∞ Tristan & Laura

« une de perdue,
dix de retrouvées »

Une chose qui me rendait encore plus râleuse qu’une garde-robe qui me semblait vide alors que j’avais une pièce complète de vêtements : un coup de fil alors que j’étais encore dans les bras de Morphée. Rien de tel pour mettre une Szadowski sur le pied de guerre pour toute la journée. D’autant plus quand on voyait le prénom de son ex-petit ami sur le téléphone, bien que la relation soit des plus tordus entre nous. Je décrochais sans prendre de pincette, entendant le petit Laura interrogateur venant de Tristan. « Bien sûr que c’est moi » En même temps, à part moi ça pouvait être qui d’autre ? Surement pas un amant, je prends, je jette, je ne restais pas plus de dix minutes après m’être servie de l’homme comme un objet. « Tu m’excuseras mais je ne suis pas disponible là tu vois. » Il pouvait sous-entendre ce qu’il voulait, je m’en moquais royalement. Je n’étais pas disponible et surtout pas à sa disposition, du moins pas comme ça. J’aimais diriger les choses, et pas me faire diriger. Désolé boy. « Je n’ai pas de compte à te rendre je crois. » Un ex porte le nom d’ex pour des raisons qu’il n’était pas forcément la peine d’évoquer. Monsieur se donnait la peine d’insister mais je raccrochais en guise de réponse. Si là, le message n’était pas passé je ne comprenais pas.
J’étais rentrée assez tard de gala de la veille, voilà donc pourquoi je me réveillais en plein milieu de l’après midi. Ce gala s’était déroulé sans accroche, mon père n’avait pas conscience que je savais des choses à son sujet, et ce fameux Andrea avait su divertir ma soirée avec classe et charme. Je n’étais pas du genre à penser à un homme à mon réveil, ou à n’importe quel moment d’ailleurs, mais j’avouais que là, son visage était bien ancré dans ma mémoire. Je me levais, mettant le cd de Mary Poppins me répétant en tête les pas de la choré, et même en en faisant quelques uns en me préparer. Le réalisateur et le metteur en scène nous avait donné une journée de repos, car on travaillait d’arrache pied ces derniers temps, le repos était bien mérité. A la NYADA, je n’avais pas de cours de prévu, du moins, ce matin oui, mais mon lit refusait de me lâcher, ça sera donc ma première absence de l’année, on ne me dirait rien. Les avantages d’être une étudiante passionnée et modèle. Grâce à ma bouille d’ange, personne ne soupçonnait la réelle diablesse en moi, pas même mon frère qui ne connaissait pas tous mes déboires. Heureusement.
Finalement, je ne trouvais rien d’autre à faire, je ne voulais pas danser pour une fois, et vraiment m’accorder de la détente. Peut être que refuser l’idée de Tristan de prendre plaisir avec était une réelle erreur. Pas de regrets, ce n’était pas mon genre. Je filais sous la douche, pour enfiler des dessous sexy, un joli bustier à porte-jarretelles que je me gardais que pour certaine occasion. Je passais une robe noir courte et moulante pour parfaire le tout. Je jouais l’extravagance dans mes tenues, mais jamais de maquillage surchargé ou de coiffure bizarre ; juste un maquillage naturel, et les cheveux lisses. Sur mes dix centimètres de talon, je prenais la voiture en direction de l’Upper East Side direction chez Tristan.
Devant sa porte, je frappais une fois, deux fois, pas de réponse, mais j’entendais un fin son de musique dans l’appartement. J’étais donc sur qu’il était là. Je tentais d’ouvrir la porte de l’appartement qui s’ouvrait sans souci. Personne dans le salon, je me dirigeais vers la chambre où j’entendais des sons que je donnais la même sensation de rage que j’avais au réveil. « Ça va, je vois que tu t’amuses bien ! » Être remplacée aussi vite pour une petite cruche de bas quartier, s’était dégradant pour mon image et ma fierté. Et la réaction de Tristan n’arrangeait pas les choses. Que moi ? Il était sérieux là ? « Que moi ? Tu t’es pris pour qui là ? » demandais-je dédaigneuse plus que jamais. J’étais de celle qui jouait, pas celle avec qui on jouait ! Je le regardais jeter la jeune femme comme une malpropre, en même temps, vu son allure, ça pouvait être une prostituée qui prenait congés pour aller rejoindre un autre client. Elle se rhabillait et moi je ne lâchais pas mon regard de la scène, je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas encore pris la porte, surement envie de lui en mettre plein la tête avant, j’en savais trop rien. Il s’adressait enfin à moi de nouveau. Raisonnable ? J’aurai préféré me casser une jambe plutôt que de voir ça, quoi que, non, danser avec un plâtre, pas pratique. « Désolé darling, les paysannes c’est peut être ton truc, mais ce n’est pas le mien. » Je voyais la désigner sortir de la chambre et l’appartement dans un bruit sourd de porte claquée. Dans le fond, j’étais bien contente d’avoir pu lui casser son coup, et un petit sourire en coin se dessinait sur mon visage. « Je te dirais bien que je suis désolée d’avoir fait fuir ta prostituée, mais non. Je t’ai connu bien mieux que ce genre de femme, tu m’en déçois presque. » Evidemment, le « bien mieux » s’était moi, j’aurais bien parlé de perfection, mais je me gardais un peu de modestie tout de même.

∞ Tristan & Laura

« une de perdue,
dix de retrouvées »

Cruel de ma part, à croire que notre relation avait réellement été trop courte au point qu’il n’avait toujours pas compris qui j’étais. En même temps, ce n’était pas entre deux coucheries post-rupture qui faisait que l’on apprendrait à plus ce connaitre effectivement. La jeune femme avait beau être encore présente, je m’en fichais royalement, et elle l’avait très bien compris. Il ne fallait même pas qu’elle s’avise qu’à me jeter un seul regard, et elle baignerait dans son propre sang aussi vite. « Moi cruelle ? Tu es encore loin du compte. Au faite, était-elle au courant que tu l’as ramené juste pour la sauter, et que tu t’en fiches royalement d’elle ? » Et si elle n’était pas au courant elle allait l’être maintenant. L’avantage avec ce genre de garçon, c’était qu’on était vite au courant que les histoires d’amours étaient loin d’être une priorité. Et là, cette dispute ressemblait étrangement au temps où l’on était ensemble. Toujours à se disputer pour des broutilles, mais nos côtés fiers empêchaient les bonnes réconciliations. Je devais avouer que voir ce genre de greluche prendre ma place m’ennuyait profondément. Prenant le temps de le dévisager, c’était la seule bonne chose qui restait entre nous, la seule chose au quelle on s’entendait depuis toujours : le sexe. Mains là il n’était pas question de ça, et je savais qu’il cherchait à me provoquer en restant torse nu, au point que je ramassais le premier tee-shirt qui me passait sous la main, et je lui jetais en plein visage. Tout comme je l’avais fait avec cette femme. Il me dit rapidement qu’il avait fini, que je n’avais rien rompu. Provocation encore et toujours, qu’importe sa répartie, je pouvais en avoir aussi. « C’est vrai que tu es plutôt rapide dans ce domaine, je serais arrivée cinq minutes avant, vous n’auriez même pas encore commencé. » Même si c’était faux, pas question que je me laisse démonter par lui, ce n’était pas un homme qui aurait raison de moi, surement pas. Ça devait limite agaçant cette petite guéguerre qui ne servait à rien, juste à me faire partir aussi vite que j’étais arrivée. Je voulais juste lui faire comprendre que ça ne plaisait pas tout ça, mais évidemment je lançais encore un pique en rapport avec ce que j’avais vu. Il ne m’avait pas déçue, et quand bien même si ça aurait été le cas, il s’en serait foutu. Je ne répondais pas à ça mais surprise de sa phrase qui suivait. Evidemment la femme qu’il méritait été moi, difficile de ne pas comprendre ce genre de phrase. « Apparemment ça ne t’a pas gêné plus que ça qu’elle ne soit pas disponible. » répondis-je calmement pour la première fois depuis que j’étais arrivée dans son appartement. J’écoutais sa comparaison caviar et purée, et je levais les yeux au ciel. « Continue à manger ta purée alors… » concluais-je sèchement. Après tout si ça lui convenait aussi bien que le reste, autant qu’il s’en tienne là et puis c’est tout. J’avais rejoint le salon, hésitant grandement à partir, de toute façon, pourquoi je restais en faite. Je ne savais pas vraiment. Bref, il me demandait ce qu’il pouvait faire pour moi, et je comprenais vite qu’au final, il avait déjà eu la réelle raison de ma visite. « Je pense que quelqu’un d’autre a trouvé ce que je venais chercher en faite. » Ma fierté m’empêchait de dire que la cruche avait pris la place que je voulais ce soir clairement, à la place, je prenais une façon détournée de le dire même si c’était compréhensible. Je n’avais pas lâché mon sac ni mon manteau, ni ma fierté et ma jalousie d’ailleurs. Jalousie qui ne servait à rien, Tristan ne me devait rien, comme je ne lui devais rien.

∞ Tristan & Laura

« une de perdue,
dix de retrouvées »

J’adorais avoir le dernier mot, s’était un fait, mais avec Tristan, j’étais assez bien placée pour savoir que ni l’un ni l’autre ne laisseront l’avoir. Quand bien même ça me bouffait de l’intérieur de ne pas obtenir raison. Beaucoup de chose dégénérait en ce moment, mais évidemment pour les grandes discussions et le réconfort, ce n’était pas sur mon ex petit-ami que je devais me reposer, sauf si c’était un réconfort de type sexuel. Je regardais la scène sortie tout droit d’une mauvaise comédie se faire sous mes yeux. La pauvre cruche quittait la pièce, pendant que Tristan et moi n’hésitaient pas à nous clacher aussi bien lui que moi. « Un intérêt ? Non je ne cherche pas à réveiller un semblant d’humanité en toi, j’ai arrêté croire en ça pour toi. » Mauvaise foi, on ne pouvait pas faire mieux. J’étais une reine dans le domaine d’être inhumaine, et surtout dans l’art de faire taire un quelconque sentiment. Je n’étais pas dans les œuvres de charité, sauf sous les ordres de mon père, alors très franchement, il pouvait sauter qui il voulait, mais pas après m’avoir proposé.
Je venais de lui balancer le tee-shirt en pleine tête qu’il se rhabille, bien sur ça n’était pas sans intérêt. Lui torse nu, dans une chambre, il ne fallait pas plus de cinq minutes pour que ça termine contre un meuble, sur le lit, et je ne savais encore quelle autre invention on trouverait pour s’envoyer en l’air comme on savait si bien le faire. Mais c’était non sans comptait un petit rire, où je lui lançais un regard des plus noirs malgré mes yeux clairs. « Si je ne suis pas la seule à t’avoir sorti ce genre de choses, c’est peut être qu’il y a une part de vérité non ? » En même temps pour un homme, s’était tout ou rien, soit ça allait très vite, soit ça prenait une éternité. J’avais souvent eu le don de bien choisir mes partenaires à ce niveau là, avec Tristan on était les pros pour se trouver de nouvelles idées sur le plan sexuel. J’étais loin d’avoir honte de lui, comme j’étais également loin d’avoir honte de moi. Mais le fait était que s’il misait ses espoirs sur le fait d’être attirant car il était riche, je n’avais juste qu’à me rendre à un gala et j’avais ce que je voulais sous la main.
On en revenait encore et toujours à la paysanne qu’il avait invitée dans son lit, alors qu’il aurait pu avoir mille fois mieux. J’avais une folle envie de lui hurler dessus en ce moment même, comment pouvait-il croire qu’il se contenterait juste de ça, juste d’elle ? « Enlève ce sourire, tu m’énerves plus que de raison là… » dis-je calmement, mais sèchement tout de même. En me demandant ce que je voulais, j’avais répondu simplement. Tristan se rapprochait de moi en demandant de récupérer mon dû. Un baiser dans le cou, et ça avait déclenché un frison dans tout le corps, m’électrisant totalement. Ça me semblait bien trop facile pour lui, comme s’il avait obtenu le dernier mot. Mais tant pis, j’avais tellement passé de temps dans les salles de répétitions ses derniers temps, que j’avais oublié mes propres besoins de femme. Je me détachais et je le jetais dans le canapé non loin de nous, avant de me mettre sur lui. « Je te préviens on reste ici, pas question que je me retrouve dans les mêmes draps qu’une fille de bas peuple. » dis-je avant de l’embrasser avec une fougue que je ne me souvenais pas d’avoir ressenti récemment. J’allais pour lui déposer des baisers le long de sa mâchoire, avant de lui glisser délicatement au creux de l’oreille. « Et ne croit pas que tu as gagné non plus. » Je me replaçais face à lui, juste assises sur ses genoux, toujours plus ou moins vexé de ce qui s’était passée.