Je me suis arrangée pour que Noah ne soit pas là aujourd'hui. C'est ça la difficulté quand vous vivez en colocation, il faut passer des accords si vous voulez un moment de tranquillité avec une tierce personne. Mais mon cher colocataire -oui, je m'habitue encore à l'appeler comme ça- ne s'est pas montré trop difficile. Surtout quand je lui ai dit que que c'était Kiara qui venait et que s'il restait, il allait devoir supporter toutes nos discussions de filles. Bien sûr, j'ai forcé sur la caricature pour mieux marquer le coup. Le résultat final a été que Noah est finalement parti pour la journée pour faire je ne sais quoi. Bosser peut-être mais je crois que c'est son jour de congé aussi. En tous les cas, une fois toute seule, j'essaie de préparer au mieux ce qui va suivre. Loan et Kiara sont mes cousines, c'est ce que ça donne si on résumé. Après si on s'amuse à détailler, elles deviennent mes cousines par alliance vu que leur belle-mère est la soeur de mon père. Mon père a d'ailleurs du mal à la supporter, comme tout le monde chez moi de toute façon. Même quand mon adoption a été dévoilée, ça n'a rien changé entre nous. Je les ai toujours considérées comme mes cousines. Mes vraies cousines, comme si on avait le même sang. Peut-être que j'en ai besoin vu que je ne sais rien de ma famille biologique. Sutton est tout ce que j'ai alors ma famille adoptive ... Enfin disons qu'elle complète le tout. Ces derniers mois m'ont permis de comprendre et surtout, de me réconcilier avec mes parents. Ça serait trop bête de les perdre aussi j'imagine.

Kiara et moi avons une tradition. Un tradition qui a été en mode pause durant un long moment vu qu'elle est retournée en Australie. Du coup, cette journée est importante car c'est la première fois qu'on la refait depuis plusieurs mois. On allait chez l'une ou chez l'autre, se raconter nos vies et en dévoiler ces nouveaux éléments, se donner des conseils quand l'une en avait besoin ou alors, juste parler, passer du temps ensemble, tranquillement. Tout poser à plat. On faisant ça régulièrement, c'était nos moments à nous. Du coup, ça m'a beaucoup manqué après son départ alors en sachant son retour, il ne nous a pas fallu longtemps pour remettre ça en place. Cette tradition a commencé sans qu'on ne s'en rende vraiment compte en fait. J'essaie de tout préparer avant qu'elle n'arrive mais en même temps il n'y a pas grand chose ... c'est juste histoire de. J'ai posé une assiette de cookies faits maisons, un pot de nutella et des tablettes de chocolats milka sur la table basse. Oui, oui, autant faire les choses en grand et puis au pire, Kiara me dira si elle veut autre chose parce que j'ai des réserves à l'appartement. Alors quand on a frappé à la porte, inutile de vous préciser qu'un peu trop enthousiaste, je me suis précipitée pour lui ouvrir. « Hey ! Je t'en prie entre ! » ai-je lancé tout sourire en lui indiquant le salon. Histoire qu'on reprenne nos vieilles habites qui consistent à parler de nos vies en grignotant toutes sortes de trucs. Après qu'elle soit entrée, je ferme la porte derrière elle tandis que nous nous dirigeons vers le canapé. « Tu veux boire un truc ? Si tu veux j'ai des pots d'Häagen-Dazs dans le congélo ... Autant reprendre nos vieilles habitudes tout de suite. »

Très enthousiaste ? Moi ? Sans blague. N'importe quoi. En même temps quel mal y a-t-il à cela ? Alors quand Kiara est apparue derrière la porte, on s'est mutuellement serrées dans les bras, grands sourires aux lèvres. Ça fait tellement longtemps aussi, après qu'on s'étonne pas que je sois enthousiaste ! La famille, c'est important, même si bon la notre n'est pas des plus évidentes vu que parfois, ça part dans tous les sens. J'apprécie beaucoup Kiara et le temps qu'on passe ensemble, surtout quand il s'agit de nos séances de discussion. Nous abordons tous les sujets possibles, en rapport avec nos vies ou pas et je dois avouer que m'épancher me fait du bien parfois. Bon le seul sujet qui reste délicat c'est bien sûr Loan. Malheureusement, depuis quelques années, les jumelles sont en guerre et je me retrouve au milieu, refusant de prendre parti l'une pour l'autre parce que je les aime trop pour ça. Je vois pas pourquoi j'aurais à choisir donc, je ne choisis pas. Elles ont compris que ça ne servait à rien d'essayer de m'influencer et j'évite de me mêler leurs affaires. Même si bon, faut être honnête, de temps en temps je tente des traités de paix mais pour le moment, sans grand succès. J'indique donc à Kiara de s'installer, un peu comme si on avait perdu l'habitude après tous ces mois et peut-être aussi à cause du nouvel appartement. Puis, comme si ce qu'il y a sur la table ne suffit pas, je lui propose mon arme fatale qui se trouve dans le congélateur. « Oh, de la glace ! Avec plaisir ! » répond ma cousine avec un sourire. Faut croire que ces pots de glace réussissent toujours à faire leur effet. Du coup, je file dans la cuisine chercher les deux pots survivants de la semaine.

« Dis donc, t'as sorti le grand jeu ! » a-t-elle lancé tandis que je referme la porte du congélateur. En retournant au salon, je surprends Kiara en train de regarder bizarrement la nourriture sur la table basse. Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres tandis que je pose les deux pots sur la table basse. « Bah quoi ? Ça fait des mois qu'on a pas pu parler comme on le faisait, du coup aujourd'hui ça se fête ! Et dignement ! » ai-je fait en rangeant une veste de Noah qui trainait dans le coin. « Et puis ne me dis ps que ça te déplaît d'avoir tout ça à ta disposition, je te croirai pas. » Je souris toujours, heureuse de la revoir sur ce canapé qui a été le témoin de beaucoup de nos moments confidences. Le fait qu'elle reparte en Australie a été tellement ... étrange. A l'époque, j'aurais voulu pouvoir la retenir mais je me suis faite une raison. De toute façon maintenant, elle est de retour, et c'est ça le plus important. « T'aurais pas quelque chose de gros à annoncer, cette fois ? » a poursuivi Kiara comme si elle était vraiment persuadée de qu'elle raconte, c'est-à-dire que j'ai vraiment une grosse annonce à lui faire. Du coup, j'ai éclaté de rire, ne sachant pas très bien quoi lui répondre. Je me suis laissée doucement tomber sur le canapé avant de décider d'entre dans son jeu. « Tu m'as percée à jour ! Adam Levine et moi on est couple, on s'est rencontrés y a pas longtemps mais on s'aime vraiment. On va se marier d'ailleurs, on va déménager dans un chalet dans les Alpes où y aura pas l'eau et l'électricité et où on élèvera nos huit enfants ( ) au milieu des chèvres. Ça te va comme grosse annonce ? » ai-je fait hilare en lui lançant un coussin dans le but de l'atteindre à la tête. Une imagination débordante parfois mais j'ai toujours fantasmé sur le chanteur des Marron 5, ce n'est pas ma faute. Bon reprenons un peu de sérieux. « Je sais pas toi mais j'ai pas besoin d'avoir de raison particulière pour ruiner ma santé avec de tels trucs. » ai-je fait en indiquant toutes les assiettes sur la table basse et les pots. « Tu veux lequel : oreo ou macadamia ? » ai-je fait en lui proposant les deux. Pour moi peu importe, à ce niveau je ne suis pas très difficile. Je me suis mise en tailleur sur le canapé en repensant soudainement au fait que c'est la première fois qu'elle voit mon appartement. « Au fait, qu'est-ce que tu penses de mon nouveau chez moi ? »

S’habituer à l’absence quotidienne de Kiara a été quelque chose de très étrange. Tellement que j’ai eu du mal à m’y habituer à cause du manque d’habitude. Au moins, je n’ai pas eu à jouer les arbitres entre Loan et elle pendant tout ce temps … m’enfin, tu parles d’un point positif. Du coup, apprendre qu’elle était de retour a été plus qu’une bonne nouvelle. Tous nos moments passés ensemble m’ont manqué. Peu après son départ, j’avais encore le réflexe de vouloir l’appeler pour lui demander quand serait notre prochaine réunion. Certains ont besoin de psy, pour moi, discuter avec Kiara est suffisant. J’ai donc ramené les pots de glace, histoire de compléter toutes les bonnes choses pas caloriques du tout qui se trouvent sur la table. C’est sûr, j’y ai peut-être été un peu fort en effet mais je pense que c’est la moindre des choses. Et puis comme je l’ai dit, une occasion de se faire un tel buffet est à saisir et le sourire de ma cousine m’indique j’ai tapé dans le mille, malgré ses questions. Mais elle a tout de même voulu être sure. En même temps, ça fait tellement longtemps que nous n’avons pas pu parler, elle pense sûrement qu’il y a du nouveau dans ma vie comme je pense qu’il y a du nouveau dans la sienne. Ce qui n’est pas faux dans un sens même si dans la mienne … Enfin va falloir que je lui raconte pour Peter, sinon elle va me tuer. Mais on a le temps et puis c’est pas vraiment une grosse annonce vu que techniquement … bah y encore rien du tout. A la place j’ai préféré plaisanter en rentrant dans son jeu. Kiara éclate de rire à son tour en entendant ma réponse. « Huit enfants, rien que ça ! » J’ai continué de rire un peu, m’imaginant avec huit enfants en train de courir autour de moi. Okay, j’aime les enfants mais au point d’en avoir huit … Ouah. Je n’ose même pas imaginer, je préfère pas d’ailleurs. « Autant faire les choses en grand ! » ai-je lancé. Enfin si Adam est le père … Hum. Vaut mieux que j’arrête de fantasmer avant de me ridiculiser.

Je me redresse pour prendre un cookie dans l’assiette tandis que ma cousine tâche de choisir au mieux entre oréo ou macadamia et je peux comprendre que ça soit difficile. « Han, macadamia ! Merci. » répond-elle en prenant le pot que je lui tends. On va pouvoir commencer les choses sérieuses avec les Häagend-Dazs. C’est la base même d’une réunion entre filles, enfin un peu, parce que même si on paie le loyer à deux maintenant, ces chères glaces ne sont quand même pas données. Je me suis confortablement installée dans le canapé en grignotant mon cookie avant d’entamer ma glace oreo. Histoire de commencer tranquillement, je lui ai demandé comment elle trouve l’appartement, vu qu’elle n’a pas encore eu l’occasion de le voir depuis son retour. Pensive, elle fait le tour du regard. « C'est génial, plus grand non ? J'aurais aimé pouvoir t'aider pour le déménagement & tout, désolée de pas avoir vraiment pu assurer de ce côté là... » J’ai haussé les épaules, en gardant mon sourire. « Oui plus grand, à deux on pouvait se le permettre. » Je me frotte les mains pour enlever les miettes que le cookie à laisser, avant de prendre tout de suite après. « Et puis t’inquiètes pas pour le déménagement … Quoique, y avait quelques potes de Noah qui sont venus pour nous aider … T’en as loupé des choses. » ai-je fait avec un sourire en coin rempli de sous-entendus, même si c’est pour plaisanter. J’ai repensé à l’un d’entre eux en particulier, je crois qu’il s’appelle Alec ( ), pas désagréable … Peu importe. L’image de Peter est revenue s’imposer dans mon esprit, comme toujours. « T’es venue en moto ? Dis, tu pourras m’apprendre à faire de la moto ? » Honnêtement, je sais pas pourquoi j’ai dit ça. C’est juste … sorti tout seul. J’imagine que ça signifie que j’en ai envie mais … enfin là j’ai pas tout suivi.

« Pour le coup, oui, tu veux nous repeupler une région là. » fait Salem en riant. C'est sûr que là, huit enfants ce n'est quand même pas rien. J'ai continué de rire aussi, m'imaginant entourée de huit petites têtes toutes agitées. Réflexion faite, ça ne me changerait pas forcément du boulot, c'est sûrement ça le pire. Quoique, je ne pense pas rester toute ma vie à la garderie où je travaille actuellement hein, ce n'est pas vrai mon souhait à long terme comme on dirait dans les Sims. Le truc idéal ça serait de trouver un boulot dans le domaine de l'art, logique. Bref, du coup, m'imaginez avec huit gamins, je n'ai pas trop de mal et m'imaginer avec Adam Levine ... Ma foi c'est pareil, et c'est encore plus facile à imaginer. Bon les huit gamins quand même, on va dire que c'est mieux s'ils restent à aux autres. Repeupler New-York est pas dans mes projets et huit grossesses, je peux pas imaginer les dégâts que ça doit causer. J'aime les enfants, ça y a pas de doutes mais quand même ... enfin peu importe. j'ai ri en m'imaginant comme mère pondeuse. Les enfants, je n'y pense pas réellement pour le moment. Pour ça, il faudrait que j'aie quelqu'un dans ma vie et même si Peter a tendance à habiter dans ma tête depuis notre rencontre, on n'en est pas vraiment encore là. Je sais même as si on peut réellement dire qu'il y a un truc. Quand ça commence exactement ? En tout cas, pas dès la première rencontre normalement, sachant qu'en plus, il a toujours son ex dans la tête.

J'essaie de m'enlever un peu Peter dans la tête avant de me dire que ça ne sert à rien. Comme dans ce genre de moment, on se raconte toute notre vie Kiara et moi, j'imagine que le sujet est inévitable. Et puis j'ai envie d'en parler. A quelqu'un de neutre de préférence, qui ne connaît pas Peter, comme par exemple Sutton peut le connaître. C'est son meilleur ami, elle a pas vraiment un avis objectif sur la question. En attendant qu'on commence réellement, j'ai commencé à évoquer mon déménagement avec Noah, tout particulièrement le jour j où on est arrivés. Me souvenir de cette journée me fait sourire. Je nous revois, à la fin, Noah et moi affalés sur le canapé avec mon massage de pieds et nos pizzas. Ma cousine sourit en m'entendant parler des amis de Noah qui sont venus nous aider pour le déménagement. « Ah ? Quelqu'un en vue ? » demande Salem avec un sourire. Et nous y voilà ! Un large sourire apparaît à nouveau sur mes lèvres. Bon Peter ne fait pas parti des amis de Noah mais on s'en fout. J'ai levé les paumes de mes mains vers le ciel en faisant comme si je m'étais soudainement transformée en balance. « Peut-être, peut-être pas, qui sait ? » ai-je fait d'un ton exagérément mystérieux qui ne laisse aucun doute sur la réponse. En même temps quand j'y pense, il n'y a pas vraiment grand chose à raconter. Mais tant pis. Faut bien que j'en parle à quelqu'un, même au risque de paraître ridicule, mais je sais qu'avec Kiara, il n'y a pas de risque. « Oui, je suis venue avec, et oui, je pourrais t'apprendre ! Pourquoi cette envie soudaine ? » Elle comprend pas vraiment pourquoi je lui demande ça aussi soudainement, ce qui est normal dans un sens. Je réfléchis deux secondes à la raison qui m'a poussée à le lui demander. Pendant ce temps je retire le couvercle de mon pot de glace. « Je sais pas, l'envie de changer un peu sûrement ... Je me dis que ça peut être bien. » ai-je fait avec un sourire. Même que ça peut être carrément cool oui. Ca fait toujours classe les filles qui savent faire de la moto dans les films. « Je serai l'élève la plus parfaite du monde je te promets ! » ai-je continué toujours avec un sourire jusqu'aux oreilles vu qu'elle vient de a dit oui, avant de reprendre. « Et puisqu'on parle de mecs et de motos, t'es toujours sur ton mécanicien ? Comment il s'appelle déjà ? » Elle me l'a dit pourtant mais là tout de suite, je n'arrive plus à m'en souvenir.

« Eh bien, apparemment, toi ! » a-t-elle souri non sans hausser un sourcil, sûrement intrigué. En même temps on va dire que la façon dont j'ai répondu à sa question ne laisse pas la place au doute. Seulement je me rends compte qu'en fait, qu'il n'y a pas tellement de choses à raconter. Surtout que ça n'a aucun rapport avec les potes de Noah qui sont venus nous aider, même si les potes en question n'étaient pas moches non plus. Mais je crois que j'étais pas vraiment à mon avantage ce jour là donc bon ... Ca m'a permis de me changer les idées. Enfin peu importe c'était pas vraiment ma préoccupation principale de la journée, on c'était plutôt comment ne pas lâcher tous les cartons et de m'écrouler dans les escaliers. Mais c'est vrai que la fatigue n'empêche pas de ... Okay je me tais, juste que cette journée, même si épuisante a été vraiment sympa avec tout le monde. « Allez, n'épargne aucun détail, je veux tout savoir ! » poursuit Kiara qui a l'air d'être très enthousiaste à l'idée que je lui raconte toute cette histoire. En même temps si j'en parle pas à ma cousine, à qui j'en parle hein ? En plus, Salem a l'avantage de pas être la meilleure amie de Peter. Je baisse la tête, petit sourire, en me concentrant quelques instants dans mon pot de glace. « Malheureusement il n'y a pas grand chose à raconter ... enfin pas autant de choses que je voudrais. » ai-je fait en haussant les épaules d'un air qui se veut détaché. Oui j'essaie de ne pas me monter la tête avec tout ça parce que sinon, je m'en prendrais sûrement plein à la figure.

Vient ensuite le sujet de la moto que j'ai sorti tout d'un coup, je me demande encore pourquoi même si j'en ai clairement envie. Le danger ne m'a jamais vraiment attirée pourtant mais c'est juste que ... Mouais, j'ai dû définitivement trop regardé de films où les filles qui conduisent des mots apparaissent comme des "badass" trop sexy. Mais ça fait carrément superficielle comme raison alors ... Oh et puis pourquoi il faut toujours donné une raison quand on fait quelque chose d'inhabituel ? « J'en doute pas, tiens ! » Ce genre de moment m'a vraiment manquée, je m'en réellement compte maintenant. Passer du bon temps à parler de nos vies, sans prises de tête ... enfin un peu près. Ce que je veux dire c'est que ça me donne le sourire et ça remonte mon moral quand il le faut. Donc oui, j'essaierai d'être une véritable élève modèle, même si bon, je ne peux rien garantir. Mon permis de voiture n'a pas été facile mais j'ai réussi à le passer quand même donc pour la moto, ça devrait être pareil non ? Grand sourire et cuillère de glace, le duo gagnant. Donc oui, la moto se passera bien, j'ai vraiment hâte. Lancées, nous continuons à parler de tout ça, des mecs et des motos grâce à un sujet bien particulier que nous avions abordées avant le départ de Kiara pour l'Australie. Seulement en posant la question sur son mécanicien, je ne me suis pas entendue à ce que son sourire disparaisse et qu'elle baisse la tête. « Austin... » souffle ma cousine. Elle semble perdue dans ses pensées, comme tiraillée en ce qui concerne Austin. Moi qui me disais il y a quelques secondes que nos discussions me redonnaient le moral ... c'est vrai que quand on parle de nos vies, inévitablement il y a parfois des moments plus ou moins souriants que d'autres. Je fronce le sourcils, attendant la suite. « Je suis « toujours sur lui », je pense qu'on peut dire ça comme ça, oui. » On a tout de même souri toutes les deux, surtout quand elle a repris mon expression un peu simplette. Du coup, je reste suspendue à ses lèvres pour savoir où ils en sont tous les deux. Kiara m'a toujours parue très ... attachée à lui. « Il est... dans une mauvaise période, en ce moment. Les services sociaux lui ont pris sa fille, et... » Je suis restée scotchée en apprenant la nouvelle. Bouche ouverte, incapable de dire quoique ce soit. En même temps il n'y a pas grand chose à dire. Elle a poursuivi. « Il a recommencé à se droguer. J'essaie de l'aider mais je sais pas comment faire, et puis il y a mon père qui est intervenu un soir où Austin était... hors de contrôle, et je sais qu'il veut pas que je le revoie, mais... Même si je sais pas comment, je veux l'aider. » Je hoche la tête en l'écoutant attentivement. La drogue. Je suis bien placée pour savoir que ce n'est pas quelque chose dont on peut sortir facilement. Je me concerne un peu voire, beaucoup chanceuse sur le coup, contrairement à Austin. « Avec tout le respect que je dois à ton père, ça c'est à toi de voir si tu veux le revoir ou pas ... J'imagine que la question se pose même pas pour toi de toute façon. » ai-je fait avec un sourire amusé en sachant très bien que j'ai raison, avant de poursuivre plus sérieusement. « Il est en train de vivre une période pénible et ça risque de pas être facile pour toi non plus si tu veux l'aider ... je suis sure que toi plus que quiconque peut réussir. Il a besoin d'aide, même s'il prétend sûrement le contraire... Parfois une personne peut tout changer. » Pour ma part, ç'a été Daniel et Mara qui m'ont fait ouvrir les yeux mais pour Austin, je suis sure que ça sera Kiara. « En tout cas, ma porte te sera toujours ouverte si jamais tu veux en parler. Enfin s'il y a quelque chose tu vois, ... » Quelque chose qui se passe mal, si jamais t'as envie de crier sur quelqu'un. Parce que comme je l'ai dit, ça ne risque pas d'être facile pour ma cousine non plus.

Je n'ai jamais été spécialement fan des ragots non plus ou alors des grandes discussions entre filles où on est censées tout se raconter ... Bon, c'est un petit peu la même chose mais on s'en fout. C'est plus qu'une simple discussion sur les nouveautés et sur nos vies, c'est notre tradition. Ce sont deux cousines qui ne se sont pas vues depuis très longtemps et qui veulent rattraper le temps perdu. C'est juste nous quoi, trouvant le moindre prétexte pour prendre quarante kilos avec tous les trucs que j'ai pu sortir. Non mais sérieusement, ce rituel m’a vraiment manqué. Le nombre de fois, où durant ces derniers mois, il est arrivé quelque chose que j’ai eu envie de lui raconter. Bien sûr, on a pu se parler au téléphone ou grâce à internet mais ce n’est pas la même chose, ça n’a pas le même intérêt. Donc comme je m’y suis attendue, la discussion dérive sur nos histoires sentimentales. Disons qu’à ce niveau, ma vie a toujours été d’un calme plat si on la compare à celle d’autres personnes. Mais quand même, ces derniers temps, il y a eu Peter. Seulement je ne sais pas comment aborder la chose vu que quand on y pense, il n’y a que dans mon imagination qu’il s’est passé quelque chose pour le moment. Rien du tout. Juste une impression, des envies, des regards que j’aie peut-être inventés. « Aaargh, enough with the mystery ! » lance Kiara dont j’ai visiblement attisé la curiosité avec cette histoire. Je ris légèrement devant sa réaction, avant qu’elle ne reprenne d’un ton plus contrôlé. « En tout cas, si tu te sens de me lâcher un petit nom, ou... quoique ce soit, n'hésite pas ! Je vois bien que c'est plus que ça n'y paraît... Je crois. » Nouveau sourire, cette fois plus discret. Ayant fini ma glace, je m’attaque à un nouveau cookie histoire de m’occuper. Si c’est plus qu’il n’y paraît ? C’est une très bonne question. « Disons que je sais pas vraiment ce que c’est … c’est un peu ça le problème. » ai-je fait en haussant les épaules. C’est vrai, je sais pas du tout comment définir ce qui est arrivé. Quand vous avez la sensation qu’avec une personne que vous voyez pour la première fois, les choses se passent tellement bien que … Enfin vous voyez le truc.

Parler moto et relations m’a forcément fait penser au mécanicien dont Kiara m’avait parlé avant de repartir en Australie. Malheureusement, contrairement à ce que j’ai pensé au départ, notre discussion prend des allures un peu sombre quand elle m’apprend qu’Austin est retombé dans la drogue. Dans ce genre de moment, il y a des gens qui sont naturellement doués pour répondre et trouver les bons mots. Je ne fais définitivement pas partie de cette catégorie de personne vu qu’à chaque fois, j’ai l’impression de faire de la psychologie de comptoir. Son sourire en tout cas, me donne raison sur le fait qu’elle veuille l’aider malgré tout et surtout, malgré son séjour à des milliers de kilomètres ici, elle ne l’a pas oublié, au contraire même. « C'est ce que j'ai fait, en partant... Il me blâme pour ça. Il dit que c'est ma faute si il a sombré... Et je commence à y croire. » répond ma cousine en baissant les yeux. Je soupire, pensive. « Ne te blâme pas pour ça Kiara, sinon tu seras incapable de l’aider correctement … Ne le laisse pas te persuader que c’est de ta faute. Si ça se trouve, si ça n’avait pas été ton départ, autre chose aurait provoqué sa rechute. » ai-je murmuré. Parfois, un seul détail, un seul moment peut anéantir toute une vie d’efforts avec la drogue. J’ai eu la chance, depuis cinq ans, de ne jamais retomber dedans. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si ça avait été le cas. En tous les cas, c’est pour ça que je sais que la tentation est souvent grande et que c’est facile de craquer. « Ce que je veux dire c’est que quand on a mal, la drogue semble être un moyen facile pour faire taire la douleur. » ai-je poursuivi sans réussir à contenir une pointe de tristesse dans ma voix. Je me suis rappelée de mon expérience personnelle, à quel point j’ai été plus bas que terre après mon agression. « Mais oui, je veux l'aider... Je veux le retrouver. L'Austin que je connais n'aurait jamais été... comme il a été avec moi dans cette chambre d'hôtel. Tu parles d'une première rencontre avec mon père, tiens ! » Percevant l’ironie dans le ton de sa voix, j’ai eu un petit rictus triste en pensant à ce que la scène a dû donner. Je ne connais pas Austin et surtout, je serais très mal placée pour le juger. « Il a sûrement voulu marquer le coup avec ton père. » ai-je fait ironique à mon tour mais d’un ton plus léger, tout en croisant les doigts pour que ma phrase passe bien. Enfin bon, mes problèmes paraissent soudain bien pâles face à deux de Kiara, si ce n’est considérer l’absence de problème majeur comme un problème. Du coup je lui offre mon soutien, ce qui est la chose la plus normale et censée que j’ai dit jusque-là. Elle me remercie et je hoche la tête. C’est normal. On reste quelques instants à se regarder sans dire un moment, ce qui me donne l’occasion de voir que cette histoire la mine profondément. Puis soudain, elle se saisit d’un bol de nourriture et entreprend de le vider, ce qui, après un tel sujet de discussion fait apparaître un large sourire sur mon visage tandis que je termine mon cookie. « Mais revenons à du plus joyeux ! Allez, dis-m'en un peu, au moins un indice, sur ce mystérieux homme qui fait chavirer ton coeur... » Je ris légèrement à nouveau. Comme elle dit, il faut qu’on revienne à un sujet plus joyeux et si ça peut lui permettre de penser à autre chose qu’à Austin … je ne peux que me sacrifier … Enfin sacrifier, faut quand même pas exagérer. Je soupire et souris en même temps. « Il s’appelle Peter et c’est le meilleur ami de Sutton … » ai-je commencé avant de prendre en levant les yeux au ciel. « … Et il a une copine. Enfin avait … j’ai pas très bien compris, ça m’a l’air compliqué. » ai-je fait en mettant compliqué entre parenthèses. « Crois le ou non mais on s’est rencontrés par hasard en sortant d’une boîte de nuit. Je sais, c’est ironique quand on me connaît. »