Il est grand temps de tirer un trait sur le passé

william & arizona

Le calme lui avait tellement manqué. Pourtant, qu’importe les moments, chaque instant de sa vie avait comporté du bruit et encore du bruit. Voir le jour au sein d’une famille aussi nombreuse que la sienne ne laissait pas de place à ce calme auquel elle aspirait tant et ce n’était pas ce qu’elle avait fait de son existence ces derniers temps qui y aurait changé quoi que ce soit. Toutefois, elle ne pouvait pas nier le fait que sa situation était bien pire depuis qu’elle était revenue à New York, ou plus exactement depuis qu’elle avait accepté de rendre service à son frère aîné. Après tout, comment aurait-elle pu refuser ? Austin était toujours présent pour elle. Alors que toute leur famille lui avait tourné le dos lorsqu’elle avait fait le choix de suivre Elijah, c’était avant tout son frère qui avait continué de la soutenir bien qu’il n’ait pas eu tellement plus de nouvelles que les autres Ioannis. Il avait été son modèle pendant une longue période, avant qu’elle ne parte totalement à la dérive et en remettant les pieds dans la Grosse Pomme le Grecque avait de nouveau été prêt à l’aider sans même réfléchir, parce qu’il était ainsi et qu’elle était sa petite sœur. Ainsi, lorsqu’il était venu la trouver du jour au lendemain pour lui demander de garder Cameron – sa fille et nièce de la jeune femme – l’Australienne n’avait pas pu refuser.

Il avait besoin de savoir la petite en sécurité et de la confier à quelqu’un le temps de retrouver la mère de cette dernière. Elle connaissait l’amour qu’éprouvait son frère pour Kennie et encore aujourd’hui elle se surprenait à envier sa belle-sœur, à souhaiter qu’un homme l’aime tout autant qu’Austin pouvait l’aimer avant de balayer cette pensée au plus vite. Au final, la jeune femme avait fini avec un enfant sur les bras. Elle qui avait tant espéré devenir mère un jour, elle avait là l’occasion de s’y préparer mais, malheureusement, Cameron n’arrivait pas au bon moment, pas alors qu’elle s’efforçait de se réhabituer à la vie dans cette grande ville américaine tout en jonglant avec son infiltration. Cependant, baisser les bras ne lui ressemblait pas et aussi dépassée qu’elle avait pu l’être, Arizona avait tenu le coup même si souvent la fatigue était venue l’assaillir et qu’elle n’avait plus eu que l’envie de s’enfermer dans sa chambre pour ne jamais en ressortir. La crise d’asthme qui avait touché sa nièce avait vite fait de la forcer à revoir ses priorités. Certes, elle continuait sa mission mais elle donnait beaucoup plus de temps à Cameron pour s’assurer que l’enfant allait bien même si elle savait que tant que son traitement lui était correctement administré elle ne risquait pas de retourner aux urgences de sitôt. Joindre Austin avait été impossible. Arizona s’était vue dans l’obligation de lui laisser un message sur sa boite vocale pour lui faire un bref résumé de la nuit la plus éprouvante qu’elle ait eu à passer depuis son retour aux Etats-Unis, mais rien … pas même un message pour lui faire comprendre qu’il avait reçu le sien.

Si elle était inquiète ? Oui. Austin était son frère, il n’y avait rien de plus normal au fait qu’elle s’inquiète pour lui mais elle le savait capable de se débrouiller par lui-même et ce qu’importent les soucis qu’il pouvait avoir même si ça ne la soulageait pas pour autant. Ce jour-là, l’Australienne s’était promis de ne pas penser à tout cela. Sa nièce confiée au bon soin de London en ville depuis peu, elle avait toute la journée pour penser à elle et la première chose qu’elle fit fut de se rendre dans sa chambre afin de se laisser tomber sur son lit. Arizona était exténuée. Le manque de sommeil dû à son travail et à la peur que Cameron fasse une nouvelle crise se voyait très nettement sur son visage et puisque tout son appartement était calme, autant en profiter. Voilà de quelle manière la jeune femme passa un long moment à dormir, bien au chaud sous sa couette avant que Morphée n’accepte de la libérer. Elle n’avait pas la moindre idée de l’heure qu’il était, mais elle s’en moquait et tant pis si elle se déréglait au niveau de son sommeil. Assise sur le canapé de son salon, ses jambes ramenées sous elle et ses mains entourant une tasse de café bien chaude, elle fixa le poste de télévision éteint un long moment, perdue dans ses pensées jusqu’à entendre la sonnette de l’appartement retentir dans toutes les pièces de ce dernier.

Sourcils froncés, la jeune femme se redressa de sorte à poser sa tasse sur la table basse et gagna l’entrée du logement en refermant sa robe de chambre sur son caleçon et son tee-shirt qui lui servaient de pyjama. Sans même un regard à travers le judas, Arizona ouvrit la porte et resta interdite l’espace de quelques secondes en dévisageant le jeune homme face à elle. « Salut. J’te dérange ? J’tenais à t’apporter ça. » L’Australienne resserra un peu plus le tissu contre elle alors que, déjà, son regard quittait le visage de William pour se poser sur le carton qu’il lui tendait & sur lequel était inscrit son prénom. « C’est des trucs... d’avant. J’pouvais pas te les donner puisque t’étais partis. Mais t’es là maintenant donc... » Elle continua de fixer la boîte durant quelques secondes de plus avant de relever la tête vers l’Américain en opinant doucement du chef. « J’ignorais que j’avais laissé des affaires chez toi. » Souffla-t-elle avant de se racler la gorge afin de se reprendre. « Merci … mais hm, tu n’as qu’à entrer. » Lui proposa-t-elle en s’effaçant de devant la porte afin que William puisse pénétrer dans son appartement – quelque peu en désordre avec les affaires de sa nièce. Ils s’étaient promis de se comporter en amis, quand bien même n’y étaient-ils jamais réellement parvenus par le passé, bien trop d’ambiguïtés pour ça, mais Arizona s’efforçait de faire les choses bien et le premier pas était de passer le cap de la gêne entre eux & elle ne voyait rien de mieux que de l’inviter à entrer chez elle pour ça.