C'est mon gros et vieux matou roux et blanc qui avait pris la sale habitude de me réveiller chaque matin en me sautant dessus pour que je vienne remplir son assiette d'une bouffe bien dégueulasse qui me tira du sommeil, il avait l'apparence d'un obése, en réalité, c'était un gros morfale et dès qu'il commencait de manger, on ne pouvait plus l'arrêter. Ce matin, je n'avais pas envie de céder à ses avances, encore un peu sonnée de la soirée d'hier et j'avais la tête calée sous mon oreiller lorsqu'il planta ses griffes dans mon dos. Offusquée par une telle attaque de sa part, je me releva brutalement pour lui balancer littéralement mon pied dans la gueule et le faire tomber du lit, il alla se réfugier sous le canapé, « Dégage gros con avant que je t'étripe ! » hurlai-je pour le faire fuir.

Ensuite la journée passa à une vitesse hallucinante, prise dans les embouteillages j'avais mis une heure pour arriver à mon "travail" puis s'était enchaîné le service, la pause et encore le service jusqu'à la libération finale à 18 heures. Je n'avais pas du tout oublié mon rendez-vous avec Will et bien que je ne sois pas une mordue de la mode, je n'avais cessé de me demander ce que j'allais porter ce soir, venant même à regretter le temps qu'il m'aurait fallut pour acheter de quoi ne pas passer pour une paumée devant lui.
Je pris ma douche puis il était déjà 18h45. Postée devant ma garde-robe pour choisir ma tenue, j'optai pour une robe noire pas trop courte histoire de ne pas passer pour une exhibitioniste ni trop longue pour ne pas passer pour une none, le tout était de trouver le juste milieu et par chance, je possédai THE robe. J'étais en train de chercher les chaussures que j'allai pouvoir mettre lorsqu'un bruit me fit sursauter, on venait de taper à ma porte. Chose qui fit sortir mon chat de sa cachette, il vint s'enrouler autour de ma jambe comme si il n'avait pas envie que je parte. Toutes les petites attentions qu'il m'avait porté aujourd'hui me laissait penser que mon chat était peut-être tombé amoureux de moi... J'ouvris la porte et découvrit William sur son 31, un sourire illumina mon visage et je lui lanca : « Salut ! Euh... attend, j'arrive. », le temps de m'éclipser et de renvoyer ce vieux chat dans son trou, je revins avec ma veste en cuir noir et mes bottines de la même couleur que j'enfila derrière la porte. Une fois sortie, je déposais un bisou sur sa joue puis rengea mes clefs dans ma poche de veste avant d'avouer : « Ça va? Tu m'as manqué.. ». La vieille sorcière empoisonneuse sortit de sa tanière avec son pauvre chat à ses pieds, le bruit avait dû la sortir de sa cuisine de malheur... Contrainte de la saluer, je lui fis un sourire juste un forcé puis me retourna vers Will et haussa les sourcils.

Je m'étais bien gardé de lui faire une remarque, aussi gentille qu'elle soit sur son changement de comportement par rapport aux deux autres fois où l'on s'était vus. Dans la voiture, j'essayais d'observer le paysage pour voir si je réussissais à reconnaître les lieux, ils me disaient quelque chose mais je ne savais pas vraiment encore où j'allais me retrouver.
C'est lorsque Will se gara sur le parking de Midland Beach que je réussi enfin à me situer. Devant moi se trouvait le terrain de basket où j'avais fait un match avec lui il y a quelques mois de ça. Il vint m'ouvrir et me tendit la main pour m'aider à sortir. Tout depuis tout à l'heure me faisait sourire. Ces manières, le mal qu'il se donnait pour paraître bien ; je trouvais ça mignon, terriblement craquant mais encore une fois je ne disais rien. Je savais bien que dire à un homme que ce qu'il faisait était "mignon" avait tout pour le faire fuire. Or là, c'était tout ce que je redoutais, qu'il fuie.

Je le suivais alors en silence jusqu'à descendre sur la plage, n'ayant aucune idée d'où il allait m'emmener puisque lui aussi s'était bien gardé de me le dire, j'étais intriguée. Il n'y avait qu'un endroit où l'on pouvait manger et c'était le café d'en face où je m'étais retrouvée à moitié nue en train de demander un stylo pour écrire mon numéro sur le torse de William, mais cet endroit était totalement pourri, c'était totalement l'opposé de ce qu'il avait fait preuve depuis tout à l'heure.

Puis mon regard se posa sur une vingtaine de bougies, sans reconnaître tout de suite la forme qu'elles donnaient je m'approchai et vit la table au milieu. Je trouvais ça tellement beau qu'aucun mot ne réussit à sortir de ma bouche à cet instant là, j'était éblouie, on ne m'avait jamais fait ça. Autant de raison qui me laissait bouche bée, je pensais que les hommes comme ça n'existait plus et qu'on ne pouvait voir ça que dans les films mais j'avais la preuve du contraire juste devant les yeux. C'est au moment où Will me demanda d'une voix inquiéte et nerveuse à la fois si je n'aimais pas et si c'était une mauvaise idée et qu'il se pencha pour éteindre une bougie que je compris enfin la forme qu'elles prenaient, un ballon de basket. Ce que je venais de comprendre me fit encore plus perdre mes mots, il était en train de mal interpréter mon silence, ce n'était pas que je n'aimais pas c'est bien que j'aimais trop pour pouvoir le dire. Mais il fallait que j'agisse, sinon à ce rythme là il allait avoir éteint toutes les bougies en moins d'une minute, alors je lui pris doucement le bras. Croyant avoir avaler ma langue, je me surpris à dire : « Arrête... t'as du mettre du temps pour faire ça. Et en plus, j'aime beaucoup ! » puis je m'approchai à nouveau de lui et lui planta le deuxiéme bisous sur la joue de la soirée pour qu'il se remette de sa petite frustration. « Viens... » continuai-je pour ne pas perdre plus de temps et aussi pour qu'il ne continue pas ce qu'il avait commencé de faire si je n'avais pas réussi à le convaincre d'arrêter, je l'entraînais jusqu'à la table toujours en lui tenant le bras. Et en évitant aussi de faire enflammer ma robe.

Mon silence lui avait fait pensé que je n'aimais pas ce qu'il avait fait. Ça m'allait droit au coeur, même si je n'avais encore saisi vraiment le sens que ce geste prenait. J'étais toujours un peu sous le choc, ça m'avait vraiment surpris parce que je ne voyais pas du tout William comme ça. Mais comme quoi une seule chose peut faire changer l'idée qu'on se fait de quelqu'un même si avant, elle n'était pas mauvaise. L'entraînant jusqu'à la table qu'il avait disposé au centre des bougies et avec les vagues de la mer à seulement quelques mètres, je lâchai sa main pour m'asseoir en face de lui. Devant moi se trouvait une cloche qui recouvrait mon assiette. Je me demandais ce qu'elle pouvait bien contenir comme nourriture mais quelque chose me disait que j'allais être surprise encore une fois. Cependant, j'attendais un peu avant de la retirer, pour faire durer le plaisir... « Je peux pas aller mieux... et toi? » lui dis-je en réponse à sa question. J'étais sincère, même la fille la plus difficile aurait trouvé ça suffisant pour la faire rêver. Alors ne parlons même pas d'une fille comme moi, qui n'avait connu que les "dîners" avec des garçons au McDo, à côté de ça, ça manquait cruellement de classe.

N'y tenant plus, j'enleva la cloche et la reposa un peu plus loin sur la table. Elle cachait de véritable trésors... je ne pouvais même pas mettre un nom sur toute la nourriture qui se trouvait face à moi. Une nouvelle fois étonnée et fascinée de ce qu'il avait fait. Il semblait que ce soir allait être une soirée surprenante, à en voir rien que le début. Relevant la tête après avoir détaillé tous ces mets, je lui dis en lui avant qu'il ne croive que ça ne me plaise pas, lui adressant un sourire : « T'as la classe. T'arrives à me surprendre et c'est pas tout le monde qui y arrive... »

« T'as la classe. T'arrives à me surprendre et c'est pas tout le monde qui y arrive... » Il était content, il était arrivé à lui faire plaisir et il voyait à bien qu’elle était impressionner. La façon dont elle regardait son assiette, le cadre, les bougies était satisfaisantes. C’était comme si elle avait eut un tas d’étoile dans les yeux, comme une enfant qui se serait retrouvé face au père noël. William adorait être ce père noël. Il se ne souvenait pas la dernière fois qu’il était arrivé à faire naitre autant de joie chez quelqu’un. Ça ne le mettait presque mal à l’aise. Aussi il n’eut pût s’empêcher de faire un peu d’humeur. « Je sais, que veux tu tout le monde ne peux pas s’appeler William Alex Slayers » dit-il en prenant un air arrogant, fier, puis en lui adressant un clin d’œil pour compléter le tout. C’était plus fort que lui, il fallait qu’il tourne les compliments d’Opale en dérision pour ne pas devenir quelqu’un qu’il n’était pas.

« J'étais certain que ça te plairait » dit-il avec un air espiègle, un demi-sourire sur les lèvres bien décidé à titiller le côté « joueur » d’Opale. Il savait que la jeune fille avait du répondant parce qu’elle le lui avait prouvé lors de leurs rencontre. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’ils s’étaient bien entendu. C’était pour cette raison qu’elle lui avait tapé dans l’œil… « Mais c’est normal que j’arrive à te surprendre, tu arrive à m’intéressais pour autre chose que pour le sexe et ce n’est pas tout le monde qui y arrive… » Lui dit-il alors, la regardant dans les yeux , reprenant ses mots. Il était honnête. Opale ne le connaissait pas assez pour savoir qu’il avait vu passer plus de femme dans son lit que dans son cœur, mais autant l’en informer au plus vite car à chaque fois qu’il la voyait il avait l’impression qu’elle lui plaisait un peu plus...