Il était tard et la journée avait été harassante. Mayalla l'avait passée à l'hôpital, à nettoyer les couloirs. Tout comme elle l'avait fait la veille, comme elle le ferait le jour suivant. Tâche quotidienne qui semblait presque vaine tant elle était répétitive. Elle avait le sentiment de faire inlassablement et invariablement la même chose. Ce n'était d'ailleurs pas qu'un sentiment, mais n'ayant jamais pu faire d'études, elle semblait condamnée aux travaux peu valorisants et parfois abrutissants, selon elle. Cependant, tout cela avait un avantage certain. En effet, elle finissait par effectuer ces gestes d'une façon si mécanique qu'elle n'avait nul besoin d'y penser. Ainsi, son esprit avait toute liberté de vagabonder ailleurs, vers des contrées lointaines, qui l'emportaient hors de sa vie, de son passé qui ne cesserait probablement jamais de la hanter, de son existence qui n'aurait peut-être pas de meilleur avenir. Elle détestait se laisser envahir par la crainte de l'avenir, ou faire preuve de pessimisme. Elle savait que si elle se complaisait dans ce type de sentiments, elle aurait du mal à en sortir. Ces jours où il lui semblait que rien ne pourrait jamais aller, elle prenait en général son appareil photo, et immortalisait absolument tout ce qu'elle voulait. Ou encore, elle flânait dans Chinatown, parlant avec ses amis, ses compatriotes, de tout et de rien, s'arrêtant parfois pour goûter un met qui lui rappelait avec nostalgie quelle délicieuse enfance elle avait eu. Oui, elle aimait ce quartier, et en était d'ailleurs tombée amoureuse dès la première fois qu'elle l'avait vu, et n'avait jamais pu en détourner les yeux depuis. C'était ce qui lui rappelait le plus son pays, son cher pays qui lui manquait chaque jour, mais dans lequel, elle le savait, elle ne retournerait peut-être jamais, car il s'agissait également de la terre qui lui avait apporté tant de souffrances, l'arrachant aux parents qu'elle aimait tant et qu'elle ne reverrait jamais.
Elle leva les yeux vers l'horloge accrochée dans le couloir. Il était dix-huit heures. En principe, elle avait officiellement terminé sa journée, et tout le loisir de rentrer chez elle. Mais ce jour-là n'était pas comme les autres. Li Mei était une enfant, chinoise, la fille des propriétaires d'un petit snack chinois qui se trouvait en bas de chez elle. Elle avait à peine neuf ans, et Mayalla semblait s'être beaucoup attachée à elle. D'ailleurs, elle la gardait très souvent, lorsque ses parents étaient trop occupés. Et la veille, elle avait appris que cette enfant avait fait une chute dans les escaliers, et était aujourd'hui à l'hôpital. Fort heureusement, elle s'en tirait visiblement sans trop de mal. Mais il n'en fallut pas plus pour que la jeune femme lui consacre tout son temps libre. Elle était déjà venue la voir lors de sa pause déjeuner, et avait pratiquement harcelé de questions le malheureux interne qui était sur les lieux à ce moment-là. Et là, elle s'apprêtait à y retourner, malgré la fatigue, visible à travers les cernes qui formaient de véritables crevasses sous ses yeux bleus. Elle travaillait dans cet hôpital depuis trois ans à présent. Il s'agissait d'ailleurs de l'emploi qu'elle avait conservé le plus longtemps.
Elle marcha jusqu'à la petite chambre. Elle n'avait pas pris le temps de se changer, et portait toujours ce polo bleu marine et ce pantalon en toile gris clair qui lui servaient d'uniforme. Elle salua la petite fille avec sa chaleur habituelle, et s'installa au bord du lit. Lorsqu'elles étaient ensemble, toutes deux parlaient bien évidemment uniquement le mandarin, leur langue d'origine. Il était difficile d'imaginer que Mayalla était réellement d'origine chinoise, et pourtant, c'était bel et bien le cas, et elle en était extrêmement fière. Elle se sentit d'un coup bien plus en forme. Toute sa fatigue semblait avoir disparu comme par enchantement. Elle déplaça la table où étaient d'ordinaire déposés les repas afin qu'elles puissent entamer une partie de go, un jeu qu'elles affectionnaient énormément. Et la petite fille s'était dès le début avérée très douée, si bien que Mayalla, qui pourtant était loin d'être une piètre joueuse, avait beaucoup appris à son contact. Tout en jouant, elles parlaient de tout et de rien, se racontant leurs journées respectives. Et la jeune femme oubliait ses muscles qui commençaient à tirer en fin de journée, et son dos qui lui semblait particulièrement douloureux depuis ce début d'après-midi. Il faudrait d'ailleurs qu'elle fasse vérifier ça. Elle savait qu'elle repousserait cela jusqu'au dernier moment. Elle n'aimait définitivement pas les médecins. Elle espérait simplement qu'un médecin ne rentrerait pas dans la pièce. D'abord, parce qu'en principe elle n'avait rien à y faire. Ensuite, parce que les visites étaient supposées être terminées depuis un certain temps déjà. C'est à se moment là qu'elle entendit la porte s'ouvrir, et se retourna précipitamment. Un peu trop d'ailleurs, puisque, portant une main à son dos, elle ne put retenir une expression de douleur, qu'elle réussit à atténuer malgré tout.
Sujet: Re: The Mount Sinai Hospital {{ Just another day [Pv] Lun 13 Juil - 21:51
L’hôpital n’est pas l’endroit rêvé pour la plupart des gens. Mais Chrysalde lui avait décidé d’y passer sa vie. De sauver des gens, voilà ce qu’il le motivait tous les matins pour se rendre à son travail. Il savait qu’il allait servir à quelque chose sur cette terre. Faire quelque chose de bien, alors que tout le monde la démoli. Mais certaines journées ne sont pas toujours heureuse. Aujourd’hui en particulier était une de ses journées noirs, où la vie part, alors que l’on fait tout pour qu’elle réside dans la personne. Defois, le monde tourne à l’envers, pour remonter le temps, et rattraper des vies, qu’il n’a pas eu dans le passé. Ce jour-là, Chrysalde avait perdu un patient. Mais pas n’importe quel patient. C’était une petite fille nommée Anna, cela faisait plus de deux ans qu’il l’a suivait pour un problème cardiaque. Et aujourd’hui, elle n’a pas tenu, et est décédée sur la table d’opération, après un arrêt cardiaque. Ils n’ont rien pu faire. Ce fut la formule, que Galloway du présenter aux parents. C’est le pire moment dans la vie d’un médecin de dire à des parents que leur enfant de trois ans est décédé. Depuis la naissance de sa fille, Chrysalde avait encore plus de mal avec ce genre de situation, car la seule personne qui occupait ses pensées dans ses moments précis, était sa fille Meghan. Il ne pourrait pas vivre sans elle. C’est ces moments d’horreur, qui lui font comprendre que il doit profiter au maximum de sa fille, maintenant. Car l’on ne sait jamais quand la fatalité arrive.
Chrysalde était dans son bureau, en train de faire son rapport sur le décès de la petite Anna. Car dans moins d’un mois, il y aurait la réunion pour voir les statistiques de l’hôpital, et de son service. Savoir les erreurs qu’il a commis, et se faire tuer par une trentaine de vieux croûtons qui n’opère plus depuis la nuit des temps. Il consulta l’horloge sur son bureau, il était 5h30, il avait encore le temps avant les visites des patients de fin de journée. Aujourd’hui, il n’aurait pas d’interne boutonneux pour le suivre. Il en avait marre de ces nouveaux internes qui se prenait déjà pour des dieux de la médecines. Le jour où ils arriveront à la cheville d’une des médecins de l’hôpital, ils pourront s’estimer heureux d’être arrivé jusqu’ici! Eric, lui était partit depuis plus d’une heure, après une garde de 34heures. Il méritait bien de se reposer. Mais c’est peut-être égoïste de la part du médecin, mais il avait besoin de quelqu’un à qui parlé. Mais bon! Il enchaînait les lignes sur son écran d’ordinateur sur le rapport. Il n’aimait pas faire ça, mais en écrivant son rapport, il se rendit compte, qu’il n’aurait rien pu faire. Le seul moyen pour sauver cette jeune fille aurait été de faire une greffe du cœur. Mais la liste d’attente est tellement longue, que elle n’aurait pas survécut de toute façon. C’est horrible de parler ainsi, mais c’et la réalité. La vie est injuste. La logique des choses est que les parents partent avant leurs enfants. Mais defois, la roue tourne dans un autre sens.
***
18h. C’est l’heure des visites. Chrysalde sortit de son bureau pour prendre la direction des plus récents patients. Pourquoi eux? Car c’est une habitude qu’il a prit, et préfère les rassurer, car les premiers jours, les patients ont souvent la crainte de cet endroit. Chrysalde enchaînait les chambres, ils rassuraient les parents des enfants, mais le coeur n’y était pas aujourd’hui. Quand on perd une vie, une partie de nous part avec cet enfant. Et c’est quand on est pu nous même, que l’on arrête notre carrière. Ce jour-là, Chrysalde voulait finir par une patiente particulière, Mei Li. Une petite asiatique de Chinatown. Elle souffrait d’un problème au poumon depuis sa naissance, mais il y a deux semaines, la petite fut opéré par Chrysalde. Maintenant, elle est or de danger, mais doit suivre un lourd traitement encore pendant deux mois. Mais la jeune fille survivra! Le médecin prit la direction de la chambre D204, celle de la dénommée Mei Li. Arrivé devant la porte, il remarqua que celle-ci était entre ouverte. Deux personnes parlait en mandarin. Il connaît cette langue, mais était tellement nul qu’il se planta à son examen au lycée. Il poussa la porte, et passa la tête la première. Et là, il reconnut Mayalla, une amie à lui, et employée de l’hôpital, qui se retourna brusquement, se provoquant un tour de rein. Le médecin qu’il était le reconnut directement. Des vieilles habitudes! La douleur se lisait sur son visage. Chrysalde entra dans la chambre, et s’approcha de deux jeunes femmes.
« Bonjour Mei Li! Comment vas-tu aujourd’hui? " « Bonjour Docteur! Sa va bien! » « Très bien! Bonjour Maya, tu devrais aller voir un médecin pour ton dos. Je sais que tu ne les aimes pas, mais quand même. Un jour, tu seras bloquée! »
En prononçant un sourire coquin se lisait sur son visage. Il regarda la jeune Mei Li, qui souriait de toutes ses dents. Il y avait peu de temps, elle avait perdu ses deux incisives. Il prit au pied du lit le bloc du suivi du patient pour voir les soin de la journée. Mais il n’était pas concentré sur la paperasse, mais sur Mayalla. En la voyant, il avait oublié sa peine de la journée. Il lui avait redonner le sourire, l’envie du bonheur. Il ne savait comment cette femme faisait, mais il adorait être en sa présence. Voyant qu’il observait un peu trop la jeune femme, il retourna dans la contemplation du dossier de la jeune patiente.
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