❝ Elijah & Loan ❞

Délivrance … ce fut le mot qu’elle ne cessa de se répéter encore et encore durant plusieurs jours. Elle n’avait jamais été aussi heureuse de quitter son appartement que quelques jours plus tôt. Son réveil avait sonné dans les alentours de quatre heures et demie, et aussitôt elle avait sauté du lit de bonne humeur et avait retrouvé ces gestes du matin qui lui manquaient tant. Elle n’avait pas eu spécialement faim ce jour-là, car malgré sa joie la dépression était toujours dans le coin et lui coupait bien souvent l’appétit, mais elle s’était forcée afin d’être certaine de pas faire une syncope en plein milieu de la journée. Une fois douchée et habillée, la destination qu’elle avait rejoint lui avait donné le sourire aux lèvres pendant tout le trajet, toutefois lorsqu’elle était arrivée jusqu’à l’entrée des lieux elle avait fait de son mieux pour qu’une expression neutre prenne place sur son visage. Elle se devait d’être sérieuse et c’était ce qu’elle avait fait. Elle avait foulé le sol de Fort Hamilton comme si c’était la première fois – enfin à quelques petites choses près – et c’était la boule au ventre qu’elle avait rejoint le bureau du Général. Elle était angoissée et craignait d’entendre dire qu’il fallait qu’elle prenne encore quelques jours de plus, ce qu’elle refusait catégoriquement, mais elle n’aurait pas vraiment eu le choix. Nerveusement, elle avait joué avec ses mains et ce avant tout pour cacher le fait qu’elle tremblait et puis elle était entrée et avait écouté attentivement les paroles de son supérieur avant de se sentir plus soulagée que jamais. Elle reprenait du service, bien sûr pour le moment elle ne partait nulle part, mais elle devait se rendre sur la base tous les jours et faire son travail aussi bien qu’auparavant.

Toutefois, ce n’était pas tellement le fait de revenir sur la base qui la rendait aussi joviale, non c’était la perspective de retrouver son bébé et dès le premier jour elle avait fait le tour de ce dernier pour s’assurer que personne n’avait mis ses sales pattes dessus. A premier vue, il n’avait pas changé et avait toujours autant besoin de quelques réparations et de voir quelques pièces être changées par ici et par là. Sa dépression ne la quittait peut-être pas, toutefois la jeune lieutenant avait de quoi s’accrocher pour un petit moment même si elle savait que les réparations n’étaient pas prioritaires – bien que nécessaires. Son petit F/A-18 Hornet lui avait toutefois terriblement manqué et même s’il n’avait pas connu beaucoup de territoires différents, il avait eu quelques séquelles lors de son dernier voyage en Afghanistan et Loan savait que, tôt ou tard, il en aurait de nouvelles. Seulement, jusqu’à ce jour ses allers et retours sur la base militaire de Fort Hamilton s’étaient résumés aux entraînements qu’elle devait suivre – et autant dire que dans son état elle en avait bien besoin – et aux autres exercices habituels. En quelques jours, elle avait retrouvé un semblant de forme et parvenait mieux que jamais à cacher le fait qu’elle allait mal puisque pour Loan il était hors de question d’avoir à subir plus de congés qu’elle n’en avait déjà eu jusqu’alors. Mais aujourd’hui était un jour spécial à ses yeux. Même si comme tous les matins elle avait dû ouvrir les yeux avant même que le soleil ne soit levé sur New York, même si elle avait dû faire son jogging habituel avec l’unité à laquelle elle appartenait, tout le reste de sa journée allait se résumer à entretenir et réparer l’avion qu’elle pilotait. La jeune femme était fière de pouvoir s’en occuper elle-même et elle se souvenait encore parfaitement du jour où un mécanicien avait tenté d’approcher le F/A-18 Hornet … autant dire que depuis, tous les avions que la jeune femme devait piloter et qui avaient besoin de réparations passaient entre ses mains et pas entre celles de quelqu’un d’autre.

L’USAFA lui avait permis de savoir réparer la plupart des avions de l’armée de l’air et de déceler rapidement un problème. Certes, Loan était bien plus douée dans tout ce qui touchait la mécanique et était parfois forcée de laisser d’autres techniciens s’assurer du bon fonctionnement de l’avion, mais elle apprenait sur le tas et s’efforçait de tout retenir pour prouver être capable de tout faire elle-même même si pour ça elle devait tout de même obtenir un nouveau diplôme. Cependant, aujourd’hui c’était un problème mécanique qui requérait son attention et la jeune lieutenant ne tarda pas à en venir à la conclusion qu’une pièce avait besoin d’être changée et qu’elle devait donc se tourner vers le seul fournisseur de confiance qui se trouvait à New York. Se rendre à Staten Island fut bien plus rapide qu’elle ne le pensait. La plupart des personnes travaillaient à cette heure-ci et n’encombraient donc pas les routes jusqu’aux ferries qu’elle prit pour se rendre sur l’île où son fournisseur favori avait son petit garage et ses hangars. Néanmoins, à sa plus grande surprise, ce ne fut pas Cam – un vietnamien de l’âge de son père, soit une soixantaine d’années – qui vint l’accueillir, mais son apprenti. Sourcils froncés, la jeune femme pencha la tête sur le côté pour tenter d’apercevoir ce qui se passait dans le hangar derrière le petit garage, mais en vain. « Cam n’est pas là aujourd’hui, il faudra repasser dans quelques jours. ». Nouveau froncement de sourcils. Cam ne prenait quasiment jamais de congés, il aimait bien trop son travail et Loan le savait pour avoir parlé pendant plusieurs heures avec lui. Le jeune homme devant lui mentait et à en voir les tremblements de ses mains quelque chose était en train de passer.

Légèrement inconsciente sur les bords, la jeune femme parvint à repousser le jeune homme et s’engagea en toute discrétion vers le hangar. Apparemment l’apprenti de Cam ne semblait pas vouloir se mêler de ce qui se passait et ne se risqua donc pas à la suivre. Loan parvint à trouver un endroit où elle aurait vu sur toute la scène sans pour autant être vue elle-même. Visiblement, elle avait visé juste. Les hommes armés qui se trouvaient autour de Cam laissaient facilement deviner que ce dernier avait des ennuis, seulement elle ne parvenait pas à entendre un seul mot de la conversation qui se déroulait sous ses yeux. « On ne t’a jamais dit que la curiosité était un vilain défaut ? ». Et merde … Loan se mordit la lèvre inférieure en guise de punition pour sa bêtise et tourna doucement la tête vers son interlocuteur bien qu’elle fut surtout intéressée par l’arme qui croisa le bout de son nez. Mécaniquement, elle leva les mains au-dessus de sa tête et se redressa tout en douceur, autant éviter une balle et elle ne préférait même pas tenter le diable et jouer au héros. Seulement, l’homme qui la menaçait d’une arme n’avait pas la moindre confiance en elle – ce qui était tout à fait compréhensible – et l’assomma d’un coup bien placé au niveau de la tempe. Ce fut donc avec une violente douleur à ce niveau qu’elle ouvrit péniblement les yeux pour remarquer le fait qu’elle était attaché à une chaise au niveau de ses chevilles et les mains dans le dos. Son œil gauche picotait à cause du sang qui s’y écoulait, mais malgré ça elle tenta de se délivrer, sans aucun succès. « Et merde … ». C’était bien sa chance … Pourquoi devait-elle toujours se mêler de ce qui ne la regardait pas ? Bon, il était vrai qu’elle faisait partie de l’armée, que Cam était son ami et qu’ayant deviné que quelque chose n’allait pas elle n’avait pas pu partir comme ça, mais tout de même … pourquoi est-ce qu’elle devait forcément tomber sur les problèmes impliquant des hommes armés qui allaient la passer à tabac pour savoir pour qui elle travaillait ?

Elle avait véritablement le don pour s’attirer les ennuis, c’était à présent indéniable et pourtant elle faisait tout pour rester dans le droit chemin, du moins si on mettait certaines de ses fréquentations de côté. Si aujourd’hui elle se trouvait à Staten Island ce n’était pas pour se mêler d’affaires qui ne la concernaient pas, non tout ce qu’elle était venue faire ici était de venir chercher une pièce de rechange pour s’assurer du bon fonctionnement de son avion. Cam était l’un des seuls fournisseurs en qui elle avait totalement confiance … il y avait ça et le fait qu’il lui rappelait son grand-père et que le plus souvent lorsqu’elle lui rendait visite et parlait avec lui c’était en utilisant le vietnamien. Elle n’avait jamais été particulièrement douée en langues, toutefois celles qui faisaient partie de son héritage elle les maîtrisait à la perfection et appréciait le fait de les utiliser avec des gens du pays. Cam lui permettait de penser à son enfance et d’oublier ses problèmes juste quelques heures. Il s’inquiétait pour elle comme si elle était sa propre fille et cette sensation d’avoir de l’importance aux yeux de quelqu’un était précieuse pour Loan. Le savoir en difficulté ne lui plaisait que très peu et même si par moment elle ferait mieux de filer plutôt que de foncer sans réfléchir, tête baissée, elle ne voulait pas courir le risque d’attendre trop longtemps les renforts pour le sortir des problèmes dans lesquels il s’était apparemment mis. Lorsqu’ils se voyaient il ne lui parlait que très peu des affaires, avec le temps elle avait fini par se dire que c’était parce qu’il ne voulait pas l‘ennuyer avec ça et elle ne l’avait jamais forcé à parler, respectant son choix et ce peut-être par égoïsme, mais là … c’était différent.

Certes, elle n’avait pas la moindre idée des personnes à qui elle allait devoir faire face, mais ça n’avait que très peu d’importance, tout ce qui comptait était d’essayer de l’aider. Sauf qu’elle n’avait pas été prudente. Il était surprenant de voir que, sur le sol américain, elle avait bien moins tendance à surveiller ses arrières, comme si une fois de retour au pays il n’y avait plus aucune raison de surveiller ses arrières comme lorsqu’elle était en mission … grossière erreur de sa part. L’homme qui l’avait menacé, elle ne l’avait pas entendu venir et Loan s’insulta mentalement à plusieurs reprises lorsqu’elle entendit ce dernier s’adresser à elle, toutefois elle ne s’était sûrement pas attendue à se faire assommer avec la crosse de son arme. Non, la jeune femme se voyait déjà être poussée en direction du petit groupe d’hommes armés un peu plus loin tandis que son agresseur ferait part à son supérieur de la jolie petite prise qu’il venait de faire et après elle aurait vu les ennuis foncer droit sur elle. A la place elle se trouvait au beau milieu d’une grande pièce, attachée à une chaise et loin de tout ce qui pouvait bien se passer dans le hangar voisin. Pourtant, elle parvenait à entre des brides d’informations si elle se concentrait assez et remarquer que Cam avait peur n’était pas bien difficile surtout lorsqu’il employait des mots vietnamiens que Loan était sans doute la seule à comprendre. Apparemment, son fournisseur favori avait joué avec le feu en empruntant de l’argent à des hommes que très peu fréquentables et puisque la crise se faisait sentir partout, il n’avait probablement pas eu le temps de payer ses dettes et maintenant il en payait le prix.

Cependant, la jeune femme cessa bien vite de se concentrer sur ce qui était dit de l’autre côté de la pièce dans laquelle elle était enfermée lorsqu’elle sentit une migraine venir frapper au niveau de ses tempes, ajoutant une douleur supplémentaire à celle qu’elle ressentait déjà. Serrant la mâchoire pour retenir son gémissement de douleur, Loan essaya tant bien que mal de desserrer les liens qui la maintenaient captive seulement la seule chose qu’elle parvint à faire fut d’entailler ses poignets avec la corde. « Ah ! Le digne successeur de Nikolas Vryzakis ! Elijah, je suis tellement content de vous voir et sincèrement désolé pour votre père, mais le connaissant il a plus d’un tour dans son sac et n’aura aucun mal à se tirer de ce mauvais pas, hm ? ». Loan cessa brusquement tout mouvement et redressa la tête pour poser son regard sur la porte de la pièce. Etait-elle folle ? Etait-elle tellement désespérée qu’elle en venait à croire que, comme par miracle, Elijah se trouvait justement chez le même fournisseur et qu’avec un peu de chance elle pourrait s’en sortir ? La jeune femme se donna une gifle mentale pour tâcher de se reprendre, ce n’était véritablement pas le moment de se mettre à espérer des choses folles. Bien trop concentrée à essayer de se détacher une nouvelle fois – et empirant ses blessures au poignet – elle n’entendit pas un seul moment de la conversation qui avait lieu de l’autre côté et plus découragée que jamais, elle fit tanguer sa chaise qui accepta au bout de quelques minutes de tomber à la renverse sans pour autant provoquer un gros raffut … génial parce qu’en plus d’avoir mal partout et de ressembler à une folle, cette tentative ne servait strictement à rien à part la mettre dans une position inconfortable.

« Je vous accorde un délai supplémentaire pour me rembourser et je reverrais sûrement le taux d'intérêt à la hausse : les temps sont durs en Grèce. Après ça, ne vous avisez plus jamais de vous en prendre à mes employés ou même de venir frapper à ma porte pour parler affaire sauf si vous tenez vraiment à tester la manière dont nous nous occupons des mauvais payeurs. C'est clair ? ». Cette voix-là, elle ne l’avait pas imaginé, elle en était certaine. Le souffle court et nez à nez avec la poussière se trouvant sur le sol, Loan se contorsionna de sorte à faire face à la porte comme si elle allait être capable de voir à travers cette dernière pour confirmer sa pensée. « Francis … ». Sa voix était faible sans doute dû au fait que la chute lui avait coupé la respiration pendant un court laps de temps, mais elle chercha tout de même à respirer correctement. Une grimace déforma son visage tandis qu’elle usait de tout son poids pour retourner la chaise de sorte à être allongée sur le dos tout en écrasant douloureusement ses mains. « Bordel … ELIJAH ! ». Bonne ou mauvaise idée, elle n’en savait rien. Rien ne lui garantissait qu’elle allait être entendu malgré le hurlement qu’elle venait de pousser. Rien ne lui permettait d’être certaine qu’il viendrait l’aider … après tout la dernière fois qu’ils s’étaient vu n’était pas un très bon souvenir – malgré l’attention qu’il avait eu d’aller lui chercher de quoi déjeuner le lendemain – mais autant tenter le tout pour le tout et espérer que leur amitié avait un tant soit peu d’importance pour lui.

Elle avait mal partout et le souffle coupé. La position qu’elle avait prise quelques instants plus tôt n’était pas des plus confortables et plus le temps s’écoulait et moins la jeune femme parvenait à sentir ses mains. La circulation de son sang à cet endroit était bloquée à la fois par les cordes qui la maintenaient attachée à la chaise et la chaise elle-même qui les écrasait parce que, finalement, il n’y avait que comme ça qu’elle pouvait respirer convenablement. Avoir fait tomber cette chaise n’était pas l’idée du siècle et elle regrettait amèrement de l’avoir fait, d’autant plus que ça n’avait servi à rien hormis éveiller de nouvelles douleurs dans son corps et d’empirer l’état de ses pauvres poignets. Toutefois, même si elle devenait de plus en plus incapable de bouger ne serait-ce que le petit doigt, elle continuait de sentir le fait que les cordes lui lacéraient la peau de ses poignets et la douleur devenait de plus en plus insupportable au fur et mesure que le temps s’écoulait. Mais que pouvait-elle bien faire d’autre hormis attendre pour voir ce qui allait lui arriver ? Ainsi attachée elle ne pouvait rien faire et puisque ses entraves étaient fortement serrés s’en libérer était impossible. C’était dans ce genre de situation qu’elle regrettait le fait de ne pas toujours avoir un couteau sur elle et pourtant c’était l’une de ses règles – elle avait un peu trop tendance à regarder NCIS dernièrement – mais elle s’était dit qu’en venant chez Cam elle ne courrait aucun risque, très grosse erreur apparemment. Cependant, il fallait bien avouer qu’il y avait au moins une chance sur mille pour que son fournisseur ait de si gros problèmes, mais apparemment elle était un aimant et par extension ses proches l’étaient également, enfin pas tous encore heureux. Les pieds dans le vide et la tête ne pouvant pas regarder autre chose que le plafond ou tout ce qui se trouvait dans un rayon assez proche de sa tête, rien ne lui donnait l’espoir de pouvoir sortir de là avant que quelqu’un ne vienne la chercher.

Elle savait ce qui l’attendait et pourtant elle ne connaissait pas ces hommes, mais elle en avait connu des comme eux, enfin plus ou moins. La jeune femme était bien trop fière pour l’avouer, mais elle avait peur … elle avait toujours eu peur de ces types armés qui se moquaient éperdument des dommages collatéraux, ce qu’elle était de toute évidence. En clair, pour elle il n’y avait pas tellement d’issus possible hormis la torture ou tout simplement la mort … enfin au moins ça mettait un terme rapide à son actuelle dépression. Oui, enfin c’était ce qu’elle avait pensé avant d’être certaine que la seconde voix masculine qui lui était parvenue aux oreilles était bien celle d’Elijah. Son sang n’avait fait qu’un tour et dans sa poitrine son cœur s’était mis à battre la chamade. Elle avait peut-être une chance finalement. Même si elle n’aurait eu que très peu envie d’en savoir plus sur les fréquentations du jeune homme d’ordinaire, cette fois elle était bien heureuse qu’il ne fasse pas dans la légalité et priait intérieurement pour qu’il la sorte de là, mais rien n’était joué, elle le savait. Ils se connaissaient depuis tout petit et avaient cette étrange relation entre eux qui les forçait à se détruire plus qu’autre chose, toutefois Elijah avait toujours été là pour elle et s’il en avait eu besoin Loan lui rendu la pareille. Malheureusement, lorsque la porte s’ouvrit ce ne fut pas le jeune homme qui apparut dans ce champ de vision, mais bien l’homme qui l’avait assommé un peu plus tôt et immédiatement la colère s’empara de la jeune lieutenant qui se débattit dans tous les sens – lui donnant des airs d’anguille – même si elle savait que ça ne servirait à rien. « Arrête de bouger, ma mignonne ! ». Loan se stoppa et attendit bien sagement d’être redressée pour lui cracher au visage ce qui lui valut une gifle si violente que sa lèvre inférieur se déchira, mais elle s’en moquait et était bien fière d’avoir tapé dans son égo.

Elle sentait dans le regard de son agresseur que ce n’était pas une simple gifle qu’il avait envie de lui infliger, mais quelque chose le retenait et ce n’était pas plus mal … pour lui en tout cas. Traînée sur sa chaise jusqu’au hangar où se trouvaient les autres, Loan fit bien vite face à Elijah sur qui elle n’eut aucun mal à poser les yeux. Elle faisait peut-être peur à voir avec cette colère dans son regard et ses blessures à la tempe et à la lèvre, mais il était de loin la seule personne rassurante dont elle voulait croiser le regard même si cette certitude vola en éclats lorsqu’elle remarqua l’expression froide et distante qui avait pris place sur son visage. « Qu’est-ce que tu fous là ? ». Malgré la situation, Loan ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. A l’entendre c’était presque à croire qu’elle l’avait suivi ou qu’elle était là par plaisir. Toutefois, avant de lui répondre elle jeta brièvement un regard tout autour d’elle et se sentit rassurée de remarquer que Cam était toujours en vie et ce fut pour qu’il le soit également qu’elle lui adressa un sourire si discret qu’il fut le seul à le remarquer. Ses yeux voyagèrent de nouveau en direction d’Elijah à qui elle comptait répondre avant d’être doublée par celui qui, apparemment, tirait les ficelles de ce petit groupe. « Tiens, tiens, vous vous connaissez ? On pourrait peut-être renégocier le contrat ? Elle vaut combien pour vous ? La somme que je vous emprunté avec les intérêts ? ». Bien qu’intérieurement elle était en train de paniquer, la jeune femme ne laissa rien transparaitre hormis une pointe d’agacement. Il la prenait pour une marchandise maintenant ? Manque de chance pour lui elle n’était ni à vendre ni à échanger contre quoi que ce soit, du moins elle l’espérait. « Tu ferais mieux de la détacher aussi, Jim. ». Elle était touchée par l’intérêt que semblait lui porter Elijah et rassurée aussi, mais elle savait également que le ton qu’il venait d’employer avait beau être particulièrement froid, ça n’allait rien changer au fait que ce fameux Jim n’allait pas à démordre, elle pouvait le lire dans son regard.

« Je ne vaux rien. ». Loan obtint ce qu’elle espérait soit l’attention de ce Jim qui lui donnait froid dans le dos. Tandis que l’homme s’approchait d’elle, l’une de ses mains avait fait la rencontre d’un clou de la chaise qui semblait également vouloir prendre la fuite. Sans rien laisser soupçonner, Loan parvint à le retirer en toute discrétion et commença à limer la corde qui retenait ses mains. « Vraiment ? Un joli minois comme le tient doit forcément valoir quelque chose. ». Loan planta son regard dans celui de Jim, toujours imperturbable et continua de limer aussi discrètement que possible. « Oui, vraiment. Nikolas préférerait me voir morte, croyez-moi … Disons que j’ai un peu trop tendance à vouloir avoir son fils rien que pour moi et que ça ne lui plait pas du tout. ». Ce qu’elle pouvait en dire des conneries lorsqu’elle le voulait. Si Loan continua de regarder Jim droit dans les yeux pour qu’il ne devine pas son mensonge – qui quelque part ne l’était peut-être pas tellement – ce ne fut que lorsque l’homme décida de s’éloigner d’elle qu’elle se risqua à poser les yeux sur Elijah. Malgré sa blessure à la lèvre et la douleur que son geste éveilla, la jeune femme se la mordilla comme lorsqu’elle était consciente de faire une bêtise et qu’elle était sur le point de se faire attraper la main dans le sac, c’était bien là le seul moyen de lui faire comprendre qu’elle était en train d’essayer de se sortir de là toute seule … oui enfin jusqu’à ce que sa tête soit tirée violemment en arrière et que le clou lui soit arraché des mains. « Je te conseille de me lâcher tout de suite ou crois-moi tu ne pourras plus jamais te reproduire. ». Apparemment ses paroles avaient quelque chose d’amusant vu le sourire qui apparut sur les lèvres de l’homme qui lui maintenait la tête en arrière après avoir empoigné ses cheveux, mais Loan fit moins la fière lorsque le froid d’une lame vint se poser sur sa gorge … il était peut-être temps qu’elle arrête de parler.

Si sa vie continuait à prendre cette voie elle n’allait pas tarder à faire le choix de se barricader dans son appartement et ce même si elle se refusait à avoir peur de tout. Loan ne bougea pas d’un millimètre et de toute manière au vue de la manière dont sa tête était tenue en arrière elle préférait éviter de se déplacer la moindre petite chose dans sa nuque. Le plafond et l’homme qui lui empoignait les cheveux étaient bien les seules choses que la jeune femme voyait et ce n’était pas pour la rassurer, c’était comme perdre encore plus le contrôle de la situation. « En affaire, c’est sûr : tu ne vaux rien. Laisses papa et maman discuter. ». Sa mâchoire se crispa. Loan resta silencieuse sachant pertinemment qu’Elijah avait parfaitement raison, en affaire elle ne valait rien pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait jamais eu à en faire. Pendant des années elle s’était contentée de suivre les ordres et même si aujourd’hui elle avait beaucoup plus l’allure et le caractère d’une meneuse elle ne l’était pas tant dans le fond et autant éviter d’empirer sa situation. « Du calme Jimmy, tu sais qu’on n’accepte que l’argent cash. ». Son regard toujours mauvais ne quittait pas l’homme près d’elle et Loan aurait tout donné pour avoir les mains déliées afin d’attraper son arme pour lui mettre une balle dans ses bijoux de famille afin d’extérioriser la colère qui l’envahissait depuis qu’elle s’était retrouvée attacher et au beau milieu d’une histoire qui ne la concernait pas.

« Les règles sont faites pour être changées, hm ? », « Pas celles de mon père. », « C’est peut-être à cause de ça que papa est en prison… Elijah, c’est toi maintenant qui prend le contrôle de l’entreprise familial, profites-en pour faire une bonne restructuration, changes les règles ! ». La jeune femme assistait à leur conversation sans rien dire, non pas qu’elle se soit enfin décidée à écouter ce qu’Elijah pouvait lui dire, mais parce qu’elle préférait écouter d’une oreille attentive ce qui était dit et éviter d’attirer à nouveau l’attention sur elle, instinct de survie oblige. « Oui… Oui, tu as tout à fait raison… Je vais commencer par une restructuration du personnel qui prendra effet dès maintenant. Ça vous dirait de travailler pour moi ? ». Les sourcils blonds de Loan se froncèrent. Elle parvenait à sentir que la situation n’allait pas tourner à l’avantage de Jim et de ses hommes tout comme elle pouvait sentir qu’elle n’allait pas aimer ce qui allait suivre. Sentant la chaise sur laquelle elle était assise bousculer en arrière, elle regretta bien vite d’avoir les mains liées et grimaça de douleur lorsqu’elle tomba en arrière, écrasant une nouvelle fois ses mains. Toutefois, elle eut bien vite à penser à autre chose en entendant plusieurs coups de feu autour d’elle. Fermant les yeux par réflexe, Loan se mit à prier intérieurement pour ne pas se trouver au beau milieu d’un chassé-croisé ne sachant absolument pas qui tirait sur qui.

« Vous êtes virés. ». Doucement, elle ouvrit une paupière puis l’autre et remarqua l’homme qui l’avait menacé sur le sol, les yeux ouverts mais sans vie. Son estomac se noua douloureusement. La personne qui avait tiré était Elijah … un côté de sa personnalité qui ne la surprenait pas, mais qu’elle aurait préféré ne jamais rencontrer. Sa chaise redressée par le jeune homme, Loan ne prononça pas un seul mot tandis qu’il la libérait de ses liens et ce ne fut qu’une fois debout et massant ses poignets qu’elle posa à nouveau les yeux sur Elijah. « T’es vraiment un aimant à emmerdes. ». Et bah voilà, il fallait qu’il reparte sur les reproches. Loan leva les yeux au ciel tout en continuant de masser ses poignets douloureux. « Ça va, j’avais remarqué merci … enfin t’y tiens à ton aimant à emmerdes, sinon tu n’avais qu’à me laisser à ces gars. ». Loan approcha une de ses mains légèrement tremblantes de son arcade et grimaça lorsque la douleur fut plus aiguë lorsqu’elle toucha sa blessure. « Eli … ça va ? ». Ses bras retombèrent le long de son corps et ses sourcils se froncèrent une nouvelle fois. Son air mauvais ne marchait pas avec elle, Loan le connaissait par cœur. Ils ne s’étaient peut-être pas vu pendant des années, mais ses mimiques restaient les mêmes et avec lui … elle avait toujours eu une excellente mémoire.

Ses poignets étaient dans un sale état, comme elle en fait, mais Loan préférait ne pas se plaindre au moins elle était toujours en vie contrairement aux hommes dont les corps gisaient sur le sol autour d’eux deux. Elle-même savait faire preuve de sang-froid lorsque c’était nécessaire, après tout elle était militaire et il n’était pas rare qu’elle ait à défendre les personnes de son unité voire elle-même. La jeune femme avait déjà tué par le passé, mais elle n’en était pas fière loin de là. Pourtant, elle n’était pas hantée par ces morts, mais elle s’en souvenait malgré tout sans pour autant regretter son geste car sur le front c’est bien souvent chacun pour soi et Loan tenait bien trop à sa peau à celles de son unité pour courir le moindre risque. Aujourd’hui, pourtant elle en avait couru un, poussée par sa curiosité, mais aussi par le fait qu’elle voulait venir en aide à Cam qui était comme un second grand-père à ses yeux. Seulement, la seule chose qu’elle était parvenue à faire était de se faire attraper et de manquer de se faire tuer. Elijah avait raison, elle était véritablement un aimait à problèmes, fait qu’elle avait déjà remarqué par elle-même mais qu’elle n’avait jamais cherché à corriger. « Comme si tu ne le savais pas déjà. ». Loan ne put s’empêcher de pouffer en l’entendant marmonner ces quelques mots.

La jeune femme continua également de masser ses poignets même si ça éveillait plus de douleur qu’autre chose pour tout dire. « Ça va. Sortons d’ici, je vais appeler mon service de nettoyage. ». Elle resta suspicieuse, mais ne chercha pas à en savoir plus, de toute manière elle le connaissait assez pour savoir qu’il n’allait pas lui en dire plus ... il ne l’avait jamais fait de toute façon. « C’est moi. J’ai besoin de tes services dans le hangar 2456 de Port Richmond, quatre macchabés. Fais ça bien. ». Tandis qu’Elijah appelait son « service de nettoyage », Loan regarda autour d’elle les hommes qu’il avait abattu dans un soupire. Si elle n’avait pas mis son nez partout peut-être seraient-ils encore en vie ? Mais elle ne parvenait pas à avoir pitié d’eux, pas en sachant ce qu’ils faisaient et pas en ayant manqué de passer un très mauvais moment entre leurs mains. Silencieuse, elle suivit Elijah jusqu’à l’extérieur du bâtiment et elle fut soulagée de voir Cam les rejoindre visiblement rassuré d’être toujours en vie. « Merci Elijah, vous êtes un homme bon. Si vous ne leur aviez pas menti, je ne serais pas en vie. Voici la pièce que vous êtes venu cherché, je vous l’offre. ». En retrait par rapport au jeune homme, Loan arqua un sourcil mais ne fit aucun commentaire sur le fait qu’il avait finalement un cœur … il venait de lui sauver la vie, elle lui devait bien de se taire pour une fois.

« On y va. ». Poussée en avant en direction de la voiture comme pour lui faire accélérer le pas, elle ne put s’empêcher de grogner et en eut presque envie d’oublier le fait qu’elle venait de lui faire une fleur en évitant d’être sarcastique avec lui, mais Loan prit sur elle et rejoignit la voiture en silence. « Montes, je t’emmène à l’hôpital tu as peut-être une commotion ou un truc du genre. ». Prenant place côté passager, elle attendit qu’Elijah soit monté à son tour pour enfin prendre la parole. « Sûrement … tu m’emmènes où tu veux sauf à l’hôpital ! Je les explique comment mes blessures ? Un petit ami légèrement sadique sur les bords peut-être ? On s’en passera tous les deux et je vais bien, j’ai connu pire crois-moi. ». Loan s’enfonça un peu sur le siège passager et ne chercha même pas à regarder dans le miroir du pare-soleil l’état de son arcade, de toute manière lorsqu’elle n’y pensait pas elle n’avait pas trop mal. « C’est pas ma caisse, évites de mettre du mettre du sang sur les sièges. ». La jeune femme leva les yeux au ciel en soupira et fit disparaitre de son esprit l’idée d’appuyer sa tête contre la vitre de la porte et posa les yeux sur son voisin. « Promis je vais essayer de contenir mon envie d’exploser ta tête sur le volant ! On peut y aller maintenant ? ». Loan appuya son regard en lui faisant signe d’y aller. Elle n’avait pas que très peu envie de rester là plus longtemps même si elle n’avait toujours pas la pièce qu’elle était venue acheter et elle doutait de venir la chercher ici dans les jours à venir.

pas taper, je veux Lula & Loan moi

« Je suis déjà en train de regretter mon geste. ». Son regard se posa sur Elijah et Loan n’eut aucune difficulté à y lire une certaine colère. Bon elle exagérait peut-être un peu cette fois. Par sa faute il avait été dans l’obligation d’éliminer des clients potentiels – ou qui l’étaient déjà, elle n’en savait trop rien – et ils auraient pu y rester tous les deux, même si pour ce qui était du jeune homme elle en doutait sincèrement. Un soupire lui échappa malgré tout tandis que son regard se posait vers l’extérieur de la voiture dans laquelle ils se trouvaient. Loan ne faisait véritablement rien pour l’aider à ne pas regretter de l’avoir aidé et de continuer de l’aider pour tout dire. Elle n’était pas venue à pieds, seulement elle doutait d’être capable de conduire malgré son état, mais la jeune femme continuait de persister sur le fait qu’elle refusait d’aller à l’hôpital. Ce n’était pas qu’elle en avait peur, c’était simplement qu’elle ne voyait pas comment expliquer ce qui lui était arrivé et elle n’avait pas réellement envie que ça soit marqué sur son dossier médical sachant que trop bien que ses supérieurs pouvaient y jeter un coup d’œil lorsque l’envie leur prenait. « Je viens de te sauver la vie et tu es encore désagréable avec moi : au cas où ça ne se verrait pas, je suis vraiment de mauvais poil alors soit tu te tais, soit tu descends. ».

La demoiselle détourna son attention pour la porter en direction d’Elijah qui déjà s’était penché vers elle afin d’ouvrir la porte pour lui faire comprendre qu’elle était libre de partir si elle n’était pas contente. Loan laissa quelques secondes s’écouler à fixer la porte et glissa finalement sa main dans la poignée et tira la porte vers elle pour la claquer pendant qu’une moue boudeuse se dessinait sur son visage. « Ça va Grumpy ! De toute manière ça serait du gâchis d’abimer ta belle gueule. ». Elle croisa les bras contre sa poitrine en fixant la route droit devant eux s’enfermant dans un mutisme puisque monsieur semblait tenir à ce qu’elle arrête de parler. C’était un challenge pour elle qui appréciait tellement de le taquiner dès qu’elle le pouvait, cependant elle connaissait les limites et il fallait bien avouer qu’après ce petit moment de frayeur elle n’avait que très peu envie de retourner chez elle et encore moins à Fort Hamilton. « Et c’était un compliment … juste au cas où tu en douterais. ». Voilà cette fois elle se promettait d’arrêter de parler pour le reste du trajet, mais Loan se risqua tout de même à lui adresser un sourire même si ce geste réveilla la douleur au niveau de sa coupure à la lèvre inférieure.

faisons court alors enfin si ça t'inspirer pas tu dis

« Ça aurait été du gâchis d’abimer la tienne, blondie. ». Loan lui rendit son sourire bien que celui d’Elijah fut plus que bref, mais la jeune femme avait l’habitude avec le temps et considérait chacun des sourires du jeune homme comme une certaine victoire. Quant à sa belle gueule, autant dire qu’elle avait déjà pris un bon coup quelques heures plus tôt, elle ne se faisait aucune illusion et savait pertinemment qu’elle allait avoir le droit à une belle cicatrise à l’arcade. Toutefois, elle acceptait le compliment avec grand plaisir et resta silencieuse comme Elijah le lui avait demandé ayant très peu envie de partir d’ici par elle-même. Son regard se porta une nouvelle fois sur l’extérieur de la voiture tout en prenant soin de ne pas appuyer sa tête sur la vitre et ainsi éviter de laisser des traces de sang. Ce fut les bruits à sa droite qui éveillèrent sa curiosité et la poussèrent à regarder Elijah en fronçant les sourcils tandis que le jeune homme se cognait la tête sur le volant à plusieurs reprises. « Finalement, exploser ma tête sur le volant est une chose que je fais très bien tout seul. ». Oui, apparemment, même si avec elle il aurait surtout eu le nez cassé avec la force dont elle pouvait faire preuve lorsqu’elle était en colère, bien qu’elle aurait été incapable de le frapper avec une telle violence. « Ce n’était pas contre toi, c’est juste que… ma mère a disparu depuis des années et j'ai besoin de mon père pour découvrir où elle se cache, mais je ne peux pas faire ça sans le soutien de mon frère… ».

Loan le regarda en silence sans parvenir à cacher sa surprise vis-à-vis du fait qu’Elijah venait de se confier à elle ce qui était rare. Cette histoire qui opposait Matthew et son petit frère, elle en avait entendu parler. Elle restait proche de tout ce petit monde depuis des années et ne pas en entendre parler aurait été difficile. Loan ne connaissait pas tout dans les moindres détails, mais ce qu’elle avait appris lui avait largement suffit bien qu’elle préférait n’emmètre aucun jugement étant bien trop attachée aux deux Vryzakis. « Ces mecs que j'ai liquidé avaient aussi leur place dans mon plan, mais cette partie est tombée à l'eau. ». Loan baissa les yeux. En plus d’être un aimant à problèmes elle semblait également très douée pour empêcher les autres d’accomplir le but qu’ils s’étaient fixé. Un soupire lui échappa tandis qu’elle relevait la tête et la jeune femme mit quelques instants à poser son regard sur Elijah. « Je suis désolée … pour tout. Pour ta mère, ton père, ton frère et pour aujourd’hui. ». Une petite moue se dessina sur son visage tandis qu’elle se penchait sur le côté pour tâcher de croiser son regard. « Laisse-moi t’aider. J’ai pratiquement un laisser-passer pour tout, je peux très bien t’aider à aller voir ton père sans que tu es le moindre souci. ». Même si elle doutait que ce qu’elle s’apprêtait à faire soit une excellente idée, Loan se risqua tout de même à attraper la main d’Elijah et à la serrer dans la sienne. « Je sais que je suis une emmerdeuse, surtout avec toi, mais je tiens à toi et je préfèrerais être sûre qu’il ne t’arrive rien. ». Finalement, elle aurait sans doute mieux fait de quitter la voiture et rentrer toute seule.

« Our friendship has always been something really weird. ». Loan haussa les sourcils sans pouvoir s’empêcher de rire légèrement à son tour. Ça, ce n’était pas une grande nouvelle, c’était un fait que Loan avait déjà pu remarquer par le passé. Pourtant, malgré ça la jeune femme n’avait jamais pu s’éloigner de lui bien longtemps à croire qu’elle était masochiste et attirée par cette relation qu’elle partageait avec Elijah et qui lui donnait l’impression de vivre plus que le reste du temps. La jeune femme finit par détourner son regard à son tour et soupira. Au final, ses problèmes étaient bien minimes comparées à ceux qu’il pouvait avoir à affronter dernièrement, mais elle se sentait tout de même concernée puisqu’il était indéniable qu’elle tenait à lui. « Je suis recherché par toutes les organisations reconnues et par mon frère qui pense que j’ai quelque chose à voir dans l’enlèvement de sa fille alors à moins d’avoir un sosie dans l’armée sous la main je doute réussir à mettre un pied dans une prison fédérale sans attirer les soupçons et de toute façon, si tu y vas toute seule il ne lâchera rien. Bon, je te ramène chez toi. ». Loan posa sa tête sur l’appuie-tête derrière elle en soupirant et ferma les yeux quelques instants. Oui, ses problèmes étaient vraiment sans intérêts à côté des siens et la jeune femme avait vraiment le don d’être proches des personnes qui avaient une vie particulièrement compliquée. Toute cette histoire ne la concernait pas, elle n’y avait jamais été mêlée et elle ne tenait pas tellement à s’y mêler – pas si elle devait s’opposer à Matthew ou à Elijah – mais le voir comme ça ne lui plaisait pas le moins du monde. Toutefois silencieuse durant tout le trajet la ramenant chez elle et jusqu’à son appartement, elle attendit simplement qu’ils soient à l’intérieur pour ouvrir à nouveau la bouche. « Pour ce qui est du sosie … j’ai peut-être un moyen. ». La jeune femme jeta les clés sur le meuble d’entrée, croisa les bras contre sa poitrine et s’approcha d’Elijah. « Mais si je dois le mêler à tout ça je veux en être, que ça te plaise ou non. ». Loan planta son regard dans celui du jeune homme sans jamais le détourner, elle savait être très têtue lorsqu’elle le voulait. « Je resterais dans l’ombre pour éviter que ton frère m’étripe, mais laisse-moi t’aider ! ». Loan fit un geste en avant et décida finalement de s’arrêter. Elle était déjà bien assez près de lui comme ça, plus encore et elle allait être d’autant plus troublée qu’elle ne pouvait déjà l’être.

Loan doutait que son idée soit des plus brillantes, mais dès lors qu’il fut question d’un sosie une personne lui était venue à l’esprit sans qu’elle n’ait besoin de se forcer. Elle n’avait même pas besoin de lui en parler, pas même besoin de le mêler à toute cette histoire si les choses finissaient bien. Il lui suffisait d’aider à usurper son identité et la jeune femme savait que le tour serait joué. Depuis petite, Loan était stratège, ce qu’elle avait probablement hérité de son père. Trouver des plans pour telle ou telle situation n’était pas un problème et comme ce jour-là il ne lui fallait pas bien longtemps pour avoir une idée. Cependant, il fallait bien avouer qu’hormis la dernière rencontre entre les deux jeunes gens, son retour au sein de Fort Hamilton l’avait pas mal aidé à se remettre sur pieds et à redevenir l’ancienne Loan. « T’es sûre que tu ne veux pas aller à l’hôpital ? Tu as l’air de t’être méchamment cognée… ». Un air parfaitement sérieux peint sur son visage, elle attrapa le poignet d’Elijah pour l’éloigner d’elle sans pour autant le lâcher, sans même quitter son regard auquel elle s’accrochait pour appuyer le fait qu’elle était loin de plaisanter. « En tout cas, il est hors de question que j’accepte ta participation même si tu es militaire, surtout si tu es militaire, en fait ! Non seulement on n'est pas dans le même camp, mais en plus tu risques la cour martiale et j'aurais droit à toute une vie de reproches : no thanks. De toute manière, j’ai déjà un de mes hommes sur le coup, c’est bien suffisant et puis de toute façon tu as vraiment un mauvais karma. ». Cette fois, elle ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel en soupirant. Qu’il s’inquiète pour elle, ça la touchait mais elle avait beau être passée par une mauvaise période, ce n’était pas pour autant qu’elle était une petite chose fragile incapable de se défendre … même si ce qui lui était arrivé un peu plus tôt mettait tout ça en doute. « Je finirais pas à la cour martiale et arrête de vouloir me mettre de côté ! Même s’il se passe quelque chose de mauvais, tu auras le droit à aucun reproche. ». Loan ferma les yeux et se mordit la lèvre pour tenter de se calmer. L’angoisse commençait à lui retourner l’estomac et elle n’aimait que très peu la raison qui la poussait à se sentir ainsi. Elle soupira une nouvelle fois pour tâcher de se calmer et ouvrit les yeux pour les poser à nouveau sur Elijah. « Je … je sais que les sentiments c’est pas trop truc, mais même avec le meilleur de tes hommes il y a peu de chance que tu parviennes à tes fins et … si je te perds toi, je vais m’effondrer. ». Comme pour appuyer ses paroles et tandis qu’elle baissait la tête pour ne plus croiser son regard, Loan serra un peu plus la main d’Elijah sans pour autant parvenir à regretter ses mots.

« La réponse est non ! ». Sa mâchoire se crispa bien malgré elle. Ce refus elle ne le prenait pas bien, elle ne supportait pas l’idée d’être mise de côté, pas maintenant qu’elle savait ce qu’il avait prévu de faire. De l’inquiétude ? Sans le moindre doute, mais Loan refusait de l’avouer surtout pas devant lui. C’était ainsi et ce n’était pas une question de fierté, pas avec Elijah c’était tout simplement qu’elle avait toujours eu comme mécanisme de défense de ne jamais lui montrer ses faiblesses de craintes qu’il ne les utilise contre elle comme il avait pu le faire par le passé. Pourtant, elle était incapable de faire taire cette crainte que quelque chose lui arrive et les mots avaient franchi la barrière de ses lèvres bien plus vite que Loan ne l’aurait souhaité. La jeune femme ne comptait pourtant pas baisser les bras, ce n’était pas dans sa nature. Elijah devait la connaître avec toutes ces années qu’ils avaient derrière eux, il devait savoir combien elle pouvait être têtue lorsqu’elle s’était mis une idée en tête et dans ce cas précis il s’agissait de s’assurer qu’il ne lui arriverait rien. Loan l’avait dit elle-même, le perdre signerait sa chute. Elle avait des amis, mais ceux auxquels elle tenait le plus se comptaient sur les doigts d’une seule main. Ce fut donc un regard furieux qu’elle posa sur son ami d’enfance sans pour autant parvenir à détendre sa mâchoire. « Tu ne sais pas… Tu ne sais pas tout ce que j’ai dû faire pour que mon père ne t’atteigne pas… ». Et sa colère s’effondra comme un soufflé qui aurait été raté. Loan ouvrit la bouche seulement elle fut incapable de prononcer le moindre mot. Tout restait coincé au fond de sa gorge et la jeune femme ignorait de quelle manière réagir à ce qu’il venait de dire.

C’était comme se prendre un verre d’eau froide en plein visage alors qu’on est sur le point de laisser la colère exploser. Sa respiration était régulière et pourtant son cœur battait à une vitesse si impressionnante qu’elle était surprise qu’il ne se soit pas délogé de sa poitrine. Ses sourcils blonds se froncèrent face à son incompréhension et à sa surprise. Ce qu’il avait fait pour elle … Les mots d’Elijah résonnaient dans sa tête sans qu’elle ne parvienne à les chasser. Alors comme ça il l’avait protégé durant toutes ces années et elle n’avait rien remarqué ? Loan passa une main tremblante sur son visage tout en évitant soigneusement ses blessures. « Mais … c’est limite s’il connaissait mon existence. ». Sa voix était basse, ses paroles n’étaient qu’un souffle tandis qu’elle essayait de se remettre. Loan se mordit l’intérieur de la joue pour tâcher de se reprendre et leva les yeux vers Elijah en s’efforçant de retrouver son assurance. « Ça ne change rien ! Tu n’as pas le droit de me mettre de côté maintenant que je sais ! Tu t’attends à quoi ? A ce que je reste bien sagement de mon côté à attendre d’apprendre que tu as été arrêté ou pire ? ». Voilà sa colère revenait même si Loan était persuadée qu’il s’agissait plus de frustration que d’autre chose. En quelques pas elle brisa une bonne fois pour toute la distance qui les séparait et planta son regard dans le sien se moquant éperdument de la proximité de leurs visages à cet instant. « Donne-moi une seule bonne raison pour que je reste sur le côté et elle a intérêt de me paraître valable. ». Loan ne comptait pas en démordre et elle usa de tout son courage pour parvenir à lui tenir tête et à ne pas dévier son regard une seule seconde pour le lui prouver, pour lui faire comprendre que, oui, elle tenait bien trop à lui pour le laisser courir le moindre risque sans elle, pas cette fois.

« Grâce à qui, à ton avis ? Tu n’es pas dans son collimateur et crois-moi, tu veux que ça le reste. ». Loan resta sans voix, les yeux légèrement plissés. Se faire à l’idée que pendant toutes ces années il l’avait protégé n’était pas une chose aisée, pas alors qu’elle parvenait à se souvenir sans le moindre mal tout ce temps qu’ils avaient passé à se détruire l’un et l’autre sans jamais vouloir baisser les bras. Ils avaient toujours été têtus l’un comme l’autre, trop fiers également et à présent la jeune femme apprenait que malgré tout ça, malgré la colère qu’elle avait pu ressentir à son encontre, Elijah l’avait protégé de son père. Bien sûr qu’elle voulait que ça reste ainsi. Elle avait été témoin – bien que de loin – de ce dont Nikolas était capable. Loan avait vu ce que le Grec était prêt à faire pour resserrer la pression sur ses fils et tâcher de les garder sous contrôle et Lulani avait été sa cible favorite alors qu’elle … elle y avait échappé grâce à lui. Loan était perdue, incapable de savoir ce qu’elle devait penser de cet aveu, si elle devait en être touchée ou non. Sa fierté lui disait le contraire.

Depuis toujours elle faisait de son mieux pour avoir à se défendre toute seule à défaut d’avoir mieux. En quelques années elle était devenue bien plus impulsive et violente qu’elle n’avait pu l’être lorsqu’elle était enfant. L’idée qu’on la protège l’énervait et lui faisait peur à la fois n’aimant pas la pensée d’avoir à déprendre de quelqu’un d’autre, d’avoir une dette envers autrui et là c’était envers Elijah qu’elle avait une dette et c’était sans doute pire que tout. Pourtant, la jeune femme ne parvenait pas à lui en vouloir et son inquiétude vis-à-vis de ce qu’il comptait entreprendre était toujours là, en elle, et elle restait persuadée de ne pas vouloir rester sur le côté. « Oh je ne sais pas… Ton fils, peut-être ? ». Sa mâchoire se crispa et en quelques secondes son inquiétude laissa place à la rage. Loan fut incapable de se contrôler et à peine y eut-elle pensé que sa main s’abattait déjà de toutes ses forces sur la joue d’Elijah. Elle venait de le gifle et bien qu’elle soit surprise de la rapidité avec laquelle sa main était partie, elle ne regrettait pas son geste, pas alors qu’il venait d’utiliser Nolan contre elle. « Je t’interdis de parler de lui ! ». Elle avait su dès le moment où elle s’était confiée à lui que c’était une erreur. Loan s’était doutée que, tôt ou tard, il utiliserait cette faiblesse contre elle mais sa colère était bien plus intense qu’elle ne l’aurait imaginé.

Sa colère refusait de se dissiper et elle sentait les tremblements parcourir tout son corps tandis que son bras retombait le long de ce dernier. Sa respiration accélérait sans même qu’elle ne cherche à se calmer, elle lui en voulait bien trop pour parvenir à reprendre le contrôle, pour réussir à ne pas se laisser happer par la haine. Il n’avait pas le droit de parler de Nolan, pas le droit d’utiliser son fils contre elle alors qu’à ses yeux c’était comme le menacer, comme le mêler à tous les problèmes qu’elle rencontrait dans sa vie et des quels elle tâchait de le préserver depuis sa naissance. Loan avait laissé chaque personne de son entourage la qualifier d’égoïste et de lâche lorsqu’elle avait laissé son petit garçon à l’adoption sans même chercher à se défendre, sans tenter de faire comprendre son point de vue et le fait qu’en réalité elle ne souhaitait qu’une chose : le protéger de sa tendance destructrice. Qu’Elijah l’use comme excuse la mettait hors d’elle et sa gifle lui semblait bien douce comparée à la colère qu’elle éprouvait. « Et pourtant, c’est aussi la raison pour laquelle je ne veux pas que tu m’accompagnes. Ton fils est le symbole de toutes les choses que tu n’as pas fait jusqu’au bout, de toutes les choses que tu as fuis dans ta vie. Comment penses-tu pouvoir réussir à m’aider ? Tu l’as peut-être mise au monde, mais tu n’as pas assumé – exactement comme l’a fait mon père avec moi – et un jour quand il sera grand, il viendra te réclamer des comptes… parce qu’il le fera, crois-moi. Fuiras-tu ? ». Loan se contenta de serrer les dents ainsi que ses poings pour tenter de se calmer même si elle savait pertinemment que ça ne servait à rien.

Elle pouvait sentir son sang affluer à toute vitesse au niveau de ses tempes au point de réveiller une certaine douleur à sa blessure à l’arcade, mais elle s’en moquait et son regard refusait de se décrocher de lui. « Bien sûr que tu le fera… Cette quête de vérité, je ne la fait pas seulement pour moi, mais pour une autre personne qui est impliquée. Impliquée, tu comprends !? Ce n’est pas ton cas, tu peux encore avoir une seconde chance… Toi tu peux encore réparer. ». Le reste ne parvint à atteindre son cerveau qu’après que la jeune femme ait à nouveau extériorisé sa colère, qu’après qu’elle ait prit le temps d’empoigner Elijah et de le coller contre le mur voisin avec toute la force dont elle était capable, le souffle court à cause de sa frustration. « Personne ne sait ce que j’ai pour lui ! Personne et encore moins toi ! Je lui ai offert la chance que toi et moi on a jamais eu, celle d’avoir une famille et pas un père qui l’utilisera comme un simple pion dans son jeu ! Je t’interdis de me dire que j’ai été lâche, tu ne sais pas ce que j’ai dû vivre, tu ne peux pas comprendre ! ». Le souffle toujours court et continuant de maintenir Elijah contre le mur, Loan refusait de lâcher son emprise et encore moins de se calmer. Son regard ne quittait pas celui du jeune homme et malgré sa colère, elle refusait de le laisser gagner. « Tu n’entreras pas sans mon aide, je peux être très vicieuse ! Peut-être qu’un jour tu arriveras à t’enfoncer dans le crâne que je n’ai jamais demandé de seconde chance et qu’en plus de ne jamais en demander je t’empêcherais de foncer vers les problèmes parce que tôt ou tard tu finiras comme ton père Francis ! ».

S’énerver ainsi avait quelque chose de revigorant bien qu’elle s’en serait passée. Toutefois, elle ne pouvait pas nier le fait qu’elle sentait la pression qui s’accumulait sur ses épaules s’évaporer petit à petit tandis qu’elle s’énervait sur lui qui n’avait fait qu’être la goutte d’eau de trop. Loan était capable de se contrôler, un contrôle qu’elle avait dû apprendre avec les années à l’USAFA pour éviter de s’attirer des problèmes puisque c’était bien différent de la vie chez elle. Cependant, elle était bien incapable de mettre en œuvre ce qu’elle avait appris et la jeune femme doutait de vraiment le vouloir. « Typique tentative d’évitement : comme à chaque fois qu’on parle de quelque chose qui te concerne tu trouves le moyen de prendre les relations que j’ai avec mon père pour exemple… Tu es tellement prévisible, Loan et tu me l'as fait tellement de fois maintenant que ça fait l'effet d'un pétard mouillé de mon côté. Pour ta part, ce que je remarque c'est que tu ne maîtrises pas ta colère et que mon père aura vite fait de le remarquer. N’oublies pas qu’au final c’est le pion qui te sauve la vie. ».

Loan le laissa la repousser et se contenta d’un court pas en arrière pour s’éloigner de lui. Lorsqu’elle avait parlé de pion et de père, la jeune femme n’avait pas uniquement pensé à lui … pour tout dire c’était à elle qu’elle pensait et à toutes ces fois où son très cher père était venu vers elle pour lui demander un service où elle ne servait que de potiche ou de jolie poupée qui voyait sa carrière au sein de l’armée monter en flèche alors que le reste du temps elle n’avait pas la moindre importance. Sa colère, elle la sentait redescendre tout doucement alors qu’elle aurait tant souhaité la garder un peu plus pour continuer de parvenir à dire ce qu’elle avait sur le cœur et ce sans éprouver le moindre remord. « De toute façon c'est pas ton problème si je finis comme lui, on est rien l'un pour l'autre. J'accepte, mais puisque tu seras dans mon camp on le fait à ma manière : je ne veux pas t’entendre prononcer un seul mot à mon père, tu restes en retrait et tu nous laisses faire... Et hors de question d'en parler avec Matt. ». Loan acquiesça. De toute manière si jamais elle en venait à parler de tout ça à Matthew elle savait pertinemment que ce dernier serait bien plus doué que son cadet pour la mettre en retrait et pour lui interdire de se mêler à cette histoire, mais ce n’était pas ce qu’elle avait le plus retenu des paroles d’Elijah.

Ce qui résonnait à présent dans sa tête étaient ces précédentes paroles et sa colère disparue d’autant plus. « Rien l’un pour l’autre, hein ? Tu vas devoir apprendre à me mentir. Je suis moins idiote que j’en ai l’air, tu ne m’aurais pas protégé toutes ces années juste pour m’éloigner de ton père ou parce que je suis un vrai fardeau pour toi. Tu le sais toi aussi, admets-le. ». Un sourire satisfait étira les lèvres de Loan qui venait tout juste de remarquer que le jeune homme prenait conscience de ce qu’elle-même avait mis du temps à comprendre, que cet attachement destructeur qui les liait était bien plus encore que ce qu’ils ne voulaient bien admettre. Loan fit un pas vers Elijah en levant quelque peu la tête pour croiser son regard. « C’est pour ça que tu m’as protégé toutes ces années. C’est pour ça que tu m’as repoussé à chaque fois que je suis revenue à la charge et c’est la véritable raison qui te pousse à refuser que je m’implique. ». La jeune femme leva la main et la posa de toutes ses forces sur l’épaule du jeune homme pour le coller à nouveau contre le mur sans dévier son regard. « T’es prêt à aller jusqu’à me briser pour m’écarter et pour ne pas avoir à affronter la vérité, mais dis-moi … qu’est-ce que tu risques à lâcher prise ? Me perdre alors que je ne t’ai jamais appartenu ou te perdre toi ? ».