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Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde

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MessageSujet: Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde EmptySam 27 Oct - 18:29

code by shiya.


✖Clyde & Ebony✖
« Zacchariah & Aya »

Je traversais ce hall immense sous une attitude qui laissait imaginer que je le faisais chaque jour que dieu faisait, à chaque aube tremblante, à chaque crépuscule frémissant, à chaque ombre nocturne lorsque l’heure s’égrenait bien trop vite pour la femme d’affaire pour laquelle je paraissais. Car ceux qui m’observaient à cet instant ne se doutait pas une seule seconde que je puisse être autre chose qu’une jolie blonde coiffée d’un chignon élaboré qui avait dû me prendre un certain temps, à moi ou bien à mon coiffeur, un maquillage sobre complétait cette savante perruque que j’avais travaillée avant même de la mettre sur ma tête, de relever ma propre chevelure brune sur le sommet de mon crâne pour que rien ne trahisse ma véritable couleur. De même, de jolies lunettes qui me donnaient un air de petite secrétaire presque coquine trônaient sur mon nez, et je veillais à ne pas tourner mon visage vers les caméras qui se trouvaient dans les lieux.

Une vieille habitude que je conservais de ma fuite des deux dernières années… car j’avais pris soin d’avoir accès au plan de sécurité de l’établissement avant d’y mettre les pieds, avant de transmettre à Zacchariah le message que je lui avais fait parvenir par coursier avec un bouquet, comme pour le remercier de son excellent jugement, ou bien pour le charmer avant l’heure et le pousser à accepter de s’occuper de mon argent. J’étais étonnée qu’il n’ait pas à nouveau fait parler de lui, mais il était en ville depuis quelques temps déjà, ce qui m’avait permis de me trouver ici ce soir, et d’être certaine qu’il n’avait pas quitté le bâtiment pour avoir passé une partie de l’après-midi au café qui faisait face à l’immeuble où il passait toutes ses journées. J’avais téléphoné un peu plus tôt dans l’après-midi pour savoir s’il était bien présent, et effectivement ; d’une part, le coursier était entré et était ressorti les mains vides, et d’autre part, on me l’avait passé au téléphone, et je m’étais contentée de raccrocher sans lui offrir l’ombre d’un timbre. Je n’avais d’ailleurs pris aucun risque, puisqu’il s’agissait d’une carte sim prépayée qui finirait tôt ou tard aux ordures, comme si cet appel n’avait été que le fruit d’une erreur, une maigre seconde incertaine et une composition hasardeuse.

Ainsi, je savais qu’il avait eu mon mot que j’avais volontairement voulu énigmatique :
« Ton bureau, ce soir, 18h55. Et je te dirai qui tu es.
Une vieille connaissance. »

Et je savais qu’il était toujours tout là-haut, alors que je m’introduisais dans cet ascenseur qui devait m’entraîner jusqu’à l’étage qui était le sien, mes talons vertigineux s’assurant du galbe de mes jambes que la jupe de mon tailleur dévoilait, tandis que je prenais place. Ce n'était pas du tout mon style, et cela complétait le déguisement qui était le mien à cet instant, le temps de passer ces maudites caméras, de me rapprocher de l'homme que je n'avais jamais cessé d'aimer. Déjà, le dit ascenseur interrompit sa course pour que plusieurs êtres y pénètrent, et s’y déversent à un autre étage voisin, tandis que je terminais les quelques minutes suivantes en compagnie d’un homme qui ne cessait de me jeter des petits regards dont toutes femmes auraient rapidement compris la teneur et les non dits. Mais ce n’était pas tant mon visage que le reste de mon corps qui semblait attirer toute son attention, ce qui m’allait totalement, tandis que je gardais le nez en direction du sol, désireuse d’éviter la caméra dans l’angle, ce qui me donnait un air réservé qui cadrait plutôt bien avec ces œillades qui pouvaient paraître embarrassantes et que je n’aurais eu aucun mal à rembarrer le moment venu.

Néanmoins, lorsque les portes s’étaient finalement ouvertes, m’étais-je faufilée à l’étage devenu silencieux. La bourse américaine se clôturait vers les 16h30, et j’avais choisi cette heure précisément parce qu’il ne devrait pas y avoir grand monde dans ces bureaux, tandis que j’avançais, fixant les noms accrochés aux différentes portes. Mais à mesure que j’avançais, que j’approchais, je sentais mon cœur battre un peu plus fort, un peu plus vite, cogner frénétiquement contre ma poitrine, alors que je crispais mes doigts sur la poignée de mon attaché case que je tenais à la main, accessoire imparable pour ma propre couverture. Cela faisait deux ans que je ne l’avais plus vu… à proprement parler, que mes doigts ne l’avaient plus touché, et qu’il imaginait, à tord, que j’étais morte et qu’il m’avait enterrée.

Je crevais d’envie de le revoir, mais l’appréhension commençait à se faire un nid dans mes entrailles, car j’ignorais quelle réaction serait la sienne, s’il était passé à autre chose, s’il prendrait mes raisons comme valables, d’autant plus que je ne lui avais jamais révélé ce qui m’avait premièrement placée sur sa route. Tout était terriblement compliqué, et plus encore, puisque je ne pourrais rester sans risquer de le remettre en danger, sans risquer que mon visage soit capté par l’une ou l’autre de ces caméras… bien qu’Interpol n’épluchait pas tout, il y avait une certaine prudence à avoir, et Manhattan n’était pas le quartier le plus discret possible.

Ainsi, j’arrivais finalement devant la porte où son nom était marqué, mes prunelles s'attardant à dériver sur ces lettres aux arrondis parfaits, me laissant inspirer, savourer ces prémisses, avant que mes doigts viennent enfin heurter la porte sous quelques coups frappés vivement. Il ne me restait plus qu’à attendre qu’il me somme d’entrer ou qu’il vienne de lui-même l’ouvrir.


Dernière édition par Ebony B. Wagner le Dim 28 Oct - 0:59, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde EmptySam 27 Oct - 23:52

« Buddy, j'ai besoin de tes lumières. » Ces quelques paroles suavement échappées de mes lèvres marquèrent, sans que je ne le sache encore, un tournant dans ma vie. A l'autre bout du fil mon ami de toujours s'agitait sous mes indications inquiétantes : de qui venait ce mot énigmatique, que pouvais-je lire en filigrane ? Mon esprit tourmenté tissait à toute allure les fils de scénarios multiples, de l'improbable au cohérent, en passant par l'alambiqué, je n'excluais pas une seule hypothèse. J'avais beau tourner et retourner ce papier entre mes doigts, mon autre main tapotant nerveusement sur le cellulaire, il ne m'en délivrait aucun secret et aucun indice miraculeux n'en irradiait pour autant. Ce regard brun et fier, qui se targuait habituellement de porter en étendard les couleurs ambrées de mon charisme, se troublaient de minutes en minutes, quand soudain la voix claire et déterminée de l'agent secret du Royaume-Uni trancha l'air d'un timbre volontaire : « Rien. Personne n'est sur tes traces. » Je gratifiais ainsi mon complice de quelques remerciements suintant le soulagement et l'assurance, sous couvert d'un soubresaut involontaire d'angoisse mal dissimulée. Une fois le combiné raccroché, mon regard se figea de nouveau sur ces mots comme hypnotisé par les spéculations qui en découlaient. « Ton bureau, ce soir, 18h55. Et je te dirai qui tu es. Une vieille connaissance. » « Vieille connaissance... » sifflais-je d'un ton sec et polaire, jetant d'agacement la courte missive sur mon bureau.

J'avais beau avoir interrogé la secrétaire ayant reçu le coursier ; pourvu de ce rictus charmeur et charmant, de mon art de la rhétorique et de mon assurance légendaire muant mes doutes nerveux en une façade policée et délicieuse, la jeune femme m'avait répondu avec légèreté en m'assurant ne pas savoir qui avait envoyé l'oiseau de mauvais augure. De ce tic nerveux qui ne me quittait pas lorsque je me sentais cerclé, je sentis ma mâchoire se crisper et mon regard se durcir, préférant tourner les talons avant que mon interlocutrice ne remarque chez moi cet étrange changement d'attitude. Usuellement détendu et fascinant, portant dans mon sillage ce parfum capiteux qui colore les sens de ces spectres ternes qu'étaient mes comparses, je me sentais blêmir comme je portais nerveusement mes doigts à mes lèvres sanguines. Mon regard trouble accrocha mon visage dans le miroir des toilettes, renvoyant les traits d'un homme à la beauté brute fourragée par une anxiété primaire. Un peu comme un meurtrier ayant compris que la justice le rattrapait et lui promettait la chaise électrique : enfin, la lucidité de mes méfaits me rattrapait. Diable que c'était désagréable et que cela resserrait ma gorge sèche. « Ca va Clyde ? T'en fais une tête pour quelqu'un qui vient de remporter l'action du mois. » Mon collègue me gratifia d'une tape amicale sur l'épaule, entre le sourire crispé et hypocrite avant de passer le seuil de la porte. Taciturne et le coeur en émoi, je me passai de l'eau fraîche sur le visage afin de virer mes idées noires. Sans succès.

On m'avait retrouvé. Qui donc pouvait se qualifier de vieille connaissance alors même qu'aucune personne de mon passé – mis à part Buddy – pouvait se targuer de savoir qui j'étais aujourd'hui et où je me trouvais vraiment. L'espace d'un instant, l'idée de fuir traversa mon esprit mais la curiosité mal placée l'emporta. Je voulais savoir, je désirais connaître qui était sur mes traces, et dans un élan égotique absolu, je souhaitais aussi berner celui ou celle qui venait probablement pour me rouler. Un sourire en coin ourla mes lèvres satisfaites, et ce fut ragaillardi que je sortis de la salle d'eau.

18h45, ou pas loin. Les bureaux vides avaient des airs de décor fade pour film d'horreur tant il s'en dégageait une atmosphère presque putride, oppressante. L'argent qui dort ne fructifie jamais, dans l'antre des traders ; il prend une consistance de cadavre. C'était là l'apanage des opérateurs de marché ; tripoter les billets verts pour les maintenir en vie, quitte à faire s'écrouler l'économie en cas de très mauvaise manipulation. J'espérais que pour la plupart, cette métaphore libidineuse ne s'applique pas jusque dans leurs lits. Cependant et au regard de la dose de Xanax et autres drogues colorées dont beaucoup s'entichaient ici, je ne leur pressentais pas une vie intime très fiévreuse. Soit, ce n'était pas le sujet... J'avais fini par me fondre dans ces bureaux déserts, planqué quelque part derrière une salle close pourvue de vitres et de stores j'étais suffisamment à l'abri de regards indiscrets tout en me permettant d'observer la totalité des lieux à la dérobée. Quand enfin je les entendis : ces bruits de pas qui s'intensifiaient, trop cadencés parfaitement pour être ceux d'un trader ayant l'habitude d'accélérer ou décélérer la cadence au rythme des fluctuations boursières qui s'agitaient. Des talons de femme, par ailleurs. Fronçant les sourcils sur ce détail, je levai enfin les yeux vers la silhouette passant non loin de moi sans me voir : une demoiselle en tailleur, seule mais visiblement nerveuse au vu de ses bras et ses mains crispées, traçait son chemin non sans une détermination presque aérienne. N'ayant guère eut le temps de voir son visage mais comprenant qu'elle était seule, je m'extirpais de ma cachette de fortune et glissai à ma poche arrière mes doigts vigilants qui s'entichèrent du flingue dormant dans ma poche. C'est que le pays de l'oncle Sam avait aussi ses avantages, comme bénéficier légalement et sans faire paniquer son voisin, d'une arme à feu.

« Après vous, mademoiselle. » avais-je soufflé à l'oreille de l'inconnue qui déjà avait toquer à ma porte sans même m'entendre arriver. Et d'une main posée sur la porte de mon bureau, j'ouvris celle-ci d'une poigne franche afin de l'inviter à y entrer. Toujours posté derrière la silhouette féminine, seul son dos m'était offert et aucun indice ne m'était donné de voir. Le coeur aux abois, la tête légèrement embrumée par l'adrénaline montante, je me préparais à recevoir une personne dangereuse pour ma couverture. Aussi la laissais-je avancer dans le bureau avant de refermer derrière moi, dos plaqué contre la porte au cas où les choses dégénèreraient. Bam bam. Ce coeur qui bat et qui n'attend qu'une chose : qu'elle se retourne. Bam bam. C'est qu'il accélère le bougre, malgré la mine impassible et froide que j'affiche. Bam bam. Ma main glisse sur le revolver, sait-on jamais. Parfois cela se joue à la seconde près.... Mais voilà qu'elle se retourne.

J'en ai le souffle coupé. 18H57, quelle heure magnifique pour voir son palpitant mourir.

Mes lèvres ne daignent pas sortir un seul son, ma gorge s'assèche et resserre son étau, mes membres s'engourdissent, mon esprit s'égare quand mon coeur se meurt. Ce visage, ces traits, la forme délicieuse de ces lèvres, ce front bombé et lumineux, ces fossettes dans le creux de ces joues claires. Ce n'est pas possible. « Aya ? » Un souffle mourant plus qu'un timbre affirmé. J'ai cru voir le fantôme de mon passé.

Non, je divague.

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MessageSujet: Re: Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde EmptyDim 28 Oct - 0:57

Parfois, on voudrait croire que le temps s'écoulera toujours de la même manière, nous fera toujours subir ces mêmes instants d'une intolérable ressemblance, sans que rien ne finisse par se distinguer, dans un sens ou bien dans un autre. Pourtant, ces prémisses d'attentes me parurent presque brutal, tant et si bien que je n'attendais la suite de mon destin que sous l’abdication d'une porte… qui ne vint jamais. Car contre toute attente, ce fut de derrière-moi que l'amour vint m'envelopper de sa méfiance la plus exécrable. Au fond, étais-je une menace ? Un soupir ? Une alliée ? Une ennemie ? Le monde était à ce point tenace que je pouvais fort bien être venue ce jour pour le coffrer ou le tuer, mais la réalité se voulait tellement différente de ces fourbes croyances, que mon coeur trébucha une courte seconde lorsque je sentis le canon d’une arme s’appliquer contre mon dos.

Quelle idiote… Trop obsédée par celui qui devait se trouver derrière ce battant à poignée, j’en avais totalement perdue de vue toute prudence, ignoré les bruits alentours quand j’avais pourtant vécu tel un oiseau aux aguets du moindre prédateur. Me laissant me méfier de chaque ombre brumeuse au détour d'une ruelle déserte ou trop encombrée, de chaque crissement de pneus dans la rue, de chaque caméra aux regards un peu trop acérés capables de vendre mon identité à ceux qui me croyaient morte. Et ce soir, j’avais laissé celui que j’aimais se glisser derrière-moi, une arme à la main, son souffle s’échouant contre ma peau et me glisser simplement « Après vous, mademoiselle. ». Aurais-je dû frémir ? Sursauter ? Craindre pour ma vie ? Je n'y parvenais pas, car ce serait comme affirmer que je ne l'aimais plus, que trois ans plus tôt je ne l'avais pas suivi au détriment de tout ce qui faisait ma vie, que je n'avais pas simulé ma mort deux ans plus tôt pour le protéger et empêcher qu'on ne finisse par lui mettre des menottes. En même temps, je ne me sentais pas tant en danger que cela, ma propre arme était glissée dans mon attaché case, impossible à dissimuler sous ces vêtements trop près du corps qui révélaient trop de subtilités me concernant pour ne pas éveiller d’attention malveillante… et si j’avais dû être fouillée, je préférais n’avoir rien de trop compromettant qu’un double fond dans ma mallette, et quelques objets de métal capables de faire sonner un portique de sécurité. Pourtant, je ne m'imaginais pas sortir mon arme et le menacer à mon tour. Non, je ne craignais simplement pas qu'il puisse me tirer dessus. Cela serait d'ailleurs d'une ironie un peu trop mordante à mon goût. Et j'entrevoyais déjà les gros titres !

Ainsi, un sourire ironique vint étirer mes lèvres, alors qu’il entrouvrait la porte de cette main qui se glissait à mes côtés et que je suivis d’un regard des plus sages. Ce n’était pas tant sa proximité qui faisait se précipiter les battements de mon cœur, que l’arme qui me menaçait… et que j’aurais dû prévoir, il ne pouvait se permettre d’être moins prudent, car je pouvais être n’importe qui, et je n’avais pu lui glisser l’ombre d’un indice pour lui indiquer qui j’étais. Et puis, comment aurait-il pu y croire alors qu’il était persuadé que je n’étais plus ? Sûrement aurait-il pensé que c'était un piège, un mensonge, une nouvelle technique pour le capturer et l'abattre. Mais il n'aurait pas été si loin de la vérité, même s'il ignorait ce qui nous avais mené l'un près de l'autre. Aujourd'hui promettait d'être riche en confession, du moins si les choses se passaient bien.

Ainsi, j’esquissais quelques pas dans cette pièce qui n’était autre que son bureau, laissant mes iris se déposer sur ce qui me faisait face, les meubles et les vagues décorations, comme pour retarder l’instant où je lui dévoilerai enfin mon visage. Mes paupières se fermèrent une amère seconde lorsque j’entendis le cliquetis significatif de la porte qui se refermait derrière nous, précédant celle où ce fut mon être que je fis pivoter sur moi-même, sans précipitation puisque je ne doutais pas un seul instant qu’il tirerait s’il pouvait se sentir menacé, et en l’occurrence, il ignorait qui j’étais, et un geste trop vif pourrait être véritablement mal perçu. Mes prunelles vinrent s’échouer sur l’homme qui se tenait face à moi, celui que je pouvais entrevoir comme autrefois, si proche qu’il aurait sûrement suffit que je tende une main pour l’effleurer, lui confirmer mon identité, pourtant je le laissais accuser le choc, faire le rapprochement entre ce visage fardé de lunettes inutiles, d’une chevelure aussi blonde que les blés quand tous mes traits se voulaient vestiges d’un passé s’éloignant de quelques années. Poussant à réfléchir, à les saisir et à les comparer avec celle que j’étais à cette seconde, tout en butant sur l’impossible ; car j’étais morte.

« Aya ? » laissa-t-il mourir à même ses lèvres en un souffle presque éteint, qui me laissa porter mes doigts à ces lunettes que je retirai pour attester de ce qu’il pouvait voir, les déposant d’un geste automatique sur le bureau qui se trouvait juste derrière moi, tant je m’étais avancée dans la pièce. « C'est bien moi, Zacch… » répondis-je en laissant un pâle sourire s’étirer sur mes lèvres, laissant ce timbre qu’il se devait de ne pas avoir oublié, à l’image de mon visage. Et à cet instant pugnace, j’avais terriblement conscience d’avoir commis une nouvelle erreur en venant jusqu’ici, parce que mon cœur, ce traitre aux battements endiablés, se rappelait à ma douce mémoire, lui et la venimeuse douleur qui ne me donnerait jamais envie de repartir.

Traversant spontanément la distance qui nous séparait, mon attaché case tomba lourdement au sol, alors que je chassais l’arme d’une main, quand l’autre s’attardait sur sa nuque, et que mes lèvres venaient s’abreuver aux siennes en un baiser terriblement assoiffé, comme si j’avais erré, égarée et perdue, dans un désert aride et brûlant duquel je sortais à cette seconde où je retrouvais ses bras. Les explications viendraient bien assez tôt. Les confessions également, et avec elles, leurs lots de rancœurs, de douleurs, de sacrifices… Je voulais le retrouver, lui, l’homme que j’aimais à en crever, pour quelques secondes qui souffriraient d’une perfection improbable qui se ternirait d’elle-même s’il me repoussait, si je réalisais que ses sentiments s’étaient dissipés et que j’étais à présent la seule encore éprise de lui, embourbée dans notre histoire. Mais en cet instant, j'avais juste besoin de lui, de me sentir vivante une nouvelle fois entre ses bras.
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MessageSujet: Re: Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde EmptyDim 28 Oct - 17:00

Suspendu à ses lèvres, j'attendais cruellement qu'un souffle ne disperse le décor et ne me réveille alors. En sueur, sursautant dans mon lit j'aurais ouvert les yeux sur l'immensité froide et noire de ma chambre, le coeur en miette dès lors qu'il se serait rendu compte que rien n'était vrai. Tout paraissait pourtant si réel que je mourrais d'envie de goûter à sa peau, de humer son parfum et de poser mes mains sur ses hanches pour mieux les pétrir de tendresse tout comme ce jour où porter par mon amour sans faille une idée folle germa dans mon esprit : la demander en mariage. Mais rien ne semblait vouloir me sortir de mon sommeil, pas même la tôle glacée du flingue que je braquais sur elle, trop prudent pour succomber à la folie et croire aux fantômes. Mon regard d'aigle ne cessait pourtant de la dévisager, sculptant ses traits que je connaissais par coeur mais que le temps avait estompé de ma mémoire. La façon qu'elle avait de remettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille, cette manie de se pincer les lèvres avant d'éclater de rire, les traits courbés semés sur son front blanc lorsqu'elle allait pour me réprimander. Je n'avais pas oublié. Ce n'étaient que des souvenirs endormis sous la cendre de notre idylle, et je n'avais pas eu la force d'en ouvrir le cercueil de peur de m'effondrer de nouveau. La mort d'Aya m'avait arraché toute force vitale, et ma gorge ronde n'avait eu de cesse de dévorer l'agonie souffreteuse quand j'eus compris que je ne la reverrais plus jamais. Mais elle était là, je ne me réveillais pas. « C'est bien moi, Zacch… » Cette fois mon palpitant loupa un battement. Lourd de peine et léger d'euphorie, il se mourrait fièvreusement avant de renaître à la seconde suivante. Qu'il est douloureux de dépérir et de renaître à nouveau... J'étais pourtant coutumier de ce genre d'exercice, moi qui changeais de personnage et d'identité très régulièrement. Pourtant jamais je n'eus joué aussi dangereusement avec mon myocarde qui attrapa au vol cet ersatz de prénom susurré avec tendresse. Zacchariah.

Elle était vivante, et rien n'était factice. Gorge serrée par le choc et la joie, elle se refusa à libérer en otage tous ces mots que j'aurais tant aimé lui dire avant qu'elle ne parte : Epouse-moi. Paroles fantômes ayant rejoint l'accalmie de ma surprise. Tout se bousculait à l'intérieur : pourquoi, comment, avais-je bien entendu... Et ce désir tenace de la prendre dans mes bras, moi qui avais manqué d'oxygène durant tant d'années je ne désirais pas rester en apnée plus longtemps. Enfin la femme qui n'était pas tant spectre se dirigea vers moi, attirée elle aussi par ce lien sacré qui nous unissait et qui broyait le choc pour mieux sublimer cet amour rendu aujourd'hui presque violent, ayant la rage de vivre après s'être éteint en silence si longuement. Le baiser qui s'en suivit n'aurait pu être décrit par quelques mots que ce soient ; des sentiments forts noyés dans le sel des larmes et la fureur sucrée de nos lèvres. Je me sentais tel un affamé après la disette, l'ombre de moi-même revenu à la vie comme mon palpitant ne cessait de jouer la pulse cavalière d'une joie sans précédent. Ce goût de framboise à sa bouche gourmande, ce parfum léger piqué de fleur d'oranger, cette étreinte qui électrifiait mon corps là où nulle autre ne savait le faire... Je me souvenais à présent de nos émois, de nos baisers, de nos rires et de nos caresses. Je l'avais retrouvée.

Et mon cerveau incapable encore de poser les questions légitimes, transporté par le tumulte de mon coeur qui se faisait maître et l'emportait sur la raison, me laissa pleinement savourer ces retrouvailles. Poussant la douce vers mon bureau, j'y posai sagement mon arme avant de la hisser sur ce dernier et de me caler lascivement entre ses cuisses pour mieux la dévorer de baisers fougueux. A en oublier nos poumons quémandant de l'oxygène, à lapider ma raison qui avait perdu toute notion de prudence, à reléguer le reste du monde au second plan. Mais lorsque mon buste scanda être à bout de souffle, je me repris alors comme mes mains se posaient sur ses joues fraîches, pénétrant son regard satiné du mien. « Mais tu es morte... » Des baisers de nouveau, porté par la crainte de la perdre à nouveau je me refusais de rompre tout contact physique. « Je t'ai enterrée, j'ai vu ton cercueil, Aya... » Les nerfs lâchaient doucement à mesure que je parlais, mettant des mots sur ma peine et ce choc. La crainte de la voir partir, la peur de me réveiller, étouffèrent ma gorge qui retint fièrement des sanglots. L'escroc était humain lorsqu'il se rendait compte que la vie lui avait dérobé ce qu'il avait de plus cher. Posant mon front contre le sien sans jamais daigner ôter mes mains possessives de ses joues, je me laissais enfin aller à la douloureuse lucidité. « Je n'ai jamais fait de rêve qui paraissait aussi réel que celui-là. » soufflais-je dans un souffle dépité qui se mua en un sourire perclus.
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MessageSujet: Re: Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde EmptyDim 28 Oct - 21:48

Le souffle court, étrenné à même ses lèvres affamées qui se nourrissaient des miennes sans que je ne puisse avoir le courage de m’y soustraire, d’enlaidir ces instants dont il m’était arrivé de rêver, alors que j’étais prisonnière de cette distance que je n’aurais jamais dû briser. Faible sureté qui ne faisait que trembloter sous l’ombre malhabile d’une pièce où j’avais été entrainée par une arme au contact glacé sous une invitation qui pour toute autre irraisonnable dévotion d’un passé bien trop secret, aurait sans doute sonné un glas qui ne m’avait même menacé une bien trop volage seconde qui était restée interdite sous la vision de mes traits. Le ciel pouvait bien être bleu de douceur, rougie de douleur, bleu de terreur, noir d’horreur, qu’il ne pourrait avoir d’incidence sur ces baisers auxquels je m’abandonnais avec cette frauduleuse habitude où je n’étais qu’à lui, familière de ses mains, de ses caresses, de la fragrance que possédait sa peau… M’éveiller dans la solitude glacée de ma fuite me paraissait impossible à présent que je le retrouvais, incapable de l’abandonner une nouvelle fois. Je préférais m’abîmer à ces lèvres, à ces minutes qui ne souffriraient d’aucune emprunte malsaine venant d’un temps qui s’égrenait dans l’éternité jalouse qui pourtant préservait le secret de ces retrouvailles enfiévrées, sûrement car elle savait gagner cet amant qui finirait par lui revenir sous l’épée de Damoclès qui semblait dotée de serres acérées et brutales, prêtes à se refermer sous l’once d’une imprudence venant du couple égaré.

Puis, repoussée, entraînée, bercée par le goût de ses lèvres et les battements de nos cœurs qui folâtraient sous une cavalcade qui s’entrelaçait sous le tendre écho du sien. Je pouvais le sentir tout contre les doigts de ma seconde main qui s’était échouée contre sa gorge, accrochée au col de sa chemise. Et je le laissais me guider dans cette pièce qui m’était encore parfaitement inconnue quelques minutes auparavant, si ce n’était sur un plan fait de papier et tracé d’encre, sous l’audace vaporeuse d’une confiance que je lui accorderais toujours. Son attitude chassait mes craintes qu’il ne puisse plus m’aimer, que chaque battement de son cœur ne s’égarait pas quelque part dans le souvenir fallacieux de nos baisers frondeurs, capables de briser le monde, de le mettre à feu et à sang, pour quelques étreintes, pour un toucher, ou pour un regard. Il était mon soleil dans le firmament doré du jour, il était mon astre nocturne lorsque les rayons d’argent s’étiraient dans le ciel, il était mes étoiles lorsque le ciel se voulait muet d’une toute autre lueur, il était le seule homme que j’avais pu aimer et pour lequel j’avais tout sacrifié… deux fois, lui y compris lorsqu’il avait été question de sa protection.

Il me hissait à présent sur ce bureau, s’immisçant entre mes cuisses, alors que mes jambes venaient l’entourer, la longueur de ma jupe rétrécissant telle une peau de chagrin sous la passion vaporeuse, dévoilant le haut de mes bas auxquels j’avais porté une attention toute particulière. Mais je n’en avais cure, tout ce qui m’importait était ces lèvres auxquelles je pourrais bien mourir heureuse de l’avoir enfin retrouvé. Orpheline de son être, le mien semblait réclamer le sien, s’y lover outrageusement, narquoise invitation à reléguer le reste du monde aux oubliettes, à l’y laisser crever et se détruire, se jouer de ces pantins qui n’en saisissaient nullement la brumeuse oraison de ces souffles entrelacés. Je t'aime soufflais-je en moi-même, veine déclaration que je lui dédiais dans le calme muet et enfiévré de mes pensées.

Pourtant, il ne paraissait vouloir favoriser ce silence seulement brisé par nos respirations entremêlées, danseuses audacieuses, comme pouvaient l’être nos langues ou nos lèvres. « Mais tu es morte... » esquissait-il après avoir déposé ses doigts à même mes joues, sa chaleur contrastant avec la fraicheur d’un extérieur qui semblait avoir encore son emprunte sur ma peau, nos regards s’ancrant l’un à l’autre… J’entrouvris les lèvres pour souffler la première pensée qui pourrait me venir à l’esprit, mais je fus bien en peine de savoir ce qui avait menacé de s’y déverser, car les siennes revinrent ébaucher ces courbes rougies et assoiffées, chassant ces idées maussades qui revenaient tels des nuages noirs faire ressurgir ma crainte qu’il ne me repousse, qu’il ne puisse comprendre, saisir à quel point tout ceci avait pu me coûter, et pourquoi j’avais pu le faire, pourquoi j’avais été cette traitre et que je n’avais trouvé le moment de lui souffler au détour d’un moment trop parfait entre nous. « Je t'ai enterrée, j'ai vu ton cercueil, Aya... » La culpabilité naissait comme fondrait de la neige en plein soleil, bonhomme audacieux dardant sa face à l’imposant soleil qui se moquerait de son courage et le transporterait jusqu’aux portes de l’oubli. Ma gorge me paraissait douloureuse, incapable de formuler l’ombre d’un mot, et la seule chose que j’aurais été à même de lui souffler aurait été un vulgaire pas maintenant, pas si vite. Car j’aurais aimé m’abandonner à nos retrouvailles avant de les farder de vérité et d’explications. J’aurais voulu qu’il ne souffle plus l’ombre d’un mot, qu’il nous laisse… qu’il me laisse… encore quelques instants, mais déjà son front s’accolait contre le mien, n’égarant nullement le contact qui pouvait nous lier, et la douleur qui brillait dans son regard. « Je n'ai jamais fait de rêve qui paraissait aussi réel que celui-là. » ajouta-t-il d’un sourire lourd de sens et… Il pensait qu’il rêvait… qu’il s’éveillerait… Peut-être aurais-je dû me taire, le laisser nous retrouver et ne jamais lui souffler la vérité en ne lui laissant qu’une fourbe impression lorsque l’aube reviendrait ébranler les lieux, mais ma spontanéité se joua de moi. « Ce n’est pas un rêve… Je suis bien là, vivante. » soufflais-je à mon tour, laissant la culpabilité orienter mon regard vers le sol, brièvement, avant qu’il ne revienne accorder force et courage à ces mots qui s’échappaient de mes lèvres comme une nuée d’oiseaux affolés. « Je suis tellement désolée Zacchariah. Tellement… il faut que tu me crois. Je n’ai pas eu le choix. Ils allaient nous trouver. Ils allaient t’arrêter. T’arracher ta liberté… J’étais le phare dans ton obscurité qui les menait à toi sans que je ne puisse les arrêter… c’était le seul moyen… pour qu’ils perdent ta trace, qu’ils ne puissent plus t’atteindre, je devais mourir. » Car même en les ayant quitté, j'étais sa faiblesse, celle qu'ils connaissaient et qu'ils auraient brisée pour l'atteindre et le piéger. Je ne pouvais les laisser me l'arracher et l'enfermer. J'avais préféré le savoir libre bien qu'éloigné de moi, et me complaire dans cette douleur de le perdre un peu plus chaque jour, peut-être, au profit d'une autre.
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Some prayers find an answer... or never know. گ Clyde

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