Cela faisait désormais plusieurs jours que Chris avait du mal à trouver le sommeil, et que la plupart du temps, il ne le trouvait pas du tout. Son corps était tout endolori, ses côtes le rappelaient à l'ordre dès qu'il faisait un geste un peu trop ample, et son visage était couvert de plaies, de l'arcade à la lèvre en passant par la pommette et le nez. Le jeune homme passait tout son temps à réfléchir en silence, et à se précipiter dans tel ou tel coin de New-York dès qu'il avait une nouvelle idée. Et si son comportement était aussi étrange, c'était parce qu'il cherchait Kat, désespérément. En effet, et ce malgré leur altercation datant de leur excursion en camping, Chris n'avait pas tenu bien longtemps avant de regretter la façon dont il avait réagit. D'accord, ils ne venaient pas du même monde, mais était-ce vraiment de sa faute ? La jeune femme ne demandait peut-être qu'à s'éloigner de ce quotidien qui était le sien, et l'étalagiste ne pouvait en aucun cas l'en empêcher. Et puis... il y avait cette soirée. Celle qu'ils avaient passé tous les deux juste avant la visite inopinée de Mumford. Chris ne pouvait pas l'oublier, elle avait été tout simplement parfaite pour lui, et ce qu'ils avaient partagé à ce moment là ne cessait d'occuper son esprit depuis. Par conséquent, il se décida à ravaler ses a priori, et à aller s'excuser auprès de Kat.

Flashback

C'est pour le terrain de jeu favori de Kat que le jeune homme opta pour la retrouver. Chris n'était pas sûr de lui, mais il lui semblait déjà avoir entendu parler d'un terrain vague où se déroulaient régulièrement des battle de danse, exactement comme celles dont la jeune femme lui avait parlé à plusieurs reprises. Trois soirs d'affilée, il se rendit donc sur place sans jamais y rencontrer le moindre danseurs. Ce n'est qu'au bout du quatrième soir que l'étalagiste trouva ce qu'il cherchait. Il arriva exactement pendant une de ses compétition, et décida de s'approcher parmi ces inconnus, en tentant de se mêler à eux du mieux qu'il pouvait. Sitôt qu'il aperçut Kat en train de danser, son visage s'illumina d'un sourire. Elle était là, et paraissait plus heureuse que jamais. En un sens, ça le dérangeait un peu qu'elle soit aussi rayonnante après tout ce qui s'était passé ; il hésita même quelques instants à rebrousser chemin et à rentrer discrètement chez lui. Mais il se retrouva comme hypnotisé devant les prouesses de la jolie blonde, et l'expression qu'elle arborait ainsi que la pâtée qu'elle infligea à l'équipe adverse firent qu'il resta là jusqu'à ce qu'elle s'approche de lui d'un pas un peu hésitant. Sans se dépeindre de son petit sourire, Chris haussa les épaules et osa un timide : « Impressionnant... »
Les premiers échanges de paroles furent hésitants, mais très vite la complicité qui les unissait depuis le début reprit le dessus. L'étalagiste se confondit en excuse, et promit de ne plus jamais la juger par rapport à son rang. Les deux jeunes gens quittèrent le terrain vague ensemble, et s'engouffrèrent dans le même taxi pour reprendre leur existence d'avant, en effaçant consciencieusement les souvenirs de ce matin tumultueux qui les avait séparé pendant quelques jours.

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Le pas de Chris était las, sa mine déconfite et son regard triste. Il se traînait dans son appartement sans savoir quoi faire, et même les travaux qu'il avait à finir pour les jours prochains avaient été mis entre parenthèses. Tout ce qui occupait ses pensées, c'était Kat. Kat et ces gens qui l'avaient enlevée. Pourquoi s'en prenaient-ils à elle ? Qui étaient-ils ? Est-ce qu'elle allait bien ? Toutes ces questions le tuaient, et le jeune homme décida d'enfiler sa veste pour sortir faire quelques courses. Depuis l'agression, il n'avait pas vraiment mangé, et son frigo était totalement vide. Du côté des recherches, Chris commençait à désespérer. En effet, il avait écumé la ville quasi-entière et n'avait retrouvé aucune trace de Kat. Le fait de ses changer les idées cinq minutes ne pourrait lui faire que du bien, et lui permettrait peut-être d'être plus apte à réfléchir clairement. Sans prêter attention à ce qu'il faisait, l'étalagiste quitta son appartement sans même en fermer la porte à clé.

Flashback

Les deux jeunes gens se baladaient tranquillement en ville lorsqu'un premier individu sauta littéralement sur Kat pour la saisir et la bloquer contre lui. Immédiatement, Chris avait riposté, mais comme lors de l'intervention de Mumford, une poigne puissante l'en empêcha. Le regard de la jeune femme était empli de terreur, et l'étalagiste se débattit tant qu'il le put pour se défaire de ses mains qui le retenaient. Mais rien n'y faisait, et son amie était petit à petit entraînée vers une voiture sombre. Alors qu'il était sur le point de reprendre le dessus, plusieurs hommes lui tombèrent dessus et lui assénèrent un nombre incalculable de coups. Chris, totalement impuissant finit par s'effondrer à même le trottoir, encaissant encore quelques coups de pieds avant d'entendre le véhicule qui emportait Kat s'éloigner de lui. Le jeune homme n'eut même pas la force de relever la tête pour voir dans quelle direction elle partait.
Il lui fallut plusieurs dizaines de minutes avant de pouvoir bouger, et de pouvoir comprendre ce qui venait de lui arriver, de leur arriver. Il avait été laissé pour mort sur le trottoir, et Kat avait été kidnappée et emmenée loin de lui sans qu'il ne puisse rien y faire.

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Chris ne remarqua même pas que la porte d'entrée de son appartement était ouverte lorsqu'il arriva, les bras chargés d'un énorme sac en papier. Alors qu'il pénétrait dans son salon, le jeune homme s'arrêta net. Il ne voulait pas vraiment y croire, mais cette chevelure blonde, cette silhouette allongée sur son canapé ne lui étaient pas inconnues. Kat, c'était bien elle ! Chris eut soudainement l'impression de sortir d'un cauchemar, et il lâcha son sac de course sans le vouloir. Le fracas résonna dans tout le salon, et ses achats se répendirent un peu partout sur le sol. Bouche bée, il ne fut capable d'articuler qu'un seul mot : « Kat ?!? »

flashback.

Kat, presque timide, avait glissé sa main dans celle de Chris. Elle savait que, même s'il le voulait, il n'agripperait pas la sienne. A vrai dire, elle même ne savait pas d'où lui venait cette audace, mais il lui semblait que leur "incident" à la réserve de Sundown était désormais loin, si il avait jamais existé. Elle se mordit la lèvre inférieure en faisant mine de regarder ailleurs, mais ne put empêcher un sourire gêné d'élargir ses lèvres. La danse avait peut-être aidé, mais c'était l'intervention de Chris qui avait rendu à Kat son aplomb. Passer la nuit sous la couette ? Sûrement pas, du moins pas sans le canadien. En plus de ça, il avait trouvé sa performance "impressionnante". En général, elle n'accordait pas d'importance aux compliments, elle savait qu'elle dansait bien, bossait suffisamment pour ça, mais Chris... C'était différent.
Soudainement, elle avait été arrachée au jeune homme et avait laissé échapper un cri de surprise. Deux bras puissants l'enserrèrent pour l'entraîner plus loin et elle vit Chris subir le même traitement. Elle chercha son regard, totalement paniquée, en se débattant, mais elle eut à peine le temps de capter son regard également inquiet avant de le voir se faire violemment frapper. Elle cria de nouveau, se débattit plus fortement, mais rien n'y fit. Elle hurla même, et ses yeux se remplirent rapidement de larmes alors qu'elle n'arrêtait pas de faire carburer ses cordes vocales. Elle douta un instant que ce soit encore un coup de Mumford, mais jamais il ne serait allé aussi loin. Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir plus qu'elle était embarquée à l'arrière d'un fourgon, les portes se refermant sur une vision de Chris allongé par terre et immobile. Après ça, ce fut le noir total : d'abord, on lui mit un sac de toile sur la tête ; ensuite, on l'assomma.

« Kat ?!? » Les yeux de la blonde s'ouvrirent brusquement et elle fronça les sourcils ; elle avait un horrible mal de tête, et la luminosité brûlait ses yeux déjà meurtris par les larmes et la fatigue. Elle gémit, et crut d'abord avoir rêvé. Elle passa une main fatiguée sur son visage et, en se redressant, se retourna et s'arrêta net. « Chris ! » [celui là c'est vraiment pour le plaisir !] s'exclama-t-elle, la gorge sèche, en se levant brusquement - sûrement trop vite, car elle étouffa une plainte pour traverser le plus vite possible l'espace qui les séparaient. Dès que leurs corps entrèrent en contact et que sa tête vint se réfugier contre son épaule, un flot de larmes incontrôlables vinrent inonder ses joues et, si elle retint ses sanglots les premières secondes, elle ne tarda pas à les laisser s'échapper. Elle ne savait pas trop pourquoi elle pleurait, elle était heureuse de retrouver Chris, de le savoir vivant, de pouvoir le sentir contre elle, elle avait mal partout, surtout aux côtes, elle avait peur aussi, peur de ce qui était arrivé, de ce qui aurait pu arriver, et surtout elle était toujours à bout de forces, malgré sa "sieste" dont elle ne pouvait même pas chiffrer la durée. Ses doigts se serrèrent contre le tissu du pull de Chris, et elle inspira pour tenter de se calmer.

flashback.

Lorsqu'elle avait repris connaissance, Kat avait toujours la tête enserrée dans un sac et sa tête lui faisait un mal de chien. Elle avait gémi, senti qu'elle était assise sur une chaise inconfortable, les mains liées derrière elle, et on lui retira son sac. La lumière la fit papillonner des paupières et elle fronça les sourcils lorsqu'elle put enfin voir l'identité de son agresseur ; ou plutôt, de l'ordonnateur, car ce n'était définitivement pas ce vieil homme qui l'avait traînée jusqu'ici. Ici semblait être un entrepôt, mais Kat ne pouvait pas en dire plus. « Rosemary ! » [omg xD] s'était finalement exclamé l'homme avec un fort accent russe. Qu'est-ce qu'ils avaient tous, avec ça, en ce moment !? Elle resta silencieuse, méfiante mais surtout terrorisée, et il reprit la parole. « La dernière fois que je t'ai vue, tu faisais... à peine cette taille là ! » fit-il en appuyant ses paroles d'un geste de la main. « Je vous ai jamais vu, je sais pas qui vous êtes. » murmura-t-elle, suppliante. « Ma propre petite fille ! » s'était-il exclamé en riant doucement. Kat secoua la tête, mais identifia rapidement l'homme. « Tchaïkovsky... ? » [et un de plus ! ] Il n'alla pas par quatre chemins, et après avoir brièvement hoché la tête, il se pencha à sa hauteur. « Vois-tu, tu possèdes quelque chose qui m'appartient. Quelque chose qui me revient de droit. » « Je vois pas de quoi vous par — » « Shh shh shh » l'avait-il coupé. Il avait été aussi autoritaire que doux, et ça ne fit qu'effrayer Kat qui se tut immédiatement. « Est-ce que tu sais vraiment qui je suis ? » Kat hésita un instant avant de se mordre la lèvre et de hocher brièvement la tête. Son grand-père n'était pas un homme fréquentable, il était répertorié officiellement comme trafiquant haut placé dans la mafia russe. Ancien possesseur de Smirnoff, il en avait été privé lorsqu'il était passé sur liste noire. Kat ne savait pas grand chose, mais elle en savait assez, et la démonstration de force qu'il lui avait faite en l'amenant ici en était une preuve de plus : elle était carrément dans la merde. « Je veux les accès aux comptes de la franchise Smirnoff. » Kat fit les gros yeux. « Je... C'est impossible... » Un sourire carnassier orna les lèvres d'Igor Tchaïkovsky : apparemment, c'était une réponse qui l'amusait. Il continua comme s'il avait pris note. « Maintenant, j'ai deux manières d'obtenir ce que je veux : la manière douce, et la manière forte. » Kat déglutit. « Mais je peux pas ! » s'écria-t-elle d'une voix paniquée. Derrière son grand père, une grande blonde fit son apparition, une valise à la main. En entendant le bruit de ses talons, le sourire du vieil homme s'élargit et il se retourna pour accueillir la jeune femme. « Rosemary, tu te souviens d'Athena ? » Aucune réaction. « Peu importe... Après ça, tu peux être sûre que tu ne l'oublieras pas. »

Kat s'écarta finalement légèrement de Chris, assez pour pouvoir voir son visage. Elle afficha aussitôt une mine inquiète, mais dans sa voix perçait clairement du soulagement. « J'ai cru qu'ils t'avaient tué... » dit-elle avant de poser un doigt sur sa joue avec précaution. « Ils auraient pu... » murmura-t-elle en remarquant à chaque fois qu'elle posait les yeux quelques part une nouvelle entaille, un nouveau bleu. Elle passa son doigt sur son entaille sur sa lèvre et grimaça en même temps comme si c'était à elle qu'elle faisait mal ; et c'est ce qu'elle fit une nouvelle fois, à sa mâchoire.

Soudainement, elle fit les gros yeux et paniqua. « Je dois appeler Ben, est-ce que tu lui a dit quelque chose, est-ce que tu sais où il est ? Je dois... Il va... » bégaya-t-elle, incapable d'avoir une pensée cohérente. Presque sans ménagement - son bras l'empêchait de faire des mouvements trop brusques - elle chercha dans les poches de Chris son téléphone, avant de s'en emparer pour composer le numéro de son frère. Après trois sonneries, elle avait une main agrippée à ses cheveux. « Il va envoyer des hommes pour l'emmener aussi... » murmura-t-elle, paniquée, lorsque l'appel bascula sur le répondeur. Ses yeux s'embuèrent de nouveau alors qu'elle cherchait en Chris un quelconque réconfort, une nouvelle de bonne augure.

Pffff c'est n'importe quoi x) ouais bon hein !
SO MANY PEOPLE, SO MANY NAAAMES !

Chris avait les yeux rivés sur la silhouette qui occupait son canapé, mais il n'osait pas bouger ou plutôt : il en était incapable. Petit à petit, l'espoir grandissait, jusqu'au moment où Kat se redressa, lui apportant ainsi la certitude qu'elle était bien là. Les jours pendant lesquels il l'avait cherchée lui avaient paru durer une éternité, et à chaque minute il perdait un peu plus l'espoir de la revoir. Mais cette fois il ne rêvait pas, les blessures qu'il pouvait déjà apercevoir sur le visage de la jeune femme en témoignaient. C'est elle qui bougea en premier, et qui vint se blottir contre lui le plus vite possible. La gorge de Chris se serra, il ferma les yeux et l'entoura de ses bras. Il aurait voulu la serrer contre lui, mais ses côtes endolories l'en empêchaient. Et puis l'état de Kat ne semblait pas vraiment meilleur que le sien, au contraire, il ne voulait donc pas lui faire mal. Le jeune femme éclata en sanglots quelques secondes à peine après être arrivée à sa hauteur, et l'étalagiste passa sa main dans sa chevelure blonde, l'attirant un peu plus vers lui (si tant est que c'eût été possible). Il était tellement soulagé de la revoir enfin, de pouvoir la serrer contre lui... Il avait mal partout, mais il s'en fichait pas mal. L'important était qu'elle s'en soit sortie vivante.

« J'ai cru qu'ils t'avaient tué... » Kat avait quelque peu reculé, et Chris fit de même en rouvrant les yeux pour enfin les poser sur le visage de la jeune femme. Et ce qu'il y vit ne lui plut pas du tout. Tout comme lui, elle portait les marques d'une bagarre, et pourtant lors de son enlèvement, il n'avait pas vu qu'un seul des hommes ne l'avait frappé. « Ils auraient pu... » « Non non, ça va. Mais... » Chris fronça les sourcils sans trop se soucier de son propre état, mais il n'eut pas le temps de continuer sa phrase que déjà Kat écarquilla les yeux d'un air paniqué. Cette fois il s'agissait de Ben, son frère, et elle lui demandait s'il l'avait mis au courant de son enlèvement. A vrai dire, cette option n'avait à aucun moment traversé l'esprit de l'étalagiste. Trop préoccupé par ses vaines recherches, il n'avait pensé qu'à elle et à ce qu'elle pouvait bien être en train de subir. « Je... non, je ne lui ai rien dit... J'aurai du ? » Sans lui répondre, Kat fouilla ses poches pour en sortir son téléphone portable, et composa en vitesse le numéro de son frère. Visiblement, elle tomba sur son répondeur et ses yeux s'embuèrent instantanément. Chris s'approcha rapidement pour repasser ses bras autour d'elle. Il cherchait toujours à comprendre, mais n'avait apparemment pas tous les éléments en main pour cela. « Kat... ça va aller. Explique-moi, je... qu'est-ce qui s'est passé ? C'était encore un coup de Mumford, je croyais qu'il était censé te protéger... » Chris s'embrouillait avec toutes ces histoires. En effet, il ne s'était pas encore fait à l'idée que Kat était une fille... différente. Elle avait des responsabilités, et ça entraînait tout un tas de choses qu'il n'imaginait même pas. Toutes les informations qu'il croyait capter se mélangeaient dans son esprit, et il ne parvenait pas à les mettre en ordre pour comprendre quoi que ce soit. Soudain, son regard fut accroché par quelques blessures sur le visage de Kat. Il fronça de nouveaux les sourcils, et sa voix s'emplit de colère lorsqu'il demanda : « Et puis, qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? Pourquoi est-ce qu'ils s'en prennent à toi ? »Il n'osait pas vraiment toucher son visage, même s'il en avait très envie. Une simple caresse pouvait suffire à lui faire mal, il savait de quoi il parlait, précisément. Alors le jeune homme se contentait de la garder près de lui, dans ses bras, comme si cela allait arranger les choses et les protéger tous les deux, alors qu'il venait tout juste d'avoir la preuve qu'il n'était pas en mesure d'assurer sa sécurité face aux enjeux qui entouraient Kat.

Kat nia de la tête en direction de Chris pour lui indiquer que le fait qu'il n'ai pas averti son frère n'était pas grave, mais déjà des larmes l'envahissaient. Chris vint l'entourer et elle reçut cette marque de soutien avec soulagement, bien qu'elle soit toujours très angoissée. Pourquoi son frère ne répondait-il pas ? Est-ce qu'il avait disparu, lui aussi ? « Kat... ça va aller. Explique-moi, je... qu'est-ce qui s'est passé ? C'était encore un coup de Mumford, je croyais qu'il était censé te protéger... » La blonde secoua de nouveau la tête, répliquant immédiatement avec un petit sourire ironique. « Pour le coup, j'aurais bien aimé que Mumford s'en mêle cette fois-ci. » Elle vint chercher le réconfort de Chris en venant de nouveau loger sa tête contre son épaule et reprit la parole. « Non, c'était... » Elle se stoppa dans sa phrase, soudainement perdue dans ses pensées. Devait-elle dire que c'était son grand-père, sa cousine ? Elle trouvait ça affligeant et choquant. « Et puis, qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? Pourquoi est-ce qu'ils s'en prennent à toi ? » Kat baissa les yeux et se perdit dans ses pensées sans savoir comment expliquer ce qui lui était arrivé ces derniers jours.

flashback.

Kat avait mal partout. Danser et s'entraîner jusqu'à ce que ses muscles crient à l'agonie, elle avait connu : ce n'était pas le dixième de ce qu'elle ressentait en ce moment. Un nouveau coup heurta ses côtes et elle tenta un cri qui fut étouffé par sa gorge trop sèche. « Parce que quoi, Rose ? T'y étais presque, ne t'arrêtes pas en si bon chemin. » Kat peina mais ouvrit les yeux sur sa cousine, tout sourire, et lui lança un regard qu'elle voulut meurtrier mais qui dût paraître plus épuisé qu'autre chose. Elle secoua la tête et ferma les yeux, appréhendant le prochain coup qui ne tarda pas à venir. Kat suffoqua un instant, ne trouva que cracher pour se soulager et laissa échapper un flot de sang sur le sol.

Au début, elle avait été terrifiée. Maintenant, elle était plus fatiguée, énervée et résignée qu'autre chose. Elle ne savait pas comment elle faisait pour ne pas répondre aux attentes des Tchaïkovsky, qui y mettaient pourtant tout leur coeur. Elle ne pouvait pas dévoiler pourquoi elle était incapable de leur donner l'accès aux comptes de sa compagnie, parce que si elle le faisait, son frère subirait instantanément le même traitement qu'elle. Elle se demanda si ils allaient la tuer, mais se rassura en se disant que, sans elle, ils ne pourraient avoir accès à rien non plus. « Quand je t'ai rencontrée, tu ne t'appelais pas Athena. » murmura-t-elle avec ce qu'il lui restait de force, la tête baissée vers le sol. « Et tu ne t'appelais pas Kat. » L'intéressée lâcha un rire sans joie. « A croire que c'est de famille. » Le bourreau sourit à son tour et s'appuya sur la table un peu plus loin. « Tu sais, tu pourrais parler, et après ça on te foutrait la paix. » « Hors de question. » Athena haussa les épaules. « J'aurais essayé. Igor n'aura pas ma diplomatie. »

Kat cligna des yeux et grimaça de douleur, plaçant par réflexe une main sur ses côtes. Elle se dégagea de la prise de Chris, s'appuya tant bien que mal sur le canapé avant de se laisser glisser dessus. Assise, les yeux fermés et les sourcils froncés, elle invita Chris à le rejoindre pour se blottir de nouveau doucement contre lui. « "Ils" sont ma famille... Techniquement parlant. Tu te souviens, quand je t'ai dit que je ne connaissais pas vraiment un bout de ma famille, du côté de ma mère ? Maintenant, je les connais. » dit-elle doucement en remontant ses jambes sur le canapé. Elle bougea légèrement pour tenter d'atténuer la douleur que tout son corps lui lançait avant de continuer. « Ils veulent — aïïe — Smirnoff. Ils m'ont demandé de leur donner accès aux comptes de la compagnie, mais... je leur ai dit que je pouvais pas, ce qui était vrai, mais ils m'ont pas cru. » Elle avait réussi à garder son secret, c'était ce qui lui importait le plus. Quand elle reprit la parole, ce fut encore plus doucement, comme si quelqu'un pouvait les entendre. « Pour ouvrir le compte, je dois être avec Ben... Et j'ai peur qu'ils le découvrent, et le retrouvent. Il ne pourra rien faire tout seul non plus, alors il... il pourrait subir le même traitement. »

flashback.

Les bruits de talons étaient devenus quotidiens. « Bien dormi ? » entendit-elle Athena lui demander. Kat releva la tête et ne répondit pas, stoïque. Une nouvelle journée de plaisir s'annonçait. « J'y pensais, en partant hier. Tu sais que ça aurait pu être toi ? » lui demanda la blonde en posant une arme et un badge sur la table. « Hein ? » répliqua Kat, désabusée. « A ma place, ça aurait pu être toi. Ca aurait dû être toi, même. » La blonde secoua la tête sans comprendre. Athena répondit par un léger rire avant de s'asseoir sur la table et de jouer avec son arme, apparemment d'humeur à raconter des histoires. « Je suis l'associée d'Igor, mais il n'aurait même jamais dû me connaître. J'imagine que ta mère t'a jamais parlé de sa soeur plus que ça ? » Kat fit non de la tête, n'osant pas l'interrompre. Si elle pouvait éviter les coups, Athena pouvait bien continuer de raconter ce qu'elle voulait. « T'as rien loupé, elle était conne. Igor a eu deux filles, nos mères. La mienne était l'aînée, et elle... elle devait détester Igor, je sais pas, enfin, elle s'est enfuie, elle est partie se perdre au Yémen et elle a épousé mon père. Ta mère, elle, a accepté d'épouser un noble, ton père, pour redorer le blason des Tchaïkovsky, pour récupérer Smirnoff et ses titres. » Oui, bon, rien de nouveau à ça. Kat savait parfaitement que le mariage de ses parents avait été arrangé, elle ne voyait pas vraiment où Athena voulait en venir. « Igor voulait quelqu'un en qui il pouvait avoir confiance, un associé de son sang. Il n'avait pas beaucoup de choix : c'était toi, ou ton frère, puisque ta mère et morte et que la mienne, ma soeur et moi étions introuvables. » La jeune femme laissa échapper un étrange sourire. « Il m'a trouvée juste après ça. Je m'enfuyais de chez moi, j'avais huit ans, et il n'a eu qu'à me cueillir. » Kat fronça les sourcils avant d'oser prendre la parole. « Aucune chance que mon père ai laissé faire ça. Jamais j'aurais pu devenir comme toi. » Athena haussa les épaules, peu convaincue. Intriguée, Kat répliqua.« T'aurais voulu... ? Que Tchaïkovsky me prenne moi ? Que je sois à ta place, là, en train de te torturer pour quelque chose que tu peux pas me donner ? » cracha-t-elle plus agressivement qu'elle ne l'aurait voulu. Immédiatement, elle eut peur de l'énerver. Athena n'en prit pas rigueur et resta silencieuse, un sourire absent sur le visage. Elle resta comme ça une bonne dizaine de minutes avant de s'approcher de Kat qui ferma les yeux en attente d'un coup, qui cette fois-ci ne vint pas. Elle sentit soudainement la prise sur ses mains se relâcher et elle ouvrit les yeux, surprise, n'osant pas bouger. « Qu'est-ce que tu fous encore là ? Dégage. » Kat se leva brusquement mais, au lieu de courir vers l'extérieur comme toute personne censée, elle se tourna vers Athena avec un regard interrogatif. « Mais... Pourquoi ?! » Athena avança d'un pas, menaçante, mais n'attaqua pas. « J'ai mes raisons, ok ? » Elle sembla se radoucir et, avant d'indiquer la sortie à Kat, prononça quelques mots tout bas. « Si tu dois parler d'Igor pour expliquer ce qui t'es arrivé, fais-le. Mais ne parle pas de moi... » Elle sembla hésiter et finalement, lança un regard profond à sa cousine avant de continuer. « J'ai un fils. Igor l'ignore, je le cache ici pendant que je vis à New York et normalement, Igor ne vient jamais. » Kat hocha la tête sans vraiment comprendre ce qu'Athena attendait d'elle, et fila, reconnaissant les docks une fois à petite distance de l'entrepôt.

Kat avait expliqué toute cette petite scène à Chris, plus ou moins clairement, pas sûre elle-même de comprendre de quoi elle parlait. « Donc, de ce que j'ai compris, elle est un agent double — triple ? Pour son compte et celui de mon grand-père. » Elle ferma les yeux, se laissant bercer par la respiration de Chris. « Elle m'a torturée, et après elle m'a laissée partir... J'ai rien compris. » chuchota-t-elle. Elle se redressa légèrement, prenant appui en grimaçant de nouveau sur son bras. « T'es allé voir quelqu'un pour tes blessures ? Laisse-moi voir. » dit-elle, soudainement inquiète. Elle-même sentait qu'elle aurait bien besoin d'un médecin, mais le seul médecin qu'elle connaissait dans le coin, c'était elle-même, et ça faisait déjà un bon moment qu'elle n'avait pas ouvert un bouquin.

C'était à n'y plus rien comprendre... Alors que Chris considérait jusqu'à maintenant Mumford comme le pire ennemi de Kat, il découvrait qu'en réalité, elle aurait pu s'en sortir grâce à lui. Il avait d'ailleurs un peu de mal à imaginer une telle chose. Pour lui, cet homme restait celui qui avait gâché leur excursion de rêve, et dont il se méfiait car il semblait connaître sa vie par cœur. Mumford voulait clairement l'éloigner de Kat, mais il se surprit à lui en vouloir de ne pas avoir été là. Peut-être aurait-il su la chercher mieux que lui ? Peut-être aurait-il su où les agresseurs l'avaient emmenée ?! Puisque Kat s'inquiétait pour son frère, la solution se trouvait peut-être là ? Si ce Mumford voulait tant les protéger, il remuerait ciel et terre pour sauver Ben. Néanmoins, Chris n'était toujours pas certain d'avoir tout compris. C'est pourquoi il adopta un ton plutôt hésitant pour lui suggérer son idée. « Et... si tu prévenais Mumford ? I pourrait faire quelque chose pour ton frère non ? »

A plusieurs reprises, Kat se perdit dans ses pensées, appuyée contre l'épaule de l'étalagiste qui la tenait toujours entre ses bras. Plus il la sentait contre lui, et plus il se disait que jamais, plus jamais il ne la laisserait s'éloigner de lui. Il n'était peut-être pas en mesure de la protéger comme il se devait, mais il voulait rester près d'elle. Il faut dire que Chris avait eut tellement peur de la perdre... Il n'avait pas dormi, avait à peine mangé et avait parcouru une grande partie de la ville à sa recherche. Il s'était senti inutile et impuissant, et s'en était atrocement voulu d'être aussi empoté. Finalement, il n'avait pas pu empêcher que quelqu'un fasse du mal à Kat, et maintenant il avait juste envie de.. se rattraper. Bien sûr, il se sentait un peu coupable de tout ça. Après tout, c'est lui qui était à ses côtés au moment de l'enlèvement, c'est lui qui avait été vaincu comme un bleu par cette bande de gros bras contre lesquels il n'avait rien pu faire... Tout à coup, Kat s'éloigna de lui pour se laisser glisser sur le canapé. Au passage, le jeune homme remarqua ses grimaces de douleur, les mêmes qu'il esquissait dès qu'il bougeait un peu trop brusquement. Sans bruit, il la suivit et s'installa à côté d'elle, la laissant se blottir contre lui en l'entourant une nouvelle fois de ses bras. Il posa sa tête contre les cheveux de la jeune femme et ferma les yeux pour l'écouter parler. Comme elle, il fronçait les sourcils et essayait en vain de s'imaginer toutes les horreurs qu'elle avait du subir. Plus il y pensait, et plus l'emprise qu'il exerçait sur elle se resserrait. Chris ne prononça pas un seul mot, la laissant ainsi continuer le fil de son histoire, jusqu'à ce qu'elle arrive à l'épisode de la torture. Là, l'étalagiste grimaça et remonta une de ses mains jusqu'à l'épaule de Kat pour la frictionner doucement. Il rouvrit également les yeux, et déposa un doux baiser sur le front de la jeune femme. « Je... suis désolé. J'aurai du te défendre... mieux que ça. Te défendre tout court. »

« T'es allé voir quelqu'un pour tes blessures ? Laisse-moi voir. » Le brusque changement de conversation fit presque sourire Chris qui releva les yeux vers elle. « Non... ça va, c'est rien. Toi par contre... » ajouta-t-il en effleurant le visage de la jeune femme du bout des doigts. « Je... il faudrait que je te soigne... Je vais voir ce que j'ai pour ça. » Immédiatement, il se releva, un peu trop vite peut-être puisqu'il dut porter une main en direction de ses côtes en grimaçant. Cependant, il s'appliqua à ne laisser échapper aucun son de sa bouche, il ne voulait définitivement pas qu'elle s'inquiète pour lui. Après avoir fouillé quelques minutes dans sa salle de bain, l'étalagiste revint avec une bouteille de désinfectant dans la main, et quelques cotons dans l'autre. Il s'installa de nouveau près de Kat, et lui montra ses trouvailles sans trop savoir comment s'y prendre pour s'occuper d'elle. « Euh... tu crois que ça ira avec ça ? Je... je ne vais pas te faire mal ? »

« Et... si tu prévenais Mumford ? I pourrait faire quelque chose pour ton frère non ? » Elle réfléchit un instant. L'idée semblait parfaite : Mumford mettrait Ben en sécurité en moins de temps qu'il ne faudrait pour le dire. Si il avait été au courant de l'affaire, il serait déjà sur ses talons. Seulement, le dire à Mumford voulait dire se placer elle-même en quarantaine. Mumford viendrait immédiatement la chercher, pourrait même la ramener à Londres, et une fois-là bas elle ignorait si elle pourrait revenir. En plus de ça, il n'emmènerait sûrement pas Chris, et elle ne pouvait pas le laisser alors qu'il avait déjà été tabassé par les hommes de son grand-père. Alors, elle nia simplement de la tête sans s'expliquer, faisant la moue en cherchant déjà une autre idée. « Je... suis désolé. J'aurai du te défendre... mieux que ça. Te défendre tout court. » Kat soupira légèrement et ne répondit d'abord pas. Elle essayait de reprendre des forces, blottie contre Chris, avec l'assurance qu'il allait relativement bien, ou du moins pas trop mal. « Je... il faudrait que je te soigne... Je vais voir ce que j'ai pour ça. » Le seul fait qui empêcha Kat de lever les yeux au ciel fut qu'elle avait les yeux fermés. Elle resta silencieuse avant de se redresser pour permettre à Chris d'aller chercher des soins dans sa salle de bain.

« Euh... tu crois que ça ira avec ça ? Je... je ne vais pas te faire mal ? » entendit-elle lorsque Chris revint. Kat plissa les yeux, lâcha un rire qui lui transperça les côtes et se tint à Chris pour se redresser. « Garde le désinfectant. » dit-elle avec un sourire amusé avant de se diriger vers la cuisine. Elle plaça un doigt sur son menton en réfléchissant, passant les ustensiles de la cuisine enclavée, avant de poser l'essuie-tout sur le bar. Deux torchons le rejoignirent, et elle réfléchit encore avant de se diriger d'abord vers le bric-à-brac de Chris où elle trouva des ciseaux, puis dans la salle de bain où elle ouvrit la maigre trousse à pharmacie. Elle observa la composition de tous les médicaments avant de soupirer de soulagement en lisant un petit "thiocolchicoside" derrière une boîte de traitement contre le rhume. Basique. Elle s'empara d'une boîte de pansements avant de retourner dans la cuisine en posant la boîte de Colthiozid sur le bar et remplit les torchons de toute la glace qu'elle put trouver, sortant en même temps une bouteille d'eau du réfrigérateur. Elle prit le tout avec plus ou moins de stabilité et retourna s'asseoir sur le canapé. « Tiens, prends d'abord ça. Ca va aider, pour tes côtes. » dit-elle en sortant deux comprimés, en enfilant un dans sa bouche avant de boire avant de tendre l'autre cachet et la bouteille au jeune homme. Elle posa les deux torchons qui entouraient la glace sur la table basse et prit le désinfectant pour l'appliquer sur l'essuie-tout. Elle le tendit à Chris, s'en fit un à elle-même. « T'as du désinfectant de petite fille, alors ça devrait pas trop faire mal. C'est pas compliqué, tu dois juste désinfecter toute la surface de la plaie, et la toucher seulement avec le papier. Après... » Elle étala les pansements sur la table basse et en prit un pour le découper sur les bords, puis en petite lignes. « Tu fais le pansement. » dit-elle simplement. « Quand t'auras fini, tu mettras la glace là où tu t'es pris un gros coup. » continua-t-elle en commençant immédiatement son ouvrage, plaçant d'autorité le visage de Chris face à elle pour désinfecter ses plaies, concentrée. Au bout d'un instant, elle rit de la situation, l'un et l'autre se soignant mutuellement, mais continua. La présence de Chris l'apaisait, et le fait d'être concentrée sur l'idée de le soigner convenablement l'empêchait de penser à ce qu'elle avait vécu, les jours précédents. « T'aurais rien pu faire de plus, t'excuse pas. C'est moi qui suis désolée de t'avoir encore mis dans la merde... » reprit-elle au bout d'un moment, presque en murmurant, comme si elle ne voulait pas briser le silence rassurant et concentré qui avait envahi la pièce. Elle appliqua un petit pansement sur le visage de Chris et prit finalement la glace pour l'appliquer contre la tempe du jeune homme.

OMG elle aurait dû s'appeler McGyver

Visiblement, l'idée de prévenir Mumford n'était pas la plus appropriée puisque Kat se contenta de nier sans plus d'explications. Au moins, Chris aurait essayé. Et puis franchement, il était tellement perdu dans toutes ces histoires qu'il aurait été bien étonné de trouver LA solution miracle. Tout ça lui paraissait si... incroyable ! C'est un peu à cause de ça qu'il avait décidé dans un premier temps de s'éloigner de Kat. Tout ce qu'elle lui avait avoué l'avait totalement effrayé, et il ne s'était plus senti à la hauteur pour la fréquenter. Dans son esprit, les gens nobles comme elle restaient entre gens nobles, un point c'est tout. Il n'avait strictement rien à faire dans ce tableau avec sa petite condition de simple étalagiste. A bien y réfléchir, les deux jeunes gens étaient les archétypes de la Belle et le Clochard. Sauf que dans la réalité, ça ne pouvait pas exister. Fort heureusement, Chris s'était très vite rendu compte qu'il ne pouvait pas se séparer de Kat aussi facilement, et il était revenu sur sa décision sans aucun regret. Même avec ce qui venait de se passer, il ne regrettait pas son choix. Après tout, elle traînait bien avec des danseurs de rue, alors pourquoi pas avec lui ? Devant son impuissance, le jeune homme haussa les épaules puis suivit son amie jusque sur le canapé.

Là, la jeune femme s'inquiéta de ses blessures, et en bon chevalier servant qu'il était, Chris alla chercher de quoi la soigner, elle. Mais au lieu de ça, c'est Kat qui sembla prendre les choses en main et qui se leva à son tour pour aller chercher du matériel plus approprié à leur cas. Lorsqu'elle revint les bras chargés, elle tendit un cachet et une bouteille d'eau à Chris qui ne se fit pas prier pour l'avaler en une seule gorgée. Tout affairé qu'il était à la chercher ces derniers jours, il ne lui était même pas venu à l'esprit de prendre quelque chose contre la douleur qui le tiraillait pourtant à chacun de ses mouvements. Telle une professionnelle, la jeune femme s’attela à lui expliquer comment se soigner, profitant de l'occasion pour s'occuper de lui. Un peu surpris, Chris la regardait faire, la bouche légèrement ouverte. Au moment où elle porta le papier sur une de ses entailles, il sursauta presque imperceptiblement. En effet, Kat avait jugé que son désinfectant était digne d'une fillette, alors il ne devait pas ciller, même s'il trouvait que cette chose lui piquait horriblement le visage. Le rire de la jeune femme, plutôt inattendu, vint détendre l'atmosphère, et Chris y répondit par un petit sourire sincère. Le simple fait de la voir rire le rassurait, et lui montrait qu'en sa compagnie, elle était capable d'oublier les épreuves dont elle sortait à peine. Ce sentiment lui réchauffa le cœur, et il planta ses yeux dans ceux de Kat en attendant qu'elle en ait fini avec ses pansements. « T'aurais rien pu faire de plus, t'excuse pas. C'est moi qui suis désolée de t'avoir encore mis dans la merde... » Chris secoua doucement la tête, et répondit presque en murmurant comme elle venait de le faire. « T'en fais pas.. Je suis en vie, et toi aussi. C'est le plus important. » Chris marqua une pause avant de reprendre : « Je t'ai cherchée... partout, tu sais Et j'ai pas été foutu de retrouver ta trace, je m'en suis voulu. J'ai cru que je ne te reverrai plus jamais... » Son regard était toujours fixé sur elle, et ses doigts effleuraient maintenant son visage. « Je suis content que tu sois venue ici en premier... Tu seras en sécurité, je te le promet. » Il n'était pas exactement certain de ce qu'il avançait, mais il voulait y croire, de toutes ses forces. Reprenant un peu ses esprits après ce qui aurait pu passer pour un moment d'égarement, l'étalagiste posa la glace qu'elle lui avait tendu sur la table. Il se réinstalla bien face à elle, et entreprit de la soigner, exactement comme elle le lui avait montré. Le jeune homme était on ne peut plus concentré, et il faisait en sorte que tous ses gestes soient le plus doux possible. Avec ses grosses mains, ce n'était pas chose facile, mais pour Kat, il pouvait tout faire. Ses moindres actions étaient entrecoupées de « Ça va ? » ou encore de « Je ne te fais pas mal ? » , « Tu me dis hein ? » ... Plus il la soignait, et plus il découvrait de nouvelles blessures qui, chacune, lui serrait un peu plus le cœur.

Oh gosh, je suis inspirée aujourd'hui !
C'est tellement dramatique

« T'en fais pas.. Je suis en vie, et toi aussi. C'est le plus important. » Kat papillonna des paupières et baissa les yeux un instant, avant de sourire doucement. Après tout, elle aurait bien pu mourir cette nuit, ou celle d'avant. Athena aurait bien pu ne pas le faire exprès, taper un coup de trop, un coup trop fort, juste assez pour faire pénétrer l'une de ses côtes dans un organe vital. Chris aussi aurait pu y passer, il n'avait pas autant de blessures que lui mais elles étaient tout de même préoccupantes. « Je t'ai cherchée... partout, tu sais. Et j'ai pas été foutu de retrouver ta trace, je m'en suis voulu. J'ai cru que je ne te reverrai plus jamais... » Kat releva la tête et secoua vivement la tête pour lui montrer qu'il n'était en rien coupable de quoique ce soit. A vrai dire, elle était contente qu'il ne l'ai pas trouvé, elle imaginait déjà la pâtée qu'il serait devenu si les hommes de son grand-père étaient une nouvelle fois tombés sur lui. « Je suis content que tu sois venue ici en premier... Tu seras en sécurité, je te le promet. » Un petit sourire s'installa sur le visage de la jeune femme qui baissa de nouveau la tête et fit une légère moue. « J'avais trop peur pour toi aussi. » dit-elle seulement en haussant brièvement les épaules, se laissant aveuglément soigner par Chris et jugeant de son travail à la douleur qu'il lui procurait.

D'ordinaire douillette, et enfin libérée des apparences qu'elle devait conserver avec Athena, Kat ne se gêna pas pour serrer des dents et gémir à chaque fois qu'elle ressentait des picotements. « Ça va ? Je ne te fais pas mal ? » « Hm hm. » répondit-elle simplement en prenant la glace sur la table basse pour l'appliquer contre ses côtes en soupirant. « Tu me dis hein ? » Elle hocha la tête et se laissa faire comme une poupée, se contentant de froncer les sourcils. Elle n'était même pas énervée contre Athena pour l'avoir torturée, parce qu'elle l'avait libérée.

Elle baissa finalement les yeux, et son regard s'assombrit légèrement. « Tu ne devrais même pas parler de me protéger... Ca devrait pas s'imposer. » constata-t-elle d'une petite voix. « Je sais même pas comment c'est arrivé, pourquoi tu paies toujours les dommages collatéraux. » Elle grimaça et resta silencieuse un instant avant de relever la tête. Elle n'avait pas le droit d'être égoïste, elle avait l'impression de ne faire que ça avec Chris, alors qu'elle était si généreuse avec les autres. C'était elle qui était venue lui parler en premier, elle encore qui l'avait entraînée à une soirée, qui l'avait forcé à s'occuper d'elle, qui l'avait embrassé la première. Elle avait été l'instigatrice de leur relation, peu importe où elle en était rendue. Elle inspira profondément, ce qui lui arracha une nouvelle grimace de douleur et l'inquiéta sans qu'elle n'en laisse rien paraître, et reprit enfin la parole. « Je vais te dire, sincèrement, je suis morte de trouille. Je sais même pas quel jour on est, je suis sale, j'ai mal partout. J'ai peur de ce que mon grand-père pourrait trouver de plus à me faire, ou pire ce qu'il pourrait te faire à toi. » Elle secoua la tête et pressa un peu plus la glace contre ses côtes, sous son tee-shirt tâché. « D'abord il y a eu Mumford, et puis maintenant ça et... » Elle s'humecta les lèvres, les yeux dans le vide, essayant d'assembler ses idées sans savoir comment les formuler. « Et sans moi, il te serait jamais rien arrivé de tout ça. » Elle passa sa main libre dans ses cheveux, gênée et nerveuse. « Alors si... si tu dois revenir sur ce que tu m'as dit au jour de l'an et... t'éloigner de tout ça, je comprendrais. » Elle se mordit la lèvre inférieure et leva les yeux au ciel avant de reprendre la parole, plus fort. « Pas que ce soit ce que je veux ! Mais on est définitivement passé à un niveau supérieur de danger et je peux pas, enfin... Je peux pas t'imposer ça. » dit-elle finalement en posant enfin ses yeux sur Chris, rougissant immédiatement comme une petite fille à qui on avait peur qu'on refuse un jouet.

Le fait qu'elle aussi ait eut peur pour lui fit étonnamment plaisir à Chris. Il faut dire que dans de telles circonstances, elle aurait plutôt du avoir peur pour elle-même et pour sa propre vie. Mais non, même en étant séquestrée et torturée pendant plusieurs jours, elle avait trouvé le moyen de penser à Lui, et de s'inquiéter. Cette pensée lui arracha un petit sourire, qu'il dissimula en baissant la tête pour remettre un peu de désinfectant sur son papier avant de continuer à la soigner. Il le faisait du mieux qu'il pouvait, en suivant à la lettre toutes les instructions qu'elle lui avait donné. Même si elle s'efforçait de ne rien laisser paraître, et malgré la douceur qu'il y mettait, l'étalagiste voyait bien qu'il lui faisait mal. Mais vu l'état de ses blessures, c'était inévitable. L'espace d'un instant, Chris se demanda ce qui allait se passer ensuite. Et s'il ne la soignait pas comme il le fallait ? Il devrait l'emmener à l'hôpital, et donc dévoiler son identité et là mettre en danger... La situation paraissait ne pas avoir d'issues pour eux, mais malgré ça, Chris garda un regard rassurant. Au fond de lui, il n'en menait pas large, mais pas question que Kat ne soupçonne quoi que ce soit. Il devait à tout prix être là pour elle, et ce n'est pas en lui montrant ses faiblesses qu'il la soutiendrait.

Soudain, l'expression de la jeune femme se fit plus grave, plus sombre. Chris termina de la soigner, puis posa tout ce dont il s'était servi sur la table basse. Il se redressa ensuite pour s'approcher d'elle mais elle ne le regardait déjà plus... Il abandonna alors l'idée de la prendre dans ses bras, et préféra l'écouter silencieusement. Le regard qu'il portait sur elle était désormais triste, empreint d'une sorte de pitié qu'il ne voulait pourtant pas laisser transparaître. Elle avait l'air si fragile face à tout ce qui lui arrivait en ce moment... Et pourtant, Chris savait qu'elle ne l'était pas. Mais comment ne pas craquer en se sentant traqué de la sorte ? A l'heure qu'il était, les hommes de son grand-père étaient probablement déjà repartis à sa recherche, et si par malheur ils la retrouvaient... l'étalagiste ne voulait même pas imaginer ce qui se passerait. Lorsque la jeune femme eut terminé son discours, elle posa ses yeux sur lui, et il put remarquer que ses joues s’empourprèrent presque instantanément. Dans un élan de tendresse, il porta à nouveau sa main en direction de la joue de Kat, et l'y déposa délicatement pour éviter qu'elle ne détourne les yeux. Puis il déglutit, et reprit la parole d'un ton posé. « Non mais, c'est pas de ta faute tout ça... Et puis, il est juste hors de question que je te laisse seule dans cette histoire d'accord ? Parce que je t... tiens à toi. C'est comme ça. » Pendant un instant, Chris s'effraya lui-même. L'émotion et les circonstances aidant, il avait bien failli se laisser emporter, et voir ses mots dépasser ses pensées... ou peut-être pas. Quoi qu'il en soit, le jeune homme baissa la tête en vitesse, quelque peu gêné. Une petite grimace vint se dessiner sur son visage, alors qu'un silence des plus pesants s'installait peu à peu.

Chris ne savait plus vraiment quoi faire, ni quoi dire pour meubler ce blanc qu'il venait de provoquer. Enfin si, il avait bien une petite idée mais la timidité l'en empêchait, encore une fois. Il leva alors les yeux vers Kat, en caressant légèrement sa joue sur laquelle se trouvait toujours sa main. C'est en croisant son regard qu'il envoya balader d'un revers de main toute sa gêne, et sans plus aucune hésitation il s'approcha pour l'embrasser tendrement. Là aussi, il avait fait preuve de beaucoup de délicatesse afin de ne pas lui faire mal, et de ne pas se faire mal non plus. Une fois son baiser terminé, il se recula légèrement pour planter ses yeux dans ceux de Kat et murmurer : « Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit. Promis. »

kat accueillit la main de Chris sur sa joue avec plaisir, en oubliant presque la douleur qui la tiraillait de l'autre côté de sa mâchoire. Elle avait peur qu'il lui dise qu'elle avait raison, qu'il n'avait rien à voir avec tout ça & qu'il ne devait plus se mêler des histoires sordides de Kat sorties d'elle-même ne savait où. Il en aurait tout à fait le droit, d'ailleurs, rien ne le retenait avec elle, rien ne le forçait à la cacher, la soigner, la protéger. Ce n'était pas un jeu, ou une mauvaise blague, c'était bien leurs vies qui avaient été en jeu, qui l'étaient peut-être toujours. Et pourtant, Kat se sentait plus égoïste que jamais et elle ne souhaitait pour rien au monde que leur contact physique ne cesse. « Non mais, c'est pas de ta faute tout ça... Et puis, il est juste hors de question que je te laisse seule dans cette histoire d'accord ? Parce que je t... tiens à toi. C'est comme ça. » Kat ouvrit la bouche pour répondre, la referma, et elle ne put empêcher un sourire flatté et gêné de s'installer sur ses lèvres alors qu'elle regardait Chris baisser honteusement la tête. Elle n'était pas sûre que ce soit de particulièrement bonne augure au vu des circonstances, mais Kat était aussi touchée que soulagée. Elle ne voulait pas être seule, c'était déjà un point. Que Chris lui affirme, comme ça, lui qui ne parlait jamais clairement de ce qu'il ressentait et qui cachait systématiquement ses plus profondes pensées, qu'il ne comptait absolument pas l'abandonner, en était un autre. Qu'il flanche sur une phrase aussi importante, là, elle sentait son coeur se gonfler, prêt à exploser.

Ne se départissant pas de son sourire, la jeune femme croisa le regard de Chris et, un instant plus tard, le jeune homme liait leurs lèvres dans un tendre et doux baiser. Pour le coup, elle avait l'impression d'être passée de six pieds sous terre au septième ciel. « Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit. Promis. » Kat croisa le regard de Chris, son sourire s'élargit et elle fut déstabilisée un instant par l'instigation du jeune homme. Elle se reprit néanmoins rapidement, se mordit vainement la lèvre inférieure pour s'empêcher de sourire autant et releva un regard brillant vers Chris. « Tant mieux... » souffla-t-elle sans vraiment savoir quoi dire. Elle parcourut l'espace qui le séparait du jeune homme et scella doucement leurs lèvres de nouveau, venant caresser les cheveux du jeune homme pour l'attirer contre lui sans leur faire mal. Pour le coup, elle aurait bien aimé ne pas être handicapée par toutes leurs blessures, et sa retenue était plutôt approximative. A vrai dire, elle prenait conscience que sa promesse la soulageait surtout parce qu'elle s'apprêtait à remettre une nouvelle fois en cause leur tranquillité. Lorsqu'elle s'éloigna de Chris, elle laissa ses doigts s'enrouler dans ses cheveux. « T'as raison, Chris... Si je veux nous mettre en sécurité, je dois appeler Mumford. Et quand je l'appellerais, les choses risquent de... s'emballer un peu. » reprit-elle d'une petite voix prudente, imaginant déjà la réaction de son père, de sa grand-mère, le rapport que Mumford allait donner sur Chris sans hésiter. « Par rapport à toi & moi aussi, sûrement, mais... » Elle fit une moue gênée, elle ne savait vraiment pas comment retranscrire en quelques mots les dizaines de pensées qui lui traversaient l'esprit. « Mais je tiens à toi aussi, alors je préfère te prévenir que ça pourrait devenir... tendu. » Elle avait peur de lui en dire plus, alors elle se contenta de grimacer et de rester silencieuse. Forcément, si ses parents apprenaient que Kat s'était entichée de Chris, ils voudraient le rencontrer, ils seraient méfiants, ce serait... insupportable. Et tellement tôt ! Elle ne doutait pas d'être attachée à Chris, mais avec sa situation, et ce qu'il venait de leur arriver, elle ne pouvait pas faire autrement.

Elle secoua la tête et déposa un bref baiser sur les lèvres de Chris. Elle devait appeler Mumford, elle s'inquiétait trop pour son frère. Avant de s'autoriser à changer d'avis, elle reprit le téléphone de Chris et composa un numéro, se levant pour s'appuyer contre la fenêtre de l'appartement de Chris. « Mumford, c'est Kat. [...] Ecoutez, j'ai vraiment pas le temps de jouer à ça, Rose si vous voulez. Quelque chose est arrivé. » Elle lança un regard désolé à Chris avant de se tourner vers l'extérieur et expliqua sommairement à l'agent toute l'histoire. « Non. Non, je suis... je suis en sécurité maintenant. Trouvez juste mon frère. [...] Parce que. Faites ce que je vous dis, pour une fois ! [...] Entendu. » s'exclama-t-elle lorsqu'il lui demanda pourquoi elle ne l'appelait pas elle-même. Elle savait que Ben ne lâcherait pas le morceau, & qu'elle se laisserait trop facilement embobiner par son jumeau. Il apprendrait où elle était et viendrait immédiatement la chercher. Avec Mumford, elle pouvait se permettre de commander et de s'autoriser un peu de temps, bien qu'elle ne doute pas qu'il finisse par la retrouver si elle ne se montrait pas, comme il le lui avait demandé, dans un autre quartier du Queens quelques heures plus tard. Elle raccrocha rapidement et revint auprès de Chris, cherchant de nouveau son regard. « On a quatre heures, Mumford part chercher Ben. Je sais pas où j'irais après... » murmura-t-elle, aussi soulagée que triste.

Elle souriait. Il avait réussi à la faire sourire et dans de telles circonstances, c'était quasiment un tour de force. Le baiser qu'il lui offrit ensuite lui fit un bien fou... Il faut dire que ça ne s'était pas reproduit depuis le récent fiasco de leur soirée en forêt, et le contact de Kat lui avait beaucoup manqué. Bien sûr, Chris aurait aimé que tout se déroule autrement, et dans une autre ambiance mais qu'importe. A cet instant précis, il avait de toute façon oublié tout ce qui tournait autour d'eux et qui faisait de ces retrouvailles un moment spécial. Pour une fois, l'étalagiste était plutôt sûr de lui. Et pourtant, il venait de se livrer comme il ne l'avait jamais fait avec personne avant elle. Devant quelqu'un d'autre, il aurait été tout bonnement pétrifié, muet et incapable de se sortir dignement d'une telle situation. Mais avec Kat, tout était décidément bien différent.

Le jeune femme ne tarda d'ailleurs pas à se rapprocher un peu plus de lui pour répondre à son baiser. Elle passa sa main dans ses cheveux, geste qui réveilla une douleur à l'arrière du crâne de Chris qui ne broncha pas. Elle venait tout juste d'effleurer un bosse dont il avait presque oublié l'existence, mais quoi qu'il en soit, rien ne pouvait venir le perturber tant il se laissait emporter par le baiser qu'elle lui rendait. Ce n'est qu'en s'éloignant de lui qu'elle reprit la parole pour lui annoncer quelque chose qu'il aurait finalement préféré ne pas entendre. Kay était décidée à contacter Mumford, et il ne pouvait décemment plus l'en empêcher arpès l'y avoir incitée. Après tout, c'était certainement la meilleure solution pour tout le monde. Ce Mumford était plus à même de la garder en sécurité, contrairement à lui. L'étalagiste la laissa donc s'éloigner du canapé même si tout lui disait de la retenir. Il la laissa s'entretenir avec cet homme qu'il allait finir par connaître personnellement, mais ne la quitta pas des yeux une seule seconde. Sans même savoir ce qui allait se passer, Chris avait un mauvais pressentiment. Le pressentiment qu'ils allaient de nouveau être séparés sans qu'il ne puisse rien y faire. Une nouvelle fois, il la verrait s'éloigner sans pouvoir la retenir près de lui, alors que c'est tout ce qu'il désirait. Bien sûr, si Mumford l'emmenait, c'était pour son bien... mais l'idée de ne pas savoir où elle allait ne lui plaisait pas du tout.

Après quelques mots, Kat raccrocha et revint vers lui. Et bien évidemment, elle lui annonça ce qu'il redoutait depuis un moment : « On a quatre heures, Mumford part chercher Ben. Je sais pas où j'irais après... » Un éclair de tristesse traversa le regard du jeune homme qui fit de son mieux pour le masquer. Il se leva et s'empressa de rejoindre Kat dont il attrapa les deux mains. En entremêlant leurs doigts, il soupira, comme s'il était complètement découragé. Puis, il se souvint tout à coup de la promesse qu'il venait de lui faire. Reprenant un peu d'audace, il releva les yeux vers elle et déclara : « Mais je t'ai dit que je ne te laisserai pas ! Il doit bien y avoir un moyen... Je ne veux pas qu'il t'emmène loin Kat ! Je ne veux pas qu'il t'emmène tout court ! Dis-moi que je peux faire quelque chose... Je sais bien qu'il ne m'aime pas, et qu'il essaye peut-être de m'éloigner mais... Si ça se trouve il va penser que tout est de ma faute ! » Plus il parlait, et plus son imagination élaborait d'horribles scénarios. Pourtant pas sensible à ce genre de sensation, Chris se laissait peu à peu envahir par une sorte de panique. « Tu vas pas me laisser hein ? » Au fond de lui, il savait bien que c'était fichu. De toute façon, ce n'est pas vraiment elle qui décidait... Mumford viendrait, il l'emmènerait avec lui, et Chris resterait seul sans plus aucune nouvelle. Il se retrouverait alors exactement dans la même situation qu'il avait vécue ces derniers jours... Mais il ne pouvait simplement pas s'y résoudre.

Kat se laissa faire et se rapprocha une nouvelle fois du corps de Chris. Elle avait peur de ne plus le revoir, bien sûr, elle n'osait même pas imaginer tous les scénarios qui pouvaient se présenter à elle. Elle releva les yeux vers Chris lorsqu'il fit de même et fut surprise qu'il prenne aussi rapidement la parole, bien qu'elle ai remarqué que ses paroles lui avaient foutu un coup. « Mais je t'ai dit que je ne te laisserai pas ! Il doit bien y avoir un moyen... Je ne veux pas qu'il t'emmène loin Kat ! Je ne veux pas qu'il t'emmène tout court ! Dis-moi que je peux faire quelque chose... Je sais bien qu'il ne m'aime pas, et qu'il essaye peut-être de m'éloigner mais... Si ça se trouve il va penser que tout est de ma faute ! » Kat fit les gros yeux, étonnée, et resta interdite un instant avant qu'un sourire ne vienne de nouveau se loger sur son visage. Pour le coup, sa détermination l'impressionnait, et elle ouvrit la bouche avant de la refermer sans savoir quoi répondre, elle-même tourmentée par les mêmes interrogations et ne sachant absolument pas comment Chris pourrait changer quoique ce soit. « Tu vas pas me laisser hein ? » Kat se rendit compte qu'elle avait arrêté de respirer et soupira profondément avant de froncer les sourcils pour se blottir un peu plus contre Chris, ne brisant pas la connexion entre leurs regards. « Non, bien sûr que non ! » s'exclama-t-elle avait de déposer quelques légers baisers sur ses lèvres, comme pour le rassurer. Ses mains remontèrent le long de ses bras sans exercer de pression, survolant presse le tissu de ses vêtements de peur de lui faire mal, mais son coeur gonflé obstruait son esprit et son sens de la retenue. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle aurait remercié l'attention de Chris d'une toute autre façon.

Elle se mordit la lèvre inférieure, ferma les yeux et sautilla un instant, soudainement stressée, et lorsqu'elle releva les yeux, ses yeux brillaient d'une nouvelle idée qui ne la contentait qu'à moitié. « Tu pourrais... tu pourrais venir avec moi ? » lâcha-t-elle. Ses mains s'arrêtèrent dans la nuque du jeune homme et elle baissa les yeux un instant, pesant le pour et le contre dans son esprit. Si elle insistait, elle savait que Mumford préfèrerait avoir Chris à l'oeil plutôt que de le laisser partir il ne savait où avec la possibilité que Kat le rejoigne en se dérobant de sa surveillance - ce ne serait pas la première fois qu'elle se jouerait de lui, il serait idiot de ne pas accepter un compromis. Si Chris venait avec eux, il serait en sécurité, c'était un point que Kat ne pouvait pas ignorer, elle ne se voyait absolument pas quitter New York en sachant qu'il pouvait toujours être la cible d'attaques qui lui seraient destinées à elle. Seulement, Kat était en train de demander à Chris presque l'impossible et elle en avait conscience. Quitter, même pour peu de temps, tout ce qu'il avait, même ses affaires en cours, et surtout aller à Londres, et inévitablement rencontrer sa famille. Elle fit la moue avant de reprendre la parole. « Je sais que je te demande beaucoup, et quoiqu'il arrive, je te laisserais pas. » dit-elle en secouant la tête. « Mais venir te mettrait en sécurité aussi. Et puis... Si ma famille apprend à te connaître, si elle voit... ton caractère, ta gentillesse, ta sincérité, Mumford n'aura plus rien à dire, et... et j'aurais plus de chance de revenir ici. »

Elle baissa les yeux un instant et retrouva le silence, pensive. « Je sais que je te demande beaucoup, là... Mais c'est toi qui a demandé ! » reprit-elle d'une petite voix en relevant la tête, un léger sourire gêné collé sur les lèvres.

Une fois de plus, la situation paraissait sans issue pour les deux jeunes gens. Kat, elle, serait en sécurité dans peu de temps, auprès de Mumford. Chris, en revanche, allait devoir se débrouiller seul, et faire en sorte de ne pas recroiser les gars qui avaient enlevé la jeune femme quelques jours plus tôt. Mais ce n'est pas vraiment ça qui le turlupinait le plus. Ce n'est pas à cause de ça qu'il aurait du mal à dormir, ni même des difficultés à se concentrer sur son boulot. Ce qui le tracassait réellement était d'être éloigné de Kat. Et pourtant, la séparation semblait être inévitable. Bien qu'il la sache entre de meilleures mains que la dernière fois, Chris ne pouvait se résoudre à la laisser partir comme ça. C'est presque malgré lui qu'il adopta un air implorant en lui demandant de ne pas le laisser. Sorti du contexte, cette scène pouvait paraître tellement pathétique... Mais cet appel de détresse ne pouvait pas mieux traduire ce que ressentait le jeune étalagiste au fond de lui. Il savait que Kat n'aurait pas le choix, qu'elle devrait suivre Mumford et le laisser seul, lui, au milieu de ses maquettes et de ses planches à dessin. Mais malgré ça, elle lui affirma le contraire. Elle non plus ne le laisserait pas, et c'est précisément ce genre de phrases qu'il souhaitait entendre.

Légèrement soulagé, sans pour autant avoir la moindre idée de la marche à suivre pour ne pas être séparés, Chris se rasséréna un peu. Mais ce répit fut de courte durée puisque, presque aussitôt, Kat enchaîna sur une idée qu'elle venait d'avoir, mais qui ne semblait la contenter qu'à moitié. Et pour cause ! Elle lui proposa tout simplement de la suivre, où que Mumford l'emmène et pire, elle émit même l'hypothèse de le présenter à sa famille. Le jeune homme marqua un temps d'arrêt, et sonda son interlocutrice du regard comme pour tenter de déceler le début d'un sourire, ou un indice trahissant son manque de sérieux. Mais rien dans les yeux de Kat ne traduisait une telle chose. Presque effrayé, Chris recula un peu et arqua un sourcil avant de rétorquer. « Pa... Pardon ? Tu plaisantes ? C'est impossible... Premièrement, Mumford n'aura aucune envie que je sois en sécurité, bien au contraire ! Et puis... ta famille ! Elle ne voudra jamais me rencontrer. Et moi non plus d'ailleurs ! Enfin, je veux dire... c'est que je ne suis pas à la hauteur, c'est tout. Rappelle-toi que normalement, on n'a rien à faire ensemble... » Considérant le milieu duquel il était issu, et le niveau de vie qu'il avait actuellement, Chris se sentait à des millions de kilomètres de la famille de Kat. Du moins, c'est ce qu'il s'imaginait. Mais avec tous les rangs que cette dernière lui avait cités lorsqu'il le lui avait demandé, il ne devait pas être si loin de la vérité. Jamais un garçon comme lui ne foulerait le plancher de le demeure de Kat. C'était de la folie.

En y réfléchissant bien, l'étalagiste se surprit à s'imaginer au milieu de ces gens de la haute société avec lesquels il ne partageait absolument rien. A vrai dire, en cette période de fin de fêtes, son emploi du temps n'était pas vraiment chargé. Le gros de son travail était passé, il ne lui restait plus maintenant qu'à plancher sur les prochaines vitrines... Mais depuis la disparition de Kat, il n'avait rien fait, rien avancé. Cependant, le temps ne pressait pas, si les circonstances avaient été autres, il aurait pu accepter « l'invitation » de la jeune femme. Seulement voilà, il se le disait et se le répétait sans cesse : il n'était pas à la hauteur. Après un long moment de réflexion silencieuse, il releva enfin les yeux vers Kat et articula de nouveau : « J'aurai pu accepter mais... non, vraiment, c'est impossible. »

Ça fait rien avancer, mais il
fallait que j'écrive un truc pour pouvoir réviser
en paix après ça

A vrai dire, Kat ne croyait pas une possible confrontation entre Chris et sa famille si terrible que ça. Même si les relations entre son père ou sa grand-mère et elle pouvaient être tendues de temps en temps, depuis qu'elle avait établi ses quartiers généraux à New York elle s'était toujours débrouillée pour transformer leurs retrouvailles familiales en doux petits séjours. En plus de ça, elle savait que Chris était tout ce qu'ils n'attendaient pas, il était l'archétype de tout ce qu'elle leur avait déjà ramené à la maison, et il était sûrement le plus noble, dans un sens, de tous. Alors, quand Chris reprit la parole, elle tomba de haut. « Pa... Pardon ? Tu plaisantes ? C'est impossible... Premièrement, Mumford n'aura aucune envie que je sois en sécurité, bien au contraire ! Et puis... ta famille ! Elle ne voudra jamais me rencontrer. Et moi non plus d'ailleurs ! Enfin, je veux dire... c'est que je ne suis pas à la hauteur, c'est tout. Rappelle-toi que normalement, on n'a rien à faire ensemble... » Kat entrouvrit la bouche, papillonna des yeux et recula d'un pas, surprise et profondément blessée. Est-ce qu'il venait vraiment de lui dire tout ça ? Elle sentit son cœur se serrer et les paroles de l'une de ses meilleures amies lui revinrent en tête. Elle avait réellement l'impression d'être la seule à défendre la mixité, dans le coin. Les riches accusaient les pauvres, les pauvres accusaient les riches, chacun se calfeutrait de son côté et elle, elle était seule tiraillée entre les deux. Seulement, ça ne la décourageait pas dans son idée, non, ça la décevait simplement de celles des autres, et comme elle avait été déçue de son amie lorsqu'elle avait dénigré les conditions de vie d'un employé du service public, elle était déçue de Chris qui l'enfermait dans sa condition de noble. « J'aurai pu accepter mais... non, vraiment, c'est impossible. » Dès qu'il remonta ses yeux sur elle, le sang de la blonde ne fit qu'un tour et elle répondit, désabusée. « C'est ce que tu penses ? Qu'on a rien à faire ensemble ?! » s'exclama-t-elle peut-être un peu trop fort, croisant ses bras sur ses côtes et se résignant en les sentant piquer sous ses doigts. « Non mais tu t'entends, là ? J'y crois pas, je croirais entendre mon père. » reprit-elle, légèrement acide, une boule dans la gorge rendant sa voix teintée de confusion et de déception. Elle secoua la tête, baissa les yeux un instant et laissa un rire amer dépasser la barrière de ses lèvres entrouvertes : la promesse de Chris n'avait pas tenu bien longtemps.

Elle s'approcha du canapé et appuya les mains sur son dossier pour se soutenir avant de lever un regard brûlant d'amertume au jeune homme. « Peut-être que t'as raison, que t'es pas à la hauteur. » reprit-elle, soudainement très remontée. « J'ai pas peur de te présenter à ma famille, parce que j'en ai rien à faire de ce qu'ils peuvent bien penser. Est-ce que j'ai l'air de m'intéresser à tes titres, moi ? Ca m'est totalement égal, et ça devrait t'être égal aussi. » Elle prit une inspiration après avoir déblatéré rapidement son discours, et reprit immédiatement. « C'est à cause de ce genre d'attitude fermée que je suis venue vivre à New York, et t'es vraiment la dernière personne chez qui je pensais la retrouver. » déclara-t-elle avec moins de hargne et plus de déception dans la voix avant de se redresser et de se diriger de nouveau vers la salle de bain tout en parlant. « Alors ouais, t'es sûrement pas à la hauteur. » Elle savait qu'elle était acide dans ses propos, qu'elle attaquait sans vergogne un Chris blessé et fatigué, mais elle l'était tout autant, et bercée par son épuisement, il lui en avait fallu peu pour réagir au quart de tour. « Laisse-moi juste le temps de me doucher et je m'en irais, ça sert à rien de te mettre en danger pour rien. » termina-t-elle avant de foncer vers la salle d'eau dont elle ferma brutalement la porte, plus pour pouvoir respirer au calme que pour montrer son énervement. Elle tourna le pommeau de douche et laissa l'eau s'écouler, s'adossant à la porte un instant avant de retirer méticuleusement ses vêtements un à un en se mordant la lèvre pour ne pas être trop bruyante. Lorsqu'elle entra dans la douche, l'eau se mêla à des larmes vainement retenues qu'elle ne savait pas de douleur, de colère ou de déception. Elle sentit son souffle devenir rapidement irrégulier et, lorsqu'elle étouffa un sanglot, ce fut un gémissement de douleur qui le remplaça. Plus elle pleurait, plus ses organes internes titillaient des côtes déjà trop éprouvées. Elle se refusa donc à trop s'épancher, ni même à penser à Chris dans la pièce d'à côté, et s'appliqua à nettoyer tout le sang et la saleté qui jonchaient son corps, lavant la poussière de ses cheveux.

Elle ne compta pas le temps qu'elle resta sous la douche, mais elle n'en sortit pas avant d'être le plus calme possible. Chris ne voulait pas venir ? Bien. Elle ne partirait pas non plus. Elle louerait un appartement, vivrait en collocation avec un médecin s'il le faudrait. Elle se désolait autant qu'il la désolait. Idiot ou non, Chris était tout de même en danger par sa faute. Finalement, la jeune femme remit ses vêtements, se sentant tout de même plus à l'aise, et resta un instant la main suspendue à la poignée de la porte, les yeux clos, tentant d'imaginer une confrontation avec Chris. Elle l'avouait, elle avait été dure, mais elle ne retirait même pas ses paroles. Elle était médusée par ce qu'il pouvait bien aller penser. Elle se décida à ouvrir la porte et pénétra dans le salon en optant pour ignorer totalement le jeune homme. A la place, elle s'assit sur le bord du canapé en grimaçant pour remettre ses baskets.

Dear god she's crazy ~

Au moment même où il termina sa phrase, Chris comprit qu'il n'avait réagit comme il le fallait. L'expression de Kat changea, elle recula et parut totalement décontenancée. Pourtant, le jeune homme avait dit ce qu'il pensait... et il ne lui semblait pas avoir été particulièrement blessant. Du moins pas directement pour Kat. « C'est ce que tu penses ? Qu'on a rien à faire ensemble ?! » Bien... l'étalagiste venait tout juste d'avoir la confirmation qu'il était allé trop loin sans même le vouloir, ni s'en apercevoir. « Mais... non ! C'est pas du tout ce que j'ai dit ! » Le jeune femme ne paraissait pas avoir compris ce qu'il essayait de lui dire, et elle s'emporta aussitôt sans lui laisser la moindre chance de le lui expliquer. Même après tout ce qu'ils avaient traversé tous les deux, jamais Chris ne l'avait vue dans un état pareil. Elle semblait vouloir s'acharner sur lui, même s'il ne comprenait rien de tout ça. Les regards qu'elle lui jetait le transperçaient tant ils étaient rudes et remplis d'amertume. Le jeune homme fronçait les sourcils, et essayait de prendre la parole à chaque fois que Kat lui en laissait l'occasion. Mais à chaque fois, elle repartait de plus belle, et il ne pouvait rien y faire. Alors qu'il aurait voulu lui expliquer et la rassurer, il se retrouvait face à un mur, et la jeune femme n'avait de cesse de l'attaquer encore et encore. En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, Chris avait atterri dans le même panier que tous les autres. Il faisait désormais partie de la liste, apparemment longue, de tous ceux qui l'avaient un jour déçue. « Alors ouais, t'es sûrement pas à la hauteur. »Cette phrase retentit dans la tête de l'étalagiste comme un coup cinglant. Lui avait-elle vraiment dit ça ? Abasourdi, il ouvrit la bouche pour protester mais se ravisa au dernier moment. Après tout, elle avait sûrement raison, c'est même lui qui s'était désigné de la sorte quelques minutes auparavant.

Ce n'est que lorsqu'elle prit la direction de la salle de bain qu'il reprit ses esprits, et se précipita derrière elle. Il voulait la rattraper, en vain. Juste au moment où il arriva à hauteur de la salle de bain, Kat lui claqua la porte au nez. Cette fois, ce n'était plus de l'incompréhension mais de la colère qu'il ressentait. Aussitôt il se retourna nerveusement et s'éloigna de la porte en soufflant. Il s'installa sur le canapé sans se départir de son expression sévère. Quoi qu'il veuille bien en dire, c'était de sa faute si il en était là, avec toutes ses blessures et cette impression de ne plus vivre tranquille dans son petit appartement où rien ne pouvait lui arriver. Et en plus de ça, elle se permettait de le traiter comme ça ? Alors qu'elle n'avait simplement pas compris ce qu'il lui disait ! Pour Chris, s'en était trop, il bascula la tête en arrière en grimaçant un peu, et remonta ses mains jusqu'à son visage pour l'y enfouir et ne plus rien voir, ne plus penser à rien. Et surtout pas à elle. Mais bien sûr, dès qu'il fermait les yeux, la seule et unique chose qu'il voyait était la silhouette de Kat.

Ce n'est que lorsqu'elle sortit de la salle de bain qu'il daigna découvrir son visage. En la regardant, il remarqua que ses yeux étaient rouges, mais il n'eut pas l'honneur d'un seul coup d’œil de sa part. Elle s'installa alors sur le bord du canapé, et se baissa tant bien que mal pour enfiler ses chaussures. Sans bouger, Chris profita du silence glacial qui régnait dans la pièce pour, enfin, pouvoir dire quelque chose. « Kat, tu ne m'as même pas laissé parlé ! Tu sais bien que c'est pas ce que j'ai voulu dire, hein ? » Il ne savait pas comment s'y prendre pour se racheter, mais il commença par se rapprocher un peu d'elle, pour essayer de capter son regard au moins une fois. « Tes titres, je m'en fiche. Si ce n'était pas le cas, je ne serai jamais venu te retrouver sur le terrain vague l'autre jour... Tu ne crois pas ? »Chris soupira, et sembla chercher ses mots pendant un moment histoire de ne pas déclencher une nouvelle tempête. « Je disais ça pour toi moi... Enfin, je ne veux pas te causer d'ennuis avec ta famille, c'est tout. Mais je t'ai promis... alors si tu pars, je pars aussi. »

Kat sentait le regard de Chris sur elle, et elle luttait pour ne pas le lui retourner. Elle ne savait pas quelle attitude adopter, elle n'était même pas sûre de vouloir l'écouter ou, tout simplement, quoi faire une fois à l'extérieur de son appartement. Retourner chez elle serait du suicide, mais elle avait cruellement besoin de nouveaux vêtements plus frais. Se rendre au point de rendez-vous seule avec quatre heures d'avance la terrifiait tout autant. « Kat, tu ne m'as même pas laissé parler ! Tu sais bien que c'est pas ce que j'ai voulu dire, hein ? » La jeune femme ne releva la tête que pour se redresser et elle contourna le canapé comme si elle n'avait rien entendu, petite peste gamine et boudeuse qu'elle était. Dès qu'elle avait senti qu'il se rapprochait, elle s'était éloignée pour seule réponse. Une Kat vexée n'était pas une Kat conciliante. Elle ne savait pas ce qu'il avait voulu dire, elle avait pris ce qu'elle avait entendu et, en l'occurrence, ça ne lui avait pas plu. Elle parcourut les quelques pas qui la séparaient de la cuisine et ne se gêna pas pour se servir un verre d'eau, qu'elle but rapidement. « Tes titres, je m'en fiche. Si ce n'était pas le cas, je ne serai jamais venu te retrouver sur le terrain vague l'autre jour... Tu ne crois pas ? » Elle posa le verre dans l'évier, se tourna vers le salon et y retourna, s'appuyant sur le bar. Ses côtes lui faisaient un mal de chien. Elle passa une main dans ses cheveux encore mouillés et évita consciencieusement le regard de Chris. « Je disais ça pour toi moi... Enfin, je ne veux pas te causer d'ennuis avec ta famille, c'est tout. Mais je t'ai promis... alors si tu pars, je pars aussi. » Cette fois-ci, ses yeux retombèrent sur la silhouette du jeune homme et elle resta interdite, presque figée.

C'était ce qu'elle voulait, n'est-ce pas ? C'était même elle qui l'avait proposé. Elle ne s'était pas attendue à ce que Chris cède aussi facilement, elle ne pensait même pas qu'il cèderait tout court. Du coup, elle fut destabilisée et ne sut d'abord pas quelle attitude adoptée, partagée entre l'envie de continuer à faire passer ses colères sur lui et admettre qu'elle y était peut-être allé un peu fort. Elle se contenta donc de hausser les épaules et de répondre l'air de rien. « Et moi je disais ça pour que tu sois en sécurité aussi. » Elle mit ses mains dans ses poches et avança d'un pas, le regard plus conciliant. « Désolée, je voulais pas m'énerver comme ça. Mais je déteste que tu penses ça. » S'expliquer plus calmement semblait préférable. « Si tu te penses d'entrée comme inférieur à eux, ils ne vont faire qu'une bouchée de toi. Moi je sais que tu vaux mieux qu'eux, mais si toi t'y crois pas... » continua-t-elle. Finalement, elle s'arrêta derrière le canapé de nouveau et termina. « Mais à vrai dire, ça m'est égal. Je te l'ai dit, j'accorderais vraiment peu d'importance à ce qu'il se passera là-bas et tu devrais en faire autant. Je pense uniquement à ce qu'on fuit. » Un léger sourire s'installa sur son visage et, plus détendue, elle revint devant Chris pour laisser glisser doucement ses doigts le long de ses bras avant de les insérer entre les siennes. Plus tendre et détendue, elle baissa les yeux un instant avant de les relever vers Chris. « Heureusement que t'as cédé en premier, je comptais pas partir sans toi. » chuchota-t-elle avant de lui voler un baiser.

L'attitude qu'adopta Kat en sortant de la salle de bain agaça au plus haut point l'étalagiste. D'abord, c'est elle qui s'était énervée pour presque rien. Maintenant, c'est lui faisait le premier pas vers elle, et malgré ça, elle s'évertuait à l'ignorer. Pire, elle quitta carrément la pièce pour pénétrer dans la cuisine et se servir un verre d'eau, comme si elle avait été chez elle. Contrarié, Chris la regarda faire en fronçant les sourcils, mais se garda bien de dire quoi que ce soit. Il dut tout de même marquer une pause pour être certain de ne pas s'énerver au mauvais moment, mais s'efforça de reprendre son discours comme si de rien n'était, comme si son attitude lui paraissait normale et appropriée. Même s'il n'en pensait pas moi,s ce n'était pas le moment de jouer à ça. Kat se vexerait à la première parole qu'il prononcerai, elle s'en irait sans lui, et personne n'était en mesure de prédire ce qui lui arriverait ensuite... Non, pour la sécurité de la jeune femme, Chris se devait de ravaler les quelques réflexions qui lui brûlaient pourtant les lèvres.

Au bout d'un moment, la jeune femme sembla enfin se radoucir, et elle daigna même lui adresser la parole en s'approchant de lui. L'étalagiste, qui n'en attendait pas tant, se leva pour se poster face à elle, de l'autre côté du canapé. Évidemment que sa famille n'allait faire qu'une bouchée de lui et ce, quoi qu'il fasse ! Chris le savait, et tentait de s'y préparer au mieux. Le problème, ce n'était pas vraiment lui. Ce qu'il redoutait le plus, c'était d'être l'invité de trop, le garçon qui rappellerait à toute la famille l'ex-petit ami de Kat, celui qui l'avait faite plonger dans son monde et ainsi éloignée des obligations relatives à son rang. Et si c'était lui la goutte d'eau qui ferait déborder le vase et qui inciterait la famille de Kat à la garder définitivement avec eux loin de New-York ? Ou alors, ils pourraient la rejeter, et la laisser se débrouiller seule sans plus aucun soutien... Le jeune homme de connaissait absolument personne dans cette famille, mais il s'imaginait déjà tout un tas de scénarios plus ou moins plausibles, et plus ou moins encourageants pour la suite des événements. C'est à ce moment-là que Kat lui rappela qu'ils avaient quelque chose à fuir tous les deux. Effectivement, avaient-ils vraiment le choix ? Partir semblait être pour eux la meilleure des solutions pour être en sécurité, au moins pendant un temps. Pour toute réponse, l'étalagiste acquiesça donc d'un hochement de tête, et murmura un timide : « Si tu le dis... »

« Heureusement que t'as cédé en premier, je comptais pas partir sans toi. » Cette fois, Chris ne put s'empêcher d'esquisser une petit sourire. « Parce que tu crois que je t'aurai laissée partir comme ça ? » Non, bien sûr que non. Il était une homme de parole, et elle n'avait aucune chance de pouvoir s'échapper sans lui. Lorsque Kat l'embrassa, Chris répondit brièvement, puis attrapa une de ses mains pour l’entraîner vers la cuisine. « Viens, il nous reste un peu de temps... Il faut que tu manges. Même si ce n'est pas grand chose, tu dois manger un peu... »

En arrivant dans la cuisine, Chris la lâcha pour aller ouvrir le frigo. Il se gratta l'arrière de la tête en quête d'une quelconque denrée comestible... en vain. Il se retourna alors vers Kat en esquissant un grimace : « Euh... dis-moi ce que tu voudrais... J'ai pas tellement mangé ces jours-ci donc pas de restes à te proposer ! »

Kat sentit l'atmosphère se détendre et son sourire s'élargit en voyant celui de Chris. « Parce que tu crois que je t'aurai laissée partir comme ça ? » Elle haussa un sourcil, un instant soupçonneuse, mais ne s'attarda pas avant de venir chercher de nouveau les lettres de Chris pour se faire pardonner, le regard légèrement teinté de gêne et de reconnaissance. Son frère était le premier spectateur de ses sautes d'humeur et de sa langue de vipère qui, rarement mais sûrement, pouvaient faire des ravages. Même lui en était parfois à sa limite ; voir Chris, bien que vexé également, laisser sa colère et son défoulement sous silence rendait la suite des choses beaucoup plus faciles. Kat n'avait pas un caractère colérique, elle était même la première à vouloir régler les choses par la diplomatie. En général, elle n'élevait la voix que pour répondre aux attaques de quelqu'un, et n'était absolument pas une adepte de la méchanceté gratuite.

« Viens, il nous reste un peu de temps... Il faut que tu manges. Même si ce n'est pas grand chose, tu dois manger un peu... » La blonde se laissa guider jusqu'à la cuisine et gémit en s'asseyant, observant le jeune homme ouvrir le frigo à la recherche de quelque chose à leur mettre sous la dent. « Euh... dis-moi ce que tu voudrais... J'ai pas tellement mangé ces jours-ci donc pas de restes à te proposer ! » Elle le regarda un instant avant de hausser les épaules, consciente qu'elle n'avait pas mangé depuis un temps inconsidéré mais pas vraiment affamée. « Je sais pas, surprends moi ? » entama-t-elle avant de continuer. « De toute façon, je pense pas pouvoir mâcher grand chose. » continua-t-elle en désignant sa mâchoire encore douloureuse.

La jeune femme étira ses bras sur le bar, grimaçant en sentant ses muscles se tendre, avant de suivre du regard Chris qui lui préparait quelque chose. Elle se redressa, appuya son dos contre le dossier pour soulager la douleur de ses côtes et fit une moue avec ses lèvres. « Stresse pas, pour Mumford... et le reste. » Selon elle, il valait de toute façon mieux être avec Mumford que sous le joug de son grand-père. Au moins, Mumford ne ferait jamais tuer Chris... Du moins, Kat ne l'imaginait pas un seul instant. Et puis, même s'ils avaient beaucoup de désaccord, les O'Maley restaient sa famille, ceux chez qui elle continuait de passer tous ses Noël. La seule chose dont elle était sûre, c'était que Mumford allait les ramener à Londres : leur lieu de rendez-vous, l'aéroport, ne laissait aucun doute. « Imagine ça comme... des vacances ? » tenta-t-elle, cherchant réellement à trouver le point positif de la situation.

Plus ça va plus je fais petit

Malgré le fait qu'il l'ait soignée du mieux qu'il pouvait, Kat gémissait encore à chaque mouvement qu'elle faisait. Les grimaces qu'elle arborait à chaque fois qu'elle bougeait déchiraient le cœur de Chris qui se sentait une nouvelle fois bien impuissant et incapable de l'aider. Il espérait simplement que tout ça passerait sans qu'elle n'ait besoin de soins plus importants, ce qui signifierait que les blessures que son bourreau lui avait infligées étaient graves. Mais comme à son habitude, l'étalagiste opta pour la solution de facilité qui consistait à ne rien montrer de ses inquiétudes. De toute façon, ça n'aurait servi qu'à aggraver encore la situation, et à effrayer Kat davantage. Il aurait eut envie de la prendre dans ses bras, et de la serrer contre lui comme pour la consoler, mais il n'osait pas de peur de lui faire mal.

« Je sais pas, surprends moi ? » Chris arbora une moue sceptique, puis finit par grimacer d'un air désolé lorsqu'elle aborda le sujet de sa mâchoire endolorie. Il se gratta une nouvelle fois la tête en réfléchissant à ce qu'il pourrait bien faire pour la « surprendre ». A vrai dire, Chris n'avait jamais été un fin cuisinier, d'habitude il faisait avec les moyens du bord, et même aujourd'hui il ne pouvait pas faire exception à la règle. Se souvenant tout à coup qu'il revenait de faire quelque courses lorsqu'il avait découvert Kat dans son canapé, il se dirigea vers le salon. Le contenu de son sac de courses était toujours étalé par terre, et il se baissa pour récupérer quelques boites. Seulement voilà, il avait tendance à oublier le traitement qu'il avait subi quelques jours plus tôt, et la douleur le rappela vite à l'ordre. Chris étouffa une exclamation et resta accroupi, une main sur le sol pendant un moment, pour attendre que la douleur s'estompe un peu. Après quelques secondes, il se releva avec difficultés, mais en ayant récupéré ce qu'il cherchait. Puisque Kat ne pouvait rien mâcher, il lui ferait de la purée. Basique, mais efficace.

L'étalagiste revint dans la cuisine, et déposa délicatement un baiser sur la joue de Kat en passant. Puis il entreprit de lui préparer cette purée qu'elle ne mangerait peut-être même pas. « Stresse pas, pour Mumford... et le reste. Imagine ça comme... des vacances ? » Interloqué, le jeune homme se retourna vers elle sans comprendre. Il arqua un sourcil, pencha la tête et déclara : « T'es sérieuse là ? Tu me demandes vraiment de ne pas stresser ? » Il accompagna ses mots d'un petit rire, plus nerveux qu'autre chose. « C'est... sympa, mais c'est un peu trop me demander je crois... » Chris avait l'impression de ne rien maîtriser dans tout ce qu'il lui arrivait ces derniers temps, et ça ne lui plaisait pas. Pas du tout. Mais il n'avait pas vraiment le choix, et fort heureusement pour lui : il n'était pas seul. « Non mais... ça va aller. On sera tous les deux. A quel endroit il t'a donné rendez-vous ? » ajouta-t-il en posant une assiette de purée juste devant Kat.

Kat regarda Chris en train de préparer le repas avoir lui avoir embrassé brièvement la joue, et elle se laissa aller à ses pensées. A vrai dire, ce n'était pas que cette histoire avec son grand-père était mal tombée, elle aurait bien aimé ne jamais avoir à vivre ça, mais effectivement, l'implication de Chris et l'évolution de leur relation qui s'exerçait exactement au même moment rendait toutes les choses plus compliquées. Elle adorait l'instant qu'ils vivaient, bien qu'il ne soit ni passionnant, ni palpitant - Chris lui faisait de la purée, wow - mais elle imaginait cette situation dans d'autres circonstances, loin des préoccupations sur leur vie et leur sûrement très prochain voyage à Londres, et elle se surprit à sourire. Chris était compréhensif, attentionné, adorable. Elle ne pouvait pas dire avoir connu beaucoup d'hommes comme lui ; pour d'autres, la timidité ou le caractère renfermé de Chris pouvait être vu comme des défauts mais Kat, elle, qui était son opposé, y voyait toute sa force.

« T'es sérieuse là ? Tu me demandes vraiment de ne pas stresser ? C'est... sympa, mais c'est un peu trop me demander je crois... » Kat leva les yeux au ciel avec un léger sourire, se laissant envahir par cette idée que tout allait bien se passer qui s'insinuait en elle depuis un peu plus tôt, et elle haussa de nouveau les épaules en le regardant, presque amusée. « C'est pas le piloris ! Je te demande de me faire confiance pour Mumford, il ne te fera rien, je te le promets. » Ca, elle en faisait son affaire. Après tout, elle était bien sa patronne, en quelques sortes. Au pire des cas, il appellerait son père pour avoir une confirmation et, le connaissant, il laisserait sa curiosité l'emporter. Il ne serait sûrement pas tendre au début - il détestait qu'on touche à sa petite fille, comme tout les pères se disait-elle - mais Kat pouvait se vanter de l'avoir sous sa coupe. Et puis, il était raisonné, et même si elle le détestait pour cette histoire de danse, elle savait qu'il verrait exactement comme elle la bonté de Chris une fois les premières barrières passées. « Et puis, "rencontrer ma famille" ça sonne gros mais ce n'est que mon frère, mon père et ma grand-mère. » Elle resta pensive un instant avant de se pencher sur le bar, soudainement très sérieuse. « Ne la regarde pas dans les yeux, d'ailleurs. Jamais. » le mit-elle en garde avant d'éclater de rire - un rire qui se termina en gémissement quand elle sentit ses poumons heurter de nouveau ses côtes. Sa grand-mère était une harpie dans l'âme, mais avec l'âge, elle avait perdu l'entrain qui avait fait d'elle l'une des plus grandes nobles de son siècle : si elle la jouait fine, Kat pouvait aussi se la mettre dans la poche.

« Non mais... ça va aller. On sera tous les deux. » Kat chercha le regard de Chris et lui offrit un sourire rassurant. « Exactement. Je te lâcherais pas d'une semelle, je te laisserais pas avec eux, et je laisserais pas les choses déborder, ok ? » Elle prit sa fourchette et commença à manger sa purée, mais rapidement elle se contenta de jouer avec en faisant des motifs dedans avec sa fourchette - son estomac ne semblait pas en mesure de digérer quoique ce soit. « A quel endroit il t'a donné rendez-vous ? » La jeune femme posa sa fourchette et releva la tête. « A JFK. Le temps, c'est sûrement pour trouver un créneau, pour le vol. Ou pour faire venir l'avion. » répondit-elle comme si posséder un avion était la chose la plus naturelle du monde. Évidemment, pas question de voyager sur un vol commercial, même en première classe. D'ailleurs, en règle générale, Kat ne voyageait qu'avec des avions appartenant à sa famille ou prêtés par des amis. Elle ne doutait pas que la situation impose un voyage en comité restreint, dans un avion sécurisé. « Oh, et, je voulais juste... te demander... » reprit-elle subitement lorsque ça lui vint à l'esprit avant de grimacer comme si elle lui demandait, encore une fois, la lune. « Quand on sera là-bas, ce serait plus approprié de m'appeler Rose, ou Rory. Kat c'est... enfin, ça leur rappelle pas forcément de bons souvenirs. » dit-elle en roulant des yeux, de nouveau gênée.

Mais il est PARFAIT tu t'attendais à quoi

« C'est pas le piloris ! Je te demande de me faire confiance pour Mumford, il ne te fera rien, je te le promets. » Chris secoua la tête en contournant le bar sur lequel Kat était installée. Il attrapa alors un des tabouret qui trônait de l'autre côté, et le ramena près d'elle pour s'y installer à son tour. Ce faisant, il lui répondit tout en pensant qu'elle n'avait exactement saisi le contenu de ce qui l'effrayait le plus. « C'est tellement pour moi que je m'inquiète tu sais... Enfin, j'veux dire, qu'est-ce qu'il pourrait me faire de toute façon ? Non, ce que je ne veux pas, c'est qu'il ait une mauvaise image de...nous. Tu vois ? Et qu'il fasse en sorte de nous éloigner. Et je suis presque sûr qu'il le ferait à la première occasion. » A vrai dire, le jeune homme ne savait pas trop comment appréhender ce Mumford. D'un côté, il l'appréciait pour ce qu'il était capable de mettre en œuvre concernant la protection et la sécurité de Kat. Sans lui, Chris aurait du rester à New-York avec elle, et n'aurait sans doute pas été plus efficace que la première fois si ses agresseurs les avaient retrouvés. Mais Chris savait aussi que Mumford n'était pas un enfant de chœur, et il se souvenait qu'il avait gâché par son intervention leur si beau séjour de camping. Non, décidément l'étalagiste ne trouvait pas de juste milieu qui lui aurait permis de dire s'il appréciait ou pas ce Mumford.

Alors que Kat relançait la conversation à propos de sa famille, et plus particulièrement de sa grand-mère, elle éclata de rire sans que Chris ne comprenne exactement pourquoi. Le regard teinté à la fois de surprise et et de soupçons, il finit par esquisser une mini-grimace, signe qu'il ne chercherait pas à aller plus loin. Elle, devait bien savoir pourquoi elle riait, et c'était l'essentiel. « C'est facile pour toi... tu les connais, et ils t'aiment ! Moi... moi je vais arriver comme un cheveux sur la soupe là. Et en plus, quand ils vont te voir comme ça, ils vont s'inquiéter pour toi... Vraiment, je persiste à dire que ce n'est pas le meilleur moment pour... faire les présentations. » Dans sa tête, tout cela sonnait terriblement officiel et il n'avait jamais été habitué à ça. Mais soit, puisqu'il devait le faire, il le ferait, la tête haute en tentant de ne pas trop se laisser impressionner par les O'Maley.

« Exactement. Je te lâcherais pas d'une semelle, je te laisserais pas avec eux, et je laisserais pas les choses déborder, ok ? » Chris laissa échapper un petit rire en s'imaginant Kat le surveiller comme le lait sur le feu. Mais il acquiesça finalement, rassuré qu'elle soit bel et bien là pour assurer ses arrières dans ce monde dont il ne connaissait rien. En tendant un peu le bras, il réussit tant bien que mal à attraper une fourchette, qu'il plongea dans l'assiette de purée, qui ne semblait pas vraiment convenir à Kat, pour en engloutir quelques bouchées. Il hocha la tête tout en mangeant lorsqu'elle lui parla de JFK, et fit de même quand elle lui annonça qu'elle devait lui demander quelque chose, en agrémentant tout de même son geste d'un petit « Hm ? » Le fait qu'elle ait mentionné l'existence d'un avion privé ne le choquait même plus, désormais il s'attendait à tout avec Kat. « Quand on sera là-bas, ce serait plus approprié de m'appeler Rose, ou Rory. Kat c'est... enfin, ça leur rappelle pas forcément de bons souvenirs. » Chris avala sa bouchée de purée en écarquillant les yeux, puis les posa sur la jeune femme et répondit avec hésitation : « Euh... oui, enfin... je vais essayer d'y penser... je crois. » D'un ton presque désabusé, il s'autorisa tout de même à ajouter : « Et tu crois que ma simple présence ne suffira pas à leur les rappeler, ces mauvais souvenirs ? » Puis, le plus naturellement du monde et en continuant à piquer dans son assiette, il enchaîna : « Tu devrais manger tant que c'est chaud. Juste un peu... »

Lorsque Chris vint se placer près d'elle, la jeune femme pivota sur sa propre chaise pour se retrouver en face de lui. «  C'est pas tellement pour moi que je m'inquiète tu sais... Enfin, j'veux dire, qu'est-ce qu'il pourrait me faire de toute façon ? Non, ce que je ne veux pas, c'est qu'il ait une mauvaise image de...nous. Tu vois ? Et qu'il fasse en sorte de nous éloigner. Et je suis presque sûr qu'il le ferait à la première occasion  » Elle se contenta de lever les yeux au ciel et elle posa un léger baiser sur ses lèvres, mais déjà cette idée s'insinuait dans son esprit. « Il aura pas une mauvaise image de nous. Il sera méfiant, je dis pas, mais il a pas de raisons de vouloir de séparer. » déclara-t-elle en haussant les épaules. Elle était tellement persuadée qu'ils allaient tous voir le bon en Chris qu'elle ne se posait pas plus de questions que ça. « C'est facile pour toi... tu les connais, et ils t'aiment ! Moi... moi je vais arriver comme un cheveux sur la soupe là. Et en plus, quand ils vont te voir comme ça, ils vont s'inquiéter pour toi... Vraiment, je persiste à dire que ce n'est pas le meilleur moment pour... faire les présentations. » La jeune femme haussa un sourcil et détailla le visage de Chris avant de répondre de nouveau, plus amusée qu'autre chose de ses préoccupations. « T'as la même tête que moi, Chris, ils vont s'imaginer qu'on s'est battus ? Ils vont voir que t'as essayé de me protéger. » répliqua-t-elle du tac au tac, persuadée d'avoir réponse à tout. Peut-être que dans un sens, il avait raison, qu'elle minimisait les choses, mais elle savait qu'elle saurait improviser une fois sur le sol anglais. Tout ce qui lui importait était leur sécurité, et si elle devait se tenir à côté de Chris pour qu'il le soit lui aussi, elle le ferait volontiers, que ses parents le veuillent ou non.

« Euh... oui, enfin... je vais essayer d'y penser... je crois. Et tu crois que ma simple présence ne suffira pas à leur les rappeler, ces mauvais souvenirs ? » Le regard de Kat se durcit de nouveau et elle répondit brusquement. « Non. » dit-elle durement en fronçant les sourcils. « Tu devrais manger tant que c'est chaud. Juste un peu... » Ignorant royalement sa remarque, Kat alla même jusqu'à intercepter le bras du jeune homme pour qu'il repose sa fourchette et qu'elle ai toute son attention. « Non, Chris, tu leur rappelleras rien du tout. Même s'ils le pensent au début, tu n'as rien à voir avec Bradley. Rien du tout. » lui dit-elle aussi sincèrement que fermement.

flashback.

« T'as pas oublié ? » demanda Bradley dès que Kat passa la porte de son modeste appartement. « Bonjour à toi aussi darling. Non, j'ai pas oublié, mais mon père avait littéralement sa main sur son porte-feuille toute la soirée. » Le jeune homme s'était brusquement levé pour faire face à sa petite amie. « T'es sérieuse là ? » s'exclama-t-il, nerveux. Sentant sa colère monter, Kat leva les yeux au ciel et sortit de sa poche un petit sachet rempli de poudre blanche. « Derien. » dit-elle en le laissant tomber dans sa paume ouverte en le dépassant pour aller poser son manteau et s'étaler sur le canapé. Bradley ne lui accorda plus un seul regard et fila aux toilettes. La jeune femme saisit un bout de résine dans la table basse du jeune homme et commença à rouler. Maintenant, elle était habituée : son premier rail de la journée, il se le faisait toujours solo. Quand il était revenu, Kat avait déjà fumé la moitié de son joint. Il était venu se poser contre elle et avait entouré ses épaules de son bras en l'embrassant tendrement dans les cheveux puis sur le visage avant de l'embrasser brutalement puis de la relâcher. « Je déteste quand tu m'appelles comme ça, je te l'ai déjà dit. Je suis pas un de tes copains bobo. » « C'est un réflexe, Brad. » soupira Kat immédiatement. « Bah fais quelque chose pour ça. » Et voila, il prenait encore la mouche. Il détestait qu'elle aborde tout ce qui la rattachait à la noblesse, mais il était le premier à bénéficier de ses avantages. « Tu veux pas qu'on aille danser, ce soir ? Ca fait une semaine qu'on est pas allés voir les autres. » reprit la jeune femme une fois l'atmosphère détendue. Aussitôt, un petit sourire naquit sur les lèvres du jeune homme. « J'ai pas trop envie de bouger ce soir, j'ai une meilleure idée. » dévoila-t-il en laissant sa main courir sur la cuisse de la jeune femme. Cette dernière leva les yeux au ciel mais se laissa faire. Comme pour se justifier tout de même, Bradley reprit la parole. « Tu sais que j't'aime, hein ? » « Hm. » « Me hm pas, j't'aime et tu m'aimes. J'aime cette fille sauvage que tu peux être parfois, quand tu danses, quand tu t'énerves, ou quand... Mais c'est cette petite noble fragile et naïve qui me dérange. Je veux plus la voir, celle qui sort des darling et qui croit au Père Noël. » Il n'attendit même pas de réponse avant de s'emparer de nouveau de ses lèvres.

Kat retira sa main du bras de Chris pour la poser de nouveau sur sa joue. « Tu leur plairas, tu ne peux que leur plaire. » lui dit-elle en cherchant son regard. Elle-même se refusait à faire des comparaisons, mais si il le fallait vraiment, Chris surpassait Bradley à tous les niveaux connus, c'était juste flagrant. « Et puis si ça leur va pas, tu me plais à moi, et ça devra leur suffire. » termina-t-elle en lui volant un nouveau baiser.

Ne me pffff pas, je regardais la télé
C'est pas toi qui va me blâmer de regarder la télé, HEIN