Si on lui avait dit qu'après un réveil catastrophique, un talon de bottine cassé et un bleu au front – à cause d'un mur mal placé -, elle aurait un contrat de signé avec un client plus qu'aisé, et que cela permettrait de renflouer encore un peu les caisses de Greenwalt, elle aurait rit. Pourtant, à cet instant, Addison ne parvenait même pas à sourire, trop stressée qu'elle était à regarder le stylo que tenait l'homme face à elle, grattant la mine sur le papier. Cela lui semblait lent, trop lent, malgré la patience vertueuse qu'elle s'entêtait à montrer. Jambes croisés, mains – aux ongles vernis d'un joli vert - posées sur sa jupe de couturier rouge, et sourire figé sur le visage, elle se donnait l'apparence d'une parfaite petite écolière prête à répondre à la moindre question de l'enseignant. Bien qu'au fond, Addison se voyait déjà se jeter par-dessus la table, attraper l'homme par la cravate et lui coller le visage sur le papier pour le forcer à accélérer ou, mieux encore, lui casser le nez pour que son sang remplisse la case « signature », histoire que le contrat soit inviolable.
« Et voilà, » signifia l'américain alors que la petite brune l'imaginait parfaitement avec deux dents en moins, ce qui casserait parfaitement son sourire colgate. Se redressant sur ses talons de deux centimètres, sertis d'un joli nœud en tissu d'une couleur vert pomme, elle lui serra la main dans un « parfait », les dents toujours serrées et le raccompagna à la porte de son bureau.
« Voyez avec la secrétaire pour les questions. Elle vous raccompagnera aussi jusqu'à la sortie, » et Addison se para à nouveau de son plus grand sourire, qui s'effaça quand la porte se referma la laissant seule. Attrapant le papier, elle se mit à sauter sur la pointe des pieds et enchaîna ses sautillements sur des déhanchés endiablés tout en chantant une contine, inventée de toutes pièces, sur l'argent et sa supériorité.

Epuisée de s'être dandinée de la sorte, elle se laissa choir dans son siège, se tourna vers la vitre et observa la vue dans un sourire niais qu'elle ne pouvait s'empêcher d'afficher. Attrapa son portable, qui traînait sur son bureau, Addison fit courir ses doigts sur l'écran et envoya à son meilleur ami la chose suivante :
« Prépare ton foi, tes reins et ton gosier mon cher, ce soir on fête à l'Awesome ! Interdiction, donc, d'amener son cerveau. Aucun refus ne sera toléré. Incline toi devant la déesse que je suis. On a un client qui vient de signer.
Je m'aime (beaucoup), Addi'. »
Message rédigé et envoyé, elle reposa l'objet sur son bureau et s'étira avant de croiser les bras derrière sa tête et tendre les jambes pour fixer ses chaussures, s'autorisant d'aller en acheter une nouvelle paire pour se féliciter d'être un requin.

Attrapant son sac, Addison quitta l'immeuble d'un pas léger, écouteurs dans les oreilles, et chantant à tue-tête. Premier arrêt ; les magasins. Elle s'arrêta à une de ses boutiques favorites, qui se située assez près de chez elle, pour y acheter une robe désuète mais très à son goût, des chaussures et une ceinture à grosse boucle. Satisfaite, la brunette rejoignit son domicile toute aussi guillerette qu'en quittant le travail et se prélassa un moment sous la douche avant de se changer puis de préparer son sac-à-main dans lequel elle jeta tout ce qui pouvait être utile à une femme, c'est-à-dire des trucs absolument inutiles dont elle ne se servirait sûrement pas.

Terriblement ponctuelle, enfin elle avait prévenu Lynch de l'horaire du rendez-vous cinq minutes après avoir quitté son quartier, Addison fut la première arrivée devant le bar et remua dans tous les sens en attendant le jeune homme. Quand elle l'aperçut enfin, elle se jeta sur lui comme une psychopathe et le salua à sa manière – une bise sans contact des joues – et, ses mains toujours sur les épaules de son ami, elle sourit de toutes ses dents ; « J'ai cru qu'un convoi de cirque t'avait écrasé sur le chemin ! » Puis, en l'invitant à la rejoindre à l'intérieur, elle ne put s'empêcher de se dandiner encore, « ah mon dieu, je suis tellement fière de moi. Je ne l'ai même pas menacé pour qu'il signe, même si je t'avoue que l'envie de lui écraser la tête sur le papier m'a effleuré. Hé, t'as vu mes nouvelles chaussures, sexy hein. Ah, bon sang, mais met bien ton col, ça fait dérangé Lynch ! » Et joignant le geste à la parole, elle lui plia correctement le col de sa chemise, satisfaite « franchement. Bon, je suis de bonne humeur, je t'offre le premier verre. Ca va ? » Autant dire qu'elle était tellement excité qu'elle se transformait en véritable moulin à paroles.

Aujourd'hui, Lynch avait décidé de travailler chez lui, dans son bureau et n'avait que pour contact avec l'entreprise quelques sms envoyés par son assistante Alexandra. Il était rare qu'il se retrouve à son appartement à travailler, et heureusement pour lui, car il trouvait ça plutôt ennuyant. Cependant, parfois il avait besoin de le faire afin de s'isoler et de se concentrer. Lynch mettait tellement de bonne humeur dans les bureaux de Greenwalt que parfois il oubliait d'avancer dans son travail. D'autant plus qu'en ce moment il avait son esprit assez occupé avec sa fille qui venait de naître et sa nouvelle relation avec Bonnie. Après plusieurs heures à travail, il reçu un sms. Pensant alors que c'était Alexandra, il lâcha un long soupir et jeta un coup d’œil à l'écran, qui s'était éclairé, de son portable. Pour la première fois dans l'après midi ce n'était pas la jeune rousse qui lui avait envoyé un message, mais sa meilleure amie Addison. Il prit alors plaisir à se saisir de l'appareil pour ainsi lire ce qu'elle lui avait envoyé. Lynch ne put s'empêcher de sourire en constatant qu'elle venait de régler un contrat avec un gros client, et que par conséquent une soirée pour fêter cette victoire s'imposait. Tant mieux, parce qu'après sa journée, il avait besoin d'un peu de décompresser. En plus d'être son amie la plus proche, elle était également une de ses employées et il ne regrettait pas de l'avoir engagé. Le jeune PDG lui répondit dans la seconde qui suivit. « Je m'incline, je m'incline ! Et tu sais très bien que je ne peux pas refuser une soirée en ta compagnie ;-) ! A plus tard » Il se sentait maintenant de nouveau motivé à continuer ce qu'il avait entreprit dans la matinée.

Lynch avait finalement arrêté de travailler pour se préparer sans réellement savoir à quelle heure il avait rendez vous. Mais connaissant Addison comme sa poche, elle pouvait le prévenir à n'importe quelle heure, donc autant prévoir le coup. Il sortit de sa douche, et commença à s'habiller d'un de ses costumes, comme toujours. Alors qu'il enfilait sa chemise son portable vibra de nouveau. Cette fois ci il pouvait parier que c'était la brunette qui le contactait. Et il avait bon. Son message le prévenait de l'heure à laquelle il devait se rendre à l'Awesome, et autant dire qu'il devait y être dans les minutes qui allaient suivre. Levant les yeux au ciel, il répondit par un petit mensonge. « Je suis sur le chemin ;-) ». Bon d'habitude il n'était pas très fervent des mensonges, mais là elle ne lui laissait pas vraiment le choix. Le blondinet s'habilla en vitesse du reste de sa tenue puis passa une dernière fois dans la salle de bain pour s'occuper de ses cheveux. Il était un vrai minet qui faisait vraiment attention à son image, et c'était complètement justifié lorsque l'on savait qu'il était PDG d'une grande compagnie de cosmétiques et vêtements. Une fois le boulot terminé, il sortit de son appartement et héla un taxi. La demoiselle allait sûrement devoir patienter, mais ce n'était pas de sa faute. Le taxi arrivé non loin de l'Awesome, Lynch paya le chauffeur, sortit et fit quelques pas avant d'apercevoir Addison qui s'approchait de lui. Il ne put s'empêcher de lui adresser un large sourire et se prêta à sa forme de salutation qu'il avait parfois du mal à comprendre. « J'ai cru qu'un convoi de cirque t'avait écrasé sur le chemin ! » Il se mit à rire. « Si mademoiselle m'avait prévenu un peu plus tôt aussi... » Ils s'engagèrent dans l'entrée du bar. « ah mon dieu, je suis tellement fière de moi. Je ne l'ai même pas menacé pour qu'il signe, même si je t'avoue que l'envie de lui écraser la tête sur le papier m'a effleuré. Hé, t'as vu mes nouvelles chaussures, sexy hein. » Ça, il pouvait le remarquer qu'elle était fière d'elle. « J'aurais aimé assister à la scène, juste pour le plaisir de te voir t'impatienter. » Il eut un sourire en coin et jeta un coup d’œil vers le bas pour voir les dites chaussures. « Super sexy. » Il leva les pouces pour approuver son choix. Il les trouvait originales, comme d'habitude. Addison ayant un style particulier et bien à elle, il n'était plus étonné de la voir porter ce genre de chose. « Ah, bon sang, mais met bien ton col, ça fait dérangé Lynch ! » Il soupira. « Oui maman. » répondit il en la laissant remettre son col correctement. « franchement. Bon, je suis de bonne humeur, je t'offre le premier verre. Ca va ? » Il s'avança un peu plus dans le bar afin de repérer un endroit où s'asseoir. « Eh bien, il était si important que ça pour toi ? » Il trouva des places libres, et en prenant la jeune femme par le bras, il se dirigea vers elles. « Ça va, ça va. J'ai passé la journée à bosser chez moi, et je te remercie de me faire sortir ce soir. Inutile que je te retourne la question, je connais déjà la réponse. » Il lui adressa un clin d’œil puis retira la veste de son costume pour la poser sur le dossier de sa chaise. « Bon vu que tu paies la première tournée, je veux un mojito. Je paierai les prochaines. » dit il tout en s'asseyant.