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Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ?

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MessageSujet: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptySam 28 Juin - 3:24

Ebba + Nastazià
Hello...
“Je suis sûre que tu dis ça pour me rassurer...” Je gémissais en m'accrochant toujours plus désespérément à son bras. “Tu veux bien cesser de douter de ma sincérité ? Tu es magnifique.” Je l'agaçais. Je sentais bien que mes questions incessantes l'agaçaient, mais je ne parvenais pas à y mettre fin. C'était une sorte de première, pour moi. J'avais beau avoir assisté à de nombreuses soirées, celle-ci était bien au-delà de ma zone de confort. “Tu ne trouves pas ma robe trop courte et mon décolleté trop grand ?” j'insistais encore et encore, levant mes yeux perdus jusqu'aux siens qui s'adoucirent immédiatement. “Il y a cette fille à la télé qui n'arrête pas de répéter qu'entre le décolleté et les jambes, il faut savoir choisir, que le cumul des deux c'est de la vulgarité, et... Bonsoir, vous allez bien ?” Le bras sur lequel je m'appuyais s'immobilisa lorsque son propriétaire cessa d'avancer, provoquant un mini-séisme dans ma coupe de champagne. “Ebba... Premièrement, tu n'as rien de vulgaire, cette robe est... Je pense que Stella McCartney sait ce qu'elle fait. Et deuxièmement, arrête de demander à chaque serveur comment il va.” Je fronçais les sourcils de perplexité. “Et fais-moi le plaisir de revendre ta télé.” Il avait beau me réprimander, son sourire trahissait ses intentions. Il ne semblait pas réellement agacé, mais plutôt concerné. Par quoi ? Certainement ma nervosité face à ce monde qui n'était pas le mien. Partout des photographe, des filles trop grandes et trop souriantes, des robes toutes plus somptueuses les unes que les autres, des gens à l'aise, et puis... moi. Ou plutôt, Islay et moi. S'il avait été invité à cette soirée d'inauguration de campagne, ce n'était pas mon cas. Je n'avais pas participé au shooting, je n'étais même pas à New-York à ce moment-là, mais à Chicago avec une partie du corps de ballet. Islay, oui. Il avait été engagé sur ce shooting pour aider les mannequins à adopter des positions de danse les plus réalistes possibles. Il apparaissait même sur certains clichés, ce qui ne m'étonnais pas vu son physique plus qu'avantageux, et c'était tout naturellement qu'il avait été convié à venir célébrer la sortie de cette nouvelle campagne réussie. Moi, j'étais son "+1". Pourquoi m'avait-il proposé à moi plutôt qu'à n'importe quelle autre danseuse de la troupe ? Certainement parce que la soirée coïncidait avec mon anniversaire ? Bien que je doute qu'il puisse le savoir. Qu'importe, désormais que j'avais accepté, je me retrouvais coincée dans une robe qui ne me ressemblait pas, au sein d'une soirée qui ne me ressemblait pas plus. J'avais peur de faire tâche, de clocher dans le décor, de déranger. Islay avait beau me répéter que j'étais parfaitement raccord, j'avais bien du mal à m'en convaincre. Prenant une profonde inspiration, je le suivais jusqu'au buffet, me sentant bizarrement observée par tout ces tirages géants de fausses danseuses incroyablement fashion. Ma coupe à la main, je délaissais les petits fours pour promener mon regard à la ronde tandis qu'Islay, lui, réglait son compte au festin à notre disposition. Mentalement, je comptais les grandes blondes trop maquillées, comme on compte les moutons, lorsque la huitième me fit recracher ma gorgée de champagne dans ma coupe. “Qu'est-ce qu'il y a ? Il n'est pas bon ?” J'étais sourde et muette, je ne percevais pas le regard inquiet de mon partenaire/voisin/collègue/date d'un soir, je n'avais plus d'attention que pour cette énième grande blonde qui venait de faire son entrée dans cette salle de réception du Waldorf-Astoria. Grande, blonde, somptueuse, et doté d'un visage devenu plus que familier à force de longues heures à y chercher une quelconque ressemblance avec le mien. Nastazià Alinovitch. C'était vraiment elle ? Elle était là ? Réellement ? Dans la même pièce ? Respirant le même air ? Ses yeux observant les mêmes choses que moi ? Ses grands yeux qui croisaient les miens, et... Oh, mince ! Prise de panique, je baissais le regard, puis la tête, avant de carrément tourner le dos à l'entrée pour plus de sécurité. Mais là encore, ce n'était pas suffisant. Mon sang pulsant à toute allure dans mes tempes, j'accrochais le tee-shirt d'Islay et lui tournait autour de la taille jusqu'à finir dans son dos, presque totalement camouflée par sa haute stature. “Ebba, qu'est-ce que tu fabriques ?” Voulu-t-il savoir tandis que je me ratatinais dans son ombre. “J'admire la qualité de ton costume. C'est quoi ? Hugo Boss ? Armani ?” je tentais en passant le plat de ma main dans un dos que je ne regardais pas, histoire de donner le change. “Juste un tee-shirt trouvé dans mon armoire. Si c'est un prétexte pour me toucher, tu devrais pouvoir trouver mieux, voir ne pas te donner tant de mal.” Quoi ? Je n'écoutais pas. Genoux pliés, je lançais un regard sous son bras afin de vérifier la position de ma... de ma soeur. “Elle est très timide.” j'entendis mon partenaire justifier mon comportement auprès d'un serveur. “Elle est très joueuse.” expliqua-t-il à quelqu'un d'autre, puis las de devoir me trouver des excuses, probablement, il m'attrapa un bras et me força à sortir de ma cachette. “Et si tu me disais ce qu'il te prend ? Quelqu'un t'a proposé des gélules colorées, dans les vestiaires, ou quoi ? Tu le sais pourtant qu'il ne s'agit pas de Skittles.” Prise au dépourvu, je tentais de me débattre un instant avant de baisser les bras, et de le laisser faire, me retrouvant bientôt face à lui et, surtout, à découvert. “Je me cache de quelqu'un.” j'avouais enfin, en le contournant à nouveau, trouvant refuge derrière une plante verte. “Y a quelqu'un que tu connais ?” voulu-t-il savoir en fouillant la vaste pièce du regard. “Shhhhhhh !!” d'un mouvement rapide, je l'attrapais par le tee-shirt et le tirais jusqu'à moi, derrière ma plante. “Non, pas exactement, je ne la connais pas, mais...” “Mais quoi ? Et pourquoi on parle à voix basse ?” Docile, il s'était courbé en deux, se planquant à son tour et répondant sur le même ton que moi, très bas, malgré la musique assourdissante et les nombreux mètres qui me séparaient d'elle. “Il ne faut pas qu'elle me reconnaisse.” “Qui ? La personne que tu ne connais pas ?” “Bah oui !” Ca me semblait plutôt évident, non ? “Comment quelqu'un qui ne te connait pas pourrait te reconnaître ?” “Je n'ai jamais dit que j'étais rationnelle.” je lui rétorquais en forçant un regard noir qui ne devait pas avoir grand chose de convaincant puisqu'il éclata de rire. “Il faut qu'on parte d'ici !” Je décidais en me redressant d'un coup. “Mais on vient juste d'arriver...” Une complainte que j'entendis à peine puisqu'en me redressant je donnais un coup de coude involontaire dans le plateau du serveur. Je vis le reste comme au ralenti, les coupes tanguant sur leur support d'argent, s'entrechoquant de plus en plus, tandis que le bras du serveur s'en allait vers le haut. Le cristal fini par quitter le plateau pour s'envoler légèrement avant de retomber lourdement. Je tentais bien d'en rattraper une ou deux, mais, ce faisant, ce fut le plateau de petits-four d'une autre serveur que je percutais avec ma tête. Rouge de confusion, je me répandais en excuse auprès des deux hommes qui, silencieux, ramassaient, avec moi, à quatre pattes sur la moquette, les ruines et vestiges de leur service. J'aurais voulu me cacher dans un trou de souris, mais n'ayant ni la taille requise, ni de trou à disposition, d'ailleurs, j'optais pour le Plan B : ignorer les regards curieux plantés sur moi, et garder la tête haute.  
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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptySam 28 Juin - 17:37


EBBA & NASTAZIA
Hello, is it me you're looking for ?  




« Maman ?! Maman ? Mamaaaaaaaaaaan ! » Sortant à peine de la douche, je m’enroulais dans une serviette avant de voir Marilys rentrer dans la salle de bains. « Oh maman tes tétés ils pointent ! » Haussant un sourcil, je ne pus m’empêcher de rire avant de bien fermer la serviette. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Demandai-je en sortant de la pièce. Elle me suivait à la trace en sautillant. « Est-ce que moi aussi je n’aurai pas beaucoup de seins comme toi ? » Boguant, je baissais le regard vers elle la regardant faussement outrée. « T’es venue me demander ça ? » « Non. Je peux venir à la soirée avec toi ? » La discussion revenait sur la table. Je fis non de la tête. Du haut de ses six ans Marilys était une petite fille très intelligente et j’en étais fière mais… Je ne voulais pas la mêler au monde du mannequinat. Elle était trop jeune. Elle ferait son choix plus tard. Elle n’était pas obligée de le devenir.  Elle boudait et je le voyais bien. Et puis de toute façon, elle s’ennuierait mortellement à ce genre de soirée. Enfilant un string, j’attrapais ma robe Dior noir avant de la mettre. Enfilant mes bas j’attrapais mes bottes avant de les mettre elles aussi. Je pouvais bien voir qu’elle admirait beaucoup les vêtements et commençaient même à me demander de lui acheter de la marque, car c’est plus jolie. M’enfin, à six ans, et au vu de sa croissance. Je trouvais que c’était du gâchis. Allant me coiffer et me maquiller, je fis assez simple au niveau de la coiffure, n’ayant clairement pas envie de me compliquer la vie en fait. Une fois bine coiffée et bien maquillée, je mis du parfum avant de quitter ma chambre, toujours suivit de près par Marilys. Tournant un vague regard vers la télévision que mon frère regardait, je trouvais l’émission débile. M’enfin. Me baissant pour faire un bisou sur les lèvres de Marilys je souris doucement avant de lui pincer les joues. « Arrête de bouder, ou tes dents vont toutes tomber et ne repousseront plus. » « Tu dis n’importe quoi maman. » Souriant en coin, je quittais l’appartement avant de partir en direction du lieu de rendez-vous. La Limousine m’attendant en bas, je n’avais même pas besoin de conduire. Soupirant longuement, je me massais les tempes avant de bailler. Je serais bien restée chez moi mais bon. C’était le boulot. Une fois arrivée sur place, je descendis de la voiture avant d’ignorer les journalistes qui étaient présent dehors. Comment ils avaient su ? Il y avait toujours des fuites. Souriant faiblement, j’entrais alors dans le bâtiment avant de me positionner à l’entrée de la salle et repérer les gens. Souriant en voyant mon manager et des filles avec qui j’avais travaillée, je m’avançais, avant de voler une coupe de champagne à un serveur qui passait par là.  Bon la soirée ne craignait pas trop. Buvant ma coupe, je pris un canapé lorsque l’un des garçons passa. Bavardant de tout et de rien, j’écoutais plus les gens que je ne parlais. Sentant une main sur mon épaule, je relevais le regard vers mon manageur qui s’approchait de moi pour me parler à l’oreille. « Après on parlera en privé, j’ai une nouvelle à t’annoncer. » Sa voix enthousiaste et son sourire m’indiquait qu’il m’avait surement dégotté un projet qui en valait vraiment la peine. Et ça, ça me plaisait. J’avais eu ma période à vide à la mort de Camilya. Voilà maintenant cinq ans… Le temps passait vite, trop vite à mon gout. J’avais décrochée de la drogue et même si je me droguais encore par rapport à avant c’était moindre et j’avais pu récupérer ma fille. Une longue bataille qui m’avait demandé deux ans. Voyant le groupe d’à côté se faire des messes basses en regardant derrière moi, je me tournais en cherchant la direction de leur regard. Une blondinette. Elle avait quoi ? elle était bien habillée, mignonne, ou était le souci ? Elle avait l’air un peu bizarre ceci dit. L’observant je la vis alors donner un coup de coude dans le plateau d’un serveur. Sursautant alors que d’autres poussaient des cris de surprise sur le coup du raffut. Je restais prostrée là à observer la scène. La pauvre. Elle était surement débutante ? Je ne la connaissais pas du tout. Si maladroite elle fit renverser un plateau de canapé. Les jasements commençaient. C’était toujours comme ça dans ce genre de soirée. « Tu la connais ? » Demandai-je à mon manager. « Tu n’as pas entendu parler d’elle ? » Me dit-il surpris. « Quoi ? Ben si je te demande… » ça me paraissait logique… « Ebba. Ebba Alinovitch, elle a le même nom que toi. D’ailleurs ça porte à confusion. Tout le monde sur le net se demande si c’est une cousine à ta famille. »  Alors c’était elle ? J’en avais vaguement entendu parler. Mais non. Je n’avais pas de cousine tout court alors… « Je la plains… » « Pourquoi ? » « Car tout le monde la compare à ma famille et c’est pas forcément bon. Tu connais les gens. » Dis-je en soupirant. Les critiques ça ils étaient bon pour ça. Soupirant, je posais ma coupe de champagne sur une table avant de m’approcher d’eux. Me penchant je ramassais un verre qui avait roulé un peu plus loin avant de le poser sur le plateau d’un des garçons. « Si vous avez un problème avec la direction, contactez-moi. Je m’occuperai du reste. » dis-je dans un sourire charmeur. On savait tous comment c’était le monde des serveurs. La moindre bourde même sans être responsable, c’était dehors. Baissant mon regard sur la blondinette, je souris faiblement avant de me mordre les lèvres. « Vous allez bien ? Vous ne vous êtes pas fait mal ? » Demandai-je en regardant l’homme avec elle avant de lui sourire. Je le reconnaissais parfaitement. Ça devait être une de ses amies. « Je m’appelle Nastazià Alinovitch, top model actuellement pour Dior, enchantée. » Dis-je pour que la jeune fille de débride un peu. Mon manager ne tarda pas à me rejoindre. « Qu’est-ce que tu fais Nasty ? » « Je me présente ça ne se voit pas ? » Dis-je en tournant le regard vers lui. Il avait l’air de ne pas vouloir me voir ici. C’est sûr les regards étaient tous rivés sur nous. J’avais l’habitude.  


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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptySam 28 Juin - 23:28

Ebba + Nastazià
Hello...
A quatre pattes au ras de sol, je m'employais à ramasser les bouts de verre épars, me concentrant, me focalisant sur chacun des petits éclats que je déposais dans ma paume ouverte. Ca me permettait de ne pas songer au reste, à tout ces regards plantés sur moi. Ou sur nous, puisque Islay m'avait retrouvé au sol, collectant tout ce qu'il pouvait tout en me contemplant avec inquiétude. J'avais beau ne pas le voir, je le sentais. “Ne me regarde pas comme ça, s'il te plait...” je suppliais en chuchotant, toujours aussi mal à l'aise d'être l'objet de concentration de qui que ce soit. S'il ne répondit rien, il s'employa tout de même à transférer, un à un, les éclats de verre de ma paume à la sienne, avant de déposer le tout sur un plateau et de se redresser, main tendue dans ma direction. “On s'en va.” m'informa-t-il, me soulageant immédiatement d'une partie de ma tension et de cette panique anxieuse. Oui, on allait rentrer chez nous, je m'enfermerais chez moi, me débarrasserais de ces vêtements hors de prix, et irais me rouler en boule sous la couette. Là, sous l'épais édredon, je serais à nouveau invisible et protégée. Ma main glissa dans la sienne, et à l'instant où je m'apprêtais à me redresser, une ombre dans mon champ de vision fit le mouvement inverse. Une ombre blonde et parfumée, une ombre qui me cloua sur place, là, dans ma ridicule position accroupie, pas vraiment debout, pas vraiment au sol non plus. Figée, je l'observais proposer son aide au serveur après s'être redressée et approchée. Zut ! Zut ! Zut ! Faîtes qu'elle ne me voit pas, faites qu'elle se contente de s'occuper des gens en hauteur, à savoir un serveur et Islay, et qu'elle nous ignore, le deuxième serveur et moi-même. « Vous allez bien ? Vous ne vous êtes pas fait mal ? » Zut ! Zut ! Zut ! S'il elle avait jeté un regard à mon partenaire, c'était à moi qu'elle s'adressait, plantant son regard dans le mien, qui se déroba immédiatement. “Je... heu... désolée... je... oui... heu... bien... haha... Oh, Pizdiets* ! Menya eto zakolebalо** !” j'achevais finalement mes bafouillages en jurant contre moi-même, sans cesser d'observer le sol. Un échappatoire qui ne dura qu'un temps puisqu'en tirant sur mon bras, dont il tenait toujours la main, Islay m'obligea à rebondir jusqu'à eux. “On trouvait que ça manquait un peu d'animation. En tant que professionnelle du divertissement, Ebba s'est...” je lui donnais un coup de coude, et lançais un ton au-dessus de lui : “Vassilissa.” “Vassilissa ?” répéta-t-il dans une grimace d'incompréhension. Forcément, puisque pour tout le monde j'avais toujours été Ebba, un prénom qui sonnait, désormais, en ce contexte très précis, trop suédois à mon goût. « Je m’appelle Nastazià Alinovitch, top model actuellement pour Dior, enchantée. » se présenta-t-elle sans cesser de nous sourire. Un nom de famille qui sembla, enfin, éclairer Islay sur mon drôle de comportement. Et tandis que cette dernière s'entretenait avec un drôle de type à l'air mécontent, mon partenaire articulait muettement mon nom de famille avec une forme de surprise teintée de stupeur. Etait-il, sérieusement, le seul homme sur Terre à ne pas connaître Nastazià ? Il avait travaillé avec elle, pourtant. Etait-ce la toute première fois qu'il entendait son nom complet. Du regard, je l'implorais de se taire et d'ôter cet air de ses traits avant que l'on ne se fasse repérer. Trop tard. Je le compris en sentant deux regards peser de tout leur poids sur nous, et pivotais à nouveau en donnant un coup discret dans l'épaule d'Islay. “Je suis Vassilissa Bassyrov, danseuse insignifiante au sein de l'american ballet theatre, et voici Islay, mais vous vous connaissez déjà.” “Bassyrov ?” s'étrangla ce dernier en toussant sa gorgée de champagne. “Mickey Mouse, enchanté.” jugea-t-il bon de lancer en tendant sa main libre à Nastazià. “Si vous voulez bien nous excuser une minute, Dora l'exploratrice et moi-même avons besoin de nous entretenir.” Sans laisser le temps à quiconque de répondre, il me tira par le bras et m'entraina à l'écart, mais pas suffisamment pour échapper aux regards et oreilles tendues de ma... ma soeur -je ne m'y ferais jamais- et de son drôle de compagnon. “Vassilissa ? Bassyrov ? Tu m'expliques ?” “Parle moins fort !” je chuchotais à mon tour. “C'est mon nom. Mon vrai nom. Le reste c'est un nom de scène.” “Ebba Alinovitch, un nom de scène ? T'as pas trouvé plus compliqué encore ?” “Ebba est mon deuxième prénom, et Alinovitch...” “C'est d'elle dont tu te cachais, n'est-ce pas ?” me coupa-t-il en se redressant légèrement pour offrir un sourire à Nastazià.  “T'as peur qu'elle t'en veuille d'avoir utilisé son nom en guise de nom de scène ?” “Non, j'ai peur qu'elle comprenne pourquoi j'utilise son...” je n'eus pas le temps d'achever ma phrase, pas plus qu'il n'eut la présence d'esprit d'écouter ma réponse, me tirant à nouveau par le bras telle une poupée de chiffon, il me ramenait auprès des deux autres, les serveurs ayant déserté le décor. “Nastazià, voici Ebba Alinovitch, terrifiée à l'idée que vous puissiez lui en vouloir d'utiliser votre nom. Ebba, voici Nastazià Alinovitch qui, j'en suis sûr, ne trouvera rien à redire à cet emprunt.” Il ne comprenait pas ! Comment le pourrait-il ? Pourtant, du fin fond de son ignorance il était entrain de me sauver, et contre toute attente, je m'apprêtais à tout faire foirer. Toujours dans la retenue et la discrétion, je ne m'emportais jamais, j'encaissais toujours tout avec le sourire... Pourtant, ce simple terme "d'emprunt", ces pronoms de possession qui me plaçaient en tant qu'usurpatrice, me révoltèrent intérieurement. C'était comme l'Etna en plein éveil, et bientôt, je m'entendis rétorquer : “Je n'ai rien emprunté du tout !” avant de me mordre la lèvre de remord. Ebba la pondérée refaisait son apparition. “Désolée, je voulais dire que légalement, je l'ai emprunté, mais il est dans ma famille depuis de nombreuses générations, à l'exception de la mienne.” Ce n'était pas un mensonge, c'était même la stricte vérité, à la différence que, suffisamment vague, de multiples interprétations étaient possibles. “Ca doit être un style de Martin français ou de Andrews américain, doit y avoir un paquet d'Alinovitch en Russie. Et ils sont tous blonds platine aux yeux bleus.” lança Islay au drôle de type qui accompagnait Nastazià. Il pensait sûrement bien faire, malheureusement il avait tort, il n'y avait que très peu d'Alinovitch en Russie, et la moitié d'entre eux se trouvait juste sous son nez. J'aurais mieux fait de me taire, de poursuivre sur Bassyrov et de laisser dire, laisser faire. Mais ce nom de famille, c'est tout ce qu'il me restait de cette promesse faite à ma mère.


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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyDim 29 Juin - 18:11


EBBA & NASTAZIA
Hello, is it me you're looking for ?  




« Je... heu... désolée... je... oui... heu... bien... haha... Oh, Pizdiets* ! Menya eto zakolebalо** ! » Haussant un sourcil en l’entendant jurer en russe je mordis mes lèvres en me demandant bien ce qu’elle avait. Elle avait trop bu ? Elle s’était droguée ? C’était quoi son souci ? Elle avait l’air terriblement mal à l’aise. « Qu’est-ce qu’elle a dit ? » Me susurra mon manager. Lui faisant signe de ne pas faire attention, je vis celui dont j’avais oublié le prénom la relever d’un coup sec. « On trouvait que ça manquait un peu d'animation. En tant que professionnelle du divertissement, Ebba s'est.. » « Vassilissa. » « Vassilissa ? » Haussant encore plus le sourcil, je regardais le jeune souffrir alors que moi aussi je me posais la question. Tournant le regard vers mon manager, il haussa les épaules sans comprendre lui non plus. Même lui avait dit Ebba, son ami. C’était bien Ebba Alinovitch non ? J’étais un peu perdue là pour le coup. C’était Ebba ou Vassilissa ? Peut-être que Ebba c’était un prénom de scène ? « Je suis Vassilissa Bassyrov, danseuse insignifiante au sein de l'american ballet theatre, et voici Islay, mais vous vous connaissez déjà. » « Bassyrov ? » Manquant de s’étrangler je tressaillis faiblement en me demandant ce qu’il se passait. « Mickey Mouse, enchanté. » Serrant sa main j’écarquillais les yeux avant de rire faiblement mal à l’aise. Okai, ils étaient fous. Je crois. « Si vous voulez bien nous excuser une minute, Dora l'exploratrice et moi-même avons besoin de nous entretenir. » Les laissant partir, je sentis l’incompréhension chez mon manager qui était tout aussi sidéré que moi. Attrapant une coupe de champagne, j’en bus la moitié avant d’entendre plus ou moins la conversation des deux gigolos. M’enfin, je n’étais pas une curieuse. « Il se passe quoi là ? » « Je ne sais pas. Elle a surement trop bu ? » Dis-je en haussant les épaules en finissant ma coupe avant d’en prendre une autre. Je tenais bien l’alcool alors aucun souci avec ça. « Toi au moins quand tu te droguais, tu ne me faisais pas honte comme ça. » tournant le regard vers lui je le regard en claquant ma langue. Il s’excusa l’air de rien. J’avais beau être proche de lui car il était mon manager depuis près de dix ans à présent, ça ne changeait pas le fait qu’il n’avait pas le droit de me rappeler cette période de ma vie. Les voyant revenir, je pris un canapé mangeant à ma guise me demandant ce qu’ils allaient nous dire cette fois. « Nastazià, voici Ebba Alinovitch, terrifiée à l'idée que vous puissiez lui en vouloir d'utiliser votre nom. Ebba, voici Nastazià Alinovitch qui, j'en suis sûr, ne trouvera rien à redire à cet emprunt. » Riant sans pouvoir m’en empêcher, je souris amusée avant de tousser un peu. Un peu plus et je m’étouffais. Soupirant je tournais le regard vers la jeune Ebba qui avait l’air… Je ne sais pas. Bizarre. « Je n'ai rien emprunté du tout ! » Bon fallait se décider à la fin. « Désolée, je voulais dire que légalement, je l'ai emprunté, mais il est dans ma famille depuis de nombreuses générations, à l'exception de la mienne. » a l’excepté de la sienne ? Pourquoi ? Enfant hors mariage ? « Ça doit être un style de Martin français ou de Andrews américain, doit y avoir un paquet d'Alinovitch en Russie. Et ils sont tous blonds platine aux yeux bleus. » Finissant ma coupe, je la posais délicatement sur la table à côté avant de soupirer longuement. « Eh bien… Pour tout vous dire je m’en fiche. Je ne vais pas chipoter pour un nom de famille. Il est vrai qu’apparemment on vous confond avec ma famille qui est extrêmement connu dans le monde du mannequinat. Mais une fois que l’un de nous aura pris parole officiel les malentendus seront réglés. Si c’est cela qui vous inquiète. » Dis-je en souriant un peu plus. Après tout je n’allais pas faire un caca nerveux pour si peu. Ce n’était qu’un nom et Alinovitch n’était pas exclusif, même si c’est vrai que c’était peu courant en Russie. « Enfin soit. Le malentendu est mis à plat. Et je doute que vous soyez une danseuse insignifiante de l’American Ballet Théâtre, hum. Ils ne prennent pas des quiches. Et puis vous êtes Russe. » dis-je en souriant faiblement. Et on savait toutes les deux comment marchait la Russie. « Bon, sous ces présentations comiques, on va vous laisser. Nasta à d’autres gens à voir. » On voyait bien qu’il ne les aimait pas. Je le connaissais par cœur. Soupirant longuement, je le laissais passer sa main sur ma taille. « Eh bien… Au plaisir de vous revoir ailleurs. Le devoir m’appelle. » Dis-je en faisant un signe de tête. Tournant le dos, je ne fis pas un pas que j’entendis mon manager dire. « Pitié, ne devient pas ami avec ça. Elle est folle. » A voix haute de façon à ce qu’elle l’entende. « Pourquoi ? Moi je l’a trouve adorable. Je dois juste l’impressionner et elle a perdu son sang-froid. Tu es trop sévère mon chou. » dis-je a voix haute aussi avant de lui tapoter le dos et partir vers d’autres gens.


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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyDim 29 Juin - 20:37

Ebba + Nastazià
Hello...
“Tu crois qu'ils couchent ensemble ?” Islay, comme moi, observait le départ des deux autres, ou plutôt les mesures d'éloignement prises à notre encontre. Sauf que, étrangement, nous ne partagions pas le même fil de pensées. Pour cela, il aurait fallu qu'il soit au courant de toute l'histoire ou qu'il puisse être dans ma tête, et dans l'un et l'autre des cas, ce n'était absolument pas envisageable. Je ne faisais que de me repasser en boucle ce qu'elle avait dit, cherchant à y découvrir un message caché, un double-sens quelconque, qui n'existait probablement pas. J'étais trop cérébrale, c'est ce que Babouchka ne cessait de me répéter, je réfléchissais trop, prêtant des intentions aux gens qu'ils n'avaient pas. « Eh bien… Pour tout vous dire je m’en fiche. Je ne vais pas chipoter pour un nom de famille. Il est vrai qu’apparemment on vous confond avec ma famille qui est extrêmement connu dans le monde du mannequinat. Mais une fois que l’un de nous aura pris parole officiel les malentendus seront réglés. Si c’est cela qui vous inquiète. » avait-elle dit après la bourde d'Islay. Une prise de parole officielle ? Est-ce que j'avais envie d'une prise de parole officielle ? Pour qu'elle dise quoi ? Que je n'étais pas de sa famille ? Mais j'étais de sa famille ! J'étais même extrêmement de sa famille. Elle ne le savait pas, certes, mais... pourrais-je la laisser mentir pour mon confort personnel ? Pour ne pas avoir à sortir de ma tanière et affronter ce que j'étais, ce que ma mère et mon... mon père avaient fait de moi ? Et qu'est-ce qu'elle entendait par "on vous confond avec ma famille" ? Qui ça ? Je n'étais rien ni personne, qui pouvait bien lui avoir parlé de moi ? Mon existence avait-elle réellement pu remonter jusqu'aux oreilles de quelqu'un d'aussi célèbre ? Elle devait avoir un portier, est-ce qu'elle connaissait le nom de son portier ? Pourtant, elle connaissait le mien. Je n'étais connue que dans un cercle très restreint, dans celui de la danse où je n'occupais pas une place très importante, mais... Ca aussi elle en avait parlé. Qu'avait-elle dit, déjà ? « Enfin soit. Le malentendu est mis à plat. Et je doute que vous soyez une danseuse insignifiante de l’American Ballet Théâtre, hum. Ils ne prennent pas des quiches. Et puis vous êtes Russe. » Comment avait-elle su que j'étais russe ? Ha oui, Islay, lorsqu'il avait évoqué le pourcentage d'Alinovitch en Russie... N'avais-je pas juré en russe, également ? Décidément, c'était la nuit de toutes les bourdes. “Non, mais sérieusement, genre c'est son mec ?” Quoi ? “Pardon ?” “Je te demandais si tu crois que ce type est son mec ?” Fronçant les sourcils, j'haussais les épaules en détachant mon regard du couple s'éloignant, pour le reporter sur Islay, toujours dans mon dos. “Je n'en sais rien, c'est possible, pourquoi ?” J'avais lu dans la Presse qu'elle était célibataire, mais, après tout, la Presse n'était pas forcément au courant de tout... “Parce qu'ils ne vont pas du tout ensemble. Il est arrogant, pédant, et je n'aime pas du tout la façon dont il s'adresse à toi.” je fronçais un peu plus les sourcils, sans comprendre. On m'avait parlé ainsi toute ma vie, j'y étais habituée. “Quel rapport ? C'est à moi qu'il s'adressait, pas à elle.” J'étais certaine qu'il la traitait avec respect, il se montrait même très attentionné à son égard, mais Islay ne semblait pas du même avis. “Pourquoi faut-il que toutes les belles femmes finissent avec des connards ? Promets-moi de ne jamais t'amouracher d'un crétin pareil.” Je ne voyais pas vraiment où il voulait en venir, mais je lui promettais, puisque ça semblait être la seule chose apte à le détendre légèrement. “Tu penses qu'elle me croit folle ?” je lui demandais, alors, en m'en retournant à l'observation de ce dos. Monsieur Connard avait dit que j'étais folle. “Non, elle a dit te trouver adorable, mais... Ce qu'elle pense ne devrait pas avoir d'importance. Pourquoi ça en a tant ?” Je prenais une profonde inspiration, hésitais un instant, un très long instant, puis me lançais, d'une toute petite voix. “Parce que c'est ma grande soeur.” dis-je en nouant mes bras autour de mon buste, soudain exposée, soudain ébréchée.

Echouée en étoile de mer sur mon lit, la tête enfoncée dans mes oreillers, je tentais de me vider la tête, d'effacer ces dernières heures. En vain. Bien sûr, après ma révélation, Islay avait souhaité en savoir plus. Comment pouvait-elle être ma soeur sans le savoir ? Comment pouvait-elle être ma soeur alors que j'étais fille unique ? Comment pouvait-elle ne pas reconnaître sa propre soeur ? Avais-je fait de la chirurgie plastique pour me rendre méconnaissable ? Etais-je dans un programme de protection des témoins ? En précisant "grande" soeur, sous-entendais-je que j'en avais d'autres, plus petites ? Un flot ininterrompu de questions auxquelles je n'avais pas répondu. Terrée dans mon silence, j'avais préféré la fuite, quittant la salle de réception puis carrément l'hôtel pour héler un taxi, Islay dans mon sillage. Le trajet de retour s'était effectué dans un mutisme total qu'il semblait respecter. Il avait arrêté de poser des questions, et se contentait d'être là, comme un tuteur soutenant une plante sur le point de s'effondrer. Les bras ne cessant d'enserrer mon buste, je crois que j'essayais de protéger mon coeur proche de l'implosion ou de la combustion, je n'étais pas très sûre. Il m'avait suivi jusqu'à mon étage, et même après que j'ai refermé la porte d'entrée sur lui, l'absence de bruit de pas me signifia qu'il n'avait pas quitté le couloir. Attendait-il que je change d'avis et lui demande d'entrer ? Qu'importe, j'étais dans un tel état second que le reste, tout le reste, n'existait pas vraiment. Juste mes angoisses, mes hésitations, et les souvenirs de cette première confrontation avec Elle. Combien de temps étais-je restée ainsi, à gémir dans mes oreillers ? Probablement plusieurs heures avant que je ne me redresse d'un coup. Je m'arrachais à ma robe pour la troquer contre un jean basique et un tee-shirt trop grand estampillé “Ballet du Mariinsky - St Petersbourg”, enfilait une paire de Repetto, cadeau de notre sponsor, attrapait mon sac, unique héritage de ma mère, et claquait la porte d'entrée derrière moi. Moins d'une minute plus tard, enfoncée dans la banquette arrière d'un taxi filant à vive allure à travers la ville, je tentais de me convaincre que j'avais pris la bonne décision. Lorsque le véhicule s'immobilisa, j'étais toujours en plein dilemme. Mais le plus dur était fait, je ne pouvais plus reculer. Aussi, je quittais l'habitacle protecteur d'un jaune criard, et avançais à découvert. J'avais raison sur un point : elle avait bien un portier. Mais celui-ci me laissa entrer sans discuter. Visiblement, ma blondeur, ma minceur, ma taille et mes yeux bleus représentaient une sorte de pass "all-access" dans le bâtiment. Dans l'ascenseur, ma trouille me hurlait de faire machine arrière, et ce fut les mains tremblantes et les paumes moites que je m'avançais dans le couloir lorsque les portes s'ouvrirent. Il ne fallait pas que je réfléchisse, je ne devais surtout pas réfléchir, juste foncer. Juste le faire. Juste tenir ma satanée promesse. Aussi, d'un poing hésitant, j'assénais trois coups contre la porte, avant de tenter de m'apaiser par les techniques de respirations qu'on apprenait pour juguler le trac. 1 inspiration, 1 expiration, 2 inspirations, 1 expiration, 1 inspiration, 2 expirations... Et la panique, à nouveau, le coeur qui implose, le sang qui surchauffe. Terrifiée face à cette porte close qui menaçait de s'ouvrir, je tournais les talons, et entreprenais de courir vers l'ascenseur lorsque... La porte s'ouvre, et je me fige.
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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyLun 30 Juin - 2:21


EBBA & NASTAZIA
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Alors qu’on abandonnait Ebba et Islay, Franck me fit aller dans un coin tranquille pour me parler plus tranquillement. Apprenant alors qu’il m’avait dégoté une pub pour Yves Saint Laurent, je souris assez satisfaite de lui pour le coup. J’adorais beaucoup YSL alors autant dire que tourner une pub était un pur plaisir. Par la suite, je participais à la soirée, parlant à tout le monde buvant un peu trop de champagne et mangeant même un peu trop. J’allais faire sauter la robe si ça continuait. Après plus de deux heures, je partie totalement crevée. C’est que ça tuait de genre de soirée. Enlevant mes chaussures dans la voiture, je regardais le ciel sans étoile avant de fermer les yeux. La musique vieille de Béyoncé qui passait à la radio me rendait un peu nostalgique. Halo. Elle était agréable ceci dit. Une fois arrivée, je payais le taxi avant de filer dans l’appartement. Marilys n’était toujours pas couchée, la preuve elle me sauta dessus. Okai, c’était les vacances mais quand même… La gardant dans mes bras, je baillais lui racontant alors un peu ma soirée avant de l’abandonner dans le salon. Je puais la clope et la sueur. Une douche s’imposée. Me douchant assez rapidement, je mis mon peignoir avant de m’allumer une clope. Oui c’était logique. Mais bon voilà. Filant dans le salon je regardais la télé avant de filer en cuisine pour me servir un verre d’eau gazeuse j’en avais besoin pour digérer. Laissant tomber mon gros cul sur le canapé, je poussais mon frère avant de bailler et fixer le programme nullissime qu’il regardait. « Alors ta soirée ? » « Pas mal… Tu savais qu’il y avait une autre Alinovitch de connu toi ? » Sa surprise me donna la réponse. « Ouais une danseuse à l’American Ballet. Une Russe. Ça m’a surpris. Elle avait peur qu’on lui en veuille. Comme si le fait qu’elle s’appelle Alinovitch soit un crime. On ne va pas l’envoyer au Goulag pour ça. » dis-je avant de rire faiblement. Mon frère me suivit pour le coup. « Heureusement que Solanà n’était pas à la soirée. » Inspirant profondément j’hochais la tête pour confirmer. Elle était loin d’être plus compréhensible et aurait surement fait péter des réflexions comme quoi elle voulait voler notre notoriété. « Ouais j’ai pensé la même chose. » Dis-je en tirant sur ma clope avant d’entendre des coups à la porte. Regardant mon frère, j’haussais un sourcil. Solanà avait peut-être oublié ses clés ? Me levant, je fus devancée par Marilys qui ouvrit la porte. « Maman c’est une dame grande. Une mannequin comme toi ? » Dit-elle alors que je m’approchais pour la prendre contre moi. De dos je pouvais la reconnaitre. Ebba. « vous vouliez me dire quelque chose ? Ne restez pas dans le couloir. On va déranger les voisins. » Dis-je en poussant Marilys pour qu’elle retourne à l’intérieur. Attendant qu’elle rentre je fermais la porte d’un coup de pied, Ambroise debout nous fixant. « Ebba Alinovitch. La petite dont je t’ai parlé. » Dis-je avant de filer derrière le comptoir de la cuisine. « Tu veux boire quelque chose ? Soyons plus intime hein. Je suis en peignoir, mon frère est à moitié à poil avec son boxer et ma fille est en simple culotte alors. » Dis-je en riant faiblement. Autant rentrer dans l’intimité la plus complète. « Maman, c’est qui ? Dis-moi c’est qui ! » dit-elle en me tirant le peignoir. « C’est une danseuse. Elle est belle hein ? » Dis-je en lui pinçant le nez. « Très ! En plus elle a le même nom que nous alors elle est forcément belle. » Riant de bon cœur je lui caressais les cheveux avant de regarder à nouveau Ebba. Elle avait l’air mal à l’aise.


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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyLun 30 Juin - 20:19

Ebba + Nastazià
Hello...
C'était une mauvaise idée ! C'était une très mauvaise idée ! Et pourtant je l'avais suivi jusqu'au bout sans parvenir à juguler ce sentiment d'urgence stagnant au fond de mes tripes. C'était idiot, j'avais passé plus d'un an, ici, sans jamais prendre l'initiative de les rencontrer. Une nuit de plus n'aurait rien changé. Alors pourquoi m'étais-je mis en tête de débarquer si tard, et d'entrer dans son intimité ? C'était une très très très mauvaise idée ! J'allais la déranger en plus de détruire un à un tous ses repères. Forte de cette toute nouvelle conviction, je tournais les talons, prête à rejoindre l'ascenseur, lorsque la porte d'entrée, dans mon dos, s'ouvrit. Je l'entendis plus que je ne la vis, cette petite fille à la voix fluette qui prévenait sa mère de l'arrivée d'une mannequin. Ou plutôt du départ, puisque je ne lui présentais que mon dos statique. Ma respiration s'affola, mon rythme cardiaque s'accéléra, et je pivotais à nouveau, la mine basse. « Vous vouliez me dire quelque chose ? Ne restez pas dans le couloir. On va déranger les voisins. » Oui, mais non... Je voulais, mais je ne voulais plus, désormais. Seulement, avais-je le choix ? Je me trouvais dans son couloir à une heure imbuvable sans aucun prétexte digne de ce nom. Que pouvais-je bien inventer ? Que j'étais venue pour lui présenter des excuses face à mon comportement étrange ? Ca n'aurait fait que me rendre plus étrange encore. Lui emprunter du sucre ? Il était évident que 1/ je ne vivais pas dans ce quartier et 2/ je n'avais plus rien mangé de sucré depuis des décennies. Alors j'obéissais, je pénétrais dans sa demeure, dans son intimité, mes mains n'en finissant pas de se tordre en tous sens. « Ebba Alinovitch. La petite dont je t’ai parlé. » La petite ? J'étais petite à ses yeux ? Oui, probablement. Etant fille unique -enfin, dans les faits- j'avais toujours été la grande. Pour la première fois je prenais conscience de mon statut de petite dernière en relevant le nez vers la personne à qui elle s'adressait. Et je me figeais un peu plus, bouche entrouverte de surprise. Oh zut ! Zut ! Zut ! Zut ! C'était une chose de rencontrer ma... ma soeur par inadvertance, et de me décider à lui faire mes aveux, à la mettre dans la confidence, c'en était une autre de devoir le faire devant toute la fratrie ! Consciente de le fixer depuis un trop long moment, je détournais le regard pour fouiller l'espace colossal de cet appartement à la recherche de la troisième et dernière. « Tu veux boire quelque chose ? Soyons plus intime hein. Je suis en peignoir, mon frère est à moitié à poil avec son boxer et ma fille est en simple culotte alors. » Hein ? Quoi ? “Je... heu... Non merci.” je soufflais dans un mince filet de voix, tout en secouant la tête. Son frère, mon frère, sa fille, ma nièce... J'avais le sentiment de détenir un immense secret qui remettait absolument tout en perspective, renversait les alliances, les liens, les certitudes. Ils étaient face à une inconnue, j'étais face à ma famille... Et je ne savais pas comment le leur dire. Ils étaient pourtant incroyablement accueillant, et même l'enfant n'en finissait plus de me complimenter, moi qui, pourtant, m'invitais sans m'annoncer. “Je... je suis désolée...” je parvins à formuler, consciente qu'ils attendaient tous la raison de ma visite. “J'aurais du téléphoner, mais je n'avais pas votre numéro...” Et le fait que j'ai son adresse n'intriguait personne ? “...ton numéro.” je me corrigeais toute seule. “C'est très inconvenant et déplacé de ma part, je ne voulais pas vous déranger, je n'ai pas pensé que... A vrai dire, je ne sais pas ce que j'ai pensé. Je me sens idiote. Je craignais simplement que vous... que tu décides de prendre la parole officiellement demain... Ca m'a fait peur, et j'ai... je ne pouvais pas vous laissez vous parjurer.” Techniquement, il n'y aurait pas eu parjure tant qu'ils restaient dans l'ignorance, mais je ne pouvais la laisser perdre en crédibilité en affirmant quelque chose qui viendrait forcément à être démenti par la suite. “Je ne suis personne. Vraiment. Je ne vous dérangerais pas, j'ignore même comment vous avez pu entendre parler de moi. Vraiment, je ne suis rien, je n'aspire qu'à pratiquer mon art, à vivre de celui-ci, et je m'estime chanceuse de pouvoir le faire. S'il vous plait, laissez la presse en dehors de ça...” Je relevais la tête vers elle, braquant mon regard dans le sien, comme pour donner plus de poids à ma supplique, puis la baissait à nouveau en sentant celui de son/mon frère me fixer encore. Ils n'allaient pas se contenter de ça, pas vrai ? Je ne m'en tirerais pas si facilement, j'en étais convaincue. Ils n'allaient pas me laisser repartir à ma petite vie anonyme tandis que tout ce que je venais de leur dire, sans être parfaitement explicite, donnait des pistes assez évidentes à tracer. “Je suis née Vassilissa Ebba Bassyrov. C'est le nom que j'ai porté presque toute ma vie, le nom de ma mère. Jusqu'à il y a cinq ans, je pensais qu'elle ne savait pas qui était mon père, on ne parlait pas vraiment de ces choses-là. Et je crois qu'elle ne l'aurait jamais évoqué si elle n'y avait été forcée. Elle ne voulait pas m'abandonner toute seule dans ce monde, alors elle m'a offert le nom de mon père et m'a fait promettre de le retrouver. Je n'ai jamais tenu cette promesse, et je crois que je n'y tiens pas vraiment. Si j'ai pris ce nom, ce n'était pas pour lui, ni pour attirer l'attention, c'était, je crois, pour me rappeler que quoiqu'il arrive, je ne suis pas seule.” Fixant la pointe de mes ballerines, j'achevais ma confession dans une profonde inspiration, et coinçais ma lèvre inférieures entre mes dents. “S'il vous plait, ne parlez pas à la Presse...” j'ajoutais finalement, avant de reculer, un pas, deux pas, et la porte d'entrée. “Pardon de vous avoir dérangé, ça... ça n'arrivera plus.” J'hasardais un regard vers l'un puis vers l'autre, avant de tourner les talons et me retrouver nez à nez face à une porte dont la poignée refusait de m'obéir. J'essayais dans un sens, puis dans l'autre, sans plus de résultat. Ridicule. Oscar de la sortie la plus foireuse qui soit. “Heu... Comment ça s'ouvre ?” En temps normal j'aurais certainement tenté un petit "abracadabra" ou autre "Sésame ouvre-toi”, mais pas ce soir. Non, pas ce soir.
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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyLun 7 Juil - 12:09


EBBA & NASTAZIA
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Elle avait l’air paniquée. Oui c’était ça. Paniquée, stressée, anxieuse. Enfin il y avait plein de mots pour la définir, mais là je n’avais pas vu pareille chose depuis un bon moment. Elle parlait, elle parlait beaucoup, et j’avais un peu de mal à suivre ce qu’elle nous racontait. Elle parlait vite, et je ne savais pas trop où elle voulait en venir. Qu’est-ce qu’elle nous voulait ? Elle parlait encore de son nom de famille qui était le même que le nôtre. Il fallait qu’elle arrête de se faire du mal pour si peu sérieusement. On n’allait pas la bouffer toute crue pour si peu. Et puis je ne comprenais pas son histoire. Okai, sa mère lui avait dit le nom de son père et ça je pouvais comprendre, elle ne voulait pas laisser sa fille seule dans ce monde. Mais pourquoi c’était à nous qu’elle le disait ? On avait quoi à faire dans cette histoire ? Elle n’avait qu’à aller voir sa famille. Si elle avait besoin d’aide on pouvait l’aider si c’est ça qu’elle voulait. La voyant tenter de partir j’haussais un sourcil. Elle nous faisait quoi ? Marilys avait l’air un peu perdu de la voir ainsi. Caressant sa joue je souris faiblement. « Oy t’es en train de nous dire que ton père et le même que nous ? » Hein ? Relevant la tête vers mon frère je fronçais les sourcils. « Qu’est-ce que tu racontes ? Il ne ferait jamais ça, ils sont trop à cheval sur la religion. » Dis-je en me souvenant le jour où ils m’avaient foutus dehors. « T’oublie que c’est maman qui t’a foutu dehors. Papa n’a jamais rien dit. » surprise, je me remémorais la scène et c’est vrai… Il avait raison… Mais ce n’était pas le sujet… M’approchant d’Ebba, je lui pris la main pour l’éloigner de là avant de plonger mon regard dans le sien. « C’est vrai ce que dit mon frère ? C’est pas vrai n’est-ce pas ? » Lui demandais-je en lâchant sa main pour ne pas paraitre trop entreprenante ou méchante, ce n’était pas le but. Mais… Je… Sentant un poids énorme sur mon cœur, j’avais envie de rire et de pleurer. On m’avait foutue à la porte sans laisser le temps de m’expliquer, car j’étais enceinte… Sans l’ombre d’un doute alors que j’avais été violée. Alors que… Les larmes montant aux yeux, sans même avoir de réponse de sa part je reculais d’un pas avant de rire faiblement. C’était quoi ce truc ? Il se passait quoi là ? Il avait eu une liaison avec une autre alors qu’ils prônaient la religion, le mariage et j’en passe ? Soufflant fortement un frisson s’empara de moi. « Nasty ça va ? » me demanda mon frère s’approchant de nous. Hochant à peine la tête, je leur fis signe que j’avais besoin d’être seule. Les abandonnant là, je filais dans ma chambre fermant la porte avant de souffler un coup. Non. Non. Mais non. Essuyant mes yeux avant que les larmes ne coulent, j’essayais de canaliser mes émotions. Il fallait qu’elle parle qu’elle nous dise. Vrai ou faux ? Mensonge ou pas. Un test ADN pourrait nous aider… Raclant ma gorge, je revins aussi vite que je n’étais partie dans le salon. « Il faut que tu nous racontes tout. » Dis-je en la fixant droit dans les yeux.


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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyLun 7 Juil - 14:30

Ebba + Nastazià
Hello...
Pourquoi j'étais là ? Pourquoi j'étais venue ? Pourquoi j'avais dit tout ça ? Et surtout pourquoi cette fichue porte ne s'ouvrait pas ? Coincée là, en tête à tête avec cette porte blindée, sentant, supportant, ployant sous les regards pesant sur ma silhouette. Evidemment, il leur fallait un instant pour se remettre de ce que je venais de dire, ou du moins pour en comprendre un éventuel sens plus ou moins bien caché. Je n'avais été ni claire ni très explicite, je n'étais pas certaine d'avoir eu l'envie consciente qu'ils comprennent. Je voulais, je crois, pouvoir me dire que je l'avais fait, que je leur avais offert les mêmes clefs qui m'avaient été données, ni plus, ni moins, et transposer un peu de ce poids que je portais seule depuis de trop longues années sur leurs épaules. Je le regrettais à présent qu'il était trop tard... Ils étaient heureux sans moi, parfaitement établis et suffisamment épanouis pour que je ne prenne pas le risque de venir tout bousiller par simple égoïsme. Aussi, je m'acharnais un peu plus sur la poignée dans l'espoir de pouvoir prendre la fuite avant qu'ils ne réalisent la teneur de mes propos lorsqu'il fut le premier à réagir. « Oy t’es en train de nous dire que ton père et le même que nous ? » Je ne bougeais pas d'un cil, m'immobilisant comme un animal chassé tentant de se rendre invisible, de se faire oublier. Nastazià protesta, arguant leurs valeurs et dévouement aux préceptes de l'Eglise de ses parents, de son père. « T’oublie que c’est maman qui t’a foutu dehors. Papa n’a jamais rien dit. » Papa. Un mot que je n'avais jamais prononcé de ma vie. Pas plus que Père, d'ailleurs. Je n'utilisais que Géniteur, et encore, essentiellement dans ma tête, jamais à voix haute. Je n'en avais jamais parlé, je n'avais jamais rien dit, à personne. Aussi, lorsqu'elle m'attrapa par la main pour m'éloigner de cette porte et me demanda de confirmer ou infirmer les dires de son frère, je me retrouvais dans la plus totale incapacité à sortir le moindre son. Je bougeais les lèvres, certes, mais aucun mot ne se formait et mon regard paniqué ne cessait de passer de l'un à l'autre, de la soeur au frère. Elle lâcha ma main qui retomba le long de mon flanc comme désarticulée, tandis que Nasta reculait d'un pas, hésitant, visiblement, entre rires et larmes. Perdue, coupable, je ne savais plus où me mettre, j'avais juste la certitude que partir maintenant ne ferait qu'empirer la situation pour eux. Alors, je restais là, plantée au milieu du salon, tandis qu'elle se volatilisait après avoir déposé sa fille, souhaitant être seule d'après ce que j'avais pu comprendre. “Désolée...” fut le premier mot que je fus capable de prononcer, à l'attention de cette porte qui venait de se refermer, mais surtout de ce frère qui, lui, était resté. “Je suis sincèrement désolée...” Il n'existait probablement pas de bonnes manières d'annoncer ce genre de choses, voilà pourquoi j'avais souhaité les taire, les garder pour moi. Je n'avais rien à leur apporter, je ne risquais pas de leur manquer sachant qu'il ne me connaissait pas... Pourquoi avais-je fait ça ? J'aurais aimé revenir en arrière, au moment où j'avais donné leur adresse au chauffeur de taxi, ou même avant ça, lorsque j'avais accepté l'invitation d'Islay. J'aurais du... j'aurais du rester chez moi, discrète, invisible... seule. « Il faut que tu nous racontes tout. » Je sursautais, ne l'ayant pas vu revenir. Moi, je n'avais pas bouger, pas même un peu. J'hésitais, les fixais à nouveau, l'un après l'autre, prenant la mesure de leur détermination, évaluant mes chances de m'en tirer via une pirouette mal habile. Aucune chance. “Je n'ai pas grand chose à dire. Vous en savez, à présent, autant que moi.” je soufflais timidement, baissant la tête et les yeux, une fâcheuse habitude que je ne parvenais à perdre. Peut-être s'attendaient-ils à ce que je leur parle de ma mère, mais, là encore, j'hésitais. Est-ce que leur expliquer son métier n'allait pas les offenser un peu plus ? Devais-je prétendre à une supposée romance et trouver des circonstances atténuantes à ce père ? Ou bien me contenter de la stricte vérité et égratigner plus encore l'image de cet homme pieux ? “Dois-Je... Dois-je vous parler de moi ?” j'hasardais en direction de ce frère qui semblait être le plus calme, le moins inconfortable face à cette situation. Un signe de tête de sa part, et je prenais une profonde inspiration. “Je suis née le 27 juin 91 dans un petit village à proximité d'Oliokminsk en Sibérie.” Le 27 juin, aujourd'hui en sommes. Joyeux anniversaire Ebba ! Pourquoi fallait-il que je sois aussi idiote ? “Comme je vous l'ai dit, je... j'ai grandis sans père, sans même en entendre parler, sans oser en parler non plus. Ma mère n'était jamais là, voyageant beaucoup. J'ai été élevée par ma grand-mère, une femme admirable qui a tout fait pour me trouver une porte de sortie honorable. A Oliokminsk, les filles ne sont jamais destinée à un grand et bel avenir, Babouchka le savait par expérience. J'ai eu la chance d'être un peu douée en danse et de tomber sur les bonnes personnes, ou plutôt sur la bonne personne. J'ai quitté la Sibérie assez tôt pour St Pétersbourg. L'Académie de Ballet Vaganova, je ne sais pas si vous connaissez...” Evidemment qu'ils connaissaient, tout le monde connaissait l'Académie, plus encore lorsque vous aviez vécu à St Péterbourg. “... J'avais 12 ans, j'étais tirée d'affaire, du moins j'avais un avenir, un vrai. Ma mère est tombée malade quelques années plus tard, et... avant de... avant de partir, elle a souhaité briser le silence. Je n'avais aucune raison de douter de ce qu'elle me confiait, et je n'en doute pas plus aujourd'hui. Je crois qu'elle essayait simplement de faire quelque chose de bien. Ce n'était pas une femme exemplaire, et ses choix de vie étaient discutables, mais ce n'était pas une menteuse, et tout ce qu'elle a toujours fait a été dans le but de me protéger, pas de m'exposer. Ce n'est pas une question d'argent, je ne réclame rien, elle n'a d'ailleurs, elle-même, jamais rien réclamé. Je crois... je crois que c'était vous qu'elle voulait que je trouve, parce que... parce que cet homme, sans vouloir vous offenser, capable de renier ses enfants de la sorte... j'ai pas vraiment envie de le connaître.” Alors, et seulement alors, je relevais la tête, glissais une main dans mes cheveux et tirais d'un coup sec en grimaçant. Un fin fil doré entre le pouce et l'index, je le tendais à Nastazià avant même qu'elle n'ait à le réclamer. Ils ne me connaissaient pas, je ne leur demanderais jamais de me croire sur parole ou même de m'accorder une quelconque once de confiance. Et puis, quelque part, je crois que moi aussi, j'avais besoin de cette confirmation.  
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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyMar 8 Juil - 22:49


EBBA & NASTAZIA
Hello, is it me you're looking for ?  




Plus j’écoutais Ebba et plus je me sentais trahis… Pas par elle, pas par sa mère non, mais par ce père… Père avec qui je n’avais pas parlé depuis plus de dix ans… Mais malgré tout il était mon père et je ne pouvais pas non plus le renier entièrement… Je me sentais vraiment… Mal. Je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire en fait… j‘étais juste perdue. Et je n’osais même pas regarder mon frère, qui de ce que je voyais du coin de l’œil, ne bougeait pas. En même temps qui aimerait apprendre ce genre de chose hein ? Et dieu, heureusement que Solanà n’était pas là… Sincèrement… fermant brièvement les yeux, je baissais la tête avant de l’entendre bouger, la regardant je vis qu’elle me tendit un cheveu. Assez surprise de son initiative je relevais le regard vers elle avant de soupirer fortement. La pauvre elle avait dû traverser tant de chose… tout ça à cause de notre père égoïste. Savait-il qu’il avait une autre fille ? M’approchant d’elle, j’ignorais son cheveu avant de la prendre dans mes bras et la coller contre moi sans lui demander son avis. La serrant assez fort je fermais les yeux avant de caresser son dos. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Pas à elle. Elle n’y était pour rien… Et on le savait tous… Sentant mon frère nous rejoindre je soupirais avant de caresser ses cheveux et me reculer pour la regarder droit dans les yeux. « Je comprends mieux ton attitude tout à l’heure… » Soufflai-je dans un faible sourire en coin. « Ça a dû être très dur pour toi… Et je tiens à m’excuse pour notre père… » Ajoutai-je en caressant sa joue avant de reculer. « On ira faire le test ensemble okai ? Je ne vais pas juste prendre un de tes cheveux, je trouve ça… Déplacé. » « Ouais Nasty a raison, je viendrai avec vous si vous voulez. On ne va pas t’exclure surtout si tu fais partie de la famille. » Je confirmais. Mais… Mais Solanà… Nos regards se croisant avec mon frère on n’avait pas besoin de parler pour penser à la même chose. Solanà elle, allait faire chier son monde comme d’habitude. C’était la plus gueularde de la famille. Allant dans la cuisine, je pris un plateau avant d’y mettre des verres vides et sortir de quoi boire du frais et du sucré histoire de nous remonter un peu le moral. Posant même la vodka sur le plateau je vins le mettre sur la table basse avant de prendre le poignet d’Ebba et la faire s’assoir sur le canapé. « Tu veux boire un truc ? Un peu de sucre ne te fera pas de mal… » Dis-je en caressant ses cheveux sans la quitter du regard. Elle était si belle. Blonde au teint porcelaine comme moi. Nous étions les deux plus blanches de la famille. Et bizarrement ça me fit un peu sourire. Parce que je commençais à nous différencier…


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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyMer 9 Juil - 1:24

Ebba + Nastazià
Hello...
Je leur faisais du mal. A l'un comme à l'autre. Et cette conscience accrue me tiraillait les entrailles chaque seconde un peu plus. Je ne voulais pas leur faire de mal, surtout pas. Je souhaitais le contraire tout en sachant pertinemment que je n'avais aucun bonheur à leur apporter, que la vérité brute, moche et dégueulasse, d'une enfance faite de mensonges. Et je prenais l'apparence de ce mensonge, de ce mal qui s'imposait à eux, de cette trahison sournoise qui remettait tout en question, chaque seconde de leur existence depuis ma naissance jusqu'à ce jour. Et peut-être même avant ça. Qui sait ? Peut-être que ce père ne s'était pas contenté de nos mères respectives ? Je ne pouvais pas le savoir, je ne le connaissais pas... et aussi triste que cela puisse être, ils ne le connaissaient pas non plus. J'aurais voulu partir, fuir, disparaître de leur champ de vision et emporter la douleur avec moi, pour ne plus jamais qu'ils aient à souffrir à cause de moi, à cause de ma naissance, du simple fait que j'existe, que je vive, que je marche, parle, respire... dans la même pièce qu'eux. Voilà pourquoi je n'avais jamais rien tenté... pour leur épargner ça. Pour leur épargner moi. Je n'attendais plus qu'une chose : qu'elle récupère ce cheveu que je lui tendais, afin que je puisse disparaître et ne plus apparaître comme ce rappel constant du mensonge. Lorsqu'elle tendit la main, je cru qu'il s'agissait de cela, qu'elle allait récupérer cette preuve plutôt que mon poignet pour me prendre dans ses bras. Surprise, je n'étais capable que de ça, me laisser faire et m'en aller souplement atterrir contre son corps. Les bras contre mon flanc, je n'osais le moindre mouvement, la moindre respiration, je me figeais comme une idiote, me crispais comme une sotte. J'avais peur... Peur de ce qui allait suivre, peur qu'un mouvement, même infime, la fasse prendre conscience de son acte, la fasse changer d'avis. Pourtant, ses mains dans mon dos, la chaleur de son corps, la douceur de ses gestes, eurent raison de mon immobilisme, et bientôt mes bras s'enroulèrent à leur tour autour de ce corps presque aussi frêle et longiligne que le mien. Une boule... c'était ainsi que je me le représentais, une boule gigantesque, une boule qui ne cessait d'enfler, une boule qui avait été présente tout au long de ma vie et que j'avais tenté d'ignorer, cette boule grimpa en moi, dérangeant mes organes sur son passage, nouant mon estomac, égorgeant mes tripes, serrant ma gorge, écrasant ma trachée, avant d'exploser sur mes cils en un torrent chaud et délicieux qui dévala mes joues pour se répandre sur le tissu recouvrant une épaule. Je pleurais. Pas de tristesse, pas de bonheur non plus. Je pleurais de soulagement, je crois. Je pleurais en silence, comme tout ce que j'avais toujours fait dans ma vie. Je dansais en silence, je communiquais en silence, je respirais en silence, je vivais en silence, je pleurais en silence. Je n'étais que silence et discrétion. Pour ne pas dire invisibilité. J'étais désormais visible, et palpable, et... je comptais pour quelqu'un. J'existais pour quelqu'un. J'existais par quelqu'un, dans le regard de ce quelqu'un, dans les bras de ce quelqu'un. De ces quelques uns, puisqu'un autre corps venait d'échouer contre le mien. J'aurais voulu que cette étreinte ne s'arrête jamais. Parce que j'y étais bien, mais surtout parce que je pleurais. Je ne voulais pas qu'ils voient ça. Je ne voulais jamais que personne ne voit ça. Je n'avais pas traversé mon existence sans quelques larmes, mais je m'efforçais de ne le faire qu'en l'absence de témoin, seule, dans ma chambre. Lorsqu'elle se détacha, j'essuyais rapidement et discrètement mes joues d'un revers de main et m'extirpais à son regard. Elle le cherchait, pourtant, elle voulait s'y ancrer, et je me dérobais, par gêne, par honte, par fierté, un peu, aussi. « Je comprends mieux ton attitude tout à l’heure… » J'avais été ridicule, j'avais été paniquée, maladroite, stupide... « Ça a dû être très dur pour toi… Et je tiens à m’excuser pour notre père… » Non ! Non, elle n'avait pas à faire ça, elle n'avait pas à croire ça. J'aurais voulu lui dire, mais je préférais me taire, refouler mes larmes et accepter sa main contre ma joue. « On ira faire le test ensemble okai ? Je ne vais pas juste prendre un de tes cheveux, je trouve ça… Déplacé. » J'hochais la tête en silence. Toujours ce foutu silence dans lequel je me terrais. « Ouais Nasty a raison, je viendrai avec vous si vous voulez. On ne va pas t’exclure surtout si tu fais partie de la famille. » J'obliquais mon regard mouillé et surprit vers lui. Comment pouvait-il accepter ça ? Comment pouvaient-ils, tout deux, accepter ça si facilement ? Une inconnue débarque presque au milieu de la nuit, leur raconte une histoire, leur tend un cheveu, et immédiatement ils en font une des leurs ? Pourquoi n'étaient-ils pas méfiants ? Pourquoi m'acceptaient-ils de la sorte ? Pourquoi voulaient-ils de moi ? Sans que je n'ai le temps de le voir venir, je me retrouvais expédiée dans le canapé, un plateau plein à craquer devant moi et une main aimante allant et venant dans mes cheveux défaits. « Tu veux boire un truc ? Un peu de sucre ne te fera pas de mal… » J'avais la gorge sèche, l'estomac en vrac, et les idées pas très claires, mais... “Je... je ne bois pas d'alcool... enfin, très peu... Il ne vaut mieux pas.” je m'excusais en observant la bouteille de Vodka. Je ne faisais que ça, m'excuser. M'excuser d'être là, m'excuser d'exister, et m'excuser d'être anormale au point d'être russe et incapable de tenir l'alcool. Je mangeais trop peu pour ça. “Et je...” je ne touchais pas au sucre non plus. Mais préférant éviter cet aveu-là, bien moins rationnel, bien moins confessable, j'achevais par : “... je veux bien un verre d'eau. Vraiment. Ca m'ira parfaitement.” Je me sentais déplacée, étrangement dérangeant dans ce tableau familiale à la peinture encore fraiche. Pourtant, j'avais lancé les hostilités, on en était là par une succession d'évènements dont j'étais la seule responsable. Je ne pouvais plus fuir, désormais, pas avant qu'ils ne décident de me mettre à la porte. “Attends !” je soufflais, brusquement, en l'attrapant par le poignet avant qu'elle ne s'éloigne pour aller me chercher de l'eau, me surprenant moi-même de ma propre audace, voir du simple fait de prononcer un ordre. “Je ne veux pas que vous vous excusiez de quoique ce soit, ni l'un, ni l'autre, et certainement pas pour quelque chose dont personne n'est responsable. Je n'ai pas eu une enfance malheureuse, j'ai eu beaucoup de chance... Lui non plus n'est pas responsable. Je crois qu'il ne sait pas. J'en suis même sûre. Je ne prétends pas que ça aurait changé quoique ce soit, je ne le connais pas, je... C'était la décision de ma mère. Elle aurait pu ne pas me garder, elle aurait pu lui en parler. Elle ne l'a pas fait, et c'est très bien comme ça. J'ai reçu beaucoup d'amour, vraiment beaucoup...” Je n'étais pas à plaindre, je ne voulais pas qu'ils me plaignent. J'avais été heureuse, je l'étais encore aujourd'hui. Certes, je n'avais jamais roulé sur l'or, mais ce n'était pas le plus important. Eux avaient toujours été à l'abri du besoin, mais avaient-ils jamais été heureux ? Vraiment heureux ? Brusquement consciente que je tenais toujours son poignet, je le relâchais, et baissais la tête face à ma propre audace. Je venais de chambouler leur vie, et voilà que j'avais des exigences quant à la façon dont ils devaient me traiter, eux qui m'accueillaient comme jamais je n'aurais osé l'espérer. Oui, j'avais eu de la chance dans la vie, beaucoup chance, et ils en étaient la preuve évidente.   
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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyMer 23 Juil - 16:30


EBBA & NASTAZIA
Hello, is it me you're looking for ?  




« Je... je ne bois pas d'alcool... enfin, très peu... Il ne vaut mieux pas. » Il ne vaut mieux pas ? Elle ne tenait pas l’alcool réellement ? Oh… Fallait remédier à tout ça, surtout si elle faisait partie de la famille. « Et je... je veux bien un verre d'eau. Vraiment. Ça m'ira parfaitement. » Un verre d’eau ? Bon… Ma foi, si c’est ce qu’elle voulait, je n’allais pas le lui refuser, mais quand même l’eau n’allait pas la remettre sur pied. L’alcool ou du sucre serait mieux, mais ma foi. Peut-être qu’elle ne voulait pas risquer d’en boire pour la prise de poids ? Je ne savais pas trop. J’hochais la tête pour confirmer. J’allais aller lui chercher de l’eau du coup, puisque je n’en avais pas pris en fait. Fallait dire aussi qu’ici l’eau c’était vraiment mais alors vraiment en dernière option quoi … Me levant je me fis aussi tôt attraper par le poignet. Huhu. « Attends ! » Tournant le regard vers elle je fronçais les sourcils sans trop comprendre ce qu’elle voulait. « Je ne veux pas que vous vous excusiez de quoique ce soit, ni l'un, ni l'autre, et certainement pas pour quelque chose dont personne n'est responsable. Je n'ai pas eu une enfance malheureuse, j'ai eu beaucoup de chance... Lui non plus n'est pas responsable. Je crois qu'il ne sait pas. J'en suis même sûre. Je ne prétends pas que ça aurait changé quoique ce soit, je ne le connais pas, je... C'était la décision de ma mère. Elle aurait pu ne pas me garder, elle aurait pu lui en parler. Elle ne l'a pas fait, et c'est très bien comme ça. J'ai reçu beaucoup d'amour, vraiment beaucoup... » Pinçant mes lèvres, je soupirais avant de m’assoir à nouveau sur le canapé à côté d’elle. Je pouvais comprendre son point de vue, mais elle ne connaissait pas notre famille, elle ne savait pas les relations que nous avions avec nos parents. Nous ne parlions plus à mon père. Pour ma part depuis mes seize ans, mais mon frère et ma sœur depuis leurs dix-huit ans. Soupirant quelque peu, je pris sa main dans la mienne avant de lui faire un sourire aussi chaleureux que possible. « Tu sais, tout ce que nous pouvons faire c’est nous excuser, parce que notre père, on ne lui parle plus depuis bien trop longtemps… Je ne sais pas si tu rêves de le rencontrer mais… Je doute que ça soit possible. Enfin, on ne t’en voudra pas si tu vas e Russie pour le voir. Mais ici… Hormis nos grands-parents on ne parle plus à notre père. » Dis-je en souriant faiblement. D’ailleurs… Quand le grand père allait apprendre ça… Outch. Mon père allait surement en prendre pour son grade. La mafia ça ne pardonnait jamais. Lâchant sa main, je me levais pour prendre une bouteille d’eau au frais avant de revenir et remplir son verre. Le lui posant devant elle je me laissais à nouveau tomber sur le canapé croisant mes jambes avant de me tourner un peu vers elle. « Tu veux manger un truc ? Tu as l’air d’avoir un peu besoin de sucre. Il a dû t’en falloir du courage pour venir jusqu’ici… » En fait… Je crois que je n’aurais pas aimé être à sa place… ça devait juste être affreux. « Au fait… Tu as quel âge ? »[/color] ça m’intriguait quand même un peu en fait.


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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyJeu 24 Juil - 2:11

Ebba + Nastazià
Hello...
Je l'avais interrompue dans son geste. Elle s'était écartée, très certainement pour rallier la cuisine et me ramener l'eau que j'avais osé demander, lorsque je l'avais saisie par le poignet, mon audace me surprenant moi-même. J'ôtais ma prise immédiatement, mais le mal était fait, et déjà elle contournait le canapé, revenant sur ses pas pour se joindre à moi sur l'assise. Mince, j'étais vraiment idiote. Ou folle. Ou la folie me rendait idiote. Une folie née de l'angoisse et d'un secret trop lourd à porter seule. Des années que je me promenais avec ce fardeau sur les épaules sans même parvenir à m'en délester ne serait-ce qu'une petite minute. Ils avaient été avec moi tout le temps, continuellement, du jour où j'avais appris notre filiation jusqu'à aujourd'hui. Sauf qu'à la différence d'hier, aujourd'hui ils étaient réels, palpable, et pas simplement découpés dans les magazines et épinglés sur l'intérieur de mes portes de placard ou tout autour du miroir de ma salle de bain. Voilà aussi pourquoi je ne laissais personne dépasser le salon, entrer plus avant dans mon appartement, non pas de crainte qu'on découvre mon dirty little secret, puisque personne n'aurait été en mesure de faire le rapprochement sans un semblant d'explication, mais de peur qu'on y voit là la preuve de ma folie. Parce qu'il fallait être un peu folle pour se comporter ainsi. Tout comme il fallait être un peu folle pour débarquer ici en pleine nuit et tout déballer au bout de plusieurs années de silence. « Tu sais, tout ce que nous pouvons faire c’est nous excuser, parce que notre père, on ne lui parle plus depuis bien trop longtemps… Je ne sais pas si tu rêves de le rencontrer mais… Je doute que ça soit possible. Enfin, on ne t’en voudra pas si tu vas e Russie pour le voir. Mais ici… Hormis nos grands-parents on ne parle plus à notre père. » Elle avait récupéré ma main, et je ne parvenais à en détacher mon regard, ma main fine et blanche perdue dans la sienne, fine et blanche... J'avais tant retenu ma langue que lorsque, enfin, je m'étais autorisée à parler, tout c'était mélangé. J'avais donné trop d'informations en même temps, et Nastazià n'en avait pas retenu la moitié. Il faut dire qu'avec ce que je venais de lui annoncer, son esprit n'avait pas du se focaliser sur autre chose que l'essentiel, à savoir : ils avaient une soeur de plus. Alors oui, je leur avais déjà dit que je n'avais aucune intention de rencontrer ce père qui n'était le mien que d'un point de vue génétique, mais j'étais prête à le répéter, secouant la tête en détachant enfin les yeux de nos mains. “Non... Non, je... Je n'ai pas vraiment envie de le rencontrer. Je n'en ai jamais eu envie, malgré la promesse que j'ai faite à ma mère.” Elle s'était relevée et éloigner, me laissant en tête à tête avec un demi-frère qui ne disait mot mais qui m'inspectait des pieds à la tête. A quoi pensait-il ? Essayait-il de déceler en moi ce que j'avais cherché à déceler en eux : un air de famille ? « Tu veux manger un truc ? Tu as l’air d’avoir un peu besoin de sucre. Il a dû t’en falloir du courage pour venir jusqu’ici… » Nastazià était revenue et récupéra mon attention. Je m'emparais du verre qu'elle m'avait préparé, et hydratant ma gorge sèche, je secouais à nouveau la tête. Non, je ne voulait rien manger, et non, je n'avais pas besoin de sucre, juste d'un peu d'équilibre mental. J'avais l'impression d'avancer sur un fil, le vide tout autour, risquant la chute à chaque pas, le vent faisant tanguer la ligne. “Pas du courage...” je répondais à sa dernière question après avoir avaler. “Juste une absence totale de raison. Je suis désolée, je... ça ne se fait pas. J'aurais du m'annoncer, ou au moins attendre que le soleil soit levé... j'ai paniqué. C'est ridicule, vous devez me prendre pour une folle. Je ne fais jamais ça d'ordinaire, je suis quelqu'un de très respectueux.” Je préférais les prévenir, parce que niveau bonne première impression, je ne rentrais pas vraiment dans les critères. « Au fait… Tu as quel âge ? » Ca aussi, je le lui avais déjà dit, mais encore une fois, vu le torrent d'informations qu'elle venait de recevoir, j'imaginais sans mal qu'elle puisse passer à côté de certaines d'entre-elles. “J'ai eu 23 ans...” je répondais en osant à peine les regarder, l'un comme l'autre, cette information certifiant le caractère adultère de leur père. De notre père. “... aujourd'hui.” j'ajoutais d'une voix plus ténue encore. Je ne leur retournais pas la question, je connaissais leurs âges. A vrai dire, je n'avais pas grand chose à apprendre d'eux. Eux, par contre... “C'est pour ça qu'Islay m'avait invité à cette soirée. Je ne savais pas que tu y serais, ce n'était pas du tout un guet-apens. Je ne savais même pas que j'y serais une heure plus tôt. Je ne pensais rien faire de particulier, mais il a débarqué chez moi avec une robe, alors...” Je n'avais pas su lui dire non, bien que le malaise et l'appréhension m'aient envahie sur l'instant. Et finalement, j'avais été plutôt ravie d'y être. Du moins, jusqu'à l'arrivée de Nastazià. “Je n'étais pas prête, j'ai eu peur. J'ai agis comme une idiote parce que j'avais peur que tu me reconnaisses. C'est pathétique, non ? Comment tu aurais pu reconnaître quelqu'un que tu ne connais même pas ?” je laissais échapper un rire nerveux que je tentais de faire passer avec une nouvelle gorgée d'eau. Joyeux anniversaire, Ebba.   
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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyMer 30 Juil - 15:36


EBBA & NASTAZIA
Hello, is it me you're looking for ?  




Elle faisait… vingt-trois ans aujourd’hui. Aujourd’hui. Et en plus elle avait vingt-trois ans. Juste un an de moins que Solanà et Ambroise… Je n’osais pas regarder mon frère, qui lui devait se sentir plutôt mal. Il n’avait pas perdu de temps pour tromper notre mère et je trouvais ça juste horrible. Je n’avais pas de souffrance quelconque pour ma mère, non, je l’avais pour mon frère et ma sœur. Me pinçant les lèvres, je baissais la tête sans rien dire. En fait, je ne savais pas quoi dire. Ni quoi faire. Je me sentais surtout stupide. Même si je n’y étais pour rien. Mais voilà, c’était ce que je ressentais. Et je n’y pouvais rien de ressentir ce genre de sentiment. « Joyeux anniversaire. » Relevant la tête en entendant mon frère lui souhaiter son anniversaire je fronçais les sourcils avant de faire de même. « Oui, joyeux anniversaire. » Ajoutai-je d’une petite voix. On avait un enthousiasme du feu de dieu. Raclant ma gorge, je nous servis un verre de vodka, à mon frère et moi avant de le boire cul sec pour ma part. Me resservant je déglutis longuement avant d’en boire simplement trois gorgées. Posant le verre un peu sèchement, je me pinçais les lèvres à nouveau avant de regarder Ebba. « Ton courage, ou… Ta non prise de conscience, ou appel ça comme tu le voudras, est tout de même courageux. Tu te doutes bien qu’il va nous falloir un moment pour encaisser la nouvelle… D’autant plus que tu n’as qu’un an de moins qu’Ambroise et Solanà… » Dis-je doucement en passant ma main dans mes cheveux. J’osais à peine imaginer la réaction de Solanà quand elle allait l’apprendre. Elle allait faire un scandale comme d’habitude. Elle et son caractère de merde. Finissant finalement mon verre je soupirais fortement avant de regarder le plafond et me mettre à rire franchement. Cette situation, me faisait rire ? Non. C’était juste les nerfs. Je me trouvais stupide de rire ainsi, mais je riais un bon moment avant de me contrôler et d’arrêter de rire. « Pardon, pardon. La situation est mal choisie pour rire. Les nerfs. » Dis-je devant leur regard qui devaient surement être choqués. Je ne préférais pas les regarder. « Ecoute, Ebba…Laisse nous ton numéro de téléphone, il serait préférable que tu t’en ailles. Avant que Solanà ne rentre… Je te contacterai quand on lui aura dit… Je vais te payer le taxi. » Dis-je en me levant avant de fouiller dans mon sac à main. Lui tendant un billet de cent dollars je souris faiblement. « Garde la monnaie. Je ne te chasse pas… Mais… Solanà… Est… » « Une folle. » Finis mon frère. « On peut dire ça comme ça. » Ajoutai-je. « Elle pourrait te tuer. » « Aussi. » M’enfin là, on allait lui faire peur.


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MessageSujet: Re: Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? Ebba & Nastazià - Hello, is it me you're looking for ? EmptyMer 30 Juil - 17:32

Ebba + Nastazià
Hello...
Ils se montraient avenants. Trop avenants. Et affectueux. Trop affectueux. Je n’aurais pu rêver meilleur accueil, mais il avait quelque chose d’un peu trop bien vécu qui me mettait mal à l’aise, comme si j’étais tombée dans une réalité parallèle peuplée de d’androïdes nous ressemblant en tous points sans pour autant être capables d’éprouver des émotions. Des émotions néfastes, je veux dire. J’avais vu un film comme ça, une fille débarquait dans une communauté où tout le monde était au petit soin pour elle, la flattant, la câlinant, l’adorant, avant de lui bouffer le cerveau en pleine nuit. Est-ce la raison pour laquelle ils voulaient absolument me faire manger ? Pour m’engraisser un peu. Evidemment, si mon esprit digressait de la sorte c’était essentiellement mon malaise qui en était la cause. J’avais débarqué chez de parfaits inconnus en pleine nuit -du moins, s’ils ne m’étaient pas inconnus, c’est ce que je devais être à leurs yeux- pour leur annoncer que j’étais leur soeur et que, comble de l’ironie, c’était également mon anniversaire. S’ils avaient plutôt bien accepté tout le reste -trop bien, même, puisque j’en venais à penser qu’ils étaient, éventuellement, des robots suceurs de cerveaux- ma date de naissance et mon âge semblèrent déclencher quelque chose dans leurs esprits, levant le voile insensibilisant pour les rendre... normaux. « Joyeux anniversaire. » lança Ambroise sans réel enthousiasme, rapidement imité par sa soeur. « Oui, joyeux anniversaire. » BOOOM ! Ascenseur émotionnel, je me faisais l’effet d’une sous-crotte. L’espace d’un instant j’avais été l’enfant prodigue et inattendu. Désormais j’étais l’épine dans une voûte plantaire. Et ça faisait mal. « Ton courage, ou… Ta non prise de conscience, ou appelle ça comme tu le voudras, est tout de même courageux. Tu te doutes bien qu’il va nous falloir un moment pour encaisser la nouvelle… D’autant plus que tu n’as qu’un an de moins qu’Ambroise et Solanà… » Oui, je savais tout ça. Oui, j’avais déjà pensé à tout ça. Voilà pourquoi je n’étais jamais venue, pourquoi je ne m’étais jamais fait connaître, parce que j’étais... l’autre. La presque simultanée. Parce qu’il était plus que probable que j’avais été conçue alors même que leur mère était encore enceinte des jumeaux. Nastazià se mit à rire, d’un rire étrange, d’un rire douloureux, d’un rire qui n’avait rien de communicatif tant il témoignait du mal-être de l’autre. Et je baissais la tête pour ne pas pleurer. Elle s’excusa, les nerfs disait-elle, mais je ne relevais pas la tête pour autant. Je n’étais pas prête. Je ne l’avais jamais été. « Ecoute, Ebba…Laisse nous ton numéro de téléphone, il serait préférable que tu t’en ailles. Avant que Solanà ne rentre… Je te contacterai quand on lui aura dit… Je vais te payer le taxi. » Je ne savais plus trop quoi dire. Savais-je encore parler ? Je ne faisais qu’observer ce billet de cent qu’elle venait de me planter dans la main en m’invitant à garder la monnaie. Non, elle ne venait pas juste de faire ça, pas vrai ? Elle... ? « Garde la monnaie. Je ne te chasse pas… Mais… Solanà… Est… » avait-elle dit, avant que son frère ne finisse pour elle. Une folle. « Elle pourrait te tuer. » « Aussi. » Mais je n’écoutais plus. Je me contentais de, très lentement, tirer un stylo de mon sac, ainsi qu’un vieux ticket de caisse au dos duquel je notais mon numéro et mon adresse, avant de déposer le tout sur la table, en compagnie de ce ridicule billet qui m’insultait plus qu’autre chose. De la maladresse, certainement, je ne pouvais croire qu’il s’agisse d’autre chose. Simplement une maladresse de la part d’une femme qui n’avait pas le même rapport que moi à l’argent. Puis je me relevais, forçant un sourire que j’espérais crédible, mes yeux ne s’arrêtant que très peu sur chacun d’entres eux, de peur qu’ils puissent y lire ce que je ressentais trop fort, trop violent. “Bonne nuit.” je disais alors, étirant un peu plus mon sourire avant de tourner les talons, et m’autoriser à le perdre. “Et désolée, encore, pour... pour tout.” je soufflais sans me retourner, ouvrant cette porte qui, bizarrement, cette fois, ne me résista pas. J’aurais pu lancer un ‘à bientôt’ mais je n’y croyais pas, je n’y croyais plus, et préférais refermer la porte sur moi, refermer cette frontière entre eux et moi, entre mon existence et cette vie sans moi. Et ce ne fut qu’une fois dans l’ascenseur, portes closes, que je m’autorisais enfin à pleurer. De toute mon âme. De tout mon soûle.


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