TALLULAH&HAYDEN -
IT'S BEEN TOO LONG... ►

Ces dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes: entre mes séances photos, le dossier que Kennedy m’a confié et le retour d’Anna, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. D’ailleurs, je suis dans un tel état d’anxiété que je ne dors presque plus. Il faut dire que cette histoire d’avortement m’a sacrément chamboulé et étant donné que les recherches sur Lucy ont tendance à stagner ces dernières temps, je n’ai pas franchement de quoi me réjouir. Heureusement que j’ai mon travail et de bons amis, sinon je ne sais pas comment je pourrais tenir. D’ailleurs, je suis censé rejoindre Tallulah chez elle dans moins d’une heure. Ayant tous les deux une vie plus ou moins mouvementée, nous avons un peu laissé notre amitié de côté -et nous avons par conséquent, un tas de choses à rattraper. Sans mentir, ça devait bien faire deux mois que je n’avais pas eu de ses nouvelles. Je sais bien qu’on est tous les deux très occupés, mais force est de constater qu’on n'assure pas en tant qu’amis. Enfin, je suis sans doute le plus à blâmer dans tout ça étant donné que je suis légèrement allergique aux téléphones et aux réseaux sociaux. Pour la connaître un minimum, je sais que Tallulah se connecte assez régulièrement sur facebook et que c’est une adepte des sms, mais en ce qui me concerne, je déteste pianoter sur ces petits appareils. Je suis de la vieille école moi et je préfère de loin parler en direct! Heureusement que je suis un peu moins réticent lorsqu’il s’agit d’utiliser les dernières gammes d’appareils photos auquel cas je rencontrerai de sacrés problèmes. Tout ça pour dire que je n’ai pas vu la blondinette depuis une éternité et que je commence à me languir de sa compagnie - raison pour laquelle je l’ai presque supplié de me recevoir cet après-midi. De toute manière, je suis prêt à parier que je lui ai manqué autant que j'ai pu me languir d'elle.

Une heure plus tard.
Je suis surexcité comme un gamin à la veille de noël. Un bouquet de fleurs dans une main et une boîte de chocolats dans l’autre, on pourrait croire que je me rends à un rendez-vous galant, mais il n’en est rien. Les fleurs sont là parce que je déteste arriver les mains vides; quant aux chocolats j’espère qu’ils sauront lui faire oublier mon silence. Je n’ai franchement pas assuré ces derniers temps et je compte bien me faire pardonner. « Tallulaahhhhh » je chantonne en tambourinant à la porte. « Ouvre petit ourson! Ça fait trop longtemps, j’ai envie de te serrer dans mes bras »

TALLULAH&HAYDEN -
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J’ai a peine le temps de terminer ma phrase que la porte s’ouvre sur une tornade blonde qui se jette sur moi. Agrippée à mon cou, elle consent pourtant à me lâcher après m’avoir affirmé à quel point j’ai pu lui manquer. Touché par sa remarque, j’esquisse un petit sourire et me laisse entraîner à l’intérieur de son appartement d’où s’échappe une bonne odeur de pâte à crêpes en train de cuir. Mes papilles gustatives en éveil, je ne peux m’empêcher de me lécher les babines (pour parler grossièrement) lorsqu’elle me demande si j’ai faim. « Tu me connais! Comme toujours, mon ventre cri famine » je m’exclame tout sourire en la suivant dans la cuisine où elle reprend sa préparation. Je suis tellement content de la retrouver que j’en oublie presque de lui donner ce que je lui ai apporté - ce n’est que lorsqu’elle s’enthousiasme des potins que je vais ou non lui raconter, que la boîte de chocolats et le bouquet de roses me reviennent en mémoire. « Je vais bien, ne t'en fais pas » Enfin, en théorie. « Mais avant qu’on ne se lance dans une conversation passionnée » je poursuis dans l’unique but de la taquiner. « Laisse-moi t’offrir ces modestes présents en guise de mon amitié ». Posant la boîte de chocolats sur la table, je m’agenouille devant elle pour lui tendre le bouquet. Je reste au sol quelques secondes avant de me relever dans un éclat de rire. « Je voulais aussi me faire pardonner de ne pas avoir téléphoné. Mais pour être tout à fait franc » j’ajoute en recouvrant subitement mon sérieux. « Les choses sont un peu compliquées en ce moment… » Tout en poussant un long soupir, je m’adosse au plan de travail et trempe mécaniquement mon doigt dans le plat de pâte. « Ces crêpes ont l'air succulentes en tout cas » j’ajoute en espérant changer de sujet, mais le regard inquisiteur que me lance mon amie me fait comprendre que je ne vais pas y couper et qu’il va falloir que je lui raconte ce qui s’est passé. « S’il te plaît Tal’ ne me forces pas à déblatérer sur mon quotidien! Ma vie est loin d’être réjouissante en ce moment et on vient à peine de se retrouver, j’ai franchement pas envie de plomber l’ambiance! » Et je suis sincère! J’ai beau adorer mes amis et apprécier tout ce qu’ils font pour moi, je commence à en avoir assez de leur pitié ou du fait qu’ils s’inquiètent en permanence de mon état. J’en ai marre de me plaindre et de me morfondre sur mon triste sort. Je suis fatigué de me battre ou de refuser de voir les choses telles qu’elles sont. Lucy a disparu et je fais une fixation malsaine sur ses recherches - recherches qui n’aboutissent à rien. Je refuse d’accepter la mort de ma sœur tout comme je refuse d’admettre que le problème ne vient pas d’Anna, mais bien de moi. Au fond, ce n’est pas tant le fait qu’elle ait décidé d’avorter qui me gène, mais plutôt qu’elle m’ait abandonné.

« Et si on parlait plutôt de toi? » je demande en secouant légèrement la tête pour chasser les pensées négatives qui me viennent à l’esprit. « Je ne sais pas ce qui s’est passé de ton côté, mais tu es radieuse! Ça fait un petit moment que je ne t’avais pas vu aussi épanouie! Tu as rencontré quelqu’un? » Je connais Tallulah et je sais pertinemment qu’elle ne va pas lâcher l’affaire aussi facilement. Je sais que même si elle accepte de changer de sujet, ce ne sera que provisoire, mais je saurais m’en contenter. Tout ce que je veux, c’est éviter de tomber dans le mélodramatique, tout ce que je souhaite c’est qu’on passe un bel après-midi.