SARABI & BELLE

❝ switched at birth ❞

Elle était gelée, peut-être même congelée à bien y réfléchir. Prendre des notes devenait de plus en plus difficile au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient et sa concentration ne cessait de lui échapper. Ce n’était pas le cours qui l’empêchait de se focaliser sur les paroles de son maître de conférence – et donc professeur – mais bien le fait qu’il faisait sacrément froid dans cet amphithéâtre et qu’elle en venait presque à regretter le fait de ne pas être venue avec sa couverture et ses gants. Il y avait une chose qu’elle ne parvenait pas à saisir depuis qu’elle avait commencé ses cours de Droit et surtout depuis le temps qu’elle connaissait le « bonheur » de l’amphithéâtre, c’était le fait que l’administration s’amuse à mettre la climatisation alors que les températures en ville ne cessaient de baisser. Belle avait la sensation qu’ils tenaient vraiment à les faire mourir de froid petit à petit afin de se débarrasser d’un maximum d’étudiants, mais si c’était le cas la jeune femme comptait bien se battre, elle avait ça dans le sang – ainsi que la ténacité – elle n’allait sûrement pas se faire avoir par une fichue climatisation.

Son esprit ne cessa de dériver durant toute sa dernière heure de Relations Internationales si bien qu’elle fut particulièrement heureuse lorsqu’elle put enfin ranger ses affaires dans son sac de cours et filer à toute vitesse de la salle pour quitter le campus au plus vite et aller s’abriter bien au chaud dans le Starbuck du coin – qui n’était pas celui où elle travaillait, heureusement d’ailleurs – mais ce fut sans compter sur l’une des filles de son groupe qui la rattrapa bien vite et marcha à son niveau jusqu’aux limites de l’université. « Dis, t’as quoi comme prochain cours ? Parce qu’on pourrait y aller ensemble ? ». Belle s’arrêta brusquement de marcher et fit face à le jeune fille dont elle ne connaissait pas même le nom. L’Américaine était loin d’être mauvaise. Dès qu’il s’agissait d’aider quelqu’un ne serait-ce qu’en lui tenant compagnie, elle acceptait volontiers, cependant elle avait déjà vu cette fille à plusieurs reprises depuis le début des cours, assez pour savoir qu’elle papillonnait de personne en personne pour ne pas être seule et leur tournait le dos dès qu’ils venaient en faire de même. « Sciences éco’, autrement dit une option que tu n’as pas choisi ! Maintenant, si ça te dérange pas j’ai rendez-vous. ». Ce qui était totalement faux, mais Belle eut au moins la possibilité de la fuir au plus vite avant qu’elle ne lui rétorque une excuse bancale qui allait finir par la mettre hors d’elle tant ses humeurs faisaient du yo-yo ces derniers temps.

Le Starbuck atteint, la jeune fille ne tarda pas à s’engouffrer à l’intérieur et poussa un soupire de soulagement lorsque la chaleur vint l’entourer tandis qu’elle rejoignait la file de personnes qui attendaient de passer commande. Son chocolat viennois et son muffin commandés, payés et en main, Belle s’éloigna pour ensuite balayer l’endroit du regard afin de trouver une table vide. La première qui lui apparu n’était pas dans un coin tranquille, mais le jeune fille allait s’en contenter n’étant pas particulièrement du genre à se prendre la tête sur l’endroit où elle devait ou non s’asseoir. Une fois assise et débarrassée de sa veste, Belle entoura son gobelet de chocolat chaud de ses mains. Elle resta ainsi pendant deux bonnes minutes puis, une fois convaincue de s’être assez réchauffée, elle s’en détacha et sortit de son sac son cours de sciences économiques pour des révisions de dernière minute tout en grignotant son muffin sans prêter attention à ce qui l’entourait. « Bonjour... Je peux ? ». L’Américaine se força à lire sa phrase jusqu’à sa fin avant de lever les yeux vers la demoiselle qui venait de s’adresser à elle. Un léger sourire aux lèvres, Belle opina du chef pour toute réponse avant de débarrasser un peu la table pour lui laisser assez d’espace pour elle.

De nouveau dans son cours, Belle ne releva la tête que lorsqu’elle sentit le regard de la jeune femme posé sur elle avec une telle insistance que la gêne ne tarda pas à l’envahir. Néanmoins, son attention dévia bien vite sur la photo qu’elle posa sur la table et dont la jeune fille était son portrait craché ce qui eut vite de l’inquiéter. « Je ne sais pas si tes parents t'ont prévenu mais on a été échangée à la naissance... Je m'appelle Sarabi, Sarabi Michele ». Sourcils froncés, le regard posé sur Sarabi, Belle resta bouche bée quelques secondes, sa main en suspend au-dessus de son muffin et l’autre toujours posé sur son cours. « Je … Quoi ? ». C’était sa journée ? En plus d’une peste, il fallait qu’elle croise la route d’une folle ? Incapable de détourner son regard, une moue agacée prit place sur son visage tandis qu’elle prenait le temps de croiser les bras contre sa poitrine. « Y a erreur sur la personne là … J’ai jamais été échangée à la naissance. ». Elle avait bien trop de ressemblances avec ses parents pour que ça soit le cas, même avec Ewan, Raphaël et Zeppelin d’ailleurs. La jeune femme face à elle se trompait de personne, il ne pouvait pas en être autrement et pourtant le regard de Belle dévia tout de même une nouvelle fois en direction de la photographie. C’était elle dessus, c’était bien elle mais elle n’avait pas le moindre souvenir d’une telle photo et elle ne tarda pas à sentir l’angoisse la gagner et lui retourner l’estomac … c’était soit ça, soit une nausée.

Cette journée n’était pas l’une des meilleures de ces derniers jours … à vrai dire elle avait plutôt la sensation d’enchaîner mauvaise journée sur mauvaise journée depuis qu’elle avait découvert être enceinte, comme si le monde entier s’était brutalement retourné contre elle pour la punir d’avoir été aussi imprudente. Malheureusement, c’était bien souvent ce qui la caractérisait. Belle éprouvait ce besoin de dépasser ses limites, d’aller vers l’interdit ne serait-ce que pour avoir l’impression de vivre, mais aussi parce qu’elle avait été étouffée bien trop longtemps par sa mère. Même si elle aimait sincèrement Piper et qu’il en serait ainsi toute sa vie, l’Américaine ne pouvait nier le fait que la surveillance constante de sa mère lui avait donné l’impression d’être une petite chose fragile et incapable de se défendre ce qui était loin de convenir à un électron libre comme elle. Elle savait qu’en parler avec sa mère aurait été une meilleure idée que s’attirer autant d’ennuis comme elle avait pu le faire depuis quelques années, cependant elle avait hérité de son père quant au fait de vouloir éviter les conversations sérieuses le plus possible.

Belle était loin d’être parfaite, elle en avait bien conscience, mais malgré les efforts qu’elle pouvait faire elle savait qu’elle ne parviendrait pas à s’améliorer du jour au lendemain. L’annonce de sa grossesse avait été une véritable claque pour la demoiselle de tout juste dix-neuf ans qui n’avait pas la moindre envie de s’embarrasser d’un enfant alors qu’elle commençait tout juste ses études et surtout sa vie d’adulte, mais pour ça elle aurait peut-être dû réfléchir à deux fois avant de coucher sans se protéger. Ainsi, aux yeux de l’Américaine, tout ce qui lui tombait sur le bout du nez était amplement mérité et était une punition envers sa bêtise puisque son père ne semblait pas vouloir lui remonter les bretelles, ce qu’il aurait dû faire même si Belle lui était reconnaissante d’en avoir rien fait. Pourtant, malgré sa vision des choses, elle était à bout et savait que les jours à venir elle allait probablement craquer et colérique comme elle pouvait l’être ça risquait de ne pas être très beau, déjà qu’elle était assez cassante avec les personnes qui l’agaçaient, autant ne pas imaginer ce que ça donnait en pire.

Pour chasser toutes ces pensées négatives de son esprit, Belle s’était forcée à se concentrer uniquement sur ses cours, assise bien tranquillement dans un Starbuck de New York, en grignotant de temps en temps son muffin ou buvant le chocolat liégeois qu’elle avait commandé. Toutefois, le sort semblait, lui, vouloir s’acharner sur la jeune femme, détail qu’elle ne put deviner que lorsque la jeune femme qui avait pris place face elle lui avait montré une photographie d’elle-même avant de lui annoncer qu’elles avaient été échangées à la naissance. Belle se serait véritablement écoutée, elle serait sans doute partie dans un fou rire mais étant donné qu’elle était fatiguée et pas dans la meilleure humeur qui soit, elle se contenta de nier les faits sans pour autant parvenir à quitter des yeux la photo que Sarabi avait glissé vers elle. « Pourtant vous... Tu es bien la fille de la photo ? Il y a quelques temps j'ai eu un accident, on a du me transfuser et les médecins ont découvert que je n'étais pas la fille de mes parents... J'ai rencontré tes parents à Londres et ils étaient aussi choqués que tu l'es... Je suppose qu'ils ne t'ont rien dit ».

De nouveau, l’un des sourcils de l’Américaine s’arqua tandis qu’elle levait les yeux vers la jeune femme face à elle. Ses parents ? Jusqu’à preuve du contraire, Piper et Gabriel vivaient dans une maison à Staten Island et non pas à Londres, la confortant ainsi dans l’idée que Sarabi se trompait bel et bien de personne. « Tu es bien Daphné, Daphné Hanwell ? ». Belle secoua la tête de droite à gauche en début de réponse puis se redressa sur sa chaise en croisant les bras contre sa poitrine et continua de regarder la jeune femme, un léger sourire désolé prenant place sur ses lèvres. « Belle McFersen. Désolée … » Commença-t-elle avant que son regard ne dévie une nouvelle fois en direction de la photo toujours devant elle. « Mais je comprends l’erreur, cette fille me ressemble comme deux gouttes d’eau, c’est assez effrayant. ». Une grimace déforma son visage puis elle reporta son attention vers Sarabi, un sourire bien plus franc au coin de ses lèvres cette fois. « Enfin, je te prends moins pour une folle déjà … donc tu cherches cette fille parce que vous avez été échangées ? ». Elle l’avait parfaitement compris, mais Belle préférait s’assurer de bien avoir tout saisi et puisqu’elle l’avait prise pour une folle dès le début, autant redémarrer correctement sans l’envoyer sur les roses alors que, visiblement, c’était la dernière chose dont elle avait besoin tant elle semblait désespérée.

Belle n’avait jamais douté une seule seconde de son appartenance à la famille McFersen, il y avait bien trop de similitudes entre chacun des membres de sa famille. Même son côté maternel lui prouvait qu’elle appartenait à la bonne famille et surtout sa mère pouvait lui parler des heures et des heures de son accouchement, une histoire que la demoiselle préférait ne plus jamais entendre de sa vie. Elle ressemblait beaucoup à sa mère physique, bien plus à son père caractériellement, elle avait de nombreux points communs avec le reste de sa famille comme la malformation cardiaque que sa tante – et jumelle de sa mère – possédait également, elle n’avait donc pas à avoir le moindre doute. Pourtant, la photo que la jeune femme avait glissée vers elle l’avait fait douter. Belle savait qu’il ne s’agissait sûrement pas d’elle sur cette image ce qui avait donc eu le don d’éveiller sa curiosité. L’histoire des sosies s’appliquait également à elle. Quelque part sur cette planète – et plus près qu’elle ne l’aurait imaginé – existait une jeune femme qui avait les mêmes traits qu’elle, qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau alors que toutes les deux n’avaient aucun lien de parenté … c’était vraiment troublant et Belle doutait de parvenir à oublier ce détail de si tôt. Toutefois, elle était également déçue de ne pas pouvoir aider Sarabi. Elle comprenait son envie de connaître cette jeune femme avec qui elle avait été échangée par erreur.

À sa place, l’Américaine aurait sans nul doute agi de la même manière poussée par la curiosité bien qu’elle ne pouvait pas être certaine d’apprécier ce qu’elle allait découvrir. Elle aurait aimé pouvoir l’aider, l’orienter vers la jeune femme sur la photo qu’elle avait mise sous ses yeux, mais Belle n’avait pas le moyen de faire une telle chose et elle était contrariée de ne pas pouvoir lui venir en aide sur ce point. « Tout à fait. C'est un peu idiot n'est-ce pas ? Je pourrais continuer tranquillement ma vie mais, au lieu de ça, j'aimerai bien la retrouver, lui parler et voir comment est sa vie. Histoire de voir ce que j'ai loupé même si je dois avouer que je n'ai pas été si mal élevée que cela » La jeune femme secoua la tête de droite à gauche en guise de réponse. Elle ne trouvait pas ça idiot, au contraire. Belle comprenait son envie, ce besoin presque viscérale d’en savoir plus sur cette fille qui avait vécu l’enfance et l’adolescence que Sarabi aurait dû vivre. « Je ne suis pas si bavarde en temps normal mais je suis perdue en fait et lorsque je suis perdue, je parle sans m'arrêter. Je n'arrive pas à savoir si c'est dommage de ne pas l'avoir trouvé encore ou si, justement, c'est un bon point. Tordue n'est-ce pas ? » Un petit sourire étira les lèvres de la demoiselle. Le fait qu’elle parle autant ne lui posait pas le moindre problème, elle avait besoin d’extérioriser sa frustration comme elle le pouvait, Belle pouvait parfaitement le comprendre. Sa mère était profiler au sein du FBI, sa sœur avait fait des études de psychologie, la marraine de cette dernière ainsi que son fils étaient psychologues, avec les années elle avait donc appris quelques petites choses de chacun d’entre eux comme le fait d’être aussi altruiste que possible avec les gens dans le besoin.

Sarabi avait besoin de parler ? Belle n’allait pas l’arrêter. Elles ne se connaissaient peut-être pas, mais elle la comprenait et elle lui vendrait en aide volontiers. « Je vous gène j'ai l'impression... Enfin, ce n'est pas qu'une impression, je vous gène et je suis une vraie pile électrique. Malheureusement pour vous, j'ai été conçu sans le bouton off » Cette fois ce fut un petit rire qui lui échappa tandis qu’elle secouait de nouveau la tête de droite à gauche pour lui faire comprendre qu’elle ne l’a gênait absolument pas, son travail pour les cours elle pouvait parfaitement le faire une fois chez elle. « Je suppose que vous ne l'avez jamais vu ? Et je suis perspicace en plus de ça. Si vous ne me preniez plus pour une folle, maintenant si » La photo rangée et cette fameuse Daphnée lui ressemblant traits pour traits, Belle n’eut pas besoin de se pencher de nouveau sur cette dernière pour confirmer le fait qu’elle l’avait jamais vu jusqu’alors. « Oh … j’ai vu des personnes bien plus folles. » Avoua-t-elle en haussant les sourcils, un sourire amusé dessiné sur ses lèvres. « Mais je peux peut-être essayer d’aider. Je sais que comme ça j’ai l’air que d’une simple étudiante accro au Starbuck, mais ma mère travaille au FBI et ma sœur également, je peux leur en parler ? » Elle voulait lui venir en aide sans raisons particulières, uniquement parce que – une fois de plus – elle saisissait parfaitement sa déception. « Ça me permettra de faire disparaître la sensation d’avoir gâché ta journée. » Déclara-t-elle finalement tout en prenant son gobelet de chocolat qu’elle porta ses lèvres pour boire une nouvelle gorgée tout en gardant ensuite ses mains autour du carton pour capturer la chaleur de sa boisson.

Les situations comme celle que vivait Sarabi, elle n’avait jamais connu et ce n’était pas plus mal comme ça. Même si, comme tout le monde, elle connaissait le dicton qui dit qu’on ne choisi pas sa famille, et même si elle-même en venait parfois à vouloir s’éloigner à tout prix de ses proches, elle n’en restait pas moins fière d’être une McFersen. Certes, elle avait de nombreux sujets de conflits avec sa mère, sa soeur lui semblait être de plus en plus distante et elle n’avait pas forcément grand monde à qui se confier vu que les trois quarts de sa famille vivaient encore à San Francisco, mais elle avait conscience de ne pas être à plaindre. Elle aimait ses parents et rêvait d’avoir une vie amoureuse comme la leur. Ils s’aimaient depuis des années alors qu’au départ tout avait été contre eux. Leurs débuts avaient été difficiles, surtout avec la venue surprise de son frère Ewan, mais ils avaient su affronter les problèmes de la vie et rester proches, même lorsque Zeppelin avait été enlevée. Elle voulait quelque chose comme eux et elle était fière d’être leur fille. Belle aimait tout autant ses frères qui bien que plus âgés qu’elle s’efforçaient d’être aussi présents pour elle qu’ils pouvaient l’être avec Zeppelin. Oui, elle aimait sincèrement sa famille et l’américaine était bien heureuse de ne pas connaître le même problème que la londonienne face à elle.

Se dire qu’on avait vécu pendant dix-neuf ans dans la mauvaise famille, qu’une autre personne avait vécu notre vie ce n’était pas ce qu’il y avait de plus agréable et même si elle l’avait tout d’abord prise pour une folle avec ses paroles comme quoi elles avaient été échangées à la naissance, altruiste comme elle pouvait l’être, à présent elle avait grandement envie de l’aider à retrouver cette jeune femme qui lui ressemblait trait pour trait et avec qui elle avait été échangée à la naissance. « Ce serait vraiment adorable... Et ne t'inquiète pas, tu n'as pas gâché ma journée, loin de là ! Au moins j'ai plus de temps pour pouvoir me faire à l'idée que j'ai passé dix neuf ans dans une famille qui n'est pas la mienne » Belle lui adressa un léger sourire. Elle savait que sa sœur aînée serait prête à l’aider et ce pas uniquement parce qu’il s’agissait de son travail, mais aussi parce qu’elle avait connu une situation plus ou moins similaire au cours des dix premières années de sa vie, une situation qui faisait qu’aujourd’hui encore leur mère était bien trop étouffante avec la petite dernière qu’elle était. « Je lui en toucherais un mot dans ce cas. Elle a pas mal d’affaires en cours, mais elle est toujours prête à aider. » Autant dire qu’aux yeux de Belle, Zeppelin était un modèle. Malgré ce qu’elle avait pu vivre et la difficulté qu’elle avait dû combattre lorsqu’elle avait rejoint sa véritable famille, aujourd’hui elle lui apparaissait comme une jeune femme accomplie et elle avait toujours été là pour elle, sûrement l’avantage d’être née peu de temps avant qu’elle ne soit retrouvée.

« C'est plutôt moi qui t'enquiquine et te gâche ta journée. Tu veux manger quelque chose ? Je vais me prendre un bon cookie au chocolat blanc et une boisson » L’américaine secoua la tête de gauche à droite en guise de réponse. Ce qu’elle avait avalé quelques minutes plus tôt lui avait largement rempli l’estomac et si jamais elle avalait quelque chose de plus, elle était certaine d’exploser. Son sourire continua d’étirer le coin de ses lèvres tandis que l’anglaise s’éloignait pour passer sa commande et Belle remit le nez rapidement dans son chapitre pour emmagasiner tout ce qu’elle était en train de lire avant de relever la tête lorsqu’elle remarqua le retour de Sarabi. « Je m'incruste, je m'incruste mais tu veux peut être réviser tranquillement. Je ne le prendrais pas mal tu sais... » Son regard jongla entre ses cours et le visage de la jeune femme et inversement pendant quelques secondes. Belle referma son livre ainsi que ses cours un peu éparpillés autour d’elle, puis elle croisa les mains qu’elle posa sur le bord de la table. « Hm … je prends de l’avance, c’est pas vraiment le cours de mon année en fait. » Avoua-t-elle dans une légère grimace. Belle était une tête, elle détestait qu’on lui fasse remarquer et pour cette raison elle s’efforçait d’éviter d’en parler même si on lui avait toujours affirmé qu’elle aurait dû être fière plus qu’autre chose. Malheureusement, l’être humain est stupide et mauvais, deux raisons qui la forçaient à ne rien dire pour éviter les moqueries de ses camarades.

« Ca fait pas longtemps que j'habite New York... Tu ne connaitrais pas, par pur hasard, une boutique où je pourrais trouver de bons cadeaux pour un homme ? » Une légère moue prit place sur son visage tandis qu’elle réfléchissait à une bonne boutique. Belle s’enfonça à nouveau contre le dossier de sa chaise, les mains toujours croisées au-dessus de la table et son petit sourire toujours aussi présent au coin de ses lèvres. « Je connais plusieurs boutiques en fait. La plupart ont des prix plutôt abordables. » Affirma-t-elle en opinant du chef avant que son regard ne soit attiré par l’heure indiquée sur la montre à son poignet. Dès lors, une légère grimace prit place sur son visage avant qu’elle ne lève à nouveau les yeux vers Sarabi. « Par contre, je vais devoir retourner à l’université, mais … » S’arrêtant dans sa phrase, Belle attrapa l’un de ses crayons, arracha un bout de papier de l’un de ses cours et après y avoir gribouillé quelques chiffres, elle le fit glisser vers la jeune femme. « C’est mon numéro comme ça tu me dis quand tu as un jour de libre et je me ferais un plaisir de t’emmener dans quelques boutiques histoire que tu trouves ton bonheur. » Dit-elle tout enfournant à la va-vite ses cours et ses crayons dans son sac de cours. Une fois ce dernier sur son épaule, elle se redressa, un sourire désolé aux lèvres. « Désolée de devoir partir comme ça, mais promis je parlerais à ma sœur de Daphné et je t’en dirais plus quand elle m’aura donné les détails et … ravie de t’avoir rencontré. » Oui, malgré l’étrangeté de cette rencontre, elle était pourtant sincère. Un nouveau sourire, un dernier coup d’œil à sa montre, et après avoir salué Sarabi, Belle fila en quatrième vitesse en direction de l’université.