« je vais à la bibliothèque !»

Oui ma fille, on y croit, enfin surtout tes parents pour le coup. La jeune femme venait de partir en trombe de chez elle pour avoir à éviter de ce justifier. Pourtant il n’était pas rare de la voir partir pour la bibliothèque, seulement voila elle ne savait absolument pas mentir et si elle avait croisé le regard de sa mère au moment de partir, cette dernière se serait tout de suite rendu compte que sa fille allait de partout sauf à la bibliothèque. L’année scolaire était bientôt terminée pour Abby et elle s’était mit en tête de se faire de l’argent de poche histoire de s’émanciper. Légitime à 18 ans, on à pas toujours envie de demander à ses parents une pièce pour prendre un ticket de métro et encore moins un billet pour sortir, parce que les parents d’Abbigael n’étaient pas au courant de ses virées nocturnes, quand elle faisait le mur pour se rendre dans les soirées les plus sympas de la ville. Se faire de l’argent donc, mais pas en travaillant dans n’importe quoi. Serveuse dans un fastfood pour sentir la frite en fin de journée était une conception très éloigné du glamour et serveuse de bar avec son physique, aurait surement été un véritable cauchemar, des heures à encaisser avec le sourires les blagues lourdes des clients quand il ne fallait pas répèter cent fois qu’une serveuse n’est pas autorisée à donner son numéro pendant le service et que de toute façon, même après le service on n’en veux pas de ton numéro tu sais coco.

Car effectivement, Abby à toujours été jolie. Mais pendant l’adolescence elle était jolie sans plus, surtout à la triste période pré-adolescente ou elle portait un appareil dentaire, un portrait loin d’être un piège à homme donc, surtout qu’en tant que chrétienne pratiquante, le moins qu’on puisse dire c’est que les garçons étaient loin d’être sa priorité.Encore vierge à ce jour, la demoiselle portait encore un anneau de pureté pour faire plaisir à ses parents et qu’elle enlevait dès que la première occasion se présentait, car rester vierge jusqu’au mariage était un projet passé à la trappe depuis bel et bien longtemps. Qui aurait crut alors, que plus elle approcherais l’age adulte, plus ce visage poupon qu’on lui connaissait jusqu’à tardivement dans ses années lycée ce serait transformée en arme de destruction massive naturelle ? Du haut de ses petits 18 ans, Abbigael est l’heureuse propriétaire d’un corps à damner le plus valeureux des saints, un comble, quand on connait sa réputation de pride dont elle aimerait bien se débarrasser. Un comble mais aussi une aubaine, puisque le regard que les hommes posaient sur elle était loin de la choquer aujourd’hui.

Justement aujourd’hui, la jeune femme n’avait plus envie de se laisser dicter sa conduite par ses parents, et encore moins par la religion, c’est pour ca qu’elle avait décider de donner une chance à ses atouts physique en se jetant à corps perdu dans le mannequinat, mais, par ou commencer ? Et bien par les petites annonces tout simplement. Si Maël l’avait vu faire ce matin la, il serait certainement venu lui taper sur les doigts, et lui conseiller de passer par une agence plutôt que de se lancer à l’aveuglette dans des plans un peu obscurs. Oui mais voila, parmi toutes les annonces dont la plupart étaient difficiles à déchiffrer, une en particulier s’était détaché du lot: un photographe recherchait un modèle pour une séance photo, jusque la, la banalité de l’annonce était à mourir de désespoir, jusqu’à ce qu’elle lise le nom du photographe en question: Nathaniel Turner.

Parce qu’il faut savoir que pour se débarrasser de sa réputation, Abbigael n’a pas trouvé moins radical que de se débarrasser de sa virginité au passage. Ca ne veux pas dire qu’elle serait prête à la brader à n’importe qui, mais après quelques tentatives un peu infructueuses, elle avait décider de trouver une «cible», ou plus romantiquement parlant, trouver quelqu’un qui pourrait être à la hauteur de ses attendes. «Rien que lui» vous allez me dire. Rien que lui. Pourtant on ne peux pas dire que Nathaniel soit le prototype de l’homme pour lequel elle aurait craqué à coups sur mais voila, puisqu’il faut une première fois à tout pourquoi avec un autre et pas avec lui ? Pour peu qu’il l’autorise à apprendre à le connaitre, Abbigael était complètement convaincu qu’il n’y avait pas de raisons pour que ca se passe mal. «Petite» ombre au tableau ceci-dit, jusqu’à présent lui n’avait pas conscience de l’existence d’Abbigael sur la surface terrestre ce qui pose un réel problème. Abbigael ayant gardé une trace de ces années de conditionnement religieux il faut dire que même une des personnes les plus extravertie ne trouverait pas le culot de se pointer comme une fleur style «hey salut on se connait pas mais j’aimerais bien te connaitre moi, et accessoirement de perdre ma virginité avec toi si ca te dit de t’en charger». Rien que d’y penser, il y avait de quoi s’étouffer sur place. Cette annonce tombait comme un don du ciel, ou plus rationnellement comme une heureuse coincidence. Elle avait alors prit son courage a deux main et s’était proposée pour la séance photo sans même savoir de quoi il s’agissait. Lui, à sa candidature, lui avait donné rendez-vous. Il ne l’avait jamais vue, mais ca ne semblait pas vraiment lui poser problèmes, selon ses directives elle n’avait qu’a passer le voir, si elle convenait pour la place de model alors ils pourraient passer à la séance photo.

Prétextant aller à la bibliothèque, Abbigael était donc en route pour l'endroit du rendez-vous, et elle n’arrivait pas à se concentrer. Elle avait le tract et c’était tout à fait justifiable. Elle avait beau essayer de se mettre en condition et de se dire qu’il fallait qu’elle reste professionnelle, vu les intentions qu’elle avait à son égard elle se demandait comment faire pour les masquer sans non plus risquer de rater une bonne occasion de faire passer le message. Elle avait mit la musique dans sa petite voiture, et elle se détendait en chantant les paroles à tue tête. Ca ne marchait pas. Oui elle avait prit le temps de se rentre fraiche et présentable, oui elle avait choisit une tenue certes sobre mais toujours plus avenante que ce qu’elle se mettrais sur le dos pour aller à l’église du dimanche et oui, surtout, de toute façon il y avait très peu de risques, voir aucuns, qu’il ne la trouve pas assez bien pour ses photos avec le physique qu’elle avait. Oui mais voila, lui allait s’intéresser à son physique de son point de vue de photographe et elle n’arrivait pas à se sortir de la tête que le risque était qu’il la trouve parfaite pour ses photos, mais pas assez bien pour lui. D’autant plus que ce serait sa première expérience en tant que model et que si elle n’était pas capable d’assurer devant l’objectif, il ne lui trouverait sans doute aucun intérêt. C’est sur tout ce débalage de questions existentielles qu’elle avait fini par comprendre que le meilleur moyen de séduire ce mec, était de séduire d’abord son appareil photo. Pas la pression du tout en somme. Un peu plus confiante quand même elle sorti de sa voiture après s’être garée en face du batiment dans lequel il devait y avoir un studio de photos, elle prit une grande respiration et surtout son courage pour traverser la rue et appuyer sur l’interphone.