'oeil vers Naoki, je montai légèrement les manches de ma chemise avant d'ouvrir le frigo et en sortir les ingrédients nécessaires pour faire les cocktails et milk-shakes. Heureusement qu'il y avait plusieurs mixers, sinon je devais laver à chaque fois après avoir mixerisé les fruits. Epluchant les kiwis, je les découpai avant de les mettre dans un mixer. Faisant de même pour les fraises, je les mis dans un autre avant de sortir les morceaux d'ananas du frigo et les mettre dans un autre pour faire le Pina Colada. C'était l'une des boissons les plus demandés et j'en étais l'expert ! « Sempai, tu peux mixeriser les fraises et les kiwis pendant que je fais la pina colada ?  T'as juste à appuyer sur les boutons.», dis-je en riant, sans même le regarder. Je le prenais pour un débile, des fois, mais je le faisais pas exprès. Mon caractère était ainsi ! Une bonne vingtaine de minutes plus tard, j'entendai la musique retentir, le dj était enfin là. Parfois, quand il se ramenait un peu trop tard, je faisais son boulot à sa place. Faire le dj était facile de toute façon et je m'amusais bien derrière les instruments et equipements de dj. Je n'avais pas affaire à des cons, là ! Les boissons étaient prêtes et étaient toutes au frigo. J'allais sûrement en refaire plus tard comme d'habitude lorsqu'ils n'en resteraient presque plus, mais ce n'était pas ce qui me préoccupait le plus en ce moment. Les clients arrivaient en groupe et commandaient déjà des boissons à Naoki. Passant ma main dans mes cheveux, j'enlevai la pince de ma mèche pour ne pas avoir l'air ridicule devant les clients, avant de mettre des gants en plastique. Le patron nous en obligeait et à vrai dire, je ne voyais pas trop l'intêret de les mettre. Prenant plusieurs verres en main, je commençai à les remplir. Regardant Naoki, je lui souriai faiblement avant de tourner la tête vers une demoiselle qui ne faisait pas plus que 18 ans.. Fin, elle n'avait pas l'air d'être très grande, en tout cas. Lui faisant mon sourire colgate, non pas pour lui plaire, fin, juste un peu mais surtout pour la mettre plus à l'aise, je lui demandai : « Puis-je vous servir ? ». Sortant alors un Milk Shake aux fraises, je la servis avant de répondre à quelques autres commandes. Avec Naoki, on ne discutait pas beaucoup.. C'était assez dérangeant quand même. Nous étions collèges de boulot et aucun de nous ne pipais mot sauf pour se dire des méchancetés ou pour s'informer sur le travail. A vrai dire, le fait de se parler et d'en savoir plus l'un sur l'autre, moi j'y étais pour ! Tout en servant des clients, je dis à Naoki sans pour autant le regarder : « Sempai!Je penses qu'on devrait mettre les points sur les i, toi et moi. ». Oui, c'était ma façon de demander à rester ensemble, que ce soit pour se rentrer dedans où pour parler comme des humains. « On boit quelques verres après le boulot ? Ce serait dommage de continuer à se faire chier l'un l'autre sans savoir où est le problème, non ?», demandais-je en me tournant enfin vers lui, lui lançant un regard curieux.