Je savais pourquoi je m'étais réveillé à l'hôpital, ce matin. C'était évident. J'avais passé la soirée d'hier chez ma belle Rose et disons que ...nous n'avons pas été très sage, si on veut. Je m'étais senti très bien par la suite, pourtant. Bon. Réellement essoufflé avec une petite pointe au coeur mais sans plus. Je croyais que c'était normal, quoi! Vu l'effort physique que nous avions eu ensemble ...Bref. En sortant de chez elle, je pris la route en direction de chez moi mais c'est dans la voiture -et sur l'autoroute en plus- que mon coeur se mit à réellement déconner. Je dus alors me mettre dans la voie de droite et appeler le 911 rapidement. En quelques minutes à peine ils étaient arrivés et m'amenèrent à l'hôpital le plus proche. Ici ...

Dans ma tête, je ne croyais pas avoir fait de crise cardiaque. Il me semble avoir perdu conscience l'espace d'un moment mais ...pour en avoir déjà vécu une, les symptômes ne semblaient pas les même ...mais je n'étais pas médecin non plus. J'étais donc seul dans ma chambre, les yeux mi ouverts car j'étais tout de même un peu fatigué et je m'emmerdais ...enfin, avant que l'infirmière de garde arrive dans ma chambre et me manipule comme un polichinelle. Honnêtement, elle n'aurait pas pu être plus brusque que ça. Sérieusement, je n'avais pas de chance dans cet hôpital car à chaque fois que j'y allais, je tombais toujours sur elle. Une vieille femme enragée de la vie qui déteste son boulot comme jamais.

Lorsqu'elle me souleva par un bras, mes yeux se referment rapidement et une petite plainte de douleur traversa même mes lèvres, ce à quoi elle me répondit «Oh, ne faites pas de scène, Mr. O'Dwyer. C'est ridicule, à votre âge ...» alors je lui jeta un regard noir en marmonnant «Vous pourriez tout de même être plus douce ...» Grave erreur. Elle me relâcha ensuite rapidement, ce qui fit que mon souffle se coupa un peu lorsque mon corps heurta le matelas et elle devint encore plus stupidement méchante en changeant mon cathéter qui, selon moi, était encore impeccable.

Finalement, elle partie en me laissant à nouveau seul mais soulagé de ne plu devoir la subir. Mon regard se porta ensuite sur mon bras et je vis l'ecchymose qui commença à grossir de plus en plus à cause de cette folle. J'allais me frotter doucement à cet endroit afin de faire disparaître la douleur quand je vis la porte s'ouvrir à nouveau. Mon coeur rata alors au moins 3 bonds en croyant que c'était elle encore ...mais non! C'était Rose! Oh merde! La machine qui prenait mon rythme cardiaque se mit à accélérer en suivant mon pouls et je ne pus m'empêcher de lancer un «Rose!? mais!» puis, pour ne pas avoir l'air trop mal en point, je me remis légèrement plus droit tout en la regardant toujours. Je ne savais comment réagir! D'un sens, j'étais heureux de la revoir aussi vite ...mais de l'autre bah ...C'était la catastrophe! Je ne voulais PAS qu'elle me revoit ainsi!

Pinçant mes lèvres, je dis tout de même «...Um ...Tu m'as fait peur ...Je croyais que c'était à nouveau l'autre dingue de service ...» et je soupira en cachant ce qu'elle m'avait fait au bras. Mal à l'aise, j'ajouta ensuite « ...Quoi de neuf, depuis hier?» en souriant faiblement en coin. J'avais apprit à faire de l'humour à chaque fois qu'une situation devenait trop lourde et que je me sentais devenir vraiment mal à l'aise ...Ce qui était en effet le cas, en ce moment! J'espérais qu'elle n'allait pas en faire un gros cas ...même si mes espoirs étaient minces, là-dessus, malheureusement. C'était Rose, quoi!

Mmmmh... Pour tout avouer et dans le désir d'être la plus véridique possible, je dois dire que j'ai passé une excellente nuit. Pourquoi ? Bêtement parce que Nolan est passé à la maison hier soir. C'est stupide que cela me rende si heureuse mais je l'aime bien, Nolan. Je crois que je l'aime un peu trop, et trop vite. Il faut dire que c'est un patient de l'hôpital, alors autant dire que je risque d'être virée à chaque instant que je passe en sa compagnie... Mais cela me passe au-dessus. Je n'y ai pas pensé une seule seconde hier soir quand... Quand nous n'avons pas vraiment joué au scrabble. Non, j'ai juste profité de l'instant présent et profité de sa compagnie.

Ce matin je suis de réserve, et la cheffe vient d'appeler. Ils ont trop de patients en cardiologie, et l'une des collègues est va rentrer parce qu'elle est malade... Manque de bol, je ne resterai pas au chaud sous la couette. Comme d'habitude quoi. Je me prépare à vitesse grand V histoire de ne pas arriver beaucoup trop en retard et sors de l'appartement en courant à moitié.

Quinze minutes plus tard, je pénètre d'un pas décidé dans le service. On m'indique où je peux retrouver la collègue malade, et je l'attends à l'extérieur de la chambre. Cette bonne femme, je ne la supporte pas. On voit facilement qu'elle a choisi les soins infirmiers par dépit et qu'elle déteste ce qu'elle fait, n'hésitant pas à brusquer les patients si elle est de mauvaise. Autant dire qu'elle est assez souvent de mauvaise, alors je souris de toutes mes dents quand je la vois sortir de la chambre. Si je dois reprendre ses patients, autant le faire avec le sourire. Qui sait, peut-être me donnera-t-elle des informations utiles ? Mmh non. Ce serait espérer que le diable se repentisse et retourne au Paradis. Quoique, ce serait même plus probable que cela arrive ! Sourire aux lèvres, j'attends toujours qu'elle dise quelque chose. Bonjour, tu vas bien... Quelque chose dans ces eaux-là. Elle grommelle « Rien de spécial. » J'ouvre de grands yeux. S'il n'y avait rien de spécial, je serais restée chez moi, sous ma couette, à récupérer de la nuit de folie que j'ai eue hier. D'un sourire léger, je demande « Et tes patients...? » Elle hausse les épaules de façon détestable. « BAH ! On s'en fout. Le 175 est arrivé tôt dans la matinée, malaise en conduisant. La 179 est en ce moment au bloc, ils lui posent un stent. » Bon... On va se contenter de ces informations alors. Je n'ajoute rien de plus et elle s'éclipse aussi vite que l'éclair. Je ne connaîtrai probablement jamais les noms des 175 et 179.

Je soupire, elle me fatigue. Armée de courage – et parce que ce n'est pas la faute du patient si cette bonne femme est un véritable troll –, je pénètre dans la chambre numéro 175 sans vraiment savoir ce qui m'y attend. Bien sûr, j'étais prête à tout sauf à ÇA. Je me sens devenir blême. Shit! Trop tard... Pas d'échappatoire... «Rose!? mais!» Je me mords la lèvr, terriblement mal à l'aise. Des images de hier soir s'imposent à mon esprit, ce qui ne m'aide clairement pas à me concentrer. Rouge, je ferme les yeux puis les rouvre, et j'ai l'impression qu'il s'est redressé dans son lit. C'est à peu près là que je commence à me sentir gelée de l'intérieur. C'est MA faute. S'il est ici...

«...Um ...Tu m'as fait peur ...Je croyais que c'était à nouveau l'autre dingue de service ... Quoi de neuf depuis hier soir ? » De blanche, je passe à rouge. Hier soir... Re-MERDE ! Je suis complètement fichue. Je tremble. « Tu ... SEIGNEUR QUE S'EST-IL PASSÉ ?? » Tant pis pour le professionalisme ; je suis mortifiée. Accessoirement je suis aussi terriblement mal à l'aise.

Ma vie est fantastique.

La voir arriver dans ma chambre fut, avouons le, le plus gros choc de la journée ...jusqu'à présent! Je ne pouvais y croire, en fait. Elle était là, devant moi et je la vis passer du blanc au rouge. À cet instant, je compris exactement ce qui était entrain de se passer dans sa tête. Elle culpabilisait! Oooh, bordel! N'empêche, malgré mes tentatives inutiles pour lui changer un peu les idées, celle-ci ne daigna même pas répondre à une seule de mes phrases et explosa comme jamais.

Mes yeux se refermèrent immédiatement à l'entendant crier et, une fois terminé je rouvris un oeil en disant sur un ton rassurant «Ce n'est rien, Rose ...Je t'assure ...» puis mordis ma lèvre en souriant faiblement en coin «Je vais vraiment mieux, maintenant ...Crois-moi ...» et je lui tendis ma main subtilement de façon à ce que seule elle puisse voir mon geste. Je la voulais tout près de moi, tout de même ...Ce n'était pas la situation idéale pour lui prouver mon amour mais bon.

Mon regard se releva ensuite vers elle, une fois qu'elle fut à mes côtés et je dis «Ça m'étonne que tu sois là ...Tu ...Tu n'étais pas supposé avoir congé, aujourd'hui? Il me semble que tu m'avais dit que tu étais heureuse d'avoir ta journée libre ...afin de récupérer d'hier soir ...» et je lui sourie en coin d'un air coquin. Oui, c'était cette petite séance de sport qui m'avait rendu là mais ...Je ne pouvais pas la blâmer. Ni même ME blâmer! Ça avait été les 60 minutes les plus ...merveilleuses de ma vie!

Bien sur, je savais la raison pour laquelle elle était venue dans ma chambre en premier. Elle devait prendre mes constantes. Pinçant mes lèvres, je commença à détacher ma jaquette tout en disant «L'autre infirmière est venue tantôt et ...Je ne suis pas médecin ni infirmier mais je crois qu'elle est nulle dans sa profession ...» Doucement, je me releva en me tenant à la ridelle et baissa ma tête en rougissant de honte à l'idée qu'elle m'ausculte et voit que j'avais légèrement menti au sujet de ma santé. Je n'allais pas ...vraiment bien, en fait. J'avais dit cela juste pour ne pas l'inquiéter d'avantage mais mon coeur semblait avoir un petit coup de mou et je n'avais qu'une envie. Qu'elle me prenne dans ses bras et que je puisse reposer ma tête sur son épaule afin de me reposer un peu...

De le voir là, allongé, fragile... Cela m'a secouée. J'ai beau connaître son état cardiaque, je dois avouer que je ne m'y attendais pas. Je me mords la lèvre, aussi blanche que de la porcelaine et convaincue que tout cela est de ma faute. «Ce n'est rien, Rose ...Je t'assure ...» Il se mord la lèvre et m'offre l'un de ces sourires cutes dont il a le secret. «Je vais vraiment mieux, maintenant ...Crois-moi ...» Je secoue la tête peu convaincue. Là, je ne suis plus Rose l'infirmière. En ce moment, je suis Rose la petite amie qui panique. En le voyant tendre la main, je ne réfléchis plus et l'attrape aussi rapidement qu'instinctivement. Une folle envie de le protéger envers et contre tous s'empare de moi et je dois me forcer à rester vaguement calme.

Doucement, je dessine des cercles invisibles dans sa paume. C'est ma faute. Cette pensée persiste, tourbillonne, m'empêche de faire quoi que ce soit. Ma faute. La mienne. Je suis coupable de sa décompensation... Je suis une fille horrible. «Ça m'étonne que tu sois là ...Tu ...Tu n'étais pas supposé avoir congé, aujourd'hui? Il me semble que tu m'avais dit que tu étais heureuse d'avoir ta journée libre ...afin de récupérer d'hier soir ...» Il m'interrompt dans mes ruminations. Son sourire fait que je me sens minuscule d'un coup. Je deviens diablement rouge aussi... Voilà que je suis sur mon lieu de travail, avec celui qui m'enlève de mon sérieux et me fait tomber en tentation ; voilà que je suis si proche de lui, sans rien pouvoir faire et voilà qu'il me fait CE sourire. C'est un démon. Les joues toujours aussi rouges, je me mets à balbutier « C'est... Ce... Je... J'étais de réserve et la harpie se sentait mal. » Je me retiens grandement d'évoquer nos exploits de la veille. Il faut quand même imaginer : je dois rester vaguement professionnelle. Vaguement. Je me mords la lèvre pour éviter de soupirer. Ça ne va pas être le patient le plus facile au monde... En tout cas pour moi. Face à sa remarque sur l'autre pseudo-infirmière, je ris doucement et affirme « C'est un troll. » C'est dit, et cela explique de façon plutôt rapide l'incompétence de ma "collègue".

Je le vois ensuite dégrafer sa jaquette... et je dois me forcer à le regarder de façon neutre ; sans perdre mes moyens. Et ces images qui s'imposent à moi... Lui ; moi... peau contre peau. Gosh... Je me racle la gorge, sentant mes paumes moites. « Tu... Rassieds-toi, je dois... t'ausculter. » Je déglutis, peu confortable à l'idée de devoir le traiter comme un patient et non comme mon petit-ami. Parce que c'est mon petit-ami. Je ne l'ai juste encore dit à personne, voilà tout.

J'eus un petit sourire de soulagement lorsque je la vis prendre ma main comme si sa propre vie en dépendait. Je me senti encore mieux quand elle se mit à faire des petits cercles invisibles dans la paume de ma main. Pinçant mes lèvres, je cala ma tête contre l'oreiller en profitant du moment, l'espace de quelques secondes et la regarda à nouveau en souriant tout doucement. C'était très étrange pour moi car d'un sens, oui je voulais l'avoir près de moi ...à mes côtés et tout ...mais de l'autre, l'idée qu'elle me voit dans cet état me déplaisait énormément.

J'eus un faible rire lorsqu'elle balbutia sa réponse et je hocha de la tête en fermant les yeux, comme pour démontré que j'avais compris son point. Sentant mon souffle diminuer légèrement, je pris un grand respire avant de dire «Ça doit être pour ça alors ...» puis mordis ma lèvre en hésitant mais fini par ajouter «Elle a été un peu trop brusque avec moi mais ...plus que les autres fois. C'est mieux qu'elle soit partie car si elle était revenue pour me traiter, j'aurais probablement fini par porter plainte ...» puis je sourie et dis «...mais là c'est toi ...et aussi étrange que ça peut nous sembler ...Je suis heureux car je sais que toi au moins tu sais ce que tu fais ...» et je lui serra un peu plus la main pour lui démontrer que j'avais réellement pleinement confiance en elle.

Afin de lui faciliter la tâche, je me mis ensuite à détacher ma jaquette et m'assied pour ensuite me faire dire de me recoucher, ce que je fis. La tête calé à nouveau dans l'oreiller, mon regard se porta sur elle et je lui pris la main qui tenait le bout du stéthoscope en disant «Vois moi comme un patient normal, okay? Je sais que tu peux le faire. Ferme les yeux ...et laisse tes émotions de côtés ...Tu es capable ...» puis je lui fis un faible sourire en coin avant de regarder ailleurs, le temps qu'elle m'ausculte.

Je savais qu'à cet instant, mes constantes n'étaient pas les meilleures au monde et si elle ne laissait pas ses sentiments e côté, elle n'allait pas réussir à réfléchir comme une professionnelle. Donc, afin de la détendre, ma main vint tout doucement se lover dans le creux de ses reins, discrètement, et je me mis à lui frotter lentement le dos pour la calmer et pour lui démontrer que même si c'était mauvais, je n'étais pas à l'article de la mort et qu'elle ne devait pas s'inquiéter.

Pour lui changer d'avantage les idées, j'eus un faible sourire alors qu'elle continuait son examen et dit «...J'ai vraiment ...vraiment aimé ma soirée d'hier ...» puis mordis ma lèvre en souriant faiblement tout en la regardant «Je te croyais pas aussi ...féroce ...» et rigola un peu avant de tousser et rajuster ma lunette nasale comme il faut. Oh oui ...la soirée d'hier avait été remarquable ...et j'étais persuadé que j'allais m'en souvenir toute ma vie.

Je suis allée instinctivement à lui, ne supportant plus cette distance nous séparant ... ne supportant pas de le voir vulnérable, là, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour changer la situation. Je fronce les sourcils quand il avoue que l'ogresse a été plus désagréable que d'habitude, sentant la colère monter. « Tu devrais porter plainte contre cette vieille fille... C'est tout ce qu'elle mérite. » Mon ton est dur : je ne supporte pas que l'on maltraite ceux pour qui j'ai de l'affection. Encore moins quand il s'agit de Nolan. Je m'adoucis quelque peu sous son air apaisant. C'est dingue... C'est lui qui décompense, et c'est lui qui veut rassurer. Il est fou...! Je ne comprends pas, mais quelque part cela me fait chaud au coeur.

J'inspire, inconfortable, quand je dois m'apprêter à l'ausculter. Ma tête est en conflit total entre l'envie de le prendre dans mes bras, de faire mon travail ou de trouver une remplaçante. Il m'arrête. «Vois moi comme un patient normal, okay? Je sais que tu peux le faire. Ferme les yeux ...et laisse tes émotions de côtés ...Tu es capable ...» Je fais un rire gêné. « T'es pas un patient normal. Tu es mon... petit-ami. Je souffle ces dernières paroles dans un murmure, de peur que quelqu'un nous entende. Et encore, je ne me suis pas trop mouillée... Mais dans quoi me suis-je fourrée...? AH VRAIMENT, je suis la reine ! Je respire un peu, histoire de calmer mes propres battements cardiaques, et pose la membrane du stéthoscope sur la peau de Nolan. Je fronce les sourcils : c'est irrégulier ; bien trop irrégulier... Je n'aime pas ça. Le médecin non plus ne va pas aimer, mais moi j'ai une double raison. C'est mon chéri qui est là... mon chéri qui compte sur moi. D'une voix tremblante, j'avoue « Mmh... Ça pourrait être mieux.. Je fais un sourire contrit, consciente d'être la pire soignante au monde en ce moment.

Alors que je me sens coupable, voilà qu'il dépose sa main au creux de mes reins. Cela me fait sursauter, et je ne sais pas si j'aime ou bien si je voudrais fuir au plus vite. Après réflexion, j'aime bien. Même si c'est hautement inapproprié. Je frissonne un peu, tout en notant les valeurs dans son cardex. Oui, rester concentrée est une épreuve en sa présence. Surtout quand il recommence à parler : «...J'ai vraiment ...vraiment aimé ma soirée d'hier ...» Il fait une moue sexy et je me sens faible. «Je te croyais pas aussi ...féroce ...» Voilà. Je rougis instantanément. Il a le DON de me mettre mal à l'aise. Comment veut-il que je l'imagine comme un patient normal si la seule chose qu'il me donne envie c'est de l'embrasser et plus si affinités ? Je me le demande.

Toujours aussi rouge, je réplique « Je... Je suis féroce si je veux. Et si j'en crois tes réactions, t'as pas à te plaindre. » Oui, il y a plus mature comme réplique. Mais c'est tout ce que je trouve. À ce moment-là, la porte s'ouvre sur le cardiologue qui vient pour la visite.

Gardant ma belle couleur rouge, je ne bouge plus. C'est comme si un seau d'eau glacée venait de me percuter...

Je savais à quel point Rose n'aimait pas sa collègue, mais je ne pus m'empêcher de faire un léger petit sourire en coin lorsqu'elle la traita de harpie. En effet, s'en était une ...mais je ne voulais pas la faire angoisser à son sujet, sachant très bien qu'elle allait s'inquiéter au moment où elle allait m'ausculter. Ce pourquoi je la regarda d'un air calme et tendre en disant «Ça va ...Ce n'est pas si grave ...Au moins, j'ai eu la chance que tu la remplaces ...C'est déjà ça de bien ...Non?» puis je serra doucement ma main contre la sienne en guise d'amour. Je voulais qu'elle se calme, un peu ...

Quand vint le moment qu'elle m'ausculte, elle eu un petit rire gêné lorsque je tenta de la rassurer un peu. Je lui sourie donc et dis «J'aime quand tu m'appelles ainsi ...» puis avant qu'elle ne puisse faire quoique ce soit et ...surtout discrètement, je lui donna un doux baiser sur la main en la regardant, avant de la relâcher lentement. Quelques secondes plus tard, je la sens se crisper et sa voix ne me dit rien qui vaille. Mordillant ma lèvre, je dis alors «Ça pourrait être pire aussi ...» puis esquissa un faible sourire en reprenant mon respire et en regardant ailleurs.

Pour faire disparaître le petit malaise qui rôde dans la pièce, je me mis à lui parler de la soirée dernière ...et à quel point j'avais aimé son comportement. Elle me fit rire un peu et je dis enfin «Oh non, je ne me plains pas ...Tu parles ...j'ai carrément adoré!» puis naturellement, je vains pour me relever par mes coudes afin de l'embrasser quand la porte s'ouvrit, laissant entrer le cardiologue en charge de mon cas.

Rapidement, je me coucha à nouveau dans le lit et dit «...Bonjour, doc ...» en lui faisant un petit sourire faible mais sympathique. Étrangement, je senti un grand froid m'envahir lorsqu'il se mit à parler de mon état. Ce n'était pas bon. Oui. Ça, je le savais. Ce que je ne savais pas par contre était la gravité de la situation. Assez mauvaise, disons. Seulement, j'eus un faible rire lorsqu'il me demanda «Avez-vous fait des exercices ou eu des rapports sexuels, hier soir ...?» à cette question, je rigola comme un gamin prit en faute et dit «Ppppffff ...» puis me racla la gorge «...Peut-être bien, oui ...?» le cardiologue fit alors une tête mécontente tout en prenant mon pouls et fronça des sourcils «...Dans votre état, vous êtes chanceux de ne pas avoir fait de crise cardiaque. Ce que vous avez eu hier n'en était pas loin ...et nous aurions réellement pu vous perdre si vous aviez décidé d'attendre quelques minutes e plus avant d'appeler l’ambulance.» mordillant ma lèvre, je dégluti en rougissant malgré moi et regarda d'un air coquin/complice ma Rose qui semblait sous le choc, à mes côtés. Il se mit ensuite à parler de mes constantes avec Rose et dit «D'accord. Surveillez-le comme si il était un patient aux soins intensifs, svp. Je n'aime vraiment pas ses constantes et je crains fort qu'il nous refasse une décompensation en fin de soirée ...» et sans plus attendre, reparti en me disant à peine au revoir.

Enfin de nouveau seul avec Rose, je dis alors «Je crois qu'il n'aime pas trop rigoler, celui-là!» et le pointa du pouce avant de reprendre la main de Rose et dire «T'en fait pas avec ça ...Il en a surement rajouté pour me faire peur, c'est tout ...» puis je lui fis un tendre sourire en portant sa main contre mon coeur et en murmurant «...Tu sais que je t'aime, uh ...?» avant de me mettre à tout doucement, caresser du pouce la main de ma copine. Je devais rester fort pour elle mais ...en réalité, j'avais une énorme boule d'émotion au creux de la gorge qui commençait à me faire extrêmement mal. J'avais peur ...très peur, même ...

Je hausse les épaules, m'avouant gênée. « Tu aurais été mieux servi avec Rhonda... Tu me fais perdre les moyens, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué. Je fais un petit sourire coupable. Cet aveu est sincère. Mais en même temps je suis aussi en pleine panique parce que je suis sur mon lieu de travail en compagnie de mon petit-ami qui est mon patient. Normaaaaaaal. I'm so fucked up.

« J'aime quand tu m'appelles ainsi ... » Un sourire involontaire se fiche sur mes lèvres. Parfait, maintenant j'ai l'air d'une imbécile heureuse. Mais... il est si cute. Même alors qu'il va mal ! J'ouvre de grands yeux quand il me fait un baisemain et me regarde avec son regard si mignon. Je fonds en live ; mais je dois me reconcentrer : j'ai des constantes à prendre. « Mmh... Ça pourrait être mieux ... » Je tremble. Je ne veux pas avouer à haute voix, mais c'est... relativement catastrophique. Mon minimum de sang froid m'interdit de le dire. «Ça pourrait être pire aussi ...» J'acquiesce, bien que restant à moitié convaincue par ce qu'il vient de dire. Mais il ne faut pas tout dramatiser... Son médecin s'en chargera pour moi, j'imagine.

« Je te croyais pas aussi...féroce...» Je sursaute et rougis. « Je... Je suis féroce si je veux. Et si j'en crois tes réactions, t'as pas à te plaindre. » Vaine tentative de garder la face. «Oh non, je ne me plains pas ...Tu parles ...j'ai carrément adoré!» Je souris sans le vouloir. Ce qu'il est bête... Je me mords la lèvre inférieure. C'est vrai que hier soir a été... pour le moins mémorable. J'aurais préféré ne pas en parler...ici.

Le médecin nous interrompt, augmentant mon malaise. Je suis aussi rouge que les cabines téléphoniques anglaises, et ça n'est pas près de se calmer. Je cherche désespérément une échappatoire, mais n'en trouve pas.

«Avez-vous fait des exercices ou eu des rapports sexuels, hier soir ...?» Je suis gelée de l'intérieur, et Nolan se met à pouffer comme un gamin pris en faute...ce qui n'aide clairement pas à ma détente. «...Peut-être bien, oui ...?» Je reste sans réaction. C'est le mieux que je puisse faire, sinon je me trahirais. Le cardiologue grimace et prend le pouls de Nolan tout en ignorant mon cardex rempli. «...Dans votre état, vous êtes chanceux de ne pas avoir fait de crise cardiaque. Ce que vous avez eu hier n'en était pas loin ...et nous aurions réellement pu vous perdre si vous aviez décidé d'attendre quelques minutes e plus avant d'appeler l’ambulance.» Mon gamin de petit-ami se mordille la lèvre, mais voilà qu'il me regarde d'un air ... indécent. Par chance le cardiologue n'a pas vu sa tête à ce moment-là, sinon il aurait compris que c'était moi, sa complice de galipettes. Je fais de gros yeux à Nolan, pour lui faire comprendre en silence qu'il doit arrêter avec son air victorieux. rhaaaaa quel gamin. Je me sens comme un poisson hors de l'eau.

Le médecin commence enfin à regarder le cardex et à parler de ses constantes et me demande «Surveillez-le comme si il était un patient aux soins intensifs, svp. Je n'aime vraiment pas ses constantes et je crains fort qu'il nous refasse une décompensation en fin de soirée ...» J'acquiesce, toujours aussi mortifiée. Parce qu'en plus je vais devoir rester avec lui toute la journée ? Je ne suis pas au bout de mes peines. Mon professeur d'éthique de l'université serait ravi de me faire réfléchir à ce problème éthique... Comment s'y prendre avec un patient dont vous êtes proche, et avec qui vous avez eu des relations sexuelles sans que cela n'affecte votre relation professionnelle ? Même si vous n'êtes pas censée avoir de relations sexuelles avec vos patients, Miss Watson. C'est comme si je pouvais entendre sa voix et son ton de réprimande, au vieux Fawcett. Je déglutis.

«Je crois qu'il n'aime pas trop rigoler, celui-là!» Voilà qu'il recommence à plaisanter. Je crois que je commence à le connaître suffisamment pour suspecter qu'il y a anguille sous roche. «T'en fait pas avec ça ...Il en a surement rajouté pour me faire peur, c'est tout ...» Je me mords la lèvre.« Nous aurions dus être plus prudents...hier. Je culpabilise, le poids m'est retombé sur les épaules... Mais je refuse de le laisser intérioriser tout cela... À mon tour de me montrer forte ; pour lui.

Je lui souris avec la même tendresse que je vois dans ses yeux. «...Tu sais que je t'aime, uh ...?» J'acquiesce et me laisse faire, sourire toujours aux lèvres. « Moi aussi. Mon ton est sûr de lui ; parce que je suis persuadée de ce que je suis en train de dire. Je ne mens pas. Je n'aime pas les mensonges... Ils sont inutiles. Je passe alors ma main dans ses mèches et lui garantis « Tu n'as pas à t'en faire. Tu iras mieux. Sinon ton médecin t'aurait immédiatement interné aux soins intensifs.» Je me veux rassurante, posée. Le contraire de ce que je ressens au plus profond de moi-même. D'un air sérieux, je continue « Je vais revenir souvent... Mais c'est la procédure habituelle pour une situation comme la tienne. Alors... me lâche pas.» Ces trois mots, je les souffle, suppliante. On les entend à peine et pourtant ils reflètent mes désirs les plus profonds en ce moment. Je ne veux pas le perdre ; je ne vais pas le perdre.

Alors, je serai cette infirmière super-professionnelle dont il a besoin en ce moment, et laisserai de côté la petite-amie tremblante de peur. Qu'il sache qu'il peut compter sur moi...

Pendant que le médecin me réprimandait d'avoir eu des relations sexuelles hier soir, mon regard amusé se porta sur Rose qui elle, paru horrifié de me voir ainsi la reluquer. J'eus un faible sourire lorsqu'elle me fit des gros yeux et retrouva peu à peu mon sérieux afin de ne pas trop égailler les soupçons. Ce n'était pas ni l'endroit, ni le moment.

Ce n'est que lorsqu'il fut parti que je pus à nouveau regarder Rose droit dans les yeux sans que ce soit trop louche d'avoir l'air de vouloir la croquer tout rond. Par contre, ce qu'elle me dit me fit grincer des dents et je hocha rapidement non en ajoutant «Si je ne m'étais pas senti capable, Rose ...Je n'aurais pas fait tout ce que j'ai fais hier ...Crois moi ...» puis tout en continuant, je me mis à lui caresser doucement le pouce «Si j'avais le choix de reculer le temps avant mon malaise pour me prévenir de ne pas le faire ...Je ne le ferais pas car tu sais quoi? J'ai vraiment ...» et je repris mon souffle qui semblait s'écourter «...vraiment aimé ma soirée...» avant de toussoter un peu dans mon coude.

J'eus un faible sourire quand elle affirma m'aimer aussi puis lui donna à nouveau un tendre baiser sur la main. Que ces mots étaient doux à mes oreilles! Mes yeux se refermèrent ensuite instantanément au moment où elle passa ses mains dans mes cheveux et je hocha de la tête en murmurant «Je sais, mon ange ...Je sais ...» même si j'en croyais complètement le contraire, tout comme elle. Sa dernière phrase par contre me fit ouvrir lentement les yeux et pour la première fois, je la regarda d'un mélange de pure tendresse mais aussi ...de peur en disant «Je ne te lâcherai jamais, Rose Watson ...jamais ...okay?» puis lentement, je vains agripper sa chemise d'infirmière par le collet et me souleva légèrement d'un coude afin de l'embrasser amoureusement.

Après ce doux baiser, je me laissa à nouveau tomber sur mon matelas et fronça des sourcils car les battements de mon coeur ne voulaient pas se stabiliser. Serrant mes dents, je dus dire «...Je ne sais pas si c'est normal, Rose ...» à ces mots, ma voix craqua légèrement, laissant paraître mon angoisse grandissante en vue de la situation. Reprenant un grand respire afin de me calmer, j'ajouta «...mais ce ...Ce n'est surement rien de grave ...» puis mordilla ma lèvre en prenant conscience que je n'étais pas son seul patient. Mon regard se détacha alors du sien pour le braquer vers le corridor et ma main sur son collet vint se placer lentement à l'endroit où mon coeur continuait à faire des siennes. Tentant de cacher ma nervosité, je dis «Si tu ...Si tu as d'autre patients à faire, vas-y et ...et envoie moi Rhonda dès qu'elle peut, okay?» Je ne voulais pas faire perdre son temps à aucune des deux mais ...surtout pas à Rose. Je savais à quel point c'était difficile d'être à à mes côtés, en ce moment et d'agir de façon professionnelle. De plus, je ne croyais pas que ma situation était aussi urgente que ça ...mais elle l'était. J'avais même commencé à perdre des couleurs aux lèvres et sur les ongles, du à l'apport d'oxygène manquant du aux battements trop irréguliers de mon coeur.

La culpabilité qui me ronge est visible; je n'arrive pas du tout à la cacher. Même s'il me regarde toujours comme si j'étais une friandise... Surtout quand il me regarde comme cela en fait. J'aurais dû lui résister... Nous n'en serions pas là.  « Nous aurions dus être plus prudents...hier. «Si je ne m'étais pas senti capable, Rose ...Je n'aurais pas fait tout ce que j'ai fais hier ...Crois moi ...» cela ne me calme pas, au contraire. «Si j'avais le choix de reculer le temps avant mon malaise pour me prévenir de ne pas le faire ...Je ne le ferais pas car tu sais quoi? J'ai vraiment ...vraiment aimé ma soirée...» Il souffle ces mots comme s'il fatiguait et commence à toussoter dans son coude. Je mords ma lèvre inférieure, les sens aux aguets. Mais pour lui montrer tout mon calme, je lui souris avec tendresse. Oui, moi aussi je l'aime. Je le lui avoue, sûre de mes mots.

Je me veux rassurante, lui assurant que cela ira. Mais je ne sais pas qui j'essaie de tromper... Nous savons tous les deux que sa situation est grave. Pour ne pas dire critique, car elle ne l'est pas encore, elle reste du moins risquée et à surveiller. C'est sans doute pour cela que je le supplie de ne pas me lâcher. Comme s'il avait un pouvoir de décision là-dessus... «Je ne te lâcherai jamais, Rose Watson ...jamais ...okay?» Je hoche la tête de haut en bas, sentant son regard empli d'amour. Je sens aussi son angoisse, viscérale. C'est là qu'il m'embrasse. Sans réfléchir, je m'agrippe à sa nuque et répond à son baiser, presque désespérée. Il n'a pas le droit de me lâcher... Jamais.

Il s'affaisse ensuite et je ne peux m'empêcher de vouloir revérifier ses constantes. Le médecin a dit comme aux soins intensifs... je dois donc trouver un monito' plus récent de libre. «...Je ne sais pas si c'est normal, Rose ...» Il craque et je pose ma main sur la sienne, pour lui montrer que je suis là, quoi qu'il arrive. Que c'est hors de question que je parte. «...mais ce ...Ce n'est surement rien de grave ...» Il me lâche, et je fronce les sourcils. Nolan O'Dwyer a un fonctionnement vis à vis de sa maladie que je ne comprends pas encore tout à fait. C'est comme si... Comme s'il voulait me protéger, moi. Alors que c'est lui qui est à deux doigts de la décompensation cardiaque. L'interrogation et l'imcompréhension se lisent sur mon visage. «Si tu ...Si tu as d'autre patients à faire, vas-y et ...et envoie moi Rhonda dès qu'elle peut, okay?» Mon regard s'agrandit de surprise. Est-ce une tentative – ratée, disons-le tout de suite – de m'évincer ? De me rejeter de sa situation de santé ? Pourquoi ?

Je le regarde d'un air décidé et ricane. « Mon coco... Si tu crois que je vais t'abandonner comme cela, maintenant... tu te fourres le doigt dans l'oeil.» Voilà qui est dit. Je fais un sourire rassurant mais déterminé; puis commence à l'observer plus attentivement. Irrégularité du souffle ; tachypnée; cyanose unguéale et péribuccale (m'indiquant un manque d'oxygénation sanguine) et probable tachycardie... Pas une minute à perdre. Je prends le matériel qui est rangé sur le rebord du mur, derrière le lit, et m'active, réglant l'oxygène à 2 litres par minute et plaçant les lunettes à oxygène sur lui, tout en lui expliquant la procédure qu'il doit déjà connaître par coeur. Mes gestes sont précis et sûrs d'eux : je sais ce que je fais. Des patients en décompensation, j'en ai déjà vu beaucoup... Il n'y a pas de différence avec Nolan. J'arrive l'espace d'un instant à oublier mon inquiétude et à mettre la priorité sur sa santé. Je me concentrerai sur mon ressenti plus tard...

« Tu dois me promettre de rester tranquille au lit, d'accord ? Tu as à tout prix besoin de repos. » Ce disant, je ne laisse pas de place au refus. Je profite de reprendre l'un des monitos qui est gardé dans l'armoire pour commencer à le brancher à la machine. Il m'est avis que ce n'est pas encore trop critique; que c'est juste de la fatigue cardiaque. Mais si ses battements cardiaques dépassent les 180, la prescription est de lui donner sa réserve de digoxine. J'espère ne pas avoir à en arriver là, ou je demanderai personnellement un ECG pour lui.

Les idées fusent dans mon esprit et je me forge un plan de soins pour lui. Puis j'ajoute, d'une voix douce, posant une main sur la sienne avec tendresse: « Ne te fais pas de soucis, d'accord ? Mon autre patiente ne reviendra pas avant 16h, et tu es clairement prioritaire. » Mon attitude est presque 'normale' et je lui souris avec calme.

J'étais dans un mauvais état, fallait l'avouer. Seulement, je ne voulais vraiment pas que Rose perde son temps avec moi mais surtout, qu'elle s'occupe à ce point de mon cas. Je savais pertinemment à quel point c'était difficile pour elle d'être dans sa position et ...à vrai dire, je craignais fort qu'elle ne puisse laisser ses sentiments pour moi de côté, si jamais je faisais une autre crise ou autre. Ce n'est pas que je n'avais pas confiance en elle, loin de là! mais à sa place, je serais probablement beaucoup trop stressé pour penser de façon ordonnée et efficace.

Cependant, lorsqu'elle me rassura en me disant qu'elle ne me m'abandonnera pas, je senti en moi un poids en moins. Comme si je commençais à, peu à peu, accepter qu'elle s'occupe de mon cas comme il se doit. Mordillant ma lèvre, je hocha oui lentement et plongea mon regard dans le sien. Elle se mit alors à m'observer attentivement et je vis en elle un changement professionnel s'effectuer. Malgré mon malaise, je ne pus m'empêcher de sourire faiblement en murmurant «Tu es ...tellement belle quand ...quand tu es concentrée ...» puis leva ma main afin d'atteindre son bras, sauf que je ne pus y parvenir. Trop faible. Cette tachycardie me prenait énormément d'énergie et mon corps, atteint de tremblements commençait à lourdement s'épuiser.

Elle me mit ensuite une lunette nasale en augmentant le débit d'oxygène tout en m'expliquant les procédures. D'un signe de tête bref, je lui répondis ensuite faiblement «O ...okay ...» mais la panique commença à s'emparer de moi au bout de quelques secondes, quand je senti que l'air ne semblait pas fonctionner. Je commençais même à avoir une petite douleur au niveau de la poitrine, qui ne me disais rien de bon, honnêtement.

Au contact de la main de Rose sur la mienne, je rouvris lentement les yeux pour la regarder et versa quelques larmes à ses paroles. Lentement, j'essaya à nouveau de relever mon bras et parvint à déposer doucement ma main sur sa joue. Là, d'une voix faible je dis «Tu es ...forte ...Plus ...plus forte que je le croyais ...» et sourie légèrement en le relaissant tomber sur mon ventre «Je ...te fais confiance ...Je ...je sais que maintenant tu sauras garder ...garder ton calme, quoiqu'il arrive ...» puis lui sourie à nouveau avant de resserrer ma main sur la sienne. J'avais peur. Très peur, même ...et ça ne m'aidait pas à relaxer et aller mieux. Je le savais. Ce pourquoi je ferma à nouveau mes yeux et me mit à respirer doucement pour me calmer.

Au bout d'un long moment, je senti mon corps se détendre peu à peu et mon coeur ralentir la cadence. Bien qu'il soit toujours un peu irrégulier, je me sentais mieux. Faible, mais mieux. C'est alors que je tourna ma tête vers Rose, lentement et murmura «J'ai froid ...» en effet. Ce n'était pas sans raison, par contre. J'étais trempé de sueur comme si j'avais couru le marathon aller/retour. Mon coeur avait tellement forcée que j'eus un énorme coup de chaleur presque soudain. Même que ma tête se mit à tourner et au même moment, je senti l'envie de vomir. Comme un gros mal de mer, quoi ...mais dans un lit d'hôpital. À cet instant, je me senti même légèrement confus en disant «Rose, arrête de danser, stp ...» tout en me cachant les yeux d'une main. J'avais l'impression qu'elle dansait, mais c'était ma tête qui tournait trop.

« Mon coco... Si tu crois que je vais t'abandonner comme cela, maintenant... tu te fourres le doigt dans l'oeil.» Mon sourire est rassurant, mais déterminé. Je sens que cela le calme instantanément, de me savoir prête et présente. Quand il me dit me trouver belle dans ma concentration, je me sens rosir légèrement. Mais je reste tout de même concentrée sur mes surveillances et mes soins, laissant simplement un sourire poindre sur mes lèvres; signe que je l'ai écouté.

Je suis reconnaissante qu'il m'accepte dans cette partie-là de lui ; dans cette 'maladie' qui fait partie intégrante de sa vie. Comme si je me sentais un peu... mhh... pas privilégiée, mais j'ai l'impression que cela n'arrive pas avec tout le monde. Peut-être que je me trompe, je ne sais pas... En tout les cas au moins maintenant il se laisse plus aller à ses propres émotions sans vouloir m'en écarter pour me protéger. Une fois qu'il est équipé de capteurs et d'électrodes, je pose ma main sur la sienne et lui explique que je ne vais pas partir de cette chambre de si tôt... Là, je vois quelques larmes briller au coin de ses yeux ; et il pose sa main sur ma joue. Je ferme les yeux un instant puis les rouvre, lui souriant avec sérénité et caressant du bout des doigts le pourtour de son visage. « Tu n'as pas à t'en faire. Je suis là. » D'une voix faible il déclare: «Tu es ...forte ...Plus ...plus forte que je le croyais ...» Je me fige l'espace d'une seconde, sentant une pointe de tristesse me prendre au dépourvu. Cette phrase... Cette phrase, je l'ai déjà entendue. Il y a longtemps... C'est ma mère qui me l'a dite. Quand Papa est mort, alors que je lui tenais fort la main. Et que je suis tout de suite allée rassurer Maman, laissant de côté mon deuil de fillette de cinq ans et demi. Oui, je suis forte... malgré les apparences ; malgré ma petite taille. Je fais un sourire triste et acquiesce, sans parler. Oui... je suis forte.

Il repose son bras contre son corps et m'avoue «Je ...te fais confiance ...Je ...je sais que maintenant tu sauras garder ...garder ton calme, quoiqu'il arrive ...» Je lui souris et entrelace mes doigts aux siens, serrant un peu plus fort. « Tu n'as pas à te faire de souci. Je suis là. Je suis là et je ne compte pas partir. ... Alors ancre-toi ça dans la tête. » Je vois qu'il s'efforce de ne pas entrer en crise de panique, alors je contrebalance avec tout le calme dont je peux faire preuve. Dans le fond, j'ai aussi un peu peur. Rose a peur. L'infirmière Watson, elle... L'infirmière Watson ne craint pas de perdre ce patient : il va bien ; est sous médication ; surveillé... Si quoi que ce soit arrivait l'équipe serait là en quelques secondes, même moins.

Forte de cette certitude, je jette un nouveau coup d'oeil au monito ; coup d'oeil qui me rassure. Pas de tachycardie excessive... même si j'aimerais bien pouvoir lui faire un ECG... Just in case.

«J'ai froid ...» Je fronce les sourcils, et remarque qu'il est trempé de sueur. Alors que je me recule pour aller chercher une chemise d'hôpital sèche et une couverture, ses paroles me stoppent net. « Rose, arrête de danser stp...» Je fronce les sourcils. Ça, c'est pas bon signe. « Je... Je ne danse pas. » Bravo Sherlock ! Je prends le haricot qui est dans le tiroir de la table de nuit et le pose devant Nolan, à proximité de sa bouche. Depuis qu'il m'a vomi dessus, je me méfie. « Sens-tu l'envie de vomir, No' ? Parce que je peux te donner ta médication s'il le faut ! »

Surtout, prioriser : vomissements et haricot ; habits chauds ; ECG portable... Nolan O'Dwyer, ne me lâche pas.

Le fait qu'elle prenne le temps de me rassurer me fit grandement du bien, disons. Je savais que Rose n'aurait pas été du genre à me laisser angoisser sans rien dire mais ...Juste le timbre de sa douce voix ...et ses paroles parfaites réussir à me calmer légèrement, même si mon coeur continuait tout de même à faire des siennes dans ma poitrine. Mes yeux se refermèrent instantanément à nouveau lorsqu'elle se mit à caresser mon visage lentement. J'eus un faible sourire à ses mots et hocha oui avant de lui dire à quel point je la trouvais forte. Oui, elle l'était. Plus qu'elle ne le croyait!

Après lui avoir affirmé que je lui faisais confiance, elle me fit à nouveau sourire faiblement en me faisant même verser quelques larmes et je dis «Tu es là tu ...Tu vas rester ...Mmmh mmh ...» d'une voix tremblante. À cet instant, je m'efforçais vivement à ne pas entrer en crise de panique et resserra même un peu plus fort ma poigne dans sa main. Je savais très bien qu'elle n'allait pas me quitter mais ...je ne voulais même pas qu'elle bouge d'un centimètre. Je voulais qu'elle reste là, à mes côtés. Rassurante comme jamais.

Ce n'est que quelques minutes plus tard, alors que je commençais à me calmer que je senti ma tête se mettre à tourner et mon coeur à vouloir sortir au bord de mes lèvres. Fronçant des sourcils, je lui mentionna avoir froid mais au moment où je la senti se reculer pour aller chercher une nouvelle jaquette et tout, ma vision se mit à me jouer des tours et je la vis danser devant moi. Les yeux entre ouverts en sa direction, j'eus seulement le temps de voir un haricot passer sous mon menton que je me releva légèrement et me mit à vomir dedans. Façon glamour, quoi. Mes mains tentèrent alors de tenir l'haricot mais je tremblais tellement qu'il m'était impossible de le faire! Une fois vidé complètement, je me laissa retomber sur mon matelas et hocha oui avant de ...chigner un peu. Chose que jamais je n'aurais fait si j'avais eu toute ma tête.

Je n'étais pas du tout bien, à vrai dire. J'avais froid. Je suais. J'avais envie de vomir et une barre à l'estomac. De plus, ma copine devait s'occuper de moi! Tout cela me donnait énormément de stress, ce pourquoi au bout de quelques secondes couché, je fini par perdre conscience. Le néant total pendant un bon vingt secondes avant de me réveiller en sursaut, accroché au bras de Rose qui semblait commencer à perdre son calme, devant moi. Je pus même voir dans ses yeux de réels éclats de paniques. Je ne savais pas si elle même m'avait ramené à la conscience ou si j'avais émergé tout seul mais ...une chose était certaine. Je me sentais légèrement mieux. Tournant lentement mon visage vers elle, je la regarda de mes petits yeux fatigués et demanda «...Je t'ai ...vomis dessus?» question pas si bête, étant donné que la dernière fois, c'était ça qui s'était réellement passé. Néanmoins, malgré le fait que je me sentais mieux ...j'avais toujours froid et mes tremblements presque excessifs ne s'étaient pas arrêtés.

Je n'aime pas le fait qu'il ait froid, ni celui qu'il pense que je danse. C'est pourquoi je lui donne rapidement un haricot, sentant qu'il s'apprête à rejeter son déjeuner. Je remarque aussi qu'il semble sans forces, tremblant. Je tiens fermement le haricot d'une main, et son épaule de l'autre, jusqu'à ce qu'il ait terminé. Je pose le haricot sur la table de nuit et m'efforce de le rassurer, le voyant plutôt mal. Juste histoire qu'il comprenne qu'en ce moment je suis simplement la professionnelle ; que je me fiche qu'il vomisse ou se sente vulnérable. Je m'apprête à lui poser une question, je vois qu'il tourne de l'oeil. «Shit ! » Alarmée, je commence directement par lui prendre le pouls, qui heureusement est toujours présent. Cela me rassure...vaguement. «Nolan... Nolan ! Tu m'entends ? ... Réveille-toi ! Je sens la panique monter et appelle rapidement une collègue avec mon bip. L'ECG, ça va être tout de suite. Je frictionne le torse de Nolan, ce qui est sans doute très désagréable mais devrait m'aider à le réveiller. Et à le réchauffer, aussi. Après de longues secondes, il finit par se réveiller. Je souffle de soulagement. « Je te préfère les yuex ouverts.

Il me regarde d'un air fatigué et demande d'une voix innocente «...Je t'ai ...vomis dessus?» Je souris, repensant à notre première rencontre ; celle où mes baskets ont rencontré son vomi. Ou plutôt l'inverse. Je secoue la tête, joueuse. « Nah ! Maintenant je te connais... Je prévois le haricot !» J'ai un sourire amusé, mais je reste encore inquiète tant que je n'aurai pas vu l'ECG. Je jette rapidement le haricot dans la poubelle afin d'éviter que cela n'embaume l'air de la chambre, et sors une deuxième couverture pour Nolan, après avoir noté sa température sur le cardex. Je le couvre ensuite de façon attentive, et caresse délicatement ses bras. « Là... C'est mieux ? » Ma voix s'est faite douce, mais je n'aime pas le voir comme cela. J'aimerais prendre soin de lui, mais pas seulement comme l'infirmière que je suis ... Je veux prendre soin de lui parce que je l'aime. Sauf que ça, je ne peux que le lui dire à lui. Pas au médecin ni aux autres collègues...


Soudain, on toque. Je caresse doucement les mèches de Nolan et lui offre un baiser volant, prenant soin de ne pas être vue. Je tiens à mon job... Le technicien ECG est là, et commence à placer les électrodes sur le torse de Nolan, après lui avoir expliqué ce qu'il allait faire. Je souris de loin à Nolan, attendant les résultats. Ceux-ci ne tardent pas, et ils sont rassurants. Pas d'onde de Pardee ni autre anomalie excessivement alarmante... ce qui est bien. Le collègue nous abandonne et je l'explique à Nolan. « Au vu des circonstances... Tu vas bien. » J'ai un air gêné et me mords la lèvre, incertaine. « Comment te sens-tu ?»

J'avais perdu conscience. Je le savais car lorsque je rouvris les yeux, je pu voir l'état de panique dans le regard de Rose mais aussi l'entendre dans sa voix. Elle me préférait les yeux ouverts. Je ne pus m'empêcher de sourire faiblement à son don de clairvoyance pour le haricot et referma les yeux quelques secondes afin de récupérer mes forces plus rapidement. Je ne senti pas qu'elle était partie un peu plus loin dans la chambre pour reprendre des couvertures ...alors au moment où elle revint et les mit doucement sur moi, je rouvris rapidement mes yeux en sursautant légèrement. Elle m'avait fait peur mais ça ne m'avait pas affecté plus que cela. Ses gestes étaient si doux à mon égard qu'elle avait tôt fait de me rassurer. Je me sentais maintenant comme dans un petit cocon confortable. C'était douillet et agréable. À sa question, je hocha alors un oui tout en la regardant amoureusement

Lorsqu'on toqua, mon regard se porta vers la porte, intrigué et à cet instant, le technicien du ECG entra avant de m'expliquer les procédures qu'il allait devoir prendre pour faire l'examen. Comme j'étais obligé, je me laissa faire sans rien dire. Par contre, tout au long de l'examen, mon regard se figea sur Rose qui ne cessait de me sourire doucement. Elle se faisait rassurante, et disons que cela me faisait énormément de bien, aussi. Quand le technicien nous quitta enfin, je la vis revenir vers moi en me rassurant à nouveau pour ensuite me questionner sur mon état. D'un geste lent, je vains alors déposer ma main sur son avant bras et murmura «Je me sens mieux ...mais um ...J'irais encore mieux avec un morceau de chewing-gum ...» puis rougit légèrement en cachant ma bouche de l'autre main «Je suis l'anti sexy en personne, en ce moment ...» puis rigola faiblement.

Comme j'allais mieux, je décida de me relever lentement afin d'être mieux assit puis, une fois à la hauteur voulu, je baissa ma tête légèrement pour mieux récupérer. J'étais essoufflé et disons que ...J'en étais pas très fier. Mordillant ensuite ma lèvre, je la fis asseoir à mes côtés en la tirant vers moi et dit d'une voix faible «Rose ...» et pris quelques secondes afin de ressasser au mieux mes idées dans ma tête «Tu um ...Comment te sens tu ...?» et mon regard se porta sur elle, inquiet. Je devais le savoir car après tout ...Elle venait tout de même d'agir professionnellement avec moi, son petit copain malade. Cela avait du être difficile à vivre, pour elle. Mordillant ma lèvre, j'ajouta ensuite «...et dit-moi la vérité, stp ...Tu n'as pas à ...me mentir à ce sujet ...» j'étais très sérieux dans mes propos. Je ne tenais pas à blaguer là, maintenant, sur un sujet aussi important ...même si ce n'était pas mon habitude. Je voulais simplement la protéger. Connaître le fond de ses pensés.

Tandis que le technicien pose les électrodes sur Nolan et baragouine son protocole, je ne lâche pas mon copain du regard. Je suis là. Je lui souris, voyant qu'il a l'air peu rassuré au début. L'ECG est rassurant, ce qui est une bonne chose. Dès que nous nous retrouvons de nouveau seuls, je me rapproche de lui, comme si la distance qui nous sépare m'était insupportable. Je réduis la distance physique, mais il nous reste la distance imposée par mon uniforme blanc et sa chemise de patient. « Au vu des circonstances... Tu vas bien. Comment te sens-tu ?» Je me mords la lèvre, gênée. Sa main vient se poser sur mon bras, réconfortante. Je fais un petit sourire. Je suis exténuée... «Je me sens mieux ...mais um ...J'irais encore mieux avec un morceau de chewing-gum ...» Il rougit légèrement et se cache la main d'un geste mignon. «Je suis l'anti sexy en personne, en ce moment ...» Son rire est contagieux, et je secoue la tête amusée. Mon visage s'illumine. Je fais sortir de ma poche de blouse un paquet de tic-tac à la menthe. « Ça c'est Georges, mon yéti. Georges est doux ; Georges est frais. Mais Georges n'est vraiment... pas... pratique. Et puis j'ai découvert TicTac. Un enrobage de douceur qui révèle un coeur de fraîcheur. » Je fais un graaaaand sourire, voulant amuser la galerie. Voilà, je suis partie sur planète-Rose et ses publicités douteuses. Mais bon... L'humour, ça m'empêche parfois de penser. Ce qui, au vu des circonstances, me semble l'échappatoire idéale.

Je lui offre donc cette petite chose revêtue de blanc, un aperçu de fraîcheur/douceur – le tictac donc ; pas moi ! – et le vois qui se relève dans le lit, plutôt difficilement. Essoufflé ; gêné. Je crois qu'on l'est tous les deux. Mais... Il n'est pas dupe, malheureusement. Pour le coup, j'aurais préféré qu'il le soit. Il m'assoit à ses côtés et je me retrouve très près de lui. «Rose...» Sa voix est faible, comme s'il cherchait ses mots. Je me sens l'envie de m'enfuir à toute vitesse qui me prend aux tripes, pour fuir une conversation sérieuse. Puis je me rends compte que c'est inutile et tente de respirer calmement. «Tu um ...Comment te sens tu ...?» Un million de réponses me traversent l'esprit, sans qu'aucune ne soit tout à fait adaptée à ce que je ressens, là tout de suite. Je réfléchis. Je gagne du temps aussi. Je sens son regard qui me transperce et n'ai pas la force de l'affronter, pas tout de suite. Alors je tente de gagner quelques secondes, désespérément. Comment est-ce que je me sens ? Exténuée. «...et dit-moi la vérité, stp ...Tu n'as pas à ...me mentir à ce sujet ...» Je tremble un peu. Là, plus de plaisanteries. C'est ce qu'il me demande. Je respire calmement, tentant de mettre mes pensées dans un ordre logique. « Je...» Je relève ensuite la tête et le regarde dans les yeux. Terminée la plaisanterie. « J'espère ne plus avoir à traverser cette épreuve. » Je me rends ensuite compte que mes paroles peuvent être mal interprêtées et blêmis. « Ce que je veux dire, c'est que je suis beaucoup plus efficace soit en petite-amie, soit en soignante. ... Pas les deux. » Je me mords la lèvre. J'aurais préféré être plus forte, mais je n'arriverais pas à le soigner correctement une nouvelle fois, pas à l'hôpital du moins. Je soupire, me sentant peu claire. « Je... je ne me sens pas à ma place ici, en blanc, à côté de toi, en blouse. ... J'aimerais être là, pouvoir faire ce que je veux sans courir le risque d'être virée ou d'avoir peur de mal te soigner. » Ce disant, j'ai pointé le fauteuil. Je préférerais être seulement sa petite-amie, pouvoir engueuler les infirmières et médecins qui se rapprocheraient de lui et les traiter d'incompétents, habillée en tenue civile et juste lui tenir le bras, lui dire que tout va bien, que ça va passer. Devenir le cauchemar des soignants parce que je serais ici en tant que proche ; pas en tant que professionnelle. Mes yeux commencent à briller, sans doute le cumul des émotions que je me suis forcée de refouler en moi. « Je suis censée te protéger ; pas te soigner.»

Lorsqu'elle me sortie le slogan du tic tac je me mis à rire. Bien sur, j'aurais dû m'y attendre! Rose aimais bien partir dans son délire parfois, afin de se détendre elle même, mais aussi détendre l'atmosphère. J'en pris donc une en souriant, tout en la remerciant par la suite et décida de m'asseoir dans le lit, lentement. Seulement, là je n'avais pas envie de plaisanter. Je voulais connaître le fond de sa pensé. Comment elle allait. J'étais inquiet car malgré tout, le fait de me soigner comme elle venait de le faire a dû lui être très difficile.

Je vis tout de même immédiatement qu'elle tentait de gagner du temps Elle ne voulait pas répondre. C'était tellement peu subtile! Rose ne savait pas mentir. Point. Je la connaissais trop depuis le temps, maintenant! Cependant, mon coeur me mit mal dès sa première phrase. Mon regard s'agrandit alors et je ne fis que la fixer tout au long qu'elle tentait de se justifier. Bon sang. Non mais je rêvais ou quoi?! Du coup, cela me frappa. Comme les autres, cette situation commençait à la peser au point qu'elle se sentait incapable de continuer.

Boule à la gorge, je relâcha donc sa main en croisant mes bras et dit «Bah si tu espère ne plus jamais devoir traverser cette épreuve ...Pourquoi restes-tu avec moi, alors, uh?» et quelques larmes de rage et tristesse se mirent à perler aux bords de mes yeux alors que je détourna mon regard vers la fenêtre. Les dents serrés, j'ajouta ensuite «Tu n'as à protéger personne, Rose ...Tu m'entends?!» puis j'essuya rapidement une larme «...Tu ...Je ...Je le vois bien que je suis un boulet pour toi, okay?» et mon regard se retourna à nouveau vers elle, angoissé et détruit «Je le sais!» ma voix s'était mise à trembler sur le coup de l'émotion, et mes mains aussi.

Pinçant mes lèvres, je respira un bon coup avant de dire «Je ne pourrai jamais te donner ce que tu veux, Rose! Jamais!» puis prit d'une quinte de toux, je m'arrêta afin de tousser dans mon coude et reprendre ensuite «Je ne veux pas te priver de vivre ni ...Ni d'être heureuse.» et je renifla avant d'ajouter «...et comme toi ...je ne veux plus jamais que tu aies à revivre ça ...Je ...» puis je hocha de la tête en baissant mon regard vers mes mains tremblotantes. Bien que mon intention du moment était de rompre avec elle pour son bien, j'en fus incapable ...Donc j'attendis silencieusement qu'elle le fasse par elle même, tout en tentant de respirer normalement. Je recommençais à avoir du mal, à ce niveau ...Sans doute dû à la pression de la situation et l'angoisse qui me prenait au coeur.

J'ai l'air – et je suis – sacrément fière de ma blague digne d'un carambaret de mon talent inné pour l'humour. Humour qui me permet de ne pas aller au fond des choses... Mais les choses, elles me rattrapent vite, malheureusement. Comble d'ironie c'est lui, qui a décompensé au niveau cardiaque, qui me demande comme je vais, moi. C'est le monde à l'envers.

Oui sauf que bon... J'ai beau avoir un humour incommensurablement génial, je ne vais pas pouvoir échapper à l'interrogatoire encore longtemps. Et j'ai un talent théâtral digne d'un petit pois congelé. Alors il voit clair dans mon petit jeu, le Nolan... et je ne peux plus fuir. Pas quand il me le demande directement. « Je...» Je relève ensuite la tête et le regarde dans les yeux. Terminée la plaisanterie. « J'espère ne plus avoir à traverser cette épreuve. » Je suis clairement conne ; il interprète évidemment immédiatement ma phrase, dans le mauvais sens. Shit. Il me lâche immédiatement et je ne retiens pas une petite plainte.

«Bah si tu espère ne plus jamais devoir traverser cette épreuve ...Pourquoi restes-tu avec moi, alors, uh?» Et merde. Il ne m'a pas écoutée, pas entièrement. Il a juste retenu ma première phrase et ignoré le reste de ma tirade. Je le vois qui cache quelques larmes en tournant la tête dans une direction opposée, et je ne sais plus quoi faire. Oui, moi, Rose Domino Watson, je suis perdue. Paumée. Sidérée. Incapable de bouger ou d'améliorer la situation. «Tu n'as à protéger personne, Rose ...Tu m'entends?!» Clairement, je ne comprends pas toute cette rage qui ressort en ce moment. J'observe, sidérée, la scène qui se déroule et dont je fais partie, mais sans en comprendre la réelle signification. Il... Il est en train de casser ? «...Tu ...Je ...Je le vois bien que je suis un boulet pour toi, okay?» Je suis toujours muette. What the F.??? Ses yeux me cherchent enfin et je ne vois que du vide. Du vide, de la peur, de la déception. «Je le sais!» J'ouvre de grands yeux, cherchant mes mots et tentant d'en placer une. C'est peine perdue, voilà qu'il enchaîne, tremblant comme une feuille : «Je ne pourrai jamais te donner ce que tu veux, Rose! Jamais!» « Mais je... » Il commence à tousser, mais enchaîne immédiatement : «Je ne veux pas te priver de vivre ni ...Ni d'être heureuse. ... ...et comme toi ...je ne veux plus jamais que tu aies à revivre ça ...Je ...»

La claque.
La douche froide.
Ou le coup de poing dans le bide, à choix.

WOOOOOOOOOOOOOOOW ; WHAAAT ?? Je me sens gelée de l'intérieur. Ce discours, je le connais. Trop bien. Le ce n'est pas toi c'est moi -BULLSHIT- . Et... pourquoi ? Parce qu'il est malade ? Vraiment ? Je prends ma tête entre mes mains, me sentant partir en vrille. Ce n'est pas le moment de te mettre à hurler Rose, alors focus. Je le regarde enfin, refroidie. Pour ne pas dire glaciale. Il paraît que c'est le regard typique à la Borthwick. Un regard qui fiche les boules, clairement. Et que j'ai hérité de Maman. « Tu... es-tu en train de casser avec moi, Nolan O' Dwyer ?» Je suis blême. J'envisage déjà d'appeler des amis à la rescousse, prévoyant le pot de Nutella à renfort de comédies romantiques pour bien me filer le blues. Ou le tueur à gages. Mais je tiens trop à lui pour engager un tueur à gages...

« Non parce que cela m'en a tout l'air. Et sache, Nolan O'Dwyer, que je n'aime pas que l'on casse avec moi. » Mon ton vire doucement et involontairement vers l'hystérie. « Non parce que je suis assez grande pour savoir ce que JE veux ! Pas besoin que TU viennes me dire ce que JE veux !!!!! ... Au XXIème siècle, les femmes SAVENT ce qu’ELLES veulent, mais parfois elles ne le disent PAS ! Alors NON, tu ne sais PAS ! Sinon tu ... sinon clairement nous n’aurions pas cette conversation. » J’essaie vaguement de me calmer, en fixant le sol. Le regarder dans son rôle de héros/martyr m’énerve. Parce que je l’aime un petit peu trop, le Nolan O’Dwyer. Parce que je n’aime pas qu’il sous-entende devoir casser « pour mon bien ». Je me sens complètement frustrée. « Et tu ne m’as même pas écoutée, d’ailleurs !» J'ai l'envie – passagère – de l'insulter et de le traiter d'ingrat. Je me retiens, parce que je sais que dans le fond, je ne le pense pas. Je me mords la langue, juste pour retenir ces mots insultants. Je peux me débarrasser de ma frustration autrement qu’en passant pour une sale gamine.

« Je ne sais pas quel est ton trip Nolan, mais je crois que nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde.» Je marque un temps de pause. « Tu veux casser, c’est ça ?» ces derniers mots, je les souffle, fatiguée. L’hystérie est passée, et elle laisse place à l’abasourdissement. Et à un début de larmes, malheureusement.

Je m'étais attendu à tout sauf à ça. À cette crise d'hystérie. À ce pétage de câble digne d'une pièce de théâtre sur Broadway. J'étais là, dans mon lit. Le regard écarquillé par la peur qui commençait à m'envahir de plus en plus. Elle était en colère, cela paraissait immédiatement. Son visage avait prit une couleur rouge et sa voix perchait plus haut que d'habitude. J'avais un peu de mal à comprendre ce qu'il se passait, en réalité car à mon avis ...enfin ...j'avais cru que c'était ce qu'elle désirait au font. Rompre avec moi.

Lorsqu'elle eut fini et me demanda si je voulais réellement rompre, mon coeur chavira dans ma poitrine et d'un murmure je souffla «...N...non ...non ...biensur que non ...» avant d'essuyer rapidement mes larmes du revers de ma main toujours aussi tremblante. Tout mon corps était prit de soubresauts, en fait. Le stress, l'angoisse ...la douleur aussi. Mordillant ma lèvre nerveusement, je continua ensuite en disant d'une voix faible et inquiète «Je ...Rose, c'est ...» puis fut prit d'une mini quinte de toux avant de poursuivre «La seule raison pour laquelle je casserais serait ...Serait pour ton bonheur ...Pour que tu puisses poursuivre ta vie sans la crainte de perdre trop tôt la personne que tu aimes...» puis je renifla en essuyant mon nez «...mais ...mais encore là, je t'aime tellement que je m'en voudrais toute ma vie d'avoir rompue avec une aussi ...merveilleuse femme ...» je du reprendre rapidement mon souffle car ma saturation commençait à diminuer «mais je ...je veux pas ...Je ne peux pas je ...non ...» et je ne pu m'empêcher de sangloter légèrement entre mes mains à la fin de cette phrase.

J'avais honte de ma réaction. De comment j'avais réagis. Jamais je n'aurais voulu lui faire de peine ou qu'elle sente le besoin de se mettre en colère contre moi. Tout ce que je voulais était son bien. Tout simplement ...alors comme je venais de faire le contraire à l'instant, je me sentais coupable et réellement idiot. De plus, la fatigue commençait à embarquer par dessus tout cela, et ne me rendait pas facile la situation ...encore moins qu'elle l'était, disons le ainsi. Sans plus attende toutefois, je me pencha vers l'avant et vint coller mon front brûlant sur sa clavicule en entourant sa taille de mes bras frigorifiés. Je murmura ensuite «Pardonne moi, mon ange ...stp ...Pardonne moi ...» en la serrant un peu plus fort, de peur qu'elle s'évapore dans la nature ou ne me quitte à jamais. J'avais réalisé grâce à ce petit événement, à quel point oui, elle était plus qu'importante pour moi. Elle était vitale.

Quelques longues secondes plus tard, alors que j'étais toujours dans ses bras, je lui murmura «Je t'aime ...Je t'aime ...plus que tout au monde ...et je le pense plus que jamais ...» avant de la regarder à nouveau, les yeux toujours pleins d'eau et de demander en souriant légèrement en coin «Je suis le mec le plus idiot au monde ...N'est-ce pas ...?» avant de rire nerveusement et tousser par la suite en cherchant discrètement mon air, la tête baissé et le regard plongé sur les couvertures. Ce qu'elle pouvait être brave et courageuse de rester avec un crétin comme moi!

Je tremble encore de frustration. Frustration parce que ce n'est pas la première fois qu'on me fait le coup... frustration parce qu'il ne m'a pas écoutée ou qu'il voulait tout lâcher sous prétexte que c'était pour mon bien. Je suis assez grande, je sais encore ce qui est bien pour moi. D'où mon petit, si petit, pétage de plombs. Mais en même temps, qui aime la perspective de se faire larguer ? Pas moi. Encore moins quand c’est avec une personne qui vous fait vous sentir si bien... Qui vous semble si indispensable. Surtout quand vous vous étiez juré qu’on ne vous y reprendrait plus. Et puis mine de rien... la perspective de m’imaginer loin de lui m’est insupportable. Comme si l’on essayait de m’arracher à une partie de moi-même.

Je tente de reprendre peu à peu une respiration et un teint normaux, tout en attendant sa réponse. Comme une sentence. Un verdict qui va probablement changer beaucoup de choses... J'ai l'impression d'entendre mon coeur battre à tout rompre, de me sentir vulnérable ; trop vulnérable... Je n'aime pas ça. «...N...non ...non ...biensur que non ...» Je le regarde alors dans les yeux, sans être sûre d'avoir bien compris. L'information intègre peu à peu mon cerveau et je souffle un peu, sentant mon énervement laisser place à un immense soulagement. Comme lorsque l'on vous fait une très mauvaise blague et que vous vous rendez compte que ce n'était que de la fiction. Mes battements cardiaques reprennent peu à peu un rythme normal, même si je suis toujours un peu contrariée par son réflexe... À vouloir sacrifier notre couple pour mon bien.«Je ...Rose, c'est ... La seule raison pour laquelle je casserais serait ...Serait pour ton bonheur ...Pour que tu puisses poursuivre ta vie sans la crainte de perdre trop tôt la personne que tu aimes...  ...mais ...mais encore là, je t'aime tellement que je m'en voudrais toute ma vie d'avoir rompue avec une aussi ...merveilleuse femme ...» Les larmes qui étaient montées tout à l'heure commencent à réapparaître au creux de mes yeux ; encore plus quand je le vois qui commence à renifler. Malgré l'énervement, la crise et les émotions que je ressens en fouillis en moi, je suis prise d'un élan protecteur et lui prends la main, sûre de moi. Semblant balayer du revers de ma main sa dernière phrase. Pas de cela entre nous... Je secoue la tête, ma main dans la sienne. « Mon bonheur, c'est toi.» J'aimerais qu'il ancre bien ces mots dans son cerveau d'homme. Je ne lutte plus et sens ces gouttes d'eau salée couler sur mes joues, comme deux ruisseaux. Qui brûlent doucement mes cils, mais je m'en contrefous. Je me contrefiche de l'air que je peux avoir, avec mon teint blême et mes yeux qui commencent à être bouffis. Je ne veux qu'une seule chose : c'est être avec lui. Rester avec lui...

On a l'air fins, les deux là, assis, à pleurer dans cette chambre d'hôpital. Un spectacle peu réjouissant... Mais je n'aime pas le voir comme ça, alors je lui caresse doucement le dos, me voulant rassurante. Alors que je suis moi-même dans le même état. Ah... on a vraiment l'air fins.
C'est à ces pensées qu'il se penche vers moi, naturellement. Qu'il vient me chercher ; m'entourer de ses bras que j'aime déjà trop. Coller son visage au creux de mon cou. «Pardonne moi, mon ange ...stp ...Pardonne moi ...» Et il me serre, fort. Je suis surprise et obéis à mon instinct : je me serre tout aussi fort contre lui. Fermant les yeux dans son cou, laissant couler quelques larmes avec l'espoir qu'il ne les remarque pas, parce que je suis cachée. Et que je me suis promise d'être forte ; parce qu'il a besoin que je sois forte. Je laisse mes mains aller dans son dos, le caressant par endroits, l'agrippant à d'autres. Essayant de m'imprégner un maximum de son odeur que j'aime tant ; pour ne pas l'oublier. Pour m'assurer qu'il est bien là, réel.

«Je t'aime ...Je t'aime ...plus que tout au monde ...et je le pense plus que jamais ...» « Aw...»Je me mords la lèvre, étouffe un gémissement et sens les larmes couler de plus belle dans son cou. Gosh... Un mec pareil, ce n'est pas censé exister. Je m'agrippe un peu plus à lui... j'ai peur qu'il change d'avis et s'enfuie en courant. Même s'il n'irait pas bien loin fesses à l'air ; je dois l'avouer. Après quelques instants, il se défait de mon étreinte et me regarde de ce regard qui me scotche tout pareil à chaque fois... ce regard couplé à son sourire en coin qui me fait perdre tous mes moyens. «Je suis le mec le plus idiot au monde ...N'est-ce pas ...?» Je ris comme lui à sa remarque, après avoir séché discrètement mes larmes. « Disons que tu es dans les trois premiers... à la course du plus idiot.» Je fais un clin d'oeil rieur et ajoute, en lui relevant délicatement la tête pour qu'il me regarde : « Mais je t'aime.» Là, pas de plaisanterie. J'ai un regard tout à fait sérieux, signe que je pense ce que je dis. Que ce ne sont pas des mots en l'air. Même avec son coeur 'différent' ... je l'aime. Je ne suis juste pas encore tout à fait persuadée de le mériter...