Voix de son frère Mike qui passe dans le couloir près des toilettes : Encore aux chiottes, mec ??!!
Bah ouais ... t'as pas idée de tout ce que j'ai à écluser ... .
Glamour bonjour !!!!! Ou Samuel obsédé par les 50 rouleaux de PQ Sudoku qu'il a remporté à la tombola dernièrement. Magnifique lot qui se rappelle à ses pensées jusque dans ses plus doux rêves ! Or not !
Bon recentrons le contexte après cette parenthèse que je vous prierai d'effacer de votre mémoire à jamais ! Suite à ce rêve délicat et léger, la matinée a plutôt bien débuté. J'ai déjeuné avec Polina et son fils à midi avant de nous rendre tous les trois à la fête d'anniversaire d'un ami d'Ivanov en ce tout début d'après-midi. Fête à laquelle on le dépose en ce vendredi après-midi et restons un peu avant de l'y laisser pour le week-end tandis que moi et Polina avons prévu de nous faire une grande virée. Au programme, se rendre à un festival et se laisser porter au hasard des routes selon là où on désirera aller ensuite. Tout ceci ayant pour but de nous mener loin de New York pour un temps et de nous éclater un maximum.
Elle et moi nous fréquentons depuis maintenant trois semaines et nous nous voyons assez régulièrement, par chance puisqu'en ce moment, le boulot ne me mène pas forcément bien loin la semaine et que je peux ainsi la voir certains soirs et le week-end. Week-end bien souvent attendu avec hâte et particulièrement dans le cas de celui-ci vu le programme ! Mais pour l'heure, nous voilà arrivés à la fête d'anniversaire d'un copain d'Ivanov. La fête a lieue dans le jardin d'une maison d'un quartier chic. C'est la maman du copain en question, une amie ou connaissance de Polina je suppose, qui vient nous accueillir à la porte et se met un peu à discuter avec nous . Polina me présente simplement par mon prénom sans signaler qui je suis pour elle et cela me va parfaitement. Je sais qu’elle n'aime pas forcément exposer ces choses là et qu'elle est plutôt discrète dans son genre. Tandis que notre hôte invite Ivanov à aller rejoindre ses amis dans le jardin où se trouvent tous les autres enfants et quelques mamans, je reste un instant en compagnie de cette dernière et de Polina alors que nous restons un instant dans la cuisine dont la baie vitrée est grande ouverte sur le jardin. Puis je finis par aller rejoindre Ivanov qui vient me tirer par le bras pour me montrer les délicieux gâteaux qu'il y a sur la table et dont on peut d'ores et déjà se servir une part. Il connait déjà bien le morfale que je suis, pour en être un lui aussi. Sur ce plan là, on s'entend très bien et il a également un intérêt naissant pour la mécanique et les belles voitures depuis qu'il a vu la Mustang que je possède.
En sortant de la cuisine pour accéder au jardin, j'ai le temps de capter la messe-basse que souffle notre hôte à Polina.
" Mmhh dis-moi que c'est juste un ami ou un oncle parce que je lui mettrais bien le grappin dessus à celui-là ! Regarde ses fesses, il est trop sexy ... !"
Mais je n'ai pas le temps d'entendre la suite avec Ivanov qui me traine vers le buffet. Je me sers une part conséquente d'un gâteau qui me fait décidément de l’œil après avoir servi le petit. Petit qui a tout de même neuf ans et qui tire sur ma manche pour me montrer qu'il va près d'un groupe de filles plus loin, l'air de dire "regarde-moi, je vais assurer". Ce gosse me fait décidément trop rire. Il fait déjà preuve d'un certain charisme à son âge. Je le regarde un instant tandis qu'il me jette parfois des coups d’œil l'air fier de lui, et un instant plus tard, je remarque alors que si lui fait des ravages parmi les filles, de mon côté, je semble en faire également bien malgré moi ... . En effet, trois femmes postées plus loin en face me reluquent sans la moindre discrétion.
Aujourd'hui, Ivanov est invité à l'anniversaire d'un de ses petits copains de quartier, et passe le week-end avec cet ami en question. Ainsi, Samuel et moi-même avons pu organiser deux jours rien que pour nous. Le programme n'était pas pré-établi, si ce n'est un jour de festival de musique, à quelques kilomètres de là. Nous partons donc à l'aventure ! Ceci m'excitait fortement, rien que d'y penser ! Je n'avais eu l'occasion de partir sur les routes, et de laisser le vent me mener. Mon mari n'était pas de ce genre-là... Pas du tout, même. Il appréciait que les choses soient bien faites, bien organisées et laissait peu de place à l'improvisation. Il était un grand anxieux, et aimait tout contrôler, sans que ce ne soit trop excessif non plus. Mais cela est tout aussi rassurant qu'étouffant. J'étais donc on ne peut ravie de partir en camion pour le week-end. En plus de cela, je savais Ivanov entre de bonnes mains, je n'avais donc aucun souci à me faire.
Après le repas, nous vérifiâmes si toutes nos affaires étaient prêtes avant d'amener Ivanov à cette fête d'anniversaire. Depuis son levé, il était excessivement en forme et il était difficile de lui demander de se calmer. Il était survolté de savoir qu'il allait passer deux jours avec ses copains, qu'il allait pouvoir dormir avec eux et se coucher tard. Si cela faisait rire Samuel, pour ma part, j'espérais que ce surplus de joie ne lui fasse pas faire trop de bêtises. Sans peur et casse-cou comme il est ! Mais bien heureusement, je connaissais assez bien sa mère, et je savais qu'elle saurait les tenir. Je l'avais connu en allant au parc tout près de chez nous. Nos deux fils ayant rapidement fait connaissance, nous avions fait de même. Et il est vrai qu'elle était une femme des plus charmantes, et je me réjouissais de créer des liens avec les gens d'ici. Cela se faisait doucement, mais sûrement. Je l'avais invité à dîner, et inversement. Elle aussi élevait son fils seule, son mari s'était tué lors d'un accident de travail il y a de ça quelques années. De mon côté, je lui avais brièvement relaté mon histoire avec Antoine, sans pour autant rentrer dans les détails. La seule au courant de la chose de manière complète était Willa. Et je ne voulais pas ébruiter l'affaire. Les gens n'étaient pas obligés de savoir. D'ailleurs, même Samuel n'était pas au courant. Je ne désirais toujours pas lui en parler. Nous avions tout notre temps, je ne souhaitais en rien précipiter quoi que ce soit... Cela n'était pas mince affaire que de lui dire que je suis encore mariée... Je ne savais absolument pas comment lui en faire part. J'attendais donc de trouver ce que l'on appellerait le "bon moment". Même s'il n'existe pas vraiment de "bons moments" pour dire les choses...
13h30, nous arrivons chez Caroline pour déposer Ivanov. En bonne maîtresse de maison, elle nous propose bien entendu de rester un instant pour boire un verre, et discuter tranquillement. Installés dans la cuisine, nous pouvons tout à fait garder un œil sur la petite bande. Rapidement, mon fils revient vers nous et entraîne Samuel dans le jardin pour lui monter je ne sais trop quoi. Mais alors que nous discutions tranquillement, Caroline se permit de faire une réflexion sur Samuel qui me déplut beaucoup.
- Ah, désolée, très chère. Il est déjà pris...! Tout ça accompagné d'un clin malicieux. - Han, chanceuse ! Je suis certaine qu'il assure au l...
Je ne lui laissais pas le temps de finir sa phrase. Je ne voulais pas entendre ce qu'elle pouvait imaginer. Discuter de cela avec d'autres, très peu pour moi. Cela doit rester de l'ordre du privé, de l'intime. Je m'excusais alors auprès d'elle pour retourner dehors, me rapprochant de mon fils et de le saluer une dernière fois. Je ne pus retenir un sourire en coin de bouche, il était entouré de petites filles... Quel charmeur ! Il ne perdait pas de temps, mon p'tit filou ! Mais j'allais devoir parler avec lui, et lui faire comprendre que l'on ne doit pas jouer avec les sentiments des filles... Il deviendrait un homme correct, je m'en étais fait la promesse. Ce qui me fit moins sourire, par contre - ce fut la façon dont certaines mères reluquaient Samuel. Je n'entendais rien de ce qu'elles racontaient mais je ne doutais pas un instant du contenu de leurs paroles. Intérieurement, j'étais folle. Mais pour qui se prenaient-elles ? N'avaient-elles pas vu que nous étions arrivés ensemble ? C'en dit assez long, non !? Bon, allez, rester calme. Il faut que je reste calme. Reste calme, Polina. Calme. Je leur jetais alors un regard noir avant de venir à la rencontre de Samuel, tout glissant mon bras autour de sa taille.
- On y va ?
Nous laissons alors Ivanov, et rejoignons la mustang. Je restais silencieux durant un long moment, les bras croisés. Je repensais à l'attitude de Caroline, et des autres mères présentes, et ma colère ne désemplissait pas... C'est après plusieurs kilomètres que je lâchais :
- Tu as fait plus que bonne impression tout à l'heure.
Cela sonnait comme un reproche. Oui, je voulais qu'il comprenne que cela ne me plaisait pas du tout de le voir être regardé de la sorte. Et je ne voulais pas qu'il en soit flatté. Je ne pouvais supporter ce genre de comportement. Ni de la part de ces femmes, ni de la sienne. Les choses devaient être claires. Moi, jalouse ? Oui, peut-être... Un peu.
Se faire ainsi reluquer par des femmes n'est pas un mal en soi. Au contraire, j'apprécie beaucoup d'être l'objet de l'intérêt de ces quelques femmes qui semblent préférer me reluquer moi que d'autres hommes présents qui auraient pourtant tout de l'homme parfait j'imagine, à leurs yeux. Peut-être trop parfait. A moi, ce genre de mecs me hérissent le poil, ils me paraissent insipides, creux ... sans la moindre nuance de charisme si ce n'est celui qu'ils tentent de faire naitre dans leurs sourires ridicules. Et on appelle ça des hommes. Pour moins, ils ont l'air de jolies petites fiottes tout droit sorties d'un magazine. Le genre de mec que j'ai envie de remballer si l'un d'eux vient à venir m'adresser la parole, bien ou mal intentionné, peu importe. Mais du côté des femmes, je dois dire que j'ai également des idées pour le moins arrêtées. Allez trouver la perle rare qui allie beauté ou ne serait-ce que charme et intelligence. Un minimum au moins, ça me parait quasi mission impossible. J’ai l'impression qu'à notre époque, il n'y a plus que de la sortie d'usine. Même catégories de modèles qui se divisent en quatre ou cinq groupes bien distincts et qu'on retrouve partout tel d'authentiques clichés. Greluches pétasses, écervelées, femme fatale qui n'a rien de fatale si ce n'est sa connerie. Ah et j'oubliais, racaille.
C'est certainement pour ça que je me plaisais tant à être seul il y a encore un temps. Je me suis même surpris à une époque à envoyer balader certains coups vite fait tant certaines poulettes m'agaçaient rien qu'à jacqueter. A croire que je n'ai plus la patience avec les femmes en vieillissant. Même pas pour tirer un coup. C'est fou comme Polina est parvenue ainsi à susciter mon intérêt malgré mes premiers préjugés. Je suis bien avec elle et je n'ai pas envie de me prendre la tête. Je veux vivre l'instant, profiter et peut-être à nouveau aimer. Vraiment aimer. L'aimer elle au hasard des sentiments qu'elle fait naitre en moi. Aimer à nouveau en cessant d'être obsédé par le passé.
Déambulant à travers le jardin tout en dégustant la copieuse part de gâteau que j'ai placé dans une assiette et que j'attaque à coup de fourchette, je jette un œil en direction de la cuisine pour voir où en est Polina. C’est là que je la vois arriver dans ma direction.
- On y va ?
- J'adore lorsque tu te montres "territorial". Tu me laisses le temps de finir ça ? lui dis-je en lui offrant d'en goûter un peu.
Nous nous attardons encore un petit moment pour profiter un peu avant de prendre la route et de regarder Ivanov s'amuser avant de le quitter.
- Ce môme me rappelle moi lorsque j'étais gosse. Les filles à l'école venaient souvent chercher ma protection et moi je leur tirais en compensation des bonbons ou des gâteaux. C'était pas vraiment du racket, je ne les forçais pas. C'était une façon que j'offrais pour elles de me remercier. Je préférais ça aux bisous ... enfin jusqu'à un certain âge.
Je lui raconte que j'adorais ma bagarrer et que de ce fait, je ne me faisais jamais prier. Un moment plus tard, nous devons cependant quitter le gosse au vu du temps qui passe. En voiture, Polina se montre particulièrement silencieuse. J’aime les femmes qui ne parlent pas sans arrêt à tord et à travers pour ne rien dire. Je me demande des fois si elle ne craint pas que je puisse encore la jeter dans le coffre comme je l'en ai menacé la première fois. Toutefois, en jetant un regard vers elle, je remarque ses traits pour le moins crispés. J'attire son attention dans un claquement de doigts, l'air de lui demander où elle est passée.
- Tu as fais plus que bonne impression tout à l'heure.
- Mmhh délicieux. Tu es jalouse on dirait.
Elle argue quelque chose qui me fait d'ailleurs songer à Caroline.
- Dis-moi à ce propos, je serais curieux de savoir ce que tu as répondu à Caroline tout-à-l’heure ... . Je lui adresse un sourire en coin nettement marqué par l'amusement puis ajoute. Yep, j'ai entendu sa réflexion quand je suis sorti dans le jardin.