La chaleur … il y avait longtemps qu’elle ne l’avait pas ressenti, longtemps qu’elle n’avait pas senti les rayons du soleil chauffer doucement sa peau. Les températures sur New York n’étaient guère hautes ces derniers mois et la californienne avait encore du mal à s’adapter, quand bien même vivait-elle dans cette grande ville de la côte Est depuis son plus jeune âge. Elle enviait ses parents. Eux avaient la chance de se trouver loin de New York, loin des Etats-Unis, quelque part dans un pays chaud dont elle ignorait le nom étant donné qu’ils ne restaient jamais au même endroit plus de quelques jours, les joies d’une croisière. C’était d’ailleurs parce qu’ils étaient absents qu’elle se trouvait dans la maison où elle avait passé tant d’années avant de voler de ses propres ailes. Ses frères étant Dieu sait où et sa sœur n’ayant pas forcément le temps, c’était la petite dernière de la famille McFersen qui se voyait confier la maison de ses parents. Elle avait retrouvé sa chambre exactement comme elle l’avait laissé. Elle était aussi propre que si elle avait continué d’y vivre et la demoiselle soupçonnait sa mère de passer beaucoup de temps dans cette pièce pour tenter de penser à toutes ces années où elle avait pu avoir ses enfants près d’elle. Un soupire lui échappa. Lentement, elle souleva une paupière et la lumière crue du soleil fut si éblouissante qu’elle due refermer son œil aussitôt.

Ce moment n’allait pas durer longtemps, elle le savait très bien. Le soleil n’allait pas régner en maître très longtemps sur la ville, bientôt les nuages et la pluie allaient faire leur apparition et ramener l’humeur maussade dont l’interne tentait de se débarrasser. Un nouveau soupire lui échappa et Belle garda les yeux fermés. Elle profitait du peu de temps qui lui restait en compagnie du soleil. Les vacances à San Francisco lui manquaient. Même si cette ville californienne n’équivalait pas Los Angeles, Belle y était très attachée. Une grande partie de sa famille y vivait, des personnes auxquelles elle était attachée et avec qui elle aurait souhaité passer plus de temps. Les températures de sa ville natale lui manquaient aussi mais elle savait que dans les mois à venir New York allait se transformer en four, il ne lui restait qu’à prendre son mal en patience. Un léger grognement dans son dos la fit sortir de ses pensées. Elle l’avait presque oublié. Il avait été si silencieux jusque-là que l’américaine s’était imaginée être seule … du moins jusqu’à présent et jusqu’à ce que son bras s’abatte sur elle tandis qu’elle étouffait une plainte. Belle se tourna sur le dos et fixa Evan qui se réveillait doucement à côté d’elle. Amener son titulaire chez soi et coucher avec … très mauvaise idée et pourtant elle l’avait fait. Malheureusement c’était un jeu pour elle. Elle jouait avec le feu et même si elle avait conscience que, tôt ou tard, elle allait finir par se brûler elle continuait quand même.

Ses airs d’ange l’aidaient beaucoup à ne pas éveiller les soupçons sur elle, toutefois elle était bien assez intelligente pour savoir que ça ne durerait pas longtemps. Il n’y eu aucune parole entre eux lorsqu’Evan ouvrit les yeux, seulement un échange de sourire avant qu’il se redresse et l’attire vers elle pour l’embrasser en passant une main dans son dos. Elle aurait pu se satisfaire de ça, se dire que cette relation pourrait être stable et sérieuse, mais Belle n’en avait pas la moindre envie, son esprit était tourné vers une autre personne, y compris à cet instant. Des bruits provenant de l’étage inférieur la poussèrent à s’éloigner du médecin tandis qu’elle fixait la porte de sa chambre comme si elle allait parvenir à savoir qui était entré chez ses parents – un de ses frères ou sa sœur, obligatoirement. Elle tourna la tête vers son réveil qui lui indiquait qu’il était déjà plus d’une heure de l’après-midi et un grognement lui échappa alors qu’elle se précipitait hors de son lit, enfilant un débardeur et un pantalon de jogging avant de sortir de sa chambre et de dévaler les escaliers la menant droit à … sa sœur. Belle resta quelques instants comme pétrifiée, regardant sa sœur avec un air ahuri avant de parvenir à retrouver l’usage de la parole. « Zepp'… Tu m’as pas dit que tu passerais. » Déclara-t-elle d’une petite voix. A vrai dire sa sœur n’avait pas à la prévenir. Cette maison était autant la sienne que celle de sa sœur. Chacun des McFersen continuait d’avoir en sa possession les clés de la maison et ils étaient libres d’aller et venir à leur guise et, à présent, tout ce que l’interne espérait était qu’Evan n’allait pas débarquer d’un instant à l’autre.

Spoiler:

Lorsque le regard de Zeppelin s’était posé sur son calendrier, elle songea immédiatement aux siens. Pour elle, ce jour était une date assez symbolique : c’était le jour où elle était enfin rentrée chez elle, ou Naomi était redevenue Zeppelin. Comme tous les ans à cette même date, Zeppelin ressentait le besoin de se rendre au domicile de ses parents pour leur préparer une petite surprise et attendait leur retour. En général, il contactait Ewan, Rafaël et Belle et tous passaient une soirée en famille, comme au bon vieux temps. C’était ce qui lui faisait le plus plaisir. On pouvait croire que Zeppelin n’était pas très ‘famille’ à cause de son passé, mais c’était tout le contraire. Elle était liée aux McFersen que ce soit par le sang ou psychiquement. Aujourd’hui, l’américano-irlandaise avait l’intention d’aborder un sujet qui lui tenait particulièrement à cœur : sa reconversion professionnelle. Zeppelin ne savait pas encore comment aborder la chose. Piper avait été tellement fière de voir sa fille aînée suivre ses traces que celle-ci avait désormais peur de la décevoir. Elle savait pourtant que tout ce qui comptait pour toute mère de famille était de voir ses enfants s’épanouir, mais elle l’avait tellement vu étouffer Belle qu’elle craignait de devoir subir le même comportement. Si Zeppelin voulait devenir détective privée, c’était en grande partie parce qu’elle ne se reconnaissait plus au sein du F.B.I. Depuis le changement de direction, les protocoles étaient devenus encore plus restreints et ça ne collait pas aux méthodes peu protocolaires de Zeppelin qui avait l’impression d’être devenue un gratte-papier et la dernière affaire – toujours non résolue – qui concernait Pablo l’avait beaucoup refroidi. C’est après un rituel quotidien que Zeppelin avait pris le chemin du pavillon de ses parents, elle avait garé son SUV dans l’allée et s'était dirigée jusqu’à la porte d’entrée pour en tirer ses clés. Seulement, elle n’eut pas besoin de déverrouiller la porte puisque celle-ci était déjà ouverte, à sa plus grande surprise. Ses parents n’étaient pas du genre à oublier de fermer la porte à clef et Zeppelin songea d’abord à un voleur avant d’entrouvrir la porte et d’y voir les affaires de sa petite sœur. Elle poussa un soupir en secouant la tête de gauche à droite et entra complètement avant de poser ses provisions sur le plan de travail au moment où Belle descendait les escaliers. « Zepp’… Tu m’as pas dit que tu passerais. » lança Belle d’une petite voix. Lui tournant le dos, Zeppelin n’avait pas remarqué l’état dans lequel sa petite sœur se trouvait, mais trouva le ton de sa voix un peu étrange. « Je n’étais pas censée savoir que tu étais là, il n’y a pas si longtemps tu vivais en colocation avec des étudiants. » rétorqua Zeppelin, soulignant au passage que c’était elle qui avait tant tenue à prendre son indépendance. Elle se tourna pour lui face et se trouve nez-à-nez avec une Belle au saut du lit. « Qu’est-ce que tu faisais encore au lit à une heure pareille ? Tu es souffrante ? » s’enquit-elle, avant de froncer légèrement les sourcils. Son instinct lui disait que quelque chose se tramait sous son nez. « Belle ? » demanda-t-elle, d'un ton beaucoup plus dur cette fois-ci.

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Elle était tellement loin de l’idée que ses parents se faisaient d’elle, même très loin de l’idée que pouvait avoir son père sur elle alors que Gabriel était celui dont elle avait toujours été le plus proche. Elle n’avait jamais eu un caractère facile sans pour autant être un monstre. Petite, elle avait été très turbulente mais son hyperactivité y était pour beaucoup et elle était tout de même bien plus douce ainsi que plus ouverte que ce qu’elle pouvait désormais être. Son adolescence n’avait pas été simple pour ses parents et plus particulièrement pour sa mère. Elle n’avait jamais réellement supporté ce trop plein d’attention que Piper lui donnait, à croire qu’elle était en sucre ! Certes, elle était malade mais sa tante ne vivait-elle pas cette même maladie très bien ? Aussi imprudente soit-elle, l’Américaine n’était pas suicidaire pour autant. Elle se rendait à chaque rendez-vous avec son cardiologue et s’assurait que tout allait bien, elle n’avait donc pas besoin de l’amour étouffant de sa mère. C’était ce dernier qui l’avait poussé à se rebeller en premier lieu. Elle avait ressenti le besoin de faire comprendre à Piper par tous les moyens possibles – et pas les meilleurs – qu’elle n’en pouvait plus alors qu’il aurait été si simple de lui parler, malheureusement la jeune femme faisait rarement dans la simplicité, comme les trois quarts de sa famille d’ailleurs.

Alors, dès son adolescence elle s’était attirée des ennuis sous le regard impuissant de sa famille. Ses frères avaient tenté de la sermonner, mais sans grand succès. Les deux seules personnes à qui elle acceptait de s’ouvrir étaient son père et sa sœur, uniquement ces deux personnes. Aux yeux de Belle, ils étaient les plus à même de la comprendre et de l’écouter sans émettre de réels jugements bien qu’au fond d’elle la Californienne se doutait qu’elle n’avait pas envie de donner l’impression d’avoir été une mauvaise mère à Piper puisque, clairement, ce n’était pas le cas mais c’était de cette manière qu’elle avait réagi. Cependant, depuis quelques mois elle n’était plus la même et elle en avait conscience. Elle aurait très bien pu se mentir à elle-même et prétexter le fait que ses études lui mettaient une pression monstre, mais c’était totalement faux pour la simple et bonne raison que Belle excellait dans ce qu’elle faisait et que son QI élevé l’aidait à ne pas avoir la moindre difficulté. Non, en réalité il s’agissait de sa relation avec Ethanaël et de ce qui en avait découlé. Se faire avoir avait tapé dans son ego mais surtout la perte du bébé – par sa faute – l’avait traumatisé, bien plus que ce qu’elle acceptait d’avouer. L’accident de voiture avait laissé une séquelle en elle et l’Américaine tentait de la combler en agissant de la pire manière qui soit. Si elle n’était déjà pas très sérieuse au niveau de ses relations avec les hommes, c’était pire désormais.

Coucher avec son titulaire pouvait lui coûter sa place – et également celle d’Evan – mais ce n’était pas ce qui l’arrêtait, preuve en était qu’ils avaient remis ça la veille et chez ses parents même si ces derniers étaient en vacances. Néanmoins, pas un seul instant elle ne s’était attendue à ce que quelqu’un vienne dans la maison familiale des McFersen et surtout Belle n’avait pas la moindre envie d’affronter sa sœur aînée, ses frères ça passait, mais pas sa sœur. Ainsi, en voyant Zeppelin dans la cuisine son sang ne fit qu’un tour et son rythme cardiaque s’accéléra, chose plutôt mauvaise pour elle mais Belle n’y prêta aucune attention, fixant sa sœur. « Je n’étais pas censée savoir que tu étais là, il n’y a pas si longtemps tu vivais en colocation avec des étudiants. » Une grimace passa sur le visage de l’Américaine. Sa sœur avait raison et elle vivait toujours en colocation – sûrement plus pour très longtemps d’ailleurs – mais Gabriel et Piper lui avaient demandé de garder la maison durant leur absence, un détail que Zeppelin ne semblait pas connaître. Belle se racla la gorge. « Les parents m’ont demandé de garder la maison pendant leur petit voyage. » Ce que l’arrangeait parce que, même si elle refusait de l’avouer à haute voix, cette maison lui manquait. Elle avait besoin de ce retour aux sources, de la surveillance parentale pour se reprendre.

« Qu’est-ce que tu faisais encore au lit à une heure pareille ? Tu es souffrante ? Belle ? » Le regard de l’interne se baissa en direction de sa tenue. Evidemment ! Vu l’heure elle aurait dû penser à enfiler des vêtements et non pas son pyjama. Cependant, alors qu’elle relevait la tête pour regarder sa sœur, ouvrant la bouche pour parler, les marches de l’escalier se mirent à grincer. Une nouvelle grimace – de panique cette fois – déforma son visage aux traits encore enfantin. Elle était morte, c’était aussi simple que ça et lorsqu’elle sentit la présence d’Evan derrière elle, Belle n’eut pas besoin de regarder Zeppelin pour savoir qu’elle n’allait pas aimer. « T’es là ! Cette maison est tellement grande que j’avais peur de pas te … » Le jeune homme s’arrêta au beau milieu de sa phrase, probablement parce qu’il venait d’entrer dans la cuisine et remarquer la présence d’une personne inconnue. La jeune femme se tourna vers lui et d’un regard menaçant lui fit comprendre de ne pas aller plus loin avant qu’elle ne reporte son attention sur sa sœur. « Je … je peux t’expliquer … » Tenta-t-elle maladroitement. Son estomac commençait à se nouer si douloureusement qu’elle en avait la nausée. Finalement, Zeppelin était sans doute la personne avec laquelle elle voulait le moins du monde se disputer, peut-être parce qu’elle était la personne dont elle était le plus proche – avec leur père. Mais que pouvait-elle lui expliquer ? Que le type derrière elle était son supérieur et que, selon la loi, il venait d’être pris en plein détournement de mineur en plus de la forcer – plus ou moins – à risquer son avenir ? Ça, sa sœur devait le savoir d’elle-même en tant qu’agent du FBI, si bien que finalement l’Américaine resta silencieuse.

De toute sa fratrie, Belle était la seule que Zeppelin avait l’impression de connaître par cœur, et pour cause, elle était bébé lorsque sa sœur aînée avait été rendue à ses parents 10 ans après son enlèvement à la maternité. Parce qu’elle savait que sa petite sœur n’allait pas devoir réapprendre à la connaître, Zeppelin s’était beaucoup accrochée à Belle et ses parents s’en étaient plutôt félicités : c’était bon signe. L’américano-irlandaise se vantait donc de connaître sa petite sœur sur le bout des doigts, mais si elle arrivait parfaitement à décrypter les traits de son visage, la raison de cette gêne lui échappait totalement. Son esprit d’enquêtrice avait fini par reprendre le dessus et elle s’était mis aussitôt à la passer au crible comme le Dr Lightman dans Lie To Me, sûrement dans l’espoir que ses mimiques finiraient par la trahir et que la réponses se liraient facilement sur ses traits sans qu’elle n’ait besoin de passer aux aveux. « Les parents m’ont demandé de garder la maison pendant leur voyage. ». Zeppelin fronça de nouveau les sourcils : il était vrai qu’elle n’avait pas vu ses parents depuis un bon moment déjà – d’où la raison de sa visite inopinée – mais elle ne s’attendait pas du tout à apprendre que ces derniers étaient parties en vacances sans la prévenir. Certes, mis à part Belle, leurs quatre enfants avaient atteint la majorité et ils n’avaient plus de compte à rendre, mais le fait qu’ils négligent cette date importante la turlupinait davantage. « Je ne savais pas qu’ils avaient quitté la ville. » murmura-t-elle, les sourcils toujours froncés avant de s’intéresser de nouveau au cas de la jeune demoiselle qui l’intriguait tout autant. C’est alors que la réponse s’imposa d’elle-même : grand, brun et à moitié-nu. « T’es là ! Cette maison est tellement grande que j’avais peur de pas te … » commença-t-il avant de tomber nez-à-nez avec les deux sœurs. Il ne lui fallut qu’un seul regard pour comprendre ce que pensait Zeppelin de la situation et de le dissuader de parler pour l’instant ; doucement, il glissa sur le côté comme s’il cherchait à éviter la tempête, mais resta tout de même à portée de voix au cas où les choses s’envenimeraient entre elles. Zeppelin, quant à elle, fusilla sa sœur du regard tout en ayant l’air totalement choquée par la présence d’un homme dans la demeure de ses parents. Belle lui avait un jour confiée être enceinte avant de perdre l’enfant, elle savait donc que sa petite sœur était sexuellement active, mais la surprendre restait particulièrement choquant. « Je … je peux t’expliquer … » balbutia aussitôt la jeune femme. Zeppelin arqua un sourcil peu convaincue avant de pouffer d’un rire jaune. « M’expliquer quoi ? Comment tu as profité de la confiance que t’ont accordée papa et maman pour faire de l’endroit une maison de passe ? » railla-t-elle froidement sous l’effet de la colère, consciente que ses mots étaient durs, très durs... L’intrus esquissa aussitôt un pas en avant pour défendre sa conquête d’une nuit, mais celle-ci le stoppa d’un simple geste de la main. « Au cas où ma sœur n’aurait pas eu le temps de te parler de sa fratrie hier soir, je suis un agent du FBI plutôt douée pour retrouver les personnes, mais je peux aussi les faire disparaître alors tu ferais mieux de ne pas chercher à la défendre et d’en profiter pour te mettre quelque chose sur le dos. » lança-t-elle avec une pointe de dégoût lisible sur son visage. Ce dernier s’exécuta aussitôt, lançant un dernier regard à Belle avant de retourner dans la chambre. « Je n’arrive pas à croire que tu ais fait ça, Belle. Qu’est-ce qui t’arrive en ce moment ? Non mais où avais-tu la tête ? » la sermonna-t-elle, croisant les bras sur ses hanches, exactement comme le faisait Piper.

Même le simple mot « oups » ne lui avait pas traversé l’esprit, sans doute parce que la situation était bien pire que les scénarios catastrophes qu’elle avait pu imaginer pendant des années. Elle savait enchaîner les erreurs depuis quelques temps, mais une pas seule fois elle n’avait prit conscience des problèmes dans lesquels elle se mettait, du puit sans fond dans lequel elle continuait de tomber, comme quoi malgré l’intelligence il n’était pas toujours aisé de se sortir des pires situations. La réalité était que la jeune femme ne savait plus comment gérer sa vie, elle ne parvenait plus à déceler le mauvais du bon pour la simple et bonne raison que tout lui semblait être d’un noir sombre et profond depuis plusieurs mois. Par le passé, ses erreurs elle les avait calculé, elle n’avait jamais rien fait sans être certaine de trouver un moyen de s’en sortir même si la situation qui avait conduit sa famille à découvrir sa cardiomyopathie avait rapidement fini par devenir incontrôlable, mais l’Américaine n’y avait été pour rien. Désormais, elle était incapable d’agir correctement, elle se contentait de foncer tête baissée et d’assumer les conséquences plus tard et Belle n’avait pas la moindre idée du fait que cela pouvait se révéler très dangereux pour elle, autant mentalement que physiquement. Avoir une relation avec l’un des titulaires du Lenox Hill pouvait lui coûter sa place à l’hôpital, mettre un terme définitif à sa carrière de médecine qui n’était pas même commencée et ça, la jeune femme ne semblait pas en prendre pleinement conscience ou tout du moins ça n’avait pas été le cas jusqu’à ce jour-ci.

Peut-être était-ce une sorte d’appel à l’aide ? Elle avait beau étudié la médecine, la psychologie avait parfois tendance à lui échapper, d’autant plus lorsque le sujet était elle. L’étudiante accumulait depuis des années bien plus de pression que ce qu’elle pouvait imaginer, que ce qu’elle pouvait remarquer et les derniers évènements dans sa vie l’avaient tiré vers le fond sans même qu’elle puisse vraiment s’en rendre compte. Seulement, à présent qu’elle devait faire face à sa sœur aînée – personne dont elle était le plus proche – Belle ne savait pas du tout où se mettre et ne pouvait que se rendre compte de l’évidence : elle allait mal et elle était mal ! « Je ne savais pas qu’ils avaient quitté la ville. » Une moue mal à l’aise prit place sur le visage de la jeune femme. D’un rapide calcul mental, elle comprit immédiatement la raison de la présence de Zeppelin chez leurs parents et elle fut aussi surprise qu’elle de se rendre compte que Piper et Gabriel avaient oublié … ce qui n’était probablement pas le cas, le décalage horaire jouant beaucoup sur le supposé manque d’intérêt de leurs parents pour cette date si importante pour les McFersen. Toutefois, Belle ne put répliquer quoi que ce soit qu’Evan fit son apparition et la sensation étrange de voir son monde s’effondrer d’un coup l’envahi si brusquement que son estomac en fut retourné. Que pouvait-elle bien dire pour sa défense ? Elle était coupable et ce n’était pas simplement le fait d’être agent fédéral qui allait permettre à sa sœur de comprendre ce qui se passait entre sa petite sœur et l’homme qui cessa bien vite de parler en voyant Zeppelin.

« M’expliquer quoi ? Comment tu as profité de la confiance que t’ont accordée papa et maman pour faire de l’endroit une maison de passe ? » Les sourcils de Belle se froncèrent afin d’exprimer son mécontentement. Qu’elle lui en veuille pour ce qu’elle faisait – sans en plus savoir qu’il s’agissait de son supérieur – elle pouvait le comprendre, mais qu’elle la qualifie presque de prostitué ce n’était compréhensible du tout même si elle y ressemblait plus que ce qu’elle pouvait elle-même s’avouer. Voyant Zeppelin lever la main et ayant sentit Evan se rapprocher d’elle, elle tourna la tête vers ce dernier, mais déjà sa sœur avait repris la parole. « Au cas où ma sœur n’aurait pas eu le temps de te parler de sa fratrie hier soir, je suis un agent du FBI plutôt douée pour retrouver les personnes, mais je peux aussi les faire disparaître alors tu ferais mieux de ne pas chercher à la défendre et d’en profiter pour te mettre quelque chose sur le dos. » L’Américaine lança un regard assassin à sa sœur, toutefois ses paroles avaient suffi pour que le titulaire prenne ses jambes à son cou et reparte en direction de la chambre récupérer ses affaires. « Je n’arrive pas à croire que tu ais fait ça, Belle. Qu’est-ce qui t’arrive en ce moment ? Non mais où avais-tu la tête ? » Tentant de faire abstraction de la ressemblance frappante entre sa sœur et leur mère, Belle croisa les bras contre sa poitrine, plus contrariée que jamais même si elle était celle qui avait été prise en flagrant délit. « Sur mes épaules en règle générale. » Lâcha-t-elle afin d’appuyer le fait qu’elle était parfaitement consciente de ce qu’elle faisait bien que ce ne soit pas réellement le cas.

« Vous feriez mieux d’arrêter de vous inquiéter pour moi tous autant que vous êtes, vous allez finir par faire un ulcère ! Je fais ce qui me chante de ma vie, d’accord ? Je couche avec qui je veux, ça fait des années que je le fais et tu ne changeras rien à ça. » Pourquoi était-elle en colère ? Elle n’avait aucune raison apparente de l’être et pourtant c’était le cas, sans doute parce qu’elle refoulait cette rancœur envers elle-même depuis trop longtemps au point de la rejeter sur sa sœur. « Et ce qui m’arrive, hormis le fait d’être tellement inconsciente que j’ai pris le volant en ayant bu au point d’en avoir un accident et de perdre mon bébé tu veux dire ? Pas grand-chose, simplement la prise de conscience du fait que je suis un monstre et j’aimerais assez pouvoir jouer mon véritable rôle tranquillement si ce n’est pas trop demandé ! » Que pouvait-elle être d’autre qu’un monstre de toute manière ? Elle avait rendu la vie insupportable à Piper uniquement parce qu’elle étouffait trop. Elle avait accumulé les problèmes pour la rendre folle et elle semblait presque y avoir prit goût. Si elle s’était calmée pendant un moment, sa grossesse imprévue l’avait fait rechuter et la perte de son enfant d’autant plus, Ethanaël n’ayant eu aucun mal à lui souligner ce qu’elle savait déjà au fond d’elle et qu’elle venait de lancer à sa sœur.