« Et là ? Ça fait mal ? » Tandis que le médecin appuyait au niveau de ses côtes une légère grimace de douleur prit place sur le visage de Nahla qui serra les dents pour contenir le cri qui venait de naître au fond de sa gorge. D’un simple mouvement de la tête elle fit comprendre au médecin que c’était bel et bien douloureux et le laissa aller vérifier les autres parties de son corps qui avait subi des dommages au cours de l’accident – et pas uniquement au cours de ce dernier, mais elle ne pouvait le dire. « Bien … vos blessures semblent se guérir tranquillement. Je vais vous prescrire quelques analgésiques pour la douleur. » Le médecin griffonna le tout dans son dossier puis, après un bref sourire, il s’éclipsa de la chambre et la laissa une nouvelle fois seule. Nahla avait l’étrange sensation de l’être plus que jamais depuis l’accident, depuis ce qui avait pu se produire suite à l’enlèvement de Lucas. Ce dernier avait été confié au bon soin de sa marraine jusqu’à ce que Jayden ou elle-même soit sortie de l’hôpital. Peut-être aurait-elle pu faire appel à Roméo ? Après tout il était la première personne à qui elle avait pensé, mais elle refusait de le mêler à toute cette histoire, pas alors que leur relation était plus tendue que jamais. Certes, celle qu’elle entretenait avec Athena n’était pas non plus au beau fixe mais c’était toujours mieux que celle avec son petit ami. Un soupire s’échappa de ses narines tandis qu’elle laissa sa tête tomber en arrière contre l’oreiller. Depuis l’accident, elle n’avait pas eu l’occasion de sortir de sa chambre. Ses quelques côtes cassées et son tibia fracturé la forçaient à rester clouée au lit jusqu’à ce que son médecin en ait décidé autrement et ce dernier ne semblait toujours pas pour le fait qu’elle puisse partir librement. Paupières closes, elle s’efforça de ne pas repenser aux évènements qui l’avaient conduit dans cette chambre ou qui avaient manqué de coûter la vie à Jayden – ce qu’elle n’aurait supporté – mais c’était bien plus facile à dire qu’à faire. Doucement, la sud-africaine passa une main sur son visage pour tenter vainement de faire disparaître l’angoisse qui lui retournait chaque jour l’estomac. Elle n’était plus en sécurité, ni elle, ni Jayden et encore moins Lucas et tout ça par sa faute, uniquement parce qu’elle avait refusé de suivre les ordres qui lui avait été donnés. Perdue dans ses pensées, lorsqu’elle entendit deux coups donnés contre la porte de sa chambre, un sursaut la ramena à la réalité et éveilla une nouvelle grimace de douleur tant son geste brusque avait pu réveiller la souffrance au niveau de ses côtes. Mais, bien vite, Nahla oublia la douleur et sa bouche s’entrouvrit bien qu’aucun son n’en sortit. Dans l’encadrement de la porte se trouvait Roméo et le simple fait de le voir là, lui rendre visite avait suffit à son cœur de manquer un battement. « Roméo … » Souffla-t-elle sans le quitter des yeux tout en tentant de se redresser dans son lit avant de baisser les bras puisqu’elle retrouvait la même position à chaque fois sans jamais le quitter du regard.

En rentrant d'Afrique, Roméo avait réalisé que le monde avait continué de tourner durant son absence et malheureusement, celui-ci n'avait pas vraiment tourné rond pour ses proches. L'essentiel à ses yeux était que Lucas allait bien et que Nahla ne s'en sortait pas trop mal, ce qu'il avait pu apprendre par Athena qui avait pris soin de la rassurer - au moins quelqu'un y avait pensé. Roméo était d'ailleurs passé voir le petit chez la jeune avocate et avait eut beaucoup de mal à repartir sans lui mais surtout à le rassurer, alors que lui-même ignorait ce qui se passait. Le jeune vétérinaire était déstabilisé et en voulait énormément à Nahla, sans doute plus qu'à son départ, pour ne pas avoir été tenu au courant de cet accident. Il en avait déduit que leur histoire était définitivement terminée, qu'elle avait profité de ce voyage pour courir à nouveau vers Jayden mais cela ne changeait pas le fait qu'il ne souhaitait pas être prévenu si elle était victime d'un accident, d'autant plus si le petit était impliqué. Roméo avait pris le temps d'emballer quelques unes de ses affaires pour débarquer chez Charlie et Sora mais n'avait pas encore trouver le courage de se rendre à l'hôpital, du moins pas avant ce jour. Le jeune homme avait du expliquer longuement à l'infirmière qu'il était son fiancé pour obtenir le numéro de la chambre, alors qu'on lui prétendait que c'était impossible puisque le dit-fiancé tait lui même cloué dans un lit d'hopital, mais finalement il avait obtenu ce qu'il voulait. Arrivé devant la chambre, il s'autorisait une petite pause et un temps de réflexion avant de finalement frapper pour signaler sa présence et pénétré dans la pièce. Son coeur se serrait en voyant les diverses blessures qui se dessinaient sur son visage, ce qui ne suffisait pas à le faire avancer. Il était au contraire collé à la porte, comme si le fait de l'approcher pouvait faire plus mal que ce qu'il ne ressentait maintenant. « Ne bouge pas pour moi, tu vas te faire du mal. » soufflait-il en la voyant tenter de se relever péniblement. « Comment tu te sens? » demandait-il finalement sans bouger de place. Question idiote mais il ne voyait pas par ou commencer sans se mettre à lui hurler dessus ou à lui faire un tas de reproches, et ce n'est pas pour ça qu'il était là, pas alors qu'elle était mal en point sous ses yeux.

Loin d’être habituée à se plaindre ce n’était pourtant pas l’envie qui lui manquait ce jour-là. Son corps lui faisait atrocement mal et elle rêvait d’avoir plus d’antalgique que ce qu’elle pouvait déjà recevoir depuis qu’elle était à l’hôpital. Elle mourrait d’envie de se sentir planer comme lors des deux premiers jours mais elle savait que son médecin n’allait pas s’y risquer, pas si elle commençait à montrer des signes évidents de dépendance. En réalité, la sud-africaine avait surtout envie d’échapper à ce monde, à sa vie pour quelques temps même si le retour à la réalité n’en serait que plus douloureux. Cependant, aux yeux de la jeune femme ce ne pouvait pas être pire que ce qu’elle était actuellement en train de vivre. Tout son monde était en train de s’écrouler et Nahla en était témoin bien qu’incapable de faire quoi que ce soit pour arrêter ce manège qui l’enfonçait plus bas que terre. Une nouvelle grimace passa sur son visage. Malgré le plâtre qui l’empêchait de remuer la jambe, le simple fait de bouger ne serait-ce qu’un doigt de pied propageait une douleur insoutenable qui lui donnait les larmes aux yeux et l’envie d’hurler. Elle voulait que tout cela cesse, qu’elle puisse sortir de cette chambre, aller voir Jayden mais surtout avoir son fils auprès d’elle. Elle voulait fuir, se terrer quelque part où personne ne pourrait la retrouver et emmener avec elle son petit garçon, mais ce n’était pas une vie, surtout pas pour Lucas. Cependant, la jeune femme cessa bien vite de penser à tout cela lorsqu’elle prit conscience de la présence de Roméo. Ce dernier semblait incapable d’entrer dans la chambre, d’aller plus loin que la porte contre laquelle il était et Nahla ne pouvait pas l’en blâmer. « Ne bouge pas pour moi, tu vas te faire du mal. » Immédiatement, la sud-africaine s’exécuta. Elle cessa tout mouvement, resta en appuie contre son oreiller, la tête tournée en direction du jeune homme et son regard ne le quittant plus. « Comment tu te sens? » Tout d’abord silencieuse, Nahla laissa finalement un soupire lui échapper mais évita d’hausser les épaules sachant pertinemment que ce simple geste lui serait douloureux. « J’ai connu mieux … » En réalité, elle avait connu pire au cours de l’une de ses missions, mais elle préférait éviter d’y penser. « J’ignorais que tu étais rentré … » Glissa-t-elle doucement. Elle n’essaya pas même de lui faire comprendre d’entrer. Elle refusait de le pousser à faire quoi que ce soit sans doute parce qu’elle le connaissait par cœur et qu’elle savait très bien qu’il se faisait violence pour ne pas laisser parler sa colère.

En un sens, Roméo culpabilisait de ne pas être venu plus tôt alors qu'il était rentré à New York depuis deux jours, mais il ne s'en était pas sentit capable avant cette après-midi. Généralement calme, il était aussi très impulsif et détestait se mettre à crier, surtout lorsqu'il s'agissait de Nahla, il avait donc préféré se faire invisible, le temps d'encaisser le coup et de se sentir capable de venir un tant soit peu détendu. Finalement, il ne l'était pas du tout, le simple fait de se trouver dans la même pièce qu'elle tendait chacun de ses muscles, mais il prenait sur lui pour ne pas trop le montrer. « J’ai connu mieux … » Le jeune homme se forçait à esquisser d'un bref sourire en attendant qu'elle lui en dise plus. « J’ignorais que tu étais rentré … » L'observant il ne put s'empêcher de répondre sans réfléchir « Et moi que vous aviez eut un accident... » Même si ce voyage était important, s'il lui en voulait à mourir, à l'instant ou il aurait su qu'ils avaient eut un accident grave, il serait rentré, il se demandait d'ailleurs si ce n'était pas pour cela qu'elle ne l'avait pas prévenu. Il finissait par s'approcher, gardant un peu moins de vingt centimètres de distance entre eux, se sentant toujours incapable de s'approcher plus d'elle pour l'instant - sans compter qu'il avait peur de la briser un peu plus s'il le faisait. « Je suis passé chez Athena voir Lucas, je lui ai promis de l'amener te voir quand tu te sentirais mieux. Tu lui manques mais elle s'occupe bien de lui... » Il voulait surtout lui signaler qu'il était passé le voir puisque visiblement c'était maintenant SON fils, un enfant qui n'avait plus rien avoir avec lui, sinon pourquoi avoir demandé à sa marraine de le garder et lui avoir demander à lui? Préciser qu'Athena s'en occupait bien était un détail, il se doutait que si elle lui avait confié c'était qu'elle lui faisait confiance, mais Roméo ne voulait pas parler d'eux et n'avait pas grand chose de plus à lui apprendre.

La tension qui régnait entre eux était palpable, elle ne pouvait pas le nier, pas plus que le fait que ça lui faisait mal. Elle ne supportait toujours pas cette tension entre eux, le fait qu’ils étaient plus distants qu’ils ne l’avaient jamais été depuis qu’ils se connaissaient. C’était sans doute le fait d’avoir été si proches jusqu’à ce qu’elle vienne tout détruire bien malgré elle. Jamais Nahla n’avait voulu lui faire du mal et elle continuait à faire de son mieux pour le protéger, cependant elle devait bien reconnaître qu’elle ne cessait d’échouer de ce côté. Alors, la jeune femme avait pris la décision de le protéger de ce qu’elle était réellement. Si Roméo en venait à la détester plus que ce n’était déjà le cas, la sud-africaine se persuaderait que c’était ce qu’il y avait de mieux pour eux, enfin surtout pour lui. Ainsi, son petit ami s’éloignait et n’était plus en danger par sa faute, mais tout au fond d’elle-même elle savait qu’elle se voilait la face. Jamais il ne serait en sécurité, pas alors qu’elle tenait tellement à lui. Roméo était l’une de ses faiblesses et la jeune femme savait pertinemment que ses employeurs étaient au courant et qu’ils pourraient très bien s’en prendre à lui pour tenter à nouveau de la punir. Chassant cette pensée douloureuse de son esprit en secouant très légèrement la tête, Nahla avala sa salive avec difficulté tout en se pinçant les lèvres. « Et moi que vous aviez eut un accident... » Les épaules de la jeune femme s’affaissèrent et elle lui adressa un regard désolé tout en étant consciente que ça ne suffirait absolument pas à pardonner le fait qu’elle ne l’avait pas prévenu et ce volontairement. Elle ne pouvait pas lui avouer qu’elle le faisait avant tout pour le protéger, il ne pourrait pas comprendre, pas s’il continuait à ignorer ce qu’elle faisait réellement de sa vie et la sud-africaine préférait qu’il en soit ainsi, qu’il la déteste et s’éloigne plutôt que le mêler complètement à ce qui était son fardeau. « Je suis passé chez Athena voir Lucas, je lui ai promis de l'amener te voir quand tu te sentirais mieux. Tu lui manques mais elle s'occupe bien de lui... » Opinant du chef, elle resta silencieuse tandis que son regard suivait les gestes du jeune homme qui, enfin, avait trouvé le courage d’entrer dans la pièce tout en gardant un minimum de distance entre eux deux. « Je me doute … » À nouveau elle passa sa langue sur ses lèvres et laissa le silence prendre place entre eux avant de soupirer comme si elle baissait les bras alors que ce n’était pas le cas. « Je sais que tu veux une explication, mais j’en ai pas à te donner … du moins pas qui te plairait. » Commença-t-elle doucement en laissant sa tête tomber contre le lit, doucement posée sur l’oreiller. « Ce n’est pas ce que tu peux penser, c’est juste extrêmement compliqué et j’aimerais que tu me crois lorsque je te dis que tu es bien mieux sans savoir toute la vérité. » Et pourtant elle savait qu’il n’allait pas aimer cette réponse et qu’il allait vouloir savoir, mais Nahla refusait de lui donner la vérité. Elle se moquait du fait qu’il puisse la détester plus qu’il ne le faisait déjà s’il apprenait qu’elle mentait sur bien des choses depuis qu’ils se connaissaient, elle voulait simplement le garder en sécurité.

Roméo avait poser un regard lourd de reproches sur elle pour bien lui faire comprendre que même s'il n'en disait rien, il n'acceptait pas le fait de ne pas avoir été mis au courant. Qu'il l'accepte ou non, de toute façon tout le monde s'en moquait, on ne lui avait pas demandé son avis... il se demandait d'ailleurs comment il aurait pu l'apprendre s'il avait choisi de prolonger son voyage mais il préférait ne pas se torturer plus avec des "si". « Je sais que tu veux une explication, mais j’en ai pas à te donner … du moins pas qui te plairait. » Sans blague? Il avait deviné seul qu'il n'apprécierait pas l'explication à cet accident et à tout le reste, au fait que Lucas avait été enlevé, ce qu'elle ne lui avait pas encore mentionné mais que son petit prince avait pris soin de lui raconter. Encore heureux qu'il était trop petit pour entrer dans les combines de ses parents réglementées par le silence, il obtenait au moins des parts de vérité par quelqu'un. « Ce n’est pas ce que tu peux penser, c’est juste extrêmement compliqué et j’aimerais que tu me crois lorsque je te dis que tu es bien mieux sans savoir toute la vérité. » Fronçant les sourcils, Roméo secouait la tête de droite à gauche déjà agacé. Il ne lui avait rien demandé, mais si c'était pour entendre qu'il ne pouvait pas savoir, il préférait encore quitté la pièce immédiatement avant de ne perdre son sang froid. « Une seule explication? Tu crois? J'aimerais savoir pourquoi tu ne m'as pas signalé que Lucas avait été enlevé alors que tu sais à quel point il compte pour moi... et ne fais pas cette tête si surprise Nahla, si toi tu es douée pour mentir à tout le monde, par chance ce n'est pas encore le cas du petit! » Il ignorait si on lui avait ou non demandé de n'en parler à personne, toujours est-il que Lucas avait mit du temps à le lui avouer avant de tout lui dire sans lui laisser le temps de digérer la nouvelle. Se déplaçant pour garder son calme, Roméo finissait par s'appuyer contre la fenêtre pour créer une nouvelle distance entre eux. « Ce que vous foutiez tous les trois dans cette voiture comme une belle famille réunie m’intéresse aussi, mais je préfère ne même pas l'entendre. De toute façon tu as déjà choisi de ne rien me dire donc à quoi bon te poser des questions? J'en avais même pas l'intention... » Et pourtant, il mourrait d'envie de savoir mais il refusait de la supplier alors qu'elle n'avait clairement aucune confiance en lui. Il n'avait même pas haussé le ton, sachant que s'énerver ne le mènerait à rien à part à la voir tenté de justifier son silence et se faire du mal en bougeant.

Elle devait garder la vérité pour elle, n’est-ce pas ? Elle devait continuer de le protéger, de le garder loin de toute cette histoire dangereuse. Elle devait s’efforcer de le maintenir en vie car, Roméo au courant, il y avait fort à parier qu’il serait plus en danger qu’il ne pouvait déjà l’être par le simple fait de la fréquenter. Nahla avait été formée pour se défendre à tel point qu’elle pouvait en devenir effrayante. Si au naturel rien ne laissait supposer qu’elle était capable de tuer quelqu’un de sang-froid, lorsqu’on la voyait en mission c’était une toute autre personne. Elle était une prédatrice, encore plus discrète qu’un loup et extrêmement féroce. La jeune femme était capable de faire taire son humanité pour remplir ses contrats et le simple fait d’y penser la rendait malade si bien qu’elle avait cessé de le faire. Toutefois, c’était toutes ces petites choses qui faisaient que, contrairement à son petit ami, elle était capable d’encaisser les mésaventures qu’elle rencontrait dernièrement mais elle se savait incapable d’encaisser le fait que quelque chose lui arrive par sa faute. Nahla voyait bien qu’il lui en voulait, qu’il désirait dire à voix haute tout ce qu’il pensait et même si elle lui était reconnaissante de l’épargner pour le moment, la sud-africaine aurait tout de même préféré qu’il déballe son sac, au moins ça aurait été fait. « Une seule explication? Tu crois? J'aimerais savoir pourquoi tu ne m'as pas signalé que Lucas avait été enlevé alors que tu sais à quel point il compte pour moi... et ne fais pas cette tête si surprise Nahla, si toi tu es douée pour mentir à tout le monde, par chance ce n'est pas encore le cas du petit! » La mâchoire de la jeune femme se crispa et immédiatement une douleur se propagea dans tout son visage. Elle avait presque oublié les coups qu’elle avait pris à cet endroit, principalement un coup de crosse lorsqu’elle avait retrouvé Lucas, mais la douleur lui était revenue violement. Laissant échapper malgré elle un gémissement de douleur, elle baissa les yeux pour ne pas avoir à croiser le regard de Roméo. « Ce que vous foutiez tous les trois dans cette voiture comme une belle famille réunie m’intéresse aussi, mais je préfère ne même pas l'entendre. De toute façon tu as déjà choisi de ne rien me dire donc à quoi bon te poser des questions? J'en avais même pas l'intention... » À présent, elle sentait l’agacement l’envahir à tel point qu’elle leva de nouveau la tête vers Roméo, se tournant dans le lit de sorte à pouvoir le regarder à présent qu’il se trouvait près de la fenêtre. « Puisque tu sais qu’il a été enlevé qu’est-ce qui te fait croire qu’on était tranquillement en famille de cette voiture ? » Demanda-t-elle en usant d’un ton plus tranchant qu’elle ne l’aurait voulu. Nahla pinça l’arête de son nez, paupières closes, inspirant et expirant calmement le temps de se calmer avant de reprendre. « Ce n’est pas un choix que je fais facilement … je te protège parce que la vérité te mettrais en danger. » Sa voix s’était adoucie et son regard se fit suppliant. Elle désirait qu’il la croit puisqu’après tout ce n’était que la vérité. Elle ne voulait que sa sécurité mais elle était incapable de le lui faire comprendre correctement.

Roméo avait l'impression que leur couple avait pris un virage auquel il n'avait jamais pensé, en quelques jours à peine. De la vie parfaite, ils étaient passé par la trahison, les reproches, l’éloignement à tel point qu'il n'était même plus mis au courant lorsque quelque chose arrivait à Lucas, ce qui le rendait vraiment malade. Si Nahla choisissait de l'écarter de sa vie soudainement, de ne pas lui signaler lorsqu'elle était victime d'un accident, il ne pouvait rien y faire même si cela faisait très mal, mais quand il s'agissait de Lucas, il ne le supportait pas. « Puisque tu sais qu’il a été enlevé qu’est-ce qui te fait croire qu’on était tranquillement en famille de cette voiture ? » Roméo était d'autant plus agacé du ton sur lequel il lui répondait. C'était lui qui devait se trouver dans cette voiture et non cet enfoiré qui n'avait jamais été présent pour eux mais qui soudainement représentait tout à leur yeux. « Ce n’est pas un choix que je fais facilement … je te protège parce que la vérité te mettrais en danger. » Haussant les yeux au ciel, Roméo sentait sa gorge se serré et s’efforçait de garder sa peine et sa colère pour lui, refusant de craquer devant elle. C'était bien un avantage à être une femme, vous étiez en droit de pleurer mais dans son cas, c'était plutôt vu comme un mal, même s'il se moquait un peu qu'on le juge ou non, il ne voulait juste pas craquer devant elle. « Je ne vais pas prétendre que je crois un mot de ce que tu racontes, me protéger de quoi ? Tu as intégré la Mafia pendant ma semaine d'absence? Tu ne me protèges de rien du tout Nahla, tu agis comme ça te chante comme tu l'as toujours fait... Que tu décides de ne plus rien me dire, ça passe, je n'vais pas avoir le choix de m'y faire... mais ne pas me prévenir que Lucas a été enlevé? Qu'il a eut un accident? J'ai toujours été là pour lui, tu n'as pas le droit de m’effacer de sa vie parce que son super héros de père a soudainement pris conscience de son existence. » Sincèrement, il ne voulait même pas obtenir d'explication puisque ça le mettait soit-disant en danger, il voulait juste qu'elle comprenne qu'il tenait à Lucas comme s'il s'agissait de son propre fils, ce qu'il avait toujours fait, et que la voir les séparer était insupportable.

Encore aujourd’hui Nahla ne parvenait pas à comprendre les raisons pour lesquelles sa vie semblait si différente, si difficile à gérer. Elle savait qu’elle n’était pas blanche comme neige dans toute cette histoire, bien au contraire même, toutefois la jeune femme avait bien souvent l’impression de ne plus rien contrôler désormais, de n’être qu’une spectatrice de sa propre vie. La sud-africaine avait fait des choix qu’elle assumait parfaitement mais ce n’était pas pour autant qu’elle ne souffrait pas de cette vie qui était devenue la sienne. Faire du mal à Roméo était la dernière chose que la jeune femme souhaitait. Elle voulait qu’il soit heureux et surtout elle était persuadée qu’il méritait bien mieux qu’elle même si la simple idée de le voir avec une autre la rendait malade. Jamais elle n’avait pensé à séparer Lucas de Roméo et elle ne comptait pas le faire, pas alors que le jeune homme avait énormément d’importance aux yeux de son fils. Toutefois, la jeune mère avait jugé plus malin de ne pas l’effrayer alors que la situation était loin d’être réglée et que le danger rodait toujours autour de sa famille. « Je ne vais pas prétendre que je crois un mot de ce que tu racontes, me protéger de quoi ? Tu as intégré la Mafia pendant ma semaine d'absence? Tu ne me protèges de rien du tout Nahla, tu agis comme ça te chante comme tu l'as toujours fait... Que tu décides de ne plus rien me dire, ça passe, je n'vais pas avoir le choix de m'y faire... mais ne pas me prévenir que Lucas a été enlevé? Qu'il a eut un accident? J'ai toujours été là pour lui, tu n'as pas le droit de m’effacer de sa vie parce que son super héros de père a soudainement pris conscience de son existence. » De nouveau, Nahla due serrer les dents pour contenir sa colère. Elle comprenait parfaitement la rancœur de Roméo mais ce n’était pour autant qu’elle supportait la manière dont il pouvait parler de Jayden et surtout elle n’aimait pas qu’il se permette de le juger sans connaître toute l’histoire. « Ne parle pas de lui comme ça, s’il te plait. » La jeune femme tenta de garder son calme, mais la colère restait là, présente et réveillait chacune des douleurs de son corps bien qu’elle s’efforça de ne rien laisser voir. « Je ne t’éloignerais pas de Lucas, la situation est compliquée c’est tout … Tu l’as vu grandir, tu t’es occupée de lui, tu fais partie de sa famille et je ne vais pas vous priver de ça … c’est vraiment l’opinion que tu as de moi maintenant ? Que je suis mauvaise au point de l’éloigner de toi ? » Le regard douloureux et la voix tremblante, Nahla doutait de vouloir connaître la réponse à cette question. Elle l’avait trompé et blessé, elle lui mentait mais jamais elle serait capable de le séparer de son fils, elle n’était pas cruelle.

Roméo ne voyait d'aucune manière positive la venue de Jayden dans leur vie, ce qui semblait assez logique. Sans même le connaître, il trouvait ça honteux d'abandonner sa petite amie enceinte, qu'il y aie ou non des sentiments, l'enfant n'avait rien demandé. Pour couronner le tout, il avait fallu qu'il revienne et tout le monde avait oublier son absence, après que sa petite amie l'ai trompé, il avait maintenant repris sa place dans la vie de Lucas et tout changeait, en négatif. Même si Nahla était amoureuse - rien que de penser que cela puisse être le cas, il avait envie de démonter cette pièce au complet -, elle avait toujours des yeux et un minimum de jugeote, Lucas et elle n'avaient eut que des soucis. « Je ne t’éloignerais pas de Lucas, la situation est compliquée c’est tout … Tu l’as vu grandir, tu t’es occupée de lui, tu fais partie de sa famille et je ne vais pas vous priver de ça … c’est vraiment l’opinion que tu as de moi maintenant ? Que je suis mauvaise au point de l’éloigner de toi ? » Fronçant les sourcils, Roméo n'appréciait pas la manière dont elle retournait la situation ou la tournait à son avantage. Elle avait eut le choix de le prévenir ou et non, il déduisait simplement en fonction de sa décision. « Franchement, je n'en ai plus la moindre idée Nahla... Essaye de te mettre à ma place, j'ai l'impression d'avoir une étrangère en face de moi. » La petite amie qu'il avait aimé n'avait pas grand chose en commun avec elle, ou il s'était montré aveugle depuis deux ans. Dans son esprit, il était assez claire que la sincérité primait dans leur couple hors elle ne faisait que la trahir et mentir un peu plus chaque jour. « Je dors chez Charlie pour le moment, je n'ai pris que quelques affaires mais je récupérerai tout au plus vite. » Annonçait-il finalement, après tout si elle choisissait de mentir, de tourner autour du pot, il refusait d'entrer dans son jeu. A ce jour, Roméo ne voyait aucun retour possible et même s'il n'était absolument pas prêt à faire un trait sur leur relation, le jeune homme savait que c'était l'unique chose à faire. Partir avant d'être un peu plus trahi et blessé. malgré cette haine, il ne pouvait s'empêcher de vouloir son bien et de se mettre à sa place, un minimum. Si elle aimait vraiment Osborne, l'unique personne à laquelle elle pensait en ce moment c'était lui et elle n'avait aucun moyen de le voir. Poussant un long soupire, Roméo fit encore quelques pas dans sa chambre avant de lui proposer d'aller le voir, même s'il le maudissait à la seconde même de le faire. « Tu veux le voir? Si tu te sens capable de bouger, je peux demander une chaise roulante... » Il ne la poussait pas dans les bras de Jayden, premièrement parce que ce dernier était le coma mais surtout parce que Nahla y arriverait avec ou sans son aide, il s'avouait vaincu. Croisant les bras, Roméo l'observait sans un mot, tentant de paraître le plus neutre possible pour qu'elle comprenne qu'il ne se moquait pas d'elle, si c'était l'unique chose qui pouvait la rendre heureuse, qu'il en soit ainsi.

Peut-être n’avait-elle pas la moindre envie de le mêler à toutes ces histoires, mais elle mourrait d’envie de lui expliquer ce qu’elle faisait pour qu’il puisse comprendre qu’en réalité elle ne faisait rien contre lui, au contraire. Toutefois, Nahla était un brin égoïste et elle se retenait également par peur de le perdre une bonne fois pour toute si jamais il venait à apprendre la vérité sur ce qu’elle faisait, si jamais il comprenait qu’elle lui avait menti depuis le début. Sa vie n’était pas simple, mais elle n’avait pas d’excuses et c’était pour cela qu’elle refusait aussi de lui dire la vérité, de lui expliquer que si Lucas avait été enlevé, que si Jayden, son fils et elle avaient eu un accident c’était parce qu’ils tentaient d’échapper à des personnes qui en avaient après eux et qu’il en serait ainsi encore longtemps. Nerveusement, la sud-africaine passa une main sur son visage pour tenter de se contenir et pour ravaler les larmes qui la gagnaient. Elle n’aimait pas être en conflit avec Roméo et cette situation la tuait, mais elle n’avait pas d’autre choix que d’encaisser en silence et de continuer de le protéger. « Franchement, je n'en ai plus la moindre idée Nahla... Essaye de te mettre à ma place, j'ai l'impression d'avoir une étrangère en face de moi. » Humectant ses lèvres, l’intéressée baissa les yeux pour fixer la couverture de l’hôpital qui la recouvrait. Elle était une étrangère et il n’avait pas la moindre idée du fait qu’elle l’avait toujours été. « Je dors chez Charlie pour le moment, je n'ai pris que quelques affaires mais je récupérerai tout au plus vite. » Brusquement, la jeune femme releva les yeux vers Roméo. Elle avait remarqué qu’il ne dormait plus chez eux, mais jamais elle n’aurait imaginé qu’il décide de récupérer toutes ses affaires, elle savait trop ce que ça signifiait. Avalant donc sa salive avec difficulté, Nahla se pinça les lèvres et se contenta d’opiner du chef. « Tu veux le voir? Si tu te sens capable de bouger, je peux demander une chaise roulante... » La sud-africaine le regarda sans cacher sa méfiance. Elle trouvait étrange qu'il lui propose de l’emmener voir Jayden et elle doutait sincèrement que ça soit une bonne idée. Pourtant, elle en mourrait d’envie, littéralement, et ce fut la raison pour laquelle elle accepta en baissant légèrement les yeux. « Je suis désolée … » Commença-t-elle en haussant les épaules avant de relever la tête vers le jeune homme. « J’espère qu’un jour je pourrais t’expliquer tout en détail et que ce jour-là tu arriveras à me pardonner. » Malheureusement, ce jour n’était pas encore arrivé. Pour ça, il fallait qu’elle se débarrasse de son fardeau, qu’elle libère son frère, qu’elle libère sa meilleure amie, qu’elle libère Jayden et qu’elle se libère elle … ce qui signifiait abattre Orchideus et pour l’instant elle ignorait comment s’y prendre.

Son avenir était à ce jour complètement incertain, Roméo ne savait plus du tout ou donner de la tête. Si Madonna n'était justement pas occupée de faire les démarches pour le rejoindre aux Etats-Unis, peut-être bien qu'il aurait enfin trouver le courage d'affronter ses parents et qu'il serait rentré à Abu Dhabi. Il savait que cela risquait d'être douloureux à cause de ces nombreux souvenirs avec Mona mais surtout parce que tout ses amis étaient ici à présent, mais il pourrait au moins se faire une raison de ne plus voir Nahla. Néanmoins il y avait Lucas, ce petit bonhomme qu'il aimait plus que tout et qu'il s'était promis de ne jamais abandonner, Roméo n'irait pas à l'encontre de sa parole et priait pour que personne ne le fasse à sa place. Qui sait? Peut-être que ses actions aujourd'hui détermineraient ses chances de le voir grandir, s'il ne pétait pas de câble comme il mourrait d'envie de le faire mais lui proposait plutôt de voir jayden, ça jouerait en sa faveur. Qu'on le laisse le voir le petit par pitié ou parce qu'on en avait envie, le jeune vétérinaire s'en moquait parfaitement tant qu'il pouvait faire partie de sa vie. « Je suis désolée … » Redressant la tête pour l'observer, Roméo lui adressait un sourire désolé car il l'était lui aussi. Désolé de constater qu'il n'y avait aucune confiance entre eux après autant de temps, qu'elle se moquait de le prévenir de détails aussi importants. « J’espère qu’un jour je pourrais t’expliquer tout en détail et que ce jour-là tu arriveras à me pardonner. » Haussant les épaules, Roméo sortait de la chambre pour récupérer le fauteuil roulant dont il venait de parler et se calmer en même temps. Pas même un mot sur son départ mais en même temps que pouvait-elle dire? Il gérait parfaitement - ou presque - son énervement jusque maintenant, ce n'était pas le moment de craquer. Une fois la chaise à sa disposition, il entrait à nouveau dans la chambre, laissant deux infirmiers se charger de la soulever, il avait bien trop peur de faire pire que mieux s'il s'en chargeait lui même. « C'est aujourd'hui que ça m’intéresse Nahla, je me moque bien de comprendre dans deux ans le pourquoi. »Répondit-il d'un ton las une fois qu'ils se retrouvaient à nouveau tous les deux. Sans prononcé un mot de plus, l'émirien la faisait rouler d'un couloir à l'autre pour enfin se trouver devant la chambre de Jayden qu'il ouvrait après avoir obtenu l'autorisation de le faire. « Il n'a droit qu'à quinze minutes, je te laisse seule. Je vais descendre à la cafétéria et puis je t'attendrai dans le couloir. Il te faut quelque chose? » Quitte à descendre se chercher un coca, autant en profiter pour lui apporté à manger/à boire si elle en avait besoin. Il avait un grand besoin de s'occuper l'esprit pendant ces 15 minutes longues minutes, refusant de rester dérrière la porte à piétiner.

La vie est un film dont nous sommes les protagonistes … c’était tout du moins ce que la jeune femme n’avait cessé de se dire durant toute sa vie. Elle était la maîtresse de son destin et si à tout moment elle souhaitait changer quelque chose, elle était supposée en avoir le pouvoir … oui seulement "supposée" car c’était loin d’être le cas. En réalité, Nahla ne contrôlait rien et c’était plus que frustrant pour elle qui aurait tout arrêté en un claquement de doigts, déballé la vérité à Roméo et fait en sorte que sa vie soit moins chaotique que ce qu’elle pouvait actuellement être. La sud-africaine aurait souhaité qu’il la pardonne comme ça, aussi facilement qu’elle pouvait l’espérer au fond de son cœur, mais elle savait que ce n’était qu’un doux rêve qui n’était pas encore prêt de se réaliser. Le silence la gagna tandis que l’émirien allait chercher le fauteuil et ce jusqu’à ce que deux infirmières viennent l’aider à l’installer sur la chaise, Dieu qu’elle n’aimait pas se sentir aussi faible. « C'est aujourd'hui que ça m’intéresse Nahla, je me moque bien de comprendre dans deux ans le pourquoi. » La jeune femme se pinça les lèvres afin de ravaler les larmes douloureuses qui gagnaient ses yeux. Il n’avait pas la moindre idée de combien elle tenait à lui dire la vérité, mais il n’y avait qu’à voir ce qui était arrivé à Lucas et à Jayden pour lui couper toute envie d’être franche avec lui, si bien qu’elle préféra ne rien ajouter tandis qu’il l’emmenait en direction de la chambre de Jayden. « Il n'a droit qu'à quinze minutes, je te laisse seule. Je vais descendre à la cafétéria et puis je t'attendrai dans le couloir. Il te faut quelque chose? » Même si la voix de Roméo lui provenait, son esprit était déjà ailleurs. Dans sa poitrine elle avait senti son cœur se serrer si douloureusement et brutalement qu’elle était surprise qu’il parvienne encore à battre. Voir le néo-zélandais dans cet état lui faisait mal, à tel point qu’elle était incapable de le gâcher et de contenir les larmes qui coulèrent le long de ses joues. Toutefois, Nahla les chassa du revers de sa main et posa les yeux sur Roméo. « Rien, ça ira … merci. » Souffla-t-elle finalement même si elle n’était pas certaine qu’il l’ait entendu. Une fois seule dans la chambre, la sud-africaine usa de la force dans ses bras pour s’approcher d’autant plus de son fiancé, les yeux baignés de larmes tandis qu’elle attrapa sa main perfusée, son regard ne quittant pas le visage de Jayden. Silencieuse et lentement, elle posa son menton sur le matelas qui était au niveau de son visage et pencha sa tête sur le côté pour parvenir à observer le jeune homme et elle resta ainsi, sans rien dire, jusqu’au retour de Roméo.

En un sens, Roméo avait envie de se mettre des claques pour paraître aussi zen et calme face à la situation. Il leur donnait tout le pouvoir, elle menait la danse qu'il subissait, mais le jeune vétérinaire n'avait jamais placé le mot orgueilleux dans la liste de ses défauts et savait donc ravaler sa fierté si cela pouvait aider. Pas l'aider elle mais s'aider lui, lui et Lucas si toute fois cette petite tête blonde volait encore de lui dans sa vie maintenant qu'il avait retrouvé son père. Chassant cette nouvelle idée de son esprit, Roméo tentait de réfléchir à une chose qui ne puisse pas le mettre en colère mais à moins de penser à la liste des courses, c'était tout bonnement impossible tant tout le rendait fou en ce moment. Le silence de Nahla était peut-être pire que ses excuses déguisées pour lui cacher la vérité, ce pourquoi il ne cherchait pas à ajouter un mot de plus et quittait la chambre de Jayden désemparé pour se rendre à la cafétéria en tentant de ne rien briser sur son chemin. Elle était folle amoureuse de cet homme. Ses larmes la trahissait, tout en elle criait qu'elle l'aimait plus que tout et lui, pauvre aveugle, n'avait pas été capable de s'en rendre compte à la minute ou elle lui avait confié son infidélité. Non au lieu de ça, il lui avait cherché des excuses et tenté de reconstruire quelque chose même si ça risquait de prendre du temps et s'en voulait aujourd'hui de l'avoir fait. Pour lui, parce que ça avait été une belle perte de temps et représentait de longs moments de souffrance mais aussi pour elle qui devait se torturer à l'idée de devoir faire un choix - ce dont il n'arrivait même pas à se moquer alors qu'il n'aurait même pas du s'en soucier. Prenant un café qu'il pris le temps de savourer pour que ces quinze minutes ne soit pas une torture lente, il en profitait également pour appeler la clinique et avoir un bref bilan des derniers cas avant de remonter à la chambre de Jayden. La page était tournée en ce qui le concernait, se jurant de ne plus faire machine arrière puisqu'il avait la preuve que ça ne servirait à rien, même si ça risquait de mettre du temps pour qu'il l'accepte totalement. « C'est seulement 15 minutes par jour, je dois te ramener dans ta chambre. » signalait-il en entrant dans la chambre comme s'il était un simple infirmier, histoire qu'elle ne pense pas qu'il la séparait plus vite que prévu. Crispant la mâchoire, Roméo tentait de ne pas accorder un seul regard à cet homme, même si sur le coup l'idée de le débranché lui traversé l'esprit, ce qu'il regrettait immédiatement. Depuis quand avait-il des pensées meurtrières? Sur le coup ça le fit presque rire, de pitié, d'y avoir pensé. Sans un seul mot, Roméo pris la chaise roulante de Nahla et gardait le silence jusqu'à ce qu'elle ne soit de retour dans sa chambre. La laissant s'appuyer contre lui, il l'aidait à se replacer dans le lit en espérant que ces efforts ne l'aient pas complètement assommée. « Si jamais tu as besoin de moi pour Lucas ou qu'il demande après moi, fais-le moi savoir s'il-te-plait. » demandait-il finalement, en espérant qu'elle l'écouterait sur ce point. Sur le coup, il s'imaginait pourtant parfaitement l'enfant simplement heureux d'avoir à nouveau ses parents ensembles et qui ne penserait pas une seule seconde à lui, mais sait-on jamais.

Nahla ne supportait pas le fait de voir Jayden dans cet état. Ça la rendait malade et elle aurait aimé crier au monde entier combien elle avait mal de le voir ainsi. Ils ne méritaient pas ça. Peut-être avaient-ils fait des erreurs dans leur parcours, mais tout le monde en faisait et tous ne devaient pas payer si cher les conséquences de leurs actes. Elle avait peur de le perdre et cette simple pensée provoqua un sanglot chez la sud-africaine qui fut bien heureuse d’être seule dans la chambre. Nahla laissa donc ses larmes rouler le long de ses joues sans même chercher à les arrêter et regarda Jayden en silence, serrant doucement la main du comateux dans la sienne. Au fond d’elle, elle espérait idiotement que sa présence allait l’aider à se réveiller, mais rien. La seule chose qui venait briser le silence de la pièce était le bruit des machines qui le maintenaient en vie ainsi que les sanglots de la jeune femme. En un quart d’heure, elle parvint à se reprendre. Nahla sécha ses larmes et se redressa sur son fauteuil sans quitter le néo-zélandais du regard, passant doucement sa main sur la joue de ce dernier tout juste avant que Roméo ne revienne. « C'est seulement 15 minutes par jour, je dois te ramener dans ta chambre. » Le regard de la jeune femme se posa sur l’émirien. Elle opina du chef et lâcha doucement la main de Jayden pour laisser son ex petit ami la ramener dans sa chambre où elle usa de son aide pour se réinstaller dans son lit en silence. « Si jamais tu as besoin de moi pour Lucas ou qu'il demande après moi, fais-le moi savoir s'il te plait. » Son regard se posa sur Roméo alors que jusque-là elle avait fixé un point droit devant elle, perdue dans ses pensées. Nahla agita tout d’abord lentement la tête de bas en haut avant qu’un très léger sourire n’étire le coin de ses lèvres. « Je le ferais. » Commença-t-elle d’une voix étouffée avant de se racler la gorge. « Si tu veux … il pourra être avec toi une semaine sur deux dans les débuts ? Tu es un second père pour lui … » La sud-africaine n’avait pas la moindre envie d’empêcher Roméo de voir Lucas alors qu’il avait toujours été là pour le petit garçon, qu’il l’avait vu grandir et l’avait élevé contre son propre fils. Elle tenait sincèrement à ce qu’ils puissent encore se voir et sa proposition partait d’un bon fond.

Roméo se demandait ce qu'il allait advenir de sa vie, maintenant qu'il avait officiellement annoncé à son ex petite amie qu'il s'en allait mais surtout que celle-ci n'avait en rien cherché à le retenir. Non pas qu'il aie pensé qu'elle le fasse, mais sans doute l'avait-il espéré un petit peu. Au niveau de la clinique, rien ne changeait, mais de manière personnelle, c'était un énorme tournant qu'il prenait, passant de la vie de famille à celle de célibataire sans même savoir ou il allait loger. Même si Roméo appréciait l'aide de Charlie, il était hors de question qu'il reste sur son canapé, le jeune homme allait cherché au plus vite un appartement même s'il était conscient du prix exorbitant des loyers à New York lorsqu'un seul salaire était là pour le gérer. C'était à son futur domicile et sa future vie surtout qu'il avait pensé durant tout le trajet, préférant se concentrer sur lui plutôt que sur eux, ce qui était bien moins douloureux. De retour dans la chambre, il n'avait pourtant put s'empêcher de parlé de Lucas qu'il ne pouvait se résoudre à abandonner du jour au lendemain. « Je le ferais. » Roméo lui adressait un bref sourire de remerciement, attendant qu'elle reprenne la parole puisqu'elle semblait vouloir le faire. « Si tu veux … il pourra être avec toi une semaine sur deux dans les débuts ? Tu es un second père pour lui … » Légèrement surpris, il ouvrait la bouche un instant et la refermait pour réfléchir à ses paroles. Le voir une semaine sur deux si c'était pour diminuer petit à petit les fréquences et ne plus le voir du temps n'était pas ce qu'il voulait. L'émirien était conscient qu'il ne pourrait avoir la garde partagée éternelle alors qu'il n'était pas lié à lui officiellement mais il ne voulait surtout pas finir par voir Lucas disparaître complètement de sa vie. « Si ça vous convient et que Lucas en a envie, ça me ferait plaisir... Même si ce n'est que 3-4 jours toutes les deux semaines. Et quand tu t'en vas, bien sur je serai là... » Il ne tenait pas non plus à le séparer si longtemps de sa mère, mais vu que Nahla partait régulièrement à l'étranger ils pourraient toujours s'arranger, surtout si ça lui permettait de le voir au maximum. Sauf bien sur si Jayden était là, ce qu'il comprenait même si ça le dépassait.

Ils allaient devoir dire adieu à leur vie de couple, au train de vie auquel ils étaient habitués depuis plusieurs années déjà et même si Nahla savait que c’était entièrement de sa faute ce n’était pourtant pas ce qui l’aidait à visualiser plus facilement l’avenir qui serait à présent le sien. Jusque-là, tout avait été plutôt clair pour elle, elle n’avait pas tellement eu à craindre pour son avenir – hormis lorsqu’elle partait en mission, cela va sans dire – mais désormais c’était comme avancer dans le noir en ne pouvant que s’aider de ses mains pour tâtonner et tenter de savoir vers quoi elle s’avançait. Cependant, elle ne semblait rien faire pour le retenir et ce n’était pas parce qu’elle ne le voulait pas, seulement elle l’avait bien assez fait souffrir comme ça, mentir concernant leur couple ne servirait qu’à le blesser encore plus et c’était la dernière chose que la sud-africaine souhaitait. « Si ça vous convient et que Lucas en a envie, ça me ferait plaisir... Même si ce n'est que 3-4 jours toutes les deux semaines. Et quand tu t'en vas, bien sur je serai là... » Le regard noisette de la jeune femme retourna se poser sur celui qu’était désormais son ex petit ami. Un faible sourire apparu sur ses lèvres et disparu quasiment aussitôt tandis qu’elle opinait brièvement du chef. « Il n’y a aucun problème … ça lui fera aussi plaisir. » Lucas était attaché à Roméo quand bien même était-il heureux d’avoir enfin son père dans sa vie. L’émirien avait une grande importance pour le petit garçon et Nahla refusait de les séparer, elle n’en avait pas le droit ou tout du moins elle n’avait pas le cœur à le faire. « Je crois qu’on a plus rien à se dire pour le moment. » Déclara-t-elle faiblement sans dévier son regard. « Merci pour m’avoir amené près de Jayden. » Sur ces mots la sud-africaine lui adressa un nouveau faible sourire et le regarda se lever puis quitter la chambre en silence. Une fois plus seule que jamais dans la pièce, elle enfonça sa tête dans l’oreiller en fixant le plafond avant de laisser le sommeil la gagner et l’emmener dans les bras de Morphée.