Manhattan, ses rues, ses taxis jaunes, ses touristes et ses grands immeubles. Tout était si paisible, et ennuyant. Ruth était là, tel un oiseau égaré au beau milieu de l'océan avec ses marées, répétitives et immuables.

La jeune femme avait fini sa journée, une journée calme sans grands rebondissements, pour une fois elle n'avait fait que son travail et n'avait pas cherché à espionner qui que ce soit. Oh non, elle ne se lassait pas, elle ne pouvait pas se le permettre, au fond elle n'était qu'un objet dont on se servait, et elle devait accomplir sa tache. Mais aujourd'hui, aucune occasion ne s'était présentée, de plus il fallait de temps en temps faire mine de rien et être à jour dans son travail à la banque, sous peine d'attirer l'attention et ne plus passer inaperçue. Au travail, tout le monde pensait qu'elle était une New-Yorkaise de base, avec un bon diplôme, qui avait une vie tranquille. Certains s'autorisaient à lui faire de l'oeil, gentiment, il faut dire qu'elle n'était pas très laide non plus. Malgré tout elle faisait mine de rien, et continuait à faire des sourires aux personnes qu'elle voyait. Elle n'était pas la potiche de service non plus, les gens la respectaient pour son calme, son intelligence et surtout sa discrétion. Car oui, elle avait toujours mit un point d'interrogation sur ce point-là, il ne fallait jamais faire partie de ces gens qui jacassent à longueur de journée, qui propagent les rumeurs, au risque de voir sa réputation salie.

Enfin bref, elle se trouvait assise sur un banc aux pieds de l'immeuble qui habitait le siège de la banque où elle travaillait. Elle hésitait, rentrer ou aller boire un verre. C'est alors qu'un collègue lui envoya un message afin de lui proposer de venir dans un bar de Park Avenue. Elle profita donc de l'occasion pour faire un choix, celui d'aller boire un coup. Elle ne connaissait pas le bar, elle l'avait aperçue lors de ses balades "obligatoires" mais n'avait jamais eu l'idée d'y rentrer. Allez savoir. New-York, c'est grand, et il aurait fallu plusieurs vies (et beaucoup de temps) pour en visiter tous les recoins, et elle n'avait pas que ça à faire. Oh bien sûr elle avait vue du pays grâce à sa vie qu'on avait choisi pour elle. Elle avait adoré l'Afrique du sud, un climat idéal, des gens sympathiques ainsi que des paysages à couper le souffle.

Elle mit son casque, alluma la musique et se mit en route. Un doux morceau de rock venait retentir dans ses tympans pour son plus grand plaisir. Le rock était une petite douceur qu'elle s'accordait, la seule vraie musique qui pouvait la transporter loin, très loin. Plusieurs morceaux, de manière aléatoire, s'enchaînèrent.

Elle était enfin arrivée, elle poussa la porte du bar et observa, comme à son habitude, le lieu. Ce n'était pas très grand, sur sa droite se trouvait cinq personnes assises sur des tables et en face le bar doté d'une dizaine de tabourets tout au plus. Une lumière tamisé assurée une ambiance tranquille, ce n'était pas un bar à beuverie loin de là, c'était un coin plutôt classe, qui au fond lui correspondait. Elle n'aimait pas entrer dans ces bars où les gens parlent trop fort, où la musique est étouffante et où l'alcool coule à flot, comme dans les romans de Zola. Elle continuait d'épier la pièce pour voir si son collègue était là, personne en vue. Elle se mordait la lèvre, par réflexe, elle ne savait pas quoi faire, s'asseoir et ressortir afin d'attendre. C'est à ce moment-là que le barman entra dans sa ligne de mire : Dylan Jameson! Elle n'en revenait pas, si elle avait pensé le retrouver ici! Le malaise qu'elle ressentait ne faisait que croitre, si elle allait le voir il lui poserait surement des questions et cela n'aurait rien de bon. C'est pour cette raison qu'elle se retourna, prête à quitter le lieu quand elle entendit une voix masculine crier son nom. Elle était en train de rediriger son regard vers la pièce quand elle comprit que ce n'était pas elle qu'on appelait, c'est alors qu'elle croisa le regard du jeune homme, alors par obligation et quelque part une certaine envie car elle appréciait Dylan, elle s'avança vers le bar. "Dylan, salut! Mais que fais-tu ici? Ça fait tellement longtemps!" Tout en disant ces derniers mots, elle prit un tabouret pour s'y asseoir et fixa le jeune homme de son regard platonique et constant.