Autant dire que la journée avait commencée plutôt bizarrement. Comme tous les jours, c’était la routine : je me levais assez tôt, vers six heures du matin le temps que je fasse la route jusque la fac. Je faisais des études de droit et même si j’étais loin d’être un étudiant « normal », j’essayais de vivre le plus normalement possible lorsque j’étais à New-York. Certes, au Luxembourg j’avais une vie de rêve : je vivais dans un grand château à Luxembourg, je voyageais pour rencontrer les personnes les plus importantes du monde entier, j’avais des centaines de domestiques à ma disposition. Mais quand j’étais en Amérique, je n’étais plus que Nathan. Je n’allais même pas en cours en limousine, je prenais le métro comme n’importe quel étudiant New-Yorkais de mon âge. J’avais un petit appartement dans l’Upper East Side, je travaillais mes cours de droit tous les soirs et ça n’était que le week-end, lorsque je rentrais chez moi que je redevenais le Prince du Luxembourg. Bref, comme tous les jours j’étais parti en cours ce matin-là, le lundi, j’avais un cours de droit constitutionnel de huit heures à onze heures et j’allais avec des amis au Mc Donald’s manger après les cours à onze heures trente. Un bon Big Mac et un soda, j’emportais ma commande pour que nous mangions tous ensemble sur les marches du MET comme presque tous les midis. Mon hamburger à la main, une vague de manifestants végétariens passèrent près du MET et bien entendu, le hamburger que j’avais à la main ne passa pas inaperçu. Comment ne pas se faire huer lorsqu’on mange de la viande en pleine manifestation végétarienne ? Et bien entendu, certaines personnes me reconnaissaient et je me voyais bien dans les journaux dès le lendemain, une situation que mes parents risquaient de très peu apprécier.

Je ne pus même pas retourner en cours tellement j’étais arrangé : on m’avait jeté de la nourriture dessus en criant que j’étais un « assassin ». Mes amis me raccompagnèrent rapidement chez moi, arrivant à semer le groupe de cinglés qui nous avaient gâchés notre pause déjeunée. Je dis à mes amis de retourner en cours et ils me laissèrent vers midi trente dans mon appartement alors que je me changeais, trouvant déjà sur les réseaux sociaux des personnes qui parlaient de « Nathan de Luxembourg, mangeur de viande ». J’entendais déjà le sermon de mes parents qui me diraient de me faire plus discret en tant que futur dirigeant de mon pays. Je soupirais et j’éteignais mon téléphone juste après m’être changé quand on toqua à la porte. Au départ, je ne voulais pas aller ouvrir, persuadé que ça serait un journaliste qui viendrait déjà m’embêter avec toute cette histoire mais je finis quand même par aller ouvrir. Je fronçais les sourcils, ne voyant personne puis je baissais le regard. C’était une petite fille qui devait avoir une dizaine d’années. « Mh…bonjour… », lançais-je, un peu confus, me demandant ce qu’une jeune fille venait faire chez moi en plein milieux de la journée. « Est-est-ce que je peux vous aider ? », demandais-je calmement à la demoiselle. Peut-être était-elle perdue ?

Qu’est-ce qu’une petite fille venait faire chez moi en plein milieu de la journée ? N’avait-elle pas classe à cette heure-ci, ou même bientôt ? Peut-être vendait-elle des petits gâteaux ou des peluches pour un voyage à l’école ? C’était quelque chose d’assez courant après tout. En général, je prenais toujours quelque chose quand un enfant sonnait à ma porte parce qu’il vendait des chocolats ou un calendrier. Je ne pouvais pas prendre l’excuse du manque d’argent, même si la plupart des personnes qui venaient pour ce genre de chose chez moi ne savaient pas qui j’étais réellement. Je demandais alors à la petite fille si je pouvais l’aider, et elle rétorqua tout de suite d’un air très sûre d’elle, « Oooooooooh ça oui ! » Je souris un peu et j’haussais les sourcils en me reculant légèrement quand elle s’avança vers moi, entrant dans mon appartement sans même me poser la question de si elle pouvait entrer ou pas. Elle avait du culot dit donc ! Je fermais la porte derrière elle et je me tournais vers la petite demoiselle. Posant son sac dans mon salon, je compris tout de suite que ça ne serait pas une visite comme je l’aurais pensé au départ. Je croisais les bras au niveau de mon torse, attendant qu’elle dise quelque chose quand elle lança d’un air grave, « J’ai besoin de votre aide votre altesse. » Oui, elle savait définitivement qui j’étais et apparemment, elle n’était pas venu me voir pour une simple visite de courtoisie. « Votre altesse ? », répétais-je en riant un peu. Je n’avais pas tellement l’habitude que l’on m’appelle de la sorte. J’étais peut-être prince, mais je me considérais comme un étudiant normal ici, à New-York. J’allais m’asseoir sur un canapé face à la petite fille, appuyant mes coudes sur mes genoux en la regardant. Elle avait l’air un peu abasourdie, comme si de voir un Prince, elle avait atterrit dans un conte de fée. J’avais l’habitude ce genre de réactions, surtout devant des petites filles. « C’est vrai que si on embrasse un prince on devient une princesse ? » Je ris à nouveau : qu’est-ce que je pouvais répondre à ça au juste ? J’haussais les épaules et je répondis calmement, « Si c’était le cas, il y aurait beaucoup de princesses en ville petite » Bon, ça n’était certainement pas la réponse qu’elle attendait, mais il ne fallait pas croire qu’être issus de la famille royale voulait dire que je n’avais que des privilèges. J’avais beaucoup de devoirs aussi. « Il faut que vous fassiez pression sur un orphelinat ! » J’haussais un sourcil et je la regardais avec un grand sourire, elle ne manquait vraiment pas d’air cette petite ! Je lui fis signe de venir s’asseoir à côté de moi et je la regardais, « Si tu commençais par me dire qui tu es et pourquoi est-ce que je devrai faire pression sur un orphelinat ? »

Je suis Katniss Del Toro, fille de Javier Del Toro un célèbre garde du corps et vous devais à tout prix m’aider parce que les princes ont tout les droits ! » J'écoutais parler la petite fille avec attention, et son prénom m'évoqua tout de suite quelque chose. Et encore plus lorsqu'elle mentionna le fait que son père était garde du corps. Il me semblait que son père avait été un de mes gardes du corps il y a quelques années, quelqu'un de très bien avec qui je m'étais tout de suite bien entendu. Je ne dis rien, attendant que la demoiselle m'explique vraiment la raison de sa visite, et elle fini par m'expliquer d'un ton sur d'elle, « Mon meilleur ami Kénan cherche ses parents mais la directrice de l’Orphelinat refuse de lui donner l’information présente dans son dossier. C’est super méga giga important parce qu’il vient de perdre sa nouvelle maman et sa maman numéro 3 ne sera peut-être plus sa maman dans 2 ans à cause de la police alors c’est urgent pour lui de retrouver sa vrai famille sinon il va retourner avec les enfants que personne n’aime. Les princes sont de bonne personne. Tout le monde sait ça ! Vous devez à tout prix l’aidez votre altesse ! » Je fronçais les sourcils, pourquoi cet orphelinat ne voulait pas lui donner cet information ? Je savais un peu ce que ça faisait, de vivre avec une personne de sa famille qui n'était plus là. J'avais perdu mon frère il y avait quelques années et j'aurais donné tout pour pouvoir le revoir une dernière fois. Alors un enfant qui voulait connaitre sa mère, était-ce vraiment un crime que de lui donner son nom ? Perdu dans mes pensées, je ne lui répondais même pas, regardant dans le vite en réfléchissant quand la voix de Katniss me fit redescendre sur terre. « S’il vous plait… » Je souris et j'hochais la tête, lui proposant de venir s'asseoir avec moi. Je soupirais un coup, je n'avais pas beaucoup de temps mais j'allais essayer de faire ce que je pouvais. « Ce garçoni a beaucoup de chance d'avoir une amie comme toi tu sais », lançais-je en souriant avant d'ajouter, « Dis moi le nom de l'orphelinat, et je vais faire mon possible d'accord ? » On pourrait dire que c'était ma bonne action du jour ! J'haussais les épaules et je déclarais, « Tu sais, tu devrais éviter d'aller chez des inconnus comme ça, tu pourrais tomber sur une personne très mal intentionné et qui te ferait du mal.. » Je n'étais pas le genre de personne à faire des sermons, mais sur le coup, j'avais un peu raison quand même. Et si elle se serait trompée d'adresse, qu'elle aurait eu une mauvaise info et qu'elle serait tombée sur quelqu'un de louche ? Il fallait vraiment être prudents de nos jours.

« Oh je sais ! » Je ris légèrement : cette petite m’étonnait de plus en plus, et elle avait l’air tellement confiante que ça faisait plutôt plaisir à voir. J’avais beau ne pas la connaître, sa franchise me donnait vraiment envie de l’aider. Elle avait l’air vraiment déterminée et si je décidais de ne pas l’aider, elle n’aurait plus beaucoup de recours pour aider son ami. Je demandais alors à la demoiselle quel était l’orphelinat que je devais appeler, et elle me répondit immédiatement, « Saint Anne, dans le Bronx. ». J’hochais la tête et avant de faire quoi que ce soit, je me décidais à lui faire une sorte de petite leçon de moral, lui disant qu’elle devrait faire plus attention et ne pas aller chez des inconnus comme ça, au risque de tomber sur un fou ou je ne sais quoi encore. Bon, elle avait l’air plutôt maligne, et elle avait l’air de savoir ce qu’elle faisait, mais on ne savait jamais. Ça n’était pas mon titre qui faisait de moi quelqu’un d’équilibrer, même les princes ou les hommes riches pouvaient s’avérer être des pervers ou des dingues. Elle me dit alors, un large sourire sur les larmes : « Oh mais vous n’êtes pas un inconnu, vous êtes un prince ! » Je ris légèrement et j’haussais les épaules : c’est bien ce que je disais, mon titre ne garantissait pas que j’étais quelqu’un d’équilibré qui lui aurait voulu que du bien. « Ça n’est pas une raison, tu devrais faire un peu plus attention. Tu sais, j’ai connu des princes ou des princesses pas très respectables, crois-moi » - « En plus j’ai une bombe lacrymaux dans mon sac. » Je m’empêchais de rire à nouveau, alors que la fillette me montrait la petite bombe dans son sac. Décidément, elle n’allait pas cesser de m’étonner ! « C’est gentil de vous inquiéter pour moi. Mais je sais me défendre. » J’haussais un sourcil et j’attrapais une de mes cartes de visites sur laquelle il y avait un numéro de téléphone où me contacter, ainsi que mon adresse à New-York et au Luxembourg. Je lui tendais et je lui dis alors, « Prends-là et si un jour tu es dans une situation…douteuse ou si tu as besoin d’aide, n’hésites pas à m’appeler ». Je ne savais même pas trop pourquoi je faisais ça, peut-être parce que je l’aimais bien, tout simplement. Je la laissais la prendre et je la regardais prendre mon téléphone et me le tendre avec un grand sourire sur les lèvres. Je pris le téléphone et j’allais chercher l’annuaire, trouvant l’orphelinat assez rapidement avant de composer le numéro. Je me raclais la gorge et je pris alors la parole alors que je tombais sur le secrétariat, « Je suis bien à l’orphelinat Saint-Anne, dans le Bronx ? » Je laissais la femme parler et j’annonçais, « Ici Nathan de Luxembourg….oui oui, c’est moi. Je vous appelle pour avoir une petite information concernant un enfant qui est resté quelque temps chez vous.. » J’hochais la tête et je continuais, jetant quelques regards à Katniss pour qu’elle me corrige si je disais une bêtise. « Son prénom est Kénan… vous me passez la direction ? Très bien, je patiente. » Je décollais le téléphone de mon oreille pour dire à la petite fille, « Ils me passent la directrice ! » Je remis le téléphone à mon oreille, « Bonjour madame, ici Nathan De Luxembourg. Oui, prince du Luxembourg. Voilà, un jeune garçon du nom de Kénan était chez vous il y a quelques années…oui, voilà… En fait, j’aimerais connaître l’identité de sa mère biologique… oui, je comprends bien madame mais c’est vraiment très important… » Je soupirais, « Si vous m’aidez, je pourrais peut-être faire un don à votre orphelinat pour pouvoir donner une meilleure qualité de vie à vos pensionnaires ? » J’hochais la tête et je souris, attrapant un post-it en notant dessus le prénom que la directrice finit par me donner. « Merci bien madame, je vous recontacte d’ici peu… merci encore, au revoir. » Je raccrochais et je tendais le post-it à la petite fille, « Kiara Brennan, sa mère s’appelle Kiara Brennan ».