La troisième guerre mondiale, ni plus ni moins. Maggie avait eu la mauvaise idée de se rendre chez Lizzie pour prendre de ses nouvelles, pour tâcher de rétablir le dialogue mais bien mal lui avait pris ! A peine avait-elle posé un pied à l’intérieur de l’appartement de sa jumelle que celle-ci l’avait prise pour un vulgaire sac d’entraînement pour boxeur professionnel. Sa maladie la rendait hargneuse, méchante, et le pire, c’est qu’elle rendait manifestement la pétillante avocate responsable de son malheur en la faisant soigneusement culpabiliser. Tout, elle avait TOUT entendu aujourd’hui… et qu’elle l’avait rayée de sa vie pour se mettre avec Daryl, et qu’il n’y en avait plus que pour son bébé et son mariage, et qu’elle était la pire égoïste de la terre… merde, Maggie était ressortie livide de cet entretien et avait préféré prendre un taxi plutôt que de conduire, le diagnostic de son gynécologue frappant à l’intérieur de son esprit tel un pivert contre le tronc d’un arbre. Suffocante, les larmes coulant insidieusement contre ses joues, Maggie s’était ruée à l’intérieur de la maison, grimpé les marches quatre à quatre pour s’enfermer dans le premier placard qu’elle trouva à portée de sa main pour éclater définitivement en sanglots. Qu’avait-elle fait pour mériter ça ? « Je ne suis pas une merde, je ne suis pas une merde, je ne suis pas une merde » se répétait-elle en boucle tout en espérant que Daryl ne soit pas encore rentré. Avec le recul, elle n’avait même pas regardé si sa voiture était dans l’allée ou pas tant elle était perturbée, perdue, blessée, ainsi recroquevillée dans ce maudit placard…

Maggie ne parvenait pas à se calmer, c’était impossible. A chaque fois qu’elle tentait de respirer, un nouveau flot de sanglots s’emparait d’elle et la secouait de part en part. Hélas, bientôt la voix de Daryl s’éleva dans l’atmosphère et elle sentit son inquiétude l’atteindre, même au travers des portes de l’armoire qu’il ne manqua pas d’ouvrir. Pour sûr, il la découvrait cette fois dans un état lamentable. « C’est Lizzie… elle a été affreuse avec moi ! » sanglota-t-elle contre le torse de son fiancé, où elle se blottit comme si sa vie en dépendait, secouée par sa peine, incapable de se calmer ou d’avoir de réelles pensées cohérentes. « Je n’ai même pas pu en placer une, moi qui suis une grande gueule ! Elle m’a sorti des horreurs, comme quoi je l’abandonnais, que je n’en n’avais plus rien à foutre, que même si je n’avais d’yeux que pour toi et le bébé, Hugo méritait de crever la bouche ouverte ! Je sais qu’elle suit un traitement et qu’il la rend hargneuse mais là… je n’ai pas reconnu ma sœur, j’ai été pétrifié et je n’ai même pas osé conduire tellement j’étais bouleversée ! La voiture est restée là bas je suis tellement désolée… » Même si elle n’avait rien fait, dans un moment pareil, avec ses hormones en prime, Maggie était quand même tentée de se flageller pour quelque chose. Il faut dire que rien que le passage sur Hugo l’avait particulièrement secouée et d’ailleurs, par réflexe, elle prit une main de Daryl pour la lier à l’une des siennes contre son ventre particulièrement rebondi. « Tu crois que je suis une mauvaise mère ? » poursuivit-elle, tremblant plus violemment qu’elle n’avait jamais tremblé jusqu’à lors.

Daryl était bien le seul à accepter de s’asseoir à l’intérieur d’une armoire pour mieux serrer sa future femme contre son torse et ainsi sécher ses moindres pleurs. Maggie était réellement en souffrance et se remettait en question d’une façon si virulente qu’elle en avait presque le tournis. Pourtant, si l’on y regardait de près, elle avait accueillit et soutenu deux adolescentes aux passés respectifs plus qu’ombrageux et était même parvenu au miracle de leur fournir suffisamment de stabilité pour qu’elles n’aient aucun mal à se construire leurs propres vies. Seraphina allait bientôt être mère en plus d’être son petit génie, et Willow s’épanouissait grandement à la fac, surtout qu’elle s’y était fait des amis fidèles d’après les nombreux mails et coups de fil qu’elle passait à sa mère adoptive. En soi, Maggie avait parfaitement réussi son job, surtout qu’elle se montrait toujours disponible pour l’une comme pour l’autre, quoiqu’il advienne… « Je sais que Willow et Sera sont de plus en plus épanouies mais les paroles de ma sœur ont raisonné dans ma tête comme pour me faire bondir en me rappelant mes pires erreurs. C’est complètement crétin, j’en ai bien conscience, et j’ai cru que j’allais la gifler parce qu’elle a réussi à me faire ravoir de l’arythmie alors que j’avais réussi à réguler la chose en restant calme et en me reposant. En fait, je crois que je ne comprends pas… j’ai tout fait pour qu’elle ne se sente pas exclue, pour au contraire l’inclure dans ma vie mais à l’entendre, il faudrait que j’oublie complètement de vivre pour me consacrer uniquement à sa petite personne ! J’aime ma jumelle mais là, c’est trop, je ne peux plus le supporter Daryl… je me fiche d’être une horrible personne en l’éloignant de ma vie, parce qu’en l’occurrence elle est dangereuse pour Hugo et lui, il est tout petit, sans défense. Traite-moi d’affreuse mais je ne veux pas l’avoir à notre mariage. » Et à ses mots, elle ne se blottit que plus encore contre le torse chaleureux de son fiancé, après avoir accepté son baiser. « Je n’ai pas envie de sortir du placard… »

« Tu regrettes de ne pas parler à Aaron ? » osa demander Maggie, tellement perturbée pour le coup qu’elle en oubliait totalement qu’il s’agissait justement d’un sujet tabou. Tant pis, à vrai dire, ce n’était pas le plus important étant donné qu’elle peinait à contrôler la peine lui sciant complètement le cœur actuellement. Une chance que Daryl ait justement été présent aujourd’hui et non occupé au tribunal, sinon comment diable aurait-elle fait ? Sûrement serait-elle restée cachée, à pleurer comme une âme en peine, enfermée dans cette fameuse armoire. « Pour l’instant, je pense que c’est préférable de laisser passer du temps, je n’ai aucune envie qu’elle te prenne pour un défouloir et encore moins d’envenimer encore plus les choses. Le médecin a dit « aucun stress » alors je vais rester sagement ici et m’occuper d’Hugo en priorité, et de toi quand tu rentreras du tribunal, ma sœur n’est définitivement pas en tête de liste… je ne sais même pas pourquoi j’ai été assez stupide pour m’en faire pour elle, vu que manifestement elle se pense tellement plus forte que moi. » Autant dire que l’étreinte offerte par Daryl lui fit un bien fou, surtout alors qu’elle le sentait caresser doucement son ventre s’arrondissant à vue d’œil, jour après jour. « Et si je ne sortais pas ? Je suis bien ici… c’est protégé… » répondit-elle d’une petite voix avant que le bébé ne mette un coup de pied particulièrement virulent, à un point tel que Daryl ne pouvait pas être passé à côté. « Tu as senti chéri ?! »

« Tu penses vraiment que c’est sans espoir, ou qu’il en reste un, même infime ? Peut-être que je pourrais lui parler, moi… » proposa Maggie avec sincérité. Si Daryl ne parvenait pas à obtenir l’attention de son frère, peut-être que l’avocate pourrait, au moins pendant quelques secondes. Elle demeurait persuadée qu’il ne faudrait pas grand-chose pour que leur relationnel évolue, ne serait-ce que parce qu’ils adoraient Caleb autant l’un que l’autre et le protégeaient à leur façon, chacun de leur côté. « Apparemment ce réflexe ne m’apporte pas que des bonnes choses mais d’un autre côté… sans lui, je ne serais pas ici, avec toi. Ca me désole que ma sœur ne comprenne pas cela mais d’un autre côté, je veux me concentrer surtout sur notre famille, sur toi, notre fils, notre mariage. Le reste est secondaire pour l’instant… » Mais Hugo était particulièrement agité et Maggie ne manqua pas de pousser un petit gémissement de douleur, même si elle conservait les mains de Daryl sur son ventre de plus en plus arrondi. « Un futur champion de boxe tu veux dire ! » se plaignit-elle légèrement avant de ne se blottir à nouveau contre son torse. « Pourquoi je ne pourrais pas rester ici ? Tu es avec moi, c’est douillet et chaud… c’est petit et sécurisant… je te donne l’impression d’être complètement folle, c’est ça ? » Maggie se mit à regarder Daryl avec un air légèrement triste non sans tenter un petit sourire. « Je veux me marier avec toi, Daryl… »

« Serait-ce que tu vas jouer les papas poules avec moi ? » lança-t-elle d’une voix légèrement moins teintée de tristesse, Maggie reprenant du poil de la bête au fil de la discussion tant l’assurance et la protection de Daryl lui faisaient du bien. Elle ne fit d’ailleurs que se blottir plus confortablement encore entre les bras de son fiancé, sentant Hugo ne s’agiter que davantage comme s’il voulait faire passer un message des plus nets à son futur papa… lequel, mystère et balle de golf, mais ce n’était pas nécessairement le plus important. Il s’exprimait, voilà tout. « Et s’il devenait un boxeur professionnel, je suis certaine que tu assisterais à tous ses matches en disant avec fierté que c’est ton fiston ! Je me trompe ? Il ne me fait pas excessivement mal je pense surtout qu’il me rappelle à l’ordre parce que je me stresse trop facilement et qu’il faut plutôt que je ralentisse la cadence. En fait, il te prête main forte en la matière, tu vois ce que je veux dire ? » Et quelque chose lui disait que leur fils portait également main forte à Daryl pour que Maggie sorte du placard tout de suite maintenant. Pourquoi voulait-elle rester, au juste ? Tout simplement parce qu’au moins, protégée par ce dernier, elle n’entendrait aucune parole désobligeante, ne serait pas contrainte de supporter la méchanceté de sa sœur ou même d’être attaquée par quiconque. Dans un premier temps, la pétillante avocate émit un sourire ému avant de ne s’extirper d’elle-même de ce lieu exigu, non sans éprouver un soupir de panique une fois à l’extérieur. Il ne fallait pas croire, elle était réellement en train de se faire violence… « Voilà, j’ai été héroïque et je suis sortie du placard… on se marie maintenant tout de suite sans attendre ? » Au moins, un tel acte, une telle promesse joyeuse allait lui faire oublier sa panique à coup sûr !

« J’avoue j’ai quelques petites fourmis dans les jambes… » avoua Maggie non sans esquisser une légère moue car dans le genre idée de merde, elle avait fait très fort. Mais au moins, cela avait eu l’avantage de les décider autant l’un que l’autre de franchir le pas au niveau de leur mariage. Plus d’attente qui n’en finit plus, plus de tergiversations, uniquement de l’action, bref, tout ce que la pétillante avocate pouvait préférer, surtout quand en prime Daryl l’embrassait avec cette passion qui la retournait jusque dans les doigts de pieds. « Tu as prononcé les mots magiques mon amour, je me prépare illico presto ! » sautilla Maggie avant de ne l’inciter à se couvrir les yeux pour extirper sa robe de mariée qui avait été ajustée par plus tard que la veille afin que la jolie américaine soit pleinement sûre qu’elle lui irait. Elle partit se planquer dans la salle de bain quelques minutes, mais non pas en vue d’y rester et de se rassurer, plutôt afin d’enfiler, non sans mal, sa magnifique robe blanche lui allant à ravir et embellissant jusqu’à ses rondeurs de grossesse. Maggie s’était maquillée mais elle conserva ses longs cheveux châtains tombant en cascade sur ses épaules, car cela lui allait bien mieux. C’est donc rayonnante qu’elle apparut dans le hall de leur maison, un sourire ému contre ses lèvres, tournant avec douceur sur elle-même pour se découvrir complètement aux yeux de son futur mari. « Alors, comment suis-je ? Je dois être parfaite rien que pour te remercier de si bien veiller sur mes arrières et de supporter même mes crises d’angoisse les plus idiotes… »

« Tu es retombé amoureux de moi, c’est à ce point là ? » s’amusa Maggie non sans lier avec tendresse ses lèvres à celles de Daryl. Mais c’est véritablement une fois dans la voiture que le cœur de la pétillante avocate manqua un battement. « Tu t’es réconcilié avec Aaron ? Mais c’est la meilleure nouvelle de l’année ça chéri !! Je suis très fière de toi, pour la peine, ce soir t’auras droit à double ration de dessert… » L’américaine se pencha pour embrasser la joue de son futur mari avec délicatesse non sans lier quelques secondes ses doigts aux siens. ENFIN ils allaient mettre définitivement le passé derrière eux et s’offrir le mariage dont ils rêvaient l’un comme l’autre depuis de très nombreuses années. « Je sais c’est peut-être ridicule mais moi je ne suis pas sûre d’avoir envie de recoller les morceaux avec Lizzie… parce que j’avais oublié de te dire : elle a aussi tout tenté pour m’inquiéter en me disant que son cancer avait des gènes porteurs dans la famille et qu’il fallait que je fasse un test. Mais bien sûr, je vais faire un test de la thyroïde alors que je suis enceinte ! J’avoue ne plus savoir si elle a juste envie d’être méchante ou bien si elle jalouse tellement ma grossesse qu’elle en est prête à me pousser à faire n’importe quoi… rhaaa faut que j’arrête d’y penser, je me rends malade pour rien. On va se marier et c’est tout ce qui compte, point barre ! » Maggie mit un moment de côté sa dispute avec sa jumelle alors que leurs deux témoins les attendaient déjà devant la mairie, Caleb comme Aaron ayant fait l’effort de ne surtout pas arriver en retard. Pour la peine, la pétillante brunette leur fit un câlin trio sans attendre pour mieux les remercier d’avoir pu se libérer si vite. « Bah, les hormones de femme enceinte, on sait ce que c’est ! » plaisanta Aaron sous le regard faussement désapprobateur de Maggie avant qu’ils n’entrent de concert dans la mairie. Le maire ne manqua pas de les regarder tour à tour, après le blabla habituel légal que l’américaine s’était tant de fois figuré dans ses rêves les plus fous. « Margaret Jane Bennett, acceptez-vous de prendre pour époux Daryl Jason Grant ici présent ? » « S’il veut de moi… alors oui, plutôt mille fois qu’une ! »

Lizzie, déconner à plein tubes ? Naaan à peine ! En tout cas, si Maggie avait été inquiète juste avant de ne croiser le regard de ses deux beaux-frères, cette inquiétude venait de fondre comme neige au soleil. Ce fut encore plus flagrant alors que Daryl lui arrachait un éclat de rire hautement franc en soulignant que cela faisait treize ans qu'il souhaitait lui mettre la corde au cou. C'était maintenant chose faite, et quel ne fut pas le délice de la pétillante avocate lorsqu'elle reçut le fameux premier baiser en tant que femme mariée... il lui avait littéralement retourné les orteils celui-là et elle ne risquait pas de l'oublier de si tôt, c'était une chose certaine. « Et bien Monsieur Grant, puisque tu laisses manifestement le choix à ta chère femme, moi je dis que revivre nos premières vacances... graouuh ça me donne directement la fièvre » énonça-t-elle non sans ronronner pour mieux l'embrasser avec fougue et lui chiper ses clefs de voiture pour les lui secouer sous le nez. Oh bien sûr, elle ne manqua pas de saluer longuement leurs deux témoins, surtout qu'ils avaient fait le déplacement à la mairie au pied levé sans avoir été prévenus à l'avance... mais dès qu'ils furent partis, rien n'empêcha Maggie de sauter littéralement au cou de son mari, et diable que cela la rendait aussi fiévreuse de songer ainsi, alors que cela faisait treize ans qu'elle espérait, également de son côté, d'unir ses jours et ses nuits à Daryl Grant, le meilleur homme du monde à ses yeux. « Je t'aime, mon ange. Tu as embelli ma vie et quelque chose me dis que c'est loin d'être fini... »

TOPIC FINITO **