Je venais tout juste de rentrer de mon week-end au Luxembourg, et j’étais encore plus en colère contre mes parents, qui continuaient de me bassiner avec cette histoire de mariage. Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas rester seul un moment. C’est vrai, j’avais vingt-quatre ans, mais j’étais célibataire et je me sentais très bien comme ça. Alors pourquoi fallait-il qu’ils insistent à ce que j’épouse la fille que je détestais peut-être le plus sur cette terre ? Qui était aussi, rappelons-le, mon ancienne belle-sœur ? L’idée d’épouser la veuve de mon frère, me donnait froid dans le dos, je trouvais ça tout simplement horrible : mon frère avait aimé Apollinaria, et je ne voulais pas être son mari de rechange. Il fallait que j’en parle avec la jeune femme, mais le dialogue était tout simplement rompu : dès que nous tentions de parler, ça finissait toujours par une belle grosse engueulade. Nous nous comportions comme des gamins l’un envers l’autre, mais c’était plus fort que nous. Enfin, j’étais content d’être de retour à New-York, ici, mes parents n’étaient pas là pour me parler de mariage, et je ne risquais pas de croiser ma potentielle future femme. New-York était bien trop immense pour ça. Mes examens à la fac étaient passés, et il ne me manquait plus qu’à attendre les résultats. Je pensais alors à envoyer un sms à mon meilleur ami, Aaron, pour savoir si il était libre dans l’après-midi, histoire qu’on se voit. Avec mes examens, je n’avais pas eu une seule minute à moi, et je savais qu’il avait de quoi me raconter : Zoé m’avait fait part de ses questionnement quant à leurs relations, et je voulais savoir où lui en était. C’est vrai, voir ma meilleure amie et mon meilleur ami en couple, ça ne pourrait que me réjouir. Et puis, j’avais besoin de lui parler : Aaron avait toujours été là pour moi, et ça, depuis le premier jour où nous nous étions rencontrés dans le bar où il travaillait, et ce, même si nous ne nous connaissions pas.

Quand je suis arrivé à New-York, la mort de mon frère m’avait totalement bouleversé, et je crois que j’avais su voir en Aaron une sorte de frère. Ce n’était pas facile à expliquer, mais je savais juste que je pouvais compter sur lui, et il me l’avait prouvé à plusieurs reprises. En plus, Aaron avait à peu près l’âge de mon frère, Alexandr. Il m’avait aussi beaucoup aidé à me repérer dans cette ville immense : New-York est très impressionnant, surtout quand on vient d’un petit pays comme le Luxembourg. J’avais vécu quelque temps à Paris, mais New-York était encore plus grand, et si aujourd’hui, je connaissais tous les petits trucs de la ville, c’était bien grâce à Aaron. J’avais donné rendez-vous à mon meilleur ami au centre commercial de Colombus Circle : j’avais besoin de m’acheter un costume pour une cérémonie en l’honneur de la 40ème année de règne de mon père au Luxembourg. Je savais que je trouverais ce qu’il me fallait là-bas. Le soleil brillant, je décidais d’y aller à pieds, car ça n’était pas trop loin de là où je vivais. J’arrivais là-bas avec quelques minutes d’avances et je m’asseyais sur un banc dehors, au bord de l’entrée du centre commercial, guettant autour de moi Aaron qui allait arriver d’un moment à l’autre.