Je quitte le monde du sommeil pour celui de la réalité lentement, tout en douceur. Mes yeux papillonnent face à un rayon de lumière un peu trop violent qui filtre à travers les rideaux pourtant tirés. Mmmm. Je bouge tout doucement dans le lit et souris en sentant la chaleur d'un autre corps au côté du mien, un corps que je connais par coeur maintenant. Le bras de  Malia est enroulée autour de ma taille, je lui tourne le dos et sens souffle dans mon cou. Je décide de rester encore un moment dans le lit pour achever mon réveil et profiter du calme de ce samedi matin. Nouveau sourire quand je repense à hier soir. On a fêté la Saint-Valentin comme il se doit, pour la quatrième fois toutes les deux. L'année dernière, pour changer nous avions décidé de sortir avec d'autres amis en couple à nous. C'était plutôt sympa mais cette année, pas question de partager Malia avec qui que ce soit d'autre pour cette soirée. En vrai la Saint-Valentin je m'en fous un peu mais tant que ça me donne une excuse pour avoir ma copine pour moi toute seule ... c'est tout ce qui compte. Donc dîner chez nous hier soir, tranquillement puis ensuite ... bah je vous laisse deviner la suite, j'ai pas besoin de vous faire un dessin j'imagine. C'était bon de se retrouver comme ça. Disons qu'on a eu une semaine chargée toutes les deux et que même si on vit ensemble, ç'a a été difficile de se croiser entre nos cours, nos familles parfois un peu envahissantes ... oui, sans commentaires à ce niveau là.

Finalement, après quinze minutes de flemme à fixer les chiffres sur le réveil et à me concentrer sur le souffle régulier de Malia dans mon cou, je décide de me lever. Doucement, je dégage son bras de ma taille pour le poser près d'elle et commence à bouger pour sortir du lit le plus discrètement du lit. Une fois debout, plantée dans la chambre, je pars à la recherche de de mes affaires qui sont éparpillées un peu partout dans notre chambre avec les siennes. Je trouve mon string noir à gauche, mon tregging noir à droite et mon soutien-gorge en dentelles noires sous le lit. J'enfile le tout rapidement et tourne la tête vers Malia qui semble toujours dormir comme un bébé. Sourire attendrie de ma part. Quand on sait tout ce qu'on a dû affronter pour être ensemble ... j'arrive encore mieux à apprécier ce genre de petits moments, où tout va bien et où on est toutes les deux, parce que c'est tout ce qui compte. Je me dis que je devrais prendre une douche, ma peau colle légèrement à cause de nos ébats nocturnes mais je me sens d'humeur taquine. Je me rallonge doucement sur le lit, près d'elle, pour déposer un baiser sur le haut de son bras, puis un deuxième pour ensuite remonter vers son épaule et après, faire une longue halte dans son cou, sans rompre le contact entre mes lèvres et sa peau.

Je ne connais pas de matin plus agréable que ça, où on est que toutes les deux et où on a tout le temps devant nous pour nous remettre de nos ébats nocturnes par exemple. Franchement à part Malia et la tranquillité, je n'ai pas besoin de rien de plus. En plus, je vais dire quelque chose très cul-cul, mais Malia est adorable quand elle dort et je pourrais la regarder faire toute la journée ... Ou pas parce que je finis toujours par avoir envie de l'embrasser et du coup ça la réveille. C'est ce que je finis par faire d'ailleurs après m'être rallongée doucement sur le lit à moitié habillée. Ma chaleur contre la sienne, mes lèvres plongent vers sa peau. Après toutes ces années, je connais ce contact par coeur et pourtant, ça me fait toujours un truc, quelque chose au ventre. Son odeur, j'ai envie de la respirer jusqu'à me consumer. Je suis sérieuse, ça fait peut-être un peu psychopathe mais c'est la pure vérité. Est-ce que c'est normal que ça me fasse toujours autant d'effet après quatre années ? Oh oui, je préfère que ça se soit dans ce sens là hein, c'est juste que parfois notre relation semble tellement forte et fusionnelle. Des fois quand j'en parle à des amis, ils me regardent avec des grands yeux et ... bref, c'est rien.

Mes lèvres s'attardent donc sur son bras qui est baigné par quelques rayons de soleil. Il est tout chaud. Malia bouge faiblement et pousse quelques bruits de protestation. Du coup, ma bouche remonte progressivement vers son cou, où je m'attarde longuement pour achever son réveil. Ca me fait sourire de la voir avoir du mal à se réveiller et lutter. Au bout d'un moment, alors que je commençais à désespérer, sans grands yeux obscurs et ensommeillés s'ouvrent. Je la contemple, un sourire en coin, attendant  quelques secondes pour lui laisser le temps de bien se réveiller. « Je ne connais pas de meilleure façon d’être réveillée. » « J'espère bien. » ai-je plaisanté, mon visage toujours tout près du sien. Pour plaisanter ... c'est vite dit. Parce que j'espère vraiment qu'elle n'a jamais eu d'aussi bon réveil avec quiconque dans toute sa vie ... Oui bon là, j'en demande peut-être un peu trop. Peu importe. Sur ce, elle comble le vide entre nos deux visages, je la laisse faire. C'est à cet instant que nos lèvres entrent en contact pour la première fois de la journée. Les poils de mes bras se dressent tous, tandis que notre baiser s'intensifie. Une façon très agréable de se dire bonjour aussi. Nos lèvres sont toujours soudées et encore une fois, après tout ce temps, je n'ai pas les mots pour dire ce que je ressens dans ce genre de moment. Je voudrais ne pas avoir besoin de respirer. Je voudrais juste que ça, c'est à dire l'embrasser, soit suffisant pour vivre pour l'éternité. Juste elle.

« Je t’aime tellement. » murmure-t-elle alors que nos fronts sont toujours en contact. Mon coeur fait un bond. Une vague de chaleur m'envahit, c'est tellement puissant que j'en ai le souffle coupé pendant quelques secondes. « Je t'aime aussi ... T'as pas idée à quel point. » ai-je murmuré. Et c'est la vérité. Elle n'a aucune idée à quel point je l'aime, à quel point elle compte. Ca devrait pas être permis ... Je veux dire, ça me fait presque peur parfois quand je me rends compte à quel point mes sentiments pour elle dépassent l'entendement. Aimer quelqu'un aussi fort, c'est risqué. C'est comme si on était dépendant de la personne en question. Rassurez-vous, je n'ai aucun doute sur ma relation avec Malia, mais oui, parfois quand je me rappelle tout ça ... C'est juste que, je sais pas si elle se rend compte qu'elle peut faire absolument tout ce qu'elle veut de moi. Avec un sourire, elle capture à nouveau mes lèvres et pose une main sur ma joue. Ca semble juste tellement naturel entre nous. « J’espère que tu ne comptais pas m’abandonner si vite, parce que j’avais dans l’idée qu’on passerait la journée rien que toutes les deux toi et moi. » Cette fois c'est à mon tour de capturer ses lèvres, pour un baiser un peu plus court mais plus sensuel. Je souris contre sa bouche avant de m'écarter un peu. « Si j'avais vraiment voulu t'abandonner, j'aurais pas pris la peine de te réveiller ... de la meilleure façon qui soit, soit dit en passant, et quant à ce que tu avais en tête pour aujourd'hui, je pensais exactement la même chose. » ai-je fait avec un sourire. « On irait quelque part ? Se balader en ville ? Mmm mais on pourrait très bien rester au lit toute la journée aussi ... » ai-je enchaîné d'un faux air innocent.

La perfection de cette matinée est assez impressionnante et elle l'est encore plus quand je me souviens que nos réveils se passent comme ça. C'est encore plus impressionnant que je me dise ça après tout ce temps. Parfois des couples se brisent à cause de la lassitude et la monotonie qui peut s'installer entre les deux parties. Ca m'est déjà arrivée par le passé, parfois après seulement un mois de relation, voire moins. Sauf qu'avec Malia ... avec Malia, même après quatre ans de relation, rien, pas une once de lassitude. Je me demande comment ça peut être possible d'être lassée d'elle bien sûr, est-ce que c'est possible ? Je suis toujours un peu effrayée oui, à l'idée d'être autant attachée à elle mais justement, j'ai accepté l'idée. Je refuse de penser au futur, de me dire que là, maintenant je pense ou je veux penser que cette relation durera jusqu'à la fin de temps, alors que je sais très bien qu'un rien peut tout foutre en l'air. En fait non, il faudrait beaucoup plus qu'un rien pour tout ruiner entre Malia et moi. Donc oui, mon petit frère a beau se foutre de ma gueule parce qu'il vient de se faire larguer par sa copine et que pour lui, l'amour, c'est pourri et que si ça se trouve Malia et moi ça sera fini demain, alors qu'on agit toutes les deux comme si on était déjà mariées. Que voulez-vous, quelle chance j'ai d'avoir un petit frère déjà aigri à dix-huit ans. Tout ça pour dire que, avec le temps, j'ai appris à vivre le moment présent sans craindre que tout finisse le lendemain.

Voilà pourquoi, parce qu'elle réussit à me faire sentir faible et invincible à la fois, je lui réponds que je l'aime et qu'elle n'a pas idée à quel point d'ailleurs. « Non mais tu n’as pas compris je pense. Je t’aime à un point que je n’aurais pas cru possible. » répond Malia en souriant. Je fronce le nez en souriant un peu plus, comme si c'était possible parce que je souris comme une attardée depuis que j'ai ouvert les yeux. Je secoue la tête, amusée. « Non, c'est toi qui a pas bien compris. C'est moi qui t'aime à un point que je n'aurais pas cru possible ... encore plus que ça même. Je ne sais pas ce que ça représente au juste, mais au moins un millier de fois plus je pense, au moins. » ai-je fait très sérieusement. Okay, j'ai vraiment l'impression d'avoir six ans là mais peu importe. C'est moi qui ai raison de toute façon. « Promet moi de ne jamais me quitter. Jamais. Je ne le supporterai pas sinon. » Sa phrase fait battre mon coeur encore un peu plus vite, elle me transperce littéralement car je sais qu'elle est très sérieuse. De toute façon, qui pourrait dire une chose pareille à la légère hein ? Surprise une seconde par la soudaineté de sa demande, je penche légèrement la tête sur le côté avec un sourire attendri, avant de m'approcher tout près de son visage. « Je ne te laisserai jamais tomber. Jamais. » ai-je murmuré avant de l'embrasser à nouveau. Je suis sincère. Ca fait quatre ans et je suis toujours aussi sincère qu'au début. J'ignore de quoi notre avenir sera fait, mais à cet instant précis, ce que je lui réponds est la plus grande vérité qui existe. Imaginer ma vie sans elle c'est juste ... impossible. Je me rappelle à quel point nos débuts ont été difficiles, vraiment difficiles quand on connaît le boulot de nos parents. Malia et moi avons eu des moments difficiles pour nous affirmer. C'est peut-être du passé, mais je garde un souvenir douloureux de cette période où je pouvais la perdre à tout moment.

Puis notre conversation dévie vers le programme de notre journée, autrement dit, soit ne rien faire chez nous ou de ne rien faire en ville. Très dur comme choix. Elle répète ce que je dis à propos de la réveiller de la meilleure des façons, ce qui me fait sourire. Sur ce, alors que je pense avoir le droit à un nouveau baiser, elle approche son visage du mien pour frotter nos deux nez l'un contre l'autre. C'est ça qu'on appelle les bisous esquimau, non ? Peu importe, ça me fait sourire une fois de plus. « Il fait si beau, ce serait dommage de ne pas en profiter, non ? Mais c’est comme tu veux, on fait ce que tu veux… » Je passe une main dans mes cheveux et jette un  coup d'oeil distrait par la fenêtre, en proie à une intense réflexion. Je fronce à nouveau le nez. « C'est vrai qu'il fait beau, ça serait bien d'en profiter, juste ... je sais pas si je suis d'humeur à te partager avec le reste de la ville aujourd'hui. »  ai-je fait d'un air légèrement boudeur.  « Mais oui on peut sortir, ça peut être sympa, je suis vraiment pas contre l'idée ... Je sais j'aide pas beaucoup hein ? » ai-je poursuivi avec un large sourire un peu insolent.

Je voudrais que tous mes matins soient comme ça jusqu'à la fin des temps. Je me sens bien, calme et sereine pour préparer cette nouvelle journée et je sais que tout vient de la présence de Malia près de moi. « Alors moi je t’aime un million de fois plus que toi tu m’aimes. » enchaîne-t-elle après ma dernière réplique sur le sujet. On dirait deux gamines en train de se disputer qui aura l'avantage. Même si je sais qu'on fait ça sur un ton léger, ça me contrarie qu'elle ne veuille pas me donner raison, c'est-à-dire comprendre que c'est moi qui l'aime le plus. Point à la ligne. Bon bien sûr que ça me fait plaisir qu'elle surenchérisse à chaque fois, dire le contraire serait mentir mais ... Je ne peux pas me laisser battre. Alors je suis répondre mais elle reprend la parole et m'en empêche. « Ou on peut dire qu’on s’aime autant l’une que l’autre. Sinon attends-toi à une guerre sans pitié parce que je ne compte pas te laisser gagner aussi facilement. » Je fronce le nez et fais mine de réfléchir à la question. Nous connaissant, ce débat peut encore durer des heures et si on veut profiter un peu de la journée ... Je finis par hocher doucement la tête avec un sourire en coin. « D'accord, ça me va, on fait une trêve. » ai-je fini par accepter en faisant mine de lui serrer la main d'un air très sérieux.

C'est là qu'elle me dit quelque chose de très sérieux et je lui réponds de la manière la plus sincère possible. Non je ne l'abandonnerai jamais. C'est le genre de moment où, même si nous sommes en couple depuis quatre ans, on a quand même besoin d'entendre ça, de se rassurer l'une l'autre ... pour être sures ... ? C'est juste que parfois, quand on voit le reste du monde, le reste des gens, on se dit que tout peut basculer très vite. Parfois ça me prend, l'angoisse monte à l'idée que je puisse la perde d'un moment à un autre. Souvent ça m'empêche de respirer. Donc oui, j'ignore de quoi notre avenir sera fait mais je lui réponds à cet instant possible avec le plus de sincérité dont je suis capable et l'embrasse ensuite, comme pour lui prouver. Je ne veux pas la quitter, jamais. Je serai perdue sans elle. Ces quatre dernières années, elle a toujours été là, comment pourrait-il en être autrement ? Nous n'étions que des adolescentes quand tout a commencé, des gamines terrifiées mais nous sommes restées ensemble ... Et voilà où on en est. Nous deux, dans notre appartement. Je suis devenue adulte avec elle, les épreuves nous ont rapprochées. Je suis aussi terrifiée qu'elle à l'idée de la perdre, seulement comme je me persuade que ça ne peut arriver pour calmer mes angoisses ... Peu importe.

« Epouse-moi alors. » dit soudain Malia après ... Wait, what ? Pendant une fraction de secondes, j'ai l'impression d'avoir mal compris. Je me suis arrêtée de respirer, littéralement. Mon esprit se bloque et je la regarde, la bouche ouverte. Sa demande me prend totalement de cours. « Epouse-moi, reste avec moi pour toujours. » Elle est sérieuse. Dis quelque chose Constance, vite. Joue-là à l'instinct, c'est jamais vraiment bon de réfléchir pour ces choses là. C'est très cul-cul à dire mais si dans ce genre de moment c'est autre chose que ton coeur qui répond ... « Okay. » me suis-je entendue répondre en un souffle. Aussitôt le moment sorti de ma bouche, un sourire immense apparaît sur mes lèvres, même si j'ai encore un peu de mal à croire que je l'ai dit. Oh, d'ailleurs c'est pas vraiment le mot qu'on doit dire dans ce genre de moment. « Oui. Oui ! » ai-je poursuivi en hochant la tête. Wow ! Qu'est-ce qui vient de se passer au juste ? J'arrive à respirer de nouveau, au comble du bonheur. Après tout, je viens juste de lui dire que je ne l'abandonnerai jamais, ça fait quatre ans qu'on est ensemble et ... Oh mon dieu ! Malia ! Je la considère déjà comme ma femme mais elle le serait vraiment et ... Je me jette littéralement sur ses lèvres pour qu'elle comprenne ce que je peux ressentir parce que les mots me semblent trop faibles dans ce genre de moment.

Après ça, il est difficile de me remettre de mes émotions. La suite consiste juste à savoir ce que nous allons faire de notre après-midi, ce qui n'est quand même pas une mince affaire. « Pas du tout, non… Et moi non plus je ne sais pas ce que je préfère alors comme ça… On n’a qu’à rien faire. » Je souris largement. L'idée de rester ici toute la journée est très plaisante, je n'ai aucune envie d'affronter le reste du monde aujourd'hui. Je m'allonge sur le dos, toujours en soutien-gorge et en jeans. « Si ça tenait qu'à moi, je resterais dans cette chambre avec toi jusqu'à la fin de temps. » ai-je soufflé en regardant le plafond. Et je suis très sérieuse. Je porte mon attention sur elle à nouveau. « Je t'aime. Je t'aime comme l'infini et oui avant que tu le demandes, mon infini est beaucoup plus grand que le tien. » ai-je dit pour l'embêter.