TALLULAH & SORA ❝ keep holding on ❞

Un soupire s’échappa de ses fines narines. Doucement, elle mordilla sa lèvre inférieure tandis que son pouce glissait lentement sur la touche principale de son BlackBerry lui permettant ainsi de lire les diverses nouvelles actualités se trouvant sur facebook. Elle n’avait pas le courage de sortir de chez elle … à vrai dire elle n’avait pas même le courage de sortir de sa chambre. Elle avait conscience de faire peur à voir, même d’inquiéter certains de ses proches qui commençaient à se poser des questions sur son état, d’autant plus avec ce qu’elle avait pu traverser jusque-là. Elle savait que certaines personnes craignaient qu’à refaire le même schéma qu’en août dernier où elle avait fini par retoucher à la drogue et finir dans le coma elle finirait dans le même cercle vicieux. C’était loin d’être ce qu’elle comptait faire. Même si par moment la tentation était grande, la jeune femme se refusait de toucher ne serait-ce qu’une fois à la drogue, elle en avait définitivement terminé avec ça d’autant plus depuis qu’elle avait appris pour sa grossesse. Toutefois, il était vrai que comme plusieurs mois auparavant, elle recommençait à préférer la solitude plutôt que la compagnie de ne serait-ce que sa colocataire qu’elle appréciaient pourtant beaucoup. Elle se sentait mieux dans sa petite bulle. Elle était mieux loin du monde, loin de tous et assez seule pour pouvoir réfléchir en toute tranquillité. Son dernier message envoyé à Tallulah, la jeune femme continua de voyager sur diverses pages avant de quitter l’application et de jeter son portable sur le côté vide de son lit qu’elle fixa un long moment tandis que son esprit partait déjà ailleurs. Peut-être que, finalement, elle n’aimait pas tant la solitude que ça, mais la seule compagnie qu’elle souhaitait elle n’osait plus la regarder dans les yeux depuis qu’elle savait.

Avalant difficilement sa salive, elle ferma les yeux et s’humecta nerveusement les lèvres. Elle resta quelques minutes de plus assise dans son lit avant de passer une main sur son visage pour tenter de se reprendre et elle quitta son lit pour rejoindre la fenêtre de sa chambre. Debout devant cette dernière, elle croisa les bras contre sa poitrine, posa son front contre le carreau froid et regarda les passants qui marchaient tranquillement dans la rue. C’était une chose qu’elle aimait faire lorsqu’elle réfléchissait, regarder ces personnes qu’elle ne connaissait pas et qui ne la connaissaient pas marcher le plus sereinement du monde comme si tout était beau, comme si tout était parfait. Peut-être avait-elle besoin de sortir, de prendre l’air comme eux afin de ressentir la même chose, cette sensation que rien ne pourrait venir gâcher son univers alors que, clairement, c’était déjà le cas. Elle n’avait rien contre l’enfant qu’elle portait à part peut-être le fait qu’il n’arrivait vraiment pas au bon moment. Ce petit être n’avait rien demandé, pas plus qu’elle-même n’avait demandé à naître vingt ans plus tôt alors qu’elle n’aurait jamais dû être de ce monde. Ce genre de chose arrivait sans que personne ne s’y attende et, le plus souvent, une grossesse rendait les gens heureux mais dans son cas c’était si différent. Son couple était fragile, non pas parce qu’ils ne s’aimaient pas assez – bien au contraire – mais parce qu’il débutait tout juste et que Danjel comme elle apprenaient seulement à vivre une relation bien plus stable que ce qu’elle avait pu être par le passé. Elle ne voulait pas perdre ce qu’ils avaient, elle ne voulait pas perdre cette sensation d’euphorie qui ne la quittait plus depuis le jour où elle avait enfin avoué au brésilien l’aimer, mais plus que tout elle ne voulait pas le perdre lui.

Doucement, Sora baissa les yeux vers le sol de sa chambre. Oui, elle devait sortir et elle n’avait que l’embarras du choix concernant la personne chez qui se rendre, toutefois un nom lui vint automatiquement à l’esprit : Tallulah. Elle avait besoin de la voir, elle avait besoin de sa meilleure et de passer du temps avec elle, de se confier à elle. Néanmoins, l’hésitation s’empara à nouveau d’elle jusqu’à ce qu’elle trouve finalement le courage de la combattre et d’enfin quitter sa chambre pour se rendre dans la salle de bain. Une rapide douche prise, un jean enfilé ainsi qu’au moins deux couches de tee-shirt et un pull, Sora attacha ses cheveux blonds en un chignon négligé, elle mit ses bottines, sa veste et son sac en main elle quitta son appartement pour attraper le premier taxi qui entra dans son champ de vision. Assise à l’arrière de la voiture, la tête contre la vitre de la portière, la guatémaltèque regarda le paysage défiler jusqu’à arriver à destination. Le chauffeur payé, Sora s’extirpa du taxi et fit face à l’immeuble où vivait l’une de ses meilleures amies, un léger sourire parvenant enfin à étirer ses lèvres tandis qu’elle montait les marches la séparant de l’entrée du bâtiment. Une fois devant la porte de l’appartement – et sans la moindre hésitation – elle y porta plusieurs coups, attendant silencieusement qu’elle s’ouvre, faisant face à la charmante africaine lorsque ce fut le cas. « Je t’avais dis qu’il fallait que je te parle. » Déclara-t-elle tandis qu’un nouveau sourire étirait le coin de ses lèvres. Oh oui ! Elle avait grandement besoin de lui parler et de bien des choses. Cependant, Sora avait également besoin de son soutien et de tous les conseils qu’elle serait capable de lui fournir car elle n’avait pas la moindre idée de la direction qu’elle devait prendre cette fois.