Tirant longuement sur ma cigarette je soupirais avant de relâcher la fumée et me frotter le visage de ma main libre. J’étais fatiguée. Mais quand je dis fatigué, le mot n’est pas assez explicite pour dire à quel point j’allais m’écrouler. J’avais aidé mon père et avait fait le tour des quartiers ou ses putes bossaient. Autant dire que je n’avais pas dormi de la nuit. Entre ça, le boulot et tout, je tenais à peine debout. Bayant longuement, je me claquais les joues avant de plisser les yeux. Dieu tout puissant, donne-moi de l’énergie. Tirant fortement sur ma clope, je marchais avant de m’acheter un café au premier starbuck que je trouvais. Bien serré bien noir, j’en bus une gorgée manquant de m’étrangler. Dégueulasse mais si ça pouvait m’aider à rester réveillé ça serait bien. Je devais bosser. C’est dans ces moments-là qu’un petit speed me ferait le plus grand bien, mais j’avais promis à Wayne que je cessais la drogue. Alors je diminuais mes consommations et je n’avais plus rien sur moi. Dur quand ça fait dix ans qu’on se drogue assez quotidiennement… Buvant le café jus de chaussette d’un coup, je fumais ma clope avant de la jeter et soupirer. Allant dans le bar que tenait mon père de façon officieux je marmonnais des bonjours aux autres avant d’aller me changer. Je détestais ce boulot. Je préférais quand j’avais un client sur pour aller dans les soirées mondaines. Mais là, je n’avais aucun client pour le moment, alors autant venir bosser à la base pour me faire un peu plus d’argent. Ce bar offrait tous les services possibles inimaginables. Des strip-teaseuses, des prostituées, et des escort girls. M’asseyant sur un tabouret du bar, je commandais un mojito avant de m’allumer une nouvelle clope. Papotant avec le barman que je connaissais très bien, je me regardais les autres filles bosser. Parfois le téléphone sonnait, et certains demandaient à avoir une nana alors on envoyait celle qui se trouvaient ici. La plus part bossait comme strip pour se faire plus d’argent. Fallait dire que le padré il était assez radin en affaire, alors elles ne devaient pas être payé des masses. Contrairement à moi. Donnant un billet de dix dollars à Brad pour lui, car bien sur je ne payais pas les consommations, je me tournais pour voir un homme vers la trentaine d’année rentrer dans le bar. J’entendis alors Brad susurrer que c’était un journaliste qui tentait d’avoir une interview avec une escort, mais personne n’avait voulu répondre. Eh beh. Souriant en coin, je bus dans mon verre avant d’aller vers le fameux journaliste. « Salut toi. Il parait que t’es journaliste ? T’as une belle gueule, je vais répondre à toutes tes questions va. » soufflai-je en penchant la tête sur le côté le scrutant longuement avant de lui faire signe de me suivre. Filant derrière le comptoir, je fis signe à Brad de nous amener de quoi boire avant de prendre les escaliers montant lentement ceux-ci avant de filer dans le bureau inoccupé et fermer la porte derrière nous. « Installe toi fais comme chez mamie ! » Soufflai-je de mon accent italien. Toujours quand j’étais fatiguée. Me laissant tomber dans le fauteuil, je m’allumais une clope avant de lui tendre le paquet. « Clope ? »
Quelques mois auparavant, Joaquin s’était vu confié la tâche d’écrire un papier sur les escorts girl. Il devait recueillir les propos d’une ou plusieurs femmes, expliquer comment elles en étaient venues à exercer ce métier, si elles l’avaient choisi ou non, comment elles vivaient ça, et tout un tas de choses en rapport avec ça. Il avait tenté sa chance mais était malheureusement revenu bredouille et n’avait réussi à obtenir les confidences de personne. Personne n’avait voulu lui parler. Il avait notamment été marqué par une certaine Abigail qui l’avait vraiment intriguée. Coup du hasard, quelques temps après son interview manquée, il avait recroisé la jeune femme par hasard dans un salon de beauté, son* salon de beauté. Elle avait apparemment une double vie, deux métiers, deux identités et personne dans son entourage n’était au courant. Et c’était pour cette raison qu’elle n’avait pas voulu se confier au péruvien qui lui avait pourtant promis l’anonymat. Rien n’y avait fait et il s’était résigné à ne pas faire cet article et à le donner à quelqu’un d’autre. Seulement, son patron l’avait relancé et il n’avait eu d’autre choix que de partir de nouveau à la recherche d’escorts qui voudraient bien lui parler. Il allait essayer de faire plus attention cette fois, en n’insistant pas trop et en ne blessant personne comme il avait pu le faire avec Abigail. Le péruvien se trouvait à présent dans un bar qu’on lui avait indiqué. Il avait entendu que quelqu’un voulait bien lui accorder un peu de temps et lui parler. Rapidement après être entré dans le bar, Joaquin vit une jolie blonde s’approcher de lui. « Salut toi. Il parait que t’es journaliste ? T’as une belle gueule, je vais répondre à toutes tes questions va. » Un peu étonné d’une telle familiarité, le jeune homme la regarda un peu interdit quelques instants. « Euh… Merci ? » dit-il un peu penaud avant de la suivre jusqu’à un bureau vide. « Installe toi fais comme chez mamie ! » Joaquin hocha la tête et alla s’asseoir attendant que la jeune femme fasse de même avant de reprendre : « Je suis Joaquin Velazquez, journaliste pour le Times. Merci de bien vouloir m’accorder de votre temps. » Après toutes ses déconvenues il n’aurait pas pensé que ce serait si facile d’avoir une interview. « Clope ? » « Non merci. » refusa-t-il poliment en secouant légèrement la tête parce qu’il ne fumait pas. « Vous êtes donc escot ? Depuis longtemps ? » Cette question semblait futile mais c’était histoire de bien poser les bases, disons. « Vous avez quel âge, si je puis me permettre ? » Vu ses “manières” il s’imaginait qu’elle ne s’offusquerait pas trop, enfin il espérait avoir raison quand même.
« Euh… Merci ? » Haussant un sourcil, je souris doucement. « Pas de merci. » soufflai-je amusée. Ça ne servait à rien ce genre de commodité. Montant dans le bureau, je lui susurrais de s’installer et de faire comme chez lui avant de m’assoir dans un fauteuil comme une vache à vrai dire. « Je suis Joaquin Velazquez, journaliste pour le Times. Merci de bien vouloir m’accorder de votre temps. » Inconnu au Bataillon, je devais même avouer que je n’avais jamais lu le Times de ma vie. Si mon père lisait tous les journaux de la ville pour voir les potins et voir si on ne parlait pas mafia, moi je m’en foutais royalement. Mais je savais qu’à présent j’irais lire ce journal, après tout il m’interviewait… « Marleynne-Rose Don Vito, escort girl, mais tu mettras bien évidemment un autre prénom dans ton article. » soufflai-je en lui lançant bien un regard entendu. Surtout que les Don Vito étaient connu ici. Tout le gratin de la mafia connaissait la mafia sicilienne tenu par les Don Vito… Bref, vraiment, je ne voulais pas d’ennui. J’aurai pu lui donner un faux nom, mais à quoi bon. S’il était intelligent, il saurait rapidement qui j’étais. Un journaliste, ça sait tout non ? Par la suite je lui proposais une clope tout en allumant la mienne. « Non merci. » Sage décision, après tout fumer était mauvais pour la santé. Ce n’était pas nouveau, il faudrait que je stop cette merde aussi, il le faudrait. Aish. « Vous êtes donc escot ? Depuis longtemps ? » Ouh, il commençait fort l’agneau, souriant en coin, je plongeais un regard amusé et coquin dans le sien tout en tirant sur ma cigarette, sentant alors la fumée de celle-ci s’immiscer dans mes poumons. « Vous avez quel âge, si je puis me permettre ? » Seconde question pas mal du tout, on voyait bien qu’il était journaliste le petiot. Enfin, il était surement plus âgé que moi, c’était même sûr et certain. Recrachant la fumée avec lenteur, je croisais les jambes tout en prenant mes aises dans mon fauteuil. « Eh bien, j’ai vingt-quatre ans, et je suis escort depuis sept ans maintenant. » répondis-je sans aucune gêne et sans aucune honte. Je n’avais pas honte de ce que j’étais, j’avais pris l’habitude, même s’il était clair que je ne le criais pas sur tous les toits non plus… Bien au contraire, ce n’était pas une chose dont j’étais fière non plus. Je ne faisais cela que parce que mon père me l’ordonnait c’était surtout une couverture pour espionner quelques personnes du gratin de la ville. Ni plus ni moins. « Je t’épargne le calcul au cas où, j’ai donc commencé quand j’avais dix-huit ans, une fois que j’ai eu mon bac en poche pour être plus exacte. » dévoilais-je avant de voir Brad nous apporter à boire pour repartir tout aussi vite qu’il était venu. Attrapant mon verre j’en bus une gorgée avant de poser le verre sur la table basse en verre devant nous. « Si tu veux une boisson sans alcool, n’hésite pas à demander. » je pouvais très bien lui servir autre chose, je pouvais parfaitement comprendre aussi.
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