Depuis l’annonce de sa grossesse, Serena se sentait comme sur un petit nuage. Si elle avait entendu dire que les premiers mois étaient généralement synonymes de nausées et autres vertiges désagréables, elle n’avait pas encore eu l’occasion d’en subir les effets. En réalité, elle était radieuse pour ne pas dire en pleine forme et sa mine éblouissante ne passait pas inaperçue. Elle avait encore du mal à croire que tout ceci n’était pas le fruit de son imagination et malheureusement, personne ne pouvait encore lui confirmer que oui, elle serait bien maman d’ici quelques mois. A vrai dire, personne n’était encore au courant de la nouvelle, à l’exception de sa petite sœur qui avait fini par découvrir le pot aux roses suite à leur accident de voiture. Accident dont Serena gardait les stigmates puisqu’une partie de son front arborait toujours une jolie couleur violacée qui allait certainement disparaitre dans les jours à venir. Si elle souhaitait désormais se ménager pour sa propre santé et celle du bébé, elle n’en demeurait pas moins nerveuse à l’idée de devoir annoncer la nouvelle à Vitaly. La jeune femme ne savait absolument pas comment s’y prendre et ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé. Chaque fois qu’elle était sur le point de se lancer, elle se mettait à redouter sa réaction et son courage fondait comme neige au soleil. Elle savait pourtant qu’elle ne pourrait pas éternellement garder ça pour elle. Sans compter qu’il se devait d’être au courant. Après tout, il était tout aussi concerné qu’elle par la nouvelle.
Une fois encore, Serena s’était lancée corps et âme dans la promotion du livre de Vitaly. Elle s’était arrangée pour qu’il participe aux plus grands évènements littéraires de cette fin d’année, qu’il puisse participer à quelques séances de dédicaces et répondre à quelques journalistes qui s’intéressaient grandement à sa carrière. Tout était minutieusement planifié et organisé. Quelques semaines seulement après le coup d’envoi de son ouvrage, il cartonnait en tête des ventes et Serena était fière de sa réussite, fière de lui et ce qu’il était capable d’accomplir. Vraiment, il l’épatait. Cette fois-ci, elle avait décidé de l’accompagner jusqu’à Washington le temps d’un week-end durant lequel il devait aller à la rencontre de ses lecteurs au cours d’une séance de dédicaces qui s’annonçait haute en couleur. En véritable reine de l’organisation, Serena veillait à ce que tout se passe bien et autant dire qu’elle ne ménageait pas sa santé. Après tout, elle était enceinte, pas malade. Quoi que la frontière entre les deux est parfois infiniment étroite et Serena n’allait pas tarder à l’apprendre à ses dépens… Téléphone portable collé à l’oreille, elle faisait un compte rendu des évènements à son associé tout en observant Vitaly, à quelques mètres d’elle et qui ne cessait de dédicacer ses livres. Un groupe de jeunes femmes toutes plus ravissantes les unes que les autres discutèrent avec lui un long moment, c’était à celle qui quémanderait la meilleure dédicace. Souriant en coin, Serena observa la scène et attendit que le groupe s’éloigne pour aller rejoindre Vit’. « J’ai failli être jalouse…» Elle se mit à sourire malicieusement et alors qu’elle s’apprêtait à ajouter autre chose, Serena fut soudainement prise de vertiges, le tout accompagné de l’impression d’être oppressée comme elle ne l’avait encore jamais été auparavant. Aussitôt, elle éprouva le besoin de s’asseoir, ce qu’elle fit, le teint livide. Se penchant légèrement en avant, elle prit sa tête entre ses mains dans l’espoir que cette sensation affreuse s’estompe plus rapidement. En vain. Elle entendit quelqu’un lui demander si elle allait bien. Pas vraiment. Mais pour l’instant, elle n’avait même plus la force de répondre à une simple question. Elle attendit quelques secondes avant de se redresser et de croiser le regard de Vit’. « Je ne me sens pas dans mon assiette, je pense que je vais rentrer à l’hôtel me reposer un moment. Rien de grave, ne t’en fais pas. Sans doute un coup de fatigue. Tu penses pouvoir t’en sortir ? Je te rejoins dans une petite heure…»
C’était sans compter l’état atroce dans lequel elle se trouvait une heure plus tard. Serena ressemblait à un zombie. A peine eut-elle regagné sa chambre d’hôtel qu’elle s’enferma immédiatement dans la salle de bain, prise de vomissements soudains. Elle n’avait pourtant rien avalé de la journée, en dehors d’un jus d’orange frais le matin. Manger … beurk… rien que le mot avait une fâcheuse tendance à accentuer sa nausée déjà incontrôlable. Voilà donc comment elle passa l’heure entière avant de se décider à rejoindre Vit’. Elle ne pouvait pas le laisser tout seul, pas quand une horde de journalistes risquaient fort de lui poser des questions auxquelles il n’était pas obligé de répondre. Avant de quitter la salle de bain, Serena s’empara d’un gant frais qu’elle posa tout contre sa nuque, respirant doucement afin de calmer les battements effrénés de son cœur. Elle se sentait affreusement mal. Pourtant, après s’être rafraichie et avoir fait du blush son meilleur ami, elle retourna jusqu’à la librairie où elle s’approcha immédiatement du buffet pour se servir un grand verre d’eau glacée. C’est là qu’elle aperçut de nouveau Vit’, ce qui lui redonna le sourire. « Ah tu es là… alors, tout s’est bien passé ? Tout le monde semble t’apprécier, ici. »
Comme le premier, mon second roman fonctionnait du tonnerre. C'était même peu dire encore, pour qualifier sa réussite. Mais je n'étais pas si surpris que ça finalement. Non pas parce que je croyais foutrement en mes talents et en moi. Mais plutôt parce que je croyais en Serena. Et elle m'avait affirmé que mon roman allait fonctionner. Je l'avais donc cru. Et je ne le regrettais pas, puisque c'était bel et bien le cas. Grâce à elle. Elle s'était vraiment donné les moyens pour que ça marche. Donc oui, je lui en étais infiniment reconnaissant pour ça. Je réalisais plus que jamais le fait que j'avais terriblement besoin d'elle. Et pas uniquement pour des raisons professionnelles il était vrai. Mais ça, ce n'était ni le lieu ni le moment d'y penser. Je devais avant tout m'occuper de la promo de mon bouquin. Actuellement, j'étais pris par une séance de dédicace. Et même si j'étais heureux et peu surpris par le succès de mon bouquin, j'étais quand même étonné de voir autant de monde juste pour une séance de dédi. Je n'étais quand même pas une star dont les autographes valaient des milles et des cents. Je n'étais "que moi", un gérant de boîte de pub et écrivain à ses heures perdues. Juste à ses heures perdues. Pas de quoi me vouer un culte éternel non plus. Je ne dirais pas que les personnes venues pour que je signe leur exemplaire de mon livre, m'en vouait un ... Mais quand même. La façon qu'avaient ce groupe de jeunes femmes, de me regarder, me sourire et qui minaudaient comme des gamines, avait de quoi faire peur. En tout cas moi, ça me mettrait mal à l'aise ... Si seulement j'étais un peu moins moi. J'étais habitué à plaire. Même si dire ça pouvait donner l'impression que je me vantais. Mais non, c'était juste un fait. J'étais ce genre de type qui plaisait. Au premier abord tout du moins. Je devais être pas trop mal physiquement. Non, c'était même certain que je l'étais. Ca expliquerait le comportement de ces folles qui me faisaient ouvertement de l'oeil. Et ce, sous le regard même de Serena qui ne tarda finalement pas à me rejoindre. « J’ai failli être jalouse…» Je ris doucement. « Seulement faillis ? » La taquinai-je en rendant son livre à une dernière personne, avant de poser les yeux sur Serena.
Je fronçai les sourcils devant sa mine. Elle ne semblait pas très bien. Et elle me le confirma bien vite. « Je ne me sens pas dans mon assiette, je pense que je vais rentrer à l’hôtel me reposer un moment. Rien de grave, ne t’en fais pas. Sans doute un coup de fatigue. Tu penses pouvoir t’en sortir ? Je te rejoins dans une petite heure…» Je souris légèrement et confirmai ma capacité à m'en sortir seul. Si, à sa demande, je ne m'inquiéterais pas pour elle, je préférais la savoir au repos que la voir s'épuiser inutilement en demeurant ici. Je pouvais m'en sortir seul, au moins une petite heure oui. Et je le fis donc sans trop de mal. Ce n'était pas comme si j'avais besoin d'aide pour signer des livres de toute façon. Et je le prouvai durant l'heure qui suivit, menant à son terme, cette petite séance de dédicaces. Nous en étions au buffet devant lequel je discutais avec quelques personnes, quand Serena revint parmi nous. Je posai les yeux sur elle, prenant le temps de l'étudier du regard. « Ah tu es là… alors, tout s’est bien passé ? Tout le monde semble t’apprécier, ici. » Je souris grandement en hochant légèrement la tête. « Je peux dire merci à mon charme fou pour ça. » Répondis-je sur un ton aussi amusé que sérieux. Il fallait quand même le reconnaître, ça y jouait beaucoup là dedans, quoi qu'on puisse en dire. Et puis je n'étais pas quelqu'un qui se prenait la tête. Ca aussi c'était important. Je savais rester à ma place et le succès ne me montait pas à la tête. Pas encore du moins. Ca restait encore à prouver avec le succès immédiat de mon nouveau livre. « Ca va mieux toi ? » Demandai-je en reportant toute mon attention sur elle. « Je dirais bien que tu as repris des couleurs, mais ... » Je vins doucement caresser sa joue du revers de mon index. « Je vois que tu triches. » Conclus-je en souriant en coin.« T'as essayé de manger quelque chose ? »
Tôt ou tard, Serena savait qu’elle devrait se soumettre à une discussion sans masque et sans mensonge, même si cela risquait d’être extrêmement compliqué. D’ailleurs, elle commençait à culpabiliser et à avoir honte de lui cacher la vérité depuis des jours. La situation était loin d’être simple et plus elle y pensait, plus elle paniquait. Les questions qu’elle se posait semblaient ne plus avoir de fin. Dès qu’elle trouvait la réponse à l’une d’entre elles, une autre prenait place dans son esprit et ce cercle vicieux semblait interminable. Comment pouvait-elle avoir les idées claires et apaisées dans de telles conditions ? Serena essayait de se convaincre que tout irait bien mais dans le fond, l’éditrice paniquait littéralement. Elle n’avait de cesse de se remettre en question et les hormones qui agissaient sur ses émotions ne rendaient pas la chose aisée. Encore moins quand elle se trouvait face à Vitaly, en sachant ce qu’elle savait. « Je peux dire merci à mon charme fou pour ça. » Effectivement. Ce n’est certainement pas elle qui allait le contredire sur ce point quand bien même sa remarque la fit sourire de bon coeur.« Ca va mieux toi ? Je dirais bien que tu as repris des couleurs, mais … Je vois que tu triches.» Délicatement, Serena s’était adossée contre le mur, se mordillant nerveusement la lèvre, incapable de savoir ce qu’elle devait faire de ses deux mains et respirant la nervosité à des kilomètres. « Ca va, oui, je te remercie.» Non, ça n’allait pas vraiment mais dans le fond quelle importance ? Serena savait parfaitement d’où venaient ses maux de cœur et ses vertiges. Ce n’est pas comme si elle était souffrante pour une obscure raison. « T'as essayé de manger quelque chose ? » Manger ? Serena fronça le nez et signifia que non d’un mouvement de tête. Elle ne se sentait pas capable d’ingurgiter quoi que ce soit pour le moment. « Je ne pense pas être capable d’avaler quoi que ce soit pour l’instant. Le simple fait de songer à manger me donne la nausée.» Raison pour laquelle elle se détournait volontiers des personnes qui circulaient avec des petits fours et autres joyeusetés à la main.
Vraiment, Serena se maudissait d’avoir si peu de courage et de faire machine arrière chaque fois qu’elle sentait qu’il était temps d’avouer la vérité. Il faut dire que son secret prenait chaque jour davantage de poids et de toute évidence, elle ne pourrait pas demeurer éternellement sur la défensive. « Dis … tu veux bien qu’on aille marcher un petit moment ? J’ai besoin de prendre un peu l’air.» Et surtout de m’isoler avec toi afin de t’annoncer la nouvelle la plus importante de notre vie. Mais ça, elle estima qu’il n’était pas nécessaire de le préciser. Ainsi, Serena lui emboita le pas jusqu’au dehors. Le vent frais qui cogna contre son visage lui fit le plus grand bien et estompa l’espace d’un instant la sensation d’oppression dont elle ne parvenait pas à se débarrasser. D’un geste tendre, elle glissa son bras sous celui de Vit’ et appuya sa tête contre celui-ci tout en marchant. Serena demeura silencieuse durant un long, très long moment. Elle était partagée entre l’irrépressible envie de tout lui avouer, quitte à semer la confusion dans son esprit et celle de le ménager longuement avant de lancer cette bombe au beau milieu de la conversation. Hélas, plus elle y pensait, plus ses différentes conversations avec Vitaly concernant un bébé lui revenaient à l’esprit et la faisaient paniquer de plus belle. Quand ils furent enfin dans un endroit calme, elle s’arrêta de marcher et se plaça face à lui. « Ecoute Vit’, je … je ne sais pas comment dire ça, c’est assez délicat. » Automatiquement, elle baissa le regard vers ses mains avec lesquelles elle jouait nerveusement. « Ca fait un moment que je souhaite t’en parler et … je n’ai jamais trouvé le bon moment pour le faire. Voilà … hum… la veille de mon accident avec Lin’ j’ai … enfin … j’ai consulté un médecin qui m’a prescrit quelques examens cliniques... » Partie comme elle l’était, il allait surement s’imaginer qu’elle avait été diagnostiquée pour une maladie grave. Merde, quelle galère !!
« Ca va, oui, je te remercie.» Même si cette réponse m'avait tout l'air d'être au moins un demi mensonge, je ne lui ferais pas l'affront de mettre ses paroles en doute. Si elle ne me disait pas l'entière vérité, c'était peut-être pour m'éviter de m'inquiéter de trop -et sans doute inutilement- pour elle. Elle allait bien. Juste un coup de fatigue. Ou une indigestion. Ca arrivait à tout le monde et ça ne valait donc pas le coup de s'en faire pour rien. Je ne m'en faisais donc pas trop et laissais tout simplement couler. « Je ne pense pas être capable d’avaler quoi que ce soit pour l’instant. Le simple fait de songer à manger me donne la nausée.» Ou peut-être le début d'une grippe intestinale à bien y réfléchir. C'était bien la période de cette maladie pour le moins ... Problématique. Surtout quand on avait une vie aussi bien remplie que l'était celle de ma très chère épouse. Difficile de gérer sa carrière quand notre corps nécessitait plutôt une visite de longue durée, dans les toilettes. « En effet, on va peut-être éviter de te rendre encore plus malade que tu ne sembles l'être. » Lui répondis-je simplement, en hochant la tête. Oui, elle me semblait être bien assez mal en point comme ça. Il n'était sans doute pas utile d'empirer son état. Il était d'ailleurs vraiment dommage qu'elle soit aussi malade, maintenant. Mais ce n'était pas non plus la fin du monde. D'autant plus qu'elle était vraiment forte dans son genre et saurait poursuivre la journée, tout en étant malade. Elle me surprenait parfois. Mais c'était bien connu que les femmes étaient plus résistantes que les hommes, face à la maladie. Chose que je ne comprendrais d'ailleurs jamais. « Dis … tu veux bien qu’on aille marcher un petit moment ? J’ai besoin de prendre un peu l’air.» Je ne fus pas vraiment surpris par sa requête. En effet, si elle se sentait mal, sans doute qu'un bon bol d'air frais lui ferait le plus grand bien.
Sans répondre, je quittai donc les lieux et lui tins la porte ouverte, avant de la rejoindre dehors. Il y faisait d'ailleurs un peu frais tout de même. Mais soit. Si elle avait vraiment besoin de ça, pourquoi pas ? « J'espère que cet air glacial, te fais réellement du bien. » Lâchai-je avec ironie, en réprimant un léger frisson et en la laissant passer son bras autour du mien. Je la suivis sans rien ajouter, durant un très long moment. Jusqu'à ce qu'elle cesse de marcher pour se positionner devant moi et planter son regard dans le mien. Elle semblait atrocement sérieuse. Presque trop même. S'en était un chouïa effrayant. Mais je ne fis pas le moindre commentaire et me contentai d'attendre qu'elle prenne la parole. Je n'étais pas du genre à me monter des films abracadabrantesques juste ... Comme ça. Alors j'attendais qu'elle parle. Crache le morceau même. « Ecoute Vit’, je … je ne sais pas comment dire ça, c’est assez délicat. » Ok. Là je le sentais vraiment mal. Qu'avait-elle donc à m'annoncer qui lui fasse avoir cet air si grave ? Qu'elle avait rencontré quelqu'un d'autre ? Le pire, c'était que je n'aurais même pas le droit de m'en plaindre ou quoi que ce soit de ce genre. Je ne pourrais que sourire et lui donner ma bénédiction. Parce que ce serait vraiment culotté de la part d'un infidèle, de refuser que son épouse parte avec un autre. « Ca fait un moment que je souhaite t’en parler et … je n’ai jamais trouvé le bon moment pour le faire. Voilà … hum… la veille de mon accident avec Lin’ j’ai … enfin … j’ai consulté un médecin qui m’a prescrit quelques examens cliniques... » L'idée qu'elle puisse avoir un amant, fut rapidement remplacée par l'idée qu'elle soit malade. Mais genre, vraiment malade. Quelque chose de bien pire qu'une simple grippe intestinale. Ainsi écarquillai-je les yeux, en l'observant avec intensité. « Des examens pour quoi au juste ? Est-ce que tu es malade ? » Demandai-je avec crainte et incertitude. J'osais espérer que ce n'était rien de grave du tout.
A mesure des secondes qui filaient sur le cadran, la nervosité de Serena gagnait du terrain, l’empêchant de réfléchir avec raison et discernement. Elle était à deux doigts de revenir en arrière et de garder ce qu’elle savait exclusivement pour elle. Les propos de Vitaly concernant son non-désir de construire une famille lui revenaient constamment à l’esprit, occultant ainsi son courage et sa détermination. Pourtant, elle savait qu'il était en droit de connaitre la vérité. C'était même non-discutable. « Des examens pour quoi au juste ? Est-ce que tu es malade ? » Serena se mordit nerveusement la lèvre tout en le regardant droit dans les yeux. Il fallait vraiment qu’elle trouve la force de cracher le morceau, sans quoi, elle allait prendre la poudre d’escampette dans les plus brefs délais et tout ceci n’aurait servi à rien. « Non. Non, rassure-toi, je vais bien. Très bien, même.» Voilà une révélation qui contrastait grandement avec l’état dans lequel elle se trouvait une heure plus tôt. Cela dit, Serena disait la vérité : depuis qu’elle se savait enceinte, elle était on ne peut plus radieuse. Tout le monde avait noté cette étrange beauté mystique qui émanait d’elle sans aucune raison apparente. Elle n’était absolument pas malade. Bon, alors c’était quoi le problème ? Voilà ce qu’elle eut l’impression de lire dans les yeux de Vitaly. Prenant son courage à deux mains, la jolie blonde prit une profonde inspiration et soudainement, la phrase vint d’elle-même. Presque brutalement. Serena s’obligea à laisser de côté ses sempiternelles interrogations, elle cessa de réfléchir et se lança avant que la raison ne reprenne le dessus : « Je suis enceinte. » Voilà c’était dit. C’était peut-être un peu brutal et inattendu mais elle n’avait trouvé aucune autre façon de se lancer sans tourner autour du pot durant des heures. Lancer ces quelques mots de manière si soudaine était le seul moyen pour qu’elle cesse de dissimuler la vérité et se décide à l’énoncer clairement. Mais au lieu de la soulager, ces quelques mots la paniquèrent encore plus. Elle était persuadée que Vitaly n’apprécierait pas cette annonce. Pire encore, il allait peut-être la rejeter et même la détester. Mais ça y est, elle l’avait dit. A nouveau, Serena se mordilla la lèvre sans même s’en apercevoir. Elle savait qu’elle allait devoir se lancer dans quelques explications désormais. De toute façon, elle avait déjà accompli le plus dur.
Jamais Serena ne s’était sentie aussi nerveuse de toute son existence. Appréhendant la réaction de Vitaly, elle ne souriait pas, demeurait particulièrement calme même si elle transpirait la panique à des lieues à la ronde. Elle avait exprimé ses craintes à Lindsay concernant cet instant, mais c’était encore plus difficile qu’elle ne l’aurait pensé. « C’est arrivé par hasard … en fait, ça n’aurait même pas dû arriver. Mais le fait est qu’il n’y a aucun doute.» Même si devenir mère faisait partie de ses plus grands désirs, Serena n’avait pas cherché à tomber enceinte. A aucun moment. Mais allait-il la croire ? En proie au doute et les hormones n’aidant pas en la matière, ses yeux ne tardèrent pas à s’embrumer tandis qu’elle tentait de se justifier à nouveau. « Si tu veux tout savoir, je suis morte de peur. Je ne veux pas que tu me pousses à avorter ou que tu disparaisses soudainement. Mes sentiments sont affreusement contradictoires. Je me sens à la fois heureuse et paniquée … terrifiée même par ce qui pourrait se passer ensuite. Ce bébé, ce n’est pas un accident de parcours. C’est au contraire la plus belle preuve d’amour que l’on puisse s’offrir. Et je l’aime déjà… Parce-que comme tu dois certainement t’en douter, je veux ce bébé. C’est le nôtre Vit’. Notre bébé.» C’était tellement étrange de penser qu’ils n’étaient plus deux mais trois dans l’équation … Serena prit une nouvelle bouffée d’air frais et reprit plus doucement : « Je ne t’oblige à rien.» C’était sincère. Elle savait qu’il ne souhaitait pas devenir père, du moins c’est ce qu’elle imaginait suite à leurs nombreuses conversations à ce sujet. Toutefois, par réflexe, elle s’était emparée de sa main dans l’espoir qu’il ne la repousse pas. Elle avait terriblement besoin de ce contact physique entre eux. C’était même carrément vital.
« Non. Non, rassure-toi, je vais bien. Très bien, même.» Jusqu'au moment où elle s'était mise à pâlir à vu d'oeil avant de disparaître en catimini à cause d'une nausée violente et soudaine, j'avais réellement cru qu'elle allait plus que bien. Parce que depuis quelques temps, elle semblait rayonnante. Sans doute même, comme je ne l'avais jamais vu l'être jusqu'à ce jour. Elle qui était toujours pleine de joie et d'euphorie, ça n'avait encore jamais été à ce point. Et c'était sans doute en partie pour cette raison que je m'inquiétais autant maintenant que je la voyais aussi mal en point. Mais contrairement à mes précédentes pensées, elle n'était donc pas malade. Pourquoi avoir fait des examens plus poussés, comme elle venait de me l'annoncer, si ce n'était pas pour une quelconque maladie alors ? Pour le coup, je ne voyais vraiment pas. « Je suis enceinte. » Ah oui d'accord. Effectivement ... Ce fut le choc de l'année. Et pas trop certain de la réaction que j'étais supposé avoir, je n'en eus aucune. Si ce n'est hausser les sourcils et me redresser quelque peu, sans la quitter du regard. Enceinte. Un bébé dans le ventre quoi. Notre enfant. Enfin ... Oui, c'était le fruit de notre union. Serena n'était pas du genre à aller voir ailleurs. Elle n'était pas aussi tordue et monstrueuse que moi. Enceinte. Elle portait un enfant. Alors que je refusais de fonder une famille depuis toujours. Etait-ce volontaire de sa part ? Avait-elle sciemment cessé de prendre la pilule, pour me mettre devant le fait accompli ? Je voulais croire que ça aussi ce n'était pas son genre le moins du monde. Elle me connaissait assez pour se douter que ce n'était pas du tout une bonne solution pour pouvoir me garder. A moins qu'elle souhaite que nous nous séparions ? Non, bien sûr que non. Pas son genre. Mais qu'est-ce qui était son genre au juste ? Là tout de suite maintenant, mes pensées étaient beaucoup trop brouillées pour que je parvienne à retrouver un fil plus logique et normal. Je ne parvenais donc pas encore à réagir. « C’est arrivé par hasard … en fait, ça n’aurait même pas dû arriver. Mais le fait est qu’il n’y a aucun doute. » Hasard. Par hasard. Véritablement ? Devais-je la croire ? Oui, évidemment que oui. Ce n'était pas comme si Serena était du genre à me mentir constamment, pour telle ou telle raison. C'était même loin d'être le cas. Que je sache, elle ne me mentait jamais. Ou alors vraiment juste pour des broutilles sans intérêt. Et puis je ne voyais pas pourquoi elle prendrait définitivement le risque de me perdre en tombant volontairement enceinte.
Si c'était pour finir mère célibataire, je ne voyais pas bien l'intérêt. En voyant ses yeux brillant de larmes, je ne parvins toujours pas à réagir. Je me contentais de la regarder, encore trop sonné pour parler. Je devais avoir l'air tellement con tiens. Mais je m'en foutais bien pour le coup. « Si tu veux tout savoir, je suis morte de peur. Je ne veux pas que tu me pousses à avorter ou que tu disparaisses soudainement. Mes sentiments sont affreusement contradictoires. Je me sens à la fois heureuse et paniquée … terrifiée même par ce qui pourrait se passer ensuite. Ce bébé, ce n’est pas un accident de parcours. C’est au contraire la plus belle preuve d’amour que l’on puisse s’offrir. Et je l’aime déjà… Parce-que comme tu dois certainement t’en douter, je veux ce bébé. C’est le nôtre Vit’. Notre bébé. [...] Je ne t’oblige à rien. » Au contact de ses mains dans les miennes, j'eus enfin une réaction. Pas celle attendue toutefois. Doucement, j'ôtai mes mains des siennes, en détournant le regard du sien. Je fis un pas en arrière, soupirai doucement, fermai les yeux et portai mes mains jointes à mon front. Ok. Je ne savais plus ce que je voulais ou ne voulais pas. Je savais seulement que j'étais en train de m'enliser dans une merde noire. Lindsay, Serena. Une relation amoureuse interdite, un mariage en dents de scie. Et maintenant, un bébé s'ajoutait à l'équation. J'allais perdre Lindsay pour pouvoir devenir l'époux et père parfait que Serena méritait d'avoir à ses côtés. Mais je refusais de perdre la seconde femme de ma vie. Ou alors je quittais Serena en la laissant seule face à un rôle de mère célibataire, pour Lindsay. Mais notre relation ne serait jamais autorisée quoi qu'il arrive. Merde. Que faire ? Je laissai retomber mes bras le long du corps pour reposer mon regard sur Serena. Je ne supporterais pas de la perdre. Je crèverais de la forcer à avorter. Mais je ne voulais pas de cet enfant. Je n'étais pas prêt à être père. J'ouvris la bouche pour le lui dire, mais la refermai presque aussi sec. Et finalement, je revins vers elle pour refermer mes bras autour de son corps et la serrer contre moi, en posant mon menton sur son crâne. « Te demander d'avorter serait inhumain. Mais je ne suis pas prêt à être père et je ne le veux pas. » Remarquai-je doucement, avant de soupirer encore une fois. « Mais c'est peut-être un signe. Genre ... Le destin qui nous fait comprendre qu'il est temps. » Etait-ce vraiment moi qui disait ça ? Oui. Peut-être que le destin était en train de me faire comprendre qu'il était temps de faire un choix. Mais, et si j'en étais incapable ? Lindsay, Serena. Serena, Lindsay. Maintenant ce bébé. « Je ne sais pas ... » Quel choix faire. Ou même, si je voulais en faire.
Des heures durant, Serena avait tenté d’anticiper cette conversation et la réaction qui en découlerait. Comme toujours, il semblerait qu’elle se soit bercée d’illusions et de faux espoirs concernant la solidité de sa relation avec Vitaly. Elle avait toujours été persuadée qu’à deux, ils étaient capables de tout affronter. Une fois encore, la jeune femme se rendait compte de la précarité de leur situation. Serena avait seulement besoin de quelqu’un avec qui traverser la vie main dans la main. Quelqu’un avec qui elle n’aurait pas sans arrêt peur de se retourner ou d’avancer. Avec Vitaly, elle devait constamment marcher sur des œufs, faire attention à ce qu’elle disait, à ce qu’elle faisait également. C’était éreintant. Le fait qu’il s’éloigne d’elle quand elle tentait d’établir un contact physique entre eux la conforta dans son sentiment d’insécurité. Elle allait de nouveau être seule, cela semblait évident. Son silence était en train de la rendre folle … Nerveusement, elle l’observait en attendant qu’il daigne dire quelque chose. Elle eut l’impression que cet instant n’en finirait jamais. Puis finalement, elle le regarda s’approcher d’elle et sans bouger, elle le laissa la prendre dans ses bras. « Te demander d'avorter serait inhumain. Mais je ne suis pas prêt à être père et je ne le veux pas. Mais c'est peut-être un signe. Genre ... Le destin qui nous fait comprendre qu'il est temps. Je ne sais pas ... » Un petit rire cynique, à peine perceptible s’échappa de ses lèvres et cette fois-ci, ce fut elle qui mit un terme à cette étreinte. Délicatement, elle s’extirpa de ses bras et croisa les siens sur sa poitrine. Généralement, c’était signe qu’elle était sur la défensive. Là, c’était surtout signe de déception. Ce qu’il venait de dire c’était … trop. Bien plus qu’elle ne pouvait le supporter en réalité. Serena avait l’impression de revenir quelques mois en arrière, comme si tous leurs efforts et tout ce qu’ils avaient partagé n’était que pure chimère. Un instant de répit au milieu du chaos. Elle se sentait stupide d’avoir pu croire, ne serait-ce qu’un instant, qu’ils pouvaient changer. « Le destin à bon dos. » Surtout pour quelqu’un qui d’ordinaire avait tendance à se montrer cartésien en toute circonstance. « Tu ne veux pas devenir père … ou tu ne veux pas devenir père de mon enfant ? » C’était une question qui la travaillait depuis un certain temps déjà. Serena s’était toujours demandé si le problème venait véritablement de son refus catégorique de la paternité ou bien d’elle. Elle voulait juste comprendre. Mais quelle que soit la réponse, elle n’avait pas l’intention d’obliger Vitaly à s’engager contre son gré. Elle avait eu le temps de réfléchir à cela durant plusieurs jours et même si ça lui brisait le cœur, elle refusait de faire de lui l’otage d’une vie qu’il ne désirait en rien. « Ecoute Vit’ … tu ne veux pas devenir père et je ne veux pas être celle à qui tu reprocheras dans quelques années d’avoir dû sacrifier ta précieuse liberté. Ne va pas croire que mes propos soient signe de reproche, car ce n’est pas le cas. Aussi étrange que cela puisse paraitre, je comprends. Je n’irais pas jusqu’à dire que la situation m’enchante car en réalité … je vais espérer jusqu’à la dernière minute que tu puisses changer d’avis et que tu considèreras un jour ce bébé comme une bénédiction et non comme une malédiction. J'ai eu le temps de réfléchir à tout ça. Même si j'aurais aimé que les choses se passent autrement, je sais que je suis capable de m’en sortir toute seule. » Le pire, c’est que même en tant que mère célibataire, Serena n’aurait besoin de personne. Comme toujours, elle allait se débrouiller seule et comme toujours, elle allait s’en tirer avec brio. Elle pensait éventuellement retourner vivre à Londres, ouvrir sa propre boite aux proportions moins titanesques que la maison d’édition pour laquelle elle travaillait. Elle recommencerait sa vie à zéro et dans quelques années, quand l’heure des questions sonnera, elle tenterait d’expliquer à son enfant que son père était … quoi au juste ? Jamais elle n’aurait la force de dénigrer Vitaly. Dire du mal de lui n’était pas envisageable un seul instant. Il était la seule personne au monde qu’elle aimait vraiment, qui avait su lui redonner confiance et qui l’avait aimée pour ce qu’elle était véritablement. Alors elle lui dirait sans doute la vérité : qu’il ou qu’elle a un père formidable mais très occupé. Ce mensonge marcherait un temps. « Jamais je ne t’obligerai à prendre des responsabilités dont tu ne sembles pas vouloir. Si faire partie de la vie de ton fils ou de ta fille présente un intérêt pour toi alors … » Alors elle en sera ravie. Passant près de lui, elle posa une main sur son bras qu’elle caressa doucement. « On devrait peut-être y retourner, ils vont te chercher partout.»
Sans avoir donné une chance réelle et nouvelle à notre mariage, nous avions quand même eut à nouveau, un début de quelque chose. Parce que le fait était que, oui, nous nous aimions toujours. Et non, nous n'étions pas juste capables de nous dire au revoir comme ça, en faisant une croix sur six ans de relation. Malheureusement, il me semblait que nous venions tout juste d'atteindre la limite qui risquait de tout foutre en l'air pour de bon. Cette grossesse allait difficilement arranger les choses, pour sûr. Tout simplement parce que je n'étais réellement pas prêt à être père. Pour moi, c'était évident. Et je n'avais pas prévu de voir mes plans de vie, ainsi chamboulés. « Le destin à bon dos. Tu ne veux pas devenir père … ou tu ne veux pas devenir père de mon enfant ? » J'étais surpris qu'elle ait pu se mettre une idée pareille en tête. Le fait était que je ne me sentais toujours pas prêt à être père, point barre. Comment pouvait-elle s'imaginer que c'était avec elle que je ne voulais surtout pas avoir d'enfant ? C'était un peu comme de se persuader que je serais nettement plus heureux sans elle dans le fond. C'était du Serena tout craché. « Je ne me sens pas prêt à être père, tout court ... » Répondis-je en laissant échapper un léger soupir de lassitude. Parce que cette conversation, nous l'avions déjà eus cent fois. Cependant, jamais nous n'avions été aussi loin dans ce sujet, puisque ce coup ci elle était enceinte. Je n'arrivais d'ailleurs toujours pas à réaliser tout à fait la chose. Coup du destin. Surprise inattendue. Et pas terrible honnêtement, parce que je n'appréciais que moyennement l'humour de mon destin là. Si l'on pouvait considérer cela comme étant de l'humour d'ailleurs. Tant c'était ... Si peu drôle. Je du détourner le regard à ses paroles, comme incapable de l'affronter plus encore. C'était d'ailleurs un peu le cas dans le fond. Parce que je ne savais plus du tout où j'en étais et que, pour l'instant, je ne pouvais même pas lui promettre d'assumer.
Mais soit, je ne doutais pas qu'en effet elle pourrait tout à fait continuer seule. Seule avec le bébé qui grandissait désormais au creux de son ventre. Je n'arrivais même pas à y penser comme à un enfant. Le notre. Je ne voyais là qu'une erreur de parcours en plus, un obstacle en plus, bref, tout sauf un enfant ou un don du ciel. Contrairement à elle qui devait être terriblement heureuse de la nouvelle. Elle qui ne m'avait jamais caché son désir d'avoir un enfant. Un souhait que je n'avais, pour ma part, pas été en mesure de réaliser. Enfin certes, maintenant si. Mais pas de façon volontaire, il fallait bien le reconnaître. « Jamais je ne t’obligerai à prendre des responsabilités dont tu ne sembles pas vouloir. Si faire partie de la vie de ton fils ou de ta fille présente un intérêt pour toi alors … » Ca sonnait encore comme un adieu entre nous. Soit j'acceptais cet enfant, soit tout était terminé. Ce qui semblait pour le moins logique tout de même. Parce que je n'aurais plus de place à ses côtés, si je n'assumais pas ma paternité. Je ne voyais pas comment je pourrais faire pour garder le rôle d'époux, sans assumer le rôle de père. A moins de snober ce gosse. Ce qui semblait assez improbable. Alors oui, c'était personne ou les deux à la fois. Une vie de famille ou le retour à une vie de célibataire endurci. « J'ai besoin de temps ... » Soupirai-je doucement. D'accord, je n'étais même pas certain que le temps y changerait quoi que ce soit à la vérité. Ce qui m'amenait à penser de la sorte, c'était tout simplement le fait que le temps passant n'avait rien changé du tout à ma vie torturée, perdue entre deux femmes. Je n'avais pas été capable de faire un choix entre les deux femmes desquelles j'étais amoureux. Ca suffisait à me faire comprendre que les choix, ce n'était pas franchement mon fort. Au moins, je me doutais un tant soit peu de ce qui était mieux pour moi. Sans pouvoir toutefois me décider non plus. « Oui, retournons-y ... »
Comme il fallait s’y attendre, la réception était couronnée de succès. Serena n’était pourtant pas vraiment adepte de ces soirées mondaines extrêmement pompeuses durant lesquelles les éditeurs et les auteurs aimaient se congratuler entre deux petits fours. Cette ambiance était bien trop superficielle à son goût. Pourtant ce soir, les festivités avaient lieu chez elle, dans la banlieue chic de Londres. Cela faisait presque six ans qu’elle vivait en Angleterre, six années durant lesquelles elle avait coupé les ponts avec son ancienne vie. Y compris ses proches. Son départ avait été teinté de reproches et d’un vaste sentiment d’incompréhension de la part de son entourage mais pour la toute première fois de son existence, Serena avait choisi de faire passer son propre bonheur avant celui des autres. Cela faisait une éternité qu’elle rêvait de mettre les voiles et de s’offrir le luxe de tout recommencer à zéro. C’était désormais chose faite et autant dire qu’elle n’avait pas le moindre regret. Au contraire, elle adorait cette vie-là. Désormais, Serena était à la tête de sa propre maison d’édition et pour l’épauler dans ses affaires, elle pouvait compter sur le soutien sans faille de Kathy, sa merveilleuse assistante depuis huit ans. Lorsque Serena lui avait proposé de la suivre jusqu’à Londres, elle avait accepté sans hésiter, pour le plus grand bonheur de l’éditrice. Ensemble, elles étaient capables d’accomplir des miracles et le succès de Serena un peu partout en Europe pouvait aisément en témoigner. Toutefois, elle savait garder la tête sur les épaules et ses ambitions professionnelles étaient loin d’être aussi titanesques qu’elles avaient pu l’être quelques années plus tôt. Serena avait désormais le sens des priorités et elle devait tout cela à une seule personne…
Assise sur les marches d’escalier menant au premier étage, une petite fille d’environ cinq ans tenait un livre ouvert sur ses genoux et faisait la lecture à un petit lapin blanc en peluche. Imperturbable, elle n’entendait même pas les commentaires de certains convives qui s’extasiaient au loin devant son indiscutable beauté. Elle ressemblait à une vraie poupée. Ses longs cheveux châtains clair retombaient en cascade le long de son dos et étaient coiffés d’un petit nœud sur le côté. De temps à autre, elle levait ses magnifiques yeux turquoise de son ouvrage et observait les invités avec curiosité. Elle connaissait certains visages, d’autres lui étaient en revanche totalement inconnus. Un peu comme celui de l’homme qui venait tout juste d’entrer. Elle l’observa durant un long moment et lorsqu’il la regarda en retour, elle lui adressa un adorable sourire teinté d’un soupçon de timidité. Finalement, elle posa son livre sur l’une des marches, s’empara de son lapin en peluche et se redressa. « Est-ce que t’es un vrai prince ? Parce-que je suis sure que le prince de mon histoire il est tout comme toi. Et tu sais, même que moi je m’y connais en contes de fées. Maman elle m’en lit tout le temps. Toi aussi t’aime bien les histoires ?.» Elle se dandina très légèrement sur elle-même, signe évident de timidité. Pourtant, elle n’avait pas sa langue dans sa poche et était extrêmement sociable pour une petite fille de son âge. Ne le quittant pas des yeux un seul instant, elle souria de plus belle à cet étranger qui, pour une raison inconnue, l’intriguait tout particulièrement.
Entre deux bribes de conversation, Serena se fraya un chemin au beau milieu des invités avant de se figer soudainement. Cela faisait près de six ans qu’elle n’avait pas revu Vitaly … autant dire une éternité. A demi cachée par la densité de la foule, elle observa sa fille lui faire la conversation. Par moment, la petite fille pouvait se montrer extrêmement bavarde. C’était assez ironique de voir qu’elle avait jeté son dévolu sur lui. Prenant une grande inspiration, Serena décida d’aller se mêler à la conversation. Psychologiquement, elle s’était préparée à le revoir puisqu’elle avait vu son nom sur la liste des invités. Liste ayant été établie par un tiers, cela va sans dire. Jusqu’ici, elle ne s’était pas inquiétée outre mesure, persuadée qu’il ne viendrait jamais jusqu’à Londres. Elle le pensait suffisamment consciencieux pour l’éviter mais il faut croire qu’elle s’était passablement trompée. « Ah tu es là ma chérie, je t’ai cherché partout.» Si elle se plaça près de sa fille, son premier regard fut pour Vitaly. Pas besoin de lui faire un dessin pour qu’il comprenne qui était cette adorable poupée qui lui parlait jusqu’à maintenant. La poupée en question s’empara de la main de sa mère et se dandina de plus belle. « M'man ? Moi j’crois que c’est lui le prince de notre histoire !» Si cette remarque fit sourire Serena de bon coeur, ce fut avant tout pour son caractère improbable. A croire que le gène qui fait que toutes les Livingston craquent pour Vitaly était bel et bien héréditaire. « C’est aussi ce que je croyais avant …» Les prunelles de Serena n’avaient pas quitté celles de Vit’ et ce n’est qu’après quelques secondes qu’elle se baissa à hauteur de l’adorable poupée. Il n’y avait qu’à voir les gestes et la tendresse de Serena pour comprendre à quel point elle aimait cette enfant. Elle représentait tout à ses yeux. « Hmm … et si tu allais voir Valmont un moment ? Je l’ai vu partir en courant dans la chambre. Avec tout ce bruit, il va surement avoir besoin d’un très gros câlin pour s’endormir et il me semble que les tiens sont particulièrement agréables. Tu veux bien y aller ?» La petite fille acquiesça avec bonne humeur et passa ses bras autour du cou de sa mère pour lui voler un câlin de quelques secondes avant de s’éclipser. Ce n’est qu’à ce moment-là que Serena se redressa et se décida enfin à échanger quelques mots avec Vit ‘. Elle n’était pas en colère, déçue ou quoi que ce soit d’autre… En fait elle se sentait … indifférente. « Bonsoir. Tu arrives un peu après la tempête … si tu cherches ton éditeur, il vient tout juste de s’en aller.» Autant attaquer avec des banalités. Serena ne fit aucune remarque sur ce qui venait tout juste de se passer avec sa fille … leur fille. Non, pas un mot.
J'avais beau savoir que Serena serait à cette réception, j'étais bien décidé à m'y rendre quand même. En même temps, ce n'était pas comme si j'avais trente six autres choix. Ainsi, c'était en tentant de ne pas penser à mon ex femme, que j'entrais dans les lieux de la réception. Si j'étais toujours aussi sûr de moi, que cinq ans plus tôt, je n'étais pas certain de mes réactions face à celle avec qui on s'était séparés en pas si bons termes que cela. Ca faisait un bout de temps déjà, que je tentais de me préparer à lui faire face. Parce que le monde de la littérature était petit et qu'une rencontre finirait forcément par avoir lieu. Et ça y est, on y était. J'étais presque réellement sûr de moi quand j'entrai. Mais je fus coupé dans mon élan, par l'arrivée d'une gamine tout ce qu'il y avait de craquant, avec sa longue chevelure châtain et ses grands yeux d'une teinte bleutée assez marquante. Je ne pu m'empêcher de répondre à son sourire. « Est-ce que t’es un vrai prince ? Parce-que je suis sure que le prince de mon histoire il est tout comme toi. Et tu sais, même que moi je m’y connais en contes de fées. Maman elle m’en lit tout le temps. Toi aussi t’aime bien les histoires ? » Cette gamine était incroyable. Je ne souris que plus encore devant sa candeur évidente, et levai un bref regard pour tenter de trouver qui était la mère de cette enfant. Mais ne voyant personne la chercher, je reportai mon attention sur elle. «Oh non, je ne suis pas un prince. Mais j'adore ceux des histoires ! » Lui répondis-je, tout sourire. Si j'appréciais plus les enfants que quelques années plus tôt, je demeurais campais sur mon "chez les autres, pas chez moi" et n'étais pas certain d'en changer un jour. De toute façon, je trouvais que je n'avais plus l'âge pour fonder une famille. L'idée ne m'avait jamais réellement traversé l'esprit et ça ne changerait pas de sitôt. Le temps ne faisait que consolider ma décision. Et puis ce n'était pas comme si j'étais marié à nouveau ou juste sur le point de convoler en justes noces. Donc bref, j'étais toujours le même que six ans plus tôt finalement. « Ah tu es là ma chérie, je t’ai cherché partout.» Avant même d'avoir vu la personne qui parlait, je reconnu sa voix. Et à l'entente de ses mots, je me figeai, me redressai lentement et posai les yeux sur elle. Mon regard navigua de l'une à l'autre, à plusieurs reprises. Serena. Et ... Cette ... Jolie petite fille aux yeux d'une teinte toute particulière ...
Leur échange me confirma le lien de parenté et je crus défaillir sur place. Véritablement. Ou prendre la fuite, à défaut. Je savais que je croiserais Serena. Je m'y étais psychologiquement préparé dans les règles de l'art. Mais je n'avais pas vraiment prévu que ... Notre ... Sa fille, soit là. Je ne m'étais pas préparé à un tel tête à tête et ne pouvais donc qu'en être grandement surpris et désarçonné. J'observais le tableau que formaient la mère et la fille, parfaitement immobile à ma place. A bien y regarder, la petite était un parfait mélange de sa mère et de ... Moi ... Moi, par la couleur des yeux et des cheveux. Sa mère, par la douceur de ses traits. Quand Serena se redressa et que la joyeuse gosse s'éloigna, je la suivis du regard jusqu'à ce qu'elle ait totalement quitté mon champ de vision. Avant de reporter mon attention sur mon ex femme. Même si, pour le coup, toutes mes pensées étaient tournées vers la petite. « Bonsoir. Tu arrives un peu après la tempête … si tu cherches ton éditeur, il vient tout juste de s’en aller.» Ce n'était pas comme si ça avait encore de l'importance. A l'instant même où j'avais réalisé que cette merveilleuse enfant était la mienne, j'en avais oublié la raison de ma présence ici. « J'ai été retardé. » Répondis-je sur un ton évasif. Avant de regarder à nouveau dans la direction qu'avait prit la fillette, un instant plus tôt. Comme avec l'espoir de la voir faire une réapparition soudaine. « C'est ... » Commençai-je doucement, avant de finalement me taire. Je ne pouvais dire "notre fille" alors que je ne l'avais jamais vu et encore moins élevé. Je ne pouvais pas non plus dire "ta fille" puisqu'on avait été deux à la concevoir, que je sache. Je soupirai doucement, en reposant mes yeux sur elle. « Elle est vraiment ... Intéressante. » Comme dans "elle a tout pour elle cette mioche". Parce qu'elle était belle à croquer, apparemment dégourdie pour son âge et très sociable.
Serena observa sa fille monter les marches, avant de poser à nouveau son regard sur Vitaly. Il parvenait à la troubler mais nullement pour les mêmes raisons qu’autrefois. Certes, elle ne pouvait nier qu’il était toujours un homme extrêmement plaisant et charismatique, mais cette fois-ci, elle était avant tout troublée par le regard qu’il venait de jeter en direction de sa fille… leur fille. « C'est ... » Oui, c’était bien elle. Ce bébé tant désiré par l’un et tout autant renié par l’autre. « Elle est vraiment ... Intéressante. » Cette remarque la fit sourire avec tendresse. Pas besoin de connaitre le tempérament maternant de Serena pour se rendre compte à quel point elle aimait cette petite fille. Elle était certainement la plus belle chose qui soit arrivée dans sa vie, celle qui lui avait permis de trouver un point d’équilibre solide. Celle qui l’aimait de manière inconditionnelle simplement car elle était sa maman. Aucune complication, aucun questionnement étrange. Elles s’aimaient, voilà tout. Ainsi, la jolie blonde hocha doucement la tête, sans se départir de son léger sourire. « Elle l’est. J’irai même jusqu’à dire qu’elle est extraordinaire. Tout en elle est … incroyable. » Et ce n’était pas uniquement la maman fière qui s’exprimait. Cette enfant était réellement merveilleuse à bien des égards. Elle aurait aimé que Vitaly s’en aperçoive par lui-même mais elle doutait fort qu’il désire la revoir à l’avenir. S’il avait dû manifester un quelconque intérêt pour elle, il aurait sans doute cherché à la connaitre par lui-même. Serena jugea toutefois qu’il y avait un détail dont il aimerait sans doute avoir connaissance.« Elle s’appelle Amy Rose… » Amy Rose … comme Amy Rose Hopes, l’héroïne d’un vieux roman anglais que Serena lisait à longueur de temps. Vitaly avait très certainement compris la référence littéraire et le choix de ce prénom, puisqu’à maintes reprises il s’était gentiment moqué d’elle en la voyant relire cet ouvrage. C’était de loin son préféré et pour cause : c’est lui qui lui avait offert ce roman peu de temps après leur rencontre.
Se retrouver auprès de Vitaly après toutes ces années avait quelque chose d’étrange. Serena avait l’impression de ne plus rien savoir de cet homme qu’elle avait pourtant tant aimé par le passé. Elle ne savait pas s’il avait ou non refait sa vie et d’ailleurs, elle ne tenait pas vraiment à le savoir. Comment réagirait-elle en apprenant qu’il avait d’autres enfants ? Des enfants qui avaient droit à la présence d’un père ? Non, elle ne souhaitait pas aborder ces choses-là. Pas plus qu’elle ne souhaitait évoquer son propre départ pour Londres ou son refus catégorique de revoir sa famille et ses amis d’antan. Seuls Vin et Kathy faisaient encore partie de son existence et c’était très bien ainsi. « Serena, j’ai un petit problème, il faut que … Oh … pardonnez-moi de vous interrompre.» Le regard confus de Kathy passa de l’un à l’autre. Elle avait connu Vitaly par le passé et savait très bien la place qu’il avait occupé dans la vie de Serena. Elle savait également qu’il était le père d’Amy et la raison pour laquelle Serena avait radicalement changé de vie. Alors comment devait-elle réagir ? « Kathy, vous vous souvenez bien entendu de Vitaly, mon ex-mari ? » Sauvée par le gong. Kathy esquissa un sourire polie et lui tendit la main pour le saluer. « Naturellement. Ravie de vous revoir monsieur. »
« Tu nous excuses une petite minute ? » Ayant compris que Kathy avait une requête urgente, Serena s’éclipsa en compagnie de son assistante durant quelques minutes. C’est précisément le moment que choisit la jolie poupée pour redescendre les marches. « Dis, toi t’es fort, tu penses que tu pourrais faire peur au monstre qui se cache sous mon lit ? Moi j’peux pas car il a pas peur de moi. Mais avec toi, il va partir c’est sûr.» Sa petite mine inquiète laissa place à un sourire à tomber. Elle était vraiment adorable, il n’y avait pas à dire. Ces derniers temps, elle avait beaucoup de mal à s’endormir, persuadée qu’un monstre se cachait sous son lit ou dans son armoire. Serena avait beau tenter de la rassurer, rien n’y faisait. Peut-être qu’elle lui lisait trop d’histoires, allez savoir… « Vit ?» Ce n’est que dans l’après coup que Serena réalisa qu’elle aurait mieux fait de l’appeler par son nom entier et non par ce diminutif un peu trop familier à son goût. Toujours est-il qu’elle tenait sa veste en main et ce qu’elle s’apprêtait à lui demander n’était pas vraiment négociable. « J’ai besoin que tu me rendes un service. Kathy et moi devons nous absenter un moment … une urgence, je t’expliquerai ça en rentrant. Tu peux rester avec Amy une petite heure ? Rien qu’une heure s’il te plait… Je ne connais la plupart des gens qui sont ici que dans un cadre strictement professionnel et je ... je n'ai pas vraiment confiance. Avec toi, je sais que tout se passera bien.» C’est vrai, elle avait pleinement confiance en lui. De toute façon, comment pourrait-il lui refuser cela alors qu’elle ne lui avait strictement rien demandé depuis le jour où, sous le vent glacial de Washington, elle lui avait annoncé qu’elle était enceinte. Pour le rassurer, elle lui adressa un léger sourire et se tourna ensuite vers sa fille avant de se baisser à sa hauteur. « Mon coeur, je dois partir un moment et je ne peux pas t’emmener. Vitaly va rester avec toi … tu vas voir, il connait tout plein d’histoires. Tu vas l’adorer…. » Amy acquiesça et passa ses petits bras autour du cou de sa mère afin d’obtenir un dernier câlin. « Je t’aime.» Elle se recula et déposa un baiser sur son front avant de se lever. « Moi aussi jt’aime fort. » Ce n’est que lorsqu’elle se redressa et que son regard passa de Vit’ à Amy, que Serena réalisa à quel point la ressemblance entre le père et la fille était frappante. Troublante, même. « Je te remercie Vit'.» A peine eut-elle quitté la maison que la petite fille se tourna vers son mystérieux prince charmant avec un nouveau sourire, tout aussi craquant que les précédents. « Tu t’appelles Vitaly ? Mon papa aussi. Dis, tu veux voir ma chambre ? »
Toutes ces années sans voir Serena ... Et quand je la croisais à nouveau, je découvrais par le même coup la fillette que j'avais refusé d'assumer. Elle était vraiment très belle. Un véritable ange pour résumer sa beauté surprenante et tout ce qu'elle dégageait. C'était presque de la fierté que je ressentais à la découvrir aussi merveilleuse, alors même que je n'y étais pour rien du tout. C'était mon ex femme qui l'avait élevé. C'était donc évidemment à elle que revenait tout le mérite. Et je me demandais si elle ne s'en était pas mieux sortie, que si jamais j'avais été là pour "l'aider" à faire de cette enfant ce qu'elle était en train de devenir. « Elle s’appelle Amy Rose… » Il me fallut tout de même quelques secondes, avant de resituer le prénom. Ah oui, évidemment ... En me souvenant de ce bouquin que je l'avais vu lire des dizaines et des dizaines de fois, je ne pu m'empêcher de sourire légèrement, amusé par le choix. « Evidemment ... C'est un très bon choix ... » Répondis-je doucement, en continuant de sourire. En même temps, même si son prénom ne m'avait pas plu, ce n'était pas comme si j'aurais encore été en droit de le lui faire remarquer. Je n'avais pas été là pour le choisir et ce n'était pas de sa faute à elle. Mais bel et bien de la mienne, tout simplement. Je n'avais pas eus mon mot à dire et je ne l'aurais plus jamais, puisque je ne faisais plus partie de leur vie, ni à l'une, ni à l'autre. Finalement, nous fûmes interrompus par l'arrivée de Kathy. A qui j'offris un sourire éblouissant, comme à ma bonne habitude, pour toute réponse à son salut. Avant de hocher vaguement la tête quand Serena s'éloigna avec elle. De là, je n'eus guère le temps de seulement envisager de rejoindre les autres invités, que la jolie petite poupée était déjà de retour pour m'accoster à nouveau. Surpris, je baissai le regard vers elle, encore une fois surpris par sa beauté presque troublante. « Dis, toi t’es fort, tu penses que tu pourrais faire peur au monstre qui se cache sous mon lit ? Moi j’peux pas car il a pas peur de moi. Mais avec toi, il va partir c’est sûr. » Comment ne pas fondre devant une bouille aussi craquante et un air aussi innocent ? C'était tout bonnement impossible. Et même pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude des gosses, comme moi, c'était tout simplement impossible. Même en tentant de toutes mes forces, je ne serais pas capable de lui refuser quoi que ce soit. « Vit ?» Avant que je n'ai eus le temps de répondre, Serena était de retour. Et ce fut avec presque un air coupable sur le visage, que je relevai le regard vers elle. Coupable de craquer autant devant sa fille. Notre fille.
« J’ai besoin que tu me rendes un service. Kathy et moi devons nous absenter un moment … une urgence, je t’expliquerai ça en rentrant. Tu peux rester avec Amy une petite heure ? Rien qu’une heure s’il te plait… Je ne connais la plupart des gens qui sont ici que dans un cadre strictement professionnel et je ... je n'ai pas vraiment confiance. Avec toi, je sais que tout se passera bien.» Une heure ? Juste Amy et moi ? Mon enfant et moi ? Moi gardant celle que j'avais refusé de reconnaître six ans plus tôt ? J'étais surpris par la demande, persuadé que Serena préférerait plutôt m'éloigner de notre enfant le plus possible, peu désireuse que je vienne demander à la connaître seulement aujourd'hui. Au lieu de ça, elle me demandait de la garder une petite heure. Elle devait pourtant savoir parfaitement, que je n'étais pas franchement doué avec les gosses. Même si je devais reconnaître que celle ci en particulier, m'avait tout l'air d'être assez dégourdie pour s'occuper d'elle même, toute seule. « Oui bien sûr que je peux. » Répondis-je pourtant, avant même d'avoir seulement eus le temps de réfléchir à la question. En même temps, c'était déjà tout pensé. Une fois que nous nous retrouvâmes juste Amy et moi, face à face, je répondis à son sourire presque sans m'en rendre compte. D'accord, cette capacité à attirer l'attention avec simplement un sourire à faire fondre la glace, elle la tenait quand même de moi. Même si Serena avait, elle aussi, un sourire éblouissant. « Tu t’appelles Vitaly ? Mon papa aussi. Dis, tu veux voir ma chambre ? » Son papa aussi ... Quelle coïncidence. Ainsi, Serena lui avait parlé de moi ? Certes, sans doute avait-elle fini par poser des questions en grandissant. Maintenant, je n'étais pas certain que mon ex souhaite avouer à sa fille que c'était moi son père. Et du coup, il était sans doute préférable que je fasse attention à ce que j'allais dire devant la petite, pour ne pas lui mettre la puce à l'oreille. Je ne souhaitais pas faire de bourde. « Bien sûr que je veux ! Après tout, j'ai un monstre à y chasser, non ? » Lui rappelai-je, tout sourire, avant de la suivre sans me faire prier. J'ignorais dans quel merdier je venais de me fourrer en acceptant de l'occuper durant l'heure à venir. Mais je voulais croire que cette rencontre nous serait bénéfique, à l'un, comme à l'autre.
Amy était une enfant extrêmement intelligente pour son jeune âge, mais pas encore suffisamment grande pour faire le lien entre son père et ce mystérieux inconnu qu’elle adorait déjà. Elle savait pourtant beaucoup de choses sur Vitaly car contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, Serena ne lui avait jamais rien caché à son sujet. En réalité, elle lui avait même toujours parlé de lui car elle estimait que sa fille était en droit de savoir qui elle était réellement. Ce ne serait pas juste de la priver de toutes ces informations. Pour l’instant, Serena parvenait à s’en tirer avec brio mais elle redoutait par avance les questions plus pertinentes qu’Amy allaient certainement lui poser dans quelques années. Mais chaque chose en son temps… « Bien sûr que je veux ! Après tout, j'ai un monstre à y chasser, non ? » La petite fille se mit à sourire de plus belle. Dotée d’un tempérament bien trempée, Amy n’était pas timide pour deux sous et entamer la conversation avec un homme qu’elle connaissait à peine n’était pas un problème, au grand dam de Serena. Ainsi, elle ne tarda pas à s’emparer de la main de Vitaly et grimpa les marches avec lui pour l’entrainer jusque dans sa chambre. Paresseusement étendu sur le lit, Valmont lança un regard dédaigneux aux nouveaux arrivants. Le royaume merveilleux de la jolie poupée était naturellement décoré avec goût, œuvre de Serena bien entendu. Et à l’instar de sa maman, Amy possédait une collection de livres assez étonnante… des contes, principalement. Il y avait également quelques dessins sur le mur, une montagne de peluches sur le lit et un tas d’autres jouets qu’elle affectionnait tout particulièrement. Une vraie chambre de princesse. Amy s’arrêta au milieu de la pièce et sans lâcher la main de Vitaly, se dandina sur elle-même. « J’adore lire et faire des dessins. Même qu’après, bah j’en fera un rien que pour toi. Tu voudras ? » Elle leva sa petite frimousse vers lui et lui lâcha la main pour aller vers son lit et s’emparer de son lapin en peluche. Amy désigna alors Valmont et reprit la parole, toujours avec la même assurance. « C’est mon chat … mais il aime pas être dérangé pendant qu’il fait sa sieste. T’aime les chats toi aussi ? » La jolie poupée décida de s’asseoir sur son lit et continua d’observer Vitaly avec la même intensité. Elle l’aimait bien. Il était gentil. Il ressemblait à un prince. C’était largement suffisant pour elle. « Pourquoi tu connais ma maman ? C’est parce-que toi aussi t’écris des histoires ? Elle est gentille, hein ? Moi aussi quand j’sera grande bah j’ai envie d’écrire tout plein d’histoires. Avec des monstres, des princesses, des grenouilles et même des sorcières. C’est quoi ton histoire préférée ? » Oui, quand elle parlait, il était difficile de l’arrêter. Attendant une réponse, elle balança doucement ses pieds dans le vide tout en souriant à Vitaly. Amy était vraiment troublante. Un parfait mélange de Vitaly et de Serena. A croire qu’elle avait pris le meilleur chez chacun de ses parents. Ses longs cheveux châtains aux reflets blonds … ses yeux bleus … son sourire à tomber … ses petites manies qu’elle tenait de Serena et cette assurance évidente qui lui venait de son père. Elle était parfaite, Serena n’avait pas menti. Finalement, Amy se releva et retourna près de Vitaly. Elle se planta juste devant lui et l’observa avec un léger sourire aux lèvres. « Moi jt’aime bien. Pourquoi tu restes pas ici pour toujours ? Moi ça m’plaira bien d’avoir un prince rien qu’à moi. » Son sourire s’accentua légèrement tandis que ses joues devenaient légèrement plus roses. Elle reprit la main de Vitaly et regarda son lit puis son armoire. « La nuit bah c’est là ou là qu’il se cache le monstre. J’aime pas, ça me fait peur. Maman elle dit qu’y a rien mais ça, c’est parce qu’elle le voit pas. Tu m’crois toi, pas vrai ? »
Il faudrait vraiment être insensible, pour ne pas craquer totalement devant le sourire tout bonnement irrésistible, de la jeune Amy. Jeune fille qui s'avérait d'ailleurs être la mienne, même si j'avais refusé de la reconnaître quelques années plus tôt. Ce fait intolérable, n'empêchait pas que la jeune enfant me ressemblait vraiment beaucoup. Bien plus que je n'aurais pu l'imaginer en tout cas. Elle était juste incroyablement parfaite pour une gosse de son âge. Si c'était de l'exagération de ma part ? Si peu. En tout cas, c'était là ce que je pensais alors que je la regardais se déplacer avec aisance et sembler si peu timide alors que, main dans la main, elle m'entraînait dans sa chambre. Même à moi, tout ça me semblait totalement normal. Mon comportement n'était en rien un baiser de Judas. J'étais sincèrement intéressé et intrigué par cette fillette à la beauté surprenante. Et quand je fus dans sa chambre, ce fut tout naturellement que je pris le temps d'étudier les lieux. Une vraie pièce de petite fille en gros. Avec, comme sa mère, une bibliothèque pour le moins impressionnante. Toutefois, je ne doutais pas qu'il s'agissait de bouquins à la lecture beaucoup plus simple et plus légère que ceux que pouvait lire Serena. C'était assez logique d'ailleurs. Et normal. « J’adore lire et faire des dessins. Même qu’après, bah j’en fera un rien que pour toi. Tu voudras ? » Je "voudras" tout ce qu'elle même voulait, pour sûr. En fait, elle devait savoir y faire pour convaincre les gens de son opinion et même les pousser à penser un tant soit peu comme elle. C'était presque un don ça. Le genre de truc dont j'étais moi même capable. Sauf que moi, c'était venu avec le temps et à force d'entraînement et tout ce qui s'ensuivait. Alors qu'elle, ça semblait inné chez elle. Tout simplement héréditaire en fait. « Bien sûr que je veux. Surtout que tu m'as l'air d'être une véritable artiste. » Fis-je remarquer en observant les quelques dessins qui décoraient les murs de sa petite chambre d'enfant. Pleine d'imagination en tout cas, c'était le moins que je puisse en dire. Elle était intéressante par bien des aspects et apparemment intéressée par de nombreuses choses. En clair, elle était vraiment désarmante cette enfant. Et je ne regretterais pas de l'avoir connu. Aussi peu de temps dureraient nos échanges. Parce qu'ils ne dureraient pas plus de cette heure ci, sans doute ... « C’est mon chat … mais il aime pas être dérangé pendant qu’il fait sa sieste. T’aime les chats toi aussi ? » Je posai les yeux sur le chat installé sur son lit, et ne pu m'empêcher de grimacer. Je l'avais déjà rencontré par le passé lui.
« J'aime bien les chats, mais quand ils ne sont pas chez moi. » Répondis-je avec un sincérité. Parce qu'il me semblait qu'elle était même du genre à savoir déceler le vrai du faux dans les propos d'autrui. Je la surestimais peut-être un peu, certes. Mais mieux valait être trop prudent que pas assez ! En tout cas, c'était mon point de vu. Je fus surpris quand Amy reprit la parole pour m'inonder de mots en tous genres et de quelques questions. Elle était curieuse quand même. Ce devait être un truc de son âge. Pas héréditaire. Je n'étais pas curieux. Et je ne pensais pas que Serena le soit non plus. A moins d'avoir oublié quelques détails importants sur sa personnalité. Mais tout de même pas à ce point. Enfin, je ne pensais pas avoir autant oublié. « J'ai travaillé avec ta maman. Il y a quelques années. J'écrivais les livres et elle ... M'aidait à les faire connaître. » C'était plutôt bien résumer notre relation professionnelle. Bien sûr, je ne pouvais pas lui avouer que nous avions été plus que ça. Beaucoup plus. « Je ne peux pas être ici pour toujours, parce que ... » Parce que ta mère m’étriperait si je décidais de m'installer pas trop loin alors qu'elle m'a fuit quand elle te portait dans son ventre. Ca me semblait être la réponse la plus sincère qui soit. Mais pas celle que je pouvais dire à ... Ma propre fille. « Parce que je vis très très loin. Ma maison, mes amis ma fa ... » Non pas ma famille. Je n'avais pas franchement de famille de laquelle j'étais encore proche. « Mon travail. » Conclus-je doucement. En fait, mon travail. C'était la seule chose que j'avais véritablement ça. A quarante ans, je n'avais pas fondé de famille et n'étais plus promis à aucune femme. Je n'avais réussis que sur le plan professionnel. Parce que j'étais obnubilé par ça depuis toujours ou presque. Est-ce que je le regrettais aujourd'hui ? En tout cas, ce n'était pas super plaisant de rentrer chez soit le soir et de se retrouver juste ... Totalement seul. « Tu sais, je ne pense pas que le monstre se montrera si je suis là. D'ailleurs, il ne se montrera peut-être plus jamais maintenant que je suis passé. Il aura sans doute peur que je ne sois pas loin. » Tentai-je maladroitement, pour la rassurer. Je n'étais pas fais pour ça, ça semblait évident. Mais tenter ne pouvait pas faire de mal. « Je vais quand même tenter pour être sûr ! » Ajoutai-je presque aussitôt, avant de me flanquer devant son petit lit pour regarder au dessous. Un type dans un costume qui valait des centaines de dollars, agenouillé pour regarder sous un lit, ce n'était pas un spectacle qu'il était donné de voir à tout le monde ... Et ce n'était pas mon genre non plus. Mais soit ... « Pas là ... » Conclus-je avant de me relever et me rendre à l'armoire que j'ouvris pour vérifier au dedans. « Pas là non plus. Tu sais... Je crois que le monstre est un peureux. »
Amy était véritablement en train de prendre goût à cette présence masculine fort attachante. Elle aimait bien Vitaly parce-que contrairement aux autres adultes, il n’essayait pas de l’infantiliser. S’il avait tenté de le faire, elle se serait rapidement empressée de lui faire comprendre qu’elle n’était pas un bébé. En fait si … mais ça, il n’y avait que Serena qui avait le droit de le lui rappeler. « J'ai travaillé avec ta maman. Il y a quelques années. J'écrivais les livres et elle ... M'aidait à les faire connaître. » Une fois n’est pas coutume, la petite fille afficha un adorable sourire tout en acquiesçant. Elle connaissait le métier de sa mère même si certains aspects de celui-ci demeuraient un véritable mystère pour elle. Concentrée sur les propos de Vitaly, elle écouta donc la suite avant de faire une petite moue déçue lorsqu’il affirma ne pas pouvoir rester avec elle pour toujours. Ça, c’était embêtant. Elle n’avait vraiment pas la moindre envie qu’il s’en aille. « Moi j’trouve que c’est dommage. Mais tu vas revenir me voir, pas vrai ? » Du fond du cœur, elle espérait qu’il lui réponde qu’il reviendrait souvent. Comment allait-elle faire si son prince, (chasseur de monstres en plus de ça !), décidait de s’en aller pour toujours ? Cela briserait son petit cœur, naturellement. « Tu sais, je ne pense pas que le monstre se montrera si je suis là. D'ailleurs, il ne se montrera peut-être plus jamais maintenant que je suis passé. Il aura sans doute peur que je ne sois pas loin. Je vais quand même tenter pour être sûr ! « Pas là ... Pas là non plus. Tu sais... Je crois que le monstre est un peureux. » Tout au long de son étonnante démonstration, Amy l’observa tout en mordillant doucement l’oreille de son lapin. Elle se sentait nerveuse. Et s’il y avait vraiment un monstre dans son placard ? Demeurant quelques pas en retrait, elle se cacha les yeux quand il regarda sous le lit et se mit sur la pointe des pieds pour voir dans l’armoire. Finalement, la conclusion de Vitaly quant au courage de ce monstre lui convenait plutôt bien. Elle esquissa un nouveau sourire et son regard brillant plongea dans celui de son père. « Ouais mais ça c’est normal : même que les monstres bah ils ont toujours peur des princes. Parce-que t’es plus fort que lui. C’est pour ça. Mais il va re me faire peur quand tu vas partir. Alors t'es obligé de rester.» Et à nouveau, elle glissa sa petite main dans la sienne.
Amy était curieuse par nature. Elle s’intéressait à tout et aimait poser bon nombre de questions. Même les plus indiscrètes. Serena avait tendance à souvent la reprendre à ce sujet mais c’était plus fort qu’elle. Surtout quand son interlocuteur l’intriguait et c’était bien le cas de Vitaly. « Dis, t’as une amoureuse ? » L’adorable poupée se remit à se dandiner sur elle-même. Serena n’aurait certainement pas apprécié l’entendre poser ce genre de questions mais puisqu’elle n’était pas là, autant en profiter. « Moi Jonathan il est amoureux de moi à l’école mais même que j’trouve ça beurk. Il veut toujours me prendre la main et ça m’énerve car moi j’veux pas. Aaah non, hein !! Moi j’voudra un amoureux tout comme toi.» Qui ose encore douter de l’hérédité de ce satané gêne « vitalyestleplusparfaitdumonde » chez les Livingston, hum ? Amy l’observa à nouveau et sembla avoir une idée qui, dans sa tête d’enfant, était d’une ingéniosité remarquable. « Tu veux pas que ma maman c’est ton amoureuse ? Comme ça tu peux rester avec nous pour toujours. Et toi t’es gentil en plus. Pas comme l’amoureux de maman. Même que moi j’l’aime pas. Quand j’suis avec elle, il veut tout le temps que je m’en va. Il veut rester qu’avec maman. Toi tu m’aimes bien, pas vrai ?»
C'était presque déconcertant de voir avec quelle facilité cette gosse comprenait ce qu'on lui racontait. Je ne parvenais pourtant pas à lui parler comme à une enfant. Je n'utilisais pas des mots plus simples à comprendre. Je me contentais de parler, dire les phrases qui me passaient par la tête, telle quelle. Et je ne me posais pas plus de question. Pourtant, elle semblait tout saisir. Comme en attestait son adorable sourire et ses hochements de tête. Elle était véritablement incroyable. Et je faillis revenir sur mes paroles, quand elle fit la moue alors que je venais de dire que je ne pouvais rester ici pour toujours. Elle pourrait faire changer d'avis n'importe qui, rien qu'avec cette moue là. C'était assez déconcertant. « Moi j’trouve que c’est dommage. Mais tu vas revenir me voir, pas vrai ? » Sans même le savoir, elle venait de me poser une colle là. Si j'allais revenir pour la voir ... Difficile à dire ... J'en aurais clairement l'envie, surtout après cette rencontre pour le moins intéressante. Mais Serena m'y autoriserait-elle ? Rien n'était moins sûr. Et je comprendrais parfaitement un refus de sa part après ces longues années d'absence. « Je ne peux pas te le promettre ... Mais je vais essayer. Ca te va si je te promets d'essayer ? » Demandai-je en tentant de trouver les mots à dire pour ne pas la rendre triste. Parce que oui, je pensais que je ne pourrais supporter de la voir déçue ou triste. Je préférais très nettement quand elle m'offrait cet adorable sourire auquel je me savais déjà incapable de résister. A défaut de pouvoir lui faire une telle promesse, je pouvais au moins chasser le monstre qui semblait avoir élu domicile dans sa petite chambre d'enfant. Je n'allais évidemment pas lui dire que ce monstre dont elle me parlait, n'existait que dans son imagination. Ce serait prendre le risque de la blesser. Ce que je ne supporterais pas. Alors j'entrai dans son jeu et fis le nécessaire pour la rassurer. Du moins, je tentai de le faire. Je n'étais pas doué pour ça, puisque c'était une grande première pour moi. « Ouais mais ça c’est normal : même que les monstres bah ils ont toujours peur des princes. Parce-que t’es plus fort que lui. C’est pour ça. Mais il va re me faire peur quand tu vas partir. Alors t'es obligé de rester. » D'accord, donc au final, elle ne me laissait pas vraiment le choix. Cette constatation me fit rire de bon coeur. Elle savait y faire, c'était le moins que je puisse dire.
« Tu es dure en affaire toi ... » Remarquai-je avec amusement, sans vraiment me demander si oui ou non elle comprendrait le sens de mes mots. Je ne voyais pas vraiment comment dire ça d'une autre façon. Toutefois, mon rire s'étrangla dans ma gorge quand elle me demanda franchement, si j'avais une amoureuse. Voilà une question à laquelle je ne m'étais pas le moins du monde attendu. Tant et si bien, que je n'eus pas le temps de répondre quoi que ce soit, qu'elle enchaînait. Elle parlait vite et beaucoup. Mais ce n'était pas ennuyeux du tout. Ca la rendait juste plus attachante encore. Et quand elle retrouva le silence, je demeurai coi durant de longues, d'interminables, secondes. Que je sois l'amoureux de sa maman, à la place de son amoureux actuel. Un amoureux qui, si je comprenais bien les dires d'Amy, ne l'acceptait pas vraiment ? Cette pensée n'était pas tolérable et je me fis la promesse d'en toucher un mot à Serena elle même. Ouais, comme si j'étais en droit de faire ça. « Ecoute ... Le problème, tu vois, c'est que moi je suis un homme qui adore travailler. J'aime vraiment vraiment beaucoup ça. Du coup, je ne fais que ça, tout le temps. Je n'ai donc pas le temps d'avoir une amoureuse. Et si j'en avais une, elle serait malheureuse, parce que je n'aurais pas le temps de bien m'occuper d'elle. Tu comprends ? Je suis sûr que oui. Et ta maman mérite d'être heureuse. » Comme c'était étrange de dire ça alors que c'était justement là la terrible erreur que j'avais commise quelques années plus tôt. Choisir mon métier plutôt que mon épouse et l'enfant qu'elle portait. « Et je suis certain que l'amoureux de ta maman aimerait beaucoup être ton ami. Mais qu'il ne sait pas comment faire. Ce doit être difficile d'être proche de l'enfant de son amoureuse. Parce qu'il ne doit pas savoir comment faire. Il n'a pas un enfant lui, si ? Parce que s'il n'en a pas, il a peut-être juste besoin que tu lui laisses le temps de s'habituer. Et que tu le guides aussi. Parce que t'es maline toi. Je suis certain que tu peux faire ça. Et je suis certain que ta maman serait vraiment très heureuse si tu t'entendais bien avec lui. » Etait-ce normal de ressentir cette peine au fond de moi, à l'idée que ma fille soit proche d'un homme qui occuperait le poste de père que j'avais refusé ? Si j'étais heureux d'apprendre que Serena avait rencontré quelqu'un, je l'étais un peu moins d'imaginer ce quelqu'un, en tant que père de ma fille.
A juste titre, la petite fille trouvait que le monde des adultes était vraiment trop compliqué. Elle préférait de loin s’enfermer dans ses rêves d’enfant, un monde peuplé de princesses, de créatures magiques, de dragons et de grenouilles capables de se transformer en prince charmant. Son univers était parfait en dépit de quelques ombres au tableau. Amy avait beau être une enfant joyeuse et pleine de vie, il y avait incontestablement une personne qui manquait à sa vie. Et sans le savoir, elle était précisément en train d’adresser sa demande au seul être capable de combler le vide qui s'était forgé dans son petit coeur. Savoir que Vitaly pouvait s’en aller et ne plus jamais revenir la peinait beaucoup. Mais elle comprenait. Oui, aussi compliquée que puisse être la situation, elle parvenait à la comprendre. Il aimait son travail et en avait besoin pour être heureux. Serena était pareille. Toutefois, le fait qu’il lui fasse la promesse d’essayer de revenir la voir la soulagea d’un poids immense et elle afficha aussitôt un large sourire et l’enlaça de ses petits bras. « Je vais espérer très très fort que tu reviens ! En plus, bah maman elle a dit que tu connais tout plein d’histoires. Et moi j’adore ça les histoires. Tu m’en raconteras pas vrai ? Ma préférée c’est Alice … elle aussi elle aime bien les lapins blancs, comme moi.» Allez savoir pourquoi, mais Amy nourrissait une sorte d’obsession à l’égard des lapins blancs. Elle dormait avec le sien depuis sa naissance et ne le quittait jamais. Pas même pour se rendre à l’école.
Mille et une questions lui passaient par la tête et comme tous les enfants du monde, Amy imaginait que les réponses étaient d’une extrême facilité. Ainsi, fiancer Vitaly à sa mère était pour elle le moyen idéal de le faire rester ici. De toute façon, elle n’aimait pas l’homme que fréquentait Serena. « Et je suis certain que l'amoureux de ta maman aimerait beaucoup être ton ami. Mais qu'il ne sait pas comment faire. Ce doit être difficile d'être proche de l'enfant de son amoureuse. Parce qu'il ne doit pas savoir comment faire. Il n'a pas un enfant lui, si ? Parce que s'il n'en a pas, il a peut-être juste besoin que tu lui laisses le temps de s'habituer. Et que tu le guides aussi. Parce que t'es maline toi. Je suis certain que tu peux faire ça. Et je suis certain que ta maman serait vraiment très heureuse si tu t'entendais bien avec lui. » C’est effectivement ce que Serena avait tenté de lui expliquer mais Amy n’était pas de cet avis. Elle serra doucement la main de Vitaly et haussa les épaules, pas franchement convaincue. Il faut dire qu’il y avait de quoi… le potentiel beau-père en question n’était guère enclin à s’occuper d’une gamine qui n’était pas la sienne. Jusqu’ici, aucun homme n’avait véritablement apprécié la présence d’Amy et la petite fille l’avait parfaitement ressenti. Elle était une enfant adorable mais Serena avait le chic de ne tomber que sur des gros connards. A plusieurs reprises, Amy avait été considérée comme un élément indésirable si bien qu’au final, Serena avait renoncé à s’engager dans une relation stable et durable. De toute évidence, si elle devait choisi entre sa fille et n’importe qui d’autre sur cette planète, le choix était vite vu. Elle avait toutefois pensé qu’avec Travis, ce serait différent… « Bah moi j’voulais mais il m’aime pas trop. J’lui ai demandé aussi de venir chasser le monstre et bah … même qu’il a rien compris. Il dit que les monstres ça existe pas. Moi j'suis sure que c'est un méchant. Il veut jamais jouer avec moi et il est pas trop gentil.» Elle haussa les épaules comme avec résignation et partit ensuite en courant vers son petit bureau et en sortit une lettre qu’elle venait d’écrire. Aussitôt, elle avait retrouvé sa bonne humeur contagieuse et son sourire à croquer. « Tu veux voir ma liste pour le père nouel ?» Adorable, Amy lui tendit son courrier, feuille blanche sur laquelle elle avait collé les images des jouets et des peluches qui l’intéressaient et tout en bas de la page … un cœur dessiné. « Ca c’est une grenouille en peluche … et là, y’a une maison pour les chiens et les chats… ça c’est un ballon qui fait plein de lumières … là y’a des histoires … oh et ça c’est des princesses, j’en veux plein !! … et y’a aussi un cadeau pour Valmont et même un pour maman. Jdemandera au père nouel de t’apporter un cadeau rien qu’à toi aussi. Et là bah … j’ai dessiné un cœur. Parce que je veux un papa. Mais pas Travis !! Aaaaaah non hein !! Un papa comme toi ou comme celui de Suzie. Il est trooop gentil ! Même qu’il nous a emmené mangé des glaces l’autre jour. T’aime les glaces, toi ?»
charney
Spoiler:
Désolée de te répondre aussi vite mais Amy m'inspire grave. Puis Vitaly en papa maladroit c'est juste à tomber.
Etait-ce possible qu'en une seule toute petite heure, je puisse m'attacher à cette enfant que j'avais refusé de considérer comme étant la mienne, six ans plus tôt ? Pouvais-je vraiment me prendre grandement d'affection pour elle, au point d'être prêt à tout faire pour revenir la voir le plus souvent possible ? Ca me semblait impossible; Enfin, je pensais que c'était impossible, avant de faire sa rencontre. Là, je commençais à penser que, ouais, c'était probable. Elle était vraiment attachante et touchante comme tout. Je la trouvais adorable. Et pour quelqu'un qui n'aimait les enfants que de loin, ça voulait déjà tout dire. Peut-être qu'elle était tout simplement extraordinaire et que ça expliquait pourquoi je réagissais avec autant d'enthousiasme. « Je vais espérer très très fort que tu reviens ! En plus, bah maman elle a dit que tu connais tout plein d’histoires. Et moi j’adore ça les histoires. Tu m’en raconteras pas vrai ? Ma préférée c’est Alice … elle aussi elle aime bien les lapins blancs, comme moi.» Je souris grandement et jetai un coup d'oeil en direction de son lit pour chercher parmi les peluches, un éventuel lapin blanc. « Je pourrais inventer une histoire avec des lapins blancs, rien que pour toi ... » Promis-je en lui adressant un clin d'oeil joueur. C'était quand même un sacré défi que je me lançais là. Inventer une histoire avec des lapins blancs. Je n'étais même pas certain d'avoir déjà foutu des animaux dans mes bouquins. Mais soit. Je ne doutais pas qu'elle pourrait m'inspirer un tas d'histoires avec des lapins en guise de héros. L'idée me plaisait bien en tout cas. Parce que je trouvais ça amusant. "Amusant" un mot que je pensais avoir chassé de mon vocabulaire depuis bien longtemps, maintenant que j'y pensais. Surtout parce que je ne prenais plus franchement le temps de me détendre. Et que j'avais chassé de mon entourage, bon nombre de gens. Heureusement, j'avais encore et toujours mon meilleur ami. Mais contrairement à moi, il avait bien mieux réussit dans sa vie de famille. Parce qu'il l'avait souhaité en temps et en heure. Moi, j'avais laissé passer mon unique chance. Et j'étais heureux d'apprendre que, contrairement à moi, Serena ne s'était pas laissée démonter. En même temps, je ne doutais pas que notre fille y était pour beaucoup là dedans. Elle se devait de rester forte pour Amy. Et elle y était apparemment parvenue. J'en étais heureux.
J'étais juste un peu moins heureux de savoir que "l'amoureux" de Serena, ne semblait pas capable d'accepter la présence de sa fille à leurs côtés. Elle ne s'en rendait donc pas compte du tout ? Ou préférait-elle être aveugle ? Je doutais qu'elle fasse passer son petit ami avant sa propre fille. Après tout, elle avait préféré qu'on se sépare, plutôt que de ne pas garder le bébé qu'elle portait alors. Et dans le fond, elle avait peut être bel et bien fait le meilleur des choix. « Bah moi j’voulais mais il m’aime pas trop. J’lui ai demandé aussi de venir chasser le monstre et bah … même qu’il a rien compris. Il dit que les monstres ça existe pas. Moi j'suis sure que c'est un méchant. Il veut jamais jouer avec moi et il est pas trop gentil.» Je plissai les paupières à cette réponse et pris le temps d'observer Amy, avant de hocher quelque peu la tête. « S'il ne t'aime pas et s'il ne croit pas aux monstres, c'est qu'il est bien bête. Tu es la petite fille la plus adorable qu'il m'ait été donné de rencontrer si tu veux tout savoir. Et je te crois quand tu dis qu'il y a eut un monstre ici. C'est pour ça que je veux t'en débarrasser avant de repartir ! » Je ne cherchais pas à gagner des points, non. Simplement, je voulais qu'elle soit rassurée et qu'elle ne s'inquiète pas de trop à propos de quoi que ce soit. Elle était quand même trop jeune pour s'inquiéter autant ! « Bien sûr que je veux la voir cette liste. » Confirmai-je en hochant la tête et en souriant, avant qu'elle ne me tende ladite liste. « Tu veux TOUT ça ?! » M'exclamai-je, faussement choqué, en regardant la liste au complet. « Et tu penses que le père noël va t'apporter un papa, sur son traîneau ? » Demandai-je avec amusement, en l'observant du coin de l'oeil. « Et puis il faut que ta maman soit d'accord aussi ... » Remarquai-je en hochant quelque peu la tête. « Et bien sûr que j'aime la glace ! Qui n'aime pas ? C'est quoi ton parfum préféré ? Je préfère aux fruits rouges. Fraise, framboise, mûre. J'aime tellement, que je ne veux pas partager ! » M'exclamai-je en me prenant au jeu des questions inattendues et des réponses pourtant des plus sérieuses et sincères.
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A cause de toi, j'ai rép au lieu de me coucher mais c'est un réel plaisir t'excuses vraiment pas pour ça au contraire
Un papa. La demande inattendue n’en demeurait pas moins réelle. C’est une question qu’elle n’avait toutefois jamais osé aborder avec Serena même s’il leur arrivait souvent de parler de Vitaly lorsque la petite poupée se mettait à poser des questions. L’éditrice essayait toujours de répondre avec le plus de justesse et de sincérité possible et à vrai dire, Amy avait tendance à idéaliser un père qu’elle ne connaissait pas. Forcément, tous les autres n’étaient pas à la hauteur, y compris Travis. Certes, il avait commis bon nombre de faux pas mais de son côté, la petite fille avait également décrété qu’il n’était pas à son goût. Du coup, Amy avait décidé qu’elle demanderait au père noël de lui apporter le papa de ses rêves. Elle était persuadée qu’il le ferait, pour la simple et bonne raison que c’est ce qu’elle désirait plus que tout au monde. « Et tu penses que le père noël va t'apporter un papa, sur son traîneau ? » Sentant qu’il y avait un piège dans la question, la petite fille observa Vitaly d’un air suspicieux puis finalement, acquiesça tout en retrouvant son adorable sourire. Voilà une idée bien loufoque que d’imaginer recevoir un papa pour Noël mais Amy y croyait avec fermeté. Cette idée lui était venue lorsque le père de sa copine Suzie était venu les chercher à l’école. Elle l’avait trouvé vraiment formidable et s’était alors demandée pourquoi Travis n’était pas comme ça. La réponse lui semblait évidente : car il n’était pas son papa. Alors pour remédier au problème, Amy en avait déduit qu’il suffisait de demander au père noël de lui en apporter un pour les fêtes. « C’est ce que je veux le plus au monde de la terre entière, alors oui. » Elle était touchante car elle était véritablement convaincue par ce qu’elle était en train d’affirmer. Sans compter que maintenant que Vitaly avait accepté de chasser le monstre terrifiant qui se cachait dans sa chambre, ça lui donnait encore plus envie d’avoir un papa-prince à domicile. « Et puis il faut que ta maman soit d'accord aussi ... » Ca, c’était plus compliqué. Mais le père noël prêtait-il véritablement attention aux états d’âme des parents désespérés par l’amour ? Pas sûr… « Pourquoi ? Moi j’croyais que c’était normal d’avoir un papa et une maman, non ? Et toi t’as demandé quoi au père nouël ? Même que moi j’suis suuuure qu’il va t’apporter tout plein de beaux cadeaux ! Tu sais pourquoi j’le sais ? Parce-que t’es trop gentil ! » Et une fois n’est pas coutume, elle l’enlaça de nouveau, incapable de se détacher de lui. Attentivement, elle écouta Vitaly énumérer ses parfums de glace préférés et aussitôt, entre-ouvrit la bouche et écarquilla ses magnifiques yeux bleus. « MOI AUSSI !!! J’adore les glaces à la fraise et à la framboise aussi ! Même que quand c’est maman qui la prépare bah elle met tout plein des paillettes de toutes les couleurs dessus. C’est trop bon ! Diis ? On pourra aller manger une glace rien que tous les deux ? Ou même avec maman mais faut que tu viens.» Comment résister à son sourire angélique et à sa petite frimousse trop craquante ? Amy avait l’art et la manière de séduire ses interlocuteurs en une fraction de seconde. C’est à se demander de qui elle pouvait bien tenir cela …
Retournant s’asseoir sur son lit, elle continua d’observer son prince charmant d’un soir avec admiration. « C’est vrai que tu vas écrire une histoire avec un lapin blanc rien que pour moi ? » Alors ça, c’était certainement le plus beau cadeau que l’on puisse lui faire. Vitaly savait parfaitement comment s’y prendre avec elle. A partir du moment où l’on touchait à son petit univers féérique, on parvenait instantanément à conquérir le cœur de l’adorable Amy. C’est ce que Travis n’avait pas compris. A ses yeux, elle n’était qu’une gamine rêveuse et un peu trop encombrante. Sans compter que c’est avant tout Serena qui l’intéressait, sa gamine … passons. « J’pourra faire les dessins de l’histoire ? Comme c’est dans mes livres ? » Oh mais oui, quelle excellente idée ! Un livre écrit par Vitaly, illustré par Amy et édité par Serena … En voilà du beau travail de famille. « Pourquoi tu travailles pas ici ? J’pourra t’aider à faire des livres comme ça. Et au moins, tu restes avec moi tout l'temps. » Tout était tellement simple dans son esprit. Sans compter qu’elle mourrait d’envie que Vitaly reste un peu plus longtemps que prévu. Elle allait d’ailleurs essayer d’en toucher deux mots à Serena. Peut-être qu’elle aussi allait finir par trouver qu’il ressemblait au prince charmant. Et peut-être même qu’il pourrait remplacer Travis. Oh oui, ce serait bien ça. La jolie poupée se releva et une fois encore couru à l’autre bout de la chambre. Elle ouvrit un coffre à jouet et en sortit plusieurs objets avant de tomber sur le bon : un petit lapin blanc en peluche tenant facilement dans une main. Elle l’adorait. Retournant près du prince de ses rêves, elle le lui tendit : « Tiens, il est pour toi, jte l’donne. Faut que tu le gardes tout l’temps avec toi, d’accord ? »
charney
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Aww, je t'aime !! Même si ce RP de dingue va me rendre folle. Bon au moins, tu auras de la lecture en revenant sur le forum.
Le sujet principal était donc un éventuel papa pour cette petite fille qui avait été élevé par sa mère et uniquement elle. Bien sûr, elle ignorait que celui qui avait aidé à sa conception, était actuellement près d'elle. Elle ignorait combien il avait pu regretter sa décision de ne jamais la connaître. Et combien il était heureux de faire aujourd'hui sa connaissance. J'osais espérer que pendant toutes ces années, elle ne s'était pas faite une trop mauvaise image de moi. Mais ce n'était pas franchement l'impression qu'elle me donnait. Ca me rassurait un tant soit peu. Mais je ne doutais pas que Serena ne lui avait pas dépeint un portrait trop horrible de ma personne. Malgré ce que j'avais pu lui faire subir. Elle n'était pas ce genre de personne là. Quand bien même elle l'aurait pu, histoire de se venger et se lâcher un peu. Mais elle devait se douter que c'était plus un risque de blesser son enfant qu'autre chose. C'était donc tout naturellement que je discutais avec elle aujourd'hui. Et j'étais vraiment heureux de faire sa connaissance. Même après tout ce temps. « Pourquoi ? Moi j’croyais que c’était normal d’avoir un papa et une maman, non ? Et toi t’as demandé quoi au père nouël ? Même que moi j’suis suuuure qu’il va t’apporter tout plein de beaux cadeaux ! Tu sais pourquoi j’le sais ? Parce-que t’es trop gentil ! » Je ne pu m'empêcher de rire de bon coeur à ces paroles tout ce qu'il y avait de plus gentilles. Et pourtant, moi je le savais que je n'étais pas aussi gentil qu'elle voulait bien le croire. Bien sûr, elle ne pouvait pas se douter de ça. Et je ne souhaitais pas la mettre au courant. J'aimais bien qu'elle s'imagine que j'étais un prince. Même si c'était loin d'être la vérité. « Oui mais peut-être que ta maman ne voudra pas te partager avec un papa ... Ce qui serait normal. Parce que t'es tellement merveilleuse » Remarquai-je avec sérieux et sincérité. En même temps, je ne me voyais pas mentir plus que je ne le faisais déjà, à cette enfant. « Et tu sais, à mon âge, on ne demande plus rien au papa noël. Du coup, quand il m'apporte quelque chose, je suis vraiment très très content. » Répondis-je en hochant la tête, un air presque conspirateur accroché au visage. Avant de parler saveur de glace avec elle.
« MOI AUSSI !!! J’adore les glaces à la fraise et à la framboise aussi ! Même que quand c’est maman qui la prépare bah elle met tout plein des paillettes de toutes les couleurs dessus. C’est trop bon ! Diis ? On pourra aller manger une glace rien que tous les deux ? Ou même avec maman mais faut que tu viens.» Encore une fois, je ris de bon coeur. Avant de finalement la rejoindre pour m'asseoir au bord de son lit, à ses côtés. Et lui lancer un regard aussi sérieux qu'amusé. « Ce serait trop génial ! Ca aussi je le demanderai à ta maman. » Avec toutes les requêtes de la jeune enfant, je craignais de me mettre Serena à dos. Mais je n'avais rien fais pour plaire autant à ma propre fille. Alors je n'y pouvais rien ... Non ? Si ? Je n'allais pas faire en sorte qu'elle me déteste tout de même. « Bien sûr que c'est vrai ! Même que le lapin principal, aura un joli noeud rose entre les deux oreilles, et adorera les glaces à la fraise. Comment tu voudras que je l'appelle ? » La questionnai-je en me surprenant moi même. Depuis quand je me prenais ainsi au jeu ? Depuis quand étais-je assez patient pour discuter ainsi avec une enfant ? Depuis que j'avais rencontré celle qui était ma fille, sans aucun doute. Depuis que je réalisais qu'être père pouvait ne pas être aussi atroce que ça. Même si je ne faisais que rencontrer Amy et que, contrairement à Serena, je ne l'avais pas élevé ni rien. C'était grâce à sa mère si elle était ce qu'elle était aujourd'hui, ça allait de soit. « Eh bien ... J'ai ma famille et mon autre travaille, qui sont très loin d'ici. C'est pour ça que je ne peux pas rester tout le temps. Sinon mes amis et ma famille vont être tristes, tu sais ? » Est-ce que je le pensais vraiment ? Bien sûr que non. Le problème résidait surtout dans le fait que je ne me sentais pas en droit d'entrer ainsi dans leur vie et d'exiger de Serena, qu'elle me laisse récupérer mon rôle de père. Quand elle m'apporta un petit lapin blanc, je le pris entre mes doigts et avant d'avoir eut le temps de le réaliser, une boule se forma au creux de ma gorge. Borde. C'était ça avoir un enfant ? Ressentir ce puissant et profond attachement avant d'avoir eut le temps de dire ouf ? « Viens par là. » Soufflai-je en ouvrant mes bras pour qu'elle y vienne, avant de la poser sur mes cuisses pour la serrer doucement contre moi. « Je l'aurais toujours avec moi, je te le promet. »
Merveilleuse, à n’en point douter… ce n’est pas pour rien si Serena l’aimait autant. Cette jolie princesse était tout simplement extraordinaire et incontestablement, la plus belle chose qui soit arrivée dans sa vie. Serena n’avait jamais regretté ses choix quand bien même aurait-elle souhaité que sa vie soit légèrement différente. Pour elle certes, mais avant tout pour Amy. Comme elle ne souhaitait pas la blesser, elle parvenait toujours à dresser un portrait flatteur de Vitaly d’où le fait que la petite demoiselle idéalisait son père à ce point. Mais malgré toutes les difficultés rencontrées, Serena n’échangerait sa vie pour rien au monde. Le bonheur qu’elle éprouvait en présence de sa fille valait bien tous les sacrifices de l’univers… Toujours aussi concentrée, Amy écouta les affirmations de son prince charmant avant d’afficher une petite moue déçue. Puisqu’il venait de dire qu’à son âge, il ne pouvait plus rien demander au père noël, elle prit la décision de le faire à sa place. Ainsi, elle allait prendre le temps de modifier légèrement sa lettre afin de demander également un beau cadeau pour Vitaly. Elle était certaine qu’il avait été très sage, donc il n’y avait pas de raison pour que le père noël ne réponde pas favorablement à sa demande. Sans compter qu’il était vraiment gentil ! Personne ne lui avait encore proposé d’écrire une histoire rien que pour elle. C’était une grande première et elle n’en revenait toujours pas. « Bien sûr que c'est vrai ! Même que le lapin principal, aura un joli noeud rose entre les deux oreilles, et adorera les glaces à la fraise. Comment tu voudras que je l'appelle ? » La description qu’il faisait de ce petit lapin la laissa rêveuse. Il avait tout compris, c’est tout à fait ce qu’elle souhaitait. Son sourire s’accentua encore et elle tordit la bouche tout en réfléchissant très sérieusement. Attention, trouver le prénom de ce petit lapin était une affaire de la plus haute importance ! Finalement, c’est avec enthousiasme que la petite puce se prononça : « Hum… Flocon !! Parce-que même que c’est un lapin qui va être tout blanc, comme la neige.» Le regard brillant, elle ne parvenait plus à contenir son bonheur d’avoir ENFIN trouvé un vrai prince, capable de la comprendre et qui en plus, adorait la glace et les lapins. Comment pourrait-elle envisager de le laisser partir après ça ? Ce n’était pas possible… Il fallait qu’il reste. « Eh bien ... J'ai ma famille et mon autre travaille, qui sont très loin d'ici. C'est pour ça que je ne peux pas rester tout le temps. Sinon mes amis et ma famille vont être tristes, tu sais ? » Sérieuse, Amy pencha la tête sur le côté. Elle comprenait très bien ce qu’il venait de dire mais … « Oui mais et moi ?? Je vais être triste aussi si tu pars. Et même que j’veux pas que tu me laisses.» Comment résister à cette adorable petite bouille et ce regard suppliant ? C’est d’ailleurs à cet instant qu’elle eut une idée et alla chercher une petite peluche qu’elle lui confia. Autant parler d’une grande première car Amy ne se séparait JAMAIS d’aucune de ses peluches. « Viens par là. » Sans l’ombre d’une hésitation, elle vint se blottir dans ses bras. Et en plus de ça, il lui faisait des câlins !! Non, celui-là, elle ne pouvait pas le laisser s’en aller. « Je l'aurais toujours avec moi, je te le promet. » Avec toute la douceur du monde, elle le serra dans ses petits bras et demeura ainsi un long, très long moment.
« Amy ? » La petite fille tourna la tête en direction de la porte de sa chambre, reconnaissant aussitôt la voix de sa mère. Quelques secondes plus tard, Serena faisait son apparition sur le pas de la porte et l’espace d’une seconde, sembla surprise de trouver sa fille dans les bras de … son père. Son regard croisa celui de Vitaly, il allait falloir qu’il lui explique car elle n’y comprenait vraiment rien. A moins que ce ne soit Amy qui s’en charge … avec détermination, la petite fille se lança, sans quitter les genoux de son prince. « Maman, moi j’veux pas qu’il s’en va ! Même que c’est un prince et tu peux pas le laisser partir. Moi j’dis que t’as qu’à demander à Travis de s’en aller et tu te maries avec Vitaly, comme ça il reste avec nous pour toujours. Je l’aime beaucoup tu sais.» Le début avait réussi à la surprendre, l’histoire du mariage l’avait faite sourire et la fin … c’était la cerise sur le gâteau. Décontenancée, Serena prit une grande inspiration, ouvrit la bouche et la referma aussitôt. Son regard passa de son ex-mari à sa fille et inversement. L'éditrice avait toujours réponse à tout mais cette fois ... que dire ? « Amy …» Au son de la voix de sa mère, la petite fille afficha une mine toute triste. Elle sentait que Serena ne serait pas du même avis qu'elle, même si elle tentait tant bien que mal de se montrer diplomate et douce, comme toujours. Voilà pourquoi elle aurait mieux fait de demander ce « service » à quelqu’un d’autre que Vitaly. C’était facile pour lui ! Une fois encore, il allait partir et ce serait à elle de réparer les pots cassés. « Maman steuplait !! C’est lui ton prince, j’le sais moi. » Elle ne croyait pas si bien dire…
charney
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Et moi t'imagine même pas ! J'ai la boite à idées qui va prendre feu. Si je m'écoute, je tape dix pages !
C'était bien la première fois de ma vie que j'envisageais d'écrire une histoire pour enfants. Et le pire dans tout ça, c'était peut-être bien le fait que j'étais absolument sérieux. L'idée me bottait bien. A croire que c'était Amy elle même qui m'inspirait ce genre de truc. Non, c'était même une absolue certitude ! Il fallait dire que je serais prêt à faire n'importe quel truc complètement dingue, rien que pour les beaux yeux de cette petite fille pas comme les autres. Je me demandais vraiment comment faisait le nouveau compagnon de Serena pour ne pas apprécier Amy. D'accord, ce n'était pas sa fille. Mais tout de même ! N'était-elle pas affreusement adorable et craquante ? Même moi qui, pourtant, n'aimais pas les gosses plus que ça et ne cherchais pas à en avoir, je fondais complètement. « Hum… Flocon !! Parce-que même que c’est un lapin qui va être tout blanc, comme la neige.» Retombant sur terre à ces paroles, je repris le fil de la conversation et affichai de nouveau un immense sourire. « Woah, flocon c'est vraiment un chouette prénom ! Et il lui arrivera plein d'aventures à ce lapin ! Ca va être génial ! » M'exclamai-je avec un enthousiasme non feint. J'étais presque certain que si j'avais fais semblant, elle s'en serait rendu compte. Ouais parce que je ne plaisantais pas quand je pensais qu'elle était vachement maline pour une fille de son âge. Et quand elle me demanda de rester ici pour toujours, je fus un peu perdu. Et le prétexte que je donnai était absolument faux et stupide. Le seul ami qui comptait, était Jayden. Et je ne doutais pas qu'il comprendrait pleinement mon choix si je venais à décider de m'installer loin de New-York. Quant à ma famille ... Inutile de préciser que je n'étais pas très famille et donc très peu proche d'eux. Quant à ma seconde famille, qui était la famille Livingston, elle avait pour le moins explosé, le jour de notre divorce. Serena elle même avait totalement disparu et abandonné ses proches, au profit d'une toute nouvelle vie, bien loin de la précédente. « Oui mais et moi ?? Je vais être triste aussi si tu pars. Et même que j’veux pas que tu me laisses.» Mon Dieu ... Ca, c'était vraiment horrible à entendre par contre. Enfin, c'était plaisant évidemment. Mais très douloureux. Parce que je n'étais pas certain de pouvoir rester. Je commençais à en avoir sérieusement envie. Mais Serena, sans doute bien moins. Finalement, comme je ne trouvais rien à répondre, je fus presque soulagé qu'elle se détourne et change de sujet pour m'offrir l'une de ses peluches. Geste qui pouvait paraître bien anodin, mais qui me toucha sérieusement.
Encore un peu et j'aurais fondu en larme en priant le ciel de me pardonner ma pire erreur : celle d'avoir laissé Serena s'en aller avec notre enfant. Celle d'avoir refusé d'être père. « Amy ? » Encore dans mes pensées, je fus surpris d'entendre la voix de Serena. Et le temps que je relève la tête, elle était là, sur le seuil de la porte, son regard allant de sa fille à moi. Je me sentis presque coupable et j'étais à deux doigts de reposer Amy à terre, quand celle ci prit la parole. « Maman, moi j’veux pas qu’il s’en va ! Même que c’est un prince et tu peux pas le laisser partir. Moi j’dis que t’as qu’à demander à Travis de s’en aller et tu te maries avec Vitaly, comme ça il reste avec nous pour toujours. Je l’aime beaucoup tu sais.» Bien que totalement sonné par les paroles d'Amy, je choisis de ne rien dire. C'était à Serena qu'elle s'adressait après tout. Elle allait très certainement m'en vouloir d'avoir fait une telle entrée dans la vie de notre fille. J'aurais sans doute du jouer au con pour qu'elle ne m'apprécie pas le moins du monde et que mon départ se fasse dans l'ombre, sans prise de tête, sans regret aucun. Au lieu de ça, je m'étais déjà sérieusement attaché à cette petite et mon départ allait être affreusement douloureux. « Amy …» Certes, elle était dans l'embarras. Et quand je posai les yeux sur notre fille, ce fut pour y voir une lueur de tristesse. Rhââ. Bordel, mais pourquoi ça me broyait le coeur de la voir ainsi ? « Maman steuplait !! C’est lui ton prince, j’le sais moi. » D'accord, cette fois ci il était peut-être temps que j'intervienne. Avant qu'Amy ne supplie sa mère pour de bon, fasse une moue de chien battue ou que Serena ne fasse une syncope devant les paroles de la petite. « Hey, Amy, ça te dirait de me faire un premier dessin pour m'inspirer ? Tu pourrais dessiner Flocon en train de manger une glace à la fraise, avec tous ses amis à ses côtés. Ou sa famille, comme tu préfères ! Ca te dit ? Il faut que je discute avec ta maman. Je te promet de revenir vers toi après. On fait comme ça ? » Demandai-je en faisant la moue, un peu comme elle, pour la convaincre. Avant de la reposer à terre et quitter la chambre. Ce ne fut qu'une fois que je fus certain de ne plus être entendu par Amy, que je pris la parole. « Je suis désolé. Je sais que j'aurais sans doute mieux fais de garder mes distances. Mais elle a ce ... Truc qui ... Enfin tu vois de quoi je parle. » Marmonnai-je piteusement.
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oh my god mais j'aime quand ta boîte à idée est en marche comme ça
Serena s’était absentée une heure tout au plus et voilà qu’elle se trouvait avec un problème de taille sur les bras. Allez expliquer à une enfant de cinq ans la complexité de la situation actuelle… L’éditrice déglutit avec difficulté en entendant Amy débiter son petit discours, ne sachant que répondre à cela. Elle essaya de s’accorder quelques secondes pour réfléchir au meilleur moyen de répondre à sa fille. Bon sang, c’était tellement délicat ! Serena était … perdue. L’intervention de Vitaly lui fut d’un véritable secours et la source d’un immense soulagement. Amy écouta sa demande et acquiesça lentement. « D’accord mais tu m’proumets que tu pars pas hein ? Et même que je vais te faire le plus beau dessin de toute la terre de l’univers ! Dis ? Tu pourras me lire une histoire et me faire un bisou avant que je va au lit après ? Une histoire avec Flocon... » L’adorable poupée lui adressa un irrésistible sourire et dès qu’elle fut à terre, elle se précipita vers ses crayons de couleurs afin d’entamer son ouvrage. Puisqu’il s’agissait d’un dessin pour son prince, elle allait devoir s’appliquer. Observant la scène depuis le seuil de la chambre, Serena croisa ses bras devant elle. La situation était en train de la faire paniquer, car elle anticipait par avance le chagrin de sa fille lorsqu’elle comprendrait qu’il n’avait pas l’intention de revenir. Serena pestait contre elle-même. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de demander à Vitaly de rester avec elle, hum ? S’éloignant de quelques pas dans le couloir, elle attendit patiemment que son ex-mari vienne la rejoindre. Il fallait absolument qu’ils se parlent… même si elle ne savait pas trop où cette conversation allait les mener. « Je suis désolé. Je sais que j'aurais sans doute mieux fais de garder mes distances. Mais elle a ce ... Truc qui ... Enfin tu vois de quoi je parle. » Sérieusement ? Amy avait réussi à faire « ça » avec lui aussi ? Serena esquissa un léger sourire et lança un rapide coup d’œil en direction de la jolie poupée qui, dans sa chambre, semblait extrêmement concentrée sur son dessin. Les conversations qu’elles avaient eu au cours des semaines précédentes lui revinrent alors à l’esprit : elle savait que sa fille désirait un vrai papa … du moins, c’est ce qu’elle répétait sans arrêt. Serena osait espérait qu’elle ne se soit pas mis en tête que ce père idéal qu’elle désirait tant pouvait être Vitaly. « Oui, je vois. C’est précisément ce … « truc » que j’ai ressenti en apprenant que j’étais enceinte. Amy est … tu l’as vu toi-même, elle est extraordinaire. Alors s’il te plait, ne lui brise pas le cœur à elle aussi.» Serena reposa son regard sur lui et le dévisagea sans même s’en apercevoir. C’était la première fois qu’elle le voyait si … troublé. Etrange pour un homme qui refusait en bloc tout ce qui, de près ou de loin, était en rapport avec le mot « paternité ». Les gens changent mais pas à ce point… « Je te remercie beaucoup pour … le coup de main. Une urgence. Je n’ai vraiment pas eu le choix, sinon je ne t’aurais jamais demandé une chose pareille. Je suis désolée si je t’ai mis dans l’embarras. » Et maintenant ? Serena ignorait totalement ce qui s’était passé entre eux et quelles étaient les intentions de Vitaly. Tout ce qu’elle voyait, c’est le regard pétillant de sa fille et l’admiration qu’elle semblait porter à un homme qu’elle connaissait à peine. C’était bien la première fois qu’elle lisait un tel enthousiasme dans son regard et autant dire que ça la perturbait grandement. Pourquoi lui et pas quelqu’un d’autre ? « Elle sait qui tu es … enfin, elle sait qui est son père. Je ne pensais pas que ce serait si compliqué de trouver des réponses à ses questions. » Elle esquissa un nouveau sourire, songeant à toutes les questions pointues et épineuses qu’Amy pouvait lui poser au sujet de son père. Une véritable reine de l’inquisition ! « J’imagine que tu n’as pas l’intention de revenir. Il vaudrait mieux qu’elle ne le sache pas. Et qu’elle ne sache pas non plus qui tu es réellement. » Serena allait ajouter autre chose quand elle entendit Amy parler toute seule avec son lapin en peluche. « T’en penses quoi, on met du rose là ?» La petite demoiselle tapota son crayon de couleur contre sa bouche, tout en penchant la tête sur le côté et en admirant son dessin. Elle tenait à ce qu’il soit parfait. « Même qu’il faut faire le plus beau dessin du monde hein ! Là, c’est flocon … et là on va faire toute sa famille. Comme maman, Vitaly et moi. »
charney
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La tienne aussi est en forme.
Dernière édition par Serena J. James-O'Neil le Jeu 5 Déc - 21:56, édité 1 fois
Elle n'était pas seulement "adorable", elle était tellement plus que ça. Elle avait ce pouvoir fou, celui de rendre n'importe qui gaga d'elle. J'ignorais si c'était ce qui me faisait un tel effet. Ou si c'était parce qu'elle était ma fille. Quoi qu'il en soit, j'étais hautement perturbé par tout cela et prêt à faire des concessions que je ne m'étais jamais senti prêt à faire jusqu'à présent. Mais le second fait étrange dans tout cela, c'était ma crainte première. Qui concernait directement Serena. Parce que oui, je pensais en avoir assez fait des erreurs à son sujet et que je ne tenais pas à la blesser ni à la secouer de nouveau. Si elle ne voulait pas de moi dans la vie de notre fille, je ne pouvais la forcer à m'accepter quand même. Même si ça en deviendrait forcément douloureux pour moi aussi. « D’accord mais tu m’proumets que tu pars pas hein ? Et même que je vais te faire le plus beau dessin de toute la terre de l’univers ! Dis ? Tu pourras me lire une histoire et me faire un bisou avant que je va au lit après ? Une histoire avec Flocon... » Un sourire immense prit de nouveau place sur mes lèvres tandis que je l'étudiais du regard. Il faudrait être complètement idiot pour ne pas tenir une promesse faite à cette enfant. Quand bien même l'on pouvait aisément se sentir obligé, ou quelque chose dans ce goût là, de lui faire une promesse. C'était tellement facile de juste se laisser aller avec elle. Elle était totalement désarmante. « Bien sûr que je promets ! Il faut quand même que je le vois ce dessin, pour savoir si tu peux faire ceux de l'histoire ! » Lui rappelai-je en prenant un ton des plus solennels. Avant de la laisser filer pour faire ce dessin, pendant que je quittais la chambre, avec l'intention de parler de tout ça avec Serena. Ou au moins m'excuser d'avoir sans doute été trop loin. Ce que je fis aussitôt que nous ne fûmes plus à portée de voix d'Amy. Elle n'avait pas besoin d'entendre ça. Vraiment pas. « Oui, je vois. C’est précisément ce … « truc » que j’ai ressenti en apprenant que j’étais enceinte. Amy est … tu l’as vu toi-même, elle est extraordinaire. Alors s’il te plait, ne lui brise pas le cœur à elle aussi.» Je me sentis pâlir à ces mots. Bien sûr, c'était tout ce que je méritais. Je n'étais pas un homme de confiance déjà à la base. Et je n'avais que trop fais souffrir Serena par le passé.
Je plissai le nez aux paroles suivantes de la part de la jeune femme, sans pour autant trouver que lui répondre. Je comprenais ses craintes. Je comprenais qu'elle soit désolée -même si je l'étais sans doute plus qu'elle-. Bref, je comprenais. « J’imagine que tu n’as pas l’intention de revenir. Il vaudrait mieux qu’elle ne le sache pas. Et qu’elle ne sache pas non plus qui tu es réellement. » Outch. C'était quand même dur de réaliser à quel point elle pouvait me considérer comme étant un monstre. A ses yeux, j'étais donc assez monstrueux pour briser les espoirs d'une petite fille. De ma propre fille. En même temps, je la comprenais. J'avais refusé de la considérer comme telle en apprenant que Serena était enceinte. Je ne méritais donc rien de plus que ses paroles dures mais tellement vraies pour la plupart. « Même qu’il faut faire le plus beau dessin du monde hein ! Là, c’est flocon … et là on va faire toute sa famille. Comme maman, Vitaly et moi. » Regard rivé sur Serena tandis que j'écoutais les paroles de notre fille dans mon dos, je finis par soupirer doucement et détourner un instant le regard. Je hochai lentement la tête de gauche à droite, avant de regarder à nouveau Serena. « Tu te trompes. Je compte revenir. Je le veux. Maintenant, la question est de savoir si tu me le permets ou non. » Remarquai-je calmement, avant de lancer un bref coup d'oeil en direction d'Amy. La vision d'elle installée devant son dessin sur lequel elle semblait affreusement concentrer, me fit de nouveau sourire, inconsciemment. « Tu ne me croiras sans doute pas ... Mais j'ai regretté. J'ai vraiment regretté. Mais il me semblait qu'il était trop tard pour faire marche arrière alors j'ai laissé le temps passer. » Commençai-je calmement, sans quitte la petite fille du regard. « En venant ici, je reconnais que j'espérais la croiser. Et j'espérais que ça ne me ferait ni chaud ni froid. Que je pourrais reprendre ma petite vie d'addict du travail, sans plus éprouver le moindre regret au sujet de ... ma fille. » Ajoutai-je, avant de reposer les yeux sur elle, pour conclure. « Mais je me suis trompé sur ce dernier point.»
« Tu te trompes. Je compte revenir. Je le veux. Maintenant, la question est de savoir si tu me le permets ou non. » Sincèrement, quel crédit était-elle en droit d’accorder aux propos d’un homme qui n’avait eu de cesse de lui mentir par le passé ? Serena était capable de se remettre de ses blessures, mais Amy ? Comment réagirait-elle si du jour au lendemain, Vitaly décidait de disparaitre à nouveau ? Pour sûr, elle ne parviendrait pas à s’en remettre et il était totalement hors de question qui quiconque lui fasse le moindre mal. Pas même son propre père. Serena resta silencieuse quelques secondes puis reprit : « Si mes souvenirs sont bons, je ne t’ai jamais empêché de la voir. C’est moi qui suis partie mais tu as toujours su où je me trouvais. Où elle se trouvait.» Sans ciller, Serena étudiait chacune de ses réactions cherchant à discerner le vrai du faux. Il fallait vraiment qu’elle comprenne quelles étaient ses motivations car elle ne souhaitait pas qu’Amy soit déçue. « Tu ne me croiras sans doute pas ... Mais j'ai regretté. J'ai vraiment regretté. Mais il me semblait qu'il était trop tard pour faire marche arrière alors j'ai laissé le temps passer. » L’espace d’une seconde, Serena fut véritablement touchée par ses propos. Combien de fois avait-elle espéré qu’il finisse par changer d’avis ? Elle savait qu’il aurait pu être un père absolument extraordinaire pour Amy. Elle n’en avait jamais douté. Quant à elle et bien … elle l’avait aimé à en perdre la raison. Ils auraient pu être heureux à trois. Ils avaient tout pour l’être. Alors oui, elle fut touchée une seconde. Mais la seconde suivante, c’est toute la douleur d’avoir vu sa fille passer cinq années sans son père qui reprit le dessus. Elle mourrait d’envie de lui rappeler qu’ils n’étaient pas en train de parler de l’achat d’une voiture, belle occasion qu’il aurait laissé filer avant de le regretter, mais de leur fille. Elle fit un effort considérable pour ne rien dire et le laisser terminer. « En venant ici, je reconnais que j'espérais la croiser. Et j'espérais que ça ne me ferait ni chaud ni froid. Que je pourrais reprendre ma petite vie d'addict du travail, sans plus éprouver le moindre regret au sujet de ... ma fille. Mais je me suis trompé sur ce dernier point.» Mensonge ou vérité ? Elle n’en savait rien…
« Jusqu’au moment où tu vas t’apercevoir qu’un enfant, ça demande beaucoup de disponibilité et qu’il te faudra renoncer en partie à ta précieuse liberté. A ce moment-là, tu choisiras certainement la solution de facilité et je devrais, comme toujours, me charger d’expliquer à Amy pourquoi son père n’est pas là.» Serena s’était exprimée sans s’emporter afin de ne surtout pas alerter leur fille qui, de son côté, continuait son précieux chef d’œuvre. Elle aurait aimé croire les paroles de Vitaly mais elle connaissait également les désillusions qu’elles généraient. « Je ne t’empêcherai jamais de la voir, ce serait totalement égoïste et irresponsable de ma part. Elle a le droit de connaitre son père et tu as tout à fait le droit de faire partie de sa vie. » C’était juste malheureux qu’il s’en aperçoive un peu tard mais ça … « Au moindre faux pas Vitaly, je t’assure que …» que ? Qu’elle ferait de sa vie un enfer sans doute. Mais elle ne put aller jusqu’au bout de sa phrase car la jolie poupée refit son apparition dans le couloir, trouvant sans doute le temps long sans son prince. Elle les regarda tour à tour et ses jolies prunelles d’un bleu profond s’attardèrent plus spécialement sur Vitaly. « J’ai fini mon dessin, tu veux le voir ? Maman ? Vitaly il peut dormir avec nous ce soir ? » Bon sang, manquait plus que ça !! Serena observa sa fille puis Vitaly … et inversement. Si la demande émanait bien d’Amy, elle savait que Vit’ avait sans doute également très envie de passer du temps avec elle. Du moins, à en croire ses dires. Elle lui adressa un tendre sourire et caressa ses cheveux. « Je ne sais pas. Il faut voir avec lui. » Ce qui signifiait naturellement qu’elle était d’accord. De toute façon, la maison était suffisamment grande et Vitaly n’allait sans doute pas s’éterniser durant des jours ! Il allait probablement finir par prendre la tangente, comme toujours. Comprenant la réponse de sa mère, Amy sautilla sur place et attrapa la main de Vitaly. « Oh dis oui, dis oui !!!!!! Steuplait reste avec nous !!! »
charney
Spoiler:
Me too. Oh j'ai une idée trop craquante pour la suite. Tu vas aimer je pense, du "Amy" dans toute sa splendeur.
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charney
Puis Vitaly en papa maladroit c'est juste à tomber. 
mais c'est un réel plaisir 
t'excuses vraiment pas pour ça 
Bon au moins, tu auras de la lecture en revenant sur le forum. 
Si je m'écoute, je tape dix pages ! 
Oh j'ai une idée trop craquante pour la suite. Tu vas aimer je pense, du "Amy" dans toute sa splendeur. 