Un voyage ? Il tombait bien celui là ! Magnus avait vraiment besoin de changer d’air et un voyage, surtout en Guadeloupe ne pourrait pas lui faire de mal. Il avait des vacances à prendre, propos rapportés de son patron et du coup, lui qui pensait rester en ville pour revoir son ex et apprendre à connaître sa fille de deux ans, fraichement connue, il avait décidé qu’il partirait en voyage. Les choses étaient vraiment trop compliquées et changer d’air ne lui ferait pas de mal. Enorah avait perdu la mémoire et elle ne semblait pas vouloir ou parvenir à la retrouver. Du coup, il avait accepté le voyage pour filer loin d’elle. Il avait dit à Thaïs qu’il devait partir un temps, mais qu’il reviendrait au plus vite. Il savait aussi qu’il laissait le frère d’Enorah, Camille, seul pour se charger d’elle, mais tant pis. Cette fois-ci, il avait envie d’être égoïste et de penser uniquement à lui. Il avait avoué ses sentiments à Enorah mais avec sa perte de mémoire, il avait tout recommencé à zéro et il en avait marre. Il avait besoin de lâcher prise, de penser à autre chose et partir au soleil pouvait être un bon point. Il ne savait pas vraiment ce qu’il allait faire en Guadeloupe, mais après les recherches qu’il avait faite sur internet ça lui semblait le bon endroit pour tout oublier le temps du voyage et de pouvoir se détendre enfin, loin de sa vie privée trop complexe et du travail.

Une fois enregistré, il était partit à sa place et il regardait le film proposé par la compagnie aérienne, quand tout un coup des secousses se firent sentir. Les gens commencèrent à crier. Ayant déjà prit l’avion, il savait que ça pouvait arriver, mais plus les minutes passaient et plus les secousses devenaient violentes. Puis, ce fut le flou total. Ouvrant un œil, l’islandais eu le soleil en plein visage et il ferma les yeux tout de suite. Soupirant, il se mit à tousser. Il avalait quelque chose de désagréable. Il sentit du sable dans sa bouche et il se mit à tousser encore plus. Ouvrant alors les yeux, il regarda autour de lui. L’eau, le sable, de la fumée, des bouts d’avion, des cadavres, des gens apeurés. En fronçant les sourcils pour tenter de comprendre, il eu mal au crâne et il posa une main sur sa tête, avant de sentir quelque chose de visqueux. Regardant sa main, il vit du sang et il soupira. Génial les vacances ! Tentant de se mettre debout, il sentait sa tête tournée, du coup, il prit quelques minutes de plus, assit sur le sable, regardant l’étendu des dégâts. Certaines personnes semblaient prendre les choses en main et il se décida à aller aider. Se levant enfin, il mit quelques secondes avant de marcher et d’aller voir vers l’appareil s’il ne pouvait pas aller récupérer des valises. Peut-être que certains avaient à manger et à boire là dedans. Faisant de son mieux, il entendant les cris et les pleurs de maris et femmes devant l’être aimés ou l’ami proche qui était désormais mort. Il espérait que les secours allaient pouvoir les retrouver au plus vite, parce qu’il n’était ni médecin, ni psychologues et il ne serait pas particulièrement utile s’il fallait survivre ici.

Cléa n’aurait jamais pensé pouvoir gagner à cette stupide loterie. Jamais ! Pourtant, elle en avait rêvé lorsqu’elle avait décidé de participer. Elle se demandait depuis combien de temps elle ne s’était pas accordé de vacances. Enfin pas des vacances comme ça en allant passé une petite semaine à Savannah mais de vraies vacances sans rien avoir à penser, sans responsabilité et sans Mattéo. Elle se trouvait vraiment horrible de penser ça, elle aimait son fils plus que tout mais elle avait vraiment besoin d’une pause. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle avait finalement appris qu’elle avait gagné. Un voyage en Guadeloupe, quelques temps loin de tout. La surprise passée, elle avait été véritablement heureuse d’apprendre ça. Et puis, la galère avait commencé. Il fallait qu’elle trouve à qui faire garder son fils. Le hasard avait voulu que sa colocataire, Elia, gagne elle aussi un voyage à cette loterie. De toute façon, Cléa ne savait pas si elle aurait vraiment pu lui laisser son fils aussi longtemps. Elle lui faisait confiance, ce n’était pas un problème, elle lui laissait volontiers Mattéo une journée ou une soirée mais là, il s’agissait de beaucoup plus longtemps. Elle avait finalement appelé son père qui avait accepté avec joie de venir grader son petit-fils à New-York. Elle aurait pu lui déposé à Savannah tout simplement mais il avait refusé sous prétexte qu’il ne voulait pas la fatiguer et blablabla.

Cléa se trouvait donc à présent dans l’avion qui devait l’emmener en Guadeloupe. Le débit du trajet se passait relativement bien, suffisamment pour que la jeune femme se calme. Elle n’avait jamais pris l’avion avant aujourd’hui et elle s’était énormément inquiété à propos de ce fameux trajet. Mais tout allait bien et elle allait même pouvoir s’offrir le luxe de dormir un peu. C’est en tout cas ce qu’elle se disait au moment où l’avion se mir à trembler. Et puis après… plus rien. Lorsque Cléa reprit connaissance, elle était allongée sur une plage de sable. Du genre plage de rêve sauf qu’elle était loin d’être sûre que ce soit vraiment une plage de rêve. Elle se redressa difficilement et ce qu’elle vit autour d’elle ne lui plut pas du tout. Un peu plus loin se trouvait la carcasse de l’avion, en flamme et tout autour d’elle, des gens. Des gens dont elle était incapable de dire s’ils étaient morts ou vivants. La jeune femme se traîna jusqu’à un tronc d’arbre un peu plus loin et se prit la tête dans les mains. Ils s’étaient crashés… ils s’étaient crashés au milieu de nulle part. C’était une évidence quand on voyait le décor autour d’elle. Et elle était peut-être la seule personne encore vivante ici. Elle avait été inquiète par ce voyage mais elle n’avait jamais pensé qu’une telle chose puisse vraiment arriver. Si ça avait été le cas elle ne serait jamais partie, elle n’aurait jamais laissé son fils, elle serait restée à New-York à prédire leur avenir à des gens stupide. Prédire leur avenir aux gens, la jeune femme avait presque envie de rire pour le coup. Evidemment que son job n’était que de l’arnaque mais elle aurait tellement aimé aujourd’hui, juste aujourd’hui, avoir un vrai don et être capable de prédire ça. Elle ne serait jamais monté dans cet avion comme ça et à cette heure-ci, elle serait tranquillement assise dans son canapé en train de regarder des dessins-animés avec Mattéo et Elia. « Super le séjour en Guadeloupe ! Je reviendrais ! » La jeune femme redressa la tête et regarda une autre fille pas loin qui était elle aussi vivante, ça ne faisait aucun doute. « Pour revenir, faudrait déjà arriver à partir d’ici un jour. » dit-elle d’un ton blasé. C’était vrai, elle avait déjà lu un tas de choses sur ce genre de crash et les rescapés n’étaient jamais très nombreux. On n’allait sûrement jamais les retrouver.