La journée que Caleb venait de passer avait été identique en tous points à celles qui l’avaient précédée depuis plusieurs semaines. En général, le militaire n’aimait pas particulièrement s’enfermer dans une routine bien rodée mais depuis quelques temps il devait bien avouer qu’il n’avait pas vraiment le choix. Il quittait son appartement de bon matin, et emmenait Nolan chez sa nounou, ou chez sa tante Salem lorsque cette dernière était disponible. Puis, il se rendait sur la base pour travailler en compagnie de ses hommes ou de ses supérieurs, avant de faire le chemin inverse pour récupérer son fils, le baigner, le faire manger et le coucher. Autant dire que le jeune homme n’avait pas spécialement le temps de profiter de ce petit bonhomme qui grandissait à une vitesse folle, et avec qui il aurait aimé pouvoir passer beaucoup plus de temps. Mais sa carrière de militaire était ainsi faite, et Caleb devait bien se plier aux ordres et aux obligations qui lui incombaient.

Depuis quelques semaines, l’américain devait également se montrer plus présent que jamais aux côtés de Loan, qui traversait une période des plus difficiles. Après avoir attendu des jumelles pendant neuf mois, après avoir fait face au départ du père de ces enfants, Loan avait du subir la perte d’une des deux petites filles. Et même si Caleb n’était en aucun cas responsable de toute cette histoire, il se sentait comme investi d’une mission. Son cœur lui dictait de rester auprès de Loan pour la soutenir, et ainsi rattraper le temps qu’ils avaient perdu tous les deux. Alors, il ne se passait pas plus de quelques jours sans que le militaire ne passe lui rendre visite, à elle et à sa petite fille qui se portait comme un charme. L’enthousiasme de Nolan à l’idée d’être son grand frère aidant, Loan et Caleb passaient de plus en plus de temps ensemble, et retrouvaient même peu à peu tous ces gestes qu’ils avaient appris à oublier. Plus le temps passait, plus ils redevenaient tendres l’un envers l’autre et quoi qu’il en dise, l’américain voyait les sentiments qu’il avait éprouvé pour la jeune femme revenir au galop.

Après avoir salué la nounou et habillé Nolan, Caleb s’engouffra dans sa voiture : direction son appartement. Tout au long du court trajet qu’ils avaient à faire, son fils n’eut de cesse de parler, lui racontant sa journée dans les moindres détails avec un entrain qui faisait plaisir à voir. Nolan était en réalité son petit rayon de soleil, celui qui le faisait rire et sourire même dans les pires moments, lorsque Caleb était épuisé. En sortant de la voiture, le jeune homme attrapa son fils pour le faire grimper sur ses épaules comme il adorait le faire à chaque fois qu’ils rentraient chez eux. Ses petits bras entourant le front de son père, Nolan baissa la tête pour passer la porte d’entrée de l’immeuble sans encombres, non sans éclater de rire. Caleb s’élança alors dans la montée d’escaliers tout en maintenant les pieds de son fils entre ses mains, mais stoppa sa course au moment où il arriva sur le palier de son appartement. Même Nolan d’ordinaire si bavard se tut, arborant brusquement l’expression d’un petit garçon timide, et donc muet. La bouche du militaire était entrouverte, et ses yeux écarquillés devant cette silhouette qui lui était familière, et qu’il n’avait pourtant pas croisée depuis si longtemps. « Isis… » souffla-t-il en arrivant derrière elle. Lentement, il fit descendre Nolan de ses épaules et ce dernier s’empressa d’aller se cacher dans les jambes de son père qui ne quittait décidément plus la jeune femme des yeux. Ce n’est qu’après plusieurs secondes de flottement qu’un sourire apparut au coin des lèvres de Caleb qui ne semblait pas en revenir. Le jeune homme aimait les surprises et ce soir, il était servi ! « Tu… tu vas bien ? Ca fait tellement longtemps ! » balbutia-t-il, encore tout abasourdi par cette visite inopinée.

Caleb avait tellement de mal à réaliser ce qui était en train de se passer qu’il aurait même était capable de se pincer pour se convaincre qu’il ne rêvait pas. Après tout ce temps passé sans avoir aucune nouvelle d’elle, iseis se tenait bel et bien là, juste devant lui, attendant visiblement qu’il rentre sur le palier de son appartement. Et même si le jeune homme ne réalisait pas tout à fait, il ne put s’empêcher d’afficher un large sourire, signe qu’il était absolument ravi de la revoir. Visiblement aussi intimidé que son père, Nolan fila se cacher dans ses jambes, comme il avait l’habitude de le faire à chaque fois qu’un ou une inconnue s’approchait un peu trop près de lui. Mais en général, il ne lui fallait pas beaucoup plus de dix minutes pour que sa timidité s’efface, laissant alors place en son entrain et son espièglerie habituelle. « Oui, ça fait longtemps… Plus longtemps que je ne l'avais prévu ! » lâcha la jeune femme pour répondre à Caleb, qui esquissa une petite grimace en essayant de ne pas paraitre trop réprobateur. D’ailleurs, elle ne lui laissa pas spécialement le temps de réagir plus que ça, et enchaina en lui faisant remarquer qu’il avait l’air en forme. Caleb laissa alors échapper un petit rire amusé, avant de répondre : « Oui, je… tout va bien ! » Le militaire avait un peu l’air de débarquer d’une lointaine planète tant la surprise de revoir Isis était grande. Et même s’il était en train de passer pour un véritable hurluberlu devant elle, il ne parvenait définitivement pas à se reprendre.

Ce fut seulement lorsqu’Isis s’intéressa à son fils que Caleb redescendit sur terre. « Bonjour ? Je m'appelle Isis... Et toi ? Comme ton père a l'air trop dans les nuages pour faire les présentations lui-même ! » se hasarda-t-elle alors que Nolan ne faisait qu’enfouir davantage son visage dans les jambes du militaire. Amusé, Caleb l força néanmoins à se détacher de lui et, tout en riant à la réflexion d’Isis, déclara : « Hey ! Dis bonjour Nolan ! Isis est une… très bonne amie de Papa tu sais… » Peu sûr de lui, le petit garçon lança un long regard à son père avant de se jeter à l’eau et, en adoptant une attitude la plus adulte possible, s’avança vers Isis pour glisser sa petite main dans la sienne en murmurant un : « Nolan… » presque inaudible.

« Oh, euh… on ne va pas rester sur le palier hein ? » déclara finalement Caleb en allant ouvrir la porte de son appartement, laissant passer Nolan qui entra en courant pour aller retrouver ses jouets éparpillés au milieu du salon, avant de se tourner vers Isis en souriant : « Vas-y, entre… » Il referma ensuite la porte derrière eux et, s’amusant une nouvelle fois de sa propre stupidité, continua : « Excuse-moi je… je m’attendais pas vraiment à te trouver ici alors… Enfin, j’en reviens toujours pas ! Comment tu vas ? Je veux dire… Il s’est passé tellement de chose depuis le temps… Tu dois avoir des tas de choses à me raconter ! » reprit-il, même s’il connaissait déjà en partie la teneur de ce qu’elle allait certainement lui dire à propos de ces dernières années qu’elle avait passé loin de lui.

Après tout ce temps qu’elle avait passé loin de lui, Caleb ne s’était certainement pas attendu à revoir Isis de si tôt. Et encore moins sur son propre pallier… Alors même s’il voulait faire bonne figure, le militaire fut incapable de cacher sa surprise, obligeant la jeune femme à prendre les devants en ce qui concernait ses présentations avec Nolan. Ce n’est d’ailleurs qu’en observant cela que l’américain sembla reprendre un peu ses esprits, et invita Isis à entrer chez lui, laissant son fils foncer vers ses jouets. Très vite, Caleb put constater que le regard de son invitée se baladait dans son appartement, et le petit sourire qu’il discerna sur ses lèvres l’aida quelque peu à se détendre. A vrai dire, leur histoire était loin d’être banale et le fait de se trouver en face d’Isis sans y avoir été préparé faisait remonter tout un tas de souvenirs dans l’esprit du jeune homme. Etant adolescents, ils étaient sortis ensemble pendant quelques mois avant de se séparer, tout en restant relativement proche. Puis, Caleb était tombé sous le charme de Loan, reléguant ainsi définitivement Isis au rang d’amie même s’il avait longtemps cru qu’elle pouvait être bien plus que ça pour lui. Mais lorsque les choses avaient mal tourné entre Loan et lui, le militaire s’était retourné vers elle… en vain. En effet, il avait appris à ce moment-là qu’elle était partie, puis qu’elle s’était mariée. Et depuis, il n’avait plus eu aucune nouvelle. Autant dire que Caleb lui-même aurait été bien incapable de prédire sa réaction au moment où son regard avait croisé celui d’Isis.

« Oui, il s'est passé beaucoup de choses... Cinq ans, c'est un sacré bout de temps. Mais je suis revenue il y a à peine quelques jours, j'ai d'ailleurs profité du fait que ta sœur aille habiter avec son copain pour prendre mes quartiers dans son ancien appartement, à Belle Harbor. » continua la jeune femme, ramenant ainsi Caleb à la réalité après s’être quelque peu égaré dans ses souvenirs. A l’évocation de Salem, le militaire leva les yeux au ciel en affichant un petit sourire. Il n’était pas spécialement rassuré qu’elle aille s’installer avec Austin, mais le fait de la voir heureuse l’aidait beaucoup à accepter cette idée. Néanmoins, il ne put s’empêcher de lui en vouloir un peu en constatant qu’elle n’avait pas prit la peine de le mettre au courant du retour d’Isis. Mais très vite, la suite du discours de son invitée attira son attention : « Et toi, alors ? Ta vie a l'air d'avoir beaucoup plus changé que la mienne ! Nolan, d'abord, il est adorable, et puis... Salem m'a dit qu'il y avait une autre petite fille ? » Après avoir lancé un regard des plus tendres en direction de Nolan, Caleb fronça les sourcils, pas certain de comprendre où elle voulait en venir. Il reporta alors son regard plein d’incompréhension vers Isis, en provoquant un léger moment de flottement qu’il n’interrompit qu’en comprenant qu’elle voulait parler d’Elian. « Oh, euh… non… en fait, c’est la fille de Loan, pas la mienne… Disons que… c’est la demi-sœur de Nolan… » répondit-il en parlant plus bas. « Tu sais, Loan a traversé des moments difficiles ces derniers temps alors… j’essaye d’être là pour l’aider, comme je peux… » déclara-t-il en grimaçant légèrement, sans même se douter qu’Isis n’était certainement pas au courant de tout ce qui avait pu se passer entre Loan et lui au cours de ces dernières années.

Caleb ne savait évidemment pas jusqu’à quel niveau d’information Isis avait pu être renseignée, mais il fut surpris de l’entendre aborder le sujet des jumelles de Loan. Visiblement, la jeune femme avait disposé d’assez de temps pour se mettre au courant des dernières nouvelles, même si elle n’avait pas tous les détails. D’ailleurs, l’américain eut besoin de petit temps pour comprendre qu’elle l’associait directement à la naissance des jumelles. Après tout, c’était normal. Lorsqu’elle était partie, Caleb était encore en couple avec Loan et elle n’avait par conséquent pas assisté à tous les déboires qui avaient suivi. La trahison dont il avait été victime, la naissance de Nolan, le fait qu’il décide de l’élever seul, puis ses retrouvailles avec Loan et l’amélioration toute récente des relations qu’il entretenait avec elle. En l’espace de cinq ans, il semblait s’être passé plus d’évènements dans la vie du militaire qu’il n’en avait jamais connu au cours de toute son existence. Et la chose qui venait couronner tout cela était évidemment sa promotion en tant que major dans l’US Air Force.

Lorsque le jeune homme expliqua du mieux qu’il le pouvait la situation concernant Elian, il put clairement voir la gêne s’installer sur le visage d’Isis, qui ne tarda pas à lui confirmer qu’elle n’avait pas tout compris à cette histoire bien compliquée. D’un air rassurant, Caleb haussa les épaules et esquissa un petit sourire entendu, bien conscient que tout ce qui les concernait Loan et lui, était souvent impossible à suivre. « J'imagine, oui... C'est vraiment bien que tu sois là pour elle. Et transmets lui mes condoléances et mon soutien quand tu la verras, je peux même pas imaginer ce que ça doit être. » déclara finalement Isis avant de se terrer dans un long silence pendant lequel elle observa Nolan qui jouait toujours sur le tapis. De son côté, Caleb fit de même en affichant un petit sourire attendri. L’américain était souvent en admiration devant son fils et même s‘il aurait aimé pouvoir passer beaucoup plus de temps avec lui, il savait apprécier chaque moment passé en sa compagnie. D’ailleurs, s’il s’était écouté, le jeune homme aurait très certainement foncé vers Nolan pour s’installer et jouer avec lui. Car même s’il avait su prendre ses responsabilités le jour où il avait décidé de s’occuper de Nolan, Caleb n’en restait pas moins un grand enfant. Et ce trait de caractère était encore plus flagrant lorsque les deux garçons se retrouvaient seuls à la maison, et qu’absolument toutes les situations devenaient propices au jeu et parfois même à quelques débordements dont l’appartement avait un peu de mal à se remettre. Batailles d’eau, guerre des tranchées où les seules armes étaient des balles en mousse, parties de baseball à travers le salon… Il ne se passait pas une soirée ans que Clabe ne retombe en enfance avec le plus grand bonheur.

Alors qu’il était absorbé par ses pensées, ce fut finalement Isis qui l’en tira en dénonçant l’agent qui l’avait débriefée à son retour aux Etats-Unis. « Oh… euh ouais, merci ! Mais pourquoi il t’a dit ça ? Vous avez parlé de moi ? » s’enquit Caleb, aussi curieux qu’amusé. « Ils t’ont vraiment fait passer cet interrogatoire alors ? » déclara-t-il plus pour lui-même qu’autre chose, alors qu’une multitude de question envahissaient tout à coup son esprit. Après tout, il ne savait absolument pas ce qu’Isis avait fait durant les cinq dernières années, mis à part son mariage qu’il avait appris un peu par hasard. Et si on lui demandait des comptes comme cela, ça signifiait surement que l’armée n’était pas totalement étrangère à ce départ soudain que Caleb n’avait pas du tout compris à l’époque. C’est donc avec ne petite hésitation qu’il reprit la parole : « Et euh… est-ce que moi aussi j’ai le droit à un petit débriefing ? Je t’avoue que… je n’ai pas tout suivi et… enfin, je sais pour le mariage. Mais alors… pourquoi tu es revenue à New-York ? »

Soucieux de savoir ce qu’Isis avait fait au cours de ces dernières années, mais aussi de connaître les vraies raisons de son départ précipité Caleb hésita, puis se lança finalement en demandant de plus amples explications. A première vue, la jeune femme parut surprise qu’il soit au courant du mariage, mais elle ne se laissa pas démonter pour autant, et entama un long récit que le militaire écouta avec la plus grande des attentions. C’est donc de cette manière qu’il réalisa qu’elle avait en fait mené une longue mission en Arabie Saoudite et même sans en avoir eu la preuve formulée, Caleb imagina que son mariage avait fait partie du « jeu ». Elle disait avoir contré des complots et fait enfermer des gens mal intentionnés et même s’il en brûlait d’envie, l’américain ne demanda pas plus de détails. En effet, il était assez bien placé pour savoir que ce genre de choses étaient pour le moins confidentielles, et il ne voulait pas placer Isis dans une position délicate en la questionnant sur le contenu exact de sa mission là-bas. Alors il se contenta de hocher la tête, constatant avec une certaine surprise qu’elle coupa court à ses explications plus vite qu’il ne l’aurait voulu. Mais contre toute attente, il décida de respecter sa décision et de ne rien ajouter. Au final, le plus important était qu’elle soit là, bel et bien vivante et de retour auprès des siens même après tant d’années. Car même si sa présence éveillait en Caleb tout un tas de souvenirs aussi agréables que perturbants, il ne pouvait s’empêcher d’être heureux de son retour.

« J'avais besoin de rentrer chez moi... Il s'avère que ma maison porte le nom de Clapper. Être auprès de mes parents, c'est juste ce dont j'ai besoin pour me reconnecter à la réalité. D'eux, et de vous ! J'ai été vraiment surprise d'apprendre que vous viviez presque tous ici. » continua alors la jeune femme, histoire d’enchainer en changeant habilement le sujet de leur conversation. Aussitôt, un sourire prit place sur les lèvres de l’américain qui fut ravi de constater que le lien qui unissait désormais Isis et les Clapper était extrêmement fort. Quelques années auparavant, il se souvenait avoir longuement rassuré la jeune femme à ce sujet et quelque part, il était fier de voir que ses efforts avaient porté leurs fruits. « Oui ! C’est génial n’est-ce pas ? New-York est vraiment une ville superbe, et le fait qu’on se retrouve tous ici la rend encore plus merveilleuse… » répondit-il, non sans penser à Loan et à la place qu’elle tenait aujourd’hui dans sa vie et dans celle de Nolan, résultat de tous les efforts qu’il avait entrepris pour renouer le contact avec elle.

Invitant Isis à le suivre jusqu’au bar qui séparait la cuisine du salon, Caleb hocha de nouveau la tête en souriant. « Oui, je suis vraiment heureux. Ca n’a pas toujours été facile mais… je ne regrette pas d’avoir prit mes responsabilités à la naissance de Nolan. » déclara-t-il, oubliant une nouvelle fois qu’Isis n’était probablement pas au courant de toute l’histoire qui s’était tramée durant son absence. Parlant plus bas pour éviter que son fils ne vienne se mêler à la conversation, Caleb continua en s’installant sur l’un des tabourets de la cuisine. « Je m’en serai tellement voulu de le laisser partir dans une famille qui n’aurait pas été la sienne… Je crois que je n’aurai jamais pu me le pardonner… ni à moi, ni à Loan. »

Même si tout n’avait pas été simple jusqu’à maintenant, et si ça ne l’était toujours pas, Caleb avait aujourd’hui la certitude qu’il aimait la vie qu’il menait. Côté professionnel, il avait atteint le grade de major dans l’unité qu’il avait toujours rêvé d’intégrer, et passait le plus clair de son temps de travail à bord des avions les plus puissants dont l’armée était dotée. Ici à New-York, Caleb était également entouré de tous ses amis les plus proches, ainsi que d’une partie de sa famille. Et, comble de bonheur, Loan était là elle aussi… Bien sûr, elle était la source des principaux tracas de l’américain et ce depuis plusieurs années. Mais la satisfaction de la savoir près de lui, et de voir leur relation s’améliorer jour après jour prédominait sur tout le reste. Bref, sans même qu’il ne s’aperçoive de quoi que ce soit, le jeune homme avait finalement atteint la plupart de ses buts dans la vie, passant outre toutes les embuches que celle-ci avait mises sur son chemin. Il n’était donc pas peu fier de pouvoir présenter son fils à Isis, et de lui montrer que pendant ses quelques années d’absence, beaucoup de choses avaient changé… en bien.

Une fois installés autour du bar de la cuisine, Caleb réorienta la conversation sur Nolan. Le petit garçon avait une place tellement importante dans la vie de l’américain que toutes les occasions étaient bonnes ou presque pour parler de lui. Parfois, il devait même se contenir pour ne pas risquer d’ennuyer ses interlocuteurs avec ses histoires de jeune père un peu gâteux. « Il a l'air heureux avec toi, vous. Et puis... Je peux comprendre l'importance d'avoir ses parents, c'est bien ce que tu as fait. » déclara alors Isis. Réalisant qu’elle faisait directement allusion à ses propres parents, Caleb lui adressa un petit sourire entendu et réconfortant. L’espace d’un instant, il regretta presque d’avoir engagé cette conversation-là, mais fut bien vite rassuré en constatant qu’Isis changea de sujet avant qu’il n’ait l’occasion de le faire. Accueillant ses félicitations avec un large sourire, le militaire baissa les yeux quelques instants en murmurant : « Merci… Tout ne s’est pas passé exactement comme je l’avais imaginé mais bon… Je t’avoue que j’étais terrorisé au début ! J’avais peur de ne pas savoir m’occuper de lui tout seul, j’avais jamais fait ça ! Et puis finalement… » Caleb laissa sa phrase en suspend, se contentant d’afficher un nouveau sourire attendri en laissant son regard osciller entre Nolan et Isis. Mais rapidement, l’américain se redressa et reprit : « Bon, on a assez parlé de moi je crois ! Tu veux boire quelque chose ? Tu peux même rester et manger avec nous ce soir ! Après tout ce temps, je ne te laisserai pas partir si facilement ! » plaisanta-t-il en tournant les talons pour se diriger vers le placard le plus proche et en sortir deux verres.