❝The Good Rebel❞

Une journée exécrable était derrière lui lorsqu’il reçut un appel provenant du poste lui demandant -à lui et à son coéquipier- de bifurquer de la cinquième en direction de Harlem. Le gyrophare qui faisait son chichi fut actionné précipitamment tandis que Hendrix appuyait davantage sur la pédale d’accélérateur, titillant les nerfs de ses collègues. Une urgence était une urgence, songea-t-il. Lorsqu’il freina sec sur l’asphalte, le véhicule était immobilisé près d’un attroupement de jeunes, des « déjantés » férus de danse urbaine ou autre expression pitoyable de ce qu’ils appelaient leur « art ». Peu importait les raisons de ce rassemblement, peu importait s’il y avait des mauvais ou des bons, tous les troublions furent embarqués, sans distinction. « Lopez, vérifie les papiers du crooner à ta gauche…il fait un peu trop de zèle à mon goût ». L’officier s’était exécuté tandis qu’il passait les menottes à une blonde filiforme lookée Streetwear dont l’attitude ne lui plaisait guère. « Un sourire, mademoiselle. Votre carrosse est affrété » avait-il soufflé railleur alors qu’il ouvrait la portière de sa voiture de fonction, installant la jeune femme sans ménagement. « Garetti, tu peux conduire Cendrillon au commissariat, j’ai quelques trucs à régler avant. N’amoche pas le papier brillant ». Il s’engouffra dans ce qui ressemblait à une horde et disparut.

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« Hendrix, le bonbon t’attends dans la salle d’interrogatoire. On l’a placé-là faute d’espace…les cellules sont toutes surchargées. D’ailleurs, tu pourrais demander au poste de Brooklyn de nous prêter les leurs ? » Il leva le regard sur l’inspecteur qui attendait sa réponse sur le qui-vive : « Vois ça avec Garetti, ‘l’est où c’couillon ? C’pas dans l’contrat mon grand, débrouille-toi ». Trey s’empara du dossier qui trônait impérialement sur son bureau- déposé à cet endroit par « le couillon »- et se dirigea d’une démarche dextre en direction de la SI. Il se pencha quelques peu pour distinguer une silhouette féminine se dessiner de l’autre côté du « hublot » et ouvrit la paperasse pour en savoir plus sur la blondinette. Il l’entendit appeler à « l’aide » et sourit. Il poursuivit sa lecture un bon moment avant de prendre part à la fête : « Les conditions de détention Comtesse O’Maley c’est tout c’qu’on a ici. J’suppose que ça doit vous changer des suites au Plaza » cracha-t-il, nonchalant. Il vint s’asseoir face à elle, un sourire fin en coin de lèvre. Il reprit brièvement le document des yeux puis releva ses iris sur elle : « Votre dossier est plutôt clean. Pas d’infractions majeures, pas de délits ni même de crimes. Le contraire m’aurait étonné. En même temps, avec un patronyme comme le vôtre… » il insinuait ce que tout bon citoyen aurait pensé : papa devait avoir le bras long. Il déposa un bloc sténo sur la table qui les devançait, sorti un stylo et se prépara à prendre la déposition : « Manuellement, comme au bon vieux temps » soupira-t-il agacé par cette régression puis poursuivit : « Ce n’est pas tous les jours qu’on vous demande une interview, hein ? » lacha-t-il moqueur puis ajouta : « Et après, ce sera au tour de l’autographe » Visiblement la donzelle n’était pas d’humeur à la plaisanterie, surement fatiguée –vu l’heure- : « Si on s’dépêche , vous pourrez être à la maison avant le bisous du soir ». Déchainé, il était le petit Trey. Il fit une pause attendant la réponse de la demoiselle qui ne tarderait pas à venir.

Lorsqu'il parla, Kat reconnut le timbre de voix de l'inspecteur qui l'avait menottée et entraînée à l'arrière de sa voiture. Génial. « Les conditions de détention Comtesse O’Maley c’est tout c’qu’on a ici. J’suppose que ça doit vous changer des suites au Plaza » Au moins, il savait qui elle était ; restait à savoir ce qu'elle faisait toujours ici, dans ce cas. Elle ne quitta pas l'homme des yeux pendant qu'il s'installait sur le fauteuil de son bureau avec un air qui parut suffisant à la jeune femme. « Votre dossier est plutôt clean. Pas d’infractions majeures, pas de délits ni même de crimes. Le contraire m’aurait étonné. En même temps, avec un patronyme comme le vôtre… » Kat entrouvrit la bouche mais la referma, se contentant d'un petit sourire moqueur. Ca ne l'étonnait même pas, qu'il pense pas. Il n'était pas le premier à lui faire de remarque par rapport à son statut social et il ne serait sûrement pas le dernier. « Ce n’est pas tous les jours qu’on vous demande une interview, hein ? Et après, ce sera au tour de l’autographe » Cette fois-ci, elle leva les yeux au ciel. Mais c'était quoi son problème, à ce flic ? L'observant placer un calepin devant lui, elle le scruta un instant. Tout bien réfléchi, elle se demandait si elle n'aurait pas été mieux lotie dans la cellule commune. Elle n'avait qu'une seule envie, en finir et se casser d'ici ; néanmoins, son regard virait au noir et trahissait en tout points la colère qui l'envahissait. « Si on s’dépêche , vous pourrez être à la maison avant le bisous du soir » Cette fois-ci, ce fut la remarque de trop. Elle n'en avait pas vraiment quelque chose à faire, qu'il ai une insigne et une arme, bien que pour la majorité de la société ça semble être une bonne raison pour se la fermer et laisser tout passer. Elle se redressa du mieux qu'elle put, gênée par les menottes serrées autour de ses poignets, et planta son regard océan dans celui de l'inspecteur. « Ecoutez, je sais pas trop quel est votre problème, et j'en ai pas grand chose à faire, mais on a l'air de passer tous les deux une sale soirée. C'est pas une excuse pour passer vos nerfs sur moi. Si vous avez un problème avec le fonctionnement de la société, c'est pas à moi qu'il faut venir vous plaindre. » Après tout, ce n'était pas sa faute si elle était née comtesse, qu'elle avait grandi avec une cuillère dans la bouche et qu'elle avait passé la plus grande partie de sa vie dans des domaines luxieux et florissants. Surtout, ça n'expliquait pas le moins du monde qui elle était ; d'ailleurs, dans son bas de jogging noir et ses débardeurs rose superposés encore mouillés, elle ne ressemblait pas vraiment à une O'Maley digne de son nom. Tout ce qu'elle en avait, c'était la prestance, héritage d'une éducation qu'elle ne pouvait, et ne voulait certainement pas non plus, oublier. « En ce qui concerne votre papier, vous n'avez qu'à écrire que mes amis et moi dansions et que vous avez débarqué en nous arrêtant tous comme si on était des criminels en fuite, que vous avez été brutaux, que vous nous avez raflé sans distinction et il me semble même que vous ne m'avez pas récité mes droits. » Elle retomba sur le dossier de sa chaise et étouffa un soupir sans laisser son regard dédaigneux quitter le visage de l'homme en face d'elle, l'appuyant d'un haussement de sourcils en désignant finalement la feuille, comme si elle lui demandait ce qu'il attendait pour commencer à bosser. « D'ailleurs, vous auriez pas oublié de m'accorder un appel ? » reprit-elle. Si c'était à elle de leur apprendre leur boulot, maintenant ! Si elle pouvait seulement appeler son frère, il la gratifierait d'un simple "Rosemary Katerina Kenya O'Maley-Smirnov... Tu es incorrigible. J'arrive, mais c'est toi qui paiera la note de la soirée !", il viendrait la chercher et ils passeraient la soirée à faire la fête ; et demain, elle inventerait une autre excuse bidon pour expliquer à sa team comment celle qui prétendait devant eux n'être qu'une roturière avait pu échapper si facilement à la garde à vue.

Désolée c'est pas top mais c'est parce que j'ai dû l'écrire 2 fois, mozilla a bugué quand j'ai tapé sur "envoyer"

Lorsque les billes bleues de la jeune femme vinrent percuter les siennes, il sut qu’elle n’était –définitivement- pas d’humeur, il faillit regretter ses paroles peut être même se confondre en excuse. Rayez la mention inutile : il n’aurait jamais fait d’excuses, Hendrix avait beaucoup de trop de fierté pour ça. Il écouta les paroles acerbes de la « comtesse » un sourire en coin de lèvre (maudit sourire indélogeable). Il ne broncha pas, trouvant chez elle un certain bagou qui plaisait. On ne devait pas lui avoir appris à tourner sept fois la langue dans sa bouche. « La société est bien faite, je ne dis pas l’contraire mademoiselle mais vous avez raison : j’passe une mauvaise soirée et votre présence en ces lieux empire les choses » souffla-t-il jetant un coup d’œil à sa montre, il se faisait tard et la déposition n’avait toujours pas commencé. Combien de temps est-ce que ce merdier allait prendre, hein ? Il retira le capuchon du stylo bille qui se trouvait face à lui et attrapa le bloc prêt à le noircir. MADAME la comtesse ne semblait pas « satisfaite » des conditions de son arrestation, quel dommage, songea-t-il, blasé. Il se mit à écrire tout en écoutant les chicaneries de la blondinette, de tout ce qui fut dit, il ne retint que quelques bribes « criminels en fuite », « brutaux », « il me semble même que vous ne m'avez pas récité mes droits. » Cette dernière réplique le fit franchement rire, il ancra son regard dans celui de la jeune femme désormais avachie sur sa chaise, jeune femme qui le défiait effrontément : « Vous croyez m’apprendre mon métier ? Il ne s’agit pas d’une arrestation ordinaire mademoiselle O’Maley Smirnov » finit-il, accentuant sur le dernier mot. Il poursuivit : « Si vous y tenez vraiment : « tout ce que vous direz pourra et sera retenu contre vous devant la cour »» Il marqua une pause, se frottant les yeux et ajouta : « C’quoi la prochaine plainte ? ». Trey la vit arquer le sourcil dédaigneux : « D'ailleurs, vous auriez pas oublié de m'accorder un appel ? ». La cerise sur le gâteau, imperturbable, il répondit : « Sérieusement ? Vous avez beaucoup trop regardé de films. Votre appel, vous y aurez l’droit si vous acceptez de parler. Excusez-nous d’être surchargés d’boulot. » Sa phrase sonna comme un reproche, ses nerfs étaient à vifs, il prit une grande inspiration et reprit : « On va faire un effort, chacun de son côté, d’accord ? Vous, vous vous détendez. Moi, pour ma part : j’arrête les vacheries. » Il se releva, s’approcha d’elle « Vos mains », elle présenta ses poignets : « On est des gentlemen ici » lâcha-t-il, taquin tout en retirant les menottes. Puis il reprit place sur sa chaise : « Vous coopérez ou pas ? Parce que je commence à prendre la poussière ». Dans le dossier il avait lu qu’elle était supposée « étudier » pas danser dans les ruelles malfamées d’Harlem en pleine nuit, aux côtés de personnes – pour la plupart – peu recommandables. Les minutes semblaient être contre lui.

Qu'est-ce qu'il pouvait l'agacer, avec son attitude suffisante ! Ce qu'elle pouvait détester qu'on la juge comme il le faisait. Certes, ça arrivait tout le temps, et c'était la raison principale pour laquelle elle cachait à la majorité de ses amis sa véritable identité, mais elle ne pouvait s'en empêcher ; elle valait beaucoup mieux que ça et elle le savait, qu'on s'arrête aux apparences la rendait tout simplement malade, sûrement parce qu'elle avait côtoyé ce genre de personnes trop longtemps. « Sérieusement ? Vous avez beaucoup trop regardé de films. Votre appel, vous y aurez l’droit si vous acceptez de parler. Excusez-nous d’être surchargés d’boulot. » Oui, sérieusement, bouffon, songea-t-elle à lui répondre avant de se retenir ; elle en avait assez dit, inutile d'inclure une insulte à agent dans son beau petit casier vierge. En plus de ça, elle s'énervait surtout parce que lui-même perdait son sang froid et se permettait des écarts. « On va faire un effort, chacun de son côté, d’accord ? Vous, vous vous détendez. Moi, pour ma part : j’arrête les vacheries. » Etonnée par ce revirement de situation, Kat lança un regard surpris au jeune homme et se contenta de lui présenter ses poignets une fois qu'il fut en face d'elle, ébahie. « On est des gentlemen ici » lui dit-il finalement, provoquant un nouveau lever des yeux de la jeune femme au ciel. C'est clair, elle avait jamais vu plus gentleman que le flic qui se tenait devant lui et qui la traitait comme un sac de billets sur pattes. Elle soupira, l'observa retourner à sa place avec le regard suspicieux de celle qui attendait une nouvelle remarque et le retour des hostilités, se massant les poignets endoloris en pliant et dépliant ses doigts. Bon, elle ne pouvait décemment pas rester rancunière alors qu'il faisait un effort. Plus vite elle coopérerait, plus vite elle pourrait déguerpir d'ici. « Vous m'avez fait moisir ici pendant une heure, vous pouvez bien attendre que j'mette mes idées en place ! » s'exclama-t-elle en prenant son temps, comme un dernier coup avant qu'ils ne soient quittes. « Je sais pas exactement qui sont ces gens, juste qu'ils sont des danseurs du Bronx avec une bouche un peu trop grande. La plupart de ceux qui dansaient avec moi viennent du Queens, et on a absolument rien fait de mal, je le soutiens. C'était un affrontement, certes, mais de danse. » dit-elle en haussant les épaules. Il perdait son temps avec elle, elle n'avait absolument rien à lui dire, elle était toujours certaine que c'était les flics qui étaient en tort sur ce coup. « Perso, ça fait un peu plus d'un an que je danse avec eux, mais j'avais jamais rencontré ceux du Bronx avant, ils ont insulté un de nos gars et ça a juste paru normal de régler ça en battle. » Elle lança un regard vers le calepin de l'inspecteur et sembla songeuse pendant un instant avant de reprendre la parole. Cette fois, son ton était beaucoup moins agressif. « Quand est-ce que vous allez mettre ça dans votre base de données ? Comme vous l'avez dit, mon père a le bras long, et c'est pas forcément bon pour moi. » Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle s'expliquait sur sa question, après tout il n'avait pas à en savoir plus que ce que disait son dossier. Seulement, si son père tombait sur cette nouvelle ligne dans son casier avant que son frère ai pu intervenir, il saurait qu'elle continuait à danser. C'était inenvisageable.

Quelle emmerdeuse, pensa-t-il face au culot de la jeune femme. Peut-être aurait-il fallu qu’il lui précise que tout ceci n’était pas un jeu ? Qu’il valait mieux pour elle qu’elle fille droit, la meilleure manière pour celle-ci aurait été qu’elle mette de côté cette espèce de « fierté » pour répondre de manière concise à la question qu’il lui avait posé. Il leva les yeux au ciel, de tous les « mis en garde à vue », il avait écopé de la plus chieuse : Chouette. Suspense, suspense : « Et si on passait la bande annonce, hein ? ». C’était quoi ces manières de vouloir contrôler la situation ? Ici, c’était lui le flic et elle l’inculpée. Pas l’contraire. D’ailleurs de quoi allait-il bien pouvoir l’inculper ? Rassemblement ? Mademoiselle O’Maley savait pertinemment que rien ne serait retenu contre elle et pour sa part, Trey n’allait pas ajouter un fait sur le casier d’une jeune femme qui n’avait absolument rien à se reprocher. Hendrix avait du mal à croire que la battle – sans leur intervention- soit restée dans les limites d’une sorte de « concours » de danse. L’inspecteur qu’il était trouvait cela un peu tiré par les cheveux, il s’arrêta d’écrire au moment même où la demoiselle le questionna à son tour : ce qu’il ferait de la déposition ? Il la ferait passer à la « broyeuse »…il n’allait –certainement- pas rester de trace de son passage au commissariat. Comme d’habitude, songea-t-il, avec une pointe d’agacement. Exactement, papa avait le bras long, long…infini. Un sourire vint – furtivement- étirer ses lèvres : « Vous craignez que votre père découvre qu’au lieu d’aller jouer aux étudiantes assidues, vous participez aux « battles » des rues malfamées du côté de spanish Harlem ? ». Il la vit surprise, comment pouvait-elle sous-estimer l’investigateur hors pair qu’il était ? Scandaleux. « Je suis payé pour mener l’enquête, ne l’oubliez pas. Rassurez-vous, c’est juste une question de protocole. Dans l’coin ça parle beaucoup alors si je vous relâche ni vu ni connu : les mauvaises langues n’hésiteraient pas à lancer les pires rumeurs qui soient ». Et dans le genre droit, on ne pouvait faire mieux que Trey. Il mettait un véritable point d’honneur à respecter le règlement même si parfois, il aimait contourner certaines règles, comme à présent. Tout de même, il ne pouvait s’empêcher de voir sa curiosité piquée par le comportement de la jeune femme : « Pourquoi ? J’veux dire, c’est sûr une comtesse qui traine c’pas digne du rang mais, on est 21ème siècle, les mentalités ont changé ». Ce qui n’était pas choquant pour lui, devait surement l’être pour le pater de la blondinette. Il le comprit au regard qu’ils échangèrent : circonspect. Nulle comme situation, devoir se cacher pour faire ce qu’on aime souffla-t-il. Finalement, le regard qu’il portait sur la comtesse changeait au fur et à mesure des minutes qui passaient.

« Vous craignez que votre père découvre qu’au lieu d’aller jouer aux étudiantes assidues, vous participez aux « battles » des rues malfamées du côté de spanish Harlem ? » Et voila, il recommençait ! Il était là, derrière son grand bureau, à se croire en droit de pouvoir juger celle qui se trouvait en face de lui. Elle lui lança un regard meurtrier, remarquant au passage qu'il savait qu'elle était encore officiellement une étudiante. Si son père l'avait laissée partir à New York, c'était grâce à une fausse promesse que Kat lui avait fait de ne plus "se laisser entraîner" dans ce genre d'histoires, peu importe à quel point sa passion pouvait lui tenir à coeur. « Je suis payé pour mener l’enquête, ne l’oubliez pas. Rassurez-vous, c’est juste une question de protocole. Dans l’coin ça parle beaucoup alors si je vous relâche ni vu ni connu : les mauvaises langues n’hésiteraient pas à lancer les pires rumeurs qui soient. » Kat leva les yeux au ciel ; elle s'en foutait totalement, des rumeurs. Ce qui l'inquiétait plus, c'était les faits. « Pourquoi ? J’veux dire, c’est sûr une comtesse qui traine c’pas digne du rang mais, on est 21ème siècle, les mentalités ont changé » Son regard, qui était retombé sur l'inspecteur pendant qu'il parlait, se détourna et elle soupira une nouvelle fois. Elle ne pouvait pas rester braquée de cette façon, elle ne faisait que rendre l'interrogatoire encore plus énervant que l'inspecteur ne le rendait déjà. « Vous savez vraiment pas de quoi vous parlez. » répondit-elle d'abord en secouant la tête, se laissant un instant pour se départir d'un sourire suffisant qu'elle n'avait pas pu empêcher. Car finalement, il n'y avait rien de drôle à ça, rien de drôle au fait que son père, ses grands-parents paternels, ou, pire, ses grands-parents maternels, puissent découvrir qu'elle salissait leurs noms & manquait à l'avenir qu'ils avaient planifié pour elle. « Pour eux, les règles sont intemporelles. A l'heure qu'il est, je devrais déjà être mariée à un duc, mais... Je ne peux pas retourner à Londres. » Le gros dilemme qui avait provoqué son départ. En soi, se marier avec un inconnu pour que sa famille récupère un peu plus de prestige la faisait déjà chier, mais Londres... C'était une époque qui, malgré la vie de princesse qu'elle y avait mené, était également remplie de souvenirs qu'elle et tous les membres de sa famille au courant avaient préféré passer sous silence en la laissant quitter l'Europe pour le Nouveau monde. « Loin de vouloir m'en vanter, j'ai un pedigree plutôt chargé. Pas seulement par rapport à lui, chacune des maisons à laquelle j'appartiens à une importance, que ce soit en Angleterre, en Russie ou ici. Vous voulez savoir pourquoi je traîne ? Parce que je suis pas comme eux, parce que je refuse d'obéir à leurs codes. Appelez-ça du foutage du gueule, du chipotage pour pas grand chose, moi ça m'importe. » Toute son adolescence, elle avait joué avec l'esprit de son père pour pouvoir obtenir sa liberté. Il la voyait toujours comme une enfant, c'était sûrement ce qui faisait qu'elle avait autant de facilité à le manipuler et à lui faire croire ce qu'il voulait bien dès qu'ils étaient confrontés. Seulement, ça avait mal tourné ; ce genre de choses tournaient souvent mal. Et son père avait pensé que c'était le bad boy saupoudré de drogue qui avait rendu Kat aussi indomptable, alors qu'en fait ça avait toujours été en elle. « Ce que vous êtes en train d'écrire, là, met ma vie en jeu. Je dis pas ça pour vous attendrir, j'vois bien de toute façon qu'il y a pas grand chose derrière cette carrure de beau gosse un peu bourru, mais vous publiez ça et je perds tout. Et par tout, j'entends pas l'argent, ou le titre, mais ma passion. » Elle fronça les sourcils, se demandant si ce qu'elle disait avait un sens, également surprise d'être soudainement aussi franche. « Ou alors, vous ne savez absolument pas ce qu'est une passion, et je parle dans le vent. » se rattrapa-t-elle de nouveau sur la défensive.