Etre énervé était peu dire. Kale n’était pas du genre à s’étendre sur ses problèmes et encore moins sur le fait qu’il ne savait pas lire. Ca ne lui avait apporté que des problèmes depuis qu’il était petit. Il n’arrivait pas à lire comme les autres enfants. Ca avait été de l’amusement sans fin pour ses camarades de classe. Seulement, un jour, un médecin lui avait dit qu’il était dyslexique. Un mot qui semblait complexe, mais ça voulait simplement dire qu’il avait des problèmes pour lire. Du coup, depuis qu’on lui avait découvert cette difficulté, il était suivit par des médecins. D’abord à Hawaï, là où vivaient toujours ses parents, puis à New-York, depuis qu’il y vivait. Ca faisait cinq ans qu’il allait voir le même médecin, quand il n’était pas débordé par son travail de cuisinier. Seulement, quelques jours auparavant, en allant voir son médecin, ce dernier lui avait dit qu’il avait parlé avec une jeune femme. Au début, il n’avait pas bien comprit en quoi cela le concernait. Seulement, le médecin lui avait dit que cette femme ouvrait une nouvelle librairie et qu’elle l’aiderait à apprendre à lire. La seule réaction qu’eu le jeune homme fut de fixer son médecin. Puis, il eut un rire franc, avant de voir que son interlocuteur ne riait pas. Du coup, il monta sur ses grands chevaux lui expliquant que personne ne pouvait être au courant, qu’il pourrait perdre son travail. Bref, il était vraiment énervé. Mais son médecin lui expliqua que ça serait mieux ainsi. N’ayant donc pas d’autre choix, il avait été faire plusieurs tour dans cette fameuse librairie, regardant des livres, mais sans s’y attarder plus que ça. Il ne savait pas comment dire à la jeune femme qu’il faisait partit des patients dont elle avait la charger. Aujourd’hui, alors qu’il n’était de service qu’à l’heure de midi, il en profita pour aller à la librairie. Il avait l’après-midi pour être tranquille et chercher une façon de parler avec la propriétaire des lieux. Une fois à l’intérieur, il vit Olive, mais ne dit rien, se tournant vers la première bibliothèque qu’il vit. Seulement, elle vint lui parler.

Oui ça va merci. Non, tout va bien.

Il n’était clairement pas à l’aise. Mais la jeune femme n’insista pas, chose qu’il apprécia grandement. Seulement, elle finit par se rapprocher et lui poser de nouvelles questions.

Je n’ai pas de préférence particulière. Tout me plaît.

Comme elle était dans son dos, il eut la chance qu’elle ne le voit pas fermer les yeux et qu’elle ne l’entende pas se traiter d’imbécile. Quand elle parla de bandes dessinées, il haussa les épaules. Certaines lui plaisaient bien. Seulement, il finit par entendre du bruit. Il tourna légèrement la tête, voyant la jeune femme ranger des livres. Il ne pû pas résister plus longtemps. Etant poli et bien élevé, il prit quelques livres qui étaient par terre.

Je peux vous aider si vous voulez ?

Fixant la jeune femme, il la regarda alors mieux. Elle semblait gentille à première vue. Peut-être qu’il devrait se montrer plus agréable avec elle. Ca ne lui ressemblait pas d’être aussi distant, sauf que parler de sa maladie n’était pas du tout quelque chose qu’il aimait. Jetant un œil autour d’eux, il ne vit personne, alors il se lança à l’eau.

Vous devez savoir pourquoi je suis là.

Soupirant doucement, les livres toujours en main, il en tourna un et essaya de lire ce qu’il y avait écrit dessus, mais ça n’était pas gagné.

Je suis plus doué en cuisine qu’en lecture.

Regardant à nouveau la jeune femme, il haussa les épaules, ne sachant pas vraiment comment il pouvait faire comprendre à la jeune femme qu’il n’était pas à l’aise avec ce qui devait être fait ici aujourd’hui.

Partager des secrets, ça n’était jamais simple. Encore plus quand ces secrets étaient honteux pour la personne. C’était le cas de Kale. Il ressentait vraiment de la honte à ne pas savoir lire. Même s’il était là pour être aidé par la jeune femme, il ne savait pas comment faire. Mais, quand elle commença faire du rangement, il lui proposa son aide et finit par dire qu’il était plus facile pour lui d’aider que de lire. En entendant ce que disait la jeune femme, il soupira doucement. Cependant, il fut surprit de ne pas être seul. Il y avait d’autres personnes comme lui, ici, ce soir ? Pourvu qu’il ne tombe pas sur quelqu’un qu’il connaît. Quoi que ça pourrait les rapprocher. Enfin, ça serait à voir sur qui il pouvait tomber. Suivant la jeune femme, il alla donc vers les livres qu’elle conseillait. Regardant un peu tout ce que s’était, il entendit la porte se fermer et finalement quand Olive prit la parole, il se tourna pour l’écouter. Il était un petit groupe et pour l’instant, il était vraiment tendu. Choisir un livre, ça ne serait pas trop dur. Il se tourna à nouveau et regarda ce qu’il y avait. Il avait envie de tout lire, pour ne pas prendre un livre trop dur. Mais, il sourit en trouvant une bande dessiné dont il connaissait le nom, mais qu’il ne connaissait pas autrement. C’était quand il avait gardé des enfants à Hawaï quand il était en âge d’être baby-sitter. C’était une bande dessinée appelé Yakari. Un petit indien qui vit dans la nature et qui parle aux animaux. Ca lui plaisait bien. Du coup, il chercha un endroit tranquille et essaya de lire la première page. Quand la jeune femme expliqua qu’elle s’occupait de la boutique, il soupira doucement et se concentra sur son livre. Il avait choisir Yakari chez les castors. Il essaya de lire tranquillement, seulement certaines choses lui échappaient. Bon, les images aidaient forcément, mais c’était pour lire comme regarder un film étranger sans sous-titres, ça n’était clairement pas simple. Les minutes passèrent et finalement il arriva à la fin de sa bande dessinée. Seulement Olive était occupée avec une autre personne qui était venue lui lire quelques pages. De son côté, du coup, il essaya de revenir sur les hésitations qu’il avait eut. Quand la personne laissa sa place, Kale regarda autour de lui et comme personne n’y allait, il décida que c’était son tour. Bande dessinée en main, il alla s’asseoir près de la jeune femme.

Désolé pour mon attitude de tout à l’heure. C’est juste qu’il n’y a que ma famille qui est au courant et je préfère que ça reste ainsi.

Il tenait en effet à s’excuser. Finalement, il montra donc la couverture de la BD, donna le titre et commença à lire à son rythme. Ca n’allait pas bien vite et il finit par buter sur des mots qu’il n’arrivait pas à lire. Soupirant, il essaya de lire lettre par lettre. Le mot ne semblait pas compliqué, mais il n’y parvenait pas.

Sa… sa…

Il essaya à nouveau, mais n’y parvint pas. Le mot était saccageurs, mais il ne connaissait pas le mot, du coup, il ne pouvait pas le trouver. S’il connaissait le mot ça aurait sans doute été plus simple. Comme le castor criait, ça devait être quelque chose de méchant, en tout cas, c’était ce qu’il pensait, mais il ne parvenait pas à continuer.

La jeune femme était très agréable et douce. Ca plaisait beaucoup à Kale. Au moins, il avait une personne compréhensive à ses côtés. C’était une bonne chose. Après s’être excusé de son comportement, il écouta les conseils de la jeune femme. Se redressant, il se mit à respirer comme elle l’avait dit. Il se mit à lire les premières pages d’une bande dessinée, avant de bloquer sur un mot. Soupirant, il n’arrivait vraiment pas à savoir ce que c’était. Il fronça les sourcils, essayant de se concentrer, mais la jeune femme, lui fit faire autre chose. Ecoutant ce qu’elle disait, il fut attentif. Il essaya à nouveau de lire le mot, mais il n’y parvint toujours pas. Alors, elle lui proposa une alternative qui pouvait lui plaire.

C’est faisable.

Hochant la tête, il pensait que ça l’était. Du coup, il alla remettre la BD à sa place et il alla dans le rayon des livres de cuisine. En attrapant un qui n’était pas trop épais pour commencer, il revint vers la jeune femme et lu doucement le titre. Elle lui avait dit d’y aller doucement, alors il essaya. Seulement, il l’a regarda.

Vous n’avez jamais eu de problème pour lire.

Il se demandait encore pourquoi lui avait des difficultés pour ça et pas les autres. Evidemment, il y avait les personnes autour de lui qui en avaient. Mais pourquoi la plupart des gens qu’il rencontrait n’en avait pas. Ils étaient bien plus brillants que lui en sachant lire. De son côté, il devait toujours faire attention et quand il tombait sur un mot qu’il ne connaissait pas ou ne comprenait pas, ça l’nervait au plus haut point. Mais, il ne pouvait pas non plus dire pourquoi ça l’énervait, sans quoi il devrait dire qu’il était dyslexique.

J’arrive à préparer des plats compliqués et à être un second de cuisine dans un restaurant cinq étoiles, mais je ne sais pas lire. Je me demande encore comment cela est possible.

Soupirant doucement, il prit quelques secondes et lit le titre, avant de commencer à lire la première recette. Elle avait été plutôt simple à lire, mais la seconde était déjà plus dure. Il buta sur le mot papillote. Dans la recette, le saumon devait être dans des papillotes d’aluminium. Seulement, il ne savait pas qu’elle était le mot. La recette lui évoquait quelque chose, mais le mot pas du tout.

Allant se chercher un livre de cuisine, il revint vers la jeune femme et après avoir posé une question, il hocha la tête à la réponse de la jeune femme. Il hocha la tête à sa réponse. Elle avait donc apprit à lire et lui avait du mal. Bon si au moins la jeune femme était très douée, ça lui donnait de l’espoir. Du coup, il parla tout haut du fait qu’il était doué en cuisine, qu’il était second dans un restaurant cinq étoiles, ce qui n’était pas rien pour lui, seulement il n’arrivait pas à lire. Fixant la jeune femme, il haussa les épaules. Elle avait sans doute raison. C’est vrai qu’il retenait vite les choses après les avoir vues. Le fait qu’elle soit aussi positive lui faisait vraiment du bien. Ca faisait plaisir de voir quelqu’un de compétent et qui croyait en ses capacités. Commençant alors à lire le titre, il continua avec la première recette. Elle était simple, il passa donc à une autre et buta sur un terme. Fronçant les sourcils, il voyait que ça semblait simple pourtant. Tourna la tête vers la jeune femme, il l’écouta avec attention, voulant à tout prit trouver ce mot. Relisant ce qu’il avait lu juste avant dans la recette, il fronça doucement les sourcils. Ca ne semblait pas si dur pourtant. Il retourna alors la tête quand la jeune femme reprit la parole pour l’aider à nouveau. De l’aluminium ? Il haussa les sourcils et reposa son attention sur la recette. Il connaissait cela pourtant, il en était persuadé. Seulement son cerveau semblait bloqué sur le terme exact. Ecoutant ce qu’elle lui disait, il hocha doucement la tête. L’idée qu’elle avait lui plaisait. Au moins, il pourrait apprendre avec ce qu’il connaissait déjà.

J’arrive pourtant à voir ce qu’il faut faire, mais je n’arrive pas à trouver le mot.

Il était déçu de ne pas y parvenir. Il ferma les yeux et commença à réciter la recette dans sa tête, tout en faisant les gestes. Il mima alors le saumon qu’il venait de mettre dans le papier aluminium et il fit tourner les bout, seulement, il hocha la tête en soupirant.

Je vois ce que s’est, mais je ne me souviens pas du terme exact.

Soupirant à nouveau, il tourna la tête vers la jeune femme.

Je peux savoir le mot ?

Il comptait bien le retenir celui-là. Il ne lui échapperait plus, ça s’était sûr et certain.

Ca c’était plus que vrai. Sa mémoire visuelle était bien développée. Ca n’était pas non plus incroyable, mais il avait réussit à en faire un atout. Cependant, il demanda tout de même le mot qu’il ne trouva pas à la jeune femme. Quand elle lui demanda de continuer, il essaya. Ca n’était pas toujours facile, mais il arrivait à s’en sortir. Heureusement pour lui, il connaissait quelques une des recettes et il parvenait, en faisant les gestes, à retrouver exactement ce qu’il voulait dire. En entendant dire la jeune femme que c’était appétissant, il se mit à sourire.

Assez souvent oui. Ca n’est pas si dur à faire. Parfois les gens pensent que la cuisine s’est quelque chose de difficile. C’est vrai que c’est un art, mais ça n’est pas si compliqué que cela. Il souvent avoir du temps devant soit, c’est ce qui est le plus dur à avoir. Ensuite, une fois qu’on a tous les ingrédients, ça n’est pas compliqué du tout.

Il souriait. Il aimait parler de son métier, c’était une véritable passion pour lui.

Je pourrai en faire et vous en amener si vous voulez ?

Vu qu’elle l’aidait beaucoup ce soir, il pouvait bien lui faire cela en retour. Ca ne le dérangeait absolument pas et ça lui ferait plaisir. Quand elle lui demanda de passer à la suivante, il hocha la tête et se reprit donc. Lisant petit à petit, il buta sur quelques mots, avant de regarder à nouveau la jeune femme.

Je sais que ça ne me regarde pas, mais pourquoi avoir accepté de vous occupez de gens comme nous ?

Il indiqua toutes les personnes présentes.

Vous avez quelqu’un de proche qui souffre de cette maladie ?

Il savait que sa question était personne, mais il se posait vraiment la question. Espérant tout de même ne pas être trop invasif.