Malgré ma rencontre avec un patient étant atteint de la même ‘malédiction’ que moi, j’avais tout de même décidé d’aller voir un neurologue. Après tout, on ne pouvait être trop prudent. J’avais quand même de grosses hallucinations de mon passé, et même si ce n’était peut-être que ma mémoire qui évoluait, je préférais être sûre que rien ne se passait dans mon cerveau. Le point positif à travailler – voire vivre, puisque je ne me rappelais même plus de la dernière fois où j’avais quitté l’enceinte – à l’hôpital, c’était que je pouvais consulter pendant une pause, et ne devais donc pas prendre une après-midi, comme beaucoup de personnes le faisaient lorsqu’elles prenaient un rendez-vous médical. Etant en avance, je décidais d’aller à la cafétéria me prendre un bon café. La nuit avait été longue, il fallait bien l’avouer. Déjà, quand j’avais voulu me coucher dans la salle de garde que j’utilisais régulièrement pour passer mes nuits, j’avais surpris le Chef de la chirurgie avec une femme qui n’était pas la sienne. Je ne connaissais pas sa vie, donc je ne me permettrais jamais de le juger, mais ce n’était pas une bonne façon de commencer la nuit – surtout lorsque l’on avait ma mémoire. J’avais essayé de mettre ce souvenir dans un quoi de ma tête pour ne plus y penser, mais dire que cela m’était impossible – encore plus lorsque je le voulais réellement – était un véritable euphémisme. Parlant du loup, j’apercevais la jeune femme que j’avais surprise en pleins ébats entrer dans la cafétéria. Un flash de la veille se déroula devant me yeux, me faisant rougir par la même occasion. Super, manquait plus que ça ! Comme si voir des enfants mourir encore et encore n’était pas suffisant, il fallait aussi que j’ai des flashes de moments gênants auxquels j’avais assisté. Je décidais d’aller à son encontre, au moins pour lui dire que son secret était sauf et que je n’en parlerais. « Bonjour. Vous ne vous souvenez peut-être pas de moi, mais je voulais vous rassurer à propos d’hier soir. » chuchotais-je.

J’avais toujours considéré ma mémoire comme une malédiction. Je savais que beaucoup – tout du moins dans la filière que je faisais – considéraient ça comme une bénédiction, mais ce n’avait jamais été mon cas. Et pourtant, cela m’apportait beaucoup d’avantages sur mes cours et maintenant en tant qu’interne. Mes supérieurs m’accordaient beaucoup plus de confiance qu’aux autres internes, parce qu’ils savaient qu’une fois une opération vue, je pouvais la refaire à l’identique. Autant dire que si je la considérais comme une malédiction alors qu’elle m’apportait énormément dans mon travail et pour sauver des vies, maintenant qu’elle me donnait des flashbacks, c’était bien pire. Quand je n’avais qu’une mémoire photographique, cela pouvait passer, puisque dans mon travail – et seulement là – cela m’apportait des avantages. Mais je n’aimais vraiment pas son évolution, puisqu’elle mettait ma concentration à rude épreuve. En même temps, avoir des flashbacks à chaque fois que l’on entrait dans une pièce, qu’on entendait une musique, entendait un nom ou voyait une personne, cela ne pouvait que gêner. J’espérais presque avoir une tumeur – opérable bien sûr ! – au moins, une fois l’opération faite, tout redeviendrait comme avant. Bien sûr, je serais toujours différente des autres, mais comme je l’avais dit, dans mon travail, c’était plus un avantage qu’autre chose, et je me contenterais de ça, passant outre les aspects négatifs que cela engendrait sur ma vie privée. « Oui, je suis celle qui vous ai aperçus hier soir, et j’en suis vraiment désolée. » répondais-je en chuchotant – inutile que l’hôpital ne soit au courant – avant d’être outrée par sa proposition. « Pardon ? »

Dire qu’il ne me serait jamais venu à l’esprit de demander de l’argent en échange de garder le silence était un euphémisme. Mon éducation était telle qu’une proposition pareille me choquait. Je n’étais pas du genre à me choquer pour un oui et pour un non, et encore moins depuis le début de mon internat – après tout, il était normal de jurer en apprenant qu’on avait un cancer en stade terminal, et donc la réaction du patient à qui j’avais appris la nouvelle ce matin ne m’avait pas choquée pour le moins du monde. Mais là, j’étais sans voix, tant cela me dépassait qu’on puisse penser cela d’une personne. Que pouvais-je bien répondre à ça. Je tentais quelque chose, sans grande conviction. « Déjà, je suis millionnaire donc je ne vois pas vraiment ce que vous pourriez m’offrir de plus … » commençais-je doucement, tentant de trouver mes mots. « Et deuxièmement, jamais il ne me serait venu à l’esprit de penser à une chose pareille. Je ne sais pas dans quel monde vous vivez, mais changez-en parce que penser qu’on puisse vous réclamer de l’argent tout simplement pour s’être retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment, c’est tout de même qu’il y a un problème. » continuais-je, réitérant par la même occasion mon chuchotement. « Surtout que je ne veux pas dire, mais même si cela m’était passé par la tête, ce qui n’est vraiment pas le cas, cela ne vaudrait pas le coup que je perde mon emploi pour quelques centaines d’euros … »

Vraiment, je n’arrivais pas à comprendre quel était le problème de la petite amie du docteur Hamilton. Elle fumait des joints ou quoi pour être autant paranoïaque ? Vraiment, cela me dépassait totalement. « Mais qu’est-ce qui peut bien vous faire croire que j’attends quelque chose de votre part ? C’est insensé ma parole. » répondais-je, toujours en chuchotant. Rien à dire, je préférais grandement sa femme à son amante, au moins, elle était bien élevée et ne te regardaits pas avec un dédain quelconque. Je savais que je venais d’un monde doré, que j’avais toujours été protégée par mes parents et ma famille, et que donc je n’avais jamais vécu de situation malsaine où une personne essaierait de profiter de mon statut, argent, … Mais même, je n’arrivais pas à comprendre qu’on puisse être à la limite de l’agression envers une personne qui venait simplement vous parler. Je n’y étais pour rien si je l’avais reconnue, et que pire, je me souviendrais probablement toute ma vie – c’était ce que j’avais compris à propos de ces fichus flashbacks – quand même ! Et je préférais simplement mettre les choses à plat et la rassurer, pour ne plus avoir à y penser. Parce que qui disait penser, disait flashback de l’événement. « Cela ne vous vient pas à l’esprit que si je suis venue vous voir c’était simplement pour vous rassurer et vous dire que je ne le dirais pas ? Pourquoi tout de suite penser que je voulais vous faire du chantage et vous faire du mal ? »

« C’est juste que ça me semble normal, c’est tout. » répondais-je doucement. « Donc non je ne cautionne pas vraiment l’infidélité, mais d’une, ce ne sont pas mes affaires, et de deux, tout le monde sait que le Chef n’est pas amoureux de sa femme et qu’il n’est avec que parce qu’il y a sa fille. Cela se voit à comment ils se regardent, c’est juste flagrant. Et je ne sais pas, mais une personne comme lui, qui pense toujours aux autres comme il le fait, je ne sais pas, mais je suis contente qu’il trouve l’amour, c’est tout. » continuais-je, toujours en chuchotant. Et je pensais ce que je disais. Le docteur Hamilton était une personne que j’admirais réellement, même si jamais je n’arriverais à réussir dans sa spécialité. Peut-être justement parce que je n’arriverais jamais en trauma justement. Je ne savais pas comment il faisait pour garder autant son sang-froid alors que tant de personnes mouraient aux urgences, sans qu’on s’y soit préparé mentalement et physiquement. Comment arrivait-il à se concentrer sur ceux qui vivaient ? C’était vraiment quelque chose que je trouvais honorable. « Et bien excuses acceptées. Et vraiment, je ne vois pas ce qu’il y a de suspect dans ma démarche. » répondais-je avant de ne plus savoir quoi faire en la voyant s’effondrer en pleurs. C’était bien ma veine dis donc ! Surtout que si j’agissais en personne normale – donc posais ma main sur son épaule par exemple – elle le prendrait probablement très mal. Je m’asseyais en face d’elle, sans vraiment savoir quoi dire. « Vous savez, le docteur Hamilton est quelqu’un de bien, et s’il trompe sa femme, c’est que ses sentiments pour vous sont réels. » Pas vraiment ça, mais bon, je ne savais même pas pourquoi elle pleurait.

J’étais toujours gênée lorsque je voyais des personnes pleurer devant moi. Je ne savais jamais quoi faire, quoi dire. Et lorsque c’était des inconnus, ce sentiment était bien décuplé. Et puis, que lui répondre ? Que c’était les nuits séléniques que nous avions actuellement qui lui faisait cet effet ? Moi-même je ne savais pas ce qui pouvait bien la faire pleurer ainsi. Et si ce n’était pas des doutes par rapport à ce que pourrait bien ressentir le docteur Hamilton pour elle, et bien je n’en avais aucune idée. « Je ne sais pas vraiment quoi vous dire. » commençais-je doucement, avant de reprendre. « Je peux vous donner des raisons médicales qui causeraient vos symptômes si vous voulez … » continuais-je, en passant la main dans mes cheveux, comme pour me donner contenance. « Après, sauf à vous faire des examens médicaux, je ne peux être sûre de rien. Vos symptômes pourraient indiquer de nombreuses raisons médicales, passant de la tumeur cérébrale aux simples menstruations … Sans vouloir être indiscrète, est-ce que vous et le docteur Hamilton vous protégez bien ? Est-ce que vous prenez la pilule je veux dire … Parce qu’une grossesse pourrait expliquer vos symptômes. Mais comme je l’ai dit, sans examens, je ne peux absolument pas me prononcer. Vous voulez que je vous fasse quelques analyses sanguines ? On pourrait éliminer quelques trucs de cette façon. » terminais-je dans un petit sourire. Même si je ne le disais pas de vive voix, tous ses symptômes coïncideraient avec une probable grossesse. Mais ce n’était probablement pas le moment pour le lui dire, et c’était pour cette raison que je lui proposais de faire quelques examens. Et puis, comme je lui avais dit, cela pouvait même être une tumeur, donc il valait de toute façon mieux ne pas me prononcer à ce sujet.

« Oui, je m'excuse, ce n'était pas vraiment la meilleure façon de vous annoncer à quoi pourraient bien correspondre vos symptômes. » m'excusais-je dans un petit sourire gêné. Depuis le début de mon internat, on avait toujours vanté mes louanges quant à mes qualités pour parler aux patients et leur annoncer des résultats. D'après mes supérieurs, j'étais même trop proche de mes patients, ce qui pourrait me mettre dans de mauvaises situations plus tard, comme m'attacher à eux et ne plus pouvoir me détacher de leur cas. Et pourtant, devant cette femme, je ne faisais pas ma fière, bien au contraire. Je ne savais tout simplement pas quoi lui dire. J'étais quasiment persuadée qu'elle était enceinte et je me trouvais donc dans une situation que je n'avais pas forcément souhaitée. Bon, en même temps, je n'avais jamais voulu être en néonatale ou en gynécologie, et n'avais donc quasiment jamais été dans ces services. C'était probablement la raison pour laquelle je n'étais pas dans mon élément. Sans compter le fait que je l'avais surprise en train de faire des choses pas très catholiques dans une salle de repos avec mon supérieur hiérarchique. Cela ne devait pas aider. Et puis, je n'étais pas au meilleur de ma forme, bien au contraire, puisque j'avais moi-même rendez-vous avec une neurologue pour vérifier que tout se passait bien dans mon cerveau, malgré ces satanés flash-back que j'avais. Ceci expliquait probablement cela. « On va aller s'isoler dans une salle d'examen pour que je vous fasse quelques tests. Je pense qu'une simple prise de sang pourra confirmer une grossesse. Et si le test revient négatif on fera des examens plus poussés comme une IRM pour vérifier qu'il n'y a rien de grave. Et bien sûr que je ne dirais rien au docteur Hamilton. Cela ne me serait même pas venu à l'esprit. Et puis je suis à présent votre médecin et réponds de toute façon au secret médical maintenant.  »

Je me demandais ce qui se passerait pour la jeune femme si elle était enceinte. Le docteur Hamilton était une personne sérieuse, donc d’ordinaire j’aurais dit qu’il serait très heureux de cette nouvelle et s’impliquerait. Sauf que le docteur Hamilton était marié. Et même si cela se voyait comme le nez au milieu de la figure qu’ils n’étaient pas amoureux l’un de l’autre et qu’ils ne s’étaient mariés que pour leur enfant, je ne le voyais pas divorcer. Peut-être avais-je tort. Mais il était catholique de ce que j’avais compris, et le divorce n’était pas reconnu dans cette religion. En même temps, je n’étais pas sûre que l’infidélité le soit non plus. Je soufflais lentement, pour arrêter de penser à ce qui se passerait. Ce n’était de toute façon pas mon problème, et le docteur Hamilton lui-même m’avait dit qu’il fallait que j’arrête de m’attacher ainsi à mes patients. Je devais donc me comporter comme une interne, et me dire que si elle était enceinte, je pourrais faire mes heures en gynécologie et en être débarrassée. Comment cela se faisait-il que je m’attache ainsi ? Surtout que la jeune femme était vraiment détestable non ? Elle était froide, distante, sarcastique, et beaucoup d’autres défauts non appréciables. J’avais vraiment un problème ma parole ! Je prenais un désinfectant ainsi qu’une seringue, avant de lui répondre. « Je comprends parfaitement que vous ayez besoin de temps pour encaisser la nouvelle si la grossesse est positive. » répondais-je dans un petit sourire que je voulais compatissant. Heureusement, ses veines étaient très visibles et cela ne me prit que peu de temps pour récolter un tube de son sang. « Normalement, s’il n’y a pas d’urgence, cela devrait prendre deux heures environ. »

« Oui, bien sûr je peux rester avec vous. » répondais-je dans un petit sourire. « Il faut juste que je passe un coup de téléphone pour annuler un rendez-vous par contre. » continuais-je en regardant l’heure qu’il était. J’étais supposée aller à mon rendez-vous chez le neurologue dans une demi-heure. Mais bon, les patients passaient avant tout le reste, et lui-même étant médecin, il devrait comprendre parfaitement la situation. Et il fallait bien avouer que rester avec elle m’arrangeait plus qu’autre chose. Je n’avais pas spécialement envie d’aller voir le neurologue tout simplement parce que je savais exactement ce que les tests donneraient : rien. J’avais envie de croire que j’avais une tumeur – bénigne hein ! – au cerveau et que c’était cela qui modifiait ma mémoire, la rendant beaucoup trop puissante. Mais je savais que je n’en avais pas, et que c’était simplement ma mémoire qui avait évolué. J’avais toujours ma mémoire eidétique mais mon hypermnésie s’était tout simplement accentuée en mémoire épisodique, ce qui me donnait des flashbacks de moi-même et de ce que je voyais. Depuis que j’avais rencontré M. McNamara – qui lui avait une mémoire épisodique – je savais que c’était ce que j’avais, et que je n’avais qu’à m’y habituer, parce que cela ne partirait pas. C’était donc plutôt d’un psychologue dont j’aurais besoin, et non d’un neurologue. « Je ne compte pas tomber amoureuse d’un homme marié. Et puis j’ai déjà un petit ami … » répondais-je sans pouvoir m’empêcher de penser à mon titulaire. « Je pense que c’est votre corps, et que personne n’a à vous imposer quoique ce soit, qu’il en soit le père ou non. Si vous voulez garder cet enfant, alors vous le gardez. Ce n’est donc absolument pas égoïste de votre part de l’imposer au docteur Hamilton. Et puis, peut-être que cette nouvelle l’enchantera ? »

« Oh non, ne vous inquiétez pas, ce n’est pas un rendez-vous important. Et puis c’est un rendez-vous médical, donc lui-même est médecin et comprendra que j’annule pour rester avec une patiente. » répondais-je avant de prendre mon téléphone pour annuler mon rendez-vous. J’avais bien sûr passé outre le fait qu’elle ait avoué ne pas avoir été des plus agréables au début. Je ne m’en formalisais tout simplement pas. En plus d’être une parfaite inconnue – même si je l’avais vu dans un de ses moments les plus intimes – elle avait ses hormones – ou autres, les résultats n’étaient toujours pas arrivés – qui la travaillaient. Autant dire que je ne m’en formalisais pas et que je ne le lui en tenais pas rigueur. Et puis, j’avais été en contact avec des patients bien plus … comment dire ? Bien moins polis … « Peut-être que justement cela ferait accélérer les choses ? Peut-être que sa demande de divorce en serait avancée ? Je ne le connais pas énormément, mais de ce que je sais de lui, c’est que c’est un homme d’honneur. Et je ne pense pas qu’il vous laisserait seule dans une situation comme celle-ci. Après, oui il y a sa fille, mais ils ont l’air d’être très proches donc je ne pense pas qu’elle lui en voudrait de choisir d’être heureux. » tentais-je de la rassurer. Bien sûr, je ne savais pas si cela aurait l’effet escompté, surtout que je ne connaissais pas du tout sa situation. Elle n’était pas la première maîtresse que je rencontrais, forcément en trois ans d’internat, j’en avais rencontré à la pelle. Des femmes qui accourraient lorsque leur « petit-ami » étaient à l’hôpital et se retrouvaient nez à nez avec leur épouse. Mais sans réellement savoir pourquoi, j’avais l’impression qu’entre les deux, c’était différent. Peut-être parce que j’admirais énormément le docteur Hamilton, et que j’espérais que ce qu’il était comme je l’imaginais ? « Non, je n’ai rien d’autre à faire pour l’instant. »

« Ce n’est pas vraiment un rendez-vous important, ne vous inquiétez pas … » tentais-je de la rassurer. Mais peut-être que je n’aurais pas dû annuler mon rendez-vous chez le neurologue. Je me doutais bien que mes problèmes liés à ma mémoire n’étaient pas neurologiques. Mais c’était plutôt le fait que j’annule ce rendez-vous pour rester avec une patiente le temps qu’elle ait ses résultats, qui me gênait. Est-ce que c’était mon rôle ? Après tout, j’avais justement eu une discussion avec le docteur Hamilton à ce sujet. Il fallait que « j’arrête d’être proche de mes patients et de m’attacher à eux, sinon je courais à ma perte » voilà ce qu’il avait dit. Mot à mot. Bon, probablement que cela ne le gênerait pas que j’entrave à sa demande pour son amante. Mais c’était plus ses paroles qui me faisaient réfléchir. Est-ce que je m’attachais réellement à mes patients ? Oui, j’avais pris quelques cafés avec certains et il m’arrivait très souvent d’aller voir mes patients dans leur chambre et d’y rester pour bavarder un peu avec eux. « Je ne pense pas que vous êtes égoïste, au contraire, je pense que ce que vous ressentez est normal. » répondais-je dans un petit sourire. Mais en même temps, n’était-ce pas aussi mon rôle de les rassurer, de les écouter et de leur laisser savoir que malgré la situation difficile dans laquelle ils se trouvaient, ils n’étaient pas seuls ? Donc peut-être était-ce différent en fonction des services ? Après tout, comment ne pas passer du temps avec des enfants qui étaient seuls la journée vu que les parents étaient obligés de travailler pour payer leurs soins médicaux ? Mais est-ce que je franchissais une ligne ? Je n’en avais pas la moindre idée … J’eus un petit rire quand elle me demanda comment je faisais pour supporter les boules de nerfs que devenaient mes patients en attente de résultat. « Déjà, je les écoute dire ce qu’ils ont sur le cœur. Généralement, cela leur fait du bien et les calme. »