Cela faisait maintenant plusieurs semaines que Coleen et Peter s’étaient… éloignés. En effet, la jalousie du jeune homme et leurs disputes à répétition avait commencé à avoir raison du couple qu’ils formaient. Les deux jeunes gens avaient alors eu besoin de prendre du temps pour eux, de laisser l’autre vivre sa vie pour mieux vivre la sienne. Pete se sentait presque entièrement responsable de ce qui arrivait, mais en même temps il ne pouvait rien faire contre ça. Même en essayant de se contenir, l’irlandais ne pouvait s’empêcher d’être trop protecteur, et de hausser le ton dès qu’on s’approchait trop près de Coleen. Il était bien conscient que c’était ridicule, mais c’était comme ça. Tout simplement.

Néanmoins, les jours sans elle étaient de plus en plus longs, et Pete devait bien s’avouer qu’elle lui manquait cruellement. Alors, sans vraiment y réfléchir, un jour il décrocha son téléphone et composa le numéro de Coleen. Malheureusement, (ou plutôt par chance), il tomba directement sur le répondeur. « Coleen… C’est moi, c’est Pete. Euh… hm, écoute, j’aimerai qu’on se voit. Qu’est-ce que tu dirais de ce petit café à Brooklyn ? Tu sais, celui où ils vendent toutes les pâtisseries que tu aimes… » Le jeune homme marqua un temps d’arrêt avant de conclure : « Je serai là, demain à seize heures… Si tu veux… Je… Pete soupira en se retenant de finir la phrase qu’il venait de commencer, et raccrocha.

Avec dix minutes d’avance, l’irlandais avait donc investi ledit café, où cette serveuse brune et tellement bizarre travaillait encore. Il s’était installé à une table dans un coin de la salle, et avait prit soin de commander les pâtisseries préférées de Coleen. Seul, il attendait en priant intérieurement pour qu’elle ait accepté son « invitation ».

Lorsque Peter l’avait appelé, le téléphone de Coleen était éteint, complètement déchargé. Et c’était sûrement mieux en fait parce qu’elle était presque sûre que même si elle avait pu le faire, elle ne lui aurait pas répondu. Pourtant, ils ne s’étaient pas vus depuis longtemps. Mais, la dernière fois que Coleen avait vu le jeune homme, ou plutôt qu’elle l’avait aperçu, c’était suite à une de leur nombreuses disputes et il n’avait pas l’air très affecté. Il était même en plutôt bonne compagnie d’après ce qu’elle avait pu voir. C’était en grande partie pour ça qu’elle n’avait pas vraiment envie de lui parler. Pour ça et parce qu’elle n’était pas sûre d’avoir envie d’une énième dispute. Elle avait tout de même pris la peine d’écouter son message quand elle avait vu qu’il lui en avait laissé un message. Elle avait soupiré, plusieurs fois et quand elle avait été se coucher ce soir-là, elle était toujours indécise sur ce qu’elle allait faire le lendemain.

Finalement, elle s’y rendit. A seize heures, elle se trouvait devant le café à Brooklyn où Peter lui avait dit qu’il serait. Rien que parce qu’il s’agissait de Brooklyn et parce qu’elle gardait un très mauvais souvenir de la dernière fois. Mais elle était venue encore et si elle se décidait à entrer dans le café, Peter pourrait même voir qu’elle avait pris la peine de se déplacer. Elle finit quand même par entrer et chercha le jeune homme du regard. Elle ne mit pas longtemps à la trouver et lorsqu’elle le vit, elle ressentit un pincement au cœur. Il lui manquait. Vraiment. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle venait en paix. Elle arriva bientôt à sa hauteur et réussit quand même à lui faire un petit sourire forcé. « Salut… ça va ? » Elle hésita un bref instant et finit par s’installer à la table avec Peter. « Alors euh… tu voulais qu’on se voit… »

Installé seul à sa table, Peter n’avait de cesse de scruter l’extérieur du café dans l’espoir d’y apercevoir Coleen. Il était arrivé tellement en avance que le temps lui paraissait durer une éternité. Comme si sa montre se jouait de lui, elle ne daigna afficher seize heures qu’après ce qu’il avait considéré comme une éternité. Et presque aussitôt, une silhouette qu’il connaissait par cœur déboucha au coin de la rue. L’irlandais sentit presque son cœur s’arrêter une seconde avant de repartir de plus belle. Elle était venue… Elle avait accepté son invitation et ils allaient enfin pouvoir se voir, et se reparler face à face. En soi, ce n’était peut-être pas une très bonne idée mais à cet instant précis, Peter préférait ne pas y penser.

La jeune femme entra dans le café et son regard se posa presque immédiatement sur Peter. De son côté, la première chose qui retint l’attention le jeune homme fut la couleur de cheveux de Coleen. Où était donc passé cette longue chevelure foncée qu’il aimait tant ? Elle avait visiblement laissé place à une crinière blonde, qui faisait paraître la jeune femme comme une autre personne. Tout indiquait qu’il avait du s’écouler une éternité depuis leur dernière rencontre, comme si les temps avaient changé en quelques semaines seulement. La gorge de l’irlandais se serra, mais il trouva quand même le moyen d’esquisser un sourire lorsque Coleen approcha. « Ca va… Et toi ? ». En désignant d’un mouvement de tête ses cheveux, il retint un « T’es belle » pour le remplacer par un « Ca te va bien » plus conventionnel.

« Alors euh… tu voulais qu’on se voit… » Peter déglutit. Comme il aurait pu s’en douter, elle n’avait l’air particulièrement enthousiaste, ni même heureuse de le revoir et quelque part, cette attitude le blessait. Mais sans rien laisser paraître, il répondit : « Oui… c’est que… ça faisait trop longtemps. J’avais besoin de te voir. » Il baissa immédiatement les yeux, presque honteux à l’idée de ce qu’il venait de lui dire. Ce faisant, ses yeux tombèrent sur les pâtisseries qu’il avait commandées pour elle, et il poussa le petit panier qui les contenait dans sa direction pour l’inviter à se servir. « Tiens, sers-toi… Moi j’en veux pas. »

Coleen était tellement tendue. Ca n’aurait pas du être le cas, elle aurait du juste être ravie de le voir. Avant, elle l’était toujours. Mais là, elle n’y arrivait pas. Les choses avaient changées et elle avait l’impression qu’un fossé s’était creusé entre eux deux. « Ca va… Et toi ? » « Ca va, ça va… » répondit-elle simplement. Elle mentait mais ça n’avait vraiment pas grande importance là. Il désigna ensuite ses cheveux. « Ca te va bien » La jeune femme replaça nerveusement une mèche derrière son oreille. Elle n’était toujours pas sûre d’avoir fait le bon choix. Elle avait fait sa teinture au début de la semaine, elle avait désespérément besoin de changer quelque chose et c’était la seule chose qu’elle avait trouvé à faire. « Merci. »

« Oui… c’est que… ça faisait trop longtemps. J’avais besoin de te voir. » Coleen hocha la tête. Elle ne pouvait rien faire de mieux pour le moment. Ca faisait longtemps oui mais bon, c’était comme ça. Et puis, très franchement, ce genre de moment passé ensemble ne lui avait pas manqué le moins du monde. Ce qui lui manquait à elle, c’était la relation qu’ils avaient avant, avant que Peter ne se mette à être aussi jaloux et possessif, avant qu’ils ne commencent à s’engueuler pour rien et avant qu’elle ne le voie l’autre soir. Elle n’arrivait même pas à être heureuse qu’il ait eu besoin de la voir, il s’était souvenu de son existence hier, elle ne voyait pas pourquoi elle sauterait au plafond pour ça. « Ouais… Je suis contente de te voir. » Ca sonnait tellement faux pour elle, elle ne savait pas s’il pouvait s’en rendre compte. Il poussa un panier de pâtisserie vers elle. « Tiens, sers-toi… Moi j’en veux pas. » Elle les regarda un peu et finit par en attraper une, le remerciant d’un simple signe de tête. Elle n’avait pas faim mais il fallait qu’elle fasse quelque chose. Et si elle mangeait, ça justifierait au moins le fait qu’elle ne parle pas. Finalement, elle reposa quand même sa pâtisserie devant elle et leva les yeux vers Peter. « Alors…quoi de neuf ?» Elle avait voulu dire autre chose au début, mais elle s'était ravisé. Elle était là depuis quelques minutes à peine, elle pouvait bien attendre encore un tout petit peu avant de provoquer une nouvelle dispute. Même si ça allait inévitablement arriver.

S’il y avait bien une chose à laquelle Pete n’avait pensé en invitant Coleen, c’était ce climat plus que tendu et froid entre eux. Même si ça faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus, ils ne parvenaient visiblement pas à se parler normalement, et chaque nouvelle phrase semblait être une épreuve pour l’un et pour l’autre. C’était tellement triste… Lorsque Peter pensait au couple qu’ils avaient formé au début, à leur premier baiser sous la pluie… à toutes ces choses qu’ils avaient partagé avant, il éprouvait à la fois de la tristesse et du regret. Mais qu’est-ce qu’il pouvait bien y changer après tout ? Plusieurs fois il avait essayé de se raisonner en voyant que sa jalousie et leurs disputes devenaient bien trop présentes, mais à chaque fois il avait échoué.

« Ouais… Je suis contente de te voir. » L’irlandais reçut cette réponse comme une véritable claque. Coleen semblait tellement s’être forcée pour dire ça, qu’il n’en croyait pas un seul mot. Elle n’était pas contente de le voir, et c’était bien normal. Il avait espéré que cette invitation lui fasse un tout petit peu plaisir quand même, mais visiblement, il s’était leurré. Baissant la tête une nouvelle fois, il accusa le coup sans rien dire. En réalité, il n’avait absolument plus rien à dire après ça. Il avait compris que quelque chose s’était vraiment brisé entre eux, et recoller les morceaux lui paraissait juste impossible. Néanmoins, Coleen eut l’audace de tenter de relancer un semblant de conversation : « Alors…quoi de neuf ? » Surpris, Pete leva le nez vers elle et chercha quelque chose d’intéressant à dire, mais il ne trouva rien. Sa vie était toujours la même, mais sans elle. La seule chose qui avait changé était que désormais, il passait la plupart de ses soirées et de ses nuits seul à se lamenter et à languir un possible retour de Coleen. Mais bien sûr, l’irlandais se garda bien d’exprimer tout ça devant elle. « Oh, euh… rien. Enfin, comme d’habitude quoi… Tu sais… Rien de bien intéressant. » Il haussa les épaules pour appuyer ses paroles, et s’enquit immédiatement de sa situation à elle. En fait, il brpulait d’envie de savoir ce qu’elle faisait quand il n’était pas là. Si elle sortait, si elle avait rencontré d’autres garçons, si elle parlait de lui avec ses amies ou avec sa famille quand elle téléphonait… Mais il doutait fort qu’elle soit d’humeur à lui raconter tout ça. « Et toi ? »

A la manière dont Peter baissa la tête, Coleen sut qu’il avait compris à quel point elle s’était forcée à dire qu’elle était heureuse de le voir. Elle s’en voulut un peu. Elle aurait mieux fait de ne rien dire, ça aurait été plus simple. Enfin bon, ce qui était fait était fait. Heureusement qu’elle avait préférée relancer la conversation plutôt que manger sa pâtisserie sinon un long silence se serait probablement installé entre eux. Certes, quand elle avait parlé au début ce n’était pas pour ça mais elle pouvait toujours faire comme si. « Oh, euh… rien. Enfin, comme d’habitude quoi… Tu sais… Rien de bien intéressant. » Ou rien qu’il n’ait envie de lui dire quoi. Parce qu’elle était certaine qu’elle aurait pu trouver des choses intéressantes dans ce qu’il aurait pu lui dire s’il avait bien voulu parler. Coleen secoua la tête, le point où ils en étaient rendus la désespérait vraiment. « Et toi ? » Elle aurait pu lui faire la réponse là. Et puis après, elle n’aurait plus eu qu’à s’en aller vu qu’ils n’avaient plus rien à se dire. Elle aurait pu, oui, mais elle ne voulait pas. « Euh vraiment pas grand-chose. » Elle haussa les épaules. « La routine le plus souvent» Elle baissa les yeux, elle venait de décider de lui raconter ce qu’il s’était passé la dernière fois qu’elle avait mis les pieds dans les environs même si elle n’aimait pas vraiment penser à ça. « Je suis sortie une fois… enfin plusieurs en fait mais cette fois-là… quand je suis rentrée, j’étais un peu paumée, je marchais sans trop savoir où j’allais et puis j’ai croisé la route d’un type pas très net… » Il la suivait en fait mais bon, elle joua nerveusement avec son bracelet avant de hausser les épaules. « Je sais pas ce qu’il me voulait, il m’a plaqué au mur. Mais un autre type est arrivé et ils se sont battus et puis voilà quoi... Je sais même pas pourquoi je te raconte ça. » Elle secoua la tête, elle ne voulait pas en dire plus à ce propos. Quand elle releva les yeux, elle croisa le regard de Peter et regretta aussitôt d’avoir évoquer ça. Il fallait qu’elle trouve autre chose à dire. Tout de suite. « Je t’ai aperçu aussi. Une autre fois où je voulais sortir. Je serais bien venue te voir mais t’étais avec une fille alors bon. Je m'en serais voulue de venir te déranger. » Elle ne savait pas comment elle s'était débrouillée, mais elle avait réussi à évoquer les deux choses qu'elle dont elle voulait le moins parler dans un laps de temps très réduit. Elle était vraiment trop conne.

Aucun des deux ne semblait pouvoir relancer la conversation, ou au moins la rendre un tout petite peu plus intéressante. Et en même temps, comment auraient-ils pu le faire… La gêne se lisait dans chacun de leur geste et dans leur attitude en général. Le temps où ils formaient un vrai couple était désormais bien loin et à les voir, on aurait presque pu parier qu’il ne reviendrait jamais. « Je suis sortie une fois… enfin plusieurs en fait mais cette fois-là… quand je suis rentrée, j’étais un peu paumée, je marchais sans trop savoir où j’allais et puis j’ai croisé la route d’un type pas très net… » Instinctivement, sans vraiment réfléchir à ce qu’il faisait Peter se redressa et fronça les sourcils. Il braqua son regard sur Coleen, inquiet : « Quoi ? » Sans forcément prêter attention à sa réaction, la jeune femme continua son récit. Au fur et à mesure, Pete entrouvrait de plus en plus la bouche, ne pouvant croire ce qu’il entendait. « Hein ??? Mais pourquoi tu ne m’as pas appelé ?! » Oui, c’était un reproche. D’habitude, c’était lui son super-héros quand elle était en danger, quand elle avait besoin de quoi que ce soit, elle l’appelait LUI. Et elle n’avait pas besoin d’un « autre type » pour la sauver ! Mais, laissant de côté sa panique un instant, l’irlandais réalisa la complexité de la situation. Il se tassa de nouveau sur sa chaise, et reprit un ton plus calme : « Enfin…je veux dire… tu aurais pu me le dire… avant. » Bien sûr qu’elle n’allait pas l’appeler lui après qu’ils se soient disputés comme ils l’avaient fait ! Même si c’était faux, Coleen devait croire qu’il n’avait plus aucune envie de l’aider dans ces cas-là…

« Je t’ai aperçu aussi. Une autre fois où je voulais sortir. Je serais bien venue te voir mais t’étais avec une fille alors bon. Je m'en serais voulu de venir te déranger. » Cette fois encore, la phrase retint l’attention du jeune homme. La façon dont Coleen avait prononcé sa phrase le contrariait, et sans la lâcher du regard il se renseigna : « Me déranger ? Tu sais bien que tu ne m’aurais pas dérangé Coleen ! J’étais… avec une fille ? Mais, c’était où ? Je… Enfin, qu’est-ce qui t’empêchait de venir nous voir ? » Même s’il faisait mine de ne pas comprendre, Peter avait bien une petite idée de la fille qu’elle avait pu voir… mais avant de poursuivre, il voulait en avoir le cœur net.

Jusque là, Coleen avait fait de son mieux pour ignorer Peter et ne pas faire attention à sa réaction mais maintenant qu’elle avait fini de parler, c’était plus difficile. Alors qu’elle regardait partout sauf dans sa direction, elle finit quand même par poser ses yeux sur lui et regretta aussitôt de lui avoir raconté. C’était une mauvaise décision, elle aurait du s’en apercevoir plus tôt. Elle regretta d’autant plus quand le jeune homme prit la parole. « Hein ??? Mais pourquoi tu ne m’as pas appelé ?! » Elle cru être en train de rêver. Elle ne savait pas ce qu’elle attendait de sa part mais surtout pas de s’entendre reprocher ça. Elle ouvrit la bouche pour tenter de se défendre après ça mais changea d’avis, ce n’était pas la peine qu’elle perde son temps à ça. Vraiment. « Enfin…je veux dire… tu aurais pu me le dire… avant. » Avant quoi ? Aujourd’hui ? Croyait-il vraiment qu’elle avait envie de l’appeler pour lui dire ça ? C’est vrai que ça aurait été très cool comme conversation : « Allô Peter, je t’appelle pour te dire que l’autre soir j’ai croisé la route d’un type pas très net mais ne t’inquiètes pas je vais très bien. Salut. » Elle secoua la tête, ce n’était assurément pas le genre de conversation qu’elle aurait aimé avoir, surtout après ne pas lui avoir parlé pendant aussi longtemps. « Je n’ai pas pensé que c’était très important. Je n’étais même pas certaine de vouloir te le dire même là à vrai dire. Et puis, qu’est-ce que ça aurait changé de toute manière que je te le dise avant ? » Elle haussa les épaules, c’était bien simple, ça n’aurait rien changé.

Elle aurait voulu réussir à garder un ton totalement neutre quand elle avait mentionné la fois où elle avait aperçu Peter avec la fille mais elle avait totalement échoué. « Me déranger ? Tu sais bien que tu ne m’aurais pas dérangé Coleen ! J’étais… avec une fille ? Mais, c’était où ? Je… Enfin, qu’est-ce qui t’empêchait de venir nous voir ? » Non, elle ne le savait pas et puis même si il disait ça, elle était persuadée qu’il n’aurait pas tenu le même discours ce soir là. Elle soupira et l’observa un long moment avant de prendre la peine de répondre. « Ouais, si tu le dis. C’était à une soirée, je sais plus où exactement. Enfin en tout cas, t’avais l’air très bien avec elle, trop bien pour que je n'ose venir vous déranger. »

« Je n’ai pas pensé que c’était très important. Je n’étais même pas certaine de vouloir te le dire même là à vrai dire. Et puis, qu’est-ce que ça aurait changé de toute manière que je te le dise avant ? » Pas important ? Elle avait été agressée et ce n’était pas important ? Une fois de plus, Peter s’apprêtait à protester mais ce que Coleen déclara par la suite le stoppa net. Elle avait raison, sur toute la ligne. Même si elle l’avait appelé, il n’aurait pas pu y changer grand-chose… Il aurait peut-être même trouvé ça bizarre, et cherché pendant des jours entiers la véritable signification de son appel. En bref, cette situation ‘aurait servit qu’à se torturer l’esprit, aussi bien du côté de Pete que de celui de Coleen. Une fois de plus, un fossé se creusait entre eux et Peter avait l’impression d’être en face d’une toute autre personne. Timidement, il baissa les yeux et soupira. « Tu as raison… Pardon, je… le principal, c’est que tu n’aies rien. » Et il le pensait vraiment, mais il ne savait pas exactement comment le retranscrire proprement en paroles sans déraper.

« Ouais, si tu le dis. C’était à une soirée, je sais plus où exactement. Enfin en tout cas, t’avais l’air très bien avec elle, trop bien pour que je n'ose venir vous déranger. » Ce n’est que lorsque Coleen énonça cette « soirée » que Peter comprit à quoi elle faisait référence. Depuis qu’ils avaient prit leurs distances, il n’avait pas participé à énormément de fêtes, peut-être même encore moins que d’habitude si tant est que cela soit possible. La jeune femme ne pouvait donc que parler de cette soirée à l’Awesome, celle-là même où il avait confondu Sutton avec sa sœur jumelle, Mia. Et instantanément, l’irlandais comprit de quoi il était accusé. D’après le ton et les mots qu’elle avait adopté, Coleen ne semblait pas voir d’un très bon œil le fait que Pete passe du temps avec d’autres filles. Et dire que leurs problèmes de jalousie étaient censés venir de lui… Contrarié, le jeune homme fronça les sourcils en plantant son regard perçant dans les yeux de Coleen. « Ecoute, je ne sais pas exactement ce que tu es en train de t’imaginer, mais quoi qu’il en soit, tu aurais pu venir. Mia est une amie… » termina-t-il sans pouvoir s’empêcher de surveiller sa réaction du coin de l’œil.

L’époque où elle l’appelait à l’aide parce qu’il y avait un cambrioleur chez elle lui semblait tellement loin maintenant. A ce moment-là, elle n’hésitait pas à l’appeler dès qu’elle en éprouvait le besoin. Si quelque chose comme l’autre soir c’était produit avant, elle l’aurait appelé presque aussitôt pour lui raconter, il serait sûrement venu chez elle et rien que sa présence aurait suffit à l’aider à se sentir mieux. Tout lui paraissait si évident alors. Mais ça avait changé et bien qu’elle essaie de ne pas y trop penser, ça la rendait profondément triste. « Tu as raison… Pardon, je… le principal, c’est que tu n’aies rien. » Il avait baissé les yeux avant de parler. C’était à ça qu’ils en étaient réduits maintenant, à se parler sans même osé se regardé en face. Ca, ça ne l’aidait en aucun cas à se sentir mieux. « Oui voilà… c’est ça la principal. » Elle n’arrivait pourtant pas à croire en ce qu’elle disait.

Coleen essayait vraiment d’avoir l’air le plus détaché possible lorsqu’elle parlait de cette soirée où elle l’avait vu avec cette fille. Mais elle échouait lamentablement, elle le savait comme elle savait aussi que Peter comprendrait vite qu’elle était le problème. Il était loin d’être stupide. « Ecoute, je ne sais pas exactement ce que tu es en train de t’imaginer, mais quoi qu’il en soit, tu aurais pu venir. Mia est une amie… » Une amie… Coleen n’arrivait pas à être convaincue par ses paroles, vraiment pas. Mais elle ne pouvait rien dire. Elle lui avait tellement reproché sa jalousie excessive qu’elle se voyait mal faire pareil. En fait, elle faisait déjà pareil et c’est sûrement pour ça qu’elle arrivait tout d’un coup bien mieux à comprendre pourquoi Peter pouvait s’énerver pour si peu. Mais c’était un peu trop tard, elle en avait bien conscience. Elle essaya de rester imperturbable et de ne rien montrer de ce qu’elle pensait mais elle était presque certaine que le fait qu’elle n’était pas convaincue se lisait sur son visage. C’est sûrement pour ça qu’elle choisit de baisser les yeux et de se passionner pour la contemplation des pâtisseries avant de quand même répondre. « Ouais d’accord. Si tu le dis. J'aurais sûrement du venir alors. » Elle haussa les épaules avant de pousser un nouveau soupir. Si c'était pour dire ça, il aurait sûrement mieux valu qu'elle se taise ou qu''elle trouve un nouveau sujet de conversation bidon pour remplacer celui-là.

Plus la conversation avançait, et plus Peter avait l’impression de voir son couple s’embourber dans des histoires sans fin. La belle confiance et la complicité qui les avaient unis il y a quelques temps encore paraissaient s’être évaporées, comme par magie. L’irlandais était désormais un simple spectateur de leur déchéance, et il ne voyait rien qui soit en son pouvoir pour arranger les choses. Quoi qu’il dise, quoi qu’il tente, il lui semblait que tout serait inutile et sans aucun effet sur Coleen. Et ses craintes se confirmèrent lorsqu’il essaya de lui faire comprendre que Mia n’était qu’une amie. A la simple vue de l’expression de la jeune femme, Pete comprit que des explications supplémentaires seraient vaines. Coleen avait déjà son idée toute faite sur la question, et rien qu’il ne dise ne pourrait la faire changer d’avis. « Ouais d’accord. Si tu le dis. J'aurais sûrement du venir alors » . Et cette phrase ne fut qu’une confirmation de plus. Les yeux baissés, elle ne semblait même pas oser le regarder. Peter soupira et secoua la tête, comme s’il abandonnait définitivement la bataille. « Ok… tu n’as pas cru un seul mot de tout ce que je t’ai dit apparemment… je vois. »

A vrai dire, Peter n’était pas certain de croire en ses propres mots non plus. Ce qu’il se passait en la présence de Mia et ce qu’il ressentait lui échappait totalement, à tel point qu’il ne savait même pas mettre de mot sur ce qu’elle représentait pour lui. Et cette ambigüité ne l’aidait évidemment pas à rassurer Coleen. Toujours aussi dépité et impuissant, il écarta les mains en signe d’abandon. « Que… Qu’est-ce qu’on fait Coleen ? Qu’est-ce qu’on va faire ? Qu’est-ce que tu veux que je te dise exactement ? « Elle lui manquait terriblement, mais Peter fut incapable d’ajouter ce « détail » à son discours. Au lieu de ça, il lui lança un regard désespéré, espérant de tout son cœur qu’elle aurait quelques réponses à apporter au chaos qu’ils étaient en train de vivre.

A ce stade-là, il n’y avait vraiment plus grand-chose à ajouter. De toute manière, Coleen avait l’impression que chaque mot qu’elle disait ne faisait qu’empirer les choses. Comme là quoi, elle n’aurait pas eu besoin de parler pour lui montrer à quel point elle ne croyait pas en ces paroles mais il avait quand même fallut qu’elle ne rajoute. « Ok… tu n’as pas cru un seul mot de tout ce que je t’ai dit apparemment… je vois. » Elle releva la tête et soupira. Elle ne demandait qu’à le croire, vraiment. Mais elle n’y arrivait pas, elle avait bien essayé de raisonner déjà mais sans résultat et le fait que les choses soient si tendues entre eux en ce moment n’arrangeait rien. « Désolé… » Elle ne savait pas réellement à propos de quoi elle s’excusait au juste mais c’était la seule chose qu’elle avait trouvé à ajouter.

« Que… Qu’est-ce qu’on fait Coleen ? Qu’est-ce qu’on va faire ? Qu’est-ce que tu veux que je te dise exactement ? » C’était une excellente question à laquelle malheureusement elle n’était pas capable d’apporter la moindre réponse. Si elle avait pu y répondre, elle aurait arrêté de se torturer l’esprit à ce propos depuis longtemps mais elle n’était pas plus capable que Peter d’inventer une solution miracle. Et pourtant, elle voulait vraiment que les choses marchent de nouveau correctement entre eux. « J’en sais rien… mais… tu me manques Peter. » C’était sûrement la première fois depuis qu’elle était arrivée ici qu’elle disait quelque chose de ce genre sans se forcer. Elle le pensait vraiment, comme elle pensait qu’elle avait besoin de lui et qu’elle l’aimait mais c’était des choses qu’elle n’arrivait plus à sortir facilement. De toute façon, au point où ils en étaient, ça ne faisait pas une grande différence ce qu’elle pouvait bien dire. « Ce n’était peut-être pas une bonne idée… de se voir, tout ça… Je n’aurais pas du venir, je voulais juste…» Des explications, c’était ce qu’elle voulait en venant ici et elle n’avait pas été satisfaite parce celles que Peter lui avait donné. Mais, elle ne voulait pas que ça remette en question la reste, elle voulait toujours penser que laisser passer un peu de temps arrangeraient les choses par magie et elle venait probablement de tout faire foirer en venant ici pour de mauvaises raisons. « C’est pas important. »


So sorry Si tu veux que je change quoique ce soit dis le moi parce que là x)

Pete avait beau essayé, il ne parvenait pas à masquer son désespoir ni sa peur, et le regard qu’il portait sur Coleen à cet instant en était rempli. Complètement perdu, il n’attendait qu’une réponse de sa part, une réponse qu’il n’avait pas lui-même, et qu’il espérait qu’elle ait de son coté. Mais comme il aurait pu le prédire, la jeune femme en était au même point que lui. « J’en sais rien… mais… tu me manques Peter. » Le jeune homme déglutit en baissant les yeux. C’était un fait, elle lui manquait aussi, terriblement. Depuis qu’ils s’étaient en quelque sorte séparés, Peter avait l’impression d’être quelqu’un d’autre. Il s’ennuyait, tournait en rond dans son appartement aux heures o ils avaient l’habitude de se retrouvait, mangeait seul face à la chaise qu’elle occupait quand elle était là… Bref, il avait l’impression de vivre à côté d’une ombre. « Tu me manques aussi Coleen, tellement… » Se laissant aller, Peter se saisit de la main de sa petite amie, et remonta les yeux vers elle en la serrant entre ses doigts. « C’est pas pareil sans toi, je… » En croisant son regard, l’irlandais réalisa ce qu’il était en train de faire, et se tut instantanément en lâchant sa main, avec l’impression qu’il venait de faire une bêtise, une de plus.

« Ce n’était peut-être pas une bonne idée… de se voir, tout ça… Je n’aurais pas du venir, je voulais juste… » Intrigué, Pete se redressa pour écouter la suite, mais fut une fois de plus déçu par la tournure que prenait leur conversation. « Regarde, on ne peut même plus se parler… » constata-t-il, amer. « Si tu crois que ce n’était pas une bonne idée, je ne te retiens pas… Tu veux partir, vas-y. Au point où on en est de tout façon… » A ce moment précis, Pete n’avait juste plus envie de se battre. Tellement déçu par lui-même, mais aussi par eux, il voulait juste que ce moment s’arrête.

« Tu me manques aussi Coleen, tellement… » Peter saisit sa main et un moment, Coleen crut que s’ils y mettaient tous les deux de la bonne volonté, les choses entre eux pourraient vraiment s’arranger. « C’est pas pareil sans toi, je… » Leur regard se croisèrent et Peter s’interrompit avant de lâcher sa main. Coleen secoua la tête par dépit. Elle était stupide, il faudrait vraiment plus qu’un peu de bonne volonté pour arranger les choses. Ils en étaient arrivés à un point où elle ne savait même pas si c’était vraiment possible.

En tentant d’apporter une réponse à la question de Peter qui cherchait une solution miracle, la brune n’avait fait qu’envenimer les choses. Elle le savait maintenant. Le problème, c’était qu’elle se rendait toujours compte de ça trop tard. « Regarde, on ne peut même plus se parler… » Coleen hocha la tête, ne trouvant rien à redire là-dessus. C’était un fait, ils n’arrivaient plus à communiquer. Tout ce qu’elle lui disait était soir forcée, soit trop longtemps réfléchi et toujours aussi peu sincère, soit dit par simple dépit. En tous cas dans les trois cas, le même effet était obtenu et elle ne faisait que jeter un froid. Enfin, il n’y avait pas qu’elle mais bon. « Si tu crois que ce n’était pas une bonne idée, je ne te retiens pas… Tu veux partir, vas-y. Au point où on en est de tout façon… » La jeune femme le regarda surprise se demandant s’il était vraiment sérieux. Elle avait voulue partir c’était vrai mais après à quoi cela aboutirait ? A rien du tout, s’il y avait encore ne serait-ce qu’une petite chance de faire que tout ne soit pas perdu, elle ne voulait pas la perdre. Même si elle doutait vraiment que continuer comme ça aujourd’hui améliorerait quoique ce soit. « Ouais… Mais non. Je ne partirais pas désolé. Après si toi tu veux, vas-y. Mais tu ne crois pas qu’on pourrait essayer… de faire un effort ? » Elle en était revenue à ce qu’elle pensait tout à l’heure et c’était toujours aussi ridicule mais bon. « Ca ne doit pas être si difficile, non ? »

Je voulais pas la faire se casser Mais vu ce que j'ai répondu J'aurais sûrement mieux fait ~

Peter avait perdu tout espoir de voir la situation s’arranger aujourd’hui. D’ailleurs, il se trouvait bien stupide et naïf d’avoir pu croire que cette entrevue leur apporterait quelque chose de bon. Il en arrivait même à regretter de l’avoir inviter. Leur relation et même jusqu’à leurs conversations étaient de pire en pire, et l’irlandais n’y voyait aucune issue. C’est entre autre pour cette raison qu’il « autorisa » Coleen à partir. A priori c’est précisément ce qu’elle voulait, et Peter ne voulait pas la retenir. Alors qu’elle parte, qu’elle cesse de le regarder comme ça et d’enfoncer un peu plus le clou à chacune de ses interventions. Le jeune homme était fatigué de les voir se déchirait, et il pensait à cet instant précis que ne plus voir les yeux de Coleen était la meilleure chose qui pouvait arriver. Le simple fait de la regarder le blessait. Il aurait tellement voulu que tout recommence comme au début, quand tout allait bien entre eux… Mais il se savait incapable de ne plus être jaloux comme il l’avait été, et il la connaissait assez bien pour savoir qu’elle était bornée. Mais, à sa plus grande surprise, Coleen refusa de partir. « Ouais… Mais non. Je ne partirais pas désolée. Après si toi tu veux, vas-y. Mais tu ne crois pas qu’on pourrait essayer… de faire un effort ? »

Mais de quel effort parlait-elle ? Elle croyait peut-être qu’il n’avait pas essayé d’en faire jusqu’à maintenant ? Bien sûr que c’était difficile ! Si ça ne l’était pas, ils seraient déjà réconciliés, sous la couette, et depuis longtemps. Et en plus du reste la jeune femme avait maintenant des doutes sur lui et sur les filles qu’il fréquentait. En même temps, Peter lui-même était complètement perdu dans ses sentiments. Lui lançant un nouveau regard désespéré, il ne sut même pas quoi lui répondre. De toute manière, elle n’était pas stupide et elle devait déjà connaître sa réponse. Sentant son cœur se serrer toujours plus douloureusement à chaque seconde qu’il passait à la regarder, Pete n’eut plus le courage de continuer. Ce fiasco était de sa faute, c’est lui qui avait voulu ces retrouvailles, c’était donc à lui d’y mettre un terme. Abandonnant la partie, il se leva, effleurant une dernière fois la main de Coleen. « Je suis désolé, c’était vraiment une mauvaise idée… On va… se laisser du temps. Oui, c’est ça, un peu plus de temps… » Il n’était pas persuadé que le temps soit la solution miracle, mais c’était déjà une alternative qui leur permettait d’espérer un retour à la normale. « A bientôt Coleen. » articula-t-il avant de quitter la table, et de sortir du café avant d’avoir le moindre regret.