Elizaveta était une des dernières dans les vestiaires. Pendant les pratiques, ses longs cheveux étaient complètement remontés sur sa tête dans un chignon et des tresses bien serrer, tout ça lui prenait du temps à défaire et replacer correctement pour l’extérieur. Elle n’oserait jamais sortir et avoir loin moins que parfaite. Elle aimait bien avoir l’air ‘trop habillé’ dans toutes les occasions possibles. Les quelques filles qui restaient avec elle, étaient regroupées dans un petit troupeau et faisaient des messes basses. Elle pouvait les voir dans son miroir et bien qu’elle ne pouvait pas comprendre ce qu’elles disaient, elle pensait bien connaitre le sujet de leurs conversations. Aucune d’entre elles ne l’aimait vraiment ici. Sous prétexte qu’elles étaient là bien avant elle, certaines depuis plus de dix ans, et qu’Elizavetta était déjà soliste. C’était de la jalousie pure et simple. Mais après tout, ce n’était pas de sa faute. Elle avait beaucoup travaillé pour se rendre jusque ici. Non c’est vrai, elle était capable de reconnaitre que quelques une d’entre elles était bien meilleure danseuse qu’elle ne le serait jamais. Mais elle était la plus rusée et la plus opportuniste. Quand elle était arrivée à New York, son frère, sa tante, c’était trouvé des études, pour jouée, pour passé le temps. Misha avait cogné à la porte des ballets de NYC. Rien de moins. Elle avait eu une longue discussion avec le chef. Elle avait flashé son argent, avait parlé de sa famille ici et là et pouffe. Elle était devenue une des nouvelles solistes de la saison. Bon, elle n’était pas encore ‘principale’, mais c’était une question de temps. Elle avait remarqué, comme toutes les autres filles apparemment, que l’homme en charge hésitait toujours avant de la reprendre, de lui pointer ses erreurs. Surtout en ce moment, Noël approchait et ils pratiquaient tout pour casse-noisette. La première production officielle d’Elizaveta dans l’équipe et elle avait magicalement reçue le rôle de la sugar-plum fairy. Un solo, un duo. Les autres filles en étaient vertes. Elle allait brillé tandis qu’elles allaient se faire voler la vedette par des enfants beaucoup plus adorables qu’elles. La Russe ferma sa case un peu brusquement et se tourna vers les filles. Un air totalement innocent au visage. « Moi je suis prête, à demain ! » Elle les dépassa et s’arrêta qu’une fois qu’elle était au pas de la porte. Elle leva la tête légèrement, mais ne se retourna pas. « Oh vous savez, j’allais au conservatoire avec une fille, elle était tout aussi jalouse que vous, une pauvre petite chose… C’est tellement triste ce qui lui est arrivé… Vous pouvez la googler, tout est sur internet. Yelena Alvang. » Elle sortit sans faire de bruit. Au moins, elles étaient averties.

Misha se retrouva bien vite à l’extérieur du théâtre et ses gardes du corps virent iméditament la rejoindre. Elle n’était pas parano en tant que t’elle. Mais avec sa famille, et leurs ennemis, on était jamais trop prudent. De plus, ses hommes avaient d’autres tâches connexes, comme chauffeur, assistant et tout le tralala. Elle leurs faisait faire tout donc ce dont elle n’avait pas envie. Ils lui sauvaient un temps fou. Le nez dans son téléphone, comme toujours, elle s’arrêta à quelques pas de la porte. La Russe leva lentement la tête et lança un sourire complètement faux à sa tante qui l’attendait près de sa voiture. À contrecœur, elle avança vers Karina. Elle ne portait pas la sœur de son père dans son cœur et n’aimait pas beaucoup la voir trainer autour de ses affaires. Elle avait cru que les sentiments étaient plutôt réciproques et elle ne pouvait pas comprendre qu’est-ce qu’elle faisait là. « Tati. Un problème ? » Son ton était aussi froid que tout les hivers de Moscou. Ça ne valait pas la peine de jouer le jeu, personne n’était aux alentours après tout. « Quelqu’un est mort ? » Ça ne serait pas du tout étonnant. On lui annonçait la mort d’un membre de sa ‘famille’ au moins une fois par semaine, et c’était sans compter la mort de tous ceux qui ne comptaient pas. C’en était presque triste.

Karina n’était pas vraiment proche de sa famille. Son frère Vladimir mis à part, elle n’avait plus aucun contact avec un seul d’entre eux depuis plus de six ans, quand elle avait quitté Moscou pour New York. Ce n’était pas comme si elle s’était une fois bien entendu avec eux de toute façon. Elle n’avait donc eu aucun scrupule à les laisser derrière elle, eux et leur façon de vivre qui ne lui plaisait pas. Elle n’avait jamais cautionné le travail de son père, l’héritage des Mikhailov, que chaque jeune de la famille acceptait à bras ouverts dès qu’il était en âge de comprendre et d’agir. Son père avait eu du mal à la laisser partir mais il était le seul à s’être montré réticent, Vladimir encore une fois mis à part. Les autres semblaient n’en avoir rien à faire d’elle autant qu’elle n’en avait rien à faire d’eux. La jeune femme les mettait tous dans le même panier et ne les comprenait pas, aucun d’entre eux. Ils n’en valaient pas la peine, ils fricotaient avec l’illégalité, chose qu’elle n’accepterait jamais. Elle vivait beaucoup mieux sans eux d’ailleurs mais c’était sans compter son père qui apparemment n’avait pas confiance en elle ou semblait trop s’inquiéter. Pourquoi aurait-il envoyé sa jeune tante, son frère et ses neveux sinon ? Son père avec qui elle n’avait que de rares contacts l’avait averti de leur arrivée à New York et elle s’était vue obligée à aller les accueillir. La nouvelle était loin de l’avoir enchantée mais elle s’y était pliée quand même, espérant quelque part que des choses auraient changé avec le temps, que les membres de sa famille auraient changé. Elle ne savait toujours pas pourquoi elle s’était attendue à une amélioration, c’était sans doute une grande naïve ou une trop grande rêveuse… Elle s’était en tout cas bien vite rendue compte que la situation, au lieu de s’améliorer, avait empiré.

Tout ceci, ce n’était rien à côté de ce qui l’attendait. Elle avait trouvé ça louche que Vladimir ne lui écrive pas pour lui annoncer la nouvelle lui-même. D’autant plus qu’il aurait insisté auprès de leur père pour faire le voyage jusqu’aux Etats-Unis lui aussi. Mais non, il n’était pas descendu de l’avion, il ne lui avait donné aucune nouvelles depuis plusieurs jours. La jeune femme n’avait pas eu besoin d’attendre trop longtemps avant de savoir pourquoi : à peine sortie de l’avion, sa tante Oksana lui avait appris qu’il était décédé. On l’avait tué. Cette nouvelle l’avait dévasté : elle n’avait pas été capable de se concentré au travail depuis qu’elle l’avait appris et son image trottait dans son esprit en permanence. Elle ne cessait de se demander qui avait fait ça et pourquoi, même si cette dernière question avait une réponse plus évidente. C’étaient les risques du métier, tôt ou tard, ils connaissaient tous le même destin. Seulement, ce n’était pas juste. Et Karina désirait vengeance.

Cependant, elle n’avait aucune expérience, elle ne savait pas vraiment quoi faire dans cette situation. Elle se doutait que si l’un des leurs s’était fait assassiné, toute la famille allait s’employer à faire payer le responsable. Pour une fois, elle voulait en être. Elle voulait être celle qui appuierait sur la détente, celle à cause de qui l’assassin rendrait son dernier souffle. Vladimir était la personne qu’elle aimait le plus et si elle s’était tenue éloignée des crimes et du sang jusqu’à présent, elle n’était plus vraiment capable de penser rationnellement et était prête à aller contre ses convictions et à faire ce contre quoi elle se battait depuis toujours. Soudainement, la présence des jeunes membres de sa famille en ville lui apparaissait comme une bonne chose. Eux pourraient l’aider à obtenir ce qu’elle voulait. Ils pourraient la conseiller, pourquoi pas la former. Elle sut d’ailleurs immédiatement vers qui elle allait se tourner en premier.

Elizaveta. Karina observa sa nièce sortir du théâtre où elle travaillait et s’entrainait chaque jour. Appuyée contre la voiture de cette dernière, elle ne la quitta pas des yeux tandis qu’elle s’approchait, sans toutefois lui rendre le sourire, faux, qu’elle lui adressa. « Tati. Un problème ? » Karina eut l’impression de se prendre un vent glacial en pleine figure. Rien d’étonnant cela dit, aucune des deux ne portait vraiment l’autre dans son cœur. « Quelqu’un est mort ? » Très drôle. La jeune femme ne cilla pas et ne dévia pas le regard même si penser à la mort de son ainé la fit quelque peu douter. Elle n’allait pas se démonter et ne se laisserait pas impressionner. « Vladimir est mort. J’imagine que tu es au courant. » Elle continua de la regarder bien dans les yeux pour montrer sa détermination et le fait qu’elle ne lâcherait pas cette affaire facilement. « Je veux faire payer le responsable. Et ne me réponds pas que quelqu’un s’en occupe déjà, qu’il y a des gens plus qualifiés que moi. Je suis au courant. Mais je veux le faire de mes mains et je veux que tu m’aides. » Son ton ne laissait pas beaucoup de place à la discussion même si elle voyait déjà Elizaveta lui rire au nez et la renvoyer d’où elle venait.

Sa famille avait toujours une unité un peu à part des autres. En apparence, ils étaient tous tellement proches. Enfin, c’était vrai dans un sens… Ils étaient tout liés les uns et les autres et avait tout un but commun. La prospérité. Leurs noms et les responsabilités qui venait avec, pour le garder au top, les liaient oui. Les rendait puissant et souder. Mais quand on regardait suffisamenent de près… Frères, sœurs, père, grand-père, marie et femme, personne ne se faisait vraiment confiance dans ce nid de vipères. Tous calculaient à l’avance, tous avaient leurs agendas, tous étaient tordus jusqu’à la moelle. Tous étaient prêts de tuer leurs voisins, seulement pour prouver quelque chose. C’était compliqué, étrange, mais Elizaveta y était habituée. Sa tante par contre… Elle était partie il y a tellement longtemps, la Russe n’était même plus certaine qu’elle sache comment jouer le jeu. Comment être une Mikhailov. Ça en faisait presque pitié. « Vladimir est mort. J’imagine que tu es au courant. » Misha ne put retenir un rictus. Sa tante lui soutenait, le regard et la blonde en était, déjà blasé. Cette sortie en famille ne s’annonçait pas très amusante. Mais tant mieux si Karina avait toujours aussi peur d’elle. « Évidemment. J’étais aux funérailles. Service impeccable. Un peu insipide et sans intérêt, comme à l’image de mon cher oncle. » Elle se souvenait de cette journée. Elle c’était tenu bien droite et avait réciter ses prières sans broncher, mais elle c’était ennuyé ferme. Son grand-père aurait été sévère si quelques choses avaient dérangé les funérailles de son fils, donc Misha était resté bien sage à ses côtés, l’assistant et lui donnant, en apparence, tout le support donc un grand-père avait besoin dans sa période de deuil. Mais en réalité, elle s’en foutait éperdument. Elle avait côtoyer son oncle plus longtemps qu’elle avait côtoyer Karina, mais les sentiments restait tout aussi basique. Elle n’avait aucun respect pour l’homme et encore moins pour le joueur. Elle ne s’était pas du tout étonnée de sa mort. À se comporter comme un pion, on se faisait manger rapidement. « Domage que tu ais raté ça Karina. Ça t’aurais plus c’est sur. » Elle perdit tout intérêt pour la conversation et contourna sa tante comme s’il s’agissait d’un obstacle moindre. Un de ses gardes du corps alla lui ouvrir la portière. « Je veux faire payer le responsable. Et ne me réponds pas que quelqu’un s’en occupe déjà, qu’il y a des gens plus qualifiés que moi. Je suis au courant. Mais je veux le faire de mes mains et je veux que tu m’aides. » La blonde se raidit. Elle ne c’était pas entendu à sa de sa vieille tante. Elle fut presque surprise. « Tu ne sais pas de quoi tu parles tati. » Elle se retourna pour lui faire face à nouveau et la regarda de haut en bas. Jugeant chaque millimètre de sa personne. Non, sa tante ne savait vraiment pas de quoi elle parlait. Elle ne serait jamais venue à elle si c’était le cas. Tout le monde en Russie savait qui avait vraiment tué Vladimir, personne ne le disait à voix haute, Misha n’avait jamais même amené le sujet avec Oksana, mais tout le monde savait. Que Karina soit encore dans le noir lui prouvait bien son point, sa tante avait oublié comment jouer. Elizaveta émit un son condescendant avec sa langue et attrapa une mèche de Karina pour la replacer derrière son oreille. « Rien de bon pour toi ne va sortir de cette histoire. Donc, retourne-toi, va continuer à jouer avec ton stéthoscope et tes livres et compte-toi chanceuse d’avoir un frère en moins. On n’a pas tous cette chance. » Enfin, bien qu’elle tuerait le premier qui touchait à Koschei, elle n’était tout de même pas dupe, sa vie serait meilleure si son jumeau n’existait pas. Elle recula d’un pas et regarda vers la porte du conservatoire, ses coéquipières sortaient à leurs tours et chacune d’entre elles prenait soin de détourner la tête pour échapper son regard. Bien. « Et puis, désolé de te décevoir, chère tante. Mais je n’ai aucune idée de qui à bien voulut en finir avec Vladimir et aucune envie de le chercher. L’homme m’ennuyait, je doute que son meurtre soit plus intéressant. »

« Évidemment. J’étais aux funérailles. Service impeccable. Un peu insipide et sans intérêt, comme à l’image de mon cher oncle. » Karina dévia le regard cette fois. Elle n’aimait pas qu’on attaque les gens qu’elle aimait, surtout pas Vladimir. Elle se retint de répliquer aussi, parce que ça ne la mènerait nulle part et qu’elle n’avait pas la tête à se battre avec sa nièce. « Domage que tu ais raté ça Karina. Ça t’aurais plus c’est sûr. » L’intéressée laissa échapper un rire sarcastique. Elle s’en voulait vraiment de ne pas avoir pu être là même si en soit ce n’était pas de sa faute. Personne ne l’avait prévenue, sinon il était sûr qu’elle aurait fait le déplacement. Enfin, elle était vraiment touchée et elle ne savait pas si Misha voulait la pousser à bout ou quoi, mais elle n’allait pas réussir. Elle allait se maitriser. Garder son sang-froid était la seule façon dont elle pensait qui lui permettrait de se faire respecter et prendre au sérieux. Parce que si un rien lui faisait perdre ses moyens, sa très chère nièce n’allait pas priver pour définitivement l’envoyer balader. D’ailleurs, elle était visiblement sur le point de le faire puisqu’elle la contourna, lassée, et s’apprêta à entrer dans sa voiture. C’est ce moment que choisit Karina pour annoncer clairement ses intentions. La blonde se stoppa net et ne s’attendait visiblement pas à ça. Elle se mit ensuite à la jauger, de la tête au pied. « Tu ne sais pas de quoi tu parles tati. » Non, justement, elle ne savait pas. Mais c’était son point, elle voulait savoir… Elle voulait être capable de rendre justice à son frère et il n’y avait aucun autre moyen pour ça que de renouer, pour un temps, avec sa vraie nature. Alors certes, elle paraissait stupide, naïve, ou qu’en savait-elle, mais elle ne voulait pas être laissée derrière. Elle voulait faire ça pour son frère. La jeune femme ne répondait toujours rien, se concentrant sur le regard de sa nièce, s’efforçant de le soutenir. « Rien de bon pour toi ne va sortir de cette histoire. Donc, retourne-toi, va continuer à jouer avec ton stéthoscope et tes livres et compte-toi chanceuse d’avoir un frère en moins. On n’a pas tous cette chance. » C’était bien là toute la différence qui résidait entre les deux jeunes femmes, et Karina n’arrivait toujours pas à concevoir comment elles pouvaient faire partie de la même famille (elle se demandait souvent si elle n’avait pas été adoptée non plus). Mais elle ne cherchait pas le pouvoir, jamais il ne pourrait lui venir à l’idée d’éliminer des membres de sa famille, des personnes ayant le même sang qu’elle, juste pour arriver tout en haut. Ca la dépassait complètement. « Il faut que je m’inquiète aussi pour Koschei ? » Elle n’était pas spécialement proche de son neveu non plus, mais elle n’avait jamais eu de problèmes non plus avec lui. Elle n’irait pas jusqu’à souhaiter sa mort, tout comme celle d’aucune autre des personnes de sa famille… « Et puis, désolé de te décevoir, chère tante. Mais je n’ai aucune idée de qui à bien voulut en finir avec Vladimir et aucune envie de le chercher. L’homme m’ennuyait, je doute que son meurtre soit plus intéressant. » Evidemment. Karina leva les yeux au ciel. C’était peut-être une mauvaise idée finalement mais il était trop tard pour revenir en arrière et elle ne devait pas céder non plus. Ça allait être difficile mais il ne fallait pas qu’elle se laisse marcher sur les pieds si encore une fois elle voulait se faire prendre au sérieux. « Qu’est-ce que je dois faire pour que tu m’aides ? Je me doute bien que si je me lançais là-dedans toute seule et qu’il m’arrivait quelque chose ça ne te ferait ni chaud ni froid, mais je tiens à mener ça à bien. Alors qu’est-ce que je dois faire ? Vers qui je dois me tourner sinon ? »

« Il faut que je m’inquiète aussi pour Koschei ? » La Russe eut un sourire en coin et regarda ailleurs. Elle avait déjà essayé de tuer Koschei, une fois, quand elle avait six ans. Ça n’avait pas été très sérieux comme attente évidement, quelques choses d’irréfléchies et enfantines. Mais elle y avait repensé beaucoup depuis. Plusieurs fois elle avait concocté un poison ou bien pesé une arme dans sa main, en pensant à l’effet que l’objet pourrait avoir sur son frère. Mais elle n’avait jamais osé. Koschei était un obstacle, un poids lourd et une ombre énorme sur sa vie. Mais c’était aussi son frère, elle avait tout partagé avec lui, même l’espace dans l’utérus de leurs mères. Elle ne pourrait jamais aller jusqu’au bout. Même s’il lui arrivait de le souhaiter férocement. « Pas à cause de moi non. » Elle ne pouvait rien promettre pour le reste. Les gens dans leurs familles qui vivaient au de las de 40 ans étaient tellement rares, surtout les hommes. Ils avaient tous cette tendance à ne pas assez réfléchir et foncer tête la première. Elle ne se faisait pas d’idée, mourir de vieillesse dans un lit entouré de descendant était qu’une fantaisie. Elle préférait mourir avant de perde la partie.

La sœur de son père continua de blablater son histoire de vengeance et Elizaveta ne savait pas trop si elle devait en rire ou bien la prendre au sérieux. Elle avait entendu son grand-père parler de Karina tant de fois, toujours avec un peu de regret dans la voix. Il lui avait dit en long et en large tous les motifs du départ de sa fille, personne n’avait été dupe quant à son dégout pour la business familiale. Et si ça avait peiné son grand-père, Misha avait pris soin de se montrer encore plus aimable à ses yeux, essayant de prendre la place de sa fille envolée, petit à petit. L’entendre parler d’action dans le genre était étrange. Un peu irréelle. Elle était surprise, mais quelque chose en elle était aussi aux aguets. Si Karina décidait de bouger et se joindre à eux, elle pourrait être dangereuse pour elle, pour sa position futur. Elle devra garder sa tante plus à l’œil qu’elle le pensait. « Qu’est-ce que je dois faire pour que tu m’aides ? Je me doute bien que si je me lançais là-dedans toute seule et qu’il m’arrivait quelque chose ça ne te ferait ni chaud ni froid, mais je tiens à mener ça à bien. Alors qu’est-ce que je dois faire ? Vers qui je dois me tourner sinon ? » La blonde fit pianoter ses doigts sur le toit de sa voiture. Elle pesa la question pendant quelque seconde. Karina ne pouvait pas apprendre qui avait vraiment tué son frère, mais si elle voulait s’amuser à tuer pour se détendre, Misha pouvait bien l’aider. Son grand-père en prendrait note, elle était certaine, il serait content qu’on aime sa fille à embrasser sa vraie nature. « C’est bon. Si tu es prête, je veux bien t’aider. Mais tu vas devoir te salir les mains tati. Et plus important encore, tu vas avoir une dette envers moi. » Elle sourie et s’engouffra dans la voiture, laissant la porte ouverte pour que sa tante la rejoigne.

Plus la conversation avançait, plus Karina commençait à regretter d’être venue voir sa nièce. Elle avait beau être plus jeune qu’elle, la jeune femme craignait la petite blonde. Elle savait de quoi elle était capable, son père ne tarissait pas d’éloges sur elle et même plus jeune elle lui avait toujours fait peur. La brune savait également que sa cadette ne la portait pas dans son cœur (c’était réciproque d’ailleurs) et qu’elle avait surement échafaudé d’innombrables plans pour la supprimer. Elle avait perdu de l’intérêt depuis qu’elle avait quitté la famille et qu’elle ne représentait plus une menace pour elle dans la hiérarchie. En tant que fille de parrain, elle arrivait avant elle sur la liste de ses successeurs, mais elle avait depuis longtemps renoncé au trône. Mais elle avait eu de quoi s’inquiéter et elle avait de quoi s’inquiéter également pour son neveu Koschei. Cela pouvait paraitre fou, improbable de penser qu’on puisse vouloir tuer son jumeau et pourtant Karina se doutait que cela avait déjà traversé l’esprit d’Elizaveta, elle savait qu’elle n’était pas si stupide que ça de se le demander. Toutefois, de la pensée à l’action il y avait un pas que sa nièce ne franchirait sans doute jamais. Elle eut d’ailleurs bien vite fait de la rassurer sur ce point. La jeune femme n’était pas plus proche de son neveu que de sa nièce mais ce n’était pas pour ça qu’il méritait de mourir. Personne ne le méritait de son point de vue et c’était bien pour ça qu’elle avait entamé des études de médecine et projetait d’être chirurgienne. Elle voulait sauver des vies et non les enlever. Elle n’aurait pas renié son sang de Mikhailov sinon.

Si elle avait de tels principes, ils s’en trouvaient tout chamboulés avec les récents évènements. La mort de son frère l’avait retournée à tel point qu’elle se sentait prête à renouer avec l’illégalité le temps de retrouver son meurtrier et d’obtenir réparation. Elle n’était pas naïve et connaissait quelques-unes des ficelles du métier, elle savait que cela ne pourrait pas se passer dans les règles de l’art avec enquête, procès et tout le toutim. Elle allait devoir s’en charger elle-même ou en tout cas demander à quelqu’un de le faire pour elle. Et ce quelqu’un (elle ne connaissait personne de plus efficace) c’était Elizaveta. La jeune femme avait retourné la question dans tous les sens, cherchant des moyens de l’éviter mais elle n’avait eu d’autre choix que de s’adresser à elle. Lui demander s’était avéré aussi difficile qu’elle se l’était imaginée mais elle avait persévéré et n’avait pas cédé. Elle était déterminée et prête à tout même si elle savait qu’elle le regretterait plus tard. « C’est bon. Si tu es prête, je veux bien t’aider. Mais tu vas devoir te salir les mains tati. Et plus important encore, tu vas avoir une dette envers moi. » Se salir les mains… Dette… Ce n’étaient pas des mots très rassurants mais là encore elle n’avait pas beaucoup d’autres choix. Karina suivit donc sa nièce à l’intérieur de la voiture et prit place à côté d’elle. Elle était très mal à l’aise tout d’un coup, l’atmosphère était étouffante. « Je suis prête à tout. Me salir les mains et avoir une dette envers toi, quelle qu’elle soit. » Elle n’était pas certaine de savoir ce qu’impliquait se salir les mains mais elle était beaucoup moins rassurée tout d’un coup. « Ok. Dis-moi tout. Qu’est-ce que je vais devoir faire ? » Elle était perdue, totalement perdue.

La Russe se glissa sur les bancs en cuire de sa voiture de ville. Mikhail et Nikolay se trouvaient à l’avant, séparé d’elle par une vite teintée. Elle savait cependant qu’ils entendaient tout ce qui se passait à l’arrière. Ça ne lui dérangeait pas, elle préférait ça comme ça. Ils avaient besoin de tout savoir si elle voulait qu’ils agissent au moindre signe de sa part. Et comme ça, elle n’aurait pas à les brieffer un peu plus tard. Elle avait laissé le choix à sa tante de la suivre ou pas. Mais franchement elle aurait préféré qu’elle reste à l’extérieur. Elizaveta ne pouvait pas être plus détaché de cette histoire. Elle n’avait jamais vraiment calculé Karina. Son père était l’hériter et tant qu’il passât devant elle n’était pas vraiment en danger. C’était tout simplement qu’elle voulait être la favorite de son grand-père… Mais bon, la brune lui avait facilité la tâche en quittant le pays et la famille. Depuis elle ne lui accordait aucune attention. Mais maintenant qu’elle était dans leurs pattes, débutante et incompétente, elle aurait bien voulu l’écraser. Elle se retenait seulement parce que son grand-père ne leur pardonnerait jamais la mort de sa fille ainée. Tant pis, elle saurait attendre, quand son père serait parrain, elle n’hésiterait plus. Nikolas n’était pas particulièrement proche de sa sœur et n’en voudrait jamais à sa fille chérie. Elle finit quand même par la rejoindre dans la voiture et Misha ne cilla même pas. « Je suis prête à tout. Me salir les mains et avoir une dette envers toi, quelle qu’elle soit. » « Bien. » Elle sourie à son propre reflet dans la vitre à côté d’elle garda qu’un regard désintéresser pour la jeune femme à ses côtés. « Je vais me rappeler de ça. » Elle espérait que l’autre soit consciente qu’elle venait de signer un contrat avec le diable. Elle finirait sans doute par s’en mordre les doigts. Elle avait beau ne pas être très douée, Misha n’était pas pressé pour récolter. « Ok. Dis-moi tout. Qu’est-ce que je vais devoir faire ? » La blonde haussa les épaules, déjà lasse de sa corvée. « Pour l’instant, pas grand-chose. Tu ne saurais pas gérer. » Elle inspecta ses ongles sur une main et soupira. « Réfléchis seulement à quel genre de vengeance tu préfères. Qu’est-ce que tu comptes faire à la personne qui se trouvera devant toi à ce moment-là. Je te procurais les armes et tu t’entraineras. » Elle n’avait pas l’intention de la laisser gérée une seule seconde. Qu’elle joue dans son coin sagement, c’est tout ce qu’elle voulait. « On a déjà quelques pistes, dès que sa aboutie, tu sera la première à savoir. » Le mensonge lui allait comme un gant.

Dès l’instant où elle prit place à côté de sa nièce, Karina regretta son geste. Plus ça allait plus elle s’enfonçait dans des sables mouvants. C’était pareil. L’atmosphère à l’intérieur de la voiture était pesante et étouffante et elle s’autorisait à peine à déglutir. Elizaveta lui faisait bien plus peur qu’elle ne se l’était imaginé jusqu’ici. « Bien. » fit-elle en réponse à Karina. La jeune femme venait d’accepter son marché. Accepter de lui être redevable… Elle venait de faire un pacte avec le diable et elle en avait conscience. Mais pourquoi ces idiots se faisaient avoir dans les films ? Parce qu’ils n’avaient pas d’autre choix. Avait-elle le choix ? Non, elle ne l’avait pas. « Je vais me rappeler de ça. »Evidemment qu’elle allait s’en rappeler. Elle allait prendre trop de plaisir à réclamer son dû et lui faire faire tout et n’importe quoi. Et la jeune femme n’aurait pas d’autre choix que de se plier à ses exigences. Elle avait beau être «protégée » du fait de son statut de file unique du parrain, elle savait pertinemment que si le besoin s’en ressentait sa nièce n’aurait aucun mal à faire passer sa mort pour un acte de provocation de la part d’un autre clan mafieux ou bien d’un accident. Ça pouvait très bien passer, du fait de son inexpérience et de son tout nouvel intérêt pour les affaires familiales. Pas rassurée du tout, Karina regarda tout autour d’elle et hésita avant de finalement demander à sa nièce ce qu’elle aurait à faire. « Pour l’instant, pas grand-chose. Tu ne saurais pas gérer. » Vrai. Elle se lançait dans l’inconnu sans aucune expérience. Elle allait peut-être bien se faire tuer accidentellement en fin de compte. Puis elle n’était pas sûre d’être tout de suite prête à plonger dans l’illégalité d’un seul coup. Il lui faudrait du temps. « Réfléchis seulement à quel genre de vengeance tu préfères. Qu’est-ce que tu comptes faire à la personne qui se trouvera devant toi à ce moment-là. Je te procurais les armes et tu t’entraineras. » Ceci la fit réfléchir. C’est qu’elle n’avait pas encore pensé à tout ça. Elle savait juste qu’elle voulait se venger. Elle ne savait pas ce qu’elle ferait quand elle aurait le meurtrier en face d’elle. Serait-elle capable de le tuer ? Cela l’apaiserait-elle ? Elle ne pouvait pas l’envoyer devant la justice et ne pouvait pas rester sans rien lui faire. Elle n’aurait pas tout remué pour rien. « Parfait. » Mais s’entrainer impliquait de réelles personnes. Connaissant sa nièce, celle-ci prendrait un malin plaisir à lui faire faire tout un tas de choses qui la rebutaient. « Je vais devoir tuer, c’est ça ? » Elle eut de la difficulté à déglutir après cette prise de conscience. Elle n’était même pas certaine d’avoir voulu lui poser cette question, c’était surtout à elle-même qu’elle parlait. « On a déjà quelques pistes, dès que sa aboutie, tu seras la première à savoir. » Ok, ça lui convenait. Ce n’était peut-être pas assez satisfaisant en fait. « Et pourquoi je ne pourrais pas savoir quelles sont les pistes ? J’aimerais ne pas être mise de côté même si j’imagine que ça ne te fait pas plaisir. Je ne suis pas dupe tu sais, je sais très bien que ce que je te demande t’ennuie et que tu ne portais pas Vladimir. Je tiens vraiment à le faire et j’aimerais qu’au moins une personne s’implique totalement là-dedans, ce que tu ne feras pas j’imagine. » Karina connaissait les membres de sa famille et savait comment ils fonctionnaient quand même.

Sa tante avait l’air nerveuse et mal à l’aise dans la voiture avec elle. C’était tout à son honneur et très loin de déplaire Misha. Ça voulait dire qu’elle savait sa place et qu’elle était un tant soit peu intelligente, ou en tout cas, assez pour ne pas être complètement aveugle du moins. Il y avait peut-être espoir à faire quelques choses avec elle. « Je vais devoir tuer, c’est ça ? » Elle sentit sa tante fondre sur son banc et lui lança un regard dégouté. Comment cette femme pouvait avoir du sang en commun avec elle si l’idée de tuer une ennemie la faisait presque flancher, c’était à ne rien comprendre. Peut-être que son grand-père l’avait trouvé dans une poubelle, ou ailleurs. Il avait tellement de penchant pour ses bâtards. « Oui, Karina. » Et il était à peu près temps. Elle était déjà ‘vieille’ et ne c’était jamais sali les mains. Elle ne comprenait pas pourquoi on la laissait encore s’appeler Mikhailov. « Si tu veux vraiment venger ton frère, il va falloir que tu apprennes à aller jusqu’au bout. Tu penses que tes ennemis vont te laisser des chances ? Vont se contenter de te faire peur ? Parce que je te signale que Vladimir est mort. Raide, blanc et sous terre. Et bien que j’étais loin d’admirer ses manières, il était beaucoup plus dangereux qu’une petite étudiante pleurnicharde. » Peut-être que pour la persuader, elle demanderait à son père de lui envoyer un bout de son cher oncle. Le visage en pleine décomposition de son cher frère donnerait surement des envies de meurtres à Karina et la pousserait à bout. « Et pourquoi je ne pourrais pas savoir quelles sont les pistes ? J’aimerais ne pas être mise de côté même si j’imagine que ça ne te fait pas plaisir. Je ne suis pas dupe, tu sais, je sais très bien que ce que je te demande t’ennuie et que tu ne portais pas Vladimir. Je tiens vraiment à le faire et j’aimerais qu’au moins une personne s’implique totalement là-dedans, ce que tu ne feras pas j’imagine. » La blonde soupira, mais ne se montra pas autrement agacée par son commentaire. Elle leva la main pour la faire taire. Elle en avait déjà marre de l’entendre s’époumoner de la sorte. Ses années en Amérique lui avait fait perde tout sorte de maintient et dignités. « Je te rappelle qu’Oksana a eu comme mission de venger ton frère avant tout. Elle est, crois-moi, ‘totalement là-dedans’, comme tu dis. » Elle replaça un plis de sa jupe. « Et la raison pour laquelle tu ne sais rien, tati. Je n’ai pas confiance en toi. Je n’ai aucunement raison d’avoir confiance en toi et je suis loin d’en être obligée. Pour l’instant tu fais ce que je te dis. Tu en sais déjà assez, tu sauras le reste quand bon me sembleras. Est-ce que je dois te rappeler ta place dans la hiérarchie ici ? » Elle n’en avait rien à faire de qui était Karina en Russie. Elles étaient à New York et Misha ne devait pas d’ordres à personne autre qu’Oksana. Et elle était certaines que sa Pakhan ne voulait pas Karina, ou qui comptent d’ailleurs, dans cette petite affaire.

« Oui, Karina. » Cette réponse claire et directe de sa nièce la fit littéralement fondre sur place. Sa tête tournait et elle n’était plus capable de penser. Elle n’était pas capable de réaliser clairement ce que cela impliquait. Elle allait devoir tuer. Autrement dit, elle allait devoir faire quelque chose qui était contraire à ses principes et qui remettait en question son travail, sa vocation, pour venger la personne qu’elle aimait le plus au monde. Elle n’était en plus même pas sûre que la vengeance l’apaise et était face à un véritable dilemme. En temps normal, elle aurait dit non immédiatement. Sa raison l’aurait emporté et il n’y avait pas plus raisonnable qu’elle. Elle pesait chaque décision avec beaucoup de soin et ne faisait rien à la légère. Mais là… elle ne réfléchissait pas avec sa tête mais bel et bien avec son cœur. Pour beaucoup de personnes, les sentiments prenaient le pas sur la raison et il n’y avait aucune raison pour que ce soit différent pour Karina. Relevant la tête, la jeune femme déglutit difficilement. Elle s’efforça ensuite de regarder la blonde dans les yeux et mit tout la bonne volonté du monde dans le ton qu’elle employa pour qu’elle ait l’air pleine d’assurance. « D’accord. S’il le faut, je le ferais. » Elle n’avait pas bien le choix, c’était une des conditions d’Elizaveta et si elle ne s’y pliait pas elle cesserait de l’aider. Puis c’était une Mikhailov après tout, cela ne lui serait peut-être pas si difficile que ça même si c’était facile de penser ça tant qu’elle ne se trouvait pas en pleine action. « Si tu veux vraiment venger ton frère, il va falloir que tu apprennes à aller jusqu’au bout. Tu penses que tes ennemis vont te laisser des chances ? Vont se contenter de te faire peur ? Parce que je te signale que Vladimir est mort. Raide, blanc et sous terre. Et bien que j’étais loin d’admirer ses manières, il était beaucoup plus dangereux qu’une petite étudiante pleurnicharde. » Elizaveta était dure et pourtant tout ce qu’elle disait était vrai. Karina ne pouvait pas la contredire et il fallait qu’elle se reprenne dès maintenant si elle voulait aller jusqu’au bout. « Je vais le faire. » Néanmoins, elle ne put s’empêcher d’avoir quelques doutes quant au fait que sa nièce allait prendre autant à cœur qu’elle cette « mission ». Elle ne se gêna pas pour les exprimer à voix haute ce qui fit réagir immédiatement la jeune femme à côté d’elle. « Je te rappelle qu’Oksana a eu comme mission de venger ton frère avant tout. Elle est, crois-moi, ‘totalement là-dedans’, comme tu dis. » Si cela avait pour but de la rassurer, ça ne marchait pas vraiment. « Et la raison pour laquelle tu ne sais rien, tati. Je n’ai pas confiance en toi. Je n’ai aucunement raison d’avoir confiance en toi et je suis loin d’en être obligée. Pour l’instant tu fais ce que je te dis. Tu en sais déjà assez, tu sauras le reste quand bon me sembleras. Est-ce que je dois te rappeler ta place dans la hiérarchie ici ? » La russe ne cessa pas de fixer sa nièce dans les yeux. « Tu comprendras pourquoi je n’ai pas confiance en toi alors. » Elle n’avait confiance en aucun des membres de sa famille. Et ce ne serait sans doute jamais le cas. « Quant à ma place dans la hiérarchie, non, ce n’est pas la peine. Je sais très bien quelle est ma place, pourquoi crois-tu que je suis venue te voir ? De toute façon, je n’ai aucune envie d’en faire partie. Je sais très bien pourquoi mon père vous a envoyé ici mais ne comptez pas sur moi pour revenir. Ce sera notre seule t unique collaboration, après ça tout redeviendra comme avant, je serais morte pour vous comme vous l’avez été pour moi.»

« Je vais le faire. » Misha hocha la tête. À vrai dire, elle ne portait pas vraiment d’espoir là-dessus. Elle avait beaucoup plus l’impression que sa tante s’enfuirait avant de pouvoir faire quoi que se soit et elle serait forcé de tout ‘nettoyer’. Enfin, ce n’était pas nécessairement plus mal, au moins elle ne les embêterait plus. Mais bon, elle avait une place et des règles à respecter. Elle était sous les ordres d’Oksana vrai, et son grand-père. Mais en ce moment, elle ne se devait de répondre à personne d’autre. Koschei, Karina, Dimitri, ils étaient second et peut-importe leurs ages et le respect qu’elle leurs devraient en Russie, ici c’était différent. Elle faisait partie des meneurs et ils devaient de suivre. C’est tout. Elle n’aimait pas qu’on remette ses paroles en cause et commençait à trouver sa Karina bien agaçante avec ses demandes qui n’en finissaient plus. « Tu comprendras pourquoi je n’ai pas confiance en toi alors. » « Je serais déçue du contraire. » C’était la règle numéro un après tout, ne jamais se fier, même à ses propres parents quand on naissait dans une famille comme la leur. Le sang avait tellement taché leurs arbres généalogiques, plusieurs générations entières étaient disparues sans faire parler d’eux. « Quant à ma place dans la hiérarchie, non, ce n’est pas la peine. Je sais très bien quelle est ma place, pourquoi crois-tu que je suis venue te voir ? De toute façon, je n’ai aucune envie d’en faire partie. Je sais très bien pourquoi mon père vous a envoyé ici, mais ne comptez pas sur moi pour revenir. Ce sera notre seule t unique collaboration, après ça tout redeviendra comme avant, je serais morte pour vous comme vous l’avez été pour moi.» La blonde eut un sourire en coin en l’attendant parler de ‘dernière collaboration’. Ça avait l’air si facile quand ça sortait de sa bouche. « Si tu le dis Tatie, tant mieux pour toi. On a tous appris à vivre avec ton absence de toute façon. » Ils n’avaient pas besoin de s’entourer de gens faibles, leurs vies étaient bien assez dangereuses comme ça. Elle laissa le silence retomber avant de toucher un sujet crucial. « Karina, tu parles de cet arrangement à qui que ce soit qui n’est pas des nôtres, je vais le savoir et je ferais de son cas un entrainement spécial et particulièrement vicieux pour ton cas, t’as compris ? »

Elizaveta ne s’offusqua pas du fait que Karina lui avoue ne pas avoir confiance en elle. En même temps… qui cela pouvait-il surprendre ? Ce n’était un secret pour personne que la new yorkaise d’adoption ne faisait pas confiance à sa nièce, elle ne faisait confiance à aucun des membres de sa famille et très franchement, cela ne changerait sans doute jamais. En même temps, avec une famille comme la leur, aucun d’entre eux ne pouvait prétendre faire confiance à son neveux, son frère, sa tante… Tous n’avaient aucun scrupule et faire du mal à un membre de leur propre famille ne leur poserait sans doute aucun problème. Après cet « aveu » Karina mis certaines choses au clair. Là encore, elle ne doutait pas qu’Elizaveta savait déjà tout ce qu’elle était en train de lui dire mais au moins cela lui montrait que la brune savait quelle était sa place et la rassurait surement sur ses intentions. Après tout, l’arrivée de sa famille et la mort de Vladimir, renouer avec le passé d’une telle manière pouvait lui donner des idées, des envies d’embrasser sa vraie nature. Et comme elle était la fille chérie du parrain la place d’Elizaveta se verrait peut-être menacée. Seulement, l’intéressée n’avait envie de rien de tout ça. Enfin… Elle voulait juste renouer temporairement mais après, ce serait fini. Et si elle devait partir loin une nouvelle fois pour s’en assurer, elle était prête à le faire. « Karina, tu parles de cet arrangement à qui que ce soit qui n’est pas des nôtres, je vais le savoir et je ferais de son cas un entrainement spécial et particulièrement vicieux pour ton cas, t’as compris ? » Karina eut envie de rire au nez de sa nièce mais se retint de justesse. Premièrement parce qu’elle lui faisait peur, ensuite parce qu’elle n’apprécierait pas. Karina avait beau avoir un statut particulier, elle ne doutait pas qu’Elizaveta ait quelconque scrupule à lui faire du mal. Elle mentait très bien et cela passerait très facilement pour un accident. « Sois réaliste, à qui tu veux que je parle de tout ça ? Qu’est-ce que j’y gagnerai ? » Elle comprenait pourquoi sa nièce lui faisait une telle menace mais pour le coup, elle ne voyait pas pourquoi elle lui faisait à elle. Elle devait bien se douter que parler de sa famille si spéciale n’était pas une chose qu’elle aimait faire. « Mais bon, tu n’as aucun soucis à te faire, je n’en parlerais à personne. Je ne pense pas que je vais vouloir m’en vanter, donc. »