« Je peux ? » Regardant mon professeur d'expression scénique je montrais la sortie du bout du doigt. Depuis que Neige avait été enfermé soixante douze heures et frappé pendant tout ce temps, je n'avais plus aucune motivation pour N.Y.A.D.A et Broadway. Elle ne voulait pas parler de ce qui c'était passé dans ce sous sol pendant tous ces jours. J'entendais encore sa voix me dire qu'on ne dit pas non à la mafia. Me levant, je me dirigea vers la porte et la claqua derrière moi. J'étais une boule de nerfs depuis le retour de ma future femme. Marié à vingt ans avec un enfant était un concept que je ne cautionnais pas avant de tomber sur la jolie allemande. Seulement maintenant, j'avais peur de la perdre et cette peur ne s'estompait pas dès que je la prenais dans mes bras le soir, loin de là même. Il était difficile de fermer les yeux la nuit et dormir, chose qui n'arrangeait pas mon état. Les médecins étaient clairs là dessus, si je ne me reposais pas – et ce, rapidement – j'allais finir entre quatre planches. Non, ils n'étaient pas si catégoriques mais je l'étais. Je tentais de me foutre la peur de ma vie pour me sortir de ce merdier mais c'était cause perdue. Impossible de me reposer et de faire comme si tout allait bien. Pendant que j'étais ici, je ne savais pas où était Neige et je ne pouvais pas la forcer à venir me voir tous les soirs sur Broadway, c'était impossible. Elle était majeure et vaccinée et je ne voulais ps trop la braquer, autant éviter les conflits. Sa grossesse aurait du la calmer mais au lieu de cela, elle s'était sentie morte, à côté de ses baskets et avait joué avec le feu. Déglutissant difficilement, je commença à marcher dans le bâtiment, montant un étage pour voir si une salle était libre pour m'entraîner. Officiellement, je ne devais pas faire plus que ce qui m'était permis mais je ne pouvais pas continuer à glander toute la journée, j'allais devenir fou ! Il me fallait ma dose de danse quotidienne, j'avais besoin de fouler les planches plus que lors des shows à Broadway. J'avais besoin de plus. Machinalement, je me dirigeais vers la plus grande salle de l'école. Elle était rarement prise, sauf lors de grandes répétitions et j'avais donc quatre vingt quinze pour cent de chance de trouver la salle vide. Cependant, j'entendais de la musique dans cette salle. Fronçant les sourcils, je me dirigea rapidement vers la salle et resta dans un coin pour observer qui était dans cette salle. Lorsque je vis son visage, je fronça les sourcils. Indiana. Ce n'était pas normal, vraiment pas. La jeune femme faisait partie de mon petit groupe de première année et elle n'avait jamais été aussi performante avec moi. Elle était la plus douée des quatre mais jamais à ce point. Je resta planté là quelques instants, la regardant exécuter à la perfection des pas que certains deuxièmes années n'étaient pas fichus de faire ! Elle avait l'air d'un cygne, elle se déplaçait avec une telle grâce et sensualité que j'avais l'impression de violer son intimité. La voyant s'arrêter, je repris ma marche et m'arrêta devant la porte. Je pris une grande bouffée d'air et la salua. « Bah alors la petite souris, tu n'es pas en cours ? » J'adorais son petit sourire et son petit nez qui me faisait penser à une petite souris. Rien de méchant là dedans, je trouvais ces rongeur vraiment mignon ! Je fis glisser mon sac sur le parquet ciré de la salle de danse et lui fis un large sourire. « Alors, pourquoi te prépares-tu ? Les prochains examens ou tu as décroché une audition sur Broadway ? » Peu d'entres nous décrochaient une audition sur Broadway mais peut être qu'avec un peu de chance, elle serait la prochaine Barbra Streisand... Qui sait ?

Si tu trouves Amaury dépressif c'est normal. Des choses se sont passés depuis le 27 que j'dois prendre en compte dans notre rp !

Depuis que mon histoire avec Neige était finie, je n'étais plus moi même. J'étais sombre, triste et retourner vivre avec Alejandro m'avait fait du bien et foutu un coup en même temps. J'avais l'impression de faire marche arrière et de vivre, d'une certaine façon, la même histoire que mes parents. Mon père était seul, à New York, et ma mère l'avait laissé là pour aller sauver des vies de l'autre côté du globe. Seulement maintenant, il n'était plus lui même. Sans Neige, j'avais l'impression de broyer du noir. Non, ce n'était pas qu'une impression, et je ne supportais plus de garder ce fichu masque dès que j'étais à N.Y.A.D.A. Je ne voulais pas que tout le monde s'inquiète ou que des personnes comme Laura me lancent que c'était à prévoir. Eh oui, la belle allemande fan de sensations fortes m'avait laissé au bord de la route. Et dire que nous étions fiancé, que j'avais commencé à tout préparer, à avoir des idées concrètes pour nous unir le plus rapidement possible. J'avais voulu un beau et grand mariage et, au final, je n'aurai rien ; juste mes yeux pour pleurer. Me baladant dans le bâtiment, je cherchais une salle vide pour m'entraîner et me défouler. Le sport ne me faisait rien et je n'avais plus qu'une envie : débrancher mon cerveau pour tout oublier. Ce n'était possible que d'une seule façon et c'était pour cela que j'étais ici. Lorsque je remarqua Indianna au loin, j'attendis qu'elle finisse sa chorégraphie pour entrer. Déranger quelqu'un en pleine performance était vraiment insupportable. Enfin, une chose était claire, je faisais toujours la misère à celui ou celle qui venait m'interrompre et pourtant, je n'étais pas un monstre, loin de là. J'aimais rendre service et être gentil mais il ne fallait pas me chercher. Poussant la porte, je pris une grande bouffée d'air, afficha un large et joli sourire sur mon visage et tenta d'oublier mon cœur de l'autre côté de la porte. En la présence de la jeune femme, j'allais enfin pouvoir faire ce que j'aimais : chorégraphier et aider à progresser. J'étais un vrai pédagogue et enseigner était vraiment quelque chose que j'affectionnais plus que tout. Me rapprochant de la jolie australienne, je la questionna sur sa présence ici. Vu l'heure qu'il était, elle devrait se retrouver en cours et sûrement pas là. Sécher la classe n'était pas quelque chose que j'appréciais, en temps normal mais là, c'était tout autre chose... En deux ans à N.Y.A.D.A, je n'avais pas loupé un seul cours, sauf depuis quelques temps où j'enchaînais les absences. Après tout, je n'avais pas le droit de m'entraîner et de pratiquer alors pourquoi rester ? « Disons que j'avais besoin de me vider. » J'hausse les épaules avant d'ôter ma veste et de la lancer sur le sol. Je ne pouvais que la comprendre. Nous avions tous notre style mais nous étions tous pareil, nous les danseurs. Dès que quelque chose n'allait pas, on laissait tout tomber pour se retrouver seul dans une salle et nous exprimer. La danse était notre moyen d'expression, notre façon de mettre des gestes là où aucun mot ne voulait sortir de notre bouche. J'avais bien envie de lui demander quels étaient ses problèmes mais je ne voulais pas m'introduire plus que cela dans son intimité. Après tout, nous n'étions pas franchement proche et je ne supporterais pas qu'elle soit trop indiscrète sur mes états d'âme. En tout cas, j'étais plus surpris de ce que j'avais vu du dehors et me demandait bien pourquoi son niveau était dix fois meilleur ainsi. Faisait-elle exprès de cacher son don pour en mettre plein la vue lors des examens ou bien ? Je n'en savais rien mais je comptais bien connaître la réponse avant de sortir de cette pièce. « Ni l'un ni l'autre, j'avais l'esprit beaucoup trop chargé et j'avais besoin de me libérer de tout... ce à quoi je pense. Mais toi qu'est ce que tu fais ici ? » Je la regarde et hausse les épaules. Ce que je fais ici ? Je fuis la civilisation et les gens heureux. Non, ça ne le fais pas vraiment de dire une chose pareille et pourtant c'est bien ce que je suis entrain de faire... Déglutinant difficilement, je lui tourne le dos quelques secondes et commence à m'échauffer. « Je suis dispensé de cours depuis quinze jours parce que j'ai eu quelques problèmes de santé donc du coup, je m'occupe comme je peux. Ça te gène pas qu'on partage la salle ? Je ne t’embêterais pas et je peux m'exercer avec le mp3 sur les oreilles » Lançais-je en me tournant vers elle, léger sourire sur le visage. Je me penche pour m'échauffer et vois le reflet de la jolie brune dans le miroir. « Je ne sais pas à quoi ou à qui tu pensais en dansant mais en tout cas, ils sont une bonne source d'énergie pour toi » lançais-je en m'échauffant encore un peu plus. J'étais un peu trop curieux mais je tentais de déguiser ma curiosité. J'avais trouvé mon moyen pour oublier Neige et sa fausse couche quelques instants : enquiquiner la jeune Ioannis.

En regardant plus en détails, la jeune femme découvrit le visage d'Amaury sous un autre jour, bien plus sombre. Ses traits étaient tirés et ses yeux gonflés, entourés par de larges cerners bleutées, reflétant une profonde affliction. Comment était-il arrivé dans cet état-là, se demanda Indianna, intérieurement, sans oser demander la raison de sa visible tristesse à Amaury, de peur de se faire remettre à sa place très rapidement. Ce n'était pas ses affaires et il allait le lui faire comprendre si elle se permettait une telle indiscrétion. Ils ne se connaissaient pas depuis suffisamment longtemps pour qu'elle puisse demander des choses pareilles au beau danseur. Il avait dû être dévasté par une récente nouvelle, car elle sentait bien qu'il n'était clairement pas au mieux de sa forme en ce jour particulier. Elle avait connu ça, évidemment, quand Arizona l'avait soudainement raillée de sa mémoire, elle avait eu l'impression que le ciel lui tombait sur la tête, et pourtant elle était d'une nature optimiste. Quand sa mère était décédée, aussi, elle avait eu l'impression que c'était clairement la fin, que son bonheur dépendait de cet événement et qu'elle ne pourrait plus jamais en bénéficier. Pourtant elle avait fait avec et s'était contentée de vivre sa vie comme elle le pouvait, avec ou sans parents. Encore aujourd'hui elle était assez réticente à en parler, même avec les personnes le plus proches d'elle, elle imaginait que pour son mentor cela devait être la même chose et qu'il l'enverrait sur les roses si elle ouvrait la bouche pour poser une question sur son état actuel. Mais sa curiosité allait sans doute la torturer et discuter avec lui sans passer par la case questions indiscrètes allait se révéler difficile pour la jeune australienne. Elle posa ses mains sur ses hanches et regarda le jeune homme jeter son manteau parterre. Il atterrit dans un bruit mat sur le sol de la salle de danse, suivit par le regard d'Indianna. Amaury se plaça dos à elle pour commencer tranquillement à s'échauffer. Je suis dispensé de cours depuis quinze jours parce que j'ai eu quelques problèmes de santé donc du coup, je m'occupe comme je peux. Ça te gène pas qu'on partage la salle ? Je ne t’embêterais pas et je peux m'exercer avec le mp3 sur les oreilles lui demanda-t-il en continuant de s'échauffer. Il ne lui laissait visiblement pas réellement le choix, mais tant pis, cela ne la gênait pas plus que ça, de toute façon, tant qu'il ne s'avisait pas de faire de remarque désobligeante sur la manière dont elle dansait... La brunette bougea lentement la tête de gauche à droite pour lui faire comprendre qu'elle acceptait parfaitement qu'il reste. Restes, pas de problèmes. Je ne savais pas que tu avais eu des problèmes de santé, je me disais aussi, que ces temps-ci tu n'étais plus beaucoup là. répondit-elle en s'étirant après sa chorégraphie. Non pas que tu me manquais, mais quand on a plus personne qui nous hurle dessus, ça se remarque. précisa-t-elle sur un ton ironique. Oui, elle se permettait bien cela, après tout ce qu'il lui faisait subir, il devoir se faire à l'idée qu'elle allait lui rendre ses remarques désagréables et ses énervements incessants car elle ne réussissait pas assez rapidement tel ou tel mouvement. Je ne sais pas à quoi ou à qui tu pensais en dansant mais en tout cas, ils sont une bonne source d'énergie pour toi lança-t-il en continuant de faire ses exercices d'échauffements. La jeune fille pencha légèrement la tête sur le côté avec un petit regard suspicieux. D'habitude son mentor ne lui aurait jamais adressé le moindre compliment, même si celui-ci était sous-entendu. Mais justement, elle ne pensait à rien, elle s'était complètement vidée la tête, seule dans cette immense salle avec simplement le rythme de la musique et les yeux quasiment clos. Elle regrettait parfois toutes ces choses auxquelles elle pensait sans le vouloir durant ses entraînements avec Amaury, mais elle n'y pouvait rien, Indianna n'arrivait pas assez bien à se surpasser quand elle n'était pas seule. Quand personne ne la supervisait, tout venait tout seul, alors que quand quelqu'un vérifiait scrupuleusement tout ce qu'elle exécutait, elle n'y arrivait pas, peut-être qu'elle avait trop peur de rater et que cela l'induisait en erreur plus que cela ne l'aidait... Je ne pensais à rien, justement. J'étais juste... en train de danser, pas de penser. Ça vient tout seul et je me sens bien, par contre toi tu n'as pas l'air dans ton assiette. se risqua-t-elle à dire.

La danse était mon échappatoire. Ma passion, ma vie et mon métier était réuni en une seule et même chose et c'était la seule chose qui me tenait encore aujourd'hui. Ma rupture avec Neige avait été rapide et douloureuse, un peu trop. Passer de futur papa fiancé à célibataire au coeur brisé m'était plus que douloureux et difficile à accepter. J'essayais de me repasser les derniers mois en boucle mais rien ne sortait de ces souvenirs. Tout semblait aller comme sur des roulettes et puis paf, plus rien. Je m'étais rapidement fait à la présence de Neige dont j'étais amoureux depuis des lustres. Je m'étais fais à sa présence et à celle du bébé. Lucas. Je déglutis difficilement alors que je commençais à m'échauffer. Moi qui était d'une nature plutôt folle et calme, j'étais devenu une vraie tornade en un claquement de doigts. Je n'étais plus le petit Amaury tout naïf que j'avais été et ça, tout le monde l'avait remarqué. Mon père m'avait croisé et posé mille et unes questions sur mon état de santé aussi bien physique que moral. Me nourrir relevait du défi et mes heures de sommeil se comptaient sur une main. Tout comme lui, j'étais dévastée du départ de ma bien aimée et je n'avais rien ni personne à qui me raccrochait. Rose peut être... Mais elle avait bien d'autres problèmes à régler en ce moment même. La dernière fois que je l'avais croisé, elle philosophait sur sa vie, l'homme qu'elle aimait et tout ce qui allait avec. À croire que les Lacroix-Davis étaient incapables d'être heureux. Mes parents étaient restés ensemble pour Rose et moi. La blondinette avait perdu son enfant et son 'petit ami' et moi, j'avais tout perdu. Demandant à la jeune femme si ça ne la dérangeait pas que je reste, je m'arrêta quelque peu. Vu mon comportement, j'avais plus l'air de m'imposer qu'autre chose. Elle n'allait pas m'en vouloir, je le savais bien, mais peut être avait-elle besoin d'être seule dans quel cas je reprendrais mes affaires et quitterais la salle à la recherche d'un petit coin tranquille. Il ne me fallait pas grand chose pour pratiquer, je me contentais du maximum, habitué à me cacher pendant les dix huit premières années de ma vie. Personne n'aimait ma passion à la maison et j'avais donc appris tout ce que je connaissais via internet dans ma petite chambre en Chine, au Japon, au Guatemala puis en France. L'arrivée aux Etats-unis avait concordé avec mon entrée à N.Y.A.D.A. « Restes, pas de problèmes. Je ne savais pas que tu avais eu des problèmes de santé, je me disais aussi, que ces temps-ci tu n'étais plus beaucoup là. Non pas que tu me manquais, mais quand on a plus personne qui nous hurle dessus, ça se remarque. » Je souris légèrement à sa remarque. C'est vrai que je n'avais pas toujours été tendre avec la jeune australienne. J'avais toujours monté le ton avec elle parce que je la savais bien plus talentueuse qu'elle ne tentait de me le faire croire. La preuve était là ; elle s'était dépassée comme jamais, seule dans cette pièce et c'était ça que j'attendais d'elle tous les jours. « Rien de bien méchant mais vu que j'ai un rôle à Broadway, il faut que je me ménage ! Promis, je me calmerais avec toi mais si tu ne me donnais pas l'occasion de crier, je ne le ferais pas » Je lui fis un large sourire et pencha légèrement la tête de côté comme pour m'excuser. Je n'étais pas tendre avec elle et je le savais bien mais j'avais eu la folle impression que c'était la pression qui la faisait bosser et progresser plus vite. C'était ce qui marchait avec moi mais visiblement, Indianna était différente. Il semblerait que ce soit le fait de se vider l'esprit et de ne penser à rien qui la faisait être une danseuse, une vraie et grande danseuse. L'entendant s'inquiéter pour mon état, j'hausse les épaules et m'étire un peu plus encore. « Eh bien quand tu es en cours avec moi, ne penses à rien ! » Un léger sourire se dessine sur mon visage. « Orf, je suis juste un peu fatigué ce n'est rien va ! Une fois que je pourrais enfin me dépenser comme je le veux ça ira mieux » Je lui fais un clin d'oeil avant de me diriger vers la chaîne hifi et de mettre une musique en route, le son au plus bas pour le moment. « Bon et si tu faisais comme si je n'étais pas là que je t'aide un peu pour tes placements et tout ce qui va avec. En moderne vous avez toujours une danse à chorégraphier non ? Tu as une idée de la musique ou de la chorégraphie ? Je ne veux pas être trop ennuyeux mais si tu veux de mon aide, je suis là pour ça aussi » Je lui fis un large sourire. J'avais besoin de m'occuper l'esprit et puis, autant l'aider alors que j'étais là et qu'elle était seule dans la pièce. Avec tout le monde, c'était toujours plus difficile de bien se consacrer à une seule et unique personne, bien que ce ne soit pas l'envie qui m'en manque...

La jeune femme aurait aimé comprendre pourquoi son mentor n'allait pas bien, car malgré tout l'énervement qu'il pouvait lui inspirer, il restait une personne qui réussissait à l'aider et à la faire progresser plus encore qu'elle ne l'aurait jamais crut. Même s'il pensait qu'elle n'avançait pas assez rapidement pendant qu'il donnait ses cours, elle mémorisait chaque conseil qu'il lui donnait et une fois seule, ces remarques constructives s'appliquaient d'elles-mêmes. Sous l'éclairage artificiel mélangé aux rayons solaires, le visage fatigué de son professeur était encore plus visible, ses traits étaient rendus plus saillants et les parties ombrées de son visage ressortaient soudainement. Dans cette clarté sombre, l'esprit de la jeune Indianna s'adonnait à des réflexions qui n'aurait pas eu lieu d'être si la fatigue et la tristesse d'Amaury n'avaient pas été aussi remarquables. Ses yeux surmontés d'un trait de mascara détaillaient de manière désinvolte le danseur sans qu'elle pense à la gêne que cela pouvait lui procurer en étant ainsi observé par une demoiselle qu'il voyait si peu. Rien de bien méchant mais vu que j'ai un rôle à Broadway, il faut que je me ménage ! Promis, je me calmerais avec toi mais si tu ne me donnais pas l'occasion de crier, je ne le ferais pas. répondit-il après qu'un sourire ai éclairé son visage si attristé. La jeune fille ne lui donnait pas volontairement l'occasion de faire des remarques désobligeante, c'était simplement qu'elle n'arrivait pas à se libérer autant quand elle dansait devant lui que quand elle dansait devant la glace de cette grande salle, seule, enfermée dans une bulle impénétrable de laquelle elle ne ressortait qu'une fois la chorégraphie terminée. Se vider était quelque chose qu'Indianna avait du mal à faire, pourtant quand elle exécutait naturellement tous ces mouvements quand il n'y avait qu'elle dans la pièce, les émotions et ses pensées partaient toutes seules, la laissant dans une délicieuse torpeur où ne résidait aucune faille, elle était simplement en plein bien être. Le visage recouvert par une fine pellicule de sueur, les lèvres entrouvertes, respirant calmement, l'extérieur disparaissait et il ne restait plus qu'elle et le rythme. Alors que quand elle se retrouvait devant lui elle suintait la maladresse et la faiblesse. Elle avait beau tenter de fermer les paupières et de tenter d'oublier que se tenait à quelques mètres d'elle un homme qui la regardait, elle n'y parvenait pas et restait coincée sur ses erreurs. Honnêtement, je ne fais pas exprès de te donner des raisons de crier, tu sais. C'est juste qu'être toute seule et être observée ce n'est pas pareil du tout. s'exclama-t-elle en s'échauffant les poignets une nouvelle fois. La belle australienne attrapa l'élastique qui entourait son poignet et regroupa ses cheveux en un chignon informe dont plusieurs mèches tombaient négligemment, découvrant ainsi sa nuque luisante d'humidité. Eh bien quand tu es en cours avec moi, ne penses à rien ! déclara-t-il avec un large sourire. La brune lui rendit ce sourire et tenta de replacer une mèche rebelle dans le regroupement de cheveux qu'elle venait de serrer avec son élastique bleu. Elle passa une main experte derrière son cou et rejeta un instant la tête en arrière. En cours j'y arrive pas, c'est comme si, tout d'un coup, toutes ces pensées que j'essais de chasser revenaient toutes en force pour que je ne réfléchisse plus qu'à ça. Du coup mon esprit n'est pas vraiment fixé sur la chorégraphie ou le rythme... répondit-elle en haussant doucement les épaules. Indianna lissa le tissu gris de son tee-shirt à manche courte qu'elle portait pour en effacer les plis. La jeune fille pivota sur elle-même pour jeter un coup d’œil à son reflet dans le miroir. Ses yeux étaient eux aussi cernés, mais ce n'était rien en comparaison à ceux d'Amaury, ses lèvres étaient aussi un peu gercées du dernier hiver qu'elle avait passé sans en prendre soin et ses joues étaient encore rosies de sa dernière chorégraphie. Orf, je suis juste un peu fatigué ce n'est rien va ! Une fois que je pourrais enfin me dépenser comme je le veux ça ira mieux. Elle hocha la tête en se retournant de nouveau vers lui. Elle soupçonnait quelque chose de plus profond, mais n'osait pas s'aventurer sur ce sujet houleux au risque de se faire envoyer sur les roses. Moi non plus quand je n'ai pas ma dose d'exercice quotidienne je n'arrive pas bien à dormir. C'est pour ça que je cours beaucoup. s'exclama-t-elle avec enthousiasme. Elle pensa notamment à ce déjeuner avec Suileabhan durant lequel elle lui avait tout bonnement volé son déjeuner et l'avais obligé à courir dans tout Central Park jusqu'à ce qu'il en crache ses poumons. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres rouges. Bon et si tu faisais comme si je n'étais pas là que je t'aide un peu pour tes placements et tout ce qui va avec. En moderne vous avez toujours une danse à chorégraphier non ? Tu as une idée de la musique ou de la chorégraphie ? Je ne veux pas être trop ennuyeux mais si tu veux de mon aide, je suis là pour ça aussi. elle retint une grimace face à cette proposition. Faire comme s'il n'était pas là allait se révéler être une réelle épreuve. L'australienne avala sa salive avec difficulté. Je... je vais essayer mais je ne te promet rien. Pour la musique ou la chorégraphie je te laisse choisir, j'ai travaillé ce que je devais revoir avant que tu n'arrives. fit-elle, légèrement tourmentée à l'idée de s'humilier devant lui une nouvelle fois.