Elle ne savait pas vraiment comment elle en était arrivée là, mais toujours est-il qu’elle était là. Debout dans l’entrée du supermarché, Kali regarda vite fait la liste qu’elle tenait dans la main en fronçant les sourcils. La plupart des choses inscrites dessus, elle n’était même pas capable de dire où elles se trouvaient dans le magasin. Elle s’avança en pestant intérieurement contre sa sœur. Pour une fois qu’elle voulait rendre service et faire les choses biens, il fallait que ce soit si compliquer. Elle soupira et s’avança un peu dans le supermarché. Elle marchait le long des allées sans vraiment savoir comment s’y prendre, elle se disait que faire tous les rayons étaient sûrement la meilleure solution mais elle avait conscience du temps énorme que cela prendrait et du temps, elle n’en avait pas. Enfin si, elle en avait mais elle avait mieux à faire que de le gâcher en passant des heures ici.
Elle se décala pour éviter un gamin qui visiblement ne savait pas regarder devant lui. Si le fait de faire les courses ne lui était pas déjà assez désagréables, il fallait en plus que Kali supporte le monde qui se trouvait dans le supermarché. Et le monde, il n’y en avait pas qu’un peu. L’idéal pour elle, ça aurait été un magasin vide où il y aurait juste elle, où les gens seraient tous partis pour la laisser en paix. Elle songea que c’était dommage qu’ils n’aient pas cette présence d’esprit. Faire preuve d’intelligence une fois de temps en temps, ça leur changerait un peu pour la majorité.
Elle s’arrêta perplexe devant un étalage de fruits ; Sur la liste Noko avaient écrit simplement fruits. Hors ici, il y avait plus qu’une sorte de fruits. Il y en avait pas mal en fait, beaucoup trop au goût de Kali. Sa sœur aurait pu se montrer plus précise, faire comme elle quoi parce que quand Kali voulait des chips elle ne disait pas juste qu’elle voulait des chips, elle précisait aussi à quel parfum elle les voulait. Elle attrapa les premiers fruits qui lui tombaient sous la main et les mis dans le sac avec le reste. Ça avait intérêt à lui convenir, au pire, Noko rachèterais ce qui manque, ça ne changerais pas beaucoup de l’habitude.
Elle essaya de finir le reste des courses en vitesse mais resta de nouveau interdite lorsqu’elle voulut acheter le beurre. Il y en avait pleins de différents, c’était étrange. Pourquoi il n’y en avait pas qu’un seul ça aurait été tellement plus simple. Décidément, elle ferait bien de les faire plus souvent pour que ça cesse d’être une épreuve. « Noko, tu m’énerves. » Cette fois, elle avait pesté à voix haute sans se soucier des gens autour d’elle. Au pire, ils la prendraient pour une folle et ça ne changerait pas beaucoup non plus.

En général, les gens ne venaient pas vers Kali. Il devait y avoir quelque chose en elle qui les empêchait de venir vers elle ou encore il devait être comme les chiens qui sentent quand les personnes ne les aiment pas et qui ne viennent donc pas vers ces personnes. Enfin Kali n’avait rien contre les chiens, en revanche les gens l’insupportaient. Et alors qu’elle était devant un nombre impressionnant de variété de beurre, en train de s’énerver contre sa sœur et sa liste de courses à la noix, se faire déranger par quelqu’un était sûrement la dernière chose qu’elle désirait. D’ailleurs elle aurait pu être en train de faire la plus désagréable des choses que se faire déranger l’aurait quand même insupporté. Et pourtant, elle entendit une voix surgirent de derrière elle. Elle n’y prêta d’abord pas attention, croyant que ça ne lui était pas adressé. Après tout, il y avait des millions de gens dans ce magasin – enfin million était sûrement un peu exagéré mais soit – et il y avait très peu de chance pour qu’on lui adresse la parole à elle. Mais après quelques secondes, elle de tourna et se trouva face un homme. Il ne devait pas être beaucoup plus âgé qu’elle et il était plutôt banal : brun, de taille normal, de poids normal et avec des yeux normaux - elle avait regardé si vite qu’elle n’était même pas en mesure de dire quelle couleurs ils avaient – en somme, c’était exactement le genre de personnes à côté de qui elle aurait pu passer sans le remarquer si celui-ci ne lui avait pas adressé la parole. Oui, parce qu’elle avait fini par comprendre que c’était bien à elle qu’il adressait la parole. Trop surprise pour vraiment réagir, elle se contenta de froncer les sourcils en se demandant ce qui clochait dans la tête de ce gars pour qu’ils viennent lui demander comment elle allait alors qu’ils ne se connaissaient pas. Un doute lui envahi alors l’esprit, elle le connaissait peut-être elle n’en savait rien, il était le type même de personne qu’elle aurait pu oublier par inadvertance. Ou simplement l’avait-il entendit râler contre sa sœur, c’était sûrement l’explication la plus probable d’ailleurs. « Ca va très bien merci. Je fais mes courses. » Elle avait utilisé un ton sec et lui avait lancé un regard peu encourageant Si il était doté d’un tant soit peu d’intelligence, il passerait son chemin.

Kali avait reporté son attention sur le rayon devant elle. Il était évident pour elle que la conversation était terminée et que l’inconnu allait poursuivre sa route sans poser plus de questions. Mais apparemment elle avait eu tord de croire un peu plus tôt qu’il était un tant soit peu doté d’intelligence car ce dernier lui adressa de nouveau la parole. « & ... quelque chose qui vous tracasse non ? Vous n'avez peut être pas l'habitude de faire les courses ? » Elle failli l’ignorer mais elle n’était pas certaine que cela arrêterait l’individu dénué de pouvoir de réfléchir qui se trouvait derrière elle. Si elle avait du trouver quelqu’un a qui le comparer, son choix ce serait porter sur Rantanplan, en effet elle ne pensait pas connaître personnage plus débile que ce chien. D’ailleurs, il devait bien avoir un nom dans ce genre-là, qui montre sa stupidité. Elle se détourna de nouveau et le dévisagea. « Si il y a quelque chose qui me tracasse… Je pense bien que si c’était le cas, ce n’est pas à un parfait inconnu que je viendrais en parler. » Elle avait un ton cassant, le genre de ton qu’elle utilisait souvent quand elle était contrarié ou quand on l’importunait comme maintenant. « Quand aux courses je me débrouille très bien pour les faire, et je ne vois pas en quoi cela vous regarde. » Et en plus elle avait l’habitude de faire les courses, elle n’avait juste pas l’habitude de les faire bien comme les ferait sa sœur, ni celle de faire des efforts. Elle devait vraiment être malade aujourd’hui d’ailleurs pour avoir décidé d’en faire. En tout cas, vu comme elle venait de lui parler elle était certaine que Rantanplan allait lui foutre la paix. Elle se retourna et attrapa le premier paquet de beurre qui lui passait la main désireuse de finir ses courses au plus vite, ça allait faire l’affaire.

« Arrêtez de vous cacher, y a des choses qui se voient. Vous ne pouvez pas me cacher ca, on ne se connait pas d'accord. Mais vous feriez mieux d'en parler à quelqu'un. En tout cas, moi je suis là ! » Kali fronça les sourcils. Décidément, Rantanplan, enfin son nom d’adoption, parce qu’il était vraiment demeuré. Et elle, elle ne pouvait même pas continuer ses courses en paix. Décidément, elle avait eu la malchance de tomber sur un cas, il devait être certainement pire qu’elle ou en manque désespérément d’amour et d’attention. Si c’était ça, il devrait s’inscrire sur un site de rencontre où il pourrait rencontrer des filles toutes aussi désespérées et en manque d’amour que lui. Elle posa son sac qui commençait à se faire lourd sentant qu’elle n’avait pas fini de supporter l’étrange individu en face d’elle. « Bon… écoutez… Je doute que le fait que je ne sois pas habituée à faire mes courses correctement en suivant la liste devant ma sœur soit un problème susceptible d’être raconté qui que ce soit. Mais enfin dites-moi, c’est important que je confie à quelqu’un cet énorme manque qui me fait souffrir à un point inimaginable. Je me sens tellement nulle de ne pas savoir faire ça. » On ne pouvait pas ignorer le ton sarcastique qu’avait utilisé Kaliska, elle avait trouvé la manière de dire les choses de l’autre tellement ridicule. Enfin, le pauvre devait avoir besoin de se sentir utile, elle n’allait pas l’empêcher de le faire s’il en avait si envie. « Si vous avez tellement besoin de vous rendre utile, aidez-moi donc à finir mes courses, comme ça, à défaut de m’écouter vous régleriez mon problème. » Elle soupira et espéra que cette fois il n’allait pas chercher à discuter encore. « Par contre, on m’a appris à ne jamais parler aux inconnus. » Ca c’était sa manière à elle de lui demander son nom, elle ne voulait pas risquer de l’appeler Rantanplan par mégarde, elle n’était pas certaine qu’il apprécie ça.

« Bon, si vous le prenez comme ca ! » Si elle avait su que pour se débarrasser de lui, il suffisait d’accepter un peu son aide, elle l’aurait fait plus tôt. Enfin soit, si il partait enfin c’était aussi parce qu’elle s’était montrée désagréable au plus haut point et froide mais le résultat était le même, il s’en allait. Kali ne pouvait tout de même s’empêchait de se poser des questions. Parce qu’il avait décidé de partir au moment où elle avait fini par accepter qu’il la suive un peu, il avait l’air d’avoir tellement besoin d’aider quelqu’un, elle s’en serait voulu qu’il importune quelqu’un d’autres parce qu’elle avait refusée son aide. Quoique non, en fait elle n’en aurait rien faire, il pouvait embêter qui il voulait, ça lui était complètement égal. Kali s’était retourné tranquillement et s’apprêtait à récupérer son panier quand elle entendit à nouveau qu’il lui parlait. « Laissez moi juste vous dire, que vous manquez quelque chose» Elle leva les yeux au ciel et soupira. Décidément, il n’avait pas l’air décidé du tout à partir, ou du moins il n’avait pas l’air décidé à partir sans lui montrer à quel point elle regretterait qu’il ne soit plus là. Ce dont, bien sûr, elle doutait fortement. Elle se retourna et le regarda un long moment avant de parler. « Ah oui ? Et je manque quoi dites-moi ? Le droit à une séance de psy gratuite ? L’occasion de découvrir mes problèmes les plus profondément enfoui dont j’ignore l’existence mais dont vous, bien sûr, vous êtes au courant ? Ou encore, est-ce que je manque l’occasion de rencontrer un garçon formidable ? » Tout ce qu’elle venait de dire était teinté d’ironie évidemment, elle essayait de pointer du doigt le manque de modestie évident de son interlocuteur lorsqu’il avait dit sa dernière phrase. « Je vais me voir obligé d’insistez pour que vous restiez dans ce cas, je m’en voudrais TELLEMENT de manquer quelque chose de ce genre. »