Pippa avait rendez-vous avec un nouveau client aujourd'hui. Elle avait reçu un appel quelques semaines plus tôt et convenir d'un rendez-vous qui aillent avec son emploi du temps et celui de l'homme n'avait pas été chose facile. Mais ils y avaient finalement parvenu et la jeune femme devait maintenant se rendre à l'entreprise de l'homme. Ils devaient discuter de ce que l'homme voulait exactement parce qu'elle devait bien avouer ne pas avoir tout compris durant leur conversation au téléphone. Elle devait aussi se faire une idée pour voir dans quelles mesures tout ça était réalisable. Mais ça viendrait après ça. Chaque chose en son temps.

Après avoir déposé sa fille à l'école, Pippa avait donc pris un taxi en direction de Financial District. S'il y avait bien un quartier où elle ne mettait pas souvent les pieds, c'était bien là. En même temps, les chefs d'entreprises avaient rarement recours aux services des paysagistes. Et puis franchement, il n'y avait pas grand-chose à faire dans Financial District. Soit, elle ne tarda pas à arriver à l'entreprise et alla annoncer sa venue à la secrétaire. Ainsi que le fait qu'elle avait rendez-vous. C'était important parce qu'avec ce genre de personnes très occupées, il était très facile de se voir refoulé ou obligé d'attendre. Mais là en fait, la secrétaire la fit attendre. Comme si elle n'avait que ça à faire de sa journée. Elle s'apprêta à aller s'asseoir et patienter quand une jeune femme derrière elle lui adressa la parole. « Bonjour, je vais voir mon père venait je vous conduis à son bureau. » Elle désigna alors l’ascenseur. Ca, c'était vraiment une aubaine pour Pippa qui s'engouffra aussitôt à l'intérieur. « Merci beaucoup. » fit-elle alors. « Je n'avais pas vraiment envie de patienter des heures, j'ai d'autres rendez-vous après. »

Comme tous types importants, l'homme qu'elle devait retrouver aujourd'hui pour discuter de ce qu'il voulait qu'elle fasse dans ses bureaux n'avait rien trouvé de mieux que de la faire patienter. Parce que bien sûr, elle n'avait que ça à faire attendre là. Conciliante néanmoins (si Yoshi l'avait vu, il n'en aurait pas cru ses yeux), Pippa accepta de patienter. Au moins cinq minutes. C'était un client important qui allait dépenser une fortune donc bon, elle pouvait faire un petit effort au moins. Une chance pour elle, elle n'eut pas à attendre bien longtemps avant qu'une jeune femme ne vienne jusqu'à elle et ne lui propose de la conduire jusqu'au bureau de son père (ainsi donc, elle devait être la fille du patron). La rousse accepta donc volontiers et ne tarda pas à remercier la jeune femme, évoquant le fait qu'elle avait d'autres rendez-vous après. « Oh ce n’est pas un souci, je vais voir mon père alors… Et parfois je dois l’avouer les secrétaires font attendre pour rien… C’est affligent. » « J'imagine que c'est leur boulot. » Elle ne jetait pas la pierre aux secrétaires, elle avait plutôt tendance à penser que c'était les boss les responsables. Et puis après, les pauvres filles, c'était elle qui devait supporter la colère et la mauvaise humeur de ceux qu'elles faisaient patienter. Elle avait beaucoup de mérite et de patience (même s'il était vrai que certaines étaient particulièrement peau de vache). « Je me souviens la première fois que je suis venue voir mon père, la secrétaire ne me croyait pas quand je lui disais que j’étais sa fille… Heureusement j’ai de la patience. » « Il vous a fallut longtemps pour lui faire entendre raison ? » demanda Pippa avec un petit sourire. Elle, elle aurait sûrement tuer à la place de l'autre. Well, mais elle n'était pas non plus la personne la plus patiente au monde alors... Au contraire même ! « Vous venez pourquoi exactement ? » « Je suis paysagiste et votre père voulait faire je ne sais pas trop quoi. » Elle haussa les épaules. « Je n'ai pas tout compris et comme on devait en discuter plus précisément aujourd'hui de toute manière. » Elle n'avait pas cru bon d'en retenir plus.

La jeune femme qui avait proposé à Pippa de l'accompagner jusqu'au bureau de son père avait l'air très prompt à blâmer la secrétaire pour l'attente. La rousse trouvait ça un peu facile en revanche. Elle était plutôt d'avis de dire que c'était la faute du patron l'attente et que l'autre avait juste le mauvais rôle là-dedans. En plus, elle n'avait pas de chance parce que c'était toujours sur elle que retombait la mauvaise humeur des gens. Enfin soit, l'autre avait l'air d'avoir quand même de bonnes raisons d'en vouloir à la secrétaire qui n'avait pas voulu croire un jour qu'elle était bien la fille du boss. A ce qu'avait compris Pippa. Curieuse, l'hollandaise voulut savoir combien de temps il avait fallut avant qu'elle ne se rende compte de son erreur.  « Près de quarante minutes. Parce qu’en fait j’ai des jumeaux, nous sommes tripés, deux filles et un garçon. Et mon frère était passé la veille. Du coup, comme j’ai une allure de mec et qu’on me confond avec un mec… La nana ne me croyait pas… Elle a d’abord cru que je me faisais passer pour le fils, puis la fille. J’ai cru qu’on ne s’en sortirait jamais. » Pippa leva les yeux au ciel, un peu exaspérée. Elle comprenait un peu mieux l'agacement de l'autre du coup, elle aurait certainement réagit de même dans les cas inversés (ça ne faisait presque aucun doute d'ailleurs vu son caractère). « Ahlala. D'accord, je veux bien dire qu'elles sont un peu bêtes parfois. » concéda-t-elle alors.

Une fois dans l'ascenseur, la jeune femme voulut savoir pourquoi Pippa voulait voir son père. La rousse l'informa alors qu'elle était paysagiste et qu'elle avait été appelé pour elle ne savait pas trop quoi. Aménager un extérieur très certainement mais elle n'était pas capable d'en dire plus, elle n'avait pas vu des masses des choses en plus à part du béton partout. « Ouais je vois, à mon avis il veut que vous vous occupiez du mini jardin dans la vitre là en bas… Mon père a des envies parfois… » Pippa regarda rapidement à travers la vitre avant de constater que le mini jardin... était plus que mini en effet. Certaines personnes avaient des lubies un peu étranges. « Mini-jardin, c'est un euphémisme je pense. » commenta-t-elle alors en fronçant les sourcils. L'ascenseur s'arrêta mais ce n'était pas encore le moment de descendre pour elles. Elles purent donc continuer de parler un peu. « Je peux vous dire un truc ? J’aurai cru tout sauf le faite que vous soyez paysagiste… Mannequin… Esthéticienne… Mais pas ça. Vraiment, comme quoi, il ne faut jamais se fier aux apparences… Ce n’est pas négatif hein ce que je dis, ne vous méprenez pas… » Pippa hocha lentement la tête. « Vous faites bien de préciser hein parce qu'on aurait put croire que vous sous-entendiez que j'avais l'air trop stupide pour faire quelque chose d'autres que mannequin ou esthéticienne. » fit-elle avant de faire un petit sourire histoire de bien montrer qu'elle ne le prenait pas mal. « Menfin, merci j'imagine. » Elle ne voyait pas trop qui répondre d'autres à ça pour le coup.

La fille avait montré à Pippa le 'petit jardin' qu'elle pensait que son père voulait aménager. Celui-ci était en effet bien visible de puis l'ascenseur. La rousse constata ainsi bien vite que mini jardin était encore un euphémisme. Elle ne voyait vraiment pas ce qu'elle pourrait faire là-dedans, il n'y avait quasiment rien à aménager. Ca allait être vite fait au moins et well, ça n'allait sûrement pas lui rapporter tant que ça du coup. « Il a des lubies bizarre je vous dis. » « J'imagine qu'un peu de verdure ne fais jamais de mal. » Quoique non, en vérité, elle partageait le point de vue l'autre à propos des lubies bizarres. Enfin bon, il fallait bien dire qu'elle avait l'habitude. Il ne serait ni le premier, ni le dernier, à avoir des demandes étranges.

Lorsqu'elles descendirent finalement de l'ascenseur, l'autre fit un commentaire sur le fait qu'elle aurait plutôt dit que Pippa était mannequin ou esthéticienne et la jeune femme répondit un peu maladroitement à tout ça. « Ce n’était pas dans ce sens-là que je le disais… Juste que vous avez réellement le physique pour ! Je n’ai jamais voulu insinuer que vous étiez stupide. » « Oui, oui, j'ai bien compris, ne vous inquiétez pas. » répondit aussitôt Pippa en tendant de rassurer un peu l'autre. Elle s'emportait juste un peu facilement dans tout ce qu'elle disait. Ceux qui la connaissait en avait l'habitude mais bon... « Vous pensez donc que les mannequins et esthéticienne sont stupides ? Enfin, c’est ce que je comprends de votre phrase. » Pippa plissa les yeux. « Non, non, ce n'est absolument pas ce que je voulais dire ! » se défendit-elle aussitôt. Elle n'était pas snob comme ça... enfin, elle n'en avait pas l'impression en tout cas. « Je... laissez-tomber. »

Pippa venait certainement de passer pour une snob parce que l'autre avait dut comprendre qu'elle pensait les esthéticiennes et mannequins stupides. Well, c'est vrai que il y en avait pas mal qui ne brillait pas par leur intelligence mais la rousse n'en faisait pas une généralité pour autant. Soit, elle tenta de se défendre un peu avant d'abandonner parce qu'elle avait l'impression qu'elle ne faisait que s'enfoncer. « Je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise hum, ne vous en faites pas, de toute façon, dans le pire des cas, c’est assez clichés… Et certaines ne font rien pour briser le cliché… » La jeune femme haussa les épaules. « Oui c'est ce que je pensais. » fit-elle en pinçant les lèvres. « Mais ce n'est pas pour ça que je fais de leur cas une généralité. » Bref, elles arrivèrent ensuite au bureau du père de l'autre et le trouvèrent en conversation au téléphone, comme l'autre l'avait prédit. « Qu’est-ce que je disais tout à l’heure ? » Pippa eut un petit sourire amusé. « Vous êtes vraiment trop forte. » L'autre s'approcha ensuite son père et s'assit sur le bureau.  « Mi-Nam ! Tu aurais pu venir plus tard, la conversation était importante. » « bien sûr, bien sûr ! J’ai ramené la paysagiste avec qui tu avais rendez-vous ! Je lui ai montré ton mini jardin ! C’est ça que tu veux refaire faire ? » « Oui, je veux le rendre plus… Japonais. » « Japonais ? » « Tout sauf coréen ! » Pippa avait assisté à l'échange sans rien dire et essayer de s'imaginer ce qu'elle pourrait faire d'après ce qu'ils étaient en train de dire et vu la taille du mini-jardin qu'elles avaient vu un peu plus tôt. « Vous allez pouvoir faire ça ? » Pippa n'eut pas à réfléchir longtemps avant de hocher la tête. « Bien sûr, je peux tout faire. » Sans vouloir se vanter, elle était quand même plutôt douée dans son boulot.

Pippa avait finit par arriver jusqu'au bureau du patron, accompagnée de la jeune femme qui l'avait gentiment conduit là. L'autre ne tarda pas alors à lui expliquer ce qu'il voulait pour son mini-jardin : quelque chose dans le style japonais, surtout rien de coréen. Well, ça n'avait pas l'air si compliqué comme ça même si c'était très vaste. Mais elle pouvait tout à faire ça en tout cas. Elle pouvait tout faire parce qu'elle était très douée dans son boulot comme ça. Et ce n'était pas être arrogante que de reconnaître ça, elle était juste... réaliste. « Vous pouvez faire ça quand ? Je ne suis pas pressé, et vous pouvez faire ça quand vous voulez, juste me prévenir du jour que je puisse venir voir et toutes les modalités. » Pippa fronça les sourcils. Alors, c'était comme ça, il lui laisser seulement ça comme instruction pour le jardin. C'était un peu... inattendu. Elle avait plutôt l'habitude de tomber sur des clients exigeants qui en voulaient trop et qui se plaignaient sur chaque petit détail. Enfin... le fait qu'il lui laissa autant carte blanche ne voulait pas dire qu'ils soient moins chiants. « Euh, j'ai un emploi du temps assez chargé dans les semaines à venir donc après m'arrangerait. » répondit-elle d'abord. « Mais je me demandais, vous n'avez rien de plus précis en tête ? Parce que je ne voudrais pas que vous soyez déçu après. » Et chiant, surtout chiant. Elle voulait éviter d'avoir à tout refaire si ça ne lui convenait pas. Enfin, elle lui ferait un résumé de ce qu'elle avait prévu avant d'aménager le jardin dans tous les cas mais bon quand même. « Je veux bien vous tenir compagnie ce jour-là ! » « Avec plaisir. » répondit la jeune femme en hochant la tête. Même si encore une fois, ils n'en étaient pas encore là. Encore fallait-il qu'elle trouve un créneau dans son emploi du temps et qu'elle prépare tout ce qu'il y avait à faire avant. « Et votre prix sera le mien, dite moi votre prix et vous aurez l’argent. » « Encore une fois, ça dépend. Je ne pourrais vous dire ça que quand j'aurais une idée de ce que je vais utiliser pour l'aménager. »

L'homme voulait savoir quand Pippa pourrait s'occuper de son jardin et celle-ci lui expliqua qu'elle avait un emploi du temps plutôt chargé dans les semaines à venir. Elle s'occuperait donc de ça et elle aimerait bien avoir avant une idée plus précise de ce que lui avait en tête. Histoire qu'il ne vienne pas se plaindre après de ce qu'elle ferait. « Hum, pas vraiment… Je ne suis pas bien compliqué, mais je peux chercher une photo pour vous guider. Je pense. » « Ca m'arrangerait oui. » répondit-elle avec un petit sourire. Ils évoquèrent également la question du prix et la rousse informa l'autre qu'elle ne pouvait pas lui donner trop de prix tant qu'elle ne savait pas ce qu'elle allait faire. Tout dépendrait des matériaux qu'elle utiliserait en fait. « Pas de souci, je vous fais confiance, votre prix sera le mien, si vous avez besoin d’une avance dite le moi. » « Non, ce sera bon. » assura l'hollandaise avec un sourire poli. L'argent était très loin d'être un souci pour elle en fait donc elle n'aurait jamais été réclamé une avance comme ça. « Je pense qu’on peut arrêter là pour aujourd’hui. Je vous enverrai une photo de ce que je souhaiterai avoir, et tenez moi au courant. » Pippa hocha la tête pour approuver et le salua rapidement avant de quitter le bureau en présence de l'autre jeune femme. C'était un peu étrange ça d'ailleurs parce qu'elle pensait que l'autre devait voir son père mais bon... apparemment, ce n'était pas forcément le cas. « Je me suis toujours demandé comment mon père a fait pour gérer une entreprise jusqu’ici quand on voit comment il est. Rassurez moi, vous vous posez la même question-là hein ? »  Pippa fit la moue. « Non pas vraiment. Disons qu'on a eu un échange trop bref pour que j'ai eu le temps de me demander ça. » Elle avait surtout eut l'impression qu'il avait hâte de se débarrasser d'elle alors...