Et le fait est que la réalité n’avait pas manqué de les rattraper à la vitesse grand V. Maïa pouvait à peine se considérer comme « Madame Cruz » qu’elle recevait la visite impromptue de son frère aîné, Augusto, dans leur chambre d’hôtel. La brunette avait fait en sorte qu’ils ne discutent dans la chambre, sachant pertinemment ce qu’il allait lui demander et la raison fondamentale de sa visite… autant dire qu’il ne valait mieux pas que JD soit complètement assuré de la folie ayant frappé cette famille. Gusto n’était que son demi frère, après tout, il était bel et bien le fils de celui l’ayant longtemps torturée pour la faire plier, comme s’il avait fallut qu’elle rentre dans un odieux moule dans lequel elle ne serait pourtant jamais capable de rentrer. « Si je récapitule bien, tu me demandes d’arnaquer un puissant parmi les puissants ici, à Vegas, lors d’une partie de poker pour que ta dette d’un million de dollars soit effacée ? Je n’ai réellement oublié aucun détail ? » Maïa était en train de prier pour qu’il s’agisse d’un canular mais non, Augusto était on ne peut plus sérieux. Il misait tout sur l’intelligence extraordinaire de sa jeune sœur, ainsi que sur ses exploits passés en matière de poker. Elle savait compter les cartes, don extrêmement rare et donc interdit dans les casinos puisqu’il permettait d’augmenter exponentiellement ses chances de gain. « Je ne sais pas Gusto, il faut que j’y réfléchisse. Rentre à ton hôtel et tâche de ne surtout rien faire de stupide » conclut-elle leur entretien à la porte de la chambre, le poussant à moitié vers la sortie avant de ne faire face à JD, dont les interrogations devaient être plus que nombreuses. « Il a perdu la tête mais ça ne date pas d’hier, hélas. Écoute… il faut que tu me fasses confiance. Je dois faire une partie de poker et cela ne me prendra que trois heures au maximum… ensuite je reviens et nous reprendrons là où nous nous en sommes restés. » Maïa embrassa celui qui partageait désormais sa vie en tant que mari avant de quitter la chambre à son tour, se rendant en pleine ville pour trouver la robe de soirée mettant le plus en valeur ses courbes divines ainsi que chez un maquilleur et un coiffeur pour être absolument éblouissante. Oh bien évidemment, elle ne ferait rien de préjudiciable : mais attirer l’attention sur ses formes et non sur son jeu était une stratégie dont elle pourrait avoir besoin, surtout face aux dangereux joueurs auxquels elle allait sûrement se confronter.
Ce fut la raison pour laquelle la colombienne fit une entrée plus que remarquée dans cette salle privée, une mallette sous le bras, la démarche chaloupée que personne ne put manquer. Elle savait pertinemment à qui Gusto devait autant d’argent… la question qui se posait était donc la suivante : accepterait-il de jouer contre elle et si oui, de perdre contre elle ? La négociation s’annonçait rude ! « Je connais votre talent de réputation mais cela ne vous fait pas connaître le mien. Vous vous targuez de pouvoir battre n’importe qui, alors une simple femme ne devrait pas vous poser tant de soucis… » « J’apprécie votre tempérament ma jolie mais s’il y a une seule mauvaise posture dans laquelle j’ai envie de vous imaginer, ce n’est pas en face de moi autour d’une table de poker… mais bien dans une posture qui choquerait les chastes esprits ! » « Vous ne faites pas honneur à votre génie, dans ce cas. Mais laissez moi avancer un argument légèrement plus concret… » Maïa ouvrit sa mallette et déposa plusieurs imposantes liasses de billets sur la table, tout en conservant un visage parfaitement sérieux. A partir de là, on commença à la considérer comme une dame. La preuve, il la laissa jouer, enchaînant la première manche sans sourciller et ce bien qu’elle le dominait de façon amplement évidente. Il suait à grosses gouttes tandis qu’elle restait attentive et froide. De quoi lui faire perdre son calme au point qu’il ne s’excuse et ne quitte temporairement la salle à la fin de la première manche, qu’elle venait de remporter avec brio. Ce fut à ce moment précis qu’elle croisa son regard… JD. A son entrée déjà elle avait semblé voir quelqu’un lui ressemblant et tentant de séduire une damoiselle aux poches sûrement bien remplies, mais elle ne pensait pas à ce moment là qu’il s’agirait de son vrai mari ! Autant dire qu’une fois la salle vidée, chaque membre de l’assistance faisant bien évidemment partie du « staff » de celui qu’elle avait défié, Maïa profita du fait que JD n’ait pas encore suivi cette vieille peau friquée pour le retenir du bras. « Mais que fais-tu ici ? » s’inquiéta-t-elle. Avait-il seulement entendu les propos qu’elle avait échangés avec son frère ? « Tu n’as pas conscience de ce que tu peux risquer, c’est de l’inconscience ! Et puis… dans les bras de cette… femme ! Je pensais que tu ne voulais pas que l’on te rappelle ton passé de gigolo, me suis-je trompée ? »

Le pire, c’est que Maïa s’en voulait déjà mortellement d’avoir abandonné JD juste avant le début de leur nuit de noces. Elle s’imaginait déjà devoir ramer pour que son mari lui pardonne ce départ précipité et l’espace d’un dixième de secondes, elle crut qu’il n’était ici que pour se venger de l’affront qu’elle lui avait fait subir. Autant dire qu’elle poussa un énorme soupir de soulagement lorsqu’il lui avoua le pourquoi du comment de sa présence ici… « J’ai cru que tu étais ici pour me faire payer mon escapade de poker alors que crois-moi, j’avais préparé notre nuit de noces au millimètre et j’avais répété pendant des heures dans la salle de bain pour que tout soit parfait… » Ne rien y voir de graveleux mais Maïa avait effectivement répété son plan dans sa tête pendant ses longs moments en solitaire, afin d’être absolument parfaite une fois le jour J venu. Cela lui avait considérablement cassé la magie du moment cette histoire et dieu sait qu’elle en voulait à son frère d’avoir osé la mêler à ses merdes… surtout qu’elle n’était même pas certaine de réussir dans le genre, nul n’est infaillible, Maïa plus que quiconque ! « Ce n’est pas ce que tu sais faire de mieux JD… » murmura-t-elle soudainement tout en baissant le regard, honteuse de lui imposer cela alors que fondamentalement, elle rêvait de ne plus rien à voir à faire avec ces maudits Denali de malheur. « Pas d’objection si ce n’est que j’aurais préféré que tu ne sois pas mêlé à ça ! Tu te rends compte s’il t’arrive quelque chose ? » Profitant du fait qu’ils aient encore quelques minutes à venir devant eux, Maïa ne manqua pas de déposer son front contre celui de son danseur de mari comme pour se donner la force de poursuivre dans sa lancée. Cette partie risquait d’être la plus rude qu’elle ait jamais eu à mener à terme et ce n’était pas peu dire… « Je te promets que l’on va se rattraper et que je ne ferais plus rien pour Augusto dès la fin de cette maudite partie, tu as ma parole. On reprendra ensuite où nous en étions restés et… j’espère que tu seras aussi séducteur avec moi que tu ne l’es avec cette femme, parce que c’est un trait de caractère que j’apprécie particulièrement mais uniquement lorsqu’il est dirigé vers moi. »

Disons que Maïa était tellement habituée à ce qu’on ne lui reproche ses moindres faits et gestes que cette fois-ci, son passé avait cruellement joué en sa défaveur la plus totale. Mais d’un autre côté, si JD jouait au grand séducteur avec cette sale femme friquée, la colombienne devait jouer du cil face à son adversaire pour le déconcentrer… difficile qu’ils ne s’en veuillent mutuellement, à vrai dire. Ils étaient dans le même embarras et cela désola Maïa pour la simple et bonne raison que ce séjour était censé n’être concentré que sur leurs deux petites personnes, pas sur Pierre, Paul ou même Jacques. « Je me suis entraînée dans la salle de bain, c’est tout ce que j’ai à dire pour ma défense » ajouta-t-elle comme pour apaiser le feu de ses précédentes paroles… ou le rallumer, selon le point de vue. « Tu voudras que je garde ma robe ? » continua-t-elle, espérant que les secondes qu’il leur restait à passer ensemble ne passeraient pas trop rapidement mais hélas, son vœu ne fut pas exaucé puisqu’il lui énonça bientôt devoir retourner auprès de sa vieille mégère friquée. « Justement je ne veux plus aider cette famille qui ne m’a jamais acceptée et ne vient vers moi que pour que je leur rende service… ne t’avais-je pas dit que mon intelligence était un fléau ? Je pense que tu peux me croire maintenant… je vais juste prier pour réussir à le plumer extrêmement rapidement. » Maïa recula de quelques pas avant de s’adonner à un petit déhanché dont elle avait le secret, s’arrangeant pour être bien vue une fois que toute l’assemblée puisse la voir à son retour, y compris la femme de son adversaire qui vit rouge en voyant son mari baver métaphoriquement devant les charmes de la colombienne. « On vous a déjà dit que vous étiez sublime ? » reprit son adversaire en se rapprochant de façon extrêmement véridique de la jeune femme. « Je suis là pour tester ma technique, pas pour m’intéresser à de vaines paroles. » Elle avait bien fait de remballer cet abject personnage car sa femme s’était considérablement rapprochée d’eux, son verre en main, prête à lui balancer à la tronche. A celle de Maïa ou de son mari, mystère et balle de golf.

Le plumer rapidement… plus facile à dire qu’à faire. Cet enfoiré se défendait extrêmement bien et il n’était pas aisé d’éventer son bluff. Maïa s’y appliquait de façon on ne peut plus habile, comptant les cartes et faisant appel à toute sa mémoire visuelle, mais malheureusement pour elle, le stratagème de cette maudite Francesca faisait manifestement son petit effet : la concentration de la colombienne n’était pas à son top et il allait être difficile d’aller au bout des choses si son regardé était sans arrêt attiré par JD faisant du gringue à cette sale femme. Le comble du comble fut lorsqu’il lui fit un baisemain… son danseur de mari n’avait jamais cherché à la séduire comme ça ! Dans le fond, c’était plutôt elle qui lui avait couru après que l’inverse et cette amère constatation manqua de lui faire perdre la nouvelle manche. Elle ne la gagna pas de beaucoup et se décida donc à agir pour éviter que les suivantes continuent à ne pas être une partie de plaisir. « Mon cher, pourquoi ne pas inviter votre délicieuse épouse à faire une partie ? » proposa-t-elle soudainement tout en se levant, usant de son déhanché on ne peut plus affriolant pour se diriger vers cette mégère replâtrée de partout n’ayant pas d’autre réaction que celle de la dévisager avec mépris. Qu’importe, Maïa avait évité ce genre d’abject personnage tout au long de sa vie, aussi l’humilier ne serait qu’un juste renvoi d’ascenseur. « Puisque vous pestez dans votre coin depuis tout à l’heure, joignez-vous donc à nous… la partie n’en sera que plus attrayante à trois et au moins, vous n’aurez pas de cesse de penser que je veuille plumer votre époux. » Très, très finement jouer. La colombienne faisait preuve de bluff et défiait la vipère pour lui faire entendre qu’elle avait compris son manège et que, soit disant, elle n’était pas venu pour plumer qui que ce soit. En théorie si, mais elle n’avait pas à le savoir ! D’ailleurs, Francesca eut tôt fait de se lever, tout en sachant qu’elle n’y connaissait rien à l’art très noble du poker et risquait de faire perdre une fortune à son abruti de mari. « Juan Domingo, vous soufflerez sur mes cartes pour me porter chance, n’est-ce pas ? » « Sans vouloir vous offensez, Madame, on souffle sur les dés pour porter chance et non sur des cartes. » Maïa leva aussitôt les mains pour prévenir une remarque cinglante, la laissant s’avancer vers la table tout en profitant pour glisser très discrètement un mot à l’attention de JD. « Fabuleux, le baisemain, pour se concentrer. » Certes, le bêlement de Maïa n’aurait pas pu être plus amer, mais elle n’avait pas pu s’en empêcher.

Le pire ? C’est que la simple présence de la main baladeuse de JD contre son fessier n’avait fait qu’attiser le feu brûlant dans ses veines et au final, Maïa ne fit que plus frustrée de cet état de fait. Mais cela lui redonna la hargne nécessaire pour se reconcentrer de façon inébranlable et furieuse, puisqu’elle gagna la première manche à trois d’un coup de main de maître qui ne manqua pas d’arracher un « oh » de surprise au croupier présent pour distribuer les cartes. Certes, la présence d’une troisième personne lors de ce jeu compliquait légèrement les choses, mais la colombienne n’avait que plus de raison d’en finir vite et autant dire que la partie allait se terminer de façon brutale, douloureuse et ô combien surprenante. L’homme ayant accepté le défi ne put qu’applaudir cette fin de manche, alors que Maïa ramassait les jetons avec souplesse et désintérêt. Ne montrer aucun sentiment, surtout. « Où avez-vous appris à jouer comme cela, divine Maïa ? » « Par mes propres moyens tout d’abord, puis au gré de nombreuses parties avec un joueur professionnel qui a obtenu son doctorat en même tant que moi, au MIT. » Le simple fait qu’une personne si jeune ait obtenu un doctorat, et qui plus est du MIT, le poussa à se lever pour lui servir une coupe de champagne tandis qu’il frôla du bout des doigts son épaule, ne pouvant manifestement pas se retenir de la toucher. Après tout, elle était un bijou de prix, nettement plus désirable que son insupportable femme et surtout… d’une intelligence qui lui plaisait. Mais là encore, aucun sentiment particulier ne sortit des traits de Maïa, qui conservait un visage de marbre et poussait donc Francesca à moins la détester : sa haine était vouée surtout à son mari, par chance ! « Vous êtes la plus magnifique adversaire qu’il m’ait été donnée de voir, Maïa. Aussi habile qu’un samouraï, aussi tranchante et impitoyable que la lame de son sabre… on vous contemplerait des heures entières telle une œuvre d’art. » Et comble du comble, il lui fit un baisemain avant de venir se rasseoir. L’envie de descendre son verre d’une traite lui parcourut l’esprit quelques secondes mais à la place, aussi discrètement que faire se peu, Maïa calma ses nerfs à vif sur le fessier de JD, qui se trouvait à portée de sa main sans qu’elle ne soit captée. De quoi moins avoir l’impression d’être souillée et pouvoir se sentir nettement plus normale. Un prêté pour un rendu ? Peut-être. Mais au moins, elle pouvait le provoquer sans qu’il ne puisse se venger derrière… c’est qu’elle apprenait vite, la demoiselle ! Et puis il n’y avait aucun tort à éprouver les nerfs de son mari, pas vrai ?

Maïa s’était aussitôt exécutée pour rejoindre JD le plus vite possible et autant dire que l’aveu qu’il lui fit manqua de la faire s’étrangler. Il n’était pas question qu’il couche avec cette affreuse femme, la colombienne refusait catégoriquement qu’il le fasse ! « Il n’est pas question que tu couches avec elle ! » s’exclama-t-elle d’une voix aussi basse qu’elle put. « Je vais trouver une solution, tout dire au mari, avorter la partie de poker et tant pis ! » La nouvelle déclaration de JD fut cependant un baume sur la blessure béante n’ayant de cesse de s’agrandir au fil des secondes. Le souffle court, la jolie brunette le serra soudainement dans ses bras, refusant que leur mariage ne soit mis à mal déjà le soir de leur nuit de noces. Il n’était pas question que son danseur de mari ne la trompe, même contre son plein gré. C’était fini, l’âge d’or de son métier de gigolo, il l’avait dit lui-même ! « JD je t’aime et je ne veux pas que les choses se passent comme ça entre nous… je refuse ça me détruirait et ça te détruirait plus encore parce que je sais que tu n’en n’as pas envie ! » Mais d’un autre côté, soit elle trouvait une solution genre maintenant soit ils fuyaient mais ne seraient alors plus jamais réellement en paix, soit elle allait trouver son adversaire et lui avouait le pot aux roses. Au pire des cas, ils continuaient la partie de poker et tous les gains qu’elle pourrait avoir lui reviendrait à lui, il était donc dans tous les cas gagnant… « Laisse-moi aller avouer la vérité à mon adversaire. S’il te plaît. Il sera gagnant dans tous les cas et ne perdra pas un centime bien au contraire et au moins il pourra museler et sa femme, et ses gardes du corps ! Je sais que c’est complètement fou mais il faut tenter le tout pour le tout et un joueur de sa trempe aime à conserver son honneur sauf… il ne laissera pas sa femme interrompre sa partie par ses sautes d’humeur. JD tu me fais confiance ? »

Voir s’éloigner JD comme s’il partait à l’abattoir lui souleva le cœur. Il fallait qu’elle fasse quelque chose, et vite ! Maïa n’attendit pas et se dirigea d’un pas décidé vers celui qui avait été son adversaire et charmeur de la soirée, s’en tenant au plan qu’elle avait brièvement évoqué à son époux quelques minutes plus tôt, tentant le tout pour le tout. C’était quitte ou double : soit elle allait se mettre dans de sales draps, soit il allait l’aider. Dans un cas comme dans l’autre, le jeu en valait la chandelle parce qu’il fallait qu’elle sorte JD de la mauvaise posture dans laquelle il risquait d’être dans fort peu de temps… « Je suis la sœur d’Augusto Denali ! Enfin à moitié puisque nous n’avons pas le même père en vérité. Je suis venue ce soir pour couvrir sa dette et vous reverser tous les gains que j’aurais pu récupérer autour de notre partie. Il n’a jamais été question de vous plumez… mais la donne a changé à partir du moment où votre épouse m’a prise en grippe et a décidé de tout faire pour, je la cite, « m’empêcher de nuire ». Je m’en serais moquée mais je ne suis pas seule dans l’équation et sans le vouloir, mon mari s’est mouillé pour m’aider, occupant votre femme pendant nous jouions notre partie. Mais avec tout le respect que je vous dois, il n’est pas question que votre femme pose ses sales pattes sur la moindre parcelle de peau de mon mari. » S’en suivit dès lors un duel de regards à couteaux tirés, avant que son adversaire n’éclate de rire et ne lui dise de le suivre. Il connaissait déjà le numéro de la suite où sa femme comptait prendre du bon temps, et manifestement ils entrèrent au bon moment car JD n’était que torse nu. Il avait somme toute tenté de gagner du temps, mais désormais, plus besoin : Maïa voulait croire que la soirée n’allait pas se finir de façon catastrophique. « Francesca tu as trente secondes pour te rhabiller, tu deviens ridicule. Tu voulais exterminer l’une des nominées au Prix Nobel de Physique, tu es devenue folle ? Quant à vouloir te taper son mari… je ne ferais même pas de commentaire là-dessus. Rhabille-toi immédiatement et crois-moi, nos comptes ne sont pas réglés, loin de là. » Il poussa presque les deux jeunes gens vers la sortie, n’accordant certes aucun regard à JD mais se montrant presque avenant envers la brunette. « Je savais qui vous étiez à vrai dire au moment où vous êtes entrée, et je savais pourquoi vous étiez là. Mais c’est passionnant de se mesurer à un grand esprit et puis… je suis joueur, que voulez-vous ! Considérez la dette de votre frère effacée mais qu’il ne traîne plus devant ma vue car demain, malgré tout le respect que je voue à votre pédigrée, il n’est pas question que je fasse preuve de la plus petite pitié à son égard. Bonne nuit de noces… que ce jeune homme mesure toute la chance qu’il a de vous avoir. » Maïa était encore sous le coup de l’adrénaline et pourtant elle se mit à sautiller dans le couloir avant de ne se ruer dans les bras de JD. « Tu n’as rien, tu n’as rien… je sais, c’était stupide, c’était dangereux mais tu n’as rien ! JE SUIS NOMINÉE !! Désolée c’est l’adrénaline il faut que je me reprenne. Tu n’as rien fait avec elle j’espère ? »

Maïa vivait vraiment sur une autre planète. Toute cette soirée la dépassait grandement et elle voulait croire que JD ne l’avait pas trompée dans cette maudite chambre d’hôtel mais ce fut lorsqu’il lui posa sa question sur un ton inhabituel qu’elle réalisa qu’il n’avait plus sa chemise et que son pantalon était justement presque ouvert… que s’était-il passé là dedans avant qu’elle n’arrive en vue de le secourir ? La jeune brunette avait fait aussi vite qu’elle avait pu, mais cela avait-il seulement été suffisant ? « On se moque du prix… JD parle-moi, elle ne t’a rien fait ?! Dis-moi que tu vas bien… » Les yeux de Maïa s’humidifièrent soudainement et de longues larmes peuplèrent ses joues alors qu’elle s’apercevait du manque cruel d’humanité dont elle venait de faire preuve. Cette sensation fut suffisamment violente pour la pousser à se ruer dans ses bras pour caresser son dos tout en embrassant son épaule, comme si elle pouvait ôter tout mauvais souvenir de l’esprit de son mari. « Je suis tellement, tellement désolée si tu savais… je vais prendre soin de toi mon JD. » L’étreinte qu’elle lui offrait était forte, présente, comme si elle voulait qu’il s’accroche à elle comme à une bouée de sauvetage, parce qu’elle avait pleinement conscience qu’il avait fait tout ça pour elle. Pour l’aider, pour empêcher qu’une bricole ne lui arrive. C’était en cela qu’il lui prouvait à quel point son existence lui importait et cela l’émouvait bien au-delà des mots. Maïa avait la voix complètement étranglée et certes, elle pleurait à grands sanglots mais l’inquiétude pesait lourd sur ses épaules et elle voulait que leur nuit de noces ne soit pas peuplée de ce genre d’intrigue insupportable… elle voulait qu’ils puissent tout oublier. « Il ne s’est rien passé d’important mais je vais pouvoir enlever toute trace de cette femme grâce à tout ce que j’ai testé dans la salle de bain. Crois-moi, j’ai beaucoup potassé la nuit de noces, j’avais un plan ! » énonça-t-elle tout en essuyant ses larmes pour mieux s’emparer passionnément des lèvres de JD. Elle ne voulait plus qu’aucune femme le touche… il lui appartenait au même titre qu’elle était à lui, jusqu’à ce que la mort ne les sépare, et même au-delà.

Sauf que ce n’était pas pour rien qu’elle pleurait, Maïa avait tout de même eut peur que cette sale femme n’ait fait du mal à JD, sans compter qu’il était sans chemise et que quelques minutes plus tard aurait pu suffire à provoquer le pire. Autant dire que la jolie colombienne profita longuement de cette étreinte avant de n’esquisser un petit rire face au danseur qui se posait toujours autant de question quant à ce qu’elle avait bien pu fabriquer dans cette maudite salle de bain. On ne pouvait hélas pas dire que la demoiselle ait déjà pu vivre avant ce qui s’apparentait à une nuit de noces, et avant JD, elle ne faisait pas l’amour, elle couchait de façon complètement mécanique et dépourvue de tout sentiment. Voilà pourquoi elle s’était entraînée à devenir sensuelle, ayant bien l’intention de faire à JD des choses que personne n’avait pu expérimenter avec lui, pas même toutes les femmes qu’il avait bien pu se taper lors de sa période de gigolo. « Ne te pose pas de question, je veux juste que notre nuit de noces soit parfaite ! » se défendit-elle alors que son danseur de mari lui prenait la main pour mieux la plaquer contre la paroi de l’ascenseur, provoquant une déferlante de désir dans l’intégralité du corps de la brunette alors qu’elle lui rendait son baiser avec la même passion, prenant de plus en plus conscience qu’ils avaient échappé au pire et qu’ils avaient bien mérité leur nuit de noces en bonne et due forme. « Je ne laisserais personne nous déranger, tu as ma parole » souffla-t-elle, la respiration haletante par l’envie et son fameux petit entraînement dans la salle de bain qui ne rendait son corps que plus frémissant d’impatience. « Il faut que l’ascenseur se dépêche car je risque de ne pas résister à la tentation, surtout que tu es sans chemise et que mon imagination est en pleine ébullition ! » Maïa appuyait comme une forcenée sur le bouton de leur étage, pressée de passer enfin à la meilleure partie de ce qui avait été leur journée avec l’échange de leurs vœux… le partage ultime de bien plus que des mots. Ils allaient mettre des actes sur leur serment de mariage. « Je t’aime… » murmura-t-elle subitement avant de ne reprendre ses lèvres, lâchant le bouton quelques secondes sans quoi elle allait en perdre la raison.

Autant dire que Maïa ne manqua pas effectivement d’éclater de rire lorsqu’il la souleva soudainement, à peine les portes de l’ascenseur ouvertes sur leur étage. Il ne fallait pas croire, elle ressentait elle-même l’irrépressible envie de se retrouver dans l’intimité de leur chambre, ainsi que d’être à nouveau persuadée que rien ni personne ne viendrait plus perturber leur nuit de noces. Elle profita du baiser de JD quelques secondes avant que son rire ne la reprenne subitement, alors qu’il promettait de commettre un meurtre si quelqu’un osait frapper à la porte. « Si quelqu’un ose venir… nous n’entendrons pas et donc n’ouvrirons pas ! » énonça-t-elle, avec une assurance presque surprenante. Mais le regard félin de Maïa semblait à prendre au sérieux, surtout lorsqu’elle s’empara des deux mains du jeune homme pour l’installer confortablement sur une chaise avant de ne reculer de quelques pas. Il n’avait pas idée de la préparation presque homérique qu’elle avait faite dans cette maudite salle de bain, réglant tout au millimètre près afin d’être assurée que cette nuit de noces soit proprement mémorable, pour l’un comme pour l’autre. Dans un premier temps, elle laissa les rideaux électriques se mettre en place grâce à la télécommande qu’elle tenait en main, créant ainsi une intimité supplémentaire ainsi qu’une luminosité réduite afin qu’il puisse la voir, certes, mais qu’il n’hésite pas également à faire marcher son imaginaire. Ce n’est qu’ensuite qu’elle mit sa chanson préférée dans la chaîne hi-fi de la chambre qu’elle ne commence à jouer avec sa robe, feignant d’en remonter les pans le long de ses cuisses, les laissant subitement redescendre la seconde d’après… « Ouvre bien tes yeux et tes sens mon cher mari… » murmura-t-elle soudainement alors qu’elle se rapprochait félinement en effectuant quelques pas de danse au rythme de la musique, tout en souplesse et en grâce, s’approchant suffisamment pour s’emparer furtivement de ses lèvres pour mieux s’éloigner, collant son corps contre le sien pour faire un pas en arrière la seconde suivante… puis, le plus soudainement du monde, elle ôta la fermeture de sa robe et la fit complètement glisser à ses pieds en un geste sensuel, dévoilant un corset la mettant diablement en valeur ainsi qu’un porte jarretelle qu’elle avait acheté pour l’occasion. C’était la première carte de son jeu. La deuxième, c’était la mise en place d’une lap-dance en bonne et due forme, que Maïa effectuait avec sensualité et fougue, tout en se collant à JD pour embraser littéralement ses sens. « Ce n’est que la première partie » murmura-t-elle subitement tout en continuant de danser, et non sans lui avoir mordillé son lobe d’oreille. Si le cubain n’était pas déjà comblé avec cette première partie, c’était à désespérer, car autant dire qu’elle se coupait en quatre !