EDWIN & MAXIME

❝ you read the blue between the lines ❞

Chacun de ses membres étaient douloureux. Chacun de ses muscles lui rappelaient l’excès qu’elle avait fait la veille et ce même avant qu’elle n’ouvre les yeux. Elle avait eu besoin de se défouler afin d’évacuer la pression qu’elle accumulait ces derniers jours. Pourtant, en soit, sa vie n’était pas différente des autres jours qu’elle avait connu jusqu’alors. Elle s’efforçait de conserver sa couverture intacte et de mener une vie un tant soit peu normale lorsqu’elle n’était pas un agent, mais le poids sur ses épaules ne faisait que s’accumuler encore et encore. Elle avait voulu être sur cette mission même si elle ne l’avait pas clairement fait comprendre. Sans trop savoir pourquoi, elle avait tenu à s’en occuper, sans doute pour que l’image de la Russie cesse d’être salie par des hommes qui méritaient seulement d’être enfermés jusqu’à la fin de leur vie. Cependant, c’était beaucoup de pression pour une jeune femme de son âge. Même si elle excellait dans ce métier – probablement parce qu’elle avait ça dans le sang – par moment elle en venait à regretter sa décision et le choix de son grand-père – lui et d’autres hommes plus haut placé en Australie – de la mettre elle et son frère sur cette affaire.

Jusque-là, elle n’avait rien fait de bien important hormis suivre sa cible et s’assurer que ce qui était dans son dossier était vrai, mais l’Australienne ne parvenait pas à ôter de sa tête le fait que si elle réussissait une des plus mauvaises organisations russe tomberait une bonne fois pour toute, du moins elle l’espérait. Alors, pour se calmer un peu, elle avait profité de sa journée libre pour se rendre dans l’annexe de l’agence pour laquelle elle travaillait et elle s’était défoulée contre le matériel de combats présents là-bas afin de former les nouvelles recrues. Maxime n’avait pas vu les heures passer et elle n’était partie qu’une fois totalement épuisée en sachant que son frère gardait Avery pour la soirée, lui laissant ainsi du temps pour elle. Cependant, ce matin-là au réveil, la jeune femme sentait bien toutes ces heures d’exercices, à croire que son corps voulait se venger pour ces efforts exagérés qu’elle avait pu faire. Passant une main sur son visage pour tenter de se réveiller un peu plus, rien que ce simple geste éveilla une grimace chez la jeune femme qui prit tout son temps pour se sortir du lit et gagner la cuisine pour un petit-déjeuner qu’elle avala en vitesse. Tenant à conserver sa couverture au maximum – et aimant que trop son métier officiel – Maxime était supposée enregistrer quelques chansons pour son prochain album et elle refusait d’être en retard au studio. Ainsi, son café avalé en vitesse ainsi qu’une biscotte beurrée, elle rejoignit tout aussi vite la salle de bain pour une douche rapide et regagna sa chambre pour le moment important de la matinée.

Régulièrement suivie par des paparazzi à cause de son statut d’héritière et de son métier, Maxime s’efforçait tous les jours de rentrer dans la peau de son personnage et ainsi d’enfiler des vêtements qu’elle considérait comme corrects pour sortir. Malgré le froid qui régnait déjà en ville, ce fut sur une robe que se porta son choix bien qu’elle cacha rapidement ses fines jambes à l’aide d’un collant opaque noir. Ses cheveux blonds lâchés sur ses épaules, elle attrapa son gilet ainsi que ces bottes noires, puis une fois son manteau d’hiver sur le dos et son sac à main sur l’épaule, elle quitta l’appartement en jetant un rapide coup d’œil pour s’assurer qu’elle n’oubliait rien. Arrivée au studio où elle passait beaucoup de temps dernièrement, Maxime passa une grande partie de sa matinée à discuter avec les musiciens qui jouaient ses morceaux, leur donnant quelques avis sur ceux qu’ils jouaient pour s’assurer que tout serait comme elle l’imaginait dans sa tête, puis enfin elle commença à joindre sa voix au tout. Ce fut aux alentours de midi, et tandis qu’elle chantait encore, que son regard aperçu sans le moindre mal une personne qu’elle était ravie de voir et dont la présence la fit sourire. Tenant malgré tout à finir d’enregistrer au moins ce morceau, lorsqu’elle eut le feu vert, elle ôta le casque de ses oreilles et s’empressa de quitter la salle pour rejoindre Edwin.

« J'ai apporté le repas miss blondie ! » Sans crier gare et sans même prononcer le moindre mot, la jeune femme se jeta au cou de son meilleur ami, bien trop contente d’enfin le revoir après tout ce temps, et elle resta contre lui un petit moment, se moquant éperdument des commérages à voix basses qui pouvaient se faire à cet instant. « Tu m'as manquée. » Enfin, Maxime se dégagea et lui adressa un large sourire pour lui faire comprendre qu’elle ne pensait de même, regrettant beaucoup le fait que leurs emplois du temps les empêchent de se voir plus souvent. « C’est normal, je suis comme une drogue. » Déclara-t-elle un large sourire aux lèvres avant de rire, saisissant le poignet d’Edwin pour l’entraîner avec elle. « Je plaisante, mais viens par-là, on sera plus tranquille qu’avec toutes ces oreilles indiscrètes. » Un regard vers ses collègues qui levèrent les yeux au ciel et Maxime amena Edwin dans la salle insonorisée – ce qui valait mieux avec la batterie et les guitares – et prit place sur le banc face au piano en faisant signe à son meilleur ami de s’asseoir devant la batterie, ce qui n’était pas anodin bien que l’Australienne se passa de l’avouer pour le moment. « Étant donné que j’ai l’impression de pas t’avoir vu depuis un bon siècle, je veux tout savoir : comment tu vas, comment se passe les cours et tout ce qu’il y a de nouveau dans ta vie. » Enchaîna-t-elle en énumérant le tout sur ses doigts.

Il y avait peu de personne dans son entourage qui semblait avoir un effet aussi bénéfique sur la jeune femme. Certes, elle pouvait sourire bien souvent et tout le monde pouvait penser ces sourires sincères, mais ce n’était pas toujours le cas. Elle avait l’art et la manière de laisser paraître que ce que bon lui semblait, de jouer avec les gens pour qu’ils ne croient que ce qu’elle laissait voir. Elle ne se considérait pas comme une manipulatrice – c’était loin de lui ressembler – mais la jeune femme avait appris à se protéger comme elle le pouvait, à protéger sa vie et ses proches également. Elle avait fait les frais des journalistes pendant de nombreuses années et c’était encore le cas si bien que l’australienne avait appris à jouer avec eux pour qu’ils aient ce qu’ils veulent tout en protégeant les siens et en se protégeant elle-même. Son emploi pour le gouvernement australien l’y avait d’autant plus aidé. L’australienne n’avait eu d’autre choix que d’améliorer son jeu d’actrice pour n’éveiller aucun soupçon, pour ne pas attirer l’attention sur elle autrement que pour son statut d’héritière ou pour sa carrière de chanteuse. En somme, avec bien des personnes Maxime n’était pas réellement sincère, toutefois il existait ce petit groupe de personnes qui connaissaient la véritable Maxime Carter-Tchekov, des personnes avec qui elle était toujours vraie et sincère, des personnes qui comptaient énormément pour elle et qu’elle était prête à protéger contre vents et marées. Edwin faisait bien évidemment partie de ces personnes qui étaient chers au cœur de la jeune femme.

Elle avait apprit à le connaître par cœur et elle s’était ouverte à lui sans le moindre mal. Elle éprouvait une grande confiance en lui et s’évertuait de le protéger lorsqu’elle le pouvait. Jamais elle ne lui avait parlé de ce qu’elle faisait en dehors de sa carrière et la jeune femme ne comptait pas le faire, pas tant que ça ne serait pas nécessaire. Moins l’anglais en savait et mieux c’était pour lui. Maxime était déterminée à le protéger de ça, considérant qu’il avait largement assez souffert par le passé comme ça. Ainsi, le simple fait de le voir, puis être en sa présence faisait la plus grand bien l’océanienne qui comptait bien profiter de chaque instant passé en compagnie de son meilleur ami. Même si son producteur tenait à ce que son album soit bouclé au plus vite et qu’elle se lance dans sa prochaine tournée – ce qu’elle attendait avec une grande impatience elle aussi – il était temps pour elle de faire une pause et Edwin ne pouvait pas mieux tomber même si elle aurait préféré éviter que tous les regards curieux des employés de la maison de disque ne se portent sur eux. Pour certains, la jeune femme était loin d’être posée et … quelque part c’était vrai. Elle n’avait pas eu de relation stable depuis Ellyot mais elle s’efforçait de devenir plus adulte et ce surtout depuis la naissance de son fils qui n’avait pas besoin de voir passer tout un tas d’hommes à la maison aussi jeune. Maxime avait appris à être responsable, toutefois certaines étiquettes qui lui avaient été collées sur le dos étaient bien difficile à se séparer et elle savait que pour certaines personnes présentent dans ce studio, Edwin ne ressemblait pas à son meilleur ami.

Cependant, elle s’en moquait ! La jeune femme savait ce qu’elle valait et elle n’avait que peu faire des ragots des autres du moment que son amitié avec le londonien restait aussi forte et indestructible qu’elle pouvait l’être. Tous les deux ayant enfin pris place chacun devant un instrument, Maxime ne tarda pas à l’attaquer de diverses questions pour savoir ce qui se passait dans sa vie ces derniers temps. N’ayant pas réellement le temps de se voir aussi souvent qu’elle l’aurait souhaité, la jeune femme avait sans cesse l’impression de manquer quelque chose d’important et puisqu’elle tenait le jeune homme elle ne comptait pas le laisser filer sans tout savoir dans les moindres détails. « Tout ça ? » La blondinette secoua vivement la tête en agitant les mains pour le presser de parler étant à présent dotée d’une patience d’enfant … soit d’aucune patience en réalité. « Alors les cours, je suis devenu un de ces élèves peu sérieux qui ne se rend à l'université que quand bon lui semble, c'est à dire presque jamais. » Au fur et à mesure que l’anglais lui parlait, les sourcils de la jeune femme se froncèrent. Elle n’aimait que très peu l’entendre dire qu’il portait de moins en moins d’intérêt à ses cours, toutefois Maxime fit l’effort de ne pas faire le moindre commentaire jusqu’à ce qu’il ait terminé. « Ensuite j'essaye de recoller les morceaux avec Zoé, d'oublier mon ex et... je me suis rapproché d'une fille. » Maxime opina du chef à plusieurs reprises … à vrai dire à chaque fois qu’Edwin énuméra un nouveau fait jusqu’au dernier.

Les yeux de la jeune femme s’ouvrir bien plus grands qu’ils ne pouvaient l’être, laissant facilement deviner le fait qu’elle était surprise – bien qu’heureuse. Plus excitée qu’un enfant à Noël, l’australienne se redressa sur le banc du piano un large sourire aux lèvres. « Oh ! Mais pourquoi je le sais que maintenant ? Han ! Tu ne me l’aurais pas dis, avoue ! Je veux tout savoir d’elle, mais avant … » Maxime s’efforça de prendre un air sérieux, celui de la mère qu’elle était à présent et son regard toujours posé en direction de son meilleur ami, elle croisa les bras contre sa poitrine avant de reprendre. « Jeune homme, tu vas te reprendre au niveau de tes études où je te bottes les fesses ! C’est bien que tu arrives à recoller les morceaux avec ta sœur et que tu passes à autre chose, mais n’oublie pas ton avenir pour autant … » Devenant plus douce sur la fin, Maxime lui adressa un petit sourire, faisant ainsi disparaître tout le sérieux qu’elle avait laissé l’envahir quelques instants auparavant. « Je suis sérieuse, tes études sont importantes … malheureusement on a pas tous la chance de voir des portes s’ouvrir en un claquement de doigts. » Elle faisait partie des chanceux, mais jamais elle ne s’était vantée d’une telle chose et surtout, si l’un de ses proches étaient dans le besoin elle serait prête à l’aider sans même avoir à y réfléchir un seul instant, mais cette chance qu’elle avait n’était pas donné à tout le monde et elle le savait parfaitement. Son petit sourire aux lèvres, Maxime le pensait sincèrement. Elle savait que les choses n’étaient pas toujours simple pour lui, mais il avait besoin de son diplôme et d’aller jusqu’au bout du choix qu’il avait fait, celui d’aider les personnes qui passeraient par de mauvaises périodes que ce fut le cas pour lui.