Jamais Norah n’aurait perdu son travail alors qu’elle parlait avec un client qui consommait en même temps… Non le patron aimait que les serveuses soient proches de la clientèle alors il n’allait surement pas lui dire quelque chose sur ce point. Cependant, elle ne devait quand même pas entrainer la faillite du café en papotant toute la journée sans se soucier des autres clients ce qui n’était pas ce qu’elle faisait non plus. Au final, le jeune homme avait tout de même fini par partir en ayant surement mare de papoter avec elle, après tout, elle était peut être jolie comme on lui disait souvent mais sa timidité lui empêchait peut être d’être intéressante… Elle ne savait pas enfin elle n’avait aucune idée de comment se qualifier alors elle tentait de trouver des indices dans le comportement des clients avec elle, des jeunes hommes surtout… Finalement, à en croire le jeune homme et sa proposition pour le repas du soir, elle ne devait pas être si ennuyante que cela… Il voulait passer la soirée avec elle, en tête à tête et dans un lieu calme en plus oui. C’était un grand changement pour Norah mais oui elle avait accepté. Après sa journée de travail, elle avait donc fait au plus vite pour se préparer, être vraiment présentable et aller au restaurant où il l’attendait. Lorsqu’il l’avait vu arrivé il s’était levé pour l’accueillir ce qui avait plus à la jeune demoiselle pourtant gênée de son retard. En plus d’être gênée par son retard elle fut de suite troublée du fait qu’il la vouvoie alors qu’elle, s’était permise de le tutoyer directement… Cela ne le faisait pas c’est pourquoi elle se rattrapa bien vite même si elle trouvait que cette formule mettait une certaine barrière entre eux. Cependant, elle avait passé le moment avec lui au café à le vouvoyer pour le travail alors elle pouvait bien aussi le faire ce soir… Ma foi c’était selon son bon vouloir. « Je m’excuse déjà, en plus du retard, je vous ai tutoyé ça ne se fait pas ! » Le rouge monta aux joues de la demoiselle qui rougissait extrêmement vite déjà dans une situation banale alors encore plus vite dans une situation comme celle-ci qui ne lui était pas habituelle. « Enfin je suis enchantée Maël ! C’est un très joli prénom j’aime beaucoup ! » Norah adorait réellement ce prénom et elle n’allait pas s’empêcher de le dire d’autant plus qu’elle avait passé tout le temps où elle avait parlé avec lui au café à se demander comment il pouvait s’appeler. Au final, ce prénom lui allait très bien. « Je ne sais pas, un petit vin blanc en apéritif ou quelque chose de sans alcool plutôt ? » La brunette ne buvait que très peu d’alcool mais en travaillant en France dans un grand restaurant, elle avait tout de même appris à aimer prendre un verre de bon vin avec un bon repas alors elle ne pourrait pas le refuser si le jeune homme le lui proposait. « Qu’est ce que vous allez boire vous ? »

Mael était un petit chanceux, il avait eu le droit à un rendez vous avec la jeune serveuse sans trop avoir à insister, sans l’avoir à l’usure et c’était bien le premier. En effet, beaucoup trop timide, la philippine n’avait rien accepté avant mais elle tentait de vaincre sa timidité au fur et à mesure et il fallait croire qu’elle était sur la bonne voie puisqu’elle était en face du jeune homme ce soir. Elle devait aussi dire qu’elle se sentait particulièrement bien avec lui, elle avait l’impression de le connaitre depuis longtemps, qu’il lui inspirait une confiance très naturelle, qu’elle pourrait tout lui dire, et parler des heures avec lui. C’était une grande première pour elle dans sa nouvelle vie car la seule personne avec qui elle avait ressenti cela avant était Noah, son meilleur ami, en France, qu’elle avait revu depuis mais qui s’était évaporé dans la nature après qu’ils se soient rapprochés. Cela ne l’avait cependant pas refroidi à l’égard des garçons, elle était bien décidée à ne plus se laisser faire, à prendre de l’assurance et à profiter un peu de ce qu’ils pouvaient bien lui offrir qui n’était pas négligeable. C’était aussi une compagnie en plus, une compagnie plaisante, pour la demoiselle qui passait le plus clair de son temps seule à courir entre son appartement, son ou ses boulots selon les périodes, et l’université où elle avait ses cours. Elle se retrouvait donc légèrement apprétée pour l’occasion, au restaurant avec Mael, le fameux jeune homme et la conversation commençait doucement mais surement, en même temps elle ne pouvait pas non plus être à l’aise comme si elle avait fait cela toute sa vie alors que s’était le premier rendez vous qu’elle avait avec un jeune homme dans ce genre de lui, assez sérieux… « Le tutoiement ira parfaitement pour moi, je préfère, cela me fait moins penser au travail… Et pour le cocktail sans alcool c’est aussi parfait pour moi je prendrais la même chose ! » Inconsciemment elle était soulagée qu’il ne prenne pas d’alcool, elle pouvait l’imiter sans passer pour une jeune femme trop sage et en plus de cela elle savait qu’elle n’aurait pas un garçon lourd à cause de sa saoulerie à supporter jusqu’à la fin de sa soirée. Non, il resterait très lucide et la soirée n’en serait que meilleure du point de vue de Norah bien sur. « Je suis aussi très heureuse d’être ici. Depuis que je suis arrivée à New York je n’ai pu passer que très peu de soirées comme celles-ci, aussi tranquilles car j’ai dû beaucoup travailler pour mes études et pour les payer… Et justement toi tu fais quoi dans la vie ? »

Je me détendais petit à petit et cela faisait du bien. J’allais pouvoir être plus naturelle si il me mettait en confiance et pour le moment il était sur la bonne voie. Ma soirée se passait donc très bien, pour le moment. Les personnes qui m’avaient conseillées de combattre le mal par le mal avaient finalement peut être raison, maintenant que j’étais là, face à un homme, avec un homme, je me rendais compte que je m’étais peut être trompée sur les hommes. Et oui, ils n’étaient pas tous comme mon père et c’était bien que je m’en rende compte. Cette barrière dépassée et la barrière du vouvoiement tombée, je pouvais maintenant vraiment profiter. « Tout à fait ! » C’était plus familier, cela créait une sorte de proximité mais je ne devais pas en prendre peur, ce n’était pas parce que je le tutoyais et qu’il le faisait à son tour que l’histoire allait forcément mal tourner. « J’étudie la littérature, j’ai toujours voulu ouvrir ma librairie alors l’année dernière j’ai tout plaqué en France pour recommencer un semblant de vie et réaliser mon rêve ! » J’avais les yeux qui pétillent à chaque fois que je parlais de mon projet professionnel qui était des plus importants pour moi. De son côté lui avait déjà réussi et avait un métier. Ce métier je le détestais car certains pouvaient être très mauvais, ou plutôt pas intéressés par les bonnes choses et ils ne se rendaient pas toujours compte à quel point ils pouvaient faire mal. Je détestais donc les journalistes à cause du fait qu’ils s’étaient beaucoup trop mêlés de mon histoire et celle de mon père et mes sœurs en France mais j’allais devoir prendre sur moi car j’en avais un en face de moi. Lorsqu’il m’avait dit ce qu’il faisait dans la vie, je n’avais pu retenir une petite grimace mais tout de même je n’allais pas lui dire ce que je pensais clairement. Après tout, si tous les hommes étaient différents, tous les journalistes pouvaient l’être aussi, je devais lui laisser une chance plutôt que prendre mes jambes à mon cou ! Je lui fis cependant une petite remarque pour qu’il comprenne un peu mieux le fond de ma pensée et ma grimace ! « J’espère que tu vas pouvoir faire remonter dans mon estime cette profession ! Attention ça va être très dur ! » Je le prenais avec le sourire et je le taquinais de par ma petite phrase car je voulais lui lancer comme un petit défi. « Enfin journaliste… Tu as donc réussi à atteindre ton but et te trouver du boulot ! J’espère pouvoir en faire autant ! » C’était dur de nos jours de trouver un travail alors même s’il était journaliste elle ne pouvait pas ne pas souligner le fait que c’était rare.