Coleen venait de boucler sa valise. Ca y est, c’était fait, elle était prêt à partir… Néanmoins, elle ne se sentait plus heureuse ni excitée par son départ. Pourtant, elle avait attendue ce moment avec impatience depuis des semaines mais maintenant c’était juste… effrayant. Elle n’était plus certaine que ce soit une bonne idée. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien aller faire à New-York hein ? Etudier ? Il y avait bien un tas de facs ici en Australie. Elle y serait bien mieux plutôt que d’aller dans une ville immense sur un autre continent à l’autre bout du monde où elle ne connaissait personne. En plus, elle était incapable de faire quoique ce soit par elle-même. Sa sœur avait crut bon de se moquer d’elle à ce propos encore la veille et elle avait raison. Coleen n’allait sûrement pas tenir bien longtemps avant de finir par mourir parce qu’elle n’était pas capable de s’occuper d’elle-même. L’australienne soupira et alla s’assoir sur son lit. Son avion était dans trois heures, beaucoup trop tôt. jeune femme se laissa tomber en arrière et se passionna alors pour la contemplation du plafond de sa chambre. Pas qu’il y ait grand-chose à contempler mais bon. Elle écouta également ce qui se passait ailleurs dans la maison. Elle pouvait entendre sa mère occupée à râler parce que personne ne semblait décider à venir l’aider pour elle ne savait pas trop quoi. Son père lui était en train de regarder un match à la télé. Et les autres, elle ne savait pas, il faisait beau, ils avaient du en profiter un peu pour sortir. C’était ce qui la gonflait la plupart du temps avant, les murs étaient trop fins ici et tout était toujours trop bruyant. Elle était sûre qu’elle allait regretter ça. Elle entendit bientôt quelqu’un monter les escaliers et des pas qui s’approchaient de sa chambre. Elle se redressa et put voir qu’il s’agissait de Julian qui se tenait maintenant dans l’embrasure de la porte. « Tu ne devais pas sortir je ne sais où comme d’habitude ? » lui demanda-t-elle alors. Elle hésita un peu et reprit après l’avoir observé un moment. « Je pense que je ne vais plus partir. » Après tout, elle n’avait pas besoin de ça. Elle pouvait très bien rester ici plus longtemps et attendre qu’elle soit plus prête. Voir si elle arrivait à se débrouiller ne serait-ce qu’un peu pas trop loin où elle pourrait appeler à l’aide à tout moment avant d’aller aussi loin.

Julian venait de refuser une virée en bateau suivie par une fête sur la plage. Il aimait beaucoup ça et cela ne lui ressemblait pas de refuser une telle sortie. Il n’était presque jamais chez lui et ce week-end aurait pu ne pas faire exception si sa petite sœur n’était pas à quelques heures de quitter le pays pour se rendre à l’autre bout du monde. Son bébé sœur allait s’envoler loin de leur nid douillet et très confortable. Il ne savait même pas pourquoi elle faisait ça, il ne lui avait encore pas posé la question. Il s’était juste dit que si c’était ce qu’elle voulait alors il devait la laisser faire. Il n’était personne après tout pour lui dire ce qu’elle pouvait faire ou ne pas faire. Puis il n’était pas du genre super protecteur, il n’aimait pas tellement montrer ce côté doux qu’il pouvait avoir… Il était bien trop fier et arrogant pour ça. Mais quand même… Cela ne l’empêchait pas de s’inquiéter pour Coleen. Le jeune homme n’avait pas envie de voir sa petite sœur partir ou en tout cas il voulait profiter des dernières heures qu’il lui restait avec elle. Peu mais c’était toujours ça. « Tu ne devais pas sortir je ne sais où comme d’habitude ? » Il s’était retrouvé sur le pas de la porte de la chambre de Coleen en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire et il l’observait à présent sans bouger. « Et te priver de passer du temps avec moi ? Non, je suis bien trop généreux pour ça. » Bah oui quand même, passer du temps avec son grand frère adoré était la seule chose qu’elle devait vouloir avant de partir. La meilleure façon de passer le temps qu’il lui restait en Australie. Julian se mit ensuite à sourire et croisa les bras tout en s’adossant à la porte. « C’est tout ce que tu emmènes ? » constata-t-il avec un sourire moqueur en voyant les valises de sa petite sœur. Seulement elle ne semblait pas être d’humeur à plaisanter. « Je pense que je ne vais plus partir. » Julian la arqua un sourcil assez surpris puis s’avança prudemment dans la chambre avant de finir par s’asseoir sur le lit de Coleen. « Comment ça tu penses que tu ne vas plus partir ? Bien sûr que si tu vas partir Coleen. » Le jeune homme la regarda dans les yeux sans ciller. Elle voulait partir il le savait, elle n’aurait pas tout organisé sinon.

Coleen aurait pu passer encore beaucoup de temps à fixer son plafond. Il était tellement beau son plafond aussi. Enfin ou pas. De toute manière, elle avait entendu quelqu’un monter les escaliers et s’approcher de sa porte donc elle avait bien finit par se redresser et avait pu voir Julian. C’était surprenant de voir Julian ici. Il était quand même rare qu’il soit chez eux, il passait tellement de temps à traîner. Elle s’étonna d’ailleurs de le trouver ici et lui demanda s’il ne devrait pas plutôt être en train de se promener, elle ne savait pas trop où ailleurs. « Et te priver de passer du temps avec moi ? Non, je suis bien trop généreux pour ça. » Coleen laissa échapper un petit rire moqueur. « Je ne te savais pas si généreux. » Loin de là, au contraire. C’était dommage qu’elle découvre des choses comme ça si proche de son départ. « En tout cas, je ne vois pas ce qui te fait croire que je veux passer du temps avec toi. » dit-elle lorsqu’elle reprit la parole. Enfin, elle n’était pas franchement contre non plus, tout dépendant comment il prévoyait d’être avec elle. S’il était sympa, ça irait. Mais comme Julian était rarement sympa avec elle. Vraisemblablement, il ne prévoyait pas de faire des efforts là puisqu’il se moqua d’elle à propos de ses valises. « C’est tout ce que tu emmènes ? » La jeune femme lui lança un regard agacé. En fait, ce qui l’agaçait d’autant plus c’est qu’elle ne savait pas dire s’il était ironique ou non et c’était pénible. « Ca te pose un problème ? » lui demanda-t-elle finalement en soupirant. Elle n’était pas franchement d’humeur là en fait. L’approche de son départ, loin de la réjouir, la rendait plutôt nerveuse et inquiète. Tellement qu’elle en était même venu à décider qu’elle ne partirait plus. C’est d’ailleurs ce qu’elle fit savoir à son frère ensuite. Julian vint alors s’assoir près d’elle sur son lit. « Comment ça tu penses que tu ne vas plus partir ? Bien sûr que si tu vas partir Coleen. » Coleen haussa les épaules. « Non. Je ne vais pas partir. C’était stupide. Sérieusement, combien de temps tu crois que je peux survivre dans une ville telle que New-York hein ? » Il devait bien savoir, lui mieux que personne qu’elle n’était pas capable de se débrouiller toute seule bien longtemps. Il ne se gênait pas en général pour se moquer d’elle à ce propos et à plein d’autres d’ailleurs. « Ca te dérange que je reste ? T’étais pressé de ne plus me voir hein avoue. »

Coleen semblait surprise de voir Julian à sa porte. Elle n’hésita pas à l’exprimer cette surprise d’ailleurs. Il dût donc se justifier même si au fond il ne lui devait rien. Il était tellement généreux de sacrifier une journée très prometteuse juste pour permettre à sa petite sœur de bien profiter de lui avant qu’elle parte. Elle allait être triste sinon et il ne voulait pas qu’elle soit triste. « Je ne te savais pas si généreux. » Son rire le « blessa » quelque peu et il prit un air outré avant de porter une main à son cœur. « En tout cas, je ne vois pas ce qui te fait croire que je veux passer du temps avec toi. » Et là il ferma les yeux et baissa la tête avant de se laisser tomber en arrière sur le lit d’un air dramatique. Il resta quelques instants immobile et silencieux puis finit par se relever. « Tu me blesses, petite sœur. » Comme si elle n’avait pas pu s’en rendre compte toute seule. « Tu veux passer du temps avec moi parce que je suis merveilleux et que je vais beaucoup te manquer. » commença-t-il avec un air arrogant. « Et parce que tu ne veux pas passer tes dernières heures en Australie toute seule. » Il haussa ensuite les épaules. « Mais bon si tu ne veux pas de moi je m’en vais. » Sauf qu’il ne le ferait pas. Au lieu de ça, le jeune homme se permit de se moquer d’elle et de ses valises comme s’il voulait vraiment se faire détester. « Ça te pose un problème ? » Il avait touché un point sensible apparemment, elle ne semblait pas de très bonne humeur. C’était surement logique, elle partait quand même à l’autre bout du monde dans quelques heures. Toute seule. « Aucun ! Je veux juste être sûr que tu ne manqueras de rien là-bas. » répliqua-t-il d’un ton étonnamment plus sérieux. Il s’inquiétait vraiment pour elle-même s’il lui en faisait souvent voir de toutes les couleurs. C’était sa petite sœur quand même, son petit bébé. Coleen confirma très vite ses doutes d’ailleurs, elle ne voulait plus partir. « Non. Je ne vais pas partir. C’était stupide. Sérieusement, combien de temps tu crois que je peux survivre dans une ville telle que New-York hein ? » Julian posa ses mains sur les épaules de la jeune femme et l’obligea à le regarder dans les yeux. « Ce n’est pas stupide. Tu en as envie, je le sais, tu as juste peur. Ne laisse pas la peur t’empêcher de faire ce que tu veux. » Il ne se connaissait pas ce côté psychologue et ne savait pas qu’il pouvait être si profond parfois. « Tu veux une réponse honnête ? » Il se mordit l’intérieur de la joue pour s’empêcher de sourire. « J’ai parié que tu tiendrais au moins six mois alors que les autres ont misé sur beaucoup moins. » Il plaisantait bien sûr mais il s’attendait à se faire frapper dans la seconde. « Et je ne compte pas perdre alors tu vas faire ton possible pour survivre. » Le jeune homme s’autorisa quand même à sourire. Il ne savait pas tellement s’il s’y prenait bien pour la rassurer mais en même temps il ne faisait jamais trop ça alors… « Ça te dérange que je reste ? T’étais pressé de ne plus me voir hein avoue. » « Je suis allé allumer un cierge à l’église quand j’ai su que tu avais décidé de partir, mes prières avaient enfin été entendues alors je devais faire un geste pour le seigneur. » Il était tellement drôle.

Julian avait l’air très sûr du fait que Coleen voulait passer du temps avec lui. Bien trop sûr en fait et l’australienne finit par demander ce qui pouvait lui faire croire ça. Non parce que franchement, il passait tellement de temps à l’ennuyer qu’il aurait fallu qu’elle soit folle pour vouloir être avec lui. « Tu me blesses, petite sœur. » Julian avait pris un air tellement dramatique (et faux) que la jeune femme n’avait ou que rouler des yeux. Gosh, il était vraiment grave quand même. « Pauvre chéri, tu vas t’en remettre tu crois ? » demanda-t-elle en lui adressant un regard moqueur. « Tu veux passer du temps avec moi parce que je suis merveilleux et que je vais beaucoup te manquer.» Uh. La jeune femme plissa des yeux. « Depuis quand tu es merveilleux hmm ? Je crois que l’image que tu as de toi est un peu faussée ? Sans vouloir te blesser hein. » Elle lui lança ensuite un coussin sur la tête. Comme ça, il se tairait peut-être un peu et dirait un peu moins de bêtises. Trente secondes de silence, c’était toujours ça de gagner. « Et parce que tu ne veux pas passer tes dernières heures en Australie toute seule. » « Mieux vaut être seule que mal accompagnée. » Cette phrase collait très bien quand il s’agissait de Julian en fait. C’était dingue. « Mais bon si tu ne veux pas de moi je m’en vais. » Coleen lui frappa gentiment le bras. « C’est ça, va-t’en. » Elle le connaissait assez pour savoir qu’il n’en ferait rien. Comme il ne savait faire que ça, Julian se moqua ensuite au sujet de la valise de Coleen et celle-ci lui répondit, pas de très bonne humeur pour le coup. « Aucun ! Je veux juste être sûr que tu ne manqueras de rien là-bas. » Elle lui lança un regard dubitatif avant de voir qu’il paraissait sérieux. C’était mieux comme ça. « Il y a des magasins là-bas Julian. » C’était New-York quoi. Enfin soit, le fait qu’il y ait des magasins là-bas ou non n’avait pas grande importance puisqu’elle avait décidée de ne plus y aller. Elle ne survivrait pas bien longtemps là-bas seule et comme elle ne voulait pas mourir. « Ce n’est pas stupide. Tu en as envie, je le sais, tu as juste peur. Ne laisse pas la peur t’empêcher de faire ce que tu veux. » Coleen cligna des yeux, vaguement surprise d’entendre son frère dire une chose pareille. Elle tenta ensuite de se défendre. « Je ne laisse pas la peur m’empêcher de faire ce que j’ai envie. » Enfin si, là c’était un peu le cas mais en fait, elle n’arrivait même plus à se rappeler pourquoi elle avait envie de s’en aller alors… « Tu veux une réponse honnête ? » Ca y est, elle s’attendait au pire. « J’ai parié que tu tiendrais au moins six mois alors que les autres ont misé sur beaucoup moins. » Et elle avait raison. Coleen le frappa à nouveau. « C’est sympa de se sentir soutenu. » Pour le coup, elle avait bien envie de changer de famille. « Et je ne compte pas perdre alors tu vas faire ton possible pour survivre. » Ok, c’était déjà plus gentil ça. « C’est pour ça que c’est plus sûr si je reste ici. » Voilà, elle avait tranché. Elle lui demanda ensuite si ça le dérangeait qu’elle reste. « Je suis allé allumer un cierge à l’église quand j’ai su que tu avais décidé de partir, mes prières avaient enfin été entendues alors je devais faire un geste pour le seigneur. » Pff, Coleen leva les yeux au ciel. « Tu pourras aller blâmer le seigneur pour avoir cessé d’écouter tes prières alors. Enfin, je peux toujours t’ignorer même en restant là si tu préfères hein. »

« Pauvre chéri, tu vas t’en remettre tu crois ? » S’il allait s’en remettre ? Sa sœur venait de le blesser comme jamais personne ne l’avait blessé. « Non. C’est une blessure qui ne guérira jamais. » dit-il en continuant dans son registre dramatique. Coleen n’avait pas l’air d’apprécier sa présence ici. S’il avait su il serait parti en virée avec ses amis, au moins eux l’appréciaient à sa juste valeur. « Depuis quand tu es merveilleux hmm ? Je crois que l’image que tu as de toi est un peu faussée ? Sans vouloir te blesser hein. » Bon, il ne l’avait pas volé ça. Julian reconnaissait volontiers qu’il n’avait jamais été le frère idéal. Mais il n’était pas doué du tout pour montrer quand il tenait à quelqu’un, il avait sa manière bien lui et très obscure de le faire, c’est tout. Son arrogance n’aidait pas non plus mais ça c’était une autre histoire. Maintenant qu’il était plus ou moins adulte, il souhaitait se rattraper. Il ne martyriserait plus Coleen par exemple, il prendrait soin d’elle du mieux qu’il le pourrait. C’était un gros changement pour lui et il était assez maladroit pour le moment. Coleen lui lança un coussin au visage pour l’achever alors qu’il était encore à terre. Il l’avait mérité aussi, il supposait. « Merveilleux est mon second prénom tu sais ? Je suis merveilleux, si tu n’es pas d’accord avec ça va te plaindre à papa et maman. » Il n’était pas très convaincu qu’elle ne voulait pas le blesser par contre mais il se retint de revenir sur ce point. « Mieux vaut être seule que mal accompagnée. » ajouta-t-elle pour lui donner le coup de grâce. C’était très blessant ça aussi, décidément. Mais pouvait-il vraiment lui en vouloir ? « D’accord, tu as raison. » répondit-il d’un ton neutre tout en se relevant. « Je suis un frère horrible. Mais… Je te promets que les quelques heures que l’on va passer ensemble ne vont pas être si horribles que tu le penses. J’ai des bons côtés aussi. » Il fallait juste très bien chercher. Seulement la jeune femme ne semblait pas d’accord, il valait peut-être mieux qu’il s’en aille même s’il ne le ferait jamais. « C’est ça, va-t’en. » Au lieu d’obéir à sa sœur, il se moqua d’elle et de se valise et se justifia en disant qu’il ne voulait qu’elle de rien, c’était une bonne raison non ? Ça montrait qu’il s’inquiétait pour elle selon et c’était plus que ce qu’il avait pu lui donner ces dernières années. « Il y a des magasins là-bas Julian. » L’intéressé ouvrit la bouche sans rien dire, faussement étonné par une telle nouvelle. « Tu veux dire qu’il y a de la civilisation à New York ? » Il allait se prendre un coup dans 3, 2, 1… « Plus sérieusement, je n’ai pas le droit de m’inquiéter pour toi ? Ce n’est pas ce que les grands frères doivent faire ? » Elle allait encore lui répéter que de toute façon il était un mauvais grand frère et qu’il était trop tard pour essayer de se rattraper, il le sentait. Mais il n’allait pas la laisser réduire ses efforts à néants, il tenta une nouvelle fois de l’aider en la conseillant du mieux qu’il le put dès qu’elle lui annonça qu’elle ne voulait plus partir. « Je ne laisse pas la peur m’empêcher de faire ce que j’ai envie. » « Ah oui ? Et si ce n’est pas la peur, c’est quoi le problème exactement ? » Parce qu’il ne voyait pas quel était le problème sinon, New York était une ville qui semblait parfaite pour des jeunes étudiants comme elle. Le seul problème était qu’elle allait se retrouver seule loin de chez elle et elle avait parfaitement le droit d’avoir peur. Pour détendre l’atmosphère et parce qu’il ne l’avait pas taquiné depuis trop longtemps à son gout, il lui avoua que toute la famille avait parié sur elle et sa survie et contre toute attente il était celui qui avait le plus confiance en elle. Enfin ils n’avaient pas vraiment parié mais il savait que c’était le cas, il était celui qui la soutenait le plus en tout cas. « C’est sympa de se sentir soutenu. » répondit Coleen après l’avoir frappé. Visiblement la plaisanterie n’était pas une bonne solution non plus. Du coup, il était perdu. « C’est pour ça que c’est plus sûr si je reste ici. » Julian fronça les sourcils et secoua la tête. « Coleen. Tu vas partir d’accord ? Je sais que tu vas très bien te débrouiller, j’ai confiance en toi. Puis de toute façon c’est trop tard pour reculer. » Julian allait s’en assurer en tout cas. Il allait l’accompagner à l’aéroport et attendre que son avion décolle avec elle à l’intérieur avant de partir. Puis pour l’embêter parce qu’elle disait des choses stupides, il lui fit croire qu’il avait prié pendant des mois pour qu’elle parte loin de lui. « Tu pourras aller blâmer le seigneur pour avoir cessé d’écouter tes prières alors. Enfin, je peux toujours t’ignorer même en restant là si tu préfères hein. » « Je croyais qu’on avait décidé que tu partirais, il y a même pas dix secondes ? » Enfin, il* avait décidé, mais c’était pareil quoi. « Puis si tu restes tu ne pourrais pas m’ignorer parce que je ne te lâcherais pas une seule seconde. Je serais tellement sur ton dos que tu t’en voudras de ne pas être partie en fin de compte. » ajouta-t-il avec un large sourire innocent, plutôt fier de lui pour le coup. C’était une bonne menace ça.

Julian était vraiment dramatique. Encore plus qu’elle en fait. La preuve, il était maintenant en train de prétendre être blessé parce qu’elle avait dit ne pas forcément vouloir être passé du temps avec lui. Elle avait de très bonnes raisons en fait ! Même si elle lui mentait un peu. Elle l’aimait bien quand même son frère, malgré tout. Elle lui demanda quand même s’il pourrait s’en remettre. « Non. C’est une blessure qui ne guérira jamais. » Il montrait là encore une fois son sens du drame. Il aurait été très doué comme acteur en fait. Il avait raté sa vie. Enfin, il était toujours tant qu’il fasse carrière en fait. « T’as déjà pensé à te lancer dans le théâtre ? Tu serais parfait dans une tragédie en fait. » Elle était gentille quand même, elle l’aidait à se trouver une profession d’avenir. Même si ce n’était pas bon pour l’ego du jeune homme parce que si par miracle il devenait un jour une superstar, elle était certaine qu’il serait parfaitement invivable. D’ailleurs, c’est à cause de ça qu’il la faisait beaucoup rire quand il prétendait être merveilleux. Elle demanda donc depuis quand est-ce que c’était le cas, parce que ça avait sûrement dut lui échappé en fait. « Merveilleux est mon second prénom tu sais ? Je suis merveilleux, si tu n’es pas d’accord avec ça va te plaindre à papa et maman. » Coleen roula des yeux. Qu’est-ce qu’il pouvait être agaçant quand même ! « Et dire que j’ai toujours cru que c’était crétin ton second prénom. On m’a mal informé alors. » Ou c’était Julian qui était en plein délire. Cette deuxième option était sans aucun doute la plus crédible. L’australienne en rajouta ensuite une couche en déclarant pour elle qu’il valait mieux être seule que mal accompagnée. « D’accord, tu as raison. » Coleen eut un petit sourire satisfait. C’était bien, au moins il le reconnaissait. « J’ai toujours raison tu sauras. » Ou elle aimait bien le croire en tout cas, même si elle était la seule d’accord avec ça. « Je suis un frère horrible. Mais… Je te promets que les quelques heures que l’on va passer ensemble ne vont pas être si horribles que tu le penses. J’ai des bons côtés aussi. » La jeune femme pencha la tête et le regarda un moment. « Très bien. Montre-moi que j’ai tort et que tu peux parfois être supportable alors. » Elle savait très bien qu’il pouvait le faire. Il lui arrivait par moment d’être vraiment génial avec elle. C’est d’ailleurs grâce à ça qu’elle n’arrivait pas à lui en vouloir pour toutes les fois où ils se montraient affreux. Ils évoquèrent ensuite sa valise et Coleen se sentit obligée de rappeler son frère qu’à New-York, il y avait des magasins. Il prit alors un air faussement étonné que l’australienne trouva particulièrement agaçant. « Tu veux dire qu’il y a de la civilisation à New York ? » Elle se retint de justesse de le frapper et préféra hausser les épaules. « Je pense que t’avais besoin que je te la rappelle. On dirait que tu vis dans une grotte. » Qu’elle lui dise ça était un peu ironique parce que d’eux deux, on aurait plutôt que celle qui vivait dans une grotte c’était elle. « Plus sérieusement, je n’ai pas le droit de m’inquiéter pour toi ? Ce n’est pas ce que les grands frères doivent faire ? » C’était une bonne question ça. Coleen plissa les yeux. « Je ne sais pas ce que les grands frère doivent faire ! Ne me demande pas ça, les miens passent leur temps à me torturer et à m’embêter. » Elle était une pauvre petite chose voilà tout. « Enfin si, je suppose que t’as le droit. » Surtout qu’elle venait de décider qu’elle ne partait plus. Son frère ne semblait d’ailleurs pas tout à fait d’accord avec elle. Selon lui, elle était soi-disant en train de se laisser guider par la peur. Il y avait sûrement du vrai là-dedans mais elle protesta quand même, pour la forme. « Ah oui ? Et si ce n’est pas la peur, c’est quoi le problème exactement ? » La jeune femme pinça pour les lèvres. Là, pour le coup, elle ne voyait pas quoi répondre. « Je ne sais pas, je ne le sens plus c’est tout. » C’était une bonne raison pour décider de ne pas s’en aller ça non ? Soit, Julian fit ensuite preuve de beaucoup de soutien en déclarant qu’il avait parié qu’elle tiendrait plus de six mois contrairement aux autres membres de sa famille. C’était extrêmement sympathique tout ça. En tout cas, ça ne faisait que prouver ce que disait Coleen quand elle décidait de ne plus vouloir partir. « Coleen. Tu vas partir d’accord ? Je sais que tu vas très bien te débrouiller, j’ai confiance en toi. Puis de toute façon c’est trop tard pour reculer. » « Pourquoi je ne pourrais plus reculer ? » Le fait qu’elle allait partir n’était pas gravé dans le marbre non plus, elle avait tout à fait le droit de changer d’avis. Il parla ensuite du seigneur qui avait enfin écouté ses prières mais elle alla lui dire qu’il pouvait le blâmer maintenant comme elle ne partait plus. Enfin, dans son immense générosité, elle promit aussi qu’elle pouvait l’ignorer s’il le voulait. « Je croyais qu’on avait décidé que tu partirais, il y a même pas dix secondes ? » L’australienne secoua la tête. « Non, c’est toi qui a décidé ça, moi je n’ai jamais été d’accord. » Mais une fois de plus, il ne l’avait pas beaucoup écouté. Il était nul. « Puis si tu restes tu ne pourrais pas m’ignorer parce que je ne te lâcherais pas une seule seconde. Je serais tellement sur ton dos que tu t’en voudras de ne pas être partie en fin de compte. » « Oh, je sais que tu te lasseras vite, je ne m’inquiète pas beaucoup pour ça tu sais. » Elle se redressa ensuite et attrapa sa veste. « Rends-toi utile, amènes-moi faire un tour pour passer le temps un peu ! » exigea-t-elle alors.