JAYDEN & NAHLA ❝ i won't fall ❞

Allongée dans son lit, Nahla ne cessait de fixer l’heure affichée sur le cadran de son réveil. Depuis qu’elle avait ouvert les yeux elle regardait l’heure s’écouler minute par minute au point de presque aller jusqu’à compter les secondes qui passaient. Elle avait entendu et senti Roméo se lever, mais elle n’avait rien fait pour laisser voir qu’elle était bel et bien réveillée, tout ce que la jeune femme souhaitait était d’être tranquille et de pouvoir penser en paix. Sa vie semblait prendre une tournure tellement catastrophique qu’elle doutait sincèrement que pire puisse lui arriver. Elle aurait aimé trouver un moyen de se défouler, elle faisait de son mieux pour se concentrer autant que possible au travail et passer du temps avec Lucas lui permettait de souffler même si voir le petit garçon lui rappelait obligatoirement le père de ce dernier. Nahla ne voyait pas comment se sortir de cette situation et elle aurait donné beaucoup pour avoir une quelconque mission qui lui permettrait de quitter la ville même si ce n’était que pour trois ou quatre jours, du moment qu’elle pouvait s’éloigner de New York et de cette vie dont elle perdait totalement le contrôle. « Maman ? ». Le regard de la sud-africaine resta posé quelques instants de plus sur son réveil, le temps qu’elle prenne conscience qu’une présence nouvelle se trouvait dans la chambre. En silence, elle se tourna pour s’allonger sur le dos et posa les yeux sur la petite tête blonde qui se trouvait dans l’encadrement de la porte.

Un sourire étira alors ses lèvres et la jeune mère ne tarda pas à faire signe à son fils de la rejoindre ce que Lucas fit en sautant sur le lit pour se glisser ensuite dans les draps. Son fils près d’elle, la joue contre son front, Nahla passa une main dans ses cheveux et se laissa de nouveau aller dans ses pensées. Tout aurait pu être si simple si elle avait pris le temps d’attendre encore un peu plus. Si elle n’avait pas baissé les bras si rapidement, Jayden, Lucas et elle pourraient être heureux et ne plus penser au passé, mais uniquement à l’avenir qui les attendait. La jeune femme ne cessait d’y penser et ce matin encore ça restait ancré dans son esprit, même lorsqu’elle quitta la chambre, Lucas dans ses bras, pour petit-déjeuner et s’assurer d’amener le petit garçon de trois ans au jardin d’enfants à temps. Son fils tranquillement en train de manger, Nahla se rendit dans l’entrée de la maison pour prendre le courrier qui se trouvait au bas de la porte et fronça légèrement les sourcils en reconnaissant l’épaisse enveloppe qui se trouvait par terre. Une mission … elle qui l’avait espéré, voilà qu’elle était servie. « Tu vas encore devoir partir ? ». Les petits yeux de Lucas s’étaient posés sur l’enveloppe dès lors que sa mère l’eut posé sur le plan de travail pour regarder les émetteurs des autres lettres. Nahla posa le tout juste à côté et regarda son fils en faisant la moue puis l’enveloppe. « C’est possible mon chéri, mais ça ne sera pas long. ». Sur ces mots elle ébouriffa ses cheveux blonds et se concentra sur sa mission. Tasse de café à la main, Nahla entreprit d’ouvrir l’enveloppe d’une main et en sortit le contenu avant de lâcher sa tasse qui alla se briser sur le sol, répandant également tout son contenu.

La jeune femme resta silencieuse, le regard rivé sur le nom inscrit sur le dossier et la bouche semi ouverte avant de prendre conscience du fait qu’elle inquiétait son garçon. S’efforçant de se reprendre, elle rangea tout dans l’enveloppe, ramassa les morceaux sur le sol et nettoya le café qui s’y trouvait pour se concentrer uniquement sur le fait d’être prête à temps pour amener Lucas. Néanmoins, son fils déposé, ses pensées ne tournèrent qu’autour d’une chose : sa prochaine cible. Ce n’était pas possible … les probabilités pour qu’on lui demande de s’en prendre à lui étaient minces, trop minces et pourtant c’était le cas. Nahla savait qu’elle ne pouvait pas aller contre ses ordres, que c’était bien trop risqué pour elle mais surtout pour sa famille, mais comment pourrait-elle faire une chose pareille ? Ce fut la question qui lui trotta dans la tête toute la journée tandis qu’en parallèle la sud-africaine mettait en place son plan pour le piéger. La jeune femme passa tout son temps à élaborer le bon plan, à préparer ses affaires et à tenter de trouver un moyen d’y échapper, mais malgré son QI rien ne lui venait. Elle n’avait pas le choix et lorsque l’heure sonna, elle laissa un message à son frère pour qu’il s’occupe d’aller chercher Lucas et prit la direction du Queens, là où tout allait se dérouler. Pourtant, sur place l’hésitation s’empara d’elle. Nahla n’avait qu’une envie qui était celle de faire demi-tour. Elle ne pouvait pas faire ça, c’était impossible, inconcevable et tellement douloureux.

Elle était prête à tuer n’importe qui sauf lui … surtout pas lui bien qu’elle quitta tout de même son véhicule pour gagner l’arrière de ce dernier et sortir du coffre son arme qu’elle chargea et glissa à l’arrière de son jean. Face à l’entrepôt où elle l’avait mené, la sud-africaine resta sans bouger pendant quelques secondes avant de s’y infiltrer en silence. Par habitude, elle avait bien vite cessé de mettre des talons et favorisait toujours ses ballerines qui lui permettaient d’avancer sans se faire repérer ce que Nahla considérait comme capitale. La discrétion était sa meilleure arme et c’était également ce qui lui permit d’arriver sans se faire entendre juste derrière Jayden. « Tu n’aurais jamais dû venir … ». La jeune femme se pinça les lèvres tout en glissant une main dans son dos pour y attraper son arme juste avant qu’il ne se retourne. Elle refusait de le faire, mais elle n’avait pas le choix si bien qu’elle ne tarda pas à le tenir en joug le regard plein de remords. « Pourquoi est-ce que tu es tombé dans ce piège ? ». Et elle ? Pourquoi était-elle venue ? Pourquoi avait-elle accepté cette mission ? Elle avait su au moment même où son prénom lui avait sauté aux yeux qu’elle allait souffrir. Elle n’était pas incapable de le faire, pas si ça devait sauver leur fils, mais elle l’aimait et Nahla savait que même si elle appuyait sur la détente elle ne pourrait jamais vivre et surtout jamais elle ne serait capable de se pardonner. Toutefois, si ce n’était pas elle qui le faisait, ça serait un autre juste après qu’il ait prit le temps de mettre fin à la vie de son fils et à la sienne et ça, elle ne pouvait pas le permettre.

Son entraînement elle l’avait fait sur le tas, tout comme son frère d’ailleurs. Ils avaient appris brusquement la vérité sur leur famille et le fait de ne pas pouvoir se détacher de cette organisation les avait forcé à apprendre au plus vite puisque c’était tuer ou être tuer avec ce métier. Elle était intelligente, mais surtout très douée dès lors qu’il s’agissait de se défendre. Son adolescence à Mac Arthur Park l’avait forcé à apprendre assez tôt au cas où elle en aurait besoin et ça avait été le cas une fois, même si elle aurait très bien pu ne pas s’en sortir. Le combat au corps à corps avait tout d’abord été sa spécialité, mais c’était loin de tout faire et surtout ce n’était pas ce qui tuait le mieux. La sud-africaine avait donc appris à se servir d’une arme et pour ça aussi elle était très douée, peut-être parce que pour son cerveau il ne s’agissait jamais que d’un calcul de plus qu’il faisait à toute vitesse et qui lui permettait de viser extraordinairement bien ? A vrai dire la jeune femme n’avait jamais cherché à comprendre plus en détail le fonctionnement de son cerveau et elle ne cherchait pas non plus d’où lui venaient ces aptitudes quasiment innées qu’elle avait. Même si elle haïssait ce qu’elle était forcée de faire depuis cinq bonnes années, Nahla ne pouvait nier le fait qu’en peu de temps elle était devenue excellente et l’une des recrues favorisées de l’organisation bien qu’elle s’en serait passée. Elle faisait son travail sans trop réfléchir, penser était bien trop risqué. Elle recevait des ordres et les appliquaient sans se poser la moindre question, c’était le faire ou faire courir un risque à son fils et ça ce n’était pas même envisageable.

Elle était discrète, rapide et efficace et elle savait qu’elle aurait pu se faire elle-même froid dans le dos si elle s’était vu agir à chaque fois. Mais cette fois la situation était parfaitement différente. Lorsqu’elle avait ouvert l’enveloppe le matin même, son monde s’était effondré et la jeune femme n’avait même pas osé regarder son fils dans les yeux. C’était le prénom de Jayden qui avait soigneusement été noté sur le dossier et tout ce qui se trouvait à l’intérieur de ce dernier était la vie du jeune homme. Ses patrons devaient savoir, c’était obligé … La vie du néo-zélandais se trouvait dans l’enveloppe afin que Nahla puisse le cerner au mieux – ce qui était parfaitement inutile – et ils avaient dû remarquer qu’ils se connaissaient, même plus que ça. Ils lui demandaient d’éliminer le père de son fils, l’homme qu’elle aimait depuis son adolescence, celui dont elle avait attendu le retour pendant trois ans. La sud-africaine regrettait pour la première fois de ne pas savoir qui étaient ceux qui avaient payé ses supérieurs pour le faire éliminer, mais au fond elle avait bien une idée et c’était ce qui l’inquiétait. Jayden était revenu, certes, mais il ne lui avait pas dit de quelle façon il avait pu échapper à son ancien gang et quelque part Nahla n’avait pas voulu le savoir. Cependant, ce soir elle allait devoir faire quelque chose pour laquelle elle préférait mourir si elle n’avait pas été seule dans l’équation. Arme chargée et cachée, elle s’était avancée vers l’entrepôt et s’était déplacée à l’intérieur aussi silencieusement qu’un félin en s’efforçant d’emprunter tous les passages où Jayden ne pourrait pas la voir puisqu’elle avait soigneusement étudié les plans des lieux avant de l’y envoyer pour le piéger.

Toutefois, à peine fut-elle derrière lui à le menacer de son arme qu’elle se sentait être brisée de l’intérieur. Même si elle ne tremblait pas et que son regard la trahissait, Nahla doutait d’en être capable et pourtant elle ne baissait pas son arme. « Nahla ? ». La jeune femme déglutit avec difficulté. Il n’y avait pas pire comme situation. Elle qui s’était persuadée en se réveillant que rien ne pouvait être pire que d’avoir à choisir entre Roméo et Jayden, voilà qu’elle tombait de haut et entendre celui qu’elle aimait prononcer son prénom manqua de lui faire perdre tous ses moyens. « Qu'est-ce que tu fais là ? ». La sud-africaine resta silencieuse, le regard toujours posé sur celui qui était supposé être sa cible, son arme le menaçant toujours. Nahla s’efforçait de ne pas laisser sa nervosité l’envahir et resta aussi neutre que possible même si face à Jayden s’était plus difficile que jamais. Habituellement la jeune femme était capable de ne laisser transparaitre aucune émotion, mais là il s’agissait de son fiancé et tout était bien différent. « C'est toi qui a tué tous ces innocents ? ». Elle secoua la tête de gauche à droite assez rapidement. Elle n’était pour rien dans l’affaire sur laquelle il travaillait et dont elle avait pris connaissance que ce jour-même, elle s’en était simplement servit et les morts dans son enquête n’avaient rien à voir avec elle. « De quel piège tu parles ? ». Cette fois, elle se haïssait et fut incapable de ne pas se trahir. Nahla pinça ses lèvres en soupirant. Même si elle continuait de le tenir en joug – et lui aussi – tout chez elle laissait parfaitement comprendre qu’elle se détestait et qu’elle n’avait aucune envie de continuer ce qu’elle était en train de faire.

« Il n’y a rien ici … rien qui concerne ton enquête avec la CIA. ». De nouveau elle soupira et s’humecta les lèvres en levant les yeux au ciel pour tâcher de garder encore le contrôle. « Jay je suis supposée te tuer … ce soir de préférence. Il y a un contrat sur ta tête et je suis supposée m’en occuper et … ». Nahla cessa de parler en prenant conscience du fait que Jayden n’avait pas la moindre idée de ce dont elle pouvait parler et puisqu’ils étaient que tous les deux ici – elle s’en était assurée – elle pouvait entrer dans les détails, elle le lui devait. « A la mort de ma mère, Callan et moi nous avons appris qu’elle travaillait pour une organisation russe qui fait pression sur ma famille depuis des années. J’ignore ce que mes ancêtres ont pu faire pour que ce fardeau soit transmis depuis des années, mais … on en a hérité par obligation. Ils savent des choses, beaucoup de choses et ils peuvent faire pression sur moi avec Lucas, je ne peux pas me le permettre. ». Nahla tenait à son fils plus qu’à n’importe quelle personne au monde, plus qu’à sa propre vie et pourtant elle était égoïste puisque, tôt ou tard, si elle ne se défaisait pas de ce fardeau Lucas aurait à suivre ses pas. Son regard se posa une nouvelle fois sur Jayden. Elle resta à bonne distance pour s’assurer de ne pas craquer et même si son bras commençait à être douloureux à force de le tenir tendu, elle le laissa ainsi. « J’ignore pourquoi ils en ont après toi, mais … je dois le faire. ». Sa voix s’étrangla sur la fin tandis que sa vision fut brouillée par les larmes qui l’envahissaient. Elle n’avait pas la moindre envie de le faire, mais elle ne pouvait pas se permettre de faire demi-tour, pas avec la vie de Lucas qui était menacée.

De quelle manière sa vie avait-elle fini par devenir si misérable ? Peut-être n’avait-elle pas à se plaindre comparer à d’autres personnes qui souffraient sans doute plus qu’elle, mais tout de même. Elle n’avait jamais eu le moindre problème pour la bonne raison qu’elle les avait toujours évité autant que possible. La discrétion était une chose qu’elle avait toujours appréciée et qui le lui rendait bien. Elle avait aimé le fait d’être effacée, de n’attirer l’attention de personne et ainsi éviter que quelque chose lui arrive. Jamais elle n’avait aimé faire parler d’elle et encore moins blesser par ses actes et pourtant tout semblait s’effondrer depuis quelques années bien qu’elle s’efforçait de garder la tête haute. La jeune femme aurait aimé ne jamais apprendre la vérité sur sa mère. Elle aurait souhaité être l’adolescente innocente venue tout droit d’Afrique du Sud toute sa vie quitte à rester coincer à Mac Arthur Park. Elle n’avait pas la moindre envie de vivre dans la complexité et pourtant elle était plongée en plein dedans depuis ses dix-neuf ans, plus ou moins depuis qu’elle avait accepté la vérité sur sa mère, mais également de porter le fardeau de sa famille sur ses épaules. Souvent elle en venait à culpabiliser vis-à-vis de son frère. Après tout si elle n’avait pas cru les mots de cet homme qu’ils ne connaissaient pas, Chris et elle n’en seraient peut-être pas là aujourd’hui même si la sud-africaine en doutait sincèrement.

Bien qu’elle ne croyait pas aux histoires du destin ayant un esprit bien trop scientifique pour ça, elle avait néanmoins la sensation que sa vie était tracée depuis sa naissance et ce tout simplement parce que ses ancêtres avaient merdé quelque part. Elle subissait les conséquences de leurs actes et elle ne pouvait pas nier le fait qu’elle en souffrait grandement. La jeune femme aurait voulu pouvoir effacer l’ardoise de sa famille et enfin passer à autre, mais quand bien même … ça ne changeait pas tellement de choses à sa situation actuelle. Penser ou non à ce que aurait pu être sa vie ne lui permettait pas de disparaître de cet entrepôt dans lequel elle avait conduit Jayden. Manipuler les informations était presque un passe-temps pour Nahla. Son intelligence et son habitude lui permettaient de le faire sans le moindre problème, sans éveiller de quelconques soupçons. La plupart de ses contrats tombaient dans le panneau et même si elle était toujours loin de s’en réjouir ça lui mâchait tout de même bien le travail. Toutefois, ce soir la sud-africaine aurait souhaité que l’homme face à elle comprenne, qu’il se doute quelque chose n’allait pas et qu’il ne vienne pas ici. Le menacer de son arme lui déchirait le cœur et elle était incapable de faire le travail aussi vite qu’elle avait pu le faire toutes ces années.

Il s’agissait de Jayden, de l’homme qu’elle aimait et du père de son fils … elle ne pouvait pas le tuer, elle le refusait et pourtant elle n’avait pas le choix. Nahla aurait voulu fuir loin de tout ça et partir se cacher à la fois avec Jayden et Lucas par simple égoïsme, pour les protéger tous les deux de ceux qui en avaient après le néo-zélandais. « Attends... t'es en train de me dire que tu es une tueuse à gage ? ». La mâchoire de la jeune femme se crispa dessinant ainsi parfaitement les contours du bas de son visage. Elle ne supportait pas ce terme, mais c’était pourtant ce qu’elle était qu’elle le veuille ou non. Pour toute réponse, Nahla agita brièvement la tête. L’avoué à haute voix lui semblait être encore trop difficile surtout pour elle qui refusait de se considérer comme telle. Cette scène elle ne l’aimait pas plus que le reste. Le tenir en joug et qu’il en fasse de même était sans doute l’un de ses pires cauchemars. Comment avaient-ils pu en arriver là alors que malgré les difficultés et la peur, ils avaient été heureux lorsqu’ils vivaient encore à Los Angeles ? « Si c'est une blague, c'est vraiment de mauvais goût Nahla... ». Ce qu’elle aurait que ça ne soit qu’une plaisanterie même si dans ce cas il lui en aurait probablement voulu. Peut-être en était-ce une ? Sa vie était peut-être une grande blague à elle toute seule ?

Silencieuse, la jeune femme se mordit de nouveau la lèvre et parvint enfin à ravaler la plus grande partie de ses larmes en sentant son bras s’engourdir de plus en plus bien qu’elle ne le bougea pas d’un millimètre. « Tu te rends compte que... ça fait cinq ans que tu me fais vivre dans le mensonge ? ». Nahla déglutit avec difficulté. Elle n’avait jamais vu ça comme un mensonge et ce parce que la seule chose sur laquelle elle avait pu mentir était ce travail et encore … la jeune femme avait avant tout omis de lui en parler par besoin de le protéger alors qu’elle savait qu’il n’en avait pas besoin. « C'est quoi la prochaine étape ? Tu vas me dire que t'as tout planifié depuis le début et que t'as joué la comédie tout le long ? C'est ça ? J'étais juste un moyen de t'assurer une couverture pour que tu puisses tuer ces gens sans te faire coincer ? ». Dans sa poitrine, la sud-africaine sentit son cœur se serrer si douloureusement qu’elle eut bien du mal à retrouver un tant soit peu de neutralité. Il doutait … il doutait d’elle et des sentiments qu’elle pouvait éprouver pour lui et aussi blessant que ça pouvait être Nahla le comprenait parfaitement. Levant les yeux en direction du toit de l’entrepôt, elle ravala à nouveau ses larmes et tenta de se calmer avant de poser de nouveau les yeux sur Jayden. Elle aurait sous doute pu trembler face au regard mauvais qu’il posait sur elle et à cause du ton agressif qu’il avait pu utiliser, mais elle ne le fit pas et se contenta de le regarder encore un peu en silence.

« Je n’avais pas le choix, je ne pouvais pas te mêler à tout ça … Je n’ai jamais joué la comédie, je ne t’ai jamais menti sur mes sentiments. J’ai commencé bien après qu’on se soit rencontrés, bien après que je me rende compte que je t’aimais. Je t’en supplie, ne doute pas de ça … ». Une larme coula le long de sa joue que Nahla fit disparaître aussi vite que possible de sa main libre. S’il y avait bien une chose sur laquelle elle n’avait jamais menti c’était l’amour qu’elle pouvait éprouver pour lui, un amour toujours présent et qu’il le serait à jamais. Elle ne croyait pas au destin, toutefois elle croyait aux âmes sœurs et malgré ce qui se passait dernièrement, Nahla restait certaine qu’ils en étaient. « J’ai jamais voulu de tout ça, mais je n’ai pas le choix. Tu ignores ce dont ils sont capables pour me punir. Si je refuse d’exécuter un contrat c’est à Lucas qu’ils s’en prendront et crois-moi quand je te dis qu’ils n’éprouveront aucune pitié à tuer un garçon de trois ans. ». Nahla serra les dents pour retenir le hoquet de dégoût qui manqua de s’emparer d’elle à l’idée que quelqu’un puisse faire le moindre mal à son bébé. S’il n’y avait eu qu’elle dans l’histoire il était probable qu’elle ait abandonné depuis longtemps, mais il y avait tellement plus aujourd’hui et si la sud-africaine devait tuer l’amour de sa vie pour sauver son petit garçon elle le ferait. « C’est mon bébé … » ajouta-t-elle d’une voix tremblante et étranglée. La jeune femme baissa tout doucement son bras, pas parce qu’elle abandonnait mais bien parce qu’elle avait trop mal et que les larmes qui l’assaillaient à nouveau lui demander autant de force que possible afin de se calmer, raison pour laquelle elle détourna le regard et baissa la tête vers le sol.

Son fils était son tout. Il était la chose la plus précieuse au monde, la personne pour qui elle aurait donné sa vie sans la moindre hésitation, la personne sans qui elle s’effondrerait. Elle l’avait porté pendant neuf mois et l’avait aimé avant même de l’avoir eu dans ses bras. Elle s’était jurée de prendre soin de lui, de le protéger lorsqu’elle avait su être enceinte et c’était une promesse qu’elle refusait de briser, quoi qu’il en coûte. Elle avait su dès le début que l’avoir tout en étant une tueuse à gage était égoïste, mais elle n’avait pas pu se résoudre à s’en séparer. Il était un bout d’elle, un bout de Jayden et surtout la preuve vivante de l’amour qui les avait unis durant toutes ces années. Ce petit garçon elle l’avait désiré aussi égoïste que ça soit lorsqu’on en savait un peu plus sur ses activités. Toutefois, elle avait voulu croire qu’avec les années les choses s’arrangeraient et qu’un jour elle aurait fini de payer la dette de sa famille, mais ses pensées étaient utopiques, elle en avait conscience à présent. C’était son fils, son trésor et pour lui elle était capable de tout afin de s’assurer qu’il soit en sécurité. La simple idée que quelqu’un puisse lui faire le moindre mal la rendait malade et plus mauvaise que jamais. Il s’agissait de son bébé et elle pouvait se transformer en véritable lionne si jamais quelqu’un le menaçait. Jusqu’à présent elle était parvenue à le protéger et même si parfois elle devait s’éloigner de lui afin de faire ce qu’elle avait à faire, la sud-africaine s’était toujours assurée qu’il soit entre de bonnes mains et loin du danger.

La vie de Lucas comptait bien plus que la sienne, bien plus que celle de n’importe qui sur cette planète et elle se moquait éperdument de ce que pouvait penser les autres personnes de sa façon de voir les choses. C’était son enfant et elle était une mère protectrice bien qu’elle s’efforçait de ne pas être étouffante. Il s’agissait de l’une des rares choses bien qu’elle avait pu faire depuis sa naissance. Il était sa fierté et même si voir en lui son père tous les jours l’avait torturé, ça le rendait d’autant plus important à ses yeux et si elle devait tuer pour s’assurer que lui reste en vie, la jeune femme devait le faire, elle n’avait pas d’autre choix. Toutefois éliminer Jayden était tout aussi difficile. Elle sentait son cœur se détruire de minute en minute dans sa poitrine sans parvenir à trouver une solution pour les sauver tous les deux. Elle ne voulait pas le tuer, pas alors qu’elle l’aimait tellement. Il était une partie d’elle-même, une partie dont Nahla avait accepté de s’éloigner mais qu’elle refusait de perdre. Ils auraient pu fuir, mais la jeune femme savait très bien que peu importe leurs efforts ils seraient vite retrouvés et que ses patrons seraient capable de blesser toutes personnes importantes pour la faire sortir de son trou et lui faire payer son erreur. Se persuader qu’elle n’avait pas le choix n’était pas ce qu’il y avait de plus difficile, c’était appuyer sur la gâchette qui l’était et son cerveau tout comme son cœur refusaient de le faire. Elle ne pouvait pas et tant pis si elle était faible. « Tu ne pouvais pas me mêler à ça ? Nahla... la mort m'a toujours collé à la peau depuis que je suis rentré dans ce foutu gang ! Je n'aurais rien risqué de plus grave si tu m'en avais parlé et tu le sais très bien. »

La jeune femme se pinça les lèvres et cessa une bonne fois pour toute de lutter contre ses larmes. Elle le savait, mais elle avait tout de même refusé de le mêler à ça. C’était son fardeau, son problème et malgré tout l’amour qu’elle lui portait Nahla n’avait pas voulu l’impliquer, elle n’avait pas souhaité qu’il ait plus de problèmes qu’il avait déjà pu en avoir par le simple fait de faire partir d’un gang à Los Angeles. Lutter devenait de plus en plus difficile. Elle ne pouvait pas se résoudre à le tuer alors qu’elle savait ne pas avoir le choix si elle voulait que Lucas continu de grandir. Cette lutte l’épuisait et en plus de son bras, le reste de son corps ne tarda pas à s’engourdir malgré le fait qu’elle ait baissé le bras quelques instants pour se reprendre. En réalité, c’était toute cette vie clandestine qui la fatiguait mais même si elle souhaitait tout arrêter elle ne le pouvait pas … elle ne pourrait probablement jamais. « Si c'est Lucas le vrai problème de cette histoire, laisse-moi m'en charger alors. ». Son regard se posa à nouveau sur Jayden. Ce n’était pas Lucas le problème, mais sa survie qui dépendait uniquement de ce que Nahla allait faire ou non et elle ne supportait pas d’avoir autant de pression sur ses épaules, pas alors qu’il s’agissait de son fils et de l’homme qu’elle aimait. « Avec moi, il sera en sécurité. ». La sud-africaine passa à nouveau sa main libre sur ses joues pour faire disparaître les larmes qui avaient coulé. Elle inspira et expira lentement sans pour autant détourner les yeux ni baisser sa garde.

Elle aurait voulu que ça soit aussi simple, qu’elle ait juste à confier Lucas à son père, mais elle savait que ça ne suffirait jamais. « S’ils ont réussi à me donner autant d’informations sur toi tu crois vraiment qu’il sera en sécurité ? » demanda-t-elle d’une voix toujours aussi déformée par la douleur qu’elle éprouvait. Nahla voulait y croire, elle voulait sincèrement y croire mais elle n’était pas dupe et peu importe l’endroit où Lucas se trouverait, ils seraient capable de le retrouver. « Je t’aime et je n’ai pas la moindre envie de le faire. Je pourrais donner ma propre vie pour notre fils seulement … j’y arriverais pas, je ne peux pas faire ça. ». Un sanglot secoua tout son corps. Il fallait qu’elle détourne le regard. Les yeux posés sur Jayden compliquaient tout. En lui elle revoyait toutes ces années passées à ses côtés, tout cet amour qu’elle éprouvait pour lui et ce sentiment de sécurité qui l’envahissait à chaque fois qu’elle était près de lui. Alors, Nahla dévia son regard vers un tout autre endroit juste pour ne pas avoir à le regarder et pour ne pas se sentir plus faible qu’elle ne l’était déjà. Elle devait réfléchir à un moyen de s’en sortir, mais aucun ne lui en venait en tête et la sud-africaine s’en sentait plus que frustrée. A quoi bon être un génie si dans une situation telle que celle-ci aucune solution miracle ne lui venait ? Était-ce un moyen de lui faire comprendre qu’elle n’avait tout simplement pas le choix et que même si elle l’aimait de tout son être elle se devait de le faire ? Même si Nahla refusait d’y croire elle devait bien se rendre à l’évidence qu’aucune autre option ne s’offrait à elle.

Son souffle se faisait de plus en plus court. Dans sa poitrine elle sentait son cœur battre à toute vitesse et de manière irrégulière. Cette situation était sans le moindre doute la pire de toute, celle qui relevait des pires cauchemars qu’elle ait pu faire toutes ces années qui s’étaient écoulées. Il n’y avait pas pire scénario que celui-là. Il n’y avait pas de pires situations que celle à laquelle elle était actuellement confrontée. Toutefois, elle pouvait néanmoins avouer que ça lui permettait d’ouvrir les yeux sur quelque chose qu’elle ne parvenait pas à voir depuis qu’il était revenu dans sa vie. Même si elle aimait les deux hommes qui étaient à présent dans sa vie, le seul pour qui son cœur battait véritablement, le seul pour lequel ce même organe pouvait arrêté de battre se trouvait devant elle, menacé par elle-même. Elle l’aimait de tout son être. Chaque parcelle de son corps était irrémédiablement attirée par lui comme un aimant au fer. Le simple fait de poser les yeux sur lui éveillait en elle le désir qu’elle avait toujours éprouvé en sa présence, une sensation dont elle se savait incapable de se passer et qui était probablement similaire à la sensation de dépendance. Dépendante … c’était exactement ce que la jeune femme était. Elle était dépendante de lui, il était sa drogue, sa plus douce drogue et elle avait dû se sevrer par obligation durant trois années et bien qu’elle ait gardé la tête haute, la sud-africaine en avait souffert bien plus que ce qu’elle voulait avouer.

Bien sûr, elle aimait Roméo néanmoins elle était assez intelligente pour se rendre compte que cet amour était bien loin d’être au même niveau que l’amour qu’elle pouvait éprouver pour l’homme qui se tenait en face d’elle. Sans Jayden elle perdait l’une de ses raisons de vivre – la seconde étant bien évidemment son fils – et pourtant elle avait pour ordre de mettre fin à ses jours pour protéger ce trésor qu’était leur enfant. Sa plus grande peur était actuellement en train de se passer. Elle avait peur de le perdre et c'était à elle de la précipiter en se contentant d’appuyer sur la gâchette. Nahla l’avait déjà fait un bon nombre de fois sans éprouver la moindre émotion puisqu’elle ne pouvait pas se le permettre pour sa santé mentale. Cependant, c’était différent ce soir. La jeune femme avait laissé ses émotions la submerger au point d’être incapable de terminer un travail qu’elle savait pourtant si bien faire. Son cœur battait avec une telle rapidité que son sang affluait violemment dans chacune de ses veines et plus particulièrement dans celles se trouvant au niveau de ses tempes. Elle avait mal partout et se sentait bien plus faible et détruite qu’elle n’avait jamais pu l’être. Comment était-elle supposer faire une telle chose ? Tuer Jayden alors qu’elle l’aimait de tout son corps, de toute son âme était impossible alors que de l’autre côté elle se refusait de faire courir le moindre risque à leur fils. C’était un dilemme insoutenable auquel elle ne trouvait pas la moindre solution.

« Je te l'accorde... il courra toujours un risque, mais il sera plus en sécurité que s'il reste avec toi. ». Jayden essayait, il avait au moins ce mérite. Contrairement à elle, le jeune homme essayait de trouver une solution qui serait susceptible de convenir à tout le monde bien que ce ne fut pas le cas. Nahla connaissait assez bien ses employeurs pour savoir que peu importait l’endroit sur Terre où Lucas pourrait se trouver, il ne serait jamais en sécurité si elle n’exécutait pas l’ordre qu’on lui avait donné. Silencieuse et le menaçant toujours de son arme, la sud-africaine laissait la douleur la détruire comme si elle espérait y trouver une quelconque solution ou une quelconque échappatoire. Toutefois, ce fut Jayden qui baissa les bras en premier et elle ne put cacher sa surprise. « D'accord, j'ai compris... ». Les sourcils de la jeune femme se froncèrent sans qu’elle ne baisse sa garde. Elle avait confiance en lui et le connaissait par cœur. Elle savait que cette expression qui avait pris place sur son visage était réelle et qu’il cessait vraiment de se battre, mais la surprise restait présente. Nahla était bien incapable de dire quoi que ce soit, elle parvenait juste à le regarder ôter le chargeur de son arme et lancer les deux dans des directions opposées avant de poser les yeux sur elle, lui coupant d’autant plus le souffle. « Si c'est ce que tu as à faire, vas-y. Tire. ». La bouche de la sud-africaine s’ouvrit mais ce fut la seule chose qu’elle fit. Tout s’embrouillait dans sa tête, ses pensées comme ses sentiments.

Tout en elle se contredisait et elle laissa plusieurs minutes s’écouler dans le silence le plus religieux qu’il soit, le regard toujours posé sur Jayden, son arme toujours tendu en sa direction et ses larmes continuant de couler le long de ses joues. « Non. ». Sa voix venait de raisonner dans tout l’entrepôt tandis qu’elle baissait la tête et son bras. La jeune femme amena son arme vers son visage et la détailla en silence. Elle avait accepté bien des contrats depuis toutes ces années. Elle avait fait ce qu’on lui demandait sans poser la moindre question en parfait petit soldat. Elle était devenue l’un des meilleurs agents de cette organisation, mais cette fois elle refusait. Il était hors de question qu’elle le tue, pas lui. Jayden était son tout, l’homme qu’elle aimait, celui auprès de qui elle s’était promis de passer toute sa vie et elle comptait bien le faire un de ces jours. Le tuer était au-dessus de ses forces, pas alors qu’elle savait qu’elle ne serait plus capable d’avancer dans sa vie si elle savait l’homme de sa vie partit pour toujours. Sa main se crispa autour de l’arme qu’elle finit par jeter de toutes ses forces loin d’elle. Puis sans crier gare, elle brisa la distance qui la séparait de Jayden et s’empara de ses lèvres sans lui laisser le moindre temps de protester et se moquant éperdument de savoir s’il risquait de la repousser. Nahla enfreignait le règlement, elle surpassait ses droits mais elle en était incapable. Souffrir n’était pas dans ses plans et perdre le seul homme qu’elle aimait réellement encore moins. Sa vie sans Jayden n’aurait pas le moindre sens et son amour pour le néo-zélandais était plus fort que n’importe quoi, plus fort que sa crainte pour sa vie ou celle de leur fils … il était plus fort et sans doute le seul moyen de la faire tenir.

je t'avais dis que tu l'aurais ce soir

Faible ? Elle l’était. Toutefois cette faiblesse ne faisait pas le poids face à l’amour qu’elle pouvait porter à cet homme face à elle et qu’elle avait osé menacer. Elle l’avait menacé de son arme et, pendant un petit moment, elle était parvenue à se convaincre qu’accomplir sa mission était la meilleure solution à faire et pour ça la sud-africaine n’était pas prête de se pardonner. Comment avait-elle pu ne serait-ce qu’imaginer le fait d’appuyer sur la gâchette et d’ôter la vie de cet homme qui faisait battre son cœur de manière si irrégulière à chaque fois qu’elle était en sa présence ? Peut-être était-il idiot d’avoir eu besoin de tout ça pour se rendre compte que son choix était fait depuis des années, mais c’était pourtant le cas. Elle avait entendu un jour une phrase qui disait que l’amour était comme le vent, on ne pouvait pas le voir mais on pouvait le sentir et c’était exactement ce qu’elle pensait du sien pour Jayden. L’un comme l’autre ne pouvaient pas voir combien elle pouvait l’aimer mais Nahla le ressentait si ardemment qu’être passée à côté ces derniers jours lui semblait être pitoyable venant d’elle. Peut-être ne s’étaient-ils pas aimé dès leur rencontre, mais elle avait su dès ce jour qu’elle lui était redevable et surtout que sa route allait croiser bien souvent celle du néo-zélandais.

Les mises en garde de Siobhàn n’avaient servi à rien et petit à petit la jeune femme s’était attachée à cet homme qui lui avait sauvé la vie. Tout en lui avait fini par l’attirer tel un aimant avec du fer. Elle avait bien vite fait abstraction de ce qu’il faisait pour ne voir que l’homme qu’il était véritablement à l’intérieur et c’était du véritable Jayden dont elle était amoureuse, c’était pour le vrai lui qu’elle avait craqué. Son cœur lui appartenait depuis toujours et Nahla n’arrivait pas à savoir ce qui l’avait rendu aveugle. Elle savait aimer Roméo également, mais ce n’était pas l’amour si fort qui pouvait exister entre ces deux personnes présentent dans l’entrepôt. La jeune femme avait un esprit bien trop scientifique pour y croire jusque-là et pourtant elle ne pouvait plus nier le fait que, quelque part, Jayden et elle étaient des âmes sœurs, qu’ils étaient faits pour être l’un avec l’autre. La simple idée de le perdre l’aurait détruite et elle savait que malgré l’amour sans limite qu’elle pouvait éprouver pour son fils, elle n’aurait pas tardé à rejoindre Jayden où qu’il soit dans la mort. Cet homme était son tout. Il était comme l’oxygène qui la maintenait en vie. Il était celui sur lequel elle s’était reposée par le passé, la personne en qui elle avait le plus confiance – son jumeau mis à part.

Sa vie auprès de lui avait apporté un lot de souvenirs que la jeune femme n’avait cessé de chérir et qui lui mettaient le baume au cœur à chaque qu’elle se laissait aller dans une certaine nostalgie. Certes, Nahla lui avait menti mais c’était avant tout pour le protéger, pour – une fois de plus – ne pas lui apporter plus d’ennuis et de tracas qu’il n’avait pu en avoir lorsqu’il appartenait toujours aux Bloods. Mais le tuer … c’était impossible, la sud-africaine l’avait su dès qu’elle avait reçu son ordre de mission et pourtant elle avait vainement tenter de se convaincre que c’était ce qu’elle avait de mieux à faire pour protéger Lucas qui était à lui tout seul la preuve de l’amour qui unissait Jayden et Nahla, la preuve que le véritable amour existait vraiment. Si le cœur du jeune homme devait cesser de battre, le sien également parce qu’ils allaient de paire, qu’il en avait toujours été ainsi et qu’il en serait ainsi encore bien longtemps. Sa faiblesse, elle s’en moquait éperdument, la seule chose qui comptait était cet amour qui lui réchauffait le cœur et éveillait des papillonnements dans son estomac, une sensation agréable qu’il était le seul à créer de manière si intense. Peut-être faisait-elle une erreur en allant contre ses ordres, mais qui étaient-ils pour oser lui demander de faire une telle chose ?

Et qui étaient-ils pour faire pression sur elle en utilisant la vie de son fils ? Ils n’étaient que des monstres et Nahla refusait de leur faire plaisir, pas si le bon pouvait avoir le dessus sur le mauvais. Alors oui, elle baissait les bras mais uniquement pour quelque chose qui en valait la peine, pour lui, pour leur amour et rien n’était plus important que ça. Le sentir contre elle et capturer ses lèvres fut une véritable délivrance pour Nahla. Elle voulait croire eux même si elle savait qu’elle mettrait des années à se pardonner ses erreurs. Le fait que Jayden ne la rejette pas était déjà une victoire en soit, une preuve de ce qu’elle pensait au fond d’elle et du fait qu’il l’aimait bien trop pour lui en vouloir sincèrement – même si quelque part ça devait être le cas. Tout contre lui, la jeune femme ferma les yeux et se mordilla la lèvre pour ravaler les larmes qui la gagnaient. Leur vie aurait pu être simple … dans une autre dimension, Nahla n’en avait pas le moindre doute mais tous les deux avaient hérité de cette vie-là et la jeune femme était prête à tout pour faire survivre toute sa famille. « Tu peux pas prendre ce risque... ». L’air lui manqua subitement et tout aussi brusquement la sud-africaine ouvrit les yeux et ce tout juste avant que Jayden ne se sépare d’elle.

Le regard rempli d’incompréhension, elle le dévisagea sans rien dire, cherchant cette petite lueur qu’elle ne tarda pas à trouver dans son regard et qui lui prouva que malgré cet honneur qui le caractérisait il n’avait pas la moindre envie qu’elle exécute les ordres qu’on lui avait donné. « Pense à toi... pense à Lucas... ». Son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine. Les larmes en profitèrent pour se frayer à nouveau un chemin et parcourir divers voies le long de ses joues tandis qu’elle pinçait ses lèvres dans un dernier espoir futile de les arrêter. « C’est ce que je fais … » Parvint-elle à souffler entre deux sanglots. Oh oui ! C’était exactement ce qu’elle faisait, Nahla n’avait jamais été aussi égoïste qu’en cet instant précis et elle comptait bien continuer de l’être à la fois pour elle et pour leur fils. « Vivre sans toi c’est impossible pour lui comme pour moi. Je suis prête à prendre ce risque pour garder ma famille, je ne veux perdre aucun de vous deux et … » S’arrêtant brusquement dans sa phrase, elle ancra son regard dans celui de Jayden quelques instants puis baissa les yeux avant de reprendre. « Ma vie sans toi n’aura pas le moindre sens, ça serait comme oublier de respirer, ça me tuerait. ». La tête toujours baissée, Nahla fixa ses ballerines pendant de longues secondes avant de poser son front contre le torse de Jayden en fermant de nouveau les yeux, s’accrochant au tissu de son haut comme un naufragé à sa bouée de sauvetage parce que c’était ce qu’il était depuis des années : son sauveur.

Elle avait mal … mal à l’idée que quoi que ce soit puisse arriver à l’homme qu’elle aimait ou à son petit garçon – voire même à n’importe lequel de ses proches. Même si elle avait su prouver avec les années qu’elle était capable de ne laisser voir que ce que bon lui semblait, qu’elle pouvait être froide et dénuer de toutes émotions, ce n’était pourtant pas le cas parce que la jeune femme restait humaine malgré tout et qu’elle ne faisait qu’encaisser un peu plus à chaque fois. Jamais elle n’était parvenue à comprendre ces personnes qui réellement ne ressentaient rien, ces sociopathes auxquels elle pouvait ressembler lorsqu’elle exécutait un quelconque contrat. Malgré son intelligence et sa facilité à comprendre le monde il s’agissait néanmoins de quelque chose qu’elle n’avait jamais saisi tant elle pouvait souffrir un peu plus chaque jour face à ce qu’elle avait pu faire jusqu’à présent et ce qu’elle allait probablement continuer de faire encore quelque temps. La Sud-africaine ne comprenait pas non plus la raison pour laquelle elle était poursuivie par la malchance. Après tout, qu’avait-elle fait de travers par le passé pour mériter un tel avenir ? Elle avait toujours fait en sorte d’aider son prochain et lorsque sa mère avait quitté ce monde, Nahla s’était retrouvée dans l’obligation de faire l’opposé de ce qu’elle avait toujours accompli jusqu’alors.

Elle savait qu’elle n’était pas la seule puisque son jumeau avait été entraîné dans cette descente en enfer avec elle mais il lui arrivait parfois d’être égoïste et de penser à ce qu’elle avait bien pu faire pour mériter tout ça. Mais aussi dégoûtée qu’elle pouvait être par elle-même, la jeune femme avait toujours exécuté ses contrats sans même s’y opposer, faisant taire son humanité à chaque fois qu’elle quittait New York ou le sol américain pour faire ce qu’elle avait à faire. Toutefois, celui-là il était tout bonnement hors de question qu’elle l’exécute, elle l’avait su au moment même où elle avait ouvert l’enveloppe, elle l’avait su au plus profond d’elle-même parce que sa cible n’était pas n’importe qui. Nahla n’avait pas lu les informations dans les détails puisqu’elle le connaissait par cœur et savait comment l’avoir. Elle s’était contentée de combler les trous des trois ans qu’il avait passé loin d’elle et au final elle était parvenue à ses fins mais était tombée de bien haut en se rendant compte du fait qu’elle était tout simplement incapable de faire ce qu’on lui demandait. Jayden était tout pour elle alors que rien n’avait laissé supposer que ces deux-là finiraient ensemble lorsqu’ils vivaient encore à Los Angeles. Il était entré sa vie brusquement mais n’en était plus jamais sorti et Nahla refusait d’être celle qui le ferait disparaitre à tout jamais. Il était le père de son fils, mais il était avant tout l’homme qu’elle aimait le plus au monde, l’homme dont même les défauts étaient des qualités, l’homme qu’elle serait prête à pardonner pour n’importe quoi tant elle pouvait l’aimer.

L’idée de lui ôter la vie lui donnait la nausée et l’affaiblissait bien plus qu’elle n’avait pu l’être jusque-là et les raisons qui la poussèrent à baisser les bras étaient multiples mais toutes l’avaient aidé à ne pas commettre l’irréparable et ce même si Lucas et elle-même finissaient comme cibles à cause de son choix. Elle serait capable de protéger son fils, elle en était persuadée et ce même si elle devait donner sa vie en échange, mais jamais elle ne serait capable de vivre sans Jayden, c’était à présent une évidence pour elle. « Calme-toi, s'il te plait... ça va aller, on va s'en sortir. ». Dans les bras du Néo-zélandais elle se sentait plus en sécurité que jamais comme à chaque qu’elle avait pu s’y réfugier par le passé. Jayden dégageait ce petit quelque chose qui faisait qu’auprès de lui elle n’avait plus peur de quoi que ce soit, elle se sentait plus sereine que jamais et la jeune femme tenta alors de se calmer pour lui, de faire cesser ses sanglots du mieux qu’elle le pouvait. Nahla se sentait si faible à présent qu’elle ne savait plus quoi faire pour se reprendre, même son cerveau refusait de l’aider à se reprendre et à trouver une solution digne de ce nom pour s’en sortir et pour s’assurer que tous ses proches seraient en sécurité. A la place, elle resta contre le jeune homme en fermant les yeux tout en s’efforçant de retrouver une respiration un tant soit peu calme jusqu’à ce que Jayden se sépare d’elle, la forçant à ouvrir à nouveau les yeux puis à poser son regard sur le jeune homme tandis qu’il entourait son visage de ses mains.

Nahla resta silencieux, ses yeux ancrés dans le regard de l’homme qu’elle aimait, ses mains se posant doucement sur les siennes sans qu’elle ne fasse d’autres mouvements que ceux-là. « Jamais je ne t'abandonnerai. Je me battrai jusqu'au bout pour toi, pour Lucas, parce que vous êtes mes raisons de vivre. ». Instinctivement, la Sud-Africaine se mordilla la lèvre inférieure avant de lui adresser un léger sourire, son regard toujours baigné de larmes bien que laissant facilement transparaître le fait qu’elle était touchée par les propos de Jayden. « Tu ne seras plus jamais seule. Je te le promets. Je t'aime et tu pourras toujours compter sur moi. Je ne les laisserai pas t'atteindre. ». Doucement, l’une de ses mains glissa jusqu’au visage de Jayden et caressa tendrement sa joue avant que la jeune femme ne se débrouille pour que les mains du Néo-zélandais quittent son visage lui permettant ainsi de s’approcher de lui pour capturer à nouveau ses lèvres l’espace de quelques secondes avant de planter une nouvelle fois son regard dans le sien. « Je veux sortir d’ici … emmène-moi loin. » Chuchota-t-elle sans le quitter des yeux et toujours près de lui. Nahla voulait partir. Elle voulait s’éloigner de cet entrepôt et de ce qu’il pouvait désormais représenter dans sa tête. Elle voulait en être le plus loin possible, mais surtout elle désirait être quelque part où elle pourrait se sentir en sécurité auprès de l’homme qu’elle aimait, auprès de Jayden et uniquement auprès de lui.

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