Le mot trahison jouait au spot light dans son esprit et Neige se sentait des pulsions meurtrières. Si elle se démerdait bien, sans doute pourrait-elle trouver quelqu’un pour faire pousser Jarvis au suicide, mais la jolie allemande se retenait en se disant que dans le fond, elle ne voulait surtout pas tomber aussi bas. Mais le résultat n’en restait pas moins là : Jarvis l’avait balancée aux autorités pour sauver sa peau, piétinant toutes leurs années de confiance et d’amitié, avant que Neige ne soit contrainte de balancer à son tour des gros bonnets face aux autorités pour éviter de très longues et pénibles années au frais. Sur le coup, elle n’avait pas pensé à sa fierté mais bien à Mylo… qui veillerait sur lui et serait présent pour l’aider au moment de son opération ? Qui continuerait à l’aimer et à l’encourager à s’ouvrir ? Neige se devait d’être là, au même titre qu’elle savait que d’une certaine façon, Willow avait également besoin d’elle. L’allemande avait donc pris ce risque et s’était fait démonter la tête dès sa sortie de prison. On l’avait ensuite mise sous protection rapprochée mais Neige venait de vivre un nouveau drame. Le drame de trop puisque cette fois, c’était à son corps que l’on s’était attaqué. Par chance, Mylo était sur un site de fouilles à authentifier de très anciens documents et ne rentrerait pas avant trois bons jours, mais il allait retrouver Neige dans un de ces états… elle avait refusé de se rendre à l’hôpital, supportant ses nombreuses blessures s’étant malheureusement déjà infectées par manque de soins adéquats… pas étonnant qu’elle n’aille ouvrir à Willow avec une tête d’enterrement, aussi blanche qu’un cul n’ayant jamais été mis au soleil ! « Encyclopédie… tu parles de Mylo ? Ah nan, nan ! Il n’a rien à voir avec ça, il n’est même pas là. Ca fait une semaine qu’il est sur un site de fouilles pour le musée. » Neige esquissa un sourire avant de faire entrer Willow et de la serrer dans ses bras, ayant grandement besoin de cette étreinte pour constater qu’elle n’était pas toute seule. Que quelqu’un pouvait encore veiller sur elle et ne pas la trahir… « Parle pas de taper, pitié… j’ai juste besoin d’un câlin ma Wiwi. »

« Wiwi, si elle a le feu aux fesses ce sont pas les pompiers qu’il faut appeler ! Puis j’ai pas le feu aux fesses t’inquiètes pas… en plus c’est une métaphore en général. » Neige n’avait aucune intention de se pointer à l’hôpital, ni maintenant ni jamais. Le souvenir de sa fausse couche était encore bien trop présent pour qu’elle ne s’amuse à s’y pointer à nouveau… plutôt mourir, sans mauvais jeu de mots ! Ceci étant, Willow semblait plus décidée que jamais à l’inciter à se soigner, comme si c’était LA chose à faire dans la seconde. Certes, elle était son flocon adoré mais les médecins n’étaient pas ses amis et ne le seraient jamais. « C’est une très longue histoire… » commença-t-elle sans intention de terminer. Il ne fallait surtout pas que sa blondinette préférée soit au courant car elle serait capable de se lancer dans une véritable mission commando et ça, il n’en n’était pas question une seconde. Il fallait qu’elle continue à rester en sécurité. « Mylo n’a pas à être au courant, il s’inquièterait. Enfin… je suppose qu’il s’inquièterait. Mais je vais bien ma biche, t’inquiètes pas pour moi, un verre d’eau et je vais péter le feu ! » Qu’elle disait. Mais sa fièvre était virulente et son visage était aussi blanc qu’un linge. Si seulement tout pouvait se résoudre avec un verre d’eau, elle ne s’en porterait pas plus mal.

Le pire ? C’est que Willow avait tout à fait raison et que si même Mylo n’était pas au courant, c’est que le problème n’aurait pas pu être plus sérieux ou grave. Neige se voyait pourtant mal avouer à sa meilleure amie qu’elle avait été quarante-huit heures en garde à vue à balancer des gros bonnets et que lesdits gros bonnets voulaient maintenant la voir six pieds sous terre. Elle avait fini dans une ruelle, rouée de coups, et c’était un passant qui l’avait relevée alors qu’elle avait été laissée là des heures plus tôt. La belle allemande avait du mal à se souvenir de tout ce qui s’était passé mais le fait était là : ses blessures devenaient de plus en plus sérieuses –puisque infectées, et ses problèmes ne risquaient pas de se résoudre parce qu’elle faisait l’autruche à rester terrée dans l’appartement qu’elle partageait actuellement avec l’historien… « Non, non, tu n’appelles pas ton cousin, je suis une grande fille Wiwi ! » grogna-t-elle en tentant bien évidemment de se maîtriser car elle ne voulait pas qu’en prime Willow finisse à son tour par lui tourner le dos. C’était cruel, comme état de fait. Neige ne voulait pas qu’on la délaisse mais elle faisait absolument tout pour être toute seule ! Étrange procédé contradictoire… « Ton cousin et sa… femme ? Sont des gens biens et je ne veux pas les mêler à mes merdes. Mylo non plus, d’ailleurs. Il ferait une crise cardiaque s’il savait ! Mon meilleur pote m’a trahie, en fait. Il a balancé énormément de ce qu’il savait aux flics et pour éviter la prison à vie, j’ai dû balancer des gros bonnets. Mais ça s’est vite su… et du coup, je me suis retrouvée inconsciente dans une ruelle pourrie sans savoir réellement ce qui s’était passé. Oh ils m’ont tabassée, ça je le sais. Mais c’est pas plus mal de ne pas avoir les détails je suppose ! Ca va aller, je suis robuste, ce n’est rien du tout. » Que Willow n’aille pas fouiner ou elle verrait sûrement les multiples blessures infectées de la demoiselle… qu’elle continue à rester en sécurité.

Neige entrouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose immédiatement, mais l’énergie et l’envie lui manquèrent aussitôt. Que Willow lui dise qu’elle n’était qu’une idiote ne faisait pas que la choquer, cela lui faisait également du mal et elle prenait ainsi pleinement conscience de l’énorme connerie qu’elle était en train de commettre. Comme allait réagir Mylo une fois qu’il saurait ? Oh il ne bondirait pas de joie, c’était une certitude, et allait probablement chercher à mettre des faits sur cette cachotterie mais l’allemande aurait tôt fait de lire de l’inquiétude dans son regard et elle savait que la chose lui ferait également du mal. Aussi sûrement que sa Wiwi préférée était en train de lui remettre les pendules à l’heure, espérant sûrement la faire flancher en adoptant un tout autre mode de fonctionnement : une sorte de chantage que Neige ne lui connaissait pas mais qui s’avérait malheureusement très efficace. « Je sais que tu ne me trahiras pas » articula la jeune femme avec difficulté tandis que des larmes coulaient à leur tour contre ses joues pâles et froides. Elle ne savait pas au juste comment elle avait pu tenir aussi longtemps dans le silence, en solitaire, tout en sachant que cet homme qu’elle considérait comme le frère qu’elle n’avait jamais eu avait osé la trahir pour sauver sa peau. Si ses rôles avaient été inversés, jamais Neige n’aurait flanché, même s’il avait fallut écoper de très longues années au frais. « Je suis peut-être crétine mais j’ai la trouille, voilà ! » grogna-t-elle tandis qu’elle enlevait respectivement sa chemise puis son pantalon, découvrant son corps couvert de bleus certes, mais son bras droit et tout son flanc étaient couverts de blessures n’ayant ni une belle couleur, ni un magnifique aspect. Pas étonnant qu’elle n’arrête pas de trembler et ait une fièvre monstre ! « Ne va pas cambrioler une pharmacie sinon j’te casse la tête Wiwi, parole de scout ! »

Au milieu de ses larmes, Neige se surprit à laisser échapper un petit rire car effectivement, elle pensait Willow tout à fait capable de massacrer quiconque voudrait à nouveau du mal à son flocon préféré. L’allemande avait toujours pensé qu’elle s’était très bien trouvées et, aussi vrai qu’elle avait accepté de faire équipe avec ce soulard de flic pour protéger sa Wiwi d’amour, sa blonde préférée devait penser ses menaces dur comme fer. « Je t’aime ma Wiwi… » murmura-t-elle tout en rendant longuement son étreinte à sa meilleure amie, faisant fi de la douleur physique étant la sienne pour lui prouver qu’aussi longtemps que son cœur battrait, l’une et l’autre allaient se protéger et qu’elle pourrait toujours compter sur la protection de Neige. « En parlant de noir… tu voudrais bien rester avec moi ce soir ? J’ai enlevé tous mes Disney de mes cartons » avoua-t-elle piteusement, se rendant bien compte que de toute manière, ce n’était pas avec Mylo qu’elle regarderait ce genre de choses car il ne pourrait pas s’empêcher de commenter tout ce qui ne lui semblerait pas logique. Donc à peu près tout le film ! « On va déjà essayer de se débrouiller toi et moi, on ira voir un doc après si y’a vraiment besoin. » Neige s’assit docilement contre son canapé, laissant Willow officier sans pour autant perdre de vue qu’effectivement, ses premiers soins ne seraient sans doute pas suffisants. Pas alors qu’elle avait déjà de la fièvre.

« Bien sûr que si tu as un quelque part où aller : ICI ! » Hors de question qu’elle ne laisse sa Wiwi en proie à des méchants et puis… Neige ne voulait vraiment pas rester seule et encore moins être jugée. Elle savait que sa blonde fofolle préférée allait rester avec elle, regarder des Disney à en être dégoûtée tout en mangeant du chocolat à en avoir mal au cœur. L’équation parfaite et ce bien que l’allemande ne puisse qu’avoir le cœur serré à l’idée que Mylo puisse se sentir rejeté. Ce n’était pas du tout le but de la manœuvre, bien au contraire, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de vouloir le protéger de cette vision d’horreur qu’elle constituait à elle seule. Même Willow finit par le faire remarquer… « Un bon bain froid devrait aider, je vais en prendre un après » murmura-t-elle-même si elle doutait que cela ne soit réellement efficace. En l’occurrence, il aurait fallut des antibiotiques et un suivi dans un environnement stérile mais les deux blondes n’avaient malheureusement pas ça sous la main et en prime, elles n’y connaissaient rien au niveau des dosages. Dans le genre mission catastrophe, Neige se posait là ! Mais c’était une chance que Willow soit venue sans quoi elle aurait très bien pu être retrouvée morte le lendemain, blême comme un linge que l’on vient tout juste d’acheter, comme endormie. « Heureusement que tu es là pour m’aider ma Wiwi… je crois que je serais perdue sans toi tu sais ? »

« Pourquoi elle te fait peur cette Madame Bennett ? » C’était la première fois que Neige entendait ce nom à vrai dire, elle ne connaissait donc pas du tout la personne, sa position dans la société, son âge ou quelque information que ce soit. Elle s’en moquait, à vrai dire. « Si elle te fait du mal je vais aller lui dire deux mots moi ! » s’emporta soudainement l’allemande avant de grimacer de douleur, gesticulant bien trop violemment alors que l’intégralité de son corps n’était rien d’autre qu’une gigantesque plaie béante. « Mais si elle a insisté… elle t’apprécie peut-être ? Tu as essayé de lui en parler ? » reprit-elle après s’être calmée alors qu’elle embrassait le front de Willow pour la consoler au sujet de ses papillons. La blonde était peut-être sa rêveuse préférée, mais s’il y avait bien quelqu’un dont elle ne tournerait jamais les rêves en dérision, c’était bien ceux de sa Wiwi unique et préférée. De même, malgré sa fièvre et la douleur, elle éclata d’un rire franc face à son histoire de GPS… « Faut qu’on invente ça, on ferait fortune ! Mais tu sais que tu devrais être un peu plus souvent mon GPS à moi… genre pour me dire d’être moins têtue, moins souvent au boulot, arriver à plus communiquer avec Mylo… t’as pas de GPS qui refait complètement une personnalité par hasard ? » s’amusa-t-elle à lui demander avant de ne reprendre aussitôt : « Je veux bien un gant d’eau fraîche sur le front alors si je peux pas opter pour le supplément bain. »

« Qui te dis qu’elle s’inquiète pas pour toi ? » osa soudainement demander Neige, à tout hasard. Bien évidemment, elle ne connaissait absolument pas le quotidien de Willow avec cette tristement célèbre Madame Bennett mais si cela se trouvait, sa blondinette préférée se faisait une montagne d’un grain de riz. Sans doute cette dame ne savait-elle simplement pas exprimer son inquiétude pour la cousine de son compagnon… Mylo était expert en difficulté de communication et de fait, l’allemande se découvrait le même défaut, elle était donc bien placée pour savoir que faire comprendre un sentiment n’est guère aisé. « Si ça se trouve elle attend que ça ! Comment on peut ne pas t’aimer ma Wiwi, t’es juste parfaite… si tu veux je vais lui parler ? » A ceci près que Neige serait peut-être un peu moins sympathique que ne l’était sa blonde préférée. Certes, elle avait beaucoup de contrôle souvent dans ses paroles mais il n’empêche qu’elle était parfois un peu plus brutale que la normale. Mais étonnant que Mylo ait pris sa crainte pour un refus lors de sa première demande en mariage… « Sois la voix de ma sagesse, tu sais que j’ai demandé à Mylo de m’épouser ? Je suis trop une boss… je m’aime des fois. » Neige délirait complètement à cause de la fièvre et bien que ce soit une atrocité que de s’allonger sur le canapé, elle s’exécuta sans attendre, bénissant la présence du gant frais sur son front. Cela lui faisait du bien, mine de rien… « On parle la même langue. Il ne considère simplement que les faits, la logique… et moi je suis dans le sentiment, le vécu, le ressenti. Les faits me paraissent souvent illogiques à moi ! Bref, c’est compliqué… et du nouveau concernant l’affaire Kyle ? »

« Bah j’aimerais bien voir le premier gus qui essayera de m’éloigner de toi tiens ! » s’exclama soudainement Neige, parfaitement sûre d’elle. Wiwi était sa meilleure amie depuis des lustres et les meilleures amies sont fidèles entre elles, telle était sa devise. Certes, la jolie allemande avait récemment subit une gravissime désillusion au niveau de l’amitié mais elle ne mélangeait pas tout… Willow ne lui planterait jamais un poignard dans le dos, contrairement à Jarvis, n’ayant pas hésité une seconde à le faire pour sauver sa peau. « En fait on est toutes les deux des boss les gars savent juste pas ce qu’ils veulent… » énonça Neige, légèrement défaitiste pour le coup. Le pire dans tout cas, c’est qu’elle n’imaginait pas une seconde sa vie sans Mylo, elle l’aimait jusque dans ses tripes et il avait su se rendre parfaitement indispensable à son existence. Voilà pourquoi il était d’autant plus dur de rester loin de lui, à garder le secret de ses blessures et ce bien que sa blonde préférée soit venue lui éviter réellement la catastrophe. L’espace de quelques secondes, la conservatrice ferma les yeux pour se reconcentrer sur leur discussion actuelle et ce fut alors un cri du cœur : « Ouais bah si tu le retrouves et que tu veux le taper compte sur moi pour te filer un coup de main !! Et plutôt deux fois qu’une ! Moi j’les aime tes papillons et même que je leur fais plein de beusous. » Bon, d’accord, Neige délirait totalement mais sa lucidité n’était pas totalement à reléguer au placard puisqu’elle ne manqua pas de rouvrir les yeux dès lors que Willow eut reçu son message… « Attends, attends. Maggie ? Maman ? Explique-moiiiii je comprends pas ! »