En avril, ne te découvre pas d'un fil. En mai, fais ce qu'il te plait. Et en juin ? On pourrait penser : sortez les maillots de bain. Sauf qu'en ce mois de juin deux-mille douze, les new yorkais n'avaient d'autre choix que de troquer leurs affaires de plage pour bottes et parapluie. En effet, le beau temps n'était pas au rendez-vous et le soleil s'amusait à jouer à cache-cache, ne laissant que de la grisaille envahir le ciel et des averses de pluie tomber sur la ville, ne donnant ainsi qu'une envie aux habitants : rester cloitrés chez eux. Et pourtant, malgré la pluie, Tallulah s'était motivée pour sortir de chez elle et se rendre à sa fondation en fin de matinée, afin de régler quelques soucis avant de rejoindre son meilleur ami dans son studio. Tous les deux travaillaient depuis quelques temps sur un album qui leurs servirait à récolter des fonds pour l'association de la chanteuse et ils mettaient beaucoup de coeur à l'ouvrage. Sauf que cet après-midi ne s'est pas passé comme ils l'avaient prévu. En effet, les plombs avaient fini par sauter, plongeant le studio d'enregistrement dans le noir total. Et, le temps qu'Enzo aille rétablir le courant, un fou s'était introduit sur les lieux pour s'en prendre à Tallulah. Heureusement, son meilleur ami avait rapidement rappliqué et avait empêché que les choses tournent mal. La police était ensuite intervenue pour embarquer le maniaque et la belle africaine avait passé plusieurs heures à pleurer dans les bras de l'hispano-américain tout en racontant sa version des faits à un des policiers. Mais en fin de journée, elle commençait à suffoquer et prétexta un besoin de se retrouver seule pour déguerpir. Son meilleur ami lui fit promettre de l'appeler s'il y avait quoi que ce soit et elle fila, ne prenant pas le soin de monter dans sa voiture, pour se mettre à marcher d'un pas vif dans les rues de New York, sous la pluie, alors qu'elle retenait de nouveau sanglots.

En réalité, elle n'avait aucune envie de se retrouver seule chez elle. Dévorée par la peur, elle se dirigea dans le quartier de Yorkville, là où elle résidait. Mais c'était aussi le quartier où habitait Andrea, son ami d'enfance. Et en ce moment, elle n'avait aucun besoin si ce n'est celui de se retrouver dans ses bras, d'entendre ses mots rassurants. C'est donc la tête basse et la gorge serrée que la jeune blonde se faufila parmi les passants pour traverser les rues jusqu'à se retrouver face à l'immeuble où habitait son ami. Se ruant dans le couloir, elle passa ses mains mouillées sur son visage afin d'essuyer l'eau de pluie qui le recouvrait, puis elle emprunta les escaliers à vive allure, les montant quatre à quatre. Arrivée à l'étage désiré, elle était à bout de souffle mais ne s'arrêta pas. Elle se précipita contre la porte donnant accès à l'appartement d'Andrea et se mit à frapper dessus avec ses poings, au bord des larmes, les lèvres pincées. « Andrea ! Ouvre-moi ! » hurla-t-elle dans le couloir sans se douter que les voisins devait l'entendre. Il fallait que l'africain lui ouvre, et vite, car elle était à deux doigts d'exploser. L'angoisse lui rongeait les entrailles, des sanglots refoulés l'empêchaient de respirer et elle avait l'impression que son coeur allait lâcher à force de battre à tout rompre. Puis, tout à coup, la porte s'ouvrit pour laisser un jeune homme complètement déboussolé apparaître. Tallulah s'arrêta soudainement, inspira profondément, la respiration saccadée, et ne lui laissa pas une seconde pour parler. Qu'importe si elle était trempée, elle se jeta immédiatement dans ses bras et s'accrocha à lui comme à une bouée de sauvetage. Dés que leur corps entrèrent en contact, ses muscles se relâchèrent et les sanglots qu'elle retenait s'échappèrent enfin. Elle fondit en larmes, sa cage thoracique se soulevant anormalement rapidement. Elle suffoquait, manquait d'air, mais elle s'agrippait à Andrea comme si sa vie en dépendait, comme si le simple fait de se détacher de lui la mettait en danger de mort. « J'ai besoin de toi... » laissa-t-elle s'échapper dans un souffle, entre deux sanglots alors que ses bras se resserrèrent encore autour du cou de son ami d'enfance. Elle fermait les yeux à s'en fendre les paupières et tentait tant bien que mal de reprendre son souffle, mais c'était une mission impossible, tellement ses pleurs se faisaient profonds.

S'il y avait bien une personne en qui Tallulah avait aveuglément confiance, il s'agissait bel et bien d'Enzo. Son meilleur ami la connaissait depuis des années, il ne l'avait jamais trahie ou déçue et avait toujours répondu présent à ses appels. Mais alors pourquoi avoir fui alors que l'hispano-américain était à ses côtés ? La raison était évidente aux yeux de la blondinette : Enzo n'était pas Andrea. Il n'y avait qu'une seule personne capable de la réconforter dans un tel moment, c'était celui qui avait déjà été là pour la consoler à la suite de sa première agression. Quand la belle africaine s'était faite attaquée dans une rue de l'Ontario, elle avait rapidement pris un billet pour sa ville d'origine afin d'y passer six mois au calme. Et son ami d'enfance lui avait été d'un soutien sans faille. Elle se rappelle avoir passé sa première nuit chez lui, dans ses bras, à lui raconter, entre des sanglots silencieux, ce qu'elle avait subi au Canada. Et lui l'avait écoutée, rassurée, l'avait aidée à rapidement passer par-dessus cet incident. Il n'y avait que lui qui en avait été capable. Il avait toujours été le seul à pouvoir panser ses blessures, aussi infimes soient-elles. Andrea était son héros. Et c'était pour cette raison qu'elle se trouvait devant sa porte, à frapper contre le bois en hurlant son prénom, trempée et au bord des larmes.

Combien de temps avait-elle passé à taper contre la porte ? Elle n'en savait rien, mais les secondes lui parurent être une éternité, si bien que, quand enfin elle s'ouvrit pour laisser apparaître l'africain elle ne parvint à tenir très longtemps avant de se jeter contre lui pour fondre en larmes. Son corps se secouait irrégulièrement, remué par les pleurs qui s'échappaient de sa gorge. Elle tremblait de froid, de peur, elle était tétanisée et seuls ses bras resserrés autour du cou de son ami pouvaient lui donner un goût de sécurité. Elle était avec lui, elle ne risquait plus rien. Mais il fallait qu'elle évacue ce qu'elle avait retenu en elle, car, même si elle avait pleuré face à Enzo, elle s'était contenue, ne versant qu'un quart des larmes qui forçaient leur passage pour rouler contre ses joues. Elle sentit les bras d'Andrea se serrer autour d'elle, ce qui eu le don de la rassurer un peu plus. Son coeur se calmait, mais ses sanglots continuaient à la secouer, profonds et interminables. « Tu peux compter sur moi. Toujours. Je suis là. Je serais toujours là. » Il disait vrai, elle le savait. Et, comme pour le lui prouver, elle tourna sa tête afin d'avoir son visage tourné vers son cou, ne le lâchant pas pour autant mais se serrant encore un peu contre lui. Puis elle acquiesça d'un petit signe de tête tout en reniflant faiblement. Il avait toujours été là, depuis qu'il s'étaient connus sur les bancs de l'école, et il le serai toujours. Elle avait une foi inconditionnelle en lui, en eux, persuadée que jamais rien ne les séparerait. Alors qu'elle tentait de respirer profondément pour calmer ses sanglots, elle sentit Andrea qui l'attirait à l'intérieur. La porte fut refermée, elle était finalement en sécurité, chez lui. « Calme toi. Qu’est-ce qui s’est passé ? » Ce qu'il s'était passé, pouvait-elle seulement le lui lâcher comme ça ? En avait-elle la force ? Elle était épuisée, fragilisée et n'était pas sûre de pouvoir lui raconter ce qu'elle venait de vivre avec une exactitude sans failles. Mais il était son plus vieil ami, certainement la personne qui comptait le plus pour elle sur cette terre, alors oui, elle allait le lui dire. Soufflant avec une lenteur saccadée, ses lèvres s'entrouvrir alors que les secousses parcourant son corps s'appauvrissaient de seconde en seconde. « J'ai été agressée... encore... » parvint-elle à marmonner. Toussotant doucement, elle inspira un bon coup et finit par se reculer pour fixer son ami. Elle passa ses mains sous ses yeux débordants de larmes afin d'essuyer le noir de son maquillage qui avait coulé et finit par croiser ses bras contre son corps, les resserrant comme elle le pouvait. Geste de sécurité que ses proches lui connaissaient. Humectant ses lèvres, elle détourna son regard le temps d'un instant, observant les alentours comme pour vérifier qu'ils étaient seuls. Puis, d'une voix chevrotante, elle lui demanda « Je peux dormir ici cette nuit ? » Le soir était déjà là et elle n'avait aucune envie de se retrouver seule pour cette nuit. Cela dit, avec ce qu'il s'était passé entre Andrea et elle, il y a de ça un bon moment, elle pouvait comprendre qu'il préférerait ne pas dormir avec elle. Le cas échéant, elle irait retrouver Enzo ou Manuela, ou même encore sa demi-soeur. Cela dit, si elle pouvait passer la nuit avec son ami d'enfance, elle se sentirait d'autant plus en sécurité que chez quelqu'un d'autre.

Il la regardait, s’efforçant de ne pas pleuré à son tour. On le lui disait bien souvent, il était bien trop sensible. Mais si il était facilement ému par une scène triste dans un film - sans pourtant en pleurait comme une fillette, il était un homme tout de même – ce n’était rien comparé à l’émotion qui pouvait s’emparé de lui quand il s’agissait de Tallulah. Quand il s’agissait d’elle, ça le toucher plus que n’importe quoi d’autre. C’était comme si sa ravissante meilleure amie possédait le mystérieux pouvoir de transformer son cœur en guimauve rien qu’avec le regard. Mais ça ne le gêner pas parce que dans le creux de la main de la jeune Wellinghton il savait que son palpitant était en sécurité, et il voulait qu’elle s’y sente autant dans ses bras. Il voulait être capable de la protégée de tout. Toujours… A Jamais… Il voulait être son ange gardien, s’assurait que tout ce qui était la cause de ses maux serait réduit à néants. Il voulait être la lueur de ses ténèbres. Parfois la façon dont il l’aimait, avec autant de conviction, autant d’ardeur, lui faisait presque peur. C’était comme si il était convaincu de tout son être de ne pouvoir exister sans elle. Etait-ce là ce qu’on ressentait lorsqu’on avait la chance d’avoir rencontré son grand amour ? Il en était certain. Comment aurait-il pût endurer cette souffrance de rester à ses côtés tout en sachant qu’ils ne seraient jamais ensembles comme il le voulait sinon… Elle semblait si fragile, tellement dans tout ses états. Lui qui avait toujours un mot pour la faire rire et la distraire cherchait silencieusement en vain dans sa tête que dire.

Il lui avait demandé ce qui l’avait mis dans cet état tout en se maudissant de remuer ainsi le couteau dans la plaie. « J'ai été agressée... encore... » Il la serra d’avantage contre lui, ressentant cette immense besoin de sentir son cœur contre le sien. Elle s’était faite agressé. Encore. Une fois encore il avait failli la perdre. Lui qui était si doux, en temps normal si gentil et adorable sentit une grande colère l’envahir. Il ne laisserait rien ni personne lui enlevait Tallulah. Il acceptait le fait de ne devoir être qu’amie avec elle, mais il n’accepterait certainement pas le fait de vivre sans elle. Comment pouvait-on ne serait-ce qu’une seconde pensait à lui faire du mal ? Tallulah s’arrangeait toujours pour rendre la vie des autres plus belle, accumulant les œuvres d’œuvres caritatives et embellissant le monde rien qu’avec son sourire. L’agresseur de la belle chanteuse avait de la chance de ne pas se retrouvé en face d’Andréa pour l’heure. Lui qui n’était pas violent lui aurait volontiers enfoncé son poing dans le visage. Il se rappelait encore tout le temps qu’il avait passé à essayer de faire oublier à Tallulah sa première agression, l’impact que ça avait eut sur elle. Il ne lui en avait pas voulu pour ça mais c’était en partit à cause de ce traumatisme qu’elle avait refusé qu’ils deviennent un couple, ayant plus que jamais besoin de son amitié. Et voilà qu’à nouveau elle revivait ce cauchemars, c’était insupportable…

Elle essuya ses larmes d’un revers de la main et il la couva du regard lui adressant un sourire, ne pouvant s’empêcher de penser que même ainsi, les yeux rougis, les cheveux emmêlé il la trouvait merveilleusement belle. « Je peux dormir ici cette nuit ? » « J’allais justement te le proposer » L’idée qu’elle s’en aille alors qu’elle ne se sentait pas bien n’était même pas concevable. Ça ne lui était même pas venu à l’esprit. Quand bien même il aurait eut la folie de la laissé filer il n’aurait sans nul doute pas fermé l’œil de la nuit et aurait culpabilisé à en maudire son nom. De plus l’idée de l’avoir auprès de lui toute la nuit était plaisante. « J’te laisse le lit ? » Il rêvait de dormir avec elle mais ne voulait pas lui imposait sa présence. Ils n’étaient plus des enfants. Elle avait un corps de femme et malgré leurs amitiés il pourrait comprendre qu’elle veule conserver son intimité. S’ils partageaient le même lit ils ne feraient que dormir mais Andréa était trop bien élever pour ne pas lui poser la question.

Les relations humaines sont connues pour être compliquées, principalement les liaisons amoureuses. Tallulah se rappellerait éternellement du soir où Andrea lui avait avoué les sentiments qu'il ressentait à son égard. C'était le soir où, ayant débarqué chez lui sans prévenir, elle lui avait annoncé son départ pour New York. Assise en tailleur sur son lit, la mine de la blondinette était devenue pâle et sa voix s'était montrée mal assurée au moment de lui annoncer qu'elle partait. Un silence avait suivi son annonce, silence désagréable pendant lequel elle s'était entrelacé machinalement les doigts, un regard inquiet fixant Andrea qui avait mis un certain temps à réagir. Et quelle réaction ! Il lui avait subitement pris les mains et avait posé sur elle un regard qu'elle n'avait jamais croisé auparavant. « Je t'aime Tallulah, ne pars pas, ne me laisse pas. » Ça avait été au tour de la jeune femme de mettre un certain temps à réagir. "Je t'aime", des mots qu'elle n'avait encore jamais entendus, du moins, de la part d'un garçon. Et pas de la part de n'importe quel garçon, de la part de son ami d'enfance, de son meilleur ami, de celui pour qui elle avait refoulé une attirance réelle durant des mois. Suite aux aveux du jeune homme, Tallulah avait été prise de panique et n'avait trouvé qu'une chose à répondre. « Je n'ai pas le choix Andrea... » Sauf qu'elle avait menti : on avait toujours le choix. Mais par peur de perdre celui qui comptait beaucoup trop à son coeur, elle avait préféré taire ses sentiments et blesser le jeune homme en espérant qu'il oublierait ses sentiments le temps de leur éloignement. C'était cependant le coeur brisé que Shannel avait quitté Pretoria pour partir s'installer aux États-Unis, laissant derrière elle l'homme qu'elle aurait pu aimer de tout son coeur, de toute son âme. Et suite à cette séparation, tous les deux n'avaient jamais plus évoqué ce qu'il s'était passé. Pourtant, la belle africaine y pensait chaque jour...

Après avoir essuyé ses larmes et demandé s'il elle pouvait passer la nuit ici, Tallulah resta coite, bras croisés contre son ventre, son regard larmoyant suspendu au visage de son ami. Ses sanglots s'étaient déjà atténués -l'effet Andrea- mais elle ne se sentait pas pour autant mieux. Elle avait réellement besoin de sa présence, d'être dans ses bras pour cette nuit. « J’allais justement te le proposer. » Andrea avait le don de penser de la même manière qu'elle. Cela arrivait souvent qu'ils aient les mêmes pensées, les mêmes opinions, preuve à l'appui. Cette déclaration parvint à décrocher un léger sourire à la chanteuse qui, touchée par ses paroles, passa son poings sous ses yeux à nouveau. « J’te laisse le lit ? » Cela semblait logique. Dormir dans le même lit, cela appartenait aux couples et ils n'en étaient pas un. Cependant, elle avait réellement besoin de se sentir contre lui si elle voulait pouvoir fermer l'oeil ne serait-ce qu'une heure durant la nuit. Alors qu'importe les normes sociales ! Souriant un peu plus, Tallulah hocha négativement la tête et, d'une voix un peu plus assurée, lui répondit sur un ton légèrement exaspéré. « Je t'ai dit que j'avais besoin de toi, imbécile. » Joke for sure. Et pour le lui montrer, elle s'approcha de lui et lui attrapa la main pour se mettre à marcher en direction de sa chambre, le fixant du regard. Et s'il ne désirait vraiment pas dormir avec elle ? Eh bien elle respecterait son choix. Parce qu'elle comprendrait qu'il préfère dormir loin d'elle, car, une fois de plus, ils n'étaient pas en couple.

« Je sais mais j’aime tellement te l’entendre dire. » Encore une fois, du Andrea tout craché. Lui qui avait toujours été très attaché à Tallulah -ce qui était évidemment réciproque- avait toujours eu le besoin de se sentir rassuré, d'entendre qu'il était important à ses yeux. Particulièrement après qu'elle ait quitté l'Afrique pour s'installer à New York. À chaque appel, il se rassurait en lui demandant si elle pensait à lui, s'il lui manquait. C'était devenu une habitude chez lui, une habitude qui faisait évidemment craquer la blondinette. Elle trouvait cette tendance à avoir besoin de se sentir aimé absolument trop mignonne et elle prenait toujours un malin plaisir à lui faire comprendre que, oui, elle tenait à lui plus qu'à quiconque. Là, pour le coup, elle se contenta de lui adresser un tendre sourire tout en gardant ses bras croisés contre son ventre, ses cheveux encore mouillés collant les côtés de son visage. « Puis j’aime bien dormir contre toi. Avec toi. » Shannel ne nota même pas la correction de rattrapage qu'avait ajouté son ami, car elle n'avait rien noté d'anormal dans sa première phrase. Plus jeunes, étant enfants puis ados, il leurs était arrivé à plusieurs reprises de dormir dans le même lit et jamais Tallulah ne s'était gênée pour se coller à lui et sentir la chaleur réconfortante de son corps contre le sien. Aujourd'hui, certes, les choses avaient changé. Ils étaient adultes et cette histoire de sentiments amoureux avaient instauré une sorte d'ambiguité entre eux. Mais la chanteuse n'avait même pas fait attention au lapsus d'Andrea et, en guise de réponse, s'avança vers lui pour attraper sa main et l'entraîner avec douceur en direction de la chambre.

Une fois dans la chambre, l'africain se débarrassa de ses chaussures. Tallulah en fit de même et en profita pour ôter son pull détrempé pour le poser dans un coin de la pièce, restant cependant vêtue d'un top blanc qui, lui aussi, avait légèrement pris l'eau. Mais qu'importe, au moins, elle prenait moins de risque à mouiller le lit d'Andrea. Et puis elle crevait de chaud, rester habille avec son sweet-shirt relevait de la folie ! Quand elle reporta son attention sur son ami, il était déjà allongé et lui faisait gentiment signe de le rejoindre. Elle s'avança donc doucement en direction du lit alors que le jeune homme lui demandait si elle se sentait bien. Une petite grimace prit forme sur le visage de la jolie blonde et elle haussa mollement les épaules tout en lui répondant « Pas vraiment non... » En même temps, comme pouvait-elle se sentir bien alors qu'elle venait tout juste d'être la victime d'un psychopathe ? La peur la rongeait, elle se sentait perdue, en danger. Mais, heureusement pour elle, ces ressentis avaient diminué au moment même où elle avait passé le pas de porte de l'appartement d'Andrea. Elle le lui fit d'ailleurs remarquer tout en finissant par prendre place à ses côtés. « Mais ça va mieux depuis que je suis avec toi. » Autant être franche : Andrea la faisait se sentir en sécurité. Et, comme pour insister sur ses dires, la blondinette rapprocha son visage de celui de son ami et l'embrassa avec douceur sur la joue avant de se blottir contre lui, nichant sa tête dans le creux de son cou. Il n'y avait pas meilleur endroit au monde que les bras du jeune africain pour elle, si bien qu'elle se sentit presque soudainement libérée du poids qui pesait sur elle depuis plusieurs heures. « Tu ronfle ? » lui demanda-t-il innocemment, tirant un léger rire de la bouche de Tallulah. Elle releva sa tête pour le fixer de ses yeux océans et hocha négativement la tête d'un air exaspéré. « Non. Tu devrais le savoir pourtant. » lui glissa-t-elle en souriant avant d'aller caler à nouveau sa tête contre l'épaule d'Andrea. Elle poussa un profond soupir alors qu'elle sentait ses muscles se débarrasser de la tension qui les crispait depuis trop longtemps. Elle se sentait mieux, apaisée, en sécurité. Tout ça grâce à lui. Le jeune Baker avait toujours eu la capacité de la calmer, de la faire se sentir mieux, de la rassurer, de lui rendre le sourire... et c'était certainement pour ça que l'africaine s'était laissée emporter dans des sentiments plus forts que de l'amitié. Sentiments qu'elle refusait d'admettre par peur de le perdre. Et pourtant, Andrea le lui avait dit lui-même, il l'aimait. Mais cela remontait à quatre ans, et les choses changent en quatre ans... Soupirant doucement à cette pensée, Tallulah bougea légèrement contre son ami, se blottissant un peu plus contre lui et, fermant les yeux, laissa un murmure briser le silence. « Je sais pas ce que je ferais sans toi Andrea... merci d'être là pour moi, d'être ce que tu es... » Un "je t'aime" lui brûla les lèvres mais, consciente qu'elle prendrait un léger risque, elle se contenta de se mordre la lippe inférieure discrètement pour ravaler les mots qui étaient remontés jusqu'à sa bouche.

Les bras d'Andrea était l'endroit que Tallulah préférait sur terre. Il suffisait qu'elle s'y blottisse pour qu'elle oublie ses soucis, qu'elle oublie même l'endroit où elle était. Son ami d'enfance avait cette capacité de lui vider la tête, la détendre, la faire se sentir bien simplement en la serrant contre lui. Combien de fois avait-il réussi à effacer son chagrin par un simple geste tendre ? La blondinette n'en comptait plus le nombre. Il avait été là pour elle pour sécher ses larmes quand elle était petite, il avait été là pour la consoler lors de ses chagrins d'adolescente, il l'avait réconfortée après son agression et plus récemment à la suite de la mort de celui qu'elle avait toujours considéré come son père. Il avait été d'un soutien sans faille quand elle avait appris que son père biologique lui était inconnu et il l'avait aidée dans ses recherches sur sa famille. Et ce soir, il était encore là pour la prendre contre lui et lui faire oublier ce qu'elle venait de vivre dans le studio de musique de son meilleur ami. Tallulah n'en doutait définitivement pas : Andrea était la personne qui l'avait toujours suivie et qui serait là pour elle contre vents et marrées.

« Je suis heureux alors. » lui répondit-il en la serrant contre lui. Shannel soupira doucement et sourit légèrement, se sentant en sécurité et rassurée ainsi blottie contre son ami. Sa chaleur corporelle la réchauffait, physiquement et psychologiquement parlant, si bien que son coeur ronronnait de plaisir, tambourinant dans un rythme de plus en plus effréné dans sa poitrine. Andrea devait d'ailleurs certainement l'entendre battre dans le silence qui régnait dans la pièce, bercé par leur souffle respectif, calme et paisible. « Merci à toi. » lui murmura-t-il alors qu'elle se mordait la lèvre inférieure pour se retenir d'en dire trop. Elle sentit le rouge lui monter aux joues et, se sentant entrer en territoir instable et dangereux, elle cacha son visage comme elle le put, se maudissant intérieurement de perdre aussi facilement ses moyens. Heureusement que la pénombre régnant dans la pièce l'aidait à masquer ce qui la trahissait. « Moi aussi. » entendit-elle. Deux mots, simples, mais qui firent partir son coeur dans un grand huit sans fin. « Moi aussi. » alors qu'elle avait pensé « Je t'aime. », comme s'il avait pu entendre ses pensées. Déstabilisée, Tallulah resta silencieuse, la bouche entrouverte, voulant répondre quelque chose. Mais quoi ? Alors elle referma sa bouche, déglutit et ferma les yeux pour tenter vainement de calmer les battements trop rapides de son coeur. Paupières clauses, elle se remémora une partie des souvenirs qui la liait à Andrea : leurs moments passés à l'école, en classe ou dans la cour de récréation, les fleurs qu'il lui avait offerte alors qu'ils n'avaient que cinq ans, les larmes qu'il avait versées quand elle lui avait dit qu'elle partait en voyage avec sa mère, les yeux pétillants qui les avaient fixés quand elle était rentrée, les soirées qu'ils avaient passées, couchés dans l'herbe à observer le ciel étoilé, et tant d'autres instants, tous plus précieux les uns que les autres. À ces pensées, la belle africaine se sentit perdre pieds, comme une adolescente incapable de gérer l'amour qu'elle ressentirait pour le plus beau garçon du lycée. Puéril ? Non, simplement trop compliqué. À l'époque, elle avait préféré ne pas lui avouer qu'elle aussi ressentait quelque chose pour lui, par peur que la distance ne les éloigne trop et les détruise. Mais maintenant qu'ils étaient à nouveau dans la même ville, elle craignait de franchir le pas par peur de le perdre. Elle avait tellement besoin de lui... mais d'après elle, avouer ses sentiments ne pourrait que l'amener au pire. Se mordant une fois de plus la lèvre, elle décida de tâter le terrain, le plus méticuleusement possible. « Andrea... je peux te poser une question ? » Hésitante, elle laissa planer un court silence. Andrea lui avait confié qu'ill l'aimait il y a plusieurs années et jamais il n'en avait reparlé. Elle s'apprêtait à relancer le sujet maintenant, mais était-ce une bonne idée ? Sans trop réfléchir, elle fini par rouvrir ses paupières et décala sa tête de sorte à pouvoir fixer le visage du jeune homme de ses yeux océans lumineux. « Quand je suis partie pour New York tu... tu m'as dit que tu m'aimais... est-ce que... » Déglutissant, elle se sentait déjà trop déstabilisée. Mais elle continua, consciente qu'elle en avait trop dit. « Est-ce que tu as dit ça simplement pour me faire rester à Pretoria ? » Il est vrai que, le fait de n'en avoir jamais reparlé l'avait mise en situation de doute. Avait-il été sincère ou bien est-ce que ça n'avait qu'été un élan du coeur pour la retenir en Afrique ? Le coeur battant la chamade, Tallulah garda son regard brillant fixé sur le visage de son ami et attendit sa réponse, quelque peu anxieuse.

« Andrea... je peux te poser une question ? » « Bien sûr » lui répondit-il en souriant tout en redoutant un peu la question. Il avait peur qu’elle ne veule pas entendre la réponse qu’il pourrait donner à une question qu’il devinait, qu’elle se braque et que cela gâche leurs amitiés. C’était fou, malgré toute la confiance qu’il pouvait avoir en elle, il avait toujours peur de la perdre. Pourtant elle était à chaque fois revenue vers lui. Malgré tout les voyages qu’elle avait faits dans le monde, elle n’avait pas oublié une seule fois de lui envoyer une carte. Il ne se passait jamais une semaine entière sans qu’il n’entende sa voix. Mais sa vie devait-elle se résumait à ça ? Passait son temps à attendre que Tallulah veuillent bien s’occuper de lui, se rappelait de son existence et n’être le reste du temps que l’ombre de soit même ? Andréa était soucieux. Parfois il se demandait si ce n’était pas ses amis qui avaient raison, s’il n’était pas mieux pour lui de l’oublier. Mais à quoi bon exister si sans elle il n’était plus que l’ombre de lui-même ? La vérité c’est qu’il avait peur, peur de tout gâcher et d’être rejeter une fois encore… « Quand je suis partie pour New York tu... tu m'as dit que tu m'aimais... est-ce que... Est-ce que tu as dit ça simplement pour me faire rester à Pretoria ? »

Il connaissait la réponse à cette interrogation, il savait sans hésiter que ce n’était pas le cas. Il lui avait dit qu’il l’aimait parce qu’il l’aimait réellement. Toutefois il hésitait à lui avouer la vérité… Pourquoi est-ce qu’ils ne pouvaient pas simplement ce contenter de ce qu’ils avaient ? Leurs amitiés était si précieuse qu’à l’instant il se pensait presque fou d’avoir voulu la risquer pour quelque chose qui serait peut-être moins bien. Tallulah venait de se faire agresser de nouveau, elle avait besoin de stabilité et certainement pas de s’engager dans une relation qui pouvait être sans avenir. Il ne voulait pas la faire pleuré comme elle avait pleuré dans le couloir. Ils s’entendaient bien en amis, mais en couple ? Ce n’était pas sûr… Lui avouer qu’il l’aimait réellement n’aurait fait que la perturbé d’avantage. Il voulait qu’elle se sente bien et être le dernier de ses soucis. Aussi répondit-il : « Oui… » A l’instant même où il prononça ce mensonge, il se maudit de le faire. Il détestait lui mentir et à vrai dire il ne le faisait jamais. Mais là c’était pour la bonne cause. Il sacrifiait son propre bonheur pour le sien. C’est ce que font les amis, ils veillent les uns sur les autres, et ils étaient amis…

Tallulah ne l'avouerait jamais, pas même à elle-même. Mais en ce moment, tout ce dont elle avait besoin, c'était d'entendre un « non » franchir les lèvres d'Andrea. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle voulait l'entendre lui dire qu'il l'aimait, que les sentiments qu'il lui avait avoués avant son départ pour New York étaient réels et n'avaient jamais cessé d'exister. Elle avait besoin de son amour, plus que tout. Même si elle luttait pour se l'avouer. Elle ne voulait pas admettre l'évident : elle était amoureuse de son meilleur ami et, en cet instant précis, il avait tous les pouvoirs, celui de la rendre la plus heureuse au monde comme celui de la détruire. Le regard suspendu aux lèvres de l'africain, Shannel restait tout aussi silencieuse que lui. Elle retenait même inconsciemment sa respiration, comme par peur de détruire le halo qui avait suivi ses propres paroles. Le coeur tambourinant dans sa poitrine crachait en elle tout l'espoir qu'il contenait. Un non, juste un seul...

Quand le « Oui… » soufflé par Andrea franchit la barrière de ses lippes, le coeur de Tallulah vola en éclats. Un milliard de petits débris douloureux se propagèrent dans ses veines, l'emplissant d'une douleur lancinante. Immédiatement, elle baissa la tête, camouflant ainsi la déception, la douleur qu'elle ressentait. Il avait eu tous les pouvoirs, il avait décidé de la détruire. Mission réussie. Soudainement, elle eut envie de fondre en larmes, complètement abattue par ce qu'elle venait d'entendre. Les sanglots bloquaient déjà sa gorge et elle manqua d'étouffer. Alors elle se redressa, paniquée à l'idée de montrer que la réponse d'Andrea l'avait blessée, et marmonna rapidement « J'ai de la peine à respirer... il faut que j'aie prendre l'air... » Et sans attendre une réaction de la part de son ami d'enfance, elle se dégagea du lit et quitta la chambre avec vitesse pour traverser le salon et se jeter sur la baie vitrée donnant sur le balcon de l'appartement. Quand elle fut à l'extérieur, elle se rua contre la barrière, l'agrippa et laissa son souffle, douloureux, remué, s'échapper d'entre ses lèvres entrouvertes. Son regard embué de larmes se fixa au loin, sur la vue nocturne que lui offrait le quartier de Yorkville. Mais rapidement, sa vision devint trouble et elle sentit ses jambes devenir si faibles qu'elle perdit l'équilibre. Manquant de tomber, elle se recula et alla s'appuyer contre un des murs formant les côtés du balcon pour finir par se laisser glisser contre, se retrouvant assise, recroquevillée sur elle-même. Ses yeux se dirigèrent au ciel et, alors qu'une larme roula sur sa joue, elle se mordit la lèvre inférieure à sang, se maudissant d'être aussi faible. C'était ça alors l'amour ? Souffrir de ne pas entendre le « non » qu'on avait tant espéré ? Tallulah crachait sur l'amour. Ce n'était bon qu'à en faire des chansons. Dans la réalité, c'était bien trop dur à vivre.

« J'ai de la peine à respirer... il faut que j'aille prendre l'air... » Andréa ne savait pas plus quoi faire, plus quoi dire. Tallulah quitta le lit précipitamment et il resta cloué sur place par sa culpabilité. Il avait mal agis. Il s’en rendait compte maintenant qu’il voyait la réaction de sa belle chanteuse. En règle générale il agissait toujours comme il le fallait. Andréa était un homme bien avec des valeurs, mais là il s’était lamentablement vautré… Elle avait semblé être si déçu en entendant son oui qu’il était évident qu’elle attendait un non. Il lui avait mentit pour la protéger et éviter qu’elle ne souffre, pensant que sa réponse la soulagerait et qu’elle ne se prendrait pas inutilement la tête avec les sentiments qu’il avait pour elle, mais au lieu de ça il avait l’impression d’avoir aggravé son états. Elle semblait si sereine dans ses bras, contre lui, et maintenant elle n’arrivait plus à respiré…

Lui aussi avait le souffle coupait. Il ne voulait pas être le responsable de ses maux. Il voulait être celui qui la faisait sourire. Elle était dans la véranda et il essayait de rassembler ses idées avant de la rejoindre. Il ne pouvait pas la laisser seule. Il n’aurait jamais dût laisser la peur dicter ses actes. Il aurait dût avoir confiance en eux, ne pas douter. Décider, il quitta alors le lit et alla à son tour à l’extérieur. Elle se trouva là, assise regardant le ciel, recroquevillé sur elle-même. « J’ai mentit » dit-il en regardant vers elle, entendant qu’elle tourne son regard vers lui. « Ça n’a jamais était pour que tu reste... Je t’aime ». Il déglutit avec difficulté, le souffle semblant lui manquer. Il avait eut le courage de lui dire. Peu lui importait désormais si elle refusait son amour et lui préférait leurs amitiés. Au moins il était honnête….

Recroquevillée sur elle-même, Tallulah faisait peine à voir. Ses yeux miroitaient à la lumière de la lune, semblant retenir les larmes qui y dansaient, preuve de souffrance et de faiblesse qu'elle ne voulait pas montrer. Elle n'avait jamais été faible. Depuis sa tendre enfance, elle s'était montrée courageuse, donnant tout son amour dans l'aide qu'elle avait apporté aux personnes des bas quartiers de Pretoria, puis des personnes en difficulté partout dans le monde. Ce même amour qu'elle avait transmis au travers de sa musique, ce même amour qu'elle donnait chaque jour à sa famille, à ses meilleurs amis, Enzo et Manuela, à Andrea. On avait toujours qualifié la jeune femme comme détenant assez d'amour pour la terre entière et comme étant suffisamment forte pour tout surmonter. Elle avait vécu la mort de son père, avait avalé difficilement la pilule en apprenant que son vrai père se trouvait ailleurs sur cette terre, elle avait surmonté une première agression, puis une seconde qui ne remontait qu'à quelques heures. Mais elle s'était toujours relevée, plus forte à chaque instant. Mais à cette minute précise, c'était comme si toute cette énergie, tout ce courage qui l'animaient en temps normal s'étaient évaporés dans le ciel nocturne. Elle était faible, abattue par ce simple mot qu'elle avait entendu et qui bourdonnait encore dans ses oreilles. Le regard perdu dans le ciel, elle priait pour retrouver cette force qui l'avait toujours épaulée dans les moments difficiles. Mais seule la solitude et la douleur lui répondirent en coeur pour briser un peu plus son palpitant fissuré.

Quand elle entendit des pas se rapprocher d'elle, elle comprit immédiatement qu'il s'agissait d'Andrea. Comme d'habitude, il allait venir la consoler. Mais en ce moment même, elle ne voulait pas de ses bras autour d'elle, elle ne voulait pas de ses mots rassurants. Elle voulait être seule afin de digérer ce qu'elle avait entendu, de laisser son espoir brisé s'éteindre doucement. Alors, pour se faire, elle s'empressa de passer ses mains sous ses yeux pour effacer toute trace des larmes qui faisaient scintiller ses iris bleus. Puis, sans regarder Andrea, lui lança d'une voix la plus assurée possible « Désolée je... j'ai repensé à ce qu'il s'est passé au studio tout à l'heure et j'ai... » « J’ai menti. » la coupa-t-il. Elle se tut, laissant sa bouche entrouverte. Ses yeux se rivèrent automatiquement sur lui et, par la simple expression de son visage, elle voyait qu'il était sincère. Et pourtant, une part d'elle la conjurait de ne pas l'écouter, de former une carapace autour de son coeur pour ne plus souffrir. « Ça n’a jamais était pour que tu reste... Je t’aime. » L'armure qu'elle avait tenté de se forger à la vitesse de la lumière explosa, son coeur avec. Il venait de lui avouer le contraire de ce qui l'avait détruite quelques secondes plus tôt. Elle aurait dû se lever, se jeter dans ses bras, l'embrasser... mais elle resta immobile, coincée dans un mutisme qu'elle ne se connaissait pas. Elle qui avait pour habitude d'avoir la parole facile se retrouvait la gorge sèche, incapable de prononcer le moindre mot. Force étant de constater qu'elle ne pouvait pas lui répondre, la blondinette détourna finalement son regard et le fixa sur la paroi de verre qui séparait le balcon du vide, observant l'extérieur se fondre dans la nuit. « Ne me dis pas ce que j'ai envie d'entendre pour éviter de me faire souffrir... s'il te plait... » parvint-elle à murmurer alors qu'une nouvelle larme glissait calmement contre sa joue de porcelaine. Inconsciemment, elle venait de lui avouer qu'elle avait espéré entendre ce « je t'aime ». Elle ne s'en rendit compte qu'après coup et ferma les yeux en se mordant la lèvre inférieure, tête baissée.

Les yeux larmoyant de la belle africaine ne quittait plus la barrière vitrée. Au travers, les lumières éclairant la rue lui semblaient loin, presque blafardes, à croire que sa vision avait perdu le goût des couleurs. Andrea n'en était en rien fautif, non, c'était elle et ce foutu coeur qui battait pour son meilleur ami. D'ailleurs, pouvait-elle encore le considérer comme tel ? Un simple meilleur ami d'enfance ? Parce qu'au fond d'elle, la vérité sonnait, claire, précise : elle en était éperdument amoureux. Et avec un simple mot, il avait brisé tous les espoirs qu'elle avait inconsciemment fondés depuis des années. Sauf qu'il semblait lui promettre le contraire, qu'il avait menti, que ce "oui" avait été un mot de trop prononcé qui n'avait rien de sincère. Tallulah ne voulut pas y croire et se contenta de fixer l'extérieur, resserrant un peu plus ses genoux contre sa poitrine, les encerclant de ses bras. Cela dit, Andrea semblait l'entendre autrement. Il s'approcha finalement d'elle pour s'accroupir, lui faisant face, et sa main vint rapidement lui attraper délicatement le menton pour la forcer à poser ses yeux océans sur lui. Une larme roula sur la joue de la chanteuse quand leurs regards se croisèrent. Faible, elle était faible face à lui. « Je le dis pas pour ça... Je le dit parce que je le pense… » Shannel resta coite, incapable de prononcer le moindre mot. Alors que son coeur explosait de joie, son visage resta impassible, ses yeux larmoyants agrippés aux sien comme à une bouée de sauvetage. Elle se retenait aux paroles qu'elle venait d'entendre, essayant de se convaincre qu'elle n'était pas dans un de ces stupides rêves où elle avait pu voir Andrea lui avouer que, oui, il l'aimait. Elle s'y focalisait avec tant de force qu'elle ne remarqua même pas le soudain rapprochement entre leur visage. Ce n'est que quand ses lèvres vint effleurer les lèvres et que ses yeux se fermèrent comme par automatisme qu'elle se rendit compte de ce qu'il se passait. Et quand enfin leurs lèvres se lièrent, son coeur finit d'exploser dans un feu d'artifice de sentiments tous plus agréables les uns que les autres. Un élan la dépassa soudainement : son corps se redressa et ses mains partirent agripper la nuque du jeune homme alors qu'elle approfondissait leur baiser avec tout l'amour qu'elle avait retenu en elle durant toutes ces années. Puis quand elle se rendit compte de ce qu'elle était en train de faire, elle recula son visage et lâcha le cou d'Andrea pour se reculer de quelques centimètres. Le rouge lui monta aux joues et, gênée, elle glissa une de ses longues mèches blondes derrière son oreille, évitant le regard de celui qu'elle aimait. « Excuse-moi... » marmonna-t-elle. Mais pourquoi s'excuser ? C'était totalement... débile. Consciente de l'absurdité qu'elle venait de dire, elle rigola nerveusement et passa ses mains sous ses yeux pour effacer ses dernières larmes avant de plonger ses iris bleus dans ceux d'Andrea, un léger sourire étirant ses lèvres. Puis elle tendit ses mains vers lui, l'incitant à les lui prendre, et, entremêlant leurs doigts, elle l'attira à elle pour aller une fois de plus poser ses lèvres contre les siennes.

Lorsque ses lèvres touchèrent celle de Tallulah c’était comme s’il avait attendu toute sa vie ce moment pour réellement exister. Il avait l’impression que les couleurs de ce monde étaient plus vives, plus belle, que l’air était plus respirable, que le soleil brillait d’avantage. Des tas de petit détails que lui seul était à même de voir. Il aurait bien aimé pourvoir arrêter le temps pour ne pas laisser filer cet instant et ce qu’il ressentait. Il ne doutait pas du fait qu’il aurait désormais d’autres baiser avec Tallulah mais ça ne serait plus leur premier. Le premier était toujours magique, il lui faisait ressentir des émotions inconnues et lui donnait envie d’exprimer, de hurler sa joie. C’était la première fois qu’il l’embrassait elle, il découvrait sa façon de faire et son cœur tambouriner furieusement dans sa poitrine comme manquant d’arrêter de battre. Il savourait tant l’instant présent que son cerveau était presque comme déconnecter de la réalité. Tallulah l’avait attrapé par le cou et l’embrasser avec une telle passion que pour l’heure il ne doutait pas une seule seconde de son amour. Il se laissa faire avec une facilité déconcertante, ayant autant envie qu’elle d’allait au bout des choses. Lorsque leur baiser pris fin, la jolie blonde rougit d’avoir autant d’ardeur et il répondit à ses excuses avec un léger rire amusé. Il ne se moquait pas, il trouvait son attitude des plus attachantes, attendrissantes. Tallulah lui tendit les mains pour qu’ils les prennent et ainsi lier ils s’embrassèrent de nouveau… Andréa voulait rester accrocher à ses lèvres. Il ne voulait pas tout gâcher en lui posant des questions inutiles du genre « Alors on est un couple maintenant ? » car pour lui la réponse était évidente. Ils étaient désormais plus que de simples amis… Il savourait son nouveau bonheur. Il aurait le temps pour les questions et les doutes par la suite, pour l’instant rien ne pourrais gâcher sa joie…

C'était donc à ça que ressemblaient les baisers d'Andrea ? Cette tendresse fruitée et délicieuse qui ne faisait qu'accélérer un peu plus les battements effrénés du coeur de la blondinette ? Tallulah les avait imaginés tellement de fois, dans ses rêves les plus fou, et voilà qu'elle les vivait réellement. Et elle était loin d'être déçue. C'était plus intense que tout ce qu'elle avait pu imaginé, plus passionné que tous les baisers qu'elle avait pu échanger avec des hommes au courant de sa vie. Et le détail qui faisait toute la différence, elle le connaissait : elle était simplement folle amoureuse de cet homme.

Andre ne voulait pas lâcher ses lèvres, elle non plus. Elle s'agrippait à ses mains avec fermeté, se montrant pourtant tendre dans ses baisers. Son coeur allait finir par imploser et ce n'est que quand elle se sentit manquer d'air qu'elle recula son visage. Le souffle légèrement saccadé, elle garda ses lippes entrouvertes et un sourire sincère les étira. Rouvrant ses paupières, elle leva l'océan de ses yeux pour trouver le regard de l'africain et elle resta quelques secondes à se noyer dans ses iris bruns. Elle ne pouvait rien demander de plus : l'instant était parfait. Cependant, elle commençait à sentir la fatigue l'envahir. Il se faisait tard et la journée avait été des plus éprouvantes pour elle. Affaiblie par ce qu'elle avait subi l'après-midi même, elle avait grand besoin d'une bonne nuit de sommeil. Nuit qu'elle passerait en sécurité, dans les bras d'Andrea. « On va se coucher ? » lui demanda-t-elle d'une voix enfantine. Puis, sans réellement attendre de réponse de sa part, elle se releva, passa ses mains sur ses fesses pour y enlever la poussière qui y traînait, puis elle adressa un sourire au brun avant de lui attraper la main et d'enlacer leurs doigts pour le tirer à l'intérieur. La nuit ne pouvait que leurs être bénéfique, et Tallulah avait dors et déjà hâte de se blottir dans ses bras.


mais non c'est très bien *.* et moi j'ai fait court pour arriver sur la fin, qu'on puisse écrire la suite *__*