« Nathan, ça n’est pas parce que tu as repris les cours qu’il ne faut plus venir nous dire un petit bonjour ! » Je soupirais en entendant ma mère me rabâcher encore et encore la même chose, sauf que je n’avais vraiment pas envie de rentrer au pays pour le moment. J’avais beaucoup de travail à l’université, et je n’étais franchement pas emballé à l’idée de passer le week-end avec mon père qui me donnerait des cours de stratégie politique, ou avec ma mère qui n’aurait qu’un mot à la bouche : mariage. Enfin non, deux mots à la bouche : mariage, et Apollinaria. Je ne savais même plus en quelle langue lui dire que je ne voulais pas épouser ma belle-sœur, car non seulement c’était bizarre, et irrespectueux envers mon frère décédé, Alexandr, mais aussi parce que je n’avais aucun sentiment pour elle, que je voulais que ça reste ainsi. J’avais pris une trop grosse baffe il y a quelques années quand je ressentais quelque chose pour la demoiselle, hors de question que ça recommence. Sauf que je ne pouvais pas éviter mes parents très longtemps, alors je trouvais très vite une alternative : ma meilleure amie. Zoé adorait venir au château avec moi, se faire traiter comme une princesse par mes domestique et c’était l’occasion de passer un peu de temps avec elle. Avec mes études, mes obligations en tant que prince, nous n’avions pas trop eu le temps de discuter tous les deux depuis la rentrée, alors passer le week-end avec elle me semblait être une très bonne idée. Pas besoin de la convaincre, puisque j’avais à peine dit « Tu veux venir avec moi… », qu’elle accepta ma proposition. Le vol vers le Luxembourg passait incroyablement plus vite avec ma meilleure amie assise à côté de moi, que quand j’y allais tout seul. En fait, tout semblait toujours mieux, plus simple quand Zoé était là. Nous nous connaissions depuis des années, si ça n’est pas dire, depuis toujours, et même si parfois des milliers de kilomètres nous séparaient, nous avions toujours été très proches. Si aujourd’hui, mon Anglais était quasiment parfait, c’était grâce à la jeune femme, puisqu’elle avait été ma correspondance Anglaise pendant des années et qu’elle avait, elle-même constatée mon amélioration dans la langue de Shakespeare. Petit à petit, Zoé était devenue la personne en qui j’avais le plus confiance, après ma petite sœur Nora bien sûr. Elle ne me jugeait jamais, quoi que je lui dise. Par exemple, moi qui avait une sentimentale totalement désastreuse, enchainant les petites amies qui ne durent pas plus de trois mois parce qu’elles en voulaient soit qu’à mon argent et mon titre, soit en prenant justement l’excuse de cela, elle ne m’avait jamais fait un reproche, ne s’était jamais moquée de moi comme certaines personnes pourraient le faire.

Arrivés au Luxembourg, nous avions été dire bonjour à mes parents. Mes parents adoraient Zoé, surtout parce qu’elle avait été mon encouragement à apprendre l’Anglais assez vite, moi qui avait toujours eu un peu de mal avec les langues, même si mon éducation princière m’avait forcé à apprendre beaucoup de langues (aujourd’hui, je pouvais tenir une conversation en Français, Anglais, Italien, Allemand, Espagnol et j’avais quelques bases en Russe et en Chinois). Mais ils savaient aussi que Zoé ne m’aidait jamais beaucoup à travailler, puisque lorsque je l’amenais au château, c’était pour sortir avec elle, et rester avec elle au lieu d’être avec mes parents en train de parler de choses sérieuses, certes, mais ennuyantes à mourir. Le soir de notre arrivée, nous sommes sortis dans un bar, et ensuite, le trou noir. Je me réveillais Samedi matin, la tête dans le cul, me redressant dans mon lit, totalement éblouit par la lumière du jour qui passait aux travers de mes fenêtres. Je regardais autour de moi, et je souris un peu en voyant Zoé. Nous avions du bien boire ce soir, mais le fait qu’elle se retrouve dans mon lit ne m’inquiétait pas : lorsqu’elle venait ici, les femmes de ménage savaient qu’il n’y avait pas besoin de préparer une chambre d’amie : elle dormait toujours avec moi. Je finis par m’asseoir, sentant que j’allais avoir une sacrée gueule de bois, moi qui tenait pourtant très bien l’alcool…parfois, j’arrivais à déraper. Je jetais un rapide coup d’œil sur l’heure : dix heures… et me recouchais immédiatement, regardant le plafond en pensant à tout ce qui me tracassait en ce moment : ce fichu mariage, cette « pseudo amitié » avec Apollinaria, espérant que ma meilleure amie se réveille vite pour qu’elle me fasse penser à autre chose.

Dans tous les cas, même si j’étais venu sans Zoé, j’aurais trouvé un moyen d’éviter mes parents. Je crois qu’ils ne comprenaient pas à quel point ils étaient lourds avec toute cette histoire de mariage. J’avais faillis me disputer avec ma petite sœur, Nora à cause de ça. La jeune femme pensait que c’était une idée totalement tordue, que j’épouse la femme de notre frère. Et j’étais tout à fait d’accord avec elle ! Le seul problème, était qu’une fois que mes parents avaient quelque chose en tête, c’était très difficile de leur retirer celle-ci de la tête. J’avais beau leur répéter que nous n’étions plus au moyen âge, et que je me marierai lorsque je trouvai une fille qui m’aimera pour qui j’étais, ils ne m’écoutaient pas. Ma sœur avait certainement essayée de les raisonner elle aussi, mais je savais que ça ne servirait à rien. C’est vrai que je n’étais pas tellement doué avec les femmes, alors que ça risquerait de prendre un certain temps avant que je me marie. Enfin, le problème n’était pas que j’étais maladroit avec les femmes. En fait, le problème, était que je n’arrivais pas à garder une copine plus longtemps que trois mois. Soit elles en voulaient qu’à mon titre ou à mon argent, soit elles finissaient par me laisser tomber sans me donner de réelles raisons valables. Et puis bon, je n’avais que 24 ans, c’était relativement jeune non ? Epouser Apollinaria…je ne savais pas si cette idée me dégoutait, ou alors si elle me faisait du mal. Moi qui avait eu des sentiments pour elle il y a des années lorsque mon frère s’était mis en couple avec elle, je trouvais cette situation plus bizarre et assez mal placée de la part de mes parents. Bien sûr, peu de personnes étaient au courant des sentiments que j’avais ressenti pour la jeune princesse. Il y avait eu Alexandr, ce qui avait était une source de conflits lorsque celui-ci m’avait annoncé qu’il avait fait d’elle sa petite amie, ma petite sœur, Nora qui avait essayée de jouer les médiateurs entre mon frère et moi durant cette période, et Zoé. Zoé elle, ne m’avait jamais jugé, et elle avait été la première personne que j’avais été voir lorsque j’avais appris qu’Alex s’était mis en couple avec Apo. Et elle n’avait pas essayée de me consoler, elle ne m’avait pas lancée de phrases toutes faites comme beaucoup de personnes font dans ce genre de moment. Elle avait pris son manteau, et elle m’avait amenée dans un bar. Nous avions bus, nous avions ris, et nous nous étions retrouvés à dormir chez moi, dans mon lit, un peu comme hier soir.

Ma tête me faisait un mal fou, c’était le signe que l’alcool avait dû couler à flot la nuit précédente. Zoé et moi nous étions fait une bande d’amis au Luxembourg lorsque la jeune femme venait ici. Des amis avec qui nous trainions dans les bars, mais des bars pas très fréquentés car, étant le prince de ce pays, je ne devais pas trop montrer le mauvais exemple ou donner l’occasion aux paparazzis et aux journalistes d’écrire un papier dérangeant à mon sujet. Le regard rivé sur le plafond, je soupirais longuement en repensant à toute cette histoire. Je m’étais promis de ne pas y penser le temps d’un week-end, mais Zoé dormait, et je ne pouvais pas m’empêcher de repenser à tout ça. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à ce rendez-vous que j’avais eu avec Apollinaria au début de la semaine, et où elle m’avait dit que je ressemblais trop à Alexandr, et que ça la chamboulait. Qu’est-ce que tout cela voulait-il dire ? Je crois que j’avais peur, peur de retomber dans ses filets. Peur de retomber amoureux d’elle maintenant que nous avions décidés d’être amis pour se liguer contre mes parents. Pourtant, une voix fini par me tirer de mes pensées : la voix de Zoé qui devait s’être réveillée. « Arrête d’y penser ! Dis-moi plutôt ce que tu as prévu qu’on fasse aujourd’hui ? » Tournant mon regard vers ma meilleure amie, j’esquissais un petit sourire, et je me tournais pour m’allonger sur le côté face à elle en soupirant. « Parle pas si fort d’abord…j’crois qu’on a un peu trop bu hier soir… » Je ris légèrement et je fermais les yeux, la lumière du jour me donnait définitivement très mal au crâne. « Je sais pas trop…il a l’air de faire plutôt bon dehors, on pourrait aller se promener ? » J’haussais les épaules et je baillais, plaçant ma main devant ma bouche puis j’ajoutais, « Tu veux faire un truc en particulier toi ? »

Ce qui me faisait rire, c’était les gens qui pensaient que Zoé et moi avions une relation ensemble. Il m’était arrivé plusieurs fois de faire la une des magazines à scandales Luxembourgeois avec Zoé, alors que les unes des journaux disaient que le Prince avait une « relation secrète » avec une belle blonde Anglaise. Ça nous avait beaucoup fait rire Zoé et moi, et parfois, nous faisions même exprès de paraitre très très poches en soirée. Surtout quand je voulais me débarrasser d’une fille un peu trop collante ou d’elle d’un mec un peu trop insistant. Par contre, ça avait fait un peu moins rire mes parents qui nous passaient régulièrement des savons lorsque nous étions adolescents. Aujourd’hui, mes parents ne se permettaient plus trop de me donner des sermons, mais je savais que je devais faire attention à mon image. J’étais le prince du Luxembourg, ça n’était pas rien et ce que la population pensait de moi était très important. Zoé avait réussi à le comprendre, mais lorsque nous sortions, nous n’essayons de ne pas trop y penser et de faire ce que nous avions envie, journalistes ou pas. Le pire, c’était lorsque nous étions bourrés en fait. Généralement, nous nous rappelions de notre soirée uniquement grâce aux magazines people. Et c’était exactement ce dont j’avais besoin aujourd’hui, car ma vie n’avait jamais été aussi compliquée qu’à ce moment-là. Mon « amitié » avec Apollinaria commençait à devenir une amitié assez…dangereuse et beaucoup trop ambiguë à mon goût. Surtout que j’avais l’impression que les sentiments que j’avais eu pour elle commençaient à revenir à la surface après notre baiser l’autre soir. J’avais envie d’en parler avec Zoé, mais contrairement à d’habitude, j’avais terriblement peur de ce qu’elle pourrait me dire si je venais à lui avouer tout ça. J’avais eu beaucoup de mal à tourner la page Apollinaria lorsque mon frère s’était mis en couple avec elle, et Zoé avait été témoin de ce que j’avais ressenti à ce moment-là. Alors le fait que je « replonge » risquait de ne pas trop lui plaire.

En tout cas nous avions bien ris la veille et nous n’avions pas eu la main légère sur l’alcool. Je pouvais le constater tant la lumière du jour me faisait mal au yeux, mais aussi avec la voix de Zoé qui résonnait dans ma tête lorsqu’elle me dit d’arrêter de penser à tout ça en se réveillant doucement. Je souris un peu et je me tournais vers elle : elle arrivait à savoir à quoi je pensais sans même que je ne lui en parle. C’était dans ces moments-là que je la sentais vraiment très proche de moi. Elle n’était pas ma meilleure amie pour rien. Je n’ai pas d’idée particulière, je suis sûre qu’on trouvera bien ! Mais une balade dans le parc me ferait le plus grand bien ! J’hochais la tête et je me redressais un peu pour m’étirer, baillant en fermant les yeux. La jeune femme fit de même mais elle retomba très vite sur son oreiller et j’éclatais de rire, passant mes main sur mes yeux, avant tout, j’ai définitivement besoin d’un café ! Je ris et je me penchais pour attraper le téléphone et demander de nous rapporter un petit déjeuner. Je me laissais tomber à nouveau sur le lit et je m’approchais d’elle pour déposer un simple baiser sur sa joue. « Bien dormi ? », demandais-je en souriant. J’attendais sa réponse et je me redressais quand une domestique venait nous rapporter un petit déjeuner sur un plateau bien garnis : deux cafés et des croissants et pains au chocolat qui venaient tout droit de France. Je remerciais le jeune homme qui sortit de la chambre et je pris la tasse de café que je tendais à Zoé, « Tu te rappelles d’hier ? Je ne me souviens même pas comment nous sommes rentrés au château ! » Je ris un peu et je pris ma propre tasse pour y tremper mes lèvres, buvant une gorgée de ma boisson. « J’espère qu’on ne sera pas dans la presse cette fois…sinon mes parents vont me tuer si ils me voient draguer une fille, j’entends déjà ma mère me dire « Et Apollinaria tu y as pensé petit crétin ?! » » , ajoutais-je en imitant la voix de ma mère.