joshua &&. ella

Voilà une heure, voire une heure trente qu'Arizona était partie en salle d'opération et je n'avais eu aucune nouvelle. Assise sur une chaise, je regardais droit devant moi et voyais tous les gens avoir des nouvelles e leur famille. Certains étaient morts, d'autres étaient en salle de réveil et toujours rien. Pieds nus, je marchais en rond dans la salle d'attente. J'allais devenir folle et je tournais comme un lion en cage. Voyant mon frère arriver au loin, je courus dans sa direction, le visage fermé et lui sauta dans les bras. Aucun son ne sortait de ma bouche, absolument aucun et je continuais de pleurer. Comment ? Je n'en savais rien vu tout ce que j'avais pu pleurer depuis deux heures. Me reposant sur le sol, mon frère me regarda dans les yeux et me fit non de la tête. Non quoi, Arizona était morte ? Les jumeaux aussi ? Mes yeux se remplissaient de larmes, une fois encore et je commençais à nouveau à trembler. « Elle a fait une fausse couche... Il a fallut l'opérer pour faire sortir les jumeaux et là, ils la referment.. » Enervée, en colère, je dis, sur un ton haineux et détestable « Ne dis pas qu'ils la referment London, on a l'impression que tu parles d'une dinde ! » Mon frère tenta de m'attraper mais je lui échappa rapidement. Il était hors de question qu'il sorte son petit discours avec moi. Rien qu'il ne puisse me dire ne pouvait me remonter le moral. Je m'étais déjà faite à l'idée de pouponner et voilà que tout s'effondrait une nouvelle fois. Arizona allait en voir au monde entier, elle allait se sentir mal, coupable et tout ce qui allait avec. Elle rêvait tellement d'avoir des enfants et alors qu'elle touchait ce rêve du bout des doigts, tout s'effondrait, une fois encore. Lâchant un cri de rage, je frappa dans une vitre qui se brisa en une centaine de morceau. Je ne compris pas tout à fait ce qui se passa mais London se rua sur moi, suivit de près par deux gardes. Alors que mon grand frère mon portait par la taille, je me débattais comme je pouvais, donnant des coups à tout va seulement je ne touchais personne, trop fatiguée et exténuée de la journée que je venais de passer. Assise de force dans une salle des urgences, j'hurlais dès que l'on m'enlevait un bout de verre de la peau. Il y avait des tas de petits bouts de verre dans ma main droite – que je semblais avoir cassée au passage vu la taille et la couleur de mon poignet – et dans le visage. Il y avait quelques légères entailles et le produit désinfectant faisant mal, si mal que je lâchais des cris à chaque fois que l'on s'approchait de moi. Je tentais de me débattre lorsque je vis un aiguille s'approcher de mon bras. Me stoppant net, je dis « Pas de calmants, par pitié... Je veux tout ressentir » Quitte à souffrir, autant souffrir jusqu'au bout. Seulement, lorsque l'infirmier sortit un petit bout de verre de ma joue, je me mis à hurler une nouvelle fois. Mon cru était si perçant que le jeune homme en fit tomber son instrument et me regarda de travers. Serrant mon poing gauche, j'enfonçais mes ongles dans ma peau. Je ne devais pas pleurer puisque les larmes allaient me brûler mais c'était plus fort que moi. Me mordant la lèvre inférieure, je pensais que je souffrais enfin pour ce que j'avais fais. Phoenix et Paris étaient morts par ma faute, j'avais déclenché la fausse couche de ma sœur, plus rien n'allait. Levant les yeux vers le rideau qui s'ouvrait, je reconnus mon meilleur ami Joshua et lui tendit la main valide. J'avais besoin de lui et par miracle, il était là à mes côtés. L'infirmier pouvait partir, le jeune africain était bien assez qualifié pour m'aider sur ce coup... Ma voix était tremblante « Paris et Phoenix sont morts, accident d'avion et Ari... Elle a perdu les jumeaux. Notre famille est maudite Joshua, maudite ! »

Peu d’intervention aujourd’hui. A vrai dire, la journée avait été clame. Malgré la chaleur, les gens avaient dû faire en sorte de boire assez. Dans l’après-midi, les pompiers dont faisait partit Joshua étaient intervenus sur un accident de la route, mais peu grave. Un cycliste qui était rentré dans une voiture. Mais il s’en était sortit avec un bras dans le plâtre. L’automobiliste lui avait juste une brulure à la main à cause de l’airbag qui s’était déclenché. Il était donc dans le camion de pompier avec le cycliste, vérifiant son bras. Puis, une fois aux urgences, il l’aida à aller en salle d’auscultation. Le saluant, il finit par aller à l’accueil des urgences pour remplir toute la paperasse. Il entendit d’un seul coup des cris. Il se demandait ce qui pouvait bien se passer. Encore un patient récalcitrant sans doute. Finissant de remplir les papiers, il les donna à l’infirmière, avant d’entendre de nouveaux cris. Demandant à l’infirmière ce qui se passait, elle lui expliqua la situation et il regarda ses collègues, qui lui indiquèrent qu’il pouvait rester avec son amie autant qu’elle en aurait besoin. Attrapant son casque au vol, il alla vers les cris et il poussa le rideau. Voyant la jeune femme, il fronça les sourcils. L’écoutant parler, il s’approcha d’elle et il s’assit sur le lit pour venir la prendre dans ses bras, tout en faisant attention à ses blessures. Il la garda contre lui un long moment, la laissant pleurer autant qu’elle en avait besoin. Puis, il se décala doucement pour la regarder et il enleva les larmes qui avaient coulées, avant de se dégager doucement et de venir du côté du matériel médical. Il posa son casque par terre, un peu plus loin. Il enleva sa veste et il fit descendre tout le haut dans son dos, gardant juste son tee-shirt et son pantalon, relié par les bretelles qu’il avait à ses épaules. Ca serait plus simple pour lui de bouger s’il avait moins de poids sur lui. Prenant place sur le tabouret laissé par l’infirmier, il vit alors la seringue de tranquillisant.

Ella, il faut que tu acceptes le tranquillisant, sinon tu vas avoir encore plus mal que maintenant.

Il fronça doucement les sourcils, attendant son approbation. Il ne pouvait pas non plus la forcer à le prendre, mais il valait mieux. Elle aurait un peu moins mal physiquement en tout cas. Posant sa main sur sa cuisse, il espérait qu’elle dise oui.

De toute façon, je ne te soignerai pas tant que tu ne le prendras pas.

Il était plus que sérieux. Elle devait penser à plein de choses en même temps et il voulait qu’au moins physiquement, elle ne ressente plus autant de douleur, juste le temps qu’il lui enlève les morceaux de verre.

Tout ce qui était entrain de se passer me tuait à petit feu. J'étais mal et mon monde s'écroulait à chaque fois que je faisais un pas en avant. C'était trop pour moi, je ne pouvais plus rien accepter, je ne pouvais pas faire comme si rien n'était, c'était trop dure pour moi. Maintenant, je voulais me punir, je voulais souffrir pour pouvoir penser à autre chose. Chaque cri que je laissais sortir de mes lèvres me libéraient un peu plus. J'avais les idées noires, très noires mais je ne voulais plus y penser. Je voulais me détendre avant d'affronter ma jumelle. Comment allais-je lui annoncer que ses fils étaient morts à deux mois du termes ? Les larmes commençaient à couler alors que j'étais dans les bras de Joshua. Je ne pouvais plus les retenir et même si elles me brûlaient légèrement en frôlant mes plaies au visage, je ne disais rien. Il fallait que tout cela sorte, que j'évacue tout ce que je pouvais sentir avant de devenir folle, folle à lier. Voyant l'infirmier quitter la salle d'examen, je compris rapidement qu'il était familier à Joshua et que c'était mon meilleur ami qui allait s'occuper de moi maintenant. Sanglotant, je n'arrivais pas à parler, rien ne voulait sortir, absolument rien. Mon esprit faisait un sacré blocage et je ne savais même pas si cela était bénéfique. Enfin, mieux valait que tout cela arrive maintenant que lorsque je serai devant Arizona à lui avouer que si son ventre était bien moins important qu'hier c'était parce qu'elle avait perdu ses fils. Un sanglot me fit verser une nouvelle larme que Joshua essuya rapidement. Elle allait s'effondrer, Arizona allait s'effondrer et toucher le fond, je le savais et vu mon état, il y aurait une chance sur deux que je sombre avec. Ma jumelle s'accrochait à ces deux enfants comme on s'accroche à un bout de bois alors que l'on vient de subir un accident de bateau, comme le titanic, comme l'accident qui avait coûté la vie à mon père il y a huit ans de cela. « Ella, il faut que tu acceptes le tranquillisant, sinon tu vas avoir encore plus mal que maintenant. » Le regardant, muette, je secoua légèrement ma tête de droite à gauche pour lui montrer que ce n'était pas possible. Je voulais tout ressentir, absolument tout. Quitte à souffrir, s'il voulait ne pas entendre mes cris, qu'il me donne un coussin que je puisse le mordre dès qu'il retirerait un bout de verre de ma peau. Ce n'était pas parce qu'il était plus que craquant dans son t-shirt blanc qui montrait à merveilles ses muscles que j'allais me laisser amadouer. J'étais bien plus maligne que cela et le jeune africain le savait parfaitement. Ne le lâchant pas du regard, je l'écoutais me réprimander une nouvelle fois : « De toute façon, je ne te soignerai pas tant que tu ne le prendras pas. » Fronçant les sourcils, je croisa mes bras au niveau de ma poitrine en grimaçant lorsque ma main toucha mon haut. Le regardant, je dis « Je veux souffrir. Mes petits frères sont morts. Mes neveux viennent de mourir, je veux avoir mal. Je veux ressentir tous ces trucs Joshua. Donne moi un chiffon ou un coussin et j'étoufferai mes cris là dedans » J'étais folle mais il était hors de question que je reçoive un millilitre de cet anti-douleur. Reposant ma main sur la petite table à côté, je dis « J'ai besoin de me sentir humaine et non pas droguée. J'ai déjà tellement mal à l'intérieur qu'un peu de douleur physique en plus ne changera plus rien. Je suis morte, à l'intérieur » Un discours si noir montrait bien des choses et ça, mon meilleur ami le savait...

Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle dise non. Il s’attendait plutôt à ce qu’elle accepte. Le produit ferait un effet sur du court terme ce qui lui permettrait d’avoir un peu de repos, mais aux propos qu’elle tint, il fronça les sourcils.

Tu veux aussi que je te passe un scalpel pour que tu puisses te suicider dès maintenant ?

Il haussa les sourcils lui prouvant qu’il ne comptait pas la laisser parler ainsi.

Ta sœur va avoir besoin de toi. Toute ta famille va en avoir besoin de toi. Alors si au moins pendant quelques minutes tu pouvais te sentir ailleurs, tu pourrais souffler.

Il fronça doucement les sourcils, mais elle ne semblait pas le vouloir.

Ella, je sais que je peux être un abrutit, parfois, mais je n’aime pas voir ma meilleure amie souffrir, alors tant pis pour toi.

Il se redressa et attrapa son bras, pour arriver à piquer la jeune femme et lui donner le tranquillisant.

Tu me frapperas plus tard.

Josh se fichait qu’elle lui en veuille, il voulait juste qu’elle puisse ne plus avoir mal. A la tête qu’elle faisait, il comprenait parfaitement qu’elle n’ait pas envie de lui parler sur l’instant. Du coup, il reprit la pince pour enlever les morceaux de verre sur son visage d’abord. Il prit son temps faisant le plus attention possible, avant de passer à son bras.

J’irai voir ta sœur pour lui annoncer la nouvelle si tu veux. Tu n’auras pas à le faire ou pas à le faire seule si tu préfères le faire toi-même. Je resterai à côté de toi.

Continuant d’enlever les morceaux qui étaient dans son bras, il leva les yeux vers la jeune femme et elle semblait clairement vouloir lui faire la tête, alors il se concentra sur les morceaux de verre.

Il soupira aux propos de la jeune femme. Elle voulait vraiment avoir mal et souffrir encore et encore. Seulement, il ne voulait pas que ça lui arrive. Lui avait souffert de la mort de ses parents et il savait à quel point ça vous brûle de l’intérieur. Ca vous détruit entièrement. Mais lui n’avait eu personne sur qui se reposer. Personne de sa famille biologique. Ses grands-parents ne s’étaient manifestés que des années plus tard. Heureusement pour lui, la famille africaine chez qui il vivait était là pour lui.

Ella, ça n’est pas toi qui as fait s’écraser l’avion.

Josh avait beau le dire, il savait que la jeune femme ne le prendrait pas comme ça. Elle se sentait trop coupable pour qu’elle pense l’inverse. Du coup, il réussit à bloquer son bras pour lui injecter le tranquillisant et il comprit bien vite qu’elle lui en voulait. S’occupant alors des morceaux de verre, il la voyait planter son regard dans le sien, mais il le fuyait. Puis, il s’occupa de son bras et à l’écoute de ses propos, il la regarda. Il comprenait pourquoi elle n’avait pas voulu du produit, mais il ne pouvait pas non plus l’entendre crier à cause du verre qui était dans sa peau. Il n’aurait pas pû le supporter. Il n’aimait pas voir ses proches aussi mal. Finissant alors de tout nettoyer après avoir enlevé les bouts de verre, il sentit la main de la jeune femme sur sa joue. Relevant la tête vers elle, il fut surprit par ses propos et haussa les sourcils. Il l’écouta attention, mais il ne s’était pas du tout attendu à ce qu’elle lui dise ce genre de choses. S’il n’avait pas sû qu’elle était sous tranquillisant et qu’elle délirait, il se serait posé des questions. Surtout qu’elle semblait particulièrement sérieuse, du coup il en était encore plus surprit.

Je suivrais tes exigences et non ce soir je comptais me reposer chez moi, donc pas de femmes en chaleurs.

Il avait parlé trop doucement pour ne pas montrer qu’il était touché par la détresse de la jeune femme. Quand elle lui fit un clin d’œil, il esquissa un sourire triste. Puis, il sortit de la pièce, demandant alors le matériel nécessaire pour lui faire une attelle. Il prit quelques secondes pour souffler et tenir le choc face à la jeune femme. Depuis qu’il avait perdu ses parents, personne de son entourage n’avait vécu la même chose et il devait avouer que c’était plutôt dur aujourd’hui. L’infirmière dû le comprendre, parce qu’elle alla auprès d’Ella et Josh la remercia d’un hochement de tête. Quand l’infirmière eu terminée, il retourna dans la chambre et s’assit près de sa meilleure amie.

On va attendre quelques minutes que le produit se dissipe et on ira voir ta sœur.

Restant sur le tabouret, il ne savait pas quoi dire. Il était un peu trop touché et il en restait bête face à la situation.

Il savait qu’elle lui en voulait et il préférait rester silencieux, avant de laisser une infirmière prendre le relais. Il avait besoin de quelques minutes pour s’en remettre. Le décès de ses parents avaient été dur pour lui. Il ne pourrait jamais en être totalement remit, il le savait parfaitement. Seulement, les choses étaient dures pour Ella, pas pour lui. Alors, il se reprit et retourna finalement voir la jeune femme. Cette dernière voulait sortir de là et boire quelque chose. Ils pouvaient en effet aller dehors et l’air frais ne ferait pas de mal. Aidant la jeune femme, il la laissa prendre appui sur lui. En allant vers la machine, Josh demanda à l’infirmière de récupérer son casque de pompier et de le laisser à l’accueil, il passerait le prendre avant de partir. Une fois devant la machine à café, il laissa la jeune femme choisir, avant de se prendre un chocolat chaud. Pas de café, il était déjà assez énervé comme ça. Puis, ils prirent ensuite la sortie et ils trouvèrent un banc. Il laissa la jeune femme prendre place en première et il s’assit à côté d’elle.

Tu n’es pas miss poisse et c’est dans ces moments là qu’on a besoin de nos amis.

Il esquissa un léger sourire. C’était un moment difficile pour elle et ça allait l’être pour sa sœur. Mais, il ne comptait pas partir, pas maintenant. Buvant une gorgée de chocolat, il écouta la jeune femme parler et il fronça les sourcils. Il n’avait jamais parlé de la mort de ses parents à qui que ce soit. Il y a une seule personne qui était au courant. Lynn. C’est sa mère qui avait annoncé à Joshua la mort de ses parents. Lynn était jeune à l’époque et entre jeunes enfants elle l’avait soutenue, mais elle avait dû repartir avec sa mère très rapidement et il s’tait retrouvé seul. Passant un bras autour de la jeune femme, il garda contre lui et il se décida à parler.

Mes parents sont morts quand j’étais encore petit. Je suis né en Afrique, au Cameroun et c’est là-bas que j’ai toujours vécu. Mes parents m’ont élevés là-bas, ils ont tout fait pour que je sois heureux. Mais ils n’étaient pas comme les autres blancs des villages alentours. Ils n’étaient pas de ces familles plus que riches. Ont vivaient avec les villageois africains et ça nous allaient. Puis un jour, ils ont dû partir pour une mission d’aide à un autre village, seulement ils ne sont jamais revenus. Ils se sont fait tuer par les militaires camerounais. Je me suis retrouvé à être le seul blancs à des kilomètres à la ronde et orphelins. Seulement, tout le village c’est occupé de moi et j’ai trouvé une seconde famille. Mais à ce moment là, j’aurai eu besoin d’un ami et je n’en ai pas eu. A la place j’ai eu des familles.

Déposant un baiser sur la tête de la jeune femme, il soupira doucement.

On a toujours besoin de sa famille ou de ses amis. Toi aujourd’hui, tu as besoin d’amis et je compte bien rester avec toi ici, aussi longtemps que tu y resteras. Je te ramènerai chez toi et je dormirai chez toi jusqu’à ce que tu en ais marre de m’avoir dans tes pattes.

Il était plus que sérieux. Il ne laisserait pas la jeune femme seule un seul instant. Il demanderait des jours de congés s’il le fallait. Mais, il ne la laisserait pas seule, surtout pour qu’elle ne déprime pas et elle pourrait se reposer sur lui à tout moment.

Plus les minutes passaient et plus je me sentais mal, très mal. Pourquoi est-ce que cela nous tombait dessus maintenant ? Je savais que je devais rester fort, que London allait en souffrir comme pas possible puisqu'il avait longtemps vécu avec les jumeaux, je savais qu'Arizona n'allait jamais se remettre de sa deuxième fausse couche. Elle avait déjà perdu l'homme qu'elle aimait il y a quelques mois, voilà qu'elle perdait désormais la seule chose qui lui restait de Wyatt. La vie était mal faite, vraiment mal faite et je me demandais quel était le prochain malheur qui nous tomberait dessus. Depuis des années, j'avais eu l'impression d'être dans un tunnel sans fin et alors que je voyais enfin la lumière grâce à Théodora – la jumelle de Toscane – tout s'effondrait à nouveau. Un bloc de pierre était érigé devant moi et je ne savais absolument pas comment j'allais pouvoir l'abattre. Je savais que Joshua serait là tout le long du chemin mais il n'accepterait pas de me voir dépérir et j'aurai sûrement besoin de ça avant de reprendre ma vie en main. Je n'avais plus de travail et je me voyais déjà ruminer toute la journée et sortir toutes les nuits. Écoutant ce que mon meilleur ami me racontait, mon cœur se serrait à chacun de ses mots. Ses parents étaient donc morts en héros. Le jeune africain ne m'en avait jamais réellement parlé de ce qu'il avait vécu là bas. Il était assez catégorique lorsqu'il parlait, on parle du présent et basta. Cependant, l'entendre se confier me faisait comprendre une seule et unique chose : me voir souffrir le ramenait à son enfance. Si je ne me battais pas pour moi, je devais me battre pour lui. Je ne voulais pas qu'il me voit dans cet état, je ne voulais pas qu'il revive tout ce qu'il avait vécu dans son pays d'origine... J'avais vu l'état d'Arizona en rentrant du tribunal où elle avait du raconter l'accident de bateau de notre père et je ne voulais plus jamais revoir cette détresse dans les yeux de quiconque. « Je dormirai chez toi jusqu’à ce que tu en ais marre de m’avoir dans tes pattes. » Souriant légèrement, je tourna légèrement la tête et souffla « Merci » Je resta quelques secondes ainsi, à regarder dans le vide, la tête sur son torse, son bras autour de moi. De l'extérieur, nous avions l'air du couple parfait mais à l'intérieur, c'était l'apocalypse pour chacun de nous deux. J'étais mal de tout ce qui arrivait, il devait avoir mal d'avoir parlé de ses parents. Regardant dans le vide, je finis par me redresser et le regarder dans les yeux « Je suis désolée de ce qui est arrivé à tes parents... Nous sommes deux orphelins à l'heure qu'il est mais on est là l'un pour l'autre, c'est ça l'important maintenant » Tant que j'avais Joshua à mes côtés, je me voyais mal à divaguer et partir à la dérive. Seulement, on ne savait jamais ce qui pouvait se passer, la preuve aujourd'hui. Me détachant de l’étreinte du jeune homme, je me leva et finis son gobelet de thé au citron avant de le jeter dans la poubelle. Dès que ma jumelle serait réveillée, London viendrait me prévenir alors, tendant une main à mon meilleur ami – unique homme avec qui j'étais câline – et dis « C'est gentil de vouloir rester avec moi mais je te préviens, tu risques vite de déchanter et de me détester... En plus je ne pourrais plus me balader en sous vêtements à la maison » Je fis une petite moue triste avant de lui faire un léger sourire. Après mon manque totale de réaction, voilà que je tentais d'ironiser sur la situation. Étrangement, savoir que Joshua allait être présent me rassurait et me faisait chaud au cœur. Prenant mon meilleur ami dans les bras, je dis, à voix basse « Sans toi, je serai encore entrain d'hurler. Je t'en veux de m'avoir forcé mais je t'en remercie. Au moins, je vois la vie en rose pour une petite demi heure » Il y a dix minutes je lui faisais la tête au point de ne plus parler mais là, c'était différent. Les disputes et les prises de tête ne duraient jamais longtemps avec nous deux et c'était tant mieux.

Parlant de ses parents, ça n’était pas quelque chose de famille. Seulement les situations se croisaient et il savait ce que la jeune femme ressentait. Des membres de sa famille venaient de mourir et il revoyait son passé douloureux. Mais le moment n’était pourtant pas le bon. Il voulait aider la jeune femme, pas lui dire à quel point ses parents lui manquaient. Cependant, il lui expliqua qu’il resterait dormir chez elle jusqu’à ce qu’elle en ait marre de lui. De toute façon, il se disait qu’Arizona n’allait pas rester seule au début, du coup si elle venait chez Ella, Joshua serait là pour aider au besoin. En entendant le remerciement de la jeune femme, il sourit et il regarda à son tour face à lui. Puis la jeune femme se redresser et il écarta son bras pour qu’elle ait de l’espace, l’écoutant alors parler. Il se mit alors à sourire. Elle avait raison, ils étaient là l’un pour l’autre et c’était le plus important. Puis, il la regarda boire son thé d’une traite. Lui avait encore sa boisson, mais tant pis, il en but un peu et quand elle lui tendit la main, il laissa son chocolat dans la poubelle et il attrapa la main de la brunette.

Oh je sais de quoi tu es capable, ça ne me fais pas peur.

Il se mit à sourire en coin et il se mit à rire pour sa seconde remarque.

Tu seras chez toi tu peux te balader comme bon te semble, même totalement nue, ça ne me dérangeras absolument pas.

Puis, se retrouvant avec la jeune femme dans les bras, il fut surprit, mais il l’entoura et il posa sa tête sur la sienne, l’écoutant avec attention.

Je t’en pris et comme je t’ai dis, je n’aime pas voir les gens que j’aime souffrir.

Se détachant un peu de la jeune femme, il la garda malgré tout dans ses bras et il embrassa son front. Puis, il posa son front sur celui de la jeune femme.

Prête pour aller voir ta sœur ?

Il ne savait pas si elle irait tout de suite, mais si son frère la cherchait, il valait mieux revenir tranquillement vers la salle d’attente pour qu’il ne fasse pas tout le tour du bâtiment pour pouvoir la trouver.

Ah si tes sœurs sont là je comprend parfaitement. Mais tu sais si j’ai accès à ta chambre, là tu pourras te balader dans n’importe quelle tenue. Enfin une tenue sans vêtement cachant ton corps.

Il se mit à sourire bêtement exprès et il fit un clin d’œil à la jeune femme. Puis, le moment le plus dure arriva. Etait-elle prête à aller voir la tristesse de sa sœur. Si personne ne lui avait dit pour les bébés, forcément ça serait à Ella de le dire. Mais Josh serait là. Dans un petit coin, mais il resta près d’Ella pour qu’elle puisse se reposer sur lui. De toute façon, il était même près à annoncer la nouvelle lui-même.

Je t’ai dis, je peux le faire si tu veux.

Il n’était pas médecin, mais il pouvait annoncer à la jeune femme la perte des bébés et il pourrait avant demander ce qui s’était passé exactement pour pouvoir répondre aux interrogations de la sœur d’Ella. Même s’il savait que la voir mal serait difficile, il pouvait le faire. Puis, en écoutant la brunette parler aux gens présents, il ne dit rien, mais la suivit tranquillement. La regardant s’installer sur la chaise, il se mit accroupit face à la jeune femme.

Ne penses pas à eux et à tout les gens présents. On s’en fiche d’eux. Concentres-toi sur moi.

Il se mit à sourire pour que la jeune femme tente d’oublier les personnes autour. En l’entendant parler de sa tête qui tournait, il se releva, attrapa la main de la jeune femme et il la fit venir vers lui. Il s’assit sur la chaise sur laquelle elle était quelques secondes avant. Puis, il l’attira sur ses genoux et il l’entoura de ses bras. Il resta avec la jeune femme assise sur ses genoux et l’entourant de ses bras comme une sorte de protection.

Fermes les yeux.

Il la regarda, attendant qu’elle le fasse, vu qu’elle semblait au premier abord un peu sceptique. Il lui fit un signe de tête pour qu’elle le fasse.

Inspires doucement et expires tout aussi doucement.

Caressant doucement le dos de la jeune femme, il faisait en sorte qu’elle se concentre sur sa respiration et sur le fait qu’elle était avec lui, en sécurité loin des problèmes pour le moment.

Ne me dis pas ce genre de choses, parce que là tu m’as perdu pour la journée.

Il se mit à sourire en regardant la jeune femme. Changer de sujet n’était pas une mauvaise chose. Elle avait des morts, trop de morts autour d’elle aujourd’hui et il voulait juste qu’elle sourit quelques minutes, qu’elle pense à autre chose. Mais elle savait qu’elle devait retourner auprès de sa sœur et la dureté de la réalité revint directement vers elle. C’est pour ça aussi qu’il proposait de parler avec Arizona. Il était un étranger pour la jeune femme et ça serait peut-être plus simple de l’entendre ainsi et à côté d’avoir Ella qui pourrait la consoler. Il hocha alors la tête à sa réponse.

Je comprend, mais si tu as besoin, je suis là.

Il esquissa un léger sourire et il soupira doucement. Puis, il la fit venir contre lui. Il voulait qu’elle se calme avant de faire face à sa sœur. Elle ne pouvait pas y aller comme et il espérait que ça la ferait rester tranquille un petit peu. Il l’écouta parler avec attention pour qu’elle puisse dire tout ce qu’elle voulait. Fronçant les sourcils, il comprenait les questions de la jeune femme, mais il ne pouvait pas lui mentir.

Pour la douleur elle ne part jamais. En tout cas, depuis que mes parents sont mort, je ressent toujours un manque et je me dis que je n’ai pas pû profiter assez de leur présence. Mais je n’ai pas eu de frères ou de sœurs, alors je ne peux pas dire.

En tout cas pour lui, la mort de ses parents était encore là. Elle le serait tout le temps.

Mais tu sais, aujourd’hui ça te fais mal, ça le fera encore pendant plusieurs jours. Après, tu auras mal, mais la douleur laissera place aux souvenirs. Parce que les photos, les souvenirs, tout pourra te faire penser à eux, mais alors qu’avant tu pleurais, là tu pourras sourire.

Avoir des souvenirs faisait qu’on pouvait retrouver un peu le sourire en pensant aux moments drôles ou incroyables.

Pour ton œuf, je l’espère pour toi. J’espère que tu seras heureuse Ella, tu le mérites et y a intérêt à ce que je sois le premier à savoir que tu es enceinte.

Il continua doucement de caresser son dos, regardant autour d’eux, sachant que plus les minutes passaient et plus un médecin pouvait arriver, ou quelqu’un pour lui dire que sa sœur étaient en train de se réveiller.

On finit tous par avoir ce que l’on souhaite le plus, mais avant, il faut surmonter tout un tas de problèmes, de déceptions et de douleurs, mais au final, on a ce qu’on veut le plus au monde.

Tu as deviné mon secret. Quoi qu’il me manque la cape.

Il lui fit un clin d’œil et la regarda. Elle semblait réfléchir à tout ce qui allait se passer face à sa sœur. Il comprenait que ça ne serait pas simple, mais il serait là, il resterait là, que ça soit dans la chambre d’hôpital ou en dehors. Mais, il serait là, il ne la laisserait pas seule. Ecoutant la jeune femme parler des jumeaux, il esquissa un sourire. Ils étaient très famille apparemment et il devait avouer que ça devait être plaisant à vivre.

Maintenant, ils seront dans tes souvenirs, dans tes pensées et toujours dans ton cœur.

C’était peut-être niant niant et fleur bleu, mais c’était vrai. Les personnes qui nous quittent seront toujours là, même si physiquement ils ne sont pas présents. La jeune femme finit par lever la tête vers lui et il la regarda tout en l’écoutant parler. Ils parlaient enfin. Elle voulait en avoir au moins un et il devait avouer qu’elle ferait une super maman. A l’écoute de ses propos, il hocha la tête.

Je prendrai ce rôle très au sérieux.

S’il devait être le parrain, il ferait en sorte que les enfants d’Ella soient bien élevés et qu’ils sachent s’amuser, mais également être sérieux. Il ne serait pas le père de famille, donc il ne serait pas là pour les gronder, mais s’il le fallait, il le ferait. La sentant se blottir contre lui, il l’entoura un peu plus de ses bras. Il ne pouvait pas répondre à la brunette. Evidemment qu’elle avait assez souffert, seulement on ne peut pas savoir quand tout le mal va partir et nous donner enfin de la joie et du bonheur. Sentant la jeune femme bouger, il retira ses bras et il resta assit, entendant les propos du frère de la jeune femme. Il ne dit rien, restant simplement assit. Il n’avait encore jamais vu ce garçon, qui ne resta pas là pendant très longtemps. A l’écoute des paroles prononcées par sa meilleure amie, il se leva et attrapa sa main.

Je t’ai dis que je resterai et je le ferai.

Gardant la main de la jeune femme dans la sienne, il la suivit jusqu’à la chambre de sa sœur. Une fois là-bas, il la laissa entrer en première et il resta en retrait. Mais Arizona n’était toujours pas réveillé. Du coup, il ferma doucement la porte derrière lui et il laissa la jeune femme s’installer, avant de s’asseoir sur un fauteuil sous la télévision et d’attendre que Arizona se réveille.