It's New York City bitches ! And it's my motherfucking dream
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DCDD707-HSTANNshoot.PJBAH

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MessageSujet: DCDD707-HSTANNshoot.PJBAH DCDD707-HSTANNshoot.PJBAH EmptyDim 12 Juil - 1:51

7.00am - studio photo de Grand Central Station, Midtown
Mannequin idéal, tête-de-turc du leurre,
Eternel Féminin! ... repasse tes fichus ;
Et viens sur mes genoux, quand je marquerai l'heure,
Me montrer comme on fait chez vous, anges déchus.

tc







    La vie de mannequin est fascinante… les deux premières années. Ensuite, vous n’êtes plus un modèle narcissique et acteur, comédien de chair et de sang, ensuite, vous combattez pour ne pas vous transformer en pantin de bois. Sept heures du matin. Pourquoi si tôt ? Hugh Stanner avait exigé, je cite, « que ses modèles aient l’air fatigués ». Là, c’était pas que l’air qu’ils avaient, c’était l’organisme entier qui suivait, et pourtant, Anton avait fait l’effort de se coucher à minuit et demie. Sept heures, ça voulait dire réveil à six heures, yeux devenus bleu foncé, pupille minuscule, peau plus pâle et plus lisse qu’en début de journée, lèvres plus gonflées, corps plus sensible, exactement ce que Stanner attendait. Paula Jean n’était pas mieux. Il la croyait bronzée. Sa peau était pâle. Ses yeux bleus dans le même état que les siens contrastaient avec l’or de ses cheveux, brillants comme une mine qu’on découvre à la lumière. Soleil d’avant l’aurore. Assis côte à côte sans se regarder, face au long miroir qui leur renvoyait leur image, ils avaient l’air de venir de deux mondes différents. Le regard d’Anton restait endormi mais amusé, un petit rictus sur ses lèvres qui semblait un sourire en coin, quelque chose de l’idole, de la peinture du jeune fou sous les ponts, sur les affiches, ses cheveux noirs en bataille donnaient envie de le regarder avec extase, ou encore de se jeter à ses pieds, ou encore… PJ avait l’air de ne pas souffrir psychologiquement de son manque de sommeil. Le regard glacé, dur, fixé d’un air exigeant contre son propre reflet, elle attaquait à la cisaille ses moindres défauts, se recoupait, comme laissée entre les griffes d’une modiste avisée, passionnée, cruelle. Au fond d’elle se cachait cette petite lueur verte tremblotante, désespérée, fanée. Tout ça sans même la regarder du coin de l’œil. Stanner et les maquilleurs se jetèrent soudain derrière leurs deux sièges.
      - Pour lui je veux quelque chose de sombre, de sexy, d’arrogant. Les coupes c’est Tim qui s’en charge, il arrive à huit heures. Tu me fais les yeux noirs, je veux que ses iris brillent dans la nuit tu as compris ? Ses cheveux, surtout, surtout tu me les plaques pas sinon je te tue. Fais moi valdinguer des mèches insolentes, je les veux aussi noires que ce crayon. Bon pour le teint, tu me laisses du pâle mais je foncerai sûrement à l’objectif, c’est pas un problème, enlève juste les imperfections, fais ton boulot. Tu me refais les lèvres, bien sûr, au crayon, ah, et rajoute un peu de brillant dans les cheveux, tout ça manque de soin, jeune homme. Enfin on va s’en sortir… J’espère. Coupe cette mèche, là. Ca risque de rebiquer ça va me rendre dingue. Ca c’est le prime, je ne sais pas encore exactement ce que je veux. Non, oublie les mèches rebelles, on va laisser Tim s’en charger, et je les veux plaqués, séparés par une raie de… soyons fous, dix-neuf par un et demie. Je verrai avec Tim. Tu n’oublies pas le mascara ou je te tue.

    D’un bond ultra féminin, Hugh se pencha sur Paula Jean.
      - Je veux que Tim plaque tout en arrière, raies apparentes, de un centimètre par longueur totale. Au bout, je veux qu’ils reviennent vers le haut, il me fera un bol. Effet mouillé, souvenez-vous de tout ça, moi j’aurai oublié. Je la veux plus pâle, et n’oublie pas du blanc brillant entre le blond des mèches. Les yeux, comme lui. La peau, il va falloir du gloss. Je la veux brillante, et lui aussi tant que j’y suis. Tu me grossis les lèvres au crayon, tu me fais une couleur pulpeuse et naturelle, une cuisse de nymphe ou un pêche, tu vois le mieux. Elle va ouvrir la bouche aussi, tu t’occupes des dents. Comment sont tes dents ? Bon, tu les blanchis seulement, pas de maquillage là-dessus. Je veux des ongles pointus, blancs ou neiges, mais surtout pas ivoire. Plastique brillant. Ne force pas trop sur le mascara, par contre. Tu peux lui grossir et foncer les sourcils ? Parfait mon chou. Edwards est arrivé avec les coupures ? Parfait j’arrive.

    Hugh Stanner fila comme un chat vers l’entrée, où l’habilleur l’attendait. Un petit moment de réflexion du maquilleur, relecture des notes qu’il venait de prendre, puis il commença à sortir ses ustensiles, deux femmes, une pour chacun des modèles, commençant déjà à leur rabattre les cheveux en arrière à coup de gel fixant. Ca promettait d’être long. Anton tourna son visage vers PJ, toujours fixée contre son reflet sur le miroir. Soit. Il revint également à son image. Le maquilleur venait de lui ordonner de ne plus bouger.

    Trois heures après, maquillage posé, pause déjeuner. PJ n’avait pas faim, et Anton dévorait une plaque de chocolat noir. Hugh le regardait faire en plaisantant qu’il allait s’en mettre partout autour des lèvres et niquer tout son travail. Anton souriait et faisait mine de se lécher les lèvres, sortant le bout de sa langue rose en regardant un Stanner séduit avec un air malin. De la musique en studio, c’était la moindre des choses pour que tout le monde fasse au moins semblant de s’entendre. A l’arrivée de Prince, Johnny se mit à claquer des doigts. « Celle-là je l’adore », et Hugh se tourna vers Anton.
      - Elle me fait penser à toi, celle-là…

    Anton lâcha se plaque de chocolat et se releva. Il était temps de faire les essayages avant la pause de midi, de vérifier le décor des shootings, puis une fois le repas passé, on commencerait la coiffure. Coiffure faite, ils seraient habillés, vernis, maquillage lustré, et ils entameraient le travail avec le photographe. Durant tout ce temps de préparation en matinée, PJ et Anton ne s’adressèrent que quelques rapides regards, souvent pour se signaler d’un coup d’œil qu’ils étaient d’accord. A midi, ils ne mangèrent pas à côté, Anton restant avec Stanner, PJ allant se ressourcer dans les loges, hors scène. Elle revint pour le début des shootings. Stanner était monté sur un escabeau, échelle prête à l’emploi juste à côté, le sol recouvert de tissu blanc transparent, et il ordonnait à Anton de se coller au mur.
      - Voilà, pose ta jambe, pose ton pied contre le mur. Pense à West Side Story, donne toi un air de badboy américain – ou portoricain comme tu veux – qui nous parait ringard, maintenant. Yann, bordel, je t’avais demandé de faire briller ce perfecto ! Bon, parfait, Anton ne bouge plus, PJ, mets toi devant lui, bien en face, avance toi plus près. Colle-le carrément, colle-le ! Attrape son perfecto, passe une jambe entre les siennes. Plus près de celle qu’il a levée. Pense à une autre couleur PJ, pas gris fumé, pense à jade, rouge d'andrinople, je veux un désir sans action, et toi Anton, pense au ciel, vous êtes bleus, vous êtes aussi immobiles et insensibles que le ciel, elle est blanche et or, elle est la lune, pense à son effet, pense à sa lueur, je veux qu’elle t’éblouisse sans te toucher.

    En résumé, Anton Hayes et PJ Bradshaw furent tour à tour : collés l’un l’autre contre un mur, puis accroupis l’un à côté de l’autre, Anton courut après PJ, PJ s’allongea au-dessus d’Anton, Anton attacha PJ à un tableau, on fit un grand poster de PJ et d’Anton, Anton posa plusieurs fois près du poster de PJ, le caressant, le léchant, PJ posa sur celui d’Anton, l’écrasant du talon, le caressant de la main, etc. Stanner ne cessa de mitrailler pendant trois heures sans aucune pause, envoyant courir à droite à gauche pour des retouches, des nouveaux rajouts aux décors, des photocopies, il fit même appel à un peintre et un dessinateur pour repasser par-dessus les portraits posters.
    Cette proximité physique entre les deux mannequins avait fait en sorte que leurs regards se croisent à maintes reprises. Au moment où Hugh demandait à PJ de grimper au-dessus d’Anton et de se pencher sur lui, Anton avait sentit brusquement le besoin de redresser son bassin, pour aplatir de sa main, sous le bas de son dos, l’herbe qui lui appuyait sur l’os. PJ remontant par la même occasion à mesure qu’il se redressait, elle croisa son regard, il sourit, elle lui rendit un sourire de pastel, pâle sur ses lèvres et lumineux dans ses yeux ; ça l’amusait, ça lui plaisait, mais elle restait la lune, et lui le ciel. Vers cinq heures et demie de l’après-midi, Stanner les laissa vaquer à leurs occupations. Ils seraient sûrement rappelés dans la semaine pour des retouches, puis en fin de week pour récupérer les books. En clair, ils avaient tout intérêt à rester collés à leurs portables et surtout à être disponibles à tout moment pendant cette semaine de stress intense pour l’artiste qu’était Hugh Stanner. Alors que les mannequins, démaquillés et décoiffés au karcher, lessivés, reprenaient leurs affaires pour s’en aller, Anton s’adressa à PJ ;
      - Je suis ravi d’avoir travaillé avec toi, lui dit-il dans un sourire. Tu es très belle et très professionnelle.
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MessageSujet: Re: DCDD707-HSTANNshoot.PJBAH DCDD707-HSTANNshoot.PJBAH EmptyDim 12 Juil - 18:00

Spoiler:

DCDD707-HSTANNshoot.PJBAH Minibanzippora1


    0.45am ; n°4 ; Park Avenue - Central ; Manhattan
    Le noir n’y fait rien. Il ne parvient pas à attaquer mes insomnies, mon incapacité à dormir plus de quatre heures chaque nuit, et encore moins celle qui fait que je ne peux m’endormir avant que ne soient dépassées les deux heures. Je me remémore les levers du soleil que j’ai pu observer, penchée à ma fenêtre, le chant des oiseaux qui piaillaient, louant l’arrivée du jour ; l’odeur mouillée, humide qui berçait la ville, l’enveloppant d’un halo revigorant de fraîcheur ; et le soleil se pointant, laissant ses rayons perturber le tableau que la voûte céleste reflétait au creux de cette partie de la Terre encore assoupie. Mes pensées étaient toujours les mêmes alors, je songeais aux précieux chérubins, et leurs têtes blondes déposées contre les oreillers, ces couples qui s’étaient refermés dans une étreinte au cours de la nuit sans même s’en apercevoir, ces femmes seules, éreintées par cette journée de plus où elles avaient cherché à survivre dans la jungle new-yorkaise, le bordel ambiant régnant ici, véritable foire aux passants, où touristes et habitants se fondaient en une seule et même masse, éléphantesque, vous bouffant l’air et l’espace. Je finis par repousser la couverture ayant rendu mon corps brûlant d’un geste sec, sachant que Morphée ne passera pas ce soir pour m’étreindre, que sa visite devra se faire un autre soir. Stanner souhaitait de la fatigue ? Il aurait de la fatigue.

    5.30am ; taxi vers n°4 ; Park Avenue - Central ; Manhattan
    Le taxi roule en silence, je perçois uniquement le ronflement du moteur. Les rues sont quasiment vides, l’aube se pointe et me rappelle que la journée qui m’attend sera longue, et même l’alcool coulant dans mon sang ne parvient pas à maintenir l’illusion. Cela fait cinq ans, à présent, que j’ai dégoté ce boulot. En studio, nous travaillons à la création du rêve, l’artifice est notre meilleur atout, nous sommes montés de toutes pièces, nous, les mannequins, le décor, nos positions. Les meilleurs d’entre nous étaient des acteurs silencieux, de véritables mimes, avant d’être de simples figurants, des gens que l’on place et l’on prend, rien n’était fait sur le vif, nos expressions étaient travaillées et retravaillées, nous nous glissions continuellement dans la peau d’un autre. J’aimais ce que je faisais, je ne vous dirais pas le contraire. Mais peut-être leur folie exacerbée m’ennuyait-elle, chacun cherchait à être plus que l’autre, ils avaient tous de l’exubérance à revendre, ils vendaient leur art comme on vend son corps, j’avais décidé de vendre mon corps au huitième art, mais pas mon âme. J’offre un billet au chauffeur, baisse la fenêtre, m’allume une cigarette. Les mannequins me laissaient également sceptique. La rumeur selon laquelle ils n’avaient rien dans la cervelle n’était pas tout à fait fausse. Bien entendu, ce n’était pas le cas de chacun d’entre eux. Mais la plupart avaient choisi la solution de la facilité : un métier épuisant mais formidable, il suffisait de le vivre à fond pendant dix ans, et de prendre sa retraite. Aucun diplôme, obéir sans cesse aux ordres, ne plus côtoyer que ses semblables… Le téléphone vibre.

    - Clark, il est cinq heures et demi…
    - Je voulais m’assurer que tu étais réveillée.
    - Ne t’en fais pas, Superman, je serais à l’heure. – Ma voix est fatiguée, je cligne des yeux, la couleur du ciel me démoralise. Quelle différence ? Des cernes un peu plus profondément creusés, mon sens critique exacerbé.
    - C’est quoi ce bruit ?
    - Je suis dans un taxi.
    - C’est sûrement ton plus gros contrat depuis un moment, et tu fais la fête toute la nuit ?
    - Je ne vous avais pas demandé de gros contrat. Je vous signale que je ne voulais pas de gros contrat. Mais vous vous êtes mis en tête cette idée avec cet Anton Havanne, Haye, je ne sais pas quoi. – Hayes. Je me souviens parfaitement du nom du type, mais je n’ai pas envie de le lui montrer, il prendrait ça comme un signe d’enthousiasme.
    - Pourquoi as-tu signé, dans ce cas ? - il a l’air relativement ennuyé, au bout du fil, et je devine son air désespéré.
    - … Pour vous faire plaisir ?
    - … - J’étouffe un rire en imaginant l’expression qu’il doit prendre. Depuis trois mois, je ne cesse de le rendre dingue.
    - Sois à l’heure, PJ, c’est tout ce que je te demande.
    - A plus tard.

    5.46am ; n°4 ; Park Avenue - Central ; Manhattan
    (si vous ne savez toujours pas où elle habite…)
    Je descends du taxi, pénètre la résidence. Ivana est déjà partie, je peux le sentir. Tout me semble vide, sans vie, et il y a cette sensation étrange, qui me pèse sur la poitrine, un peu comme une renaissance. La bonne humeur me gagne, et pourtant je sais, qu’en plein milieu de la journée, je me rendrais compte que rien n’a changé. Cuisine, faire chauffer un café. Les bruits du téléviseur encore allumé me parviennent. Il y a trente ans, David Bowie, Madonna et Michael Jackson se faisaient une place sur MTV et faisaient danser l’Amérique. A présent, Tilda, célib et bi, les a remplacé, et je grimace devant les hideux accoutrements des candidats. Même en télé-réalité, ils ne savent plus quoi inventer. Je hais la télévision. Mais Ivana, quant à elle, ne sait s’en passer, ni visiblement interrompre le programme lorsqu’elle quitte les lieux. Je pointe la télécommande vers la boîte à images qui se coupe, seulement accompagnée d’un léger déclic, à peine perceptible. Mon cellulaire se met à vibrer. Il y a de ces jours où je me demande si je n’aurais pas dû vivre quelques années en arrière, là où la technologie n’aurait pas pris toute cette ampleur, nous rendant dépendant d’une carte SIM, d’une carte mère et des chaînes câblées. Je file sous la douche, et alors que l’eau brûlante heurte mon dos, cailloux tombant du pommeau pour venir crevasser ma peau, je me rends compte que mon corps a été mis à rude épreuve ces derniers jours, il se recroqueville sous le jet, mes poumons cherchent l’air brouillé par les vapeurs, mes ressources sont épuisées. L’eau froide remplace bientôt la chaude, faisant s’évacuer la haute température qui menaçait de m’emporter.

    6.57am ; studio photo ; Grand Central Terminal – Midtown ; Manhattan
    A peine sept heures, et la gare est déjà bondée. Partout, des figures épuisées, des regards vides qui se posent sur moi. Mon regard glisse jusqu’au miroir le plus proche. Cheveux blonds légèrement en bataille, aucune trace de maquillage sur le visage, leggins girafe – 8,50$ chez Zara, j’avais ainsi gagné le pari auprès de Jesabel selon lequel on pouvait également dégoter des pièces intéressantes et à bas prix dans les boutiques du petit peuple -, marcel masculin gris, ample gilet assorti, Marc Jacobs Stam Bag glissé sur l’épaule. Je ne parviens même pas à définir mon allure là-dedans. Pris les premières fringues me tombant sous la main, pas la force de me vêtir correctement. Remonte les marches. Entre dans le studio photo. J’ai en cet instant pénétré un monde totalement différent. On s’affaire tout autant, mais ce sont les photographes, les maquilleurs, les costumiers, même une ou deux caméras, je crois. Clark m’aperçoit, de loin, il discute avec quelqu’un, peut-être Stanner, justement, me presse d’un signe de tête. Je rejoins les coiffeuses. Vague coup d’œil vers Anton, léger signe de tête en guise de salutation. Regard d’enfant, bouche d’enfant, être paumé, touchant. Simple apparence ? Je me demande. Vagues ressemblances avec Josh Hartnett. Très vagues. Perdues au milieu du reste. Je détourne le regard. Les groupies se chargeront bien des éloges à ma place. Mon regard se fixe sur mon reflet, et je le retravaille. Cherche à capturer. Encore et encore. J’ai plutôt intérêt à me réveiller. Stanner bondis derrière nous et manque de me faire sursauter. Bon sang. Un seul coup d’œil vers lui, et je sais que déjà, je ne vais pas pouvoir le supporter. Je ne l’écoute pas déblatérer sur Anton. Peut-être ais-je cherché à le faire, mais ai rapidement décroché. Flot de paroles, débit bien trop rapide, presque haché. J’ai l’impression qu’il va finir par se mordre la langue. Il fait de grands gestes. Peut-être également mettre un coup sur quelqu’un. Je suis persuadée que ça a déjà dû arriver. A cette pensée puérile, un sourire ne peut s’empêcher de naître sur mon visage, et je l’efface tant bien que mal alors qu’il se penche sur moi.

    - Je veux que Tim plaque tout en arrière, raies apparentes, de un centimètre par longueur totale. Au bout, je veux qu’ils reviennent vers le haut, il me fera un bol. Effet mouillé, souvenez-vous de tout ça, moi j’aurai oublié. Je la veux plus pâle, et n’oublie pas du blanc brillant entre le blond des mèches. Les yeux, comme lui. La peau, il va falloir du gloss. Je la veux brillante, et lui aussi tant que j’y suis. Tu me grossis les lèvres au crayon, tu me fais une couleur pulpeuse et naturelle, une cuisse de nymphe ou un pêche, tu vois le mieux. Elle va ouvrir la bouche aussi, tu t’occupes des dents. Comment sont tes dents ? Bon, tu les blanchis seulement, pas de maquillage là-dessus. Je veux des ongles pointus, blancs ou neiges, mais surtout pas ivoire. Plastique brillant. Ne force pas trop sur le mascara, par contre. Tu peux lui grossir et foncer les sourcils ? Parfait mon chou. Edwards est arrivé avec les coupures ? Parfait j’arrive.

    Cheveux en arrière ? Effet mouillé ? Gloss sur la peau ? Ongles pointus ? Je réitère : nous n’allons pas nous entendre. Je pose un regard noir sur Clark à ses côtés, qui hausse les épaules, ayant très bien compris le message. J’attends qu’il se casse pour soupirer, passe une main dans mes cheveux, puis me laisse tripoter par la maquilleuse qui se jette quasiment sur moi. Je me sens bouillir, ferme les yeux sur la demande de la femme, pense à l’Espagne, à Barcelone. Aux douces mélodies s’élevant de la guitare sèche, au port autour duquel on se rassemblait, il me semble encore sentir l’odeur du sel, je songe à ce vent, qui emmêlait mes cheveux, aux vitrines des galeries d’art, aux rues, au jaune, puisque c’est la première couleur qui me vient à l’esprit quand je me remémore cela. Du jaune, du rouge, un peu de vert, et des tâches d’un bleu pâle.

    11.30am ; loges

    Estomac brouillé, je ne parviens pas à motiver mon appétit. Il y a quelques mois encore, j’avais l’habitude de ne jamais prendre mon déjeuner avant quinze heures. J’ai toujours du mal à me faire à leurs habitudes. Je me rends compte que je n’ai rien avalé depuis plus de vingt-quatre heures, peu importe. Le maquillage est parfaitement posé, mais le tout me laisse perplexe ; j’ai laissé Anton à sa plaque de chocolat – il l’engloutissait quand je suis partie. Les souvenirs se bousculaient, une fois de plus. A plusieurs reprises, j’avais eu l’impression de vivre dans le passé. J’étais nostalgique. Exigeante. Je me rattachais aux instants de perfection. J’aimais à retrouver la pureté, la fraîcheur de ces instants qui me semblaient enterrés, recouverts de grains de sable épais, luttant contre le vent, rivalisant avec le temps. Je finis par sortir de là, avant que les flots ne me submergent, que les larmes n’envahissent mon visage. Je pensais à mon maquillage, à l’air sévère de Clark si je laissais ne serait-ce qu’une seuyle de ces perles rouler et ravager des heures de travail.

    1.00pm ; shooting

    Nous devons nous coller, mais je suis encore habiter par l’euphorie de ma nuit, l’alcool et ses effets se sont dissipés mais la morsure demeure, je m’approche – pas assez, je l’entends crier -, nos corps sont à présent liés et mon souffle est court. Alors je me maudis, pour cette réaction enfantine, pour ce désir qui m’habite, j’ai pourtant l’habitude de ces contacts, même qu’ils ne suscitent jamais en moi qu’indifférence, dégoût parfois, rarement excitation. Je mets cela sur le compte de mes envies que j’ai tu la nuit dernière, pour être à l’heure, pour ne pas me sentir sale alors que d’autres mains glisseront encore sur moi. Ca ressemble au quotidien. Peut-être aurais-je dû refuser ce contrat dont je ne voulais pas, je serais alors à Parsons, parfaitement sereine, peut-être, à la rigueur, avec la gueule de bois, et mes yeux se poseraient sur une oeuvre d’art, et je me sentirais gagnée par la passion, elle m’emporterait, et ma journée aurait alors eu une fin heureuse, un quelconque intérêt. Je n’étais pas malheureuse, ça n’avait rien à voir avec cela, j’étais juste de ces insatisfaites : j’aimais ce que j’avais, j’aimais aussi ce que je n’avais pas, et tout se bousculait alors, le poids se mouvait sur la balance, sans jamais se fixer, sans jamais qu’elle ne soit immobile. Stanner me trouve gris fumé – c’est de sa faute, il me tape sur les nerfs -, me veut successivement jade, rouge d’andrinople – je veux bien être rouge tout court, il joue le toréador ? -, bleue, blanche et or. Son indécision commence à violemment m’échauffer. Je me concentre, évacue à nouveau mon agacement. La beauté de la pièce, je la trouve en cet objectif fixé sur moi, que mes pupilles engloutissent à chaque fois qu’elles s’y posent, fixé sur nous, sur les courbes de son corps, les tatouages qui le recouvrent, le blanc des murs, immaculé, comme si on les repeignais après chacun de nos passages, et cette foule qui s’active, véritables fourmis s’acharnant sur leur travail, qui au final ne sera plus représentés que par ce couple qu’on leur promettait grandiose. Nous faisons mille figures, nous réassemblons, nous poussons, ils nous font entamer une danse qui nous plonge vers la folie, la sensualité et la langueur que l’on crée depuis plusieurs heures commence à me peser alors que vient le grand final : je suis au-dessus de lui, il est sous moi, son bassin se soulève, il se rapproche de moi, mon regard s’accroche au sien, j’épouse ses mouvements, et il n’y a plus aucun commandement alentour, on nous laisse à notre jeu ; les pions ont fini par devenir vivants.


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MessageSujet: Re: DCDD707-HSTANNshoot.PJBAH DCDD707-HSTANNshoot.PJBAH EmptyDim 12 Juil - 18:01

    5.32pm
    La voix de Stanner s’est enfin éteinte, ou tout du moins, elle ne parvient plus à mes oreilles écorchées. Je prends bien soin que cela demeure. On me démaquille, me décoiffe, me déshabille. Je replace mes fringues sur mon corps épuisé.

    - Je suis ravi d’avoir travaillé avec toi. Tu es très belle et très professionnelle.

    Je me retourne, Anton face à moi. Ses mots s’immiscent en moi, je l’observe un instant, bien que n’ayant fait que cela durant les dernières heures. Il est particulièrement sociable, tout le monde semble l’adorer, chouchoutté par le studio, ses sourires sont fréquents, son rire résonne régulièrement. Je lui rends son sourire, comment faire autrement ? Il a l’air de ces garçons auxquels on ne peut rien refuser, et je ne sais quel effet cela a exactement sur moi, ça me laisse partagée. Je sais qu'il ne tient qu'à moi de le découvrir, pour peu que je le veuille bien, mes iris se plantent dans les siens, et mes sens exacerbés durant le shooting renaissent, je sais que mon regard s'en ressent, plus brillant, plus animé, plus captivant sûrement.

    - C’est toi le professionnel ici, il me semble. Mais merci, je te renvoie le compliment.

    Je jette un coup d'oeil sur mon portable, entre mes doigts. Cinq appels en absence d'Ivana.

    - Désolée, un instant, il semblerait que je me sois faite harcelé. - Trois pas en arrière, touche rappel. - Ouais, qu'est-ce qu'il y a ?
    - J'avais pensé à une oeuvre d'Andy Warhol, au-dessus du canapé...
    - Chérie, si tu oses faire entrer du Warhol à l'intérieur de l'appartement, c'est avec tes tripes que je ferais un tableau. La seule chose qui puisse me faire lui accorder un minimum de respect, c'est qu'il soit à l'origine de l'emblême des Velvet et des Stones.
    - Allez, PJ.
    - C'est hors de question. C'est un destructeur de l'art, tu n'as qu'à te renseigner sur ses opinions à ce sujet. Je dois te laisser, on se voit tout à l'heure.

    Mon regard coule une dernière fois sur Stanner, qui s’agite au loin, plein de reproches. Avant que je ne le renvoie sur Anton, et alors mon sourire réapparaît, bien que peu perceptible, peut-être quelque peu amusé. Je me saisis de mes affaires, crains de l'encombrer, il a déjà toutes ces filles lui collant aux basques à longueur de journée, je l'imagine sans peine, il doit avoir envie de retourner vaquer à ses occupations. C'est là que je me rappelle qu'il fût le premier a engager la discussion, et alors je m'interromps dans mon geste, me retourne vers lui, l'intérêt se lisant sur mon visage.

    - Me voilà donc face à l’égérie de Slimane… Ca doit être fantastique, de travailler avec lui. J’aime beaucoup ce qu'il fait.
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